Devant le consulat de France à Liège le 28 mai 2004


Face à la prison de Bapaume (où était détenue Nathalie Ménigon) le 25 février 2006


Face à la prison de Bapaume le 23 juin 2007


Manifestation devant la prison de Bapaume


Action de sympathisants sur l’autoroute


Manifestation dans les rues de Douai

Devant le consulat de France à Liège le 28 mai 2004
Face à la prison de Bapaume (où était détenue Nathalie Ménigon) le 25 février 2006
Face à la prison de Bapaume le 23 juin 2007
Manifestation dans les rues de Douai

Présentation du dossier

Il y a trois grand groupes de prisonniers révolutionnaires dans les prisons espagnoles. Il y a les prisonniers appartenant à la gauche nationaliste basque, il y a les prisonniers appartenant à la mouvance anarchistes, et il y a les prisonniers appartenant à la mouvance communiste/antifasciste. C’est à ce dernier groupe qu’est consacré ce dossier.

Affiche pour les prisonniers espagnols

Bilan chiffré de la répression contre le mouvement communiste et antifasciste de 1975 à décembre 2008

Ce bilan concerne les militants et les sympathisants des organisations suivantes:

Une organisation du guérilla:

Groupes de Résistance Antifasciste Premier Octobre

Cinq organisations politiques:

Parti Communiste d’Espagne reconstitué (PCE(r))
Union des Jeunesses Antifascistes (UJA)
Organisation Démocratique des Étudiants Antifascistes
Peuple et Culture
Femmes Antifascistes

Trois organisations anti-répression:

Secours Rouge (années ’70)
Association des Parents et Amis des Prisonniers Politiques
Secours Rouge International (années ‘2000)

Nombre de personnes arrêtées: entre 3.100 et 3.500 personnes (selon les différentes analyses), avec une pointe de 380 détenus en 1979.

Nombre de personnes emprisonnées après condamnation: entre 1400 et 1420.

Nombre de personnes torturées et maltraitées: entre 1.500 et 1.550 (seulement quatre policiers furent condamnés pour cela).

Militants assassinés, tués au combats, mort sous la torture ou en détention: 28, soit:

6 militants du PCE(r):

Juan Carlos Delgado de Codes assassiné en 1979 par la police
Francisco Javier Martín Eizagirre assassiné en 1979 par le ‘Batallón Vasco Español’ (un escadron de la mort chapeauté par les services secrets).
Aurelio Fernández Cario assassiné en 1979 par le ‘Batallón Vasco Español’
José España Vivas mort en 1980 sous la torture Dans les locaux de la DGS
Kepa Crespo Galende mort en 1981 dans une grève de la faim contre l’isolement
Txomin Muiños Formoso mort en 1986 suite aux carences de la médecine pénitentiaire.

16 militants des GRAPO:

José Vicente Artigues tué en 1976 par la police
Pedro Tabanera Pérez tué en 1979 par la guardia civil
Raúl Calero Arcones tué en 1979 par la guardia civil
Carmen López Sánchez tuée en 1979 par la guardia civil
Abelardo Collazo Araujo tué en 1980 par la police nationale
Josefa Jiménez Zamora morte en 1981 suite aux tortures infligées par la police
Roberto Liñeira Oliveira tué en 1981 par la guardia civil
Antonio Cabezas Bella tué en 1981 par la guardia civil
Dolores Castro Saa torturée et assassinée en 1981 par la guardia civil
Albino Gabriel López torturé et assassiné en 1981 par la guardia civil
Enrique Cerdán Calixto tué en 1981 par la police nationale
Juan Martín Luna tué en 1982 par la police nationale
Luis Rodríguez Martínez mort par suicide en 1983 après trois années d’isolement carcéral total.
Juan García Rueda tué en 1984 par la police nationale
José Manuel Sevillano Martín mort en 1990 lors d’une grève de la faim contre l’isolement
José María Sánchez Casas mort en 2001 suite aux carences de la médecine pénitentiaire

Un militant du PCE(r) et des Commandos Autonomes anti-capitalistes:

Goyo Fernández Riaño tué en 1979 par la police municipale.

