Le lundi 31 décembre 2018, les forces de sécurité iraniennes ont pris d’assaut un magasin à Mellat. centre commercial à Kamyaran (ville située dans le Rojhelat – Kurdistan iranien). Le magasin était tenu par Reza Asadi et Fazel Ghaytasi, membres du comité environnemental de la branche du Kurdistan du National Unity Party. Tous les deux ont été arrêtés. Le même jour, Hadi Kamangar, un autre militant écologiste de Kamyaran a également été arrêté à son domicile. Les autorités n’ont pas révélé le lieu où les trois hommes étaient détenus, ni les charges retenues contre eux.

Fazel Ghaytasi, Reza Asadi et Hadi Kamangar

Fazel Ghaytasi, Reza Asadi et Hadi Kamangar

Début décembre, Shahou Sadeghi, Aram Mohammadi, Mehrdad Sabouri et Omid Ahmadi, des militants syndicaux Kurde iraniens de la ville de Kamyaran (Rojilat – Kurdistan iranien), ont été transférés à la prison de Kamyaran pour y purger leur peine. En mai 2016, les quatre syndicalistes ainsi que deux autres syndicalistes kurdes, Rozhin Ebrahimi et Delniya Sabouri, avaient été arrêtés pour leur participation à la journée du 1er mai. Rozhin Ebrahimi et Delniya Sabouri avaient été provisoirement libérés après interrogatoires et les quatre autres, sous caution, après une semaine de détention.

Le 3 octobre 2016, le procès de ces six militants avaient eu lieu sans la présence de leurs avocats les condamnant à 4 ans et six mois de prison pour propagande contre l’état dans le cadre de leur participation à la journée du 1er mai. L’appel du procès s’est tenu à la mi-novembre 2018. Mehrdad Sabouri et Omid Ahmadi ont été condamnés à un an de prison, Shahou Sadeghi et Aram Mohammadi à 91 jours de prison et Rozhin Ebrahimi et Delniya Sabouri à 3 jours de prison.

Iran : 4 syndicalistes kurdes emprisonnés pour avoir exercé leur liberté syndicale

Iran : 4 syndicalistes kurdes emprisonnés pour avoir exercé leur liberté syndicale

Depuis début novembre, les travailleurs du Groupe sidérurgique national iranien (INSIG) de la ville d’Ahvaz sont en grève pour réclamer le paiement de plusieurs mois de salaires impayés et des garanties pour la sécurité de leur emploi (voir notre article). Lundi 17 décembre, 31 sidérurgistes grévistes ont été arrêtés, principalement à leur domicile, durant des raids organisés de nuit, 10 autres seront arrêtés le mardi 18. Certains d’entre eux ont été battus par la police devant leur famille et des effets personnels ont été saisis, dont les téléphones portables. Sur les 41 arrêtés, 31 ont été emmenés à la prison de Sheyban (à Ahvaz). Dans la matinée du 19 décembre, la police et des Gardiens de la Révolution ont encerclé des quartiers de la ville d’Ahvaz pour empêcher les rassemblements de travailleurs à l’usine. Un groupe de travailleurs a malgré tout manifesté, notamment pour appeler à la libération de leurs collègues arrêtés.

Des travailleurs d’INSIG en grève

Des travailleurs d'INSIG en grève

Esmail Bakhshi, représentant des travailleurs de Haft Tappeh Sugarcane Mill, a été libéré ce mercredi 12 décembre.

Esmail Bakhshi avait été arrêté le 18 novembre avec d’autres syndicalistes et defenseurs des droits civils. Il avait également été torturé durant sa détention (voir notre article). Ali Nejati, l’ancien président du syndicat des ouvriers d’Haft Tappeh, qui avait été arrêté le 29 novembre, reste toujours en prison, ainsi que la défenseuse des droits civils Sepideh Qolian arrêtée également le 18 novembre.

Esmail Bakhshi

Esmail Bakhshi

Dans la nuit du 10 décembre, Reza Shahabi et Hassan Saeidi, leaders syndicaux de la compagnie de Bus de Téhéran (SWTSBC), ainsi que trois défenseurs des droits civils Amir Abbas Azaram Vand, Raham Yeganeh et Keyvan Mohtadi, ont été arrêtés à Téhéran par les forces de sécurité iraniennes. Ils ont été transférés à la prison d’Evin et libérés quelques heures après sans qu’on sache les raisons de ces arrestations. Ces arrestations ce sont faites quelques heures après qu’un travailleur de la compagnie de bus se soit immolé.

En 2012, Reza Shahabi avait été condamné à six ans de prison pour « propagande contre le système » (voir notre article). Il avait été libéré en septembre 2014 pour raisons médicales. Il sera réincarcéré en juillet 2017 pour purger les 17 mois de prison qui lui restaient. Il sera finalement libéré le 13 mars 2018.

