Depuis sa libération des prisons françaises après plus de 40 ans de détention, le communiste libanais Georges Abdallah a reçu de nombreuses délégations venues le saluer dans sa maison familiale située à Kobayat au nord du Liban (voir notre article). Dimanche 27 juillet, deux anciens prisonniers libanais et une ancienne prisonnière palestinienne lui ont rendu visite. À leur arrivée, ils ont été chaleureusement accueillis par des applaudissements de la famille et des camarades présents.

  • Mohammad Ramadan est originaire du village de Beit Yahoun, au sud du Liban. Militant communiste, il rejoint Jammoul — le Front de la résistance nationale libanaise en 1985. Il participe à de nombreuses opérations armées. Le 9 novembre 1989, il est arrêté et sera libéré le 1er mars 1996.
  • Soha Bechara est originaire de Deir Mimas, au sud du Liban. Militante communiste du PCL, elle a tenté d’assassiner le commandant de l’Armée du Sud-Liban (milice supplétive d’Israël), Antoine Lahad, alors qu’elle avait 20 ans. Elle a passé dix ans à la prison de Khiam, dont six à l’isolement. Elle a été libérée le 3 septembre 1998, après d’intenses campagnes libanaises, européennes et internationales en sa faveur.
  • Kifah Afifi est une réfugiée palestinienne et survivante du massacre de Sabra et Chatila de septembre 1982. Originaire d’Haïfa, elle a été arrêtée lors d’une opération armée en 1988 et libérée en 1998. Elle était la plus jeune détenue du centre de détention de Khiam (plus d’infos sur cette prison ici). 

Le groupe d’action directe Palestine Action pourra contester devant les tribunaux le fait que le ministère de l’Intérieur l’ait récemment désigné comme organisation terroriste et interdit dans le pays, a décidé un juge. L’interdiction est entrée en vigueur début juillet (voir notre article), faisant du soutien à Palestine Action une infraction pénale, l’appartenance ou l’expression d’un soutien au groupe étant passible d’une peine pouvant aller jusqu’à 14 ans de prison. Depuis, plusieurs dizaines de personnes ont été arrêtées et poursuivies pour leur soutien (voir notre article).

Après l’arraisonnement de l’Handala par les forces de Tsahal ce 26 juillet, les militants pro Palestiniens ont été emmenés et détenus à la prison de Givon (nos articles ici et ici ). La Coalition de la Flottille de la Liberté confirme que lors de son arrivée en détention en Israël, le défenseur américain des droits humains, Christian Smalls, a été agressé physiquement par sept soldats en uniforme. Christian a été étranglé et les soldats israéliens lui ont donné des coups de pied aux jambes, laissant des marques visibles de violence sur son cou et son dos. Lors de sa rencontre avec son avocat, Christian était entouré de six membres de l’unité spéciale de la police israélienne. Ce niveau de force n’a pas été utilisé contre  les autres activistes arrêtés. La Coalition de la Flottille de la Liberté condamne cette violence et exige que les responsables de l’agression et du traitement discriminatoire qu’il a subi soient tenus pour compte.

Le navire humanitaire Handala en route vers Gaza intercepté ce samedi 26 juillet par Israël (notre article ici) a vu ses passagers transférés à la prison de Givon. L’équipage a entamé une grève de la faim pour dénoncer leur détention et le blocus de Gaza. Selon Emma, une des passagères : « il est impensable de recevoir de la nourriture d’une armée qui affame le peuple palestinien ». Certains activistes ont accepté l’expulsion « volontaire », d’autres refusent et seront présentés devant un tribunal israélien, ils resteront en prison jusqu’à leur renvoi du pays.

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Ce 26 juillet, l’armée israélienne a intercepté tout comme le navire Madleen en juin (voir notre article), le bateau Handala de la « Flottille pour la liberté » qui se dirigeait vers Gaza chargé d’aide. Les images diffusées en direct laissaient voir les militants propalestiniens assis sur le pont du Handala les mains en l’air, et sifflant la chanson antifasciste italienne « Bella Ciao », pendant que les soldats prenaient le contrôle du navire. Le bateau avait quitté le 13 juillet le port italien de Syracuse, en Sicile, à son bord, 19 militants de nationalités diverses. Cet ancien chalutier norvégien transporte du matériel médical, des denrées alimentaires, des équipements pour enfants ainsi que des médicaments. L’expédition, financée par des campagnes de dons, visait à briser le blocus israélien imposé à la bande de Gaza, en proie à une crise humanitaire majeure. L’équipage du Handala avait indiqué sur X qu’il entamerait une grève de la faim si le bateau venait à être intercepté par l’armée israélienne et ses passagers détenus.

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La police israélienne a réprimé hier jeudi, sur la place des Prisonniers à Haïfa,  une manifestation contre la famine dans la bande de Gaza. La police israélienne a agressé les manifestants, en a arrêté 24 et a déployé des forces renforcées autour du lieu de la manifestation. Les participants à la manifestation, intitulée « Gaza meurt de faim », ont dénoncé la guerre d’extermination à Gaza et la politique de famine, le bilan des victimes de la famine s’élevant à 114 morts. Les manifestants, à Haïfa mais aussi dans plusieurs autres villes,  ont brandi des banderoles exigeant la fin de l’agression, l’entrée de l’aide humanitaire et la fin de la politique de meurtres et de massacres.