En outre cinq militants des GRAPO sont tombés pendant des actions armées:

José López Ragel en 1976
Fausto Peña Moreno en 1976
Isabel Santamaría del Pino en 1993
Pedro Luis Cuadrado Delabat en 1993
Valentín Benito Iñigo en 1993

Militants ayant gardé des séquelles irréversibles des mauvais traitements de la police: 4 souffrants de paraplégie totale

Militants ayant gardé des séquelles irréversibles à cause des luttes (grève de la faim) et de leur répression lors la détention: 12 souffrants de scléroses multiples, du syndrome de Korsakov ou du syndrome de Werningke

Militants ayant gardé des séquelles graves à cause des mauvais traitements en prison: 30 souffrant du système neuro-moteur, de démence ou de pathologies cardiaques

Militants ayant gardé des séquelles graves à cause des tirs de la police: 5

Membre des familles torturés, détenus ou exhibés au commissariat pour faire pression sur les militants détenus: 82

Militants emprisonnés extradés de la France vers l’Etat espagnol: 12

Militants extraits de prison et remis à la police pour de nouvelles tortures: 3 (en 1976, 1978 et 1979)

Bilan de la ‘guerre sale’ des escadrons de la mort comme le BVE ou les GAL:

-Deux personnes ont été assassinées à Paris par le BVE.
-Plusieurs bombes contre les cabinets des avocats des prisonniers
-Trois militants ont été séquestrés par les GAL: Pedro Emilio Ruiz Serrano en 1979, Pepe Balmón en 1983, Jesús Cela Seoane en 1990.
-Deux prisonniers politiques ont souffert du ‘GAL carcelario’.
-40 militants ou sympathisants ont été victimes des bandes fascistes.

Publications interdites:

-Revues militantes Crash et Area Crítica, le bulletin de l’Association des Familles et amis des Prisonniers Politiques: A la calle, la revue Solidaridad, éditée par le SRI, les revues Bandera Roja, Gaceta Roja, Resistencia et Antorcha, toutes éditées par le PCE(r)

Organisations politiques et sociales étrangères à la lutte armée criminalisées et poursuivies: 8

-Socorro Rojo (1977), ODEA (1978), UJA (1979), Mujeres Antifascistas (1980), Pueblo y Cultura (1981), PCE(r) (2003), AFAPP (2005) et SRI (2005).

Bilan chiffré de la répression entre 1975 et 2008 – format pdf

Et ce bilan ne cesse de s’alourdir. José Ortín Martínez ‘Rafa’, membre du PCE(r) et des GRAPO, est mort le samedi 21 mars 2009 alors qu’il était au parloir avec sa famille dans la prison de Fontcalent (Alicante). ‘Rafa’ avait 63 ans, il semble qu’il soit décédé suite à un infarctus. Ce militant communiste, né à Madrid dans le quartier prolétaire de San Blas, a commencé à militer dans le PCE(r) en 1975. Arrêté en 1978, il a été torturé de manière barbare puis incarcéré. Après 11 années de prison, il a été remis en liberté en décembre 1989. Cependant, à cause de la constante présence de la police qui l’a soumis à divers épisodes de ‘guerre sale’, il est entré en clandestinité. Nouvellement arrêté en octobre 1995, il est condamné à 72 ans de prison. Au total, il a donc passé 25 ans en prison, toujours en régime de très haute sécurité, supportant toutes sortes de vexations et participant à plus de 10 grèves de la faim, certaines desquelles ont duré plusieurs mois. Tout ceci pourrait être à l’origine de son décès: les tortures, les heures infinies d’isolement, le cachot, les brimades continuelles auxquels sont soumis chaque prisonnier. José Ortín laisse 3 enfants et sa compagne Concha González Rodríguez, elle-même emprisonnée depuis 1995 à cause de son militantisme communiste.

José Ortín Martínez

Le 1er avril 2014, c’est Isabel Aparicio Sanchez, qui meurt à l’âge de 60 ans à la prison spéciale de Zuera. Elle était détenue depuis 2007 comme membres du PCE(r), raison pour laquelle elle avait déjà purgé quatre ans dans les années ’80. Cette communiste madrilène, membre du PCE(r) depuis sa fondation en 1975, avait eu de nombreux problèmes de santé en prison sans faire l’objet d’un suivi médical sérieux.

Sur le Collectif des prisonniers révolutionnaires d’Espagne et sur ses luttes

1. Le Collectif des prisonniers

En date de septembre 2008, le collectif se composait de 40 prisonniers, 24 hommes et 16 femmes parmi lesquels l’un est militant du Secours Rouge International – SRI -, 17 du PCE(r) et 22 des GRAPO. En outre, en situation de ‘liberté’ provisoire jusqu’au jugement, bien qu’ils soient passés par une étape de prison, on trouve 10 autres militants, 5 du PCE(r) et 5 du SRI.