Amir Abbas Azaram Vand, Raham Yeganeh, Keyvan Mohtadi (à gauche), Reza Shahabi et Hassan Saeidi (à droite)

Amir Abbas Azaram Vand, Raham Yeganeh, Keyvan Mohtadi (à gauche), Reza Shahabi et Hassan Saeidi (à droite)

Ghasem Sholeh-Saadi et Arash Keikhosravi, deux avocats des droits de l’homme, ont été condamnés à six ans de prison dont cinq ans pour avoir participé à un « rassemblement illégal » et un an pour « propagande » contre le système au pouvoir.

Les avocats avaient été arrêtés le 18 août alors qu’ils participaient à une manifestation devant le parlement pour réclamer des élections libres. Il avaient été libéré sous caution début novembre. En 2017, Sholeh-Saadi, 64 ans, opposant politique, avait été empêché de se présenter à la présidence.

Mohammad Najafi a, lui, été condamné à 13 ans de prison dont 10 ans pour « transmission d’informations à un pays hostile » suite à des interviews donnés à des médias étrangers, deux ans pour outrage au chef suprême et un an pour publicité en faveur des groupes d’opposition. Mohammad Najafi avait été arrêté en janvier pour avoir exprimé son soutien à des prisonniers lors de manifestations anti-gouvernementales. Les manifestations, axées sur des revendications économiques, ont duré plusieurs jours et ont entraîné la mort de dizaines de personnes et l’arrestation de centaines d’autres (voir notre article).

Mohammad Najafi

Mohammad Najafi

Les travailleurs de l’usine sucrière Haft Tapeh (dans la ville de Suse, dans le sud de l’Iran) sont entrés dans leur quatrième semaine de grève pour réclamer le paiement de leurs salaires. Le 18 novembre, 18 militants et leaders syndicaux (voir notre article) avaient été arrêtés dont Esmail Bakhshi, représentant des travailleurs de Haft Tappeh Sugarcane Mill, qui est toujours en prison.

Esmail Bakhshi aurait été torturé durant sa garde à vue et transféré dans un hôpital de la sécurité à Ahvaz. Il souffrirait de blessures à la tête et au visage ainsi que d’une hémorragie interne à la suite des tortures qu’il aurait subit. Il aurait depuis été renvoyé à la prison d’Ahvaz. Jeudi 29 novembre, les forces de sécurité ont arrêté à son domicile Ali Nejati, l’ancien président du syndicat des ouvriers d’Haft Tappeh, ainsi que son fils, Peiman Nejati.

Ce lundi 3 décembre, les travailleurs de Haft Tapeh et ceux de l’usine d’acier d’Ahvaz ont manifesté ensemble pour exiger la libération des syndicalistes emprisonnés. Les sidérurgistes du Groupe National d’Acier (GNA) de la ville d’Ahvaz sont en grève depuis début novembre pour réclamer le paiement de quatre mois de salaires impayés et des garanties pour la sécurité de leur emploi.

Esmail Bakhshi

Ali Nejati

Dimanche 18 novembre, Khalil Karimi militant au syndicat libre des travailleurs d’Iran a été condamné à un an de prison par la cours révolutionnaire de Sanandaj. Il est condamné pour propagande contre l’état. Concrètement il lui est reproché d’avoir participé à la journée internationale des travailleurs (le premier mai) et à une campagne contre la peine de mort prononcée contre Ramin Hossein Panahi,un militant du Komala exécuté en septembre (voir notre article).

Khalil Karimi

Khalil Karimi

Depuis le début du mois de novembre, les travailleurs de la société Haft Tapeh sont en grève. Le 18 novembre, 18 militants ont été arrêtés et quatre d’entre eux ont été conduits à la prison d’Ahvaz.

Fondée en 1962, Haft Tapeh emploie près de 4.000 personnes.

Depuis la privatisation de la société en février 2016, les employés ont organisé plusieurs manifestations contre les retards accusés dans le règlement de leurs salaires. La contestation s’est intensifiée ces dernières semaines. La grève et les manifestations continuent avec le soutien des habitants de la ville pour réclamer le paiement des salaires impayés et la libération de toutes les personnes arrêtées. Entre temps, l’armée aurait été envoyée à Suse.

Manifestants dans les rues de Suse

Manifestants dans les rues de Suse

Le 28 octobre, quinze travailleurs de la société HEPCO (un des plus importants fabricants de machines de construction en Iran) ont été condamnés avec sursis à des peines de un à deux ans de prison et à 74 coups de fouet. Ces travailleurs ont été poursuivis suite a une grève organisée en mai de cette année pour protester contre le non-paiement de leur salaire et avantages sociaux. Ils ont été accusés d’avoir perturbé l’ordre public et fait de la propagande contre le régime. Le tribunal a suspendu les peines pour cinq ans ce qui signifie que les accusés devront rester « discrets » et ne se livrer à aucune forme d’activisme. Certains de ces travailleurs étaient des représentants syndicaux négociant avec l’employeur.

Le travail syndical en Iran est considéré comme une infraction à la sécurité nationale. Les syndicats indépendants sont interdits, les grévistes sont souvent licenciés avec la menace d’être arrêtés, et les dirigeants syndicaux sont systématiquement poursuivis pour des accusations de sécurité nationale et condamnés à de longues peines de prison.

Travailleurs d’HEPCO en grève

Travailleurs d'HEPCO en grève