Fatou (nom d’emprunt), une Bruxelloise présente en marge du défilé de la Fête nationale, s’est vue sommée de retirer son foulard palestinien. Après qu’elle ait refusé, son identité a été contrôlée durant près de dix minutes. Les faits se sont déroulés alors que démarrait le défilé et que diverses activités se tenaient dans le parc Royal. Fatou tente de s’éloigner de la foule, c’est à ce moment-là qu’elle est interpellée par une policière en civil qui lui demande de retirer son keffieh et sans qu’une justification valable lui soit donnée. Pour toute réponse à sa question « Pourquoi ? », il lui sera répondu : « Parce que c’est comme ça ».

Fatou se met alors à filmer la policière de la zone de police Polbru qui l’interpelle, un échange commence. Fatou cède sa carte d’identité, elle a été photographiée sans son consentement, en cachette, touchée sans avertissement, sa carte d’identité concernée durant 10 minutes. Elle a ensuite interpellée les personnes aux alentours pour leur demander de bien vouloir filmer si les choses devaient dégénérer. Elle finit par récupérer son document, après l’avoir demandé à plusieurs reprises.

Deux jours plus tard, la Bruxelloise se dit encore effarée par les événements. « Je semblais gérer sur place mais je suis très choquée et ne peux m’empêcher de penser que c’est peut être cela qui attend toutes les femmes courageuses qui osent marcher dans l’espace publique, en foulard ou en solidarité avec les plus opprimés. Je suis femme, je suis noire, j’avais un foulard et je soutiens la Palestine »,

La vidéo ici

La répression des manifestations pro-palestinienne se déchaîne dans de nombreux pays occidentaux. La candidate des Verts à Sydney, Hannah Thomas, a ainsi été grièvement blessée lors de son arrestation. On ignore jusqu’à quel point elle pourrait recouvrer la vue après une grave blessure à l’œil. Elle participait à une manifestation devant SEC Plating à Belmore (Sydney), le vendredi 27 juin, lorsqu’elle a été prise à partie par la police de Nouvelle-Galles du Sud. SEC Plating fournit des composants utilisés dans des avions de chasse des Forces de défense israéliennes. Un policier lui a porté un coup violent puis l’a entraîné pour la mettre en état d’arrestation. La police a justifié les violences en expliquant que les manifestants avaient refusé de se déplacer malgré leur ordre. Hannah Thomas s’était présentée contre le Premier ministre dans sa circonscription de Grayndler à Sydney lors des élections de cette année. Elle doit d’ailleurs comparaître le 12 août devant le tribunal qui lui reprochera sa participation à la manifestation.

Sur base des données du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), le porte-parole de l’ONU Stéphane Dujarric a déclaré que 87,7 % de Gaza sont désormais sous ordre de déplacement ou dans des zones de déplacement, ce qui pousse environ 2,1 millions de personnes dans des secteurs fragmentés de l’enclave où les services sont quasiment inexistants. Plus de 1,3 million de personnes à Gaza ont actuellement besoin d’abris et de produits de première nécessité, alors qu’aucune livraison de matériel d’abri n’est entrée à Gaza depuis plus de quatre mois.

La famine s’agrave également : les personnes souffrant de grave malnutrition arrivant dans les hôpitaux dans un état de santé critique et au moins une douzaine de personnes, dont des enfants, seraient mortes de faim au cours des dernières 24 heures. Depuis octobre 2023, les attaques israéliennes ont tué près de 59 000 Palestiniens dans la bande de Gaza, pour la plupart des femmes et des enfants.

Plus de 100 personnes ont été arrêtées à travers le Royaume-Uni dans le cadre de manifestations liées au groupe Palestine Action, désigné comme organisation terroriste par le gouvernement britannique il y a trois semaines (voir notre article). Des manifestations ont eu lieu samedi à Londres, Manchester, Édimbourg, Bristol et Truro dans le cadre d’une campagne coordonnée par le collectif Defend Our Juries, tandis que la répression contre les soutiens présumés de Palestine Action s’accélère.

La police métropolitaine (londonienne) a indiqué samedi que 55 personnes avaient été interpellées à Parliament Square, en vertu de la loi antiterroriste de 2000, pour avoir brandi des pancartes portant « Je m’oppose au génocide, je soutiens Palestine Action » . À Manchester, la police locale a arrêté 16 personnes, toujours en garde à vue pour interrogatoire. À Bristol, la police d’Avon et Somerset a confirmé l’interpellation de 17 manifestants. En Cornouailles, la police du comté a arrêté 8 personnes. En Écosse, un manifestant a également été arrêté. La semaine précédente, plus de 70 personnes avaient déjà été interpellées lors de manifestations similaires à travers le Royaume-Uni (voir notre article).

Les manifestations d’hier interviennent alors que la décision du gouvernement d’interdire Palestine Action continue de susciter de vives critiques. Le groupe a été officiellement désigné comme organisation terroriste le 5 juillet. Un recours en justice contre cette interdiction est attendu lundi : la cofondatrice du groupe, Huda Ammori, doit demander à la Haute Cour l’autorisation de contester la décision. Plusieurs ONG, des figures du monde culturel et des centaines d’avocats dénoncent cette interdiction.