La politique de répression associe la dispersion des prisonniers (répartis en 25 prisons, tous en ‘Premier Grade de Régime Spécial’ – le plus grand isolement). A l’intérieur des prisons, ils sont dans des modules distincts, ce qui implique que dans la pratique, chaque prisonnier et prisonnière politique du Collectif se trouve en total isolement. Cela donne le cas de prisonniers du Collectif qui ont passé des années dans la même prison, sans s’être vus une seule fois. En outre, dans la majorité des prisons, on évite de les faire côtoyer d’autres prisonniers politiques (basques ou anarchistes).

Manifestation du premier mai à Vigo

Une autre situation alarmante est celle de l’application de fait de la condamnation à perpétuité, bien qu’ils devraient déjà être en liberté avec la partie proportionnelle complètement accomplie. Déjà, il y a 5 militants du Collectif qui ont été condamnés à vie:

-Miguel Angel Bergado Martinez: 28 ans de prison, condamnation accomplie mais il s’est vu appliquer la condamnation à perpétuité qui signifie de fait l’accomplissement intégral jusqu’en 2011.
-Xaime Simon Quitela: 24 ans de prison, peine accomplie, mais s’est vu appliquer la condamnation à perpétuité qui signifie de fait l’accomplissement intégral jusqu’en janvier 2015.
-Suso Cela Seoane: 19 ans de prison, peine accomplie, mais qui s’est vu appliquer la perpétuité jusqu’à l’année 2020. Rappelons qu’il fut séquestré par le GAL de Roldan en janvier 1990, drogué, torturé et seulement remis en liberté parce qu’il n’avait pas l’information que l’État demandait. Ses ravisseurs, gardes civils du Service d’Information, n’ont pas été condamnés, mais bien promus.
-Maria Jesus Romero Vega: 19 ans de prison, peine accomplie. S’est vu appliquer la condamnation à perpétuité de fait, jusqu’en 2020.
-Olga Oliveira Alonso: 18 ans de prison, peine accomplie. S’est vu appliquer la condamnation à perpétuité de fait, jusqu’en 2020.

Quant à la situation sanitaire, nous rappelons qu’il y a 4 prisonniers qui ont des maladies graves et incurables et sont emprisonnés de fait:

-Manuel Pérez Martinez, Secrétaire général du PCE(r), âgé de 64 ans, 16 ans de prison en trois fois. Il souffre de graves troubles oculaires, une hernie de hiatus et une grave faiblesse générale due à la situation brutale d’emprisonnement et d’isolement. Il été jugé pour toutes et chacune des actions du GRAPO des dernières années. Acquitté pour tout cela, il reste en prison.
-Maria José Banos Andujar, militante des GRAPO, 15 ans de prison en deux fois. Elle nécessite une greffe du foie et souffre du V.I.H., et en situation d’emprisonnement, elle ne bénéficie d’aucun traitement.
-Manuel Arango Riego, militant du PCE(r), âgé de 62 ans, 7 ans de prison en deux fois. Il souffre d’une grave sciatique chronique qui l’empêche d’effectuer le moindre travail au minimum normal. De graves problèmes de mobilité exigent l’aide d’un autre prisonnier politique. Hypermédicalisé.
-Carmen Munos Martinez, militante du PCE(r). 26 ans de prison en trois fois. Elle souffre d’un cancer du sein dont elle devrait être opérée et se soumettre à de dures sessions de chimiothérapie et autres différentes sessions de rééducation, préjudiciables à sa santé. Hypermédicalisée.

Manifestation pour l’amnistie des prisonniers politiques

Dans les prisons, les prisonniers révolutionnaires ont leurs communications, appels téléphoniques et visites contrôlées. En règle générale, il leur est seulement permis d’envoyer deux lettres par semaines et trois appels téléphoniques de 5 minutes à leurs familles. Les visites durent entre 40 et 50 minutes chaque semaine et ne sont pas cumulables. Presque tous les militants du Collectif souffrent en plus de la dispersion géographique de sa nationalité ou région d’origine. Les Galiciens en prison en Andalousie, les Basques, idem; Les Andalous en prison dans le Nