Le dimanche soir 20 janvier, Esmail Bakhshi et Sepideh Gholian ont été arrêtés à nouveau. Les forces de sécurité ont perquisitionné les logements des deux militants avant de les arrêtés. Le frère de Sepideh Gholian a également été arrêté pour s’être interposé à l’arrestation de sa sœur.
Esmail Bakhshi, représentant des travailleurs de Haft Tapeh Sugarcane, a été incarcéré et torturé pendant près d’un mois (du 18 novembre au 10 décembre 2018) pour avoir mené un mouvement de grève à l’usine Sugarcane (voir nos articles ici et ici ). Sepideh Gholian, une étudiante, journaliste et militante des droits sociaux avait également été arrêtée le 18 novembre pour son soutien aux grévistes. Elle sera libérée le 18 décembre et dénoncera les tortures subites durant son incarcération. À sa libération, Esmail Bakhshi avait publié un communiqué invitant le ministre des Renseignements à participer à un débat télévisé en direct au sujet de la torture qu’il avait subie pendant son incarcération. Le 19 janvier, à la veille de l’arrestation des deux militants, la télévision d’état diffusait des vidéos dans lesquelles on voit Esmail Bakhshi et Sepideh Gholian « avouer » leurs liens avec des groupes marxistes et communistes en dehors de l’Iran dans le but de renverser le système politique en organisant des grèves et des manifestations de travailleurs. Ni le lieu, ni la date, ni les conditions dans lesquelles ces images ont été tournées, n’ont été communiqués. Les « aveux » auraient été obtenus sous la torture.
La semaine dernière, le procureur général iranien Jafar Montazéri avait qualifié les accusations de torture de « mensonges éhontés » et faites « pour servir un but politique ». Il avait précisé que des institutions gouvernementales avaient engagé des poursuites contre l’ouvrier de la sucrerie pour diffamation présumée des autorités. Des enquêtes menées par le Parlement, le parquet et le ministère des Renseignements ont conclu qu’Esmail Bakhshi n’avait pas été victime de torture. Ces derniers mois, de nombreux mouvements de grève ou de protestation se sont organisés en Iran, essentiellement en dehors de Téhéran. Le chef de l’Autorité judiciaire a mis en garde en novembre les travailleurs contre la tentation de « créer du désordre dans le pays ».
Sepideh Gholian et Esmail Bakhshi