Le stade de pelote basque de Berango était plein à craquer ce dimanche pour accueillir Ibai Aginaga, militant communiste et indépendantiste, revenu dans sa ville après une absence de 21 ans, dont 2 dans la clandestinité dans ETA et 19 autres passés dans différentes prisons d’Espagne. Au petit matin, Ibai a quitté la prison de Basauri et est arrivé peu après à Berango pour participer à l’Ongi Etorri (l’accueil populaire) que les voisins et les militants voulaient lui offrir, malgré l’interdiction du gouvernement espagnol et la dissociation de la direction de la gauche nationaliste officielle qui demande « instamment » que l’accueil des prisonniers se fasse de manière discrète et privée. Accepter cet accueil était pour Ibai une nouvelle manière de critiquer les choix de cette direction et de la ligne adoptée par la gauche nationaliste officielle depuis que l’ETA a déposé les armes.

Ibai est populaire dans la localité, tout comme sa mère, qui l’a soutenu pendant ces 20 ans de lutte carcérale, mais Berango est aussi une ville particulière, rebelle et combattive. Dès les premières heures du matin, les rues étaient remplies d’affiches et de banderoles saluant l’événement. Celui-ci s’est déroulé parfaitement. Des centaines de personnes se pressaient dans le lieu. Il y était interdit d’entrer avec des téléphones portables et la presse espagnole était tenue à l’écart. L’assistance a scandé « Presoak kalera, amnistía osoa » (prisonniers dans les rues, amnistie maintenant) ou « Jotake Irabazi arte » (Lutte jusqu’à la victoire). Un concert a précédé la montée sur scène d’Ibai qui a reçu dix minutes d’ovation. Des discours ont suivi et une nouvelle ovation a salué l’arrivée à la tribune de la mère d’Ibai fleurie par les enfants de la localité. D’autres prisonniers étaient présents, comme Josemari Sagarduy (« Gatza »), arrêté à l’âge de 22 ans et libéré à 53 ans, ou Iñaki Etxeberría « Mortadelo », qui a purgé 25 ans de prison.

Ibai a ensuite pris la parole. Très ému, il a souligné sa joie de retrouver plusieurs camarades de lutte. Il a rappelé la situation d’autres prisonniers indépendantistes comme Kepa Preciado, Dani Pastor, « Txikito » et tous les prisonniers antifascistes, y compris ceux du PCE (r) et des GRAPO (voir notre dossier). Il a appelés à continuer à se battre et a terminé son discours en disant : « Je suis entré en prison comme militant de l’ETA et je suis sorti comme militant communiste », ce qui a provoqué la dernière ovation prolongée de cet événement mémorable.

La justice militaire israélienne a condamné l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri à quatre mois de détention administrative. Elle estime qu’il « menace la sécurité de la région ». En octobre dernier, Israël avait déjà révoqué son statut de résident de Jérusalem. Né d’une mère française et d’un père palestinien, cet avocat âgé de 36 ans est accusé depuis des années, par l’État hébreu, d’être membre du FPLP. Salah Hamouri, fervent défenseur des droits des Palestiniens, avait déjà été emprisonné entre 2005 et 2011. Cette fois-ci, il écope de quatre mois de détention administrative, c’est-à-dire une condamnation sans inculpation, et sans véritable procès. Cette mesure Elle permet à la justice militaire israélienne d’incarcérer des suspects, pour une durée allant jusqu’à six mois renouvelables indéfiniment et souvent sans accusation.

Salah Hamouri

 

