Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Le président du Chili, Sebastián Piñera, a annoncé dimanche passé que les polices d’Angleterre, d’Espagne et de France conseilleront la police nationale chilienne en matière de maintien de l’ordre. Il affirme que cette collaboration ne consistera pas seulement en un « échange d’expérience » autour des manifestations avec affrontements violents, mais que la police chilienne se formera également aux tactiques et stratégies employées dans ces pays européens pour « rétablir l’ordre public ». Cette collaboration s’inscrirait dans un ensemble de mesures d’intensification de la répression annoncées par le sous-secrétaire chilien à l’Intérieur Rodrigo Ubilla.

Ces annonces ont lieu dans un contexte de manifestations de masse au Chili qui sont violemment réprimées, faisant plus de 2000 blessé·e·s, près de 200 éborgné·e·s et plusieurs mort·e·s (voir nos articles ici).

Le président du Chili Sebastián Piñera

Le président du Chili Sebastián Piñera

Deux manifestants ont été tués dans le coeur historique et commerçant de Bagdad et dans la ville sainte chiite de Kerbala, à 100 km plus au sud. Dans l’un des pays les plus riches en pétrole du monde -mais aussi l’un des plus corrompus-, les protestataires réclament la refonte du système politique et le renouvellement total de leur classe dirigeante. Ils s’en prennent également au voisin iranien qu’ils accusent de tirer les ficelles chez eux.  A Bagdad, dans un nuage de lacrymogène, alors qu’il tentait de se protéger avec un maigre bouclier de tôle, un jeune a été mortellement blessé par les balles en caoutchouc des forces de l’ordre. Une vingtaine d’autres ont été blessés. Aux abords du pont al-Ahrar, près de la place Tahrir, épicentre du mouvement de contestation, protégés par des murs de béton montés en travers des rues, les forces tirent, parfois à balles réelles sur les jeunes manifestants.

Mardi semble marquer un tournant: les violences qui ont déjà fait plus de 350 morts en deux mois ont gagné des villes du sud.  Les manifestants brûlent des pneus pour barrer les principaux axes, comme à Kerbala. Là, les violences sont habituellement nocturnes mais mardi des policiers casqués et brandissant des boucliers antiémeutes ont tiré en plein jour sur les manifestants qui jetaient des pierres. Un manifestant a été touché d’une balle à la tête et les médecins ont fait état d’un mort. Dans la province de Zi Qar, les protestataires essayent de frapper le pouvoir au seul endroit qui peut lui faire mal, ses ressources en pétrole, unique source de devises du pays. Ils bloquent les accès à trois champs pétroliers –Garraf, Nassiriya et Soubba. A Diwaniya, des milliers de manifestants bloquent le centre-ville, des ponts, une des trois centrales électriques de la province et les autoroutes menant vers le nord, le sud et l’ouest. Al-Hilla, où la contestation était jusque là pacifique, a été aussi gagnée par les violences, avec une soixantaine de manifestants blessés par des tirs de grenades lacrymogènes.

Manifestant lundi à Bagdad

Vendredi 29 novembre, la police va tenter d’expulser la Zablière. Les habitant·es appellent à résister (la diversité des tactiques est encouragée) et demandent du soutien. Une réunion de coordination est prévue sur les lieux jeudi à 17h. Il est conseillé de prendre des provisions et des vêtements adaptés à la saison.

Depuis plusieurs semaines, des militant·es écologistes occupent le site de l’ancienne sablière de Schoppach, propriété de l’intercommunale Idelux, en vue d’y contester un projet de réhabilitation en zoning industriel. Les occupant·es considèrent qu’il s’agit d’une ZAD (zone à défendre) et le site a été rebaptisé “Zablière” (voir notre article).

Plus d’infos ici.

Arlon: Idelux fait saisir par la police du matériel de la ZAD

Arlon: Idelux fait saisir par la police du matériel de la ZAD

 

Quatre membres de la police de l’état de Jharkhand ont été tués, vendredi en fin de soirée, dans une embuscade tendue par la guérilla maoïste. Les policiers circulaient à bord d’un véhicule dans la zone dépendant du commissariat de Chandwa, lorsqu’ils ont été surpris par des tirs d’arme automatiques. Cette attaque survient alors que les autorités de l’état de Jharkhand venaient de déclarer que l’insurrection maoïste y était vaincue…

Le véahicule des policiers cibles de l'attaque

 

Dossier(s): Inde-Népal Tags: , ,

Depuis 40 jours, des manifestations de masse dénoncent la corruption des dirigeants de tous les partis politiques. Les chefs respectifs des deux puissants mouvements chiites, Amal et le Hezbollah, Nabih Berri (président du Parlement depuis 1992) et Hassan Nasrallah, sont conspués au même titre que l’ensemble de la classe dirigeante. Des heurts ont éclaté, dans la nuit de dimanche à lundi à Beyrouth, entre les manifestants  antigouvernementaux et des miliciens du Hezbollah et d’Amal. Ces derniers ont attaqué des manifestants antigouvernementaux qui avaient bloqué l’un des principaux axes de la capitale, faisant dix blessés. Des militaires ont fini par s’interposer. Des incidents similaires ont été signalés à d’autres endroits de la capitale, et dans d’autres villes du Liban.

