Des milliers de personnes s’étaient rassemblées ce vendredi dans différents quartier de Tripoli. Partout, elles ont été accueillies par des tirs nourris des forces de sécurité, et il semblerait qu’au moins cinq personnes aient été tuées ce matin. A Benghazi, dans l’est du pays, un millier de manifestants s’étaient retrouvés devant le tribunal local devenu le quartier général du soulèvement. En prenant la ville d’assaut, les forces de sécurité ont tués 23 personnes et 44 autres ont été blessées. Hier, c’est à Zaouiyah, à cinquante kilomètres à l’ouest de Tripoli que les principaux affrontements ont eu lieu. Circulant dans des jeeps équipées de lance-roquettes, les militaires étaient déployés autour de la ville. Plusieurs centaines de manifestants avaient disposé des portes hérissées de clous faisant office de herses pour entraver la circulation dans les rues. Les forces de sécurité leur ont tiré dessus à l’arme lourde, faisant au moins dix morts et une dizaine de blessés. Par ailleurs, la ville de Musratha, à 150 kilomètres à l’est de Tripoli a été totalement désertée par les militaires et les fidèles du gouvernement. Si cela se confirme, cela signifierait que le soulèvement populaire actif dans le pays se rapproche de la capitale. Selon certaines sources qui dénoncent les lumières de masse, les arrestations arbitraires, les détentions et les tortures de manifestants, des milliers de personnes ont déjà été tuées ou blessées.

Après une semaine de nouvelles sur la situation actuelle au centre fermé pour clandestins de Steenokkerzeel, une tentative d’évasion, plusieurs prisonniers ayant été tabassés et une grève de la faim collective, une quarantaine de personnes se sont rassemblés dimanche devant le centre. Durant la manifestation, les prisonniers ont commencé à briser les vitres, à incendier les cellules et à monter sur le toit. A ce moment, beaucoup de renforts de la police et des pompiers sont arrivés, et dans le chaos général, un prisonnier a pu s’évader. Plus tard le soir, les manifestants rentrés, des émeutes sont de nouveau éclatés au centre. Deux des trois ailes du centre ont été ravagé par les mutins : casse, incendie et sabotage des circuits électrique et sanitaires. Les deux ailes ont été déclarés « inhabitables » et les prisonniers ont été transferés à d’autres centres à Vottem, Merksplas et Bruges.

Manifestation et émeutes au 129bis, 20 février 2011

Manifestation et émeutes au 129bis, 20 février 2011

Des milliers de manifestants s’étaient rassemblés ce mercredi dans plusieurs villes grecques dans le cadre d’une grève générale de 24 heures contre les mesures d’austérité du gouvernement. Selon la police, ils étaient 16000 à Salonique et 20000 au Pirée et à Athènes (les syndicats parlent eux de 60000 personnes). Dans la capitale, de violents affrontements ont éclaté entre les travailleurs et les forces de l’ordre. 5000 policiers avaient été déployés dans le centre-ville, dont une grande partie formant un cordon devant le Ministère des Finances. A l’arrivée du cortège devant le bâtiment, ils ont tiré des gaz irritants et lacrymogènes, scindant la manifestations en deux. Les travailleurs ont répliqué en leur jetant divers projectiles. La police compte trois blessés dans ses rangs et a annoncé avoir procédé à cinq arrestations.

Manifestation contre l’austérité à Athènes

Manifestation contre l'austérité à Athènes

Mardi 15 février, des policiers fédéraux, des policiers de la police d’état, des policiers, de provocateurs et de francs tireurs violemment réprimé une manifestation des enseignants à Oaxaca. Cette manifestation protestait contre la venue dans la ville du président Felipe Calderon, après qu’une loi soit passée prévoyant une exemption d’impôt pour les familles plaçant leurs enfants dans l’enseignement privé. Il y a eu au moins 14 blessés dont deux par balle à la tête. Quatre membres des enseignants sont à l’hôpital (deux blessés par balle et deux à la suite de grenades lacrymogènes).

Répression de la manifestation des enseignants à Oaxaca

Répression de la manifestation des enseignants à Oaxaca

Plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés cet après-midi devant l’ambassade du Maroc à Bruxelles contre le régime, sa dictature et sa corruption, pour la justice et la liberté, pour la libération des prisonniers politiques et pour soutenir les manifestants du monde arabe. A l’issue du rassemblement, les manifestants ont d’ailleurs été rejoindre un autre rassemblement devant l’ambassade de Lybie. Une dizaine de monarchistes ont tenté de détourner la manifestation en brandissant des portraits du roi et en scandant « nous soutenons le roi dans ses réformes démocratiques », mais ils ont été expulsés du rassemblement. Ils se sont rassemblés, sous la protection de la police, devant l’ambassade qui les avait probablement envoyé semer la confusion, sous les huées et les quolibets. De nombreux courants politiques progressistes, démocratiques et révolutionnaires étaient présents, ainsi qu’une importante délégation amazigh. Le Secours rouge a distribué un tract exposant la situation des jeunes communistes emprisonnés, ainsi que celle des militants sahraouis des droits de l’homme qui comparaissent devant le tribunal militaire.