Une blocage est en cours sur le port d’Ajaccio où les marins du Syndicat des travailleurs corsesempêchent un bateau de la Corsica Ferries d’accoster. Le navire transporte des véhicules et des agents des forces de l’ordre envoyé en renfort pour réprimer les protestations à l’agression d’Yvan Colonna, mercredi à la prison d’Arles (voir notre article). Un nouveau préfet a été expédié en Corse quarante-huit heures avant son arrivée prévue, sous une escorte policière conséquente. Des manifestations ont eu lieu hier, pour dénoncer le fait qu’un « Détenu Particulièrement Surveillé » (DPS) comme Yvan Colonna, 61 ans, ai pu être laissé à la merci d’un jeune jihadiste, lui-même DPS, qui a déjà eu de nombreux épisodes violents dans sa détention. La détention d’Yvan Colonna loin de la Corse était dénoncée depuis longtemps.  L’Université de Corse située à Corte (Haute-Corse) était bloquée jeudi par des étudiants qui portaient des banderoles « Statu francese Assasinu » (l’Etat français assassin) et « Gloria Ate Yvan » (Gloire à toi Yvan). L’état de santé d’Yvan Colonna, en coma post-anoxique et actuellement soigné à l’hôpital nord de Marseille, est toujours stationnaire.

Incarcéré à la prison d’Arles pour l’exécution du préfet Erignac, Yvan Colonna est entre la vie et la mort ce mercredi 2 mars, après avoir été agressé par un détenu jihadiste. L’agression s’est déroulée ce mercredi 2 mars dans la prison d’Arles. L’agresseur est un jihadiste de 36 ans incarcéré pour association de malfaiteurs terroristes, qui avait déjà été détenu en Afghanistan. Le jihadiste a sauté attaqué Yvan Colonna dans le dos et, après l’avoir mis au sol, lui a écrasé la trachée pendant plus d’une minute avec son pied. Selon certaines sources, Yvan Colonna serait en état de mort cérébrale. Yvan Colonna, âgé de 61 ans, a été condamné à la réclusion à perpétuité pour l’exécution du préfet Claude Erignac le 6 février 1998 à Ajaccio en Corse (voir notre article sur le procès).

Yvan Colonna

Yvan Colonna

Un ancien volontaire français des YPG incarcéré depuis plus d’un an (voir notre article) en attendant son procès, a entamé une grève de la faim ce dimanche 27 février à partir de 18 heures. Dans un communiqué rendu public sur la page Facebook du CCFR (Collectif de combattants francophone du Rojava), il dénonce le caractère politique de sa détention et sa mise en isolement :

Cela fait plus de 14 mois que je réfute cette infâmante et diffamatoire accusation d’association de malfaiteurs terroriste.
Cela fait plus de 14 mois que la DGSI m’a expliqué que je n’étais pas arrêté pour ce qu’elle voulait me faire croire, à savoir mon engagement auprès des forces kurdes contre Daech au Rojava.
Cela fait plus de 14 mois que rien ne valide la thèse élaborée de toutes pièces par la DGSI alors même que pendant au moins 10 mois j’ai été suivi, tracé, sous écoute 24 heures sur 24 dans mon véhicule, mon lieu de vie, espionné jusque dans mon lit.
Cela fait plus de 14 mois que je comprends que ce sont mes opinions politiques et ma participation aux forces kurdes des YPG dans la lutte contre Daech qu’on essaie de criminaliser.
Cela fait plus de 14 mois qu’on reproche une association de malfaiteurs à 7 personnes qui ne se connaissent pas toutes les unes les autres.
lire la suite du communiqué

Le prisonnier politique basque Mikel Otegi a été admis d’urgence à l’hôpital de Navarre la semaine dernière, de la prison d’Iruñea. Après avoir été testé positif au COVID19, il a été conduit au secteur COVID du centre hospitalier. Une fois cette infection surmontée, après avoir été testé négatif au COVID, Mikel a été emmené dans une autre section. Il y a subi des tests qui ont permis de lui diagnostiquer une tuberculose pulmonaire. Mikel Otegi fait partie du groupe de 19 prisonniers et prisonniers politiques basques atteints de maladies graves. Etxerat et d’autres organisations solidaires revendiquent la libération pour Mikel Otegi ainsi que pour les autres prisonniers et prisonniers politiques basques souffrant de maladies graves et incurables.

Ladite « longue marche » pour exiger la libération du leader kurde Abdullah Öcalan, commencée à Sierentz le 6 février, est arrivé à sa destination aujourd’hui, dans la ville de Strasbourg, où un rassemblement central est organisé. Au cours de la marche, les marcheuses et marcheurs ont subi des attaques fascistes et des interventions de la police qui a menacé à plusieurs d’interrompre la manifestation. Plusieurs autres marches ont également eu lieu (à Marseille, Kiel, Hanovre, …) dont une allant de Francfort à Strasbourg.