Les miliciens chiites derrière un barrage de militaires

La police turque a dispersé par la force, lundi, quelques milliers de manifestantes et manifestants qui défilaient à Istanbul pour demander la « fin de l’impunité » pour les auteurs de violences contre les femmes. Des policiers ont utilisé du gaz lacrymogène et tiré des balles en plastique pour repousser les manifestants, pour la plupart des femmes, qui tentaient de remonter une avenue au cœur d’Istanbul. Environ 2.000 personnes s’étaient auparavant rassemblées sur une placette non loin, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, brandissant des pancartes demandant « la fin de l’impunité » ou sur lesquelles on pouvait lire les noms de femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint en Turquie. Après ce rassemblement dans le calme, le cortège a commencé à remonter l’avenue Istiklal, mais a été rapidement bloqué par un mur de boucliers de la police anti-émeutes. Ces dernières semaines, la Turquie a été secouée par plusieurs cas très médiatisée de femmes tuées par des hommes, notamment le meurtre d’Emine Bulut, tuée en public sous les yeux de sa fille de 10 ans par son ex-mari. Un total de 378 femmes ont été tuées en Turquie depuis le début de l’année, selon le groupe de défense des droits des femmes. En 2018, on en comptait 440, contre 121 en 2011.

La répression de la manifestation de lundi

Quelque mois après le référendum pour l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie et les affrontements qui y étaient liés  (voir notre article), Christophe Castaner, le ministre de l’intérieur français, a signé un arrêté validant l’utilisation d’une nouvelle arme de « force intermédiaire » (qui n’a pas pour but de tuer, mais qui est potentiellement mortelle) en Polynésie française et en Nouvelle-Calédonie. Cette arme, appelée Crush 44, tire des projectiles d’un calibre de 44 millimètres (contre 40 millimètres pour le LBD-40) avec une puissance de 150 joules. Elle a été développée par l’entreprise Securengy. Ses munitions s’auto-détruisent à l’impact, ce qui pourrait fortement complexifier les éventuelles expertises balistiques qui ont pour but d’identifier la nature d’un projectile reçu et son origine. En dehors de la mutilation par impact à craindre, les autres effets potentiels sont les suivants : irritation de la peau/des muqueuses (munition PEFCS, contenant 80 grammes de gaz CS à 15%), assourdissement (munition PEFBANG, contenant 25 grammes d’un “mélange explosif” et provoquant une détonation à 130 dB), aveuglement (munition PEFCOFLASH) ou marquage (munition PEFCOL).

Plus d’infos ici.

Le Crush 44

Le Crush 44

Des associations militantes martiniquaises ciblent les hypermarchés du GBH (Groupe Bernard Hayot) pour demander réparation sur l’utilisation du chlordécone et du paraquat dans les plantations antillaises. Depuis plusieurs semaines, les centres commerciaux de Carrefour Dillon le 19 octobre, de Cluny le 9 novembre et de Génipa les 16 et 17 novembre dernier ont été bloqués pendant une journée. Dès 7 heures samedi matin, des jeunes masqués ou à visage découvert occupent le terrain devant l’Euromarché du Robert, faisant face aux gendarmes. Les manifestants ont chanté et brandi des drapeaux indépendantistes, rouge-vert et noir, et plusieurs altercations ont lieu entre manifestants et forces de l’ordre qui ont fait usage de gaz.

Les incidents à la Martinique ce samedi

 

Lundi 28 octobre, un Gilet Jaune, condamné à trente mois de prison ferme pour fabrication d’engins explosifs, comparaissait en appel devant la troisième chambre correctionnelle de la cour d’appel du Hainaut (voir notre article). Le jeune ouvrier avait, avec plusieurs de ses camarades, fabriqué 14 engins explosifs artisanaux à l’aide de bouteilles de déodorants, de pétards, de feu de Bengale, d’aluminium et de mèches (voir notre article). Il a finalement été condamné à une peine de travail de 200 heures.

Un camion de Total brûlé suite à l'occupation des Gilets Jaunes à Feluy

Jeudi 21 novembre, des manifestations massives étaient annoncées en Colombie pour protester contre les mesures d’austérité du gouvernement d’Iván Duque. Celui-ci avait pris des mesures répressives préventives (dont le déploiement de 4000 policiers dans la capitale) (voir notre article). Malgré ce déploiement policier, plus de 250.000 personnes ont manifesté dans le pays ce jour-là. Dans la capitale, Bogotá, la police anti-émeute colombienne (Esmad) a dispersé violemment des manifestant·es à l’aide gaz lacrymogène sur la Plaza de Bolívar alors que celles et ceux-ci bloquaient des routes à la fin de la manifestation. La police a fait de même dans le district densément peuplé de Suba où des manifestant·es bloquaient une station de métro.

Au total, trois manifestant·es ont été tué·es dans les manifestations de jeudi : deux lors d’une action dans un centre commercial situé dans la municipalité de Buenaventura et une autre dans la municipalité de Candelaria dans le département du Valle del Cauca. En outre, selon les chiffres officiels 122 manifestant·es auraient été blessé·es, le chiffre réel étant très probablement bien plus élevé. Enfin, on dénombre 98 arrestations.

Des manifestant·es contre le gouvernement Duque à Bogota, le 21 novembre.

Des manifestant·es contre le gouvernement Duque à Bogotá, le 21 novembre.