Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Avant le début de la manifestation, plus d’une cinquantaine de participant.es à la marche des Fiertés LGBTQIA+ d’Istanbul ont été arrêté.es et placé.es en détention dimanche. Comme tous les ans depuis 2015, la Pride a été interdite par le gouvernement conservateur et LGBTphobe de Recep Tayyip Erdogan. Cette année encore, la marche des fiertés prévue le dimanche 29 juin malgré son interdiction a été violemment réprimée. Dimanche soir, seuls sept manifestant·es avaient été relâché·es, les autres demeurent encore en détention, rapporte l’association Stop homophobie qui signale la présence d’avocats et de journalistes parmi les personnes arrêtées.

Louay Faisal Nasrallah, un prisonnier palestinien âgé de 22 ans et originaire de Jénine, est décédé ce 30 juin à l’hôpital Soroka. Il était en détention administrative depuis le 26 mars 2024. C’est le 73ᵉ prisonnier palestinien qui meurt en détention depuis le 7 octobre 2023. Depuis 1967, 310 prisonniers palestiniens sont morts dans les prisons coloniales. Parmi eux, 81 corps sont toujours retenus par l’occupation.

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Des milliers de manifestants antigouvernementaux ont bloqué dans la nuit de dimanche à lundi plusieurs avenues de Belgrade, au lendemain d’un rassemblement géant pour réclamer des élections anticipées. Samedi, environ 140’000 personnes avaient défilé dans le centre de Belgrade, dernière manifestation antigouvernementale en date d’une série déclenchée par l’effondrement du toit d’une gare de la ville de Novi Sad en novembre. Une catastrophe qui avait fait 16 morts et qui a été largement attribuée à la corruption généralisée. Le mouvement anti-corruption a lancé un appel à de nouvelles mobilisations après l’arrestation d’un « grand nombre de citoyens » en marge de la manifestation de samedi. Des milliers de personnes y ont répondu en dressant des barricades à travers Belgrade et d’autres villes.

Les protestataires ont publié des images de barricades similaires dans plusieurs autres villes, dont Novi Sad, et ont annoncé des dizaines d’autres rassemblements dans tout le pays. Samedi, les forces anti-émeutes ont fait usage de matraques et de gaz lacrymogènes pour disperser une foule qui leur lançait des bouteilles et des fusées éclairantes. Il y a eu de nombreux blessés et la police a annoncé 77 arrestations. 38 personnes se trouvaient toujours en garde à vue dimanche. Par ailleurs, huit autres personnes ont été arrêtées dimanche, accusées notamment de planifier le blocage de routes et d’attaquer des institutions. Ce lundi, la police est intervenue pour lever les barricades et a procédé à de nouvelles arrestations.

Suite à sa deuxième audience qui s’est tenue aujourd’hui, le réfugié palestinien Musaab Abu Atta a été libéré (voir notre article). Il était en détention provisoire depuis quatre mois, dont une longue période d’isolement et de refus de visites, car il est accusé d’avoir lancé des feux d’artifice sur un policier à la fin de l’année 2023 durant une manifestation pro-palestinienne. Une nouvelle audience de son procès toujours en cours se tiendra ce jeudi 3 juillet. À cette occasion, un rassemblement de soutien est organisé dès 13h15 au 91 Turmstr à Berlin.

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Sevda Perihan Erkılınç est une journaliste du média Özgür Gelecek, elle a été arrêtée à son domicile le matin du 29 avril dans le cadre des opérations de répression menées avant le 1er mai à Istanbul. Le bureau du procureur a justifié cette opération par des accusations en raison des « appels à manifester sur Taksim malgré les interdictions du 1er Mai » et d’une « planification de provocation ». Après deux mois d’emprisonnement, son acte d’accusation n’est pas encore rédigé alors qu’elle subit de mauvais traitements en détention.

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Musaab Abu Atta est un militant palestinien en détention préventive depuis février 2025 suite à son engagement contre le génocide en cours en Palestine (voir notre article). Il sera entendu pour la deuxième fois aujourd’hui après plus de quatre mois d’emprisonnement ce lundi 30 juin à 10h30 à Berlin. Il risque plusieurs années de prison pour avoir prétendument lancé des feux d’artifice sur un policier à la fin de l’année 2023. Le bureau du procureur général de l’État (le plus haut niveau de l’État) le poursuit dans ce qui ne peut être considéré que comme un ciblage spécifique de ce réfugié pour son travail de solidarité avec la Palestine. Lors de la première audience, il avait fait une déclaration et les témoignages de trois flics, dont un en civil, avaient été présentés.