Hier jeudi 10 février, le Tribunal Administratif de Paris a rendu son jugement et a rejeté la requête pour que soit ordonnée l’expulsion de Georges Abdallah du territoire français. Celle-ci avait été déposée il y a plus d’un an par son avocatalors qu’un arrêt d’expulsion conditionne la libération du militant libanais emprisonné en France depuis plus de 37 ans. Libérable depuis près de 23 ans, il a fait huit demandes de libération conditionnelle dont la dernière (en 2013) a été acceptée par le Tribunal d’application des peines en première instance et en appel. Celle-ci était conditionnée par la signature d’un arrêt d’expulsion qui devait être signé par le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls. Sans surprise celui-ci a refusé de le faire.

Des centaines de manifestants pour Georges Abdallah

Des centaines de manifestants pour Georges Abdallah

Trois anarchistes ont été arrêté.e.s, lors d’une vaste opération répressive de l’unité antiterroriste, à Thessalonique. Quatre maisons ont été perquisitionnées, les policiers affirment y avoir trouvé du matériel rentrant dans la fabrication d’explosifs, des pistolets, des munitions, de faux uniformes de police et d’ambulancier.e.s, des pièces d’identité, un émetteur-récepteur etc. Les trois personnes sont accusées d’avoir crée et d’être membre de l’ »Organisation d’action anarchiste » et d’attaques qui ont eu lieu à Thessalonique au moins depuis 2016, ainsi que d’ »actes de terrorisme » : explosion, fabrication, fourniture et possession, d’explosifs, mise en danger des vies humaines, incendie criminel, possession d’armes à feu et dégradations… Elles  sont déjà passées devant le procureur de Thessalonique et seront emprisonnées dans l’attente de leur procès.

Lire ici (en anglais) quelques revendications de l’Organisation d’action anarchiste

Attaque incendiaire de l’Organisation d’action anarchiste contre l’exposition de propagande de l’UE « Europe Direct »

 

 

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Entre 1995 et 2001, le militant révolutionnaire Erdal Gökoglu a été arrêté en Turquie et y a été torturé à plusieurs reprises. Il souffre du syndrome de Wernicke-Korsakoff depuis la grande grève de la grève de la faim de 2000 contre les prisons d’isolement et des séquelles des blessures par balle qu’il a reçue lors de la répression de la lutte des prisonniers politiques de la prison d’Uucanlar. En Turquie, il a été déclaré invalide en 2001 et s’est réfugié en Belgique après sa libération. Il y a obtenu en 2007 le statut de réfugié politique. Il avait été arrêté et extradé en Allemagne (voir notre article), à la demande du parquet allemand qui l’accusait d’avoir été responsable, entre 2002 et 2013, des locaux du DHKP-C à Hambourg et à Berlin.

Après plus d’une année d’un procès plusieurs fois interrompu en raison de son état de santé précaire, Erdal a été condamné par le tribunal de Hambourg à cinq ans d’emprisonnement (voir notre article). Il a obtenu d’achever sa peine en Belgique et a été transféré, au début de février 2021, alors qu’il avait purgé les deux tiers de sa peine, à la prison de St Gilles. A St Gilles, Erdal a entamé une nouvelle grève de la faim contre le port de l’uniforme. En Turquie, le refus du port de l’uniforme de la part les prisonniers politiques a une très haute valeur symbolique et politique. Des dures luttes ont eu lieu sur cet enjeu, dont les prisonniers sont sortis victorieux. Erdal a gagné de nos pas devoir porter l’uniforme mais est privé de tous les déplacements (y compris les visites) pour lesquels le port de l’uniforme est jugé nécessaire. Une loi belge de 2005 a pourtant annulé le port de l’uniforme dans les prisons mais dans les faits, seules 12 prisons ont pu le mettre en pratique. Quoiqu’il en soit, Erdal a déjà depuis longtemps dépassé le délai donnant droit à une libération anticipée.

Erdal Gökoğlu

Erdal Gökoğlu