Le tract du Secours rouge (.pdf)

Loin de se calmer, les heurts se sont poursuivis dans plusieurs pays arabes, les régime autocratiques hésitant entre une sévère répression, qui a déjà fait plusieurs dizaines de morts dans l’ensemble des pays, et un début de négociations avec les représentants de l’opposition « officielle ».
Ce samedi après midi, la tension était très vive à Alger, théâtre d’une nouvelle manifestation de l’opposition. Des policiers algériens ont dispersé samedi après-midi dans le centre d’Alger un demi-millier de manifestants. A Manama, capitale du Bahrein, la police vient de relever l’armée après sa sanglante intervention du milieu de la semaine. dont le bilan s’élève à au moins 4 morts et plusieurs centaines de blesses.
En Lybie, la répression aurait fait 35 morts vendredi à Benghazi, selon des sources venant des hôpitaux et des témoins, ce qui porte à 84 selon son décompte le nombre de personnes tuées ces trois deniers jours dans le pays. Au Yemen, où l’armée a tiré sur le foule, sept personnes ont été tuées dans le pays depuis le début des manifestations.

Manifestation au Yemen

Manifestation au Yemen

Alors quel les manifestations se multiplient dans tout la monde arabe (Algérie, Lybie, Yemen, Jordanie…), des manifestations de masses sont prévues dans toutes les villes du Maroc ce 20 février contre le gouvernement réactionnaire. Une manifestation solidaire aura lieu au même moment à Bruxelles: dimanche 20 février, de 14h00 à 16h00, en face de l’ambassade du Maroc au Bd. St Michel 1040 Bruxelles

En décembre 2010, la police londonienne a relevé que certains groupes de manifestants ont utilisé Google Map (couplé à des logiciels spéciaux) pour suivre les mouvements et les points de rassemblement de la police. Les cartes étaient mise à jour en temps réel avec des connexions wifi. Des logiciels ont même été mis au point dans ce but, avec des icônes figurant les groupes de policiers, l’avion de surveillance et les fourgons. Ces cartes peuvent être partagées entre des utilisateurs choisis.
Si globalement, la police garde le dessus au point de vue de la collecte et de l’utilisation des informations tactiques pendant des événements, certains groupes étaient mieux informés que les policiers. La police remarque que la prolifération des smartphones facilite et peut généraliser de tels procédés. Elle étudie les moyens d’y parer, d’autant que les manifestants peuvent avoir plus d’observateurs et des points d’observation que la police et dépasser en réalité la police dans la quantité et la qualité de renseignement. Avec une carte actualisée en temps réel, complétée avec des photos satellites, chaque manifestant peut évoluer comme s’il disposait d’un hélicoptère pour le guider.

L’article sur la question dans une revue de police

Le lien vers la carte Google traitée par le logiciel des manifestants

Grande-Bretagne: La police étudie l’utilisation tactique de Google Map par les manifestants

Dans la nuit de samedi à dimanche, des violents affrontements ont éclaté entre de jeunes manifestants et les forces de l’ordre à Tadmaït, petite ville située à 80 kilomètres d’Alger. Après avoir longtemps scandé des slogans anti-gouvernementaux, les jeunes ont attaqué le commissariat de police à coups de jets de pierres et de cocktails Molotov. Ils ont également bloqué le boulevard du centre-ville. Les policiers ont réagi pour disperser le rassemblement en faisant usage de gaz lacrymogène. Il semblerait qu’au moins trois jeunes aient été blessés.

Dimanche, des heurts ont également eu lieu à Annaba, dans l’est du pays, entre des policiers et de jeunes chômeurs qui manifestaient pour dénoncer les lenteurs de l’administration. Quatre policiers auraient été blessés.

Par ailleurs, malgré l’interdiction de manifester déclarée par les autorités, un appel au rassemblement à été lancé à Alger. Tous les samedis, une marche contre le régime ira de la place du 1er Mai jusqu’à la place des Martyrs. A noter que samedi, les autorités avaient déployé 30.000 policiers dans la capitale, ce qui n’a pas empêché quelques 3000 personnes de bloquer le centre-ville durant un long moment.

Ce samedi, à Strasbourg, plusieurs milliers de Kurdes ont manifester pour réclamer un Kurdistan indépendant et la libération de l’ex-leader du PKK, Abdullah Ocalan. Ce dernier purge une peine de prison à perpétuité depuis 1999 à la suite d’un procès jugé inéquitable par de nombreux observateurs internationaux. Des familles venues de Suisse, de Belgique, d’Allemagne, des Pays-Bas,… ont défilé dans les rues de la ville au départ de la gare avant de se réunir en début d’après-midi pour un pique-nique géant et des prises de parole. Les nombreux calicots affichaient, ‘Liberté pour Ocalan’, ‘Kurdistan autonome’ ou encore ‘A bas le régime fasciste en Turquie’.

Manifestation kurde à Strasbourg

Manifestation kurde à Strasbourg