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Samedi 28 juin à Sarıgazi, deux lecteurs de Partizan ont été arrêtés parce qu’ils distribuaient des tracts pour appeler à la commémoration du massacre de Sivas du 2 juillet 1993 lorsque 33 intellectuels, dont une majorité d’alévis, ont été tués dans un incendie allumé par une foule d’islamistes radicaux. Les deux activistes ont été détenus par la police au motif qu’ils avaient la silhouette d’İbrahim Kaypakkaya sur leurs gilets. Finalement, ils ont été inculpés de « propagande en faveur d’une organisation terroriste » et pour l’organisation « d’une manifestation non déclarée ».

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Les militants et artistes Shenice Wacan, Ronaldo Valderrama, Andrew Peña, Denn Martizano et Christine Quillosa, collectivement appelés les « 5 d’Imus », ont été arrêtés dans la ville d’Imus, alors qu’ils s’apprêtaient à créer des œuvres d’art protestataires contre les transformations foncières et les démolitions généralisées dans la province de Cavite aux Philippines. Ils n’avaient même pas commencé que des agents de la sécurité civile de l’administration locale les ont interpellés et accusés d’être responsables d’autres œuvres d’art protestataires dans la région. Les agents de sécurité ont menacé de tirer sur les militants. Les travailleurs culturels ont ensuite été remis à la police nationale philippine à Barangay Malagasang, dans la même ville.

Deux des militants culturels arrêtés, Shenice Wacan et Ronaldo Valderrama, sont membres de l’Alliance collective Cavite pour le changement social (CCLASIC), qui exprime sa protestation par la poésie, la danse, le chant et les arts visuels comme la peinture. Ils ont tous deux rejoint la CCLASIC après que leurs familles ont été victimes de démolitions violentes. Valderrama est également l’ancien vice-président d’Anakbayan-Cavite.

Le 26 octobre dernier, trois juristes ont été mandatées par la Ligue des droits humains pour observer l’action de désobéissance civile Code rouge au port d’Anvers, sans y prendre part. Elles avaient pour mission de rendre compte du respect des libertés publiques, notamment dans le cadre des interventions des forces de l’ordre, et leur protection est consacrée par le droit international et européen depuis plusieurs années, contextualise la LDH. Les trois observatrices étaient vêtues chacune d’une chasuble jaune avec la mention « legal observer ». Elles s’étaient placées à l’écart des activistes et en dehors de la zone d’action, présentant d’initiative leurs cartes d’identité aux forces de l’ordre et leur faisant part de leur mission. Elles ont cependant été arrêtées illégalement plus tard durant la journée par la police fédérale, menottées, détenues pendant près de six heures sans motif à Etterbeek, puis libérées à Louvain peu avant minuit, dénonce la Ligue des droits humains.

« Tant leur arrestation, illégale, que leur menottage à l’aide de colsons, ainsi que la technique du “dropping” – c’est-à-dire le fait d’emmener les personnes loin du lieu de l’action comme de la détention – contreviennent aux lois en vigueur et constituent des fautes dans le chef de l’Etat », accuse la LDH. En tout, 270 personnes avaient été interpellées dans le cadre de cette action Code Rouge, dont deux journalistes et sept avocats. Soutenues par la Ligue des droits humains, les trois observatrices assignent l’Etat belge en responsabilité devant le tribunal de première instance de Bruxelles.

Ce mercredi 25 juin se tenait le procès de Manon et Rachel, militantes chez Dernière Rénovation, un collectif de résistance civile. En octobre 2023, Manon recouvre la vitrine du bâtiment Louis Vuitton des Champs-Élysées de peinture, « pour dénoncer l’enfer climatique que Bernard Arnault, PDG de LVMH et ses amis milliardaires, nous imposent ». Pour information, en 2024, Bernard Arnault a émis 1200 fois plus de gaz à effet de serre qu’un Français moyen. Manon risque une amende de 2000€ de dommages et intérêts ainsi qu’un an de prison avec sursis. En novembre 2023, Rachel recouvre la façade de Matignon de peinture lavable pour dénoncer le manque de moyens accordés à la rénovation thermique des bâtiments. L’État français réclame 160.000€ de dommages et intérêts, Rachel risque 6 mois de prison ferme. Verdict attendu le 23 septembre prochain. La France semble donc vouloir emboîter le pas au Royaume-Uni contre les militant·es écologistes en réclamant des peines de prison ferme pour de simples jets de peinture lavable. Au Royaume -Uni, c’est le collectif Just Stop Oil, qui demandait la fin des énergies fossiles, et a récemment annoncé la fin de ses activités (notre article ici), qui a payé le plus lourd tribut : 3300 arrestations, 180 peines de prison dont certaines de prison ferme jusqu’à 5 ans pour des blocages de route ou des jets de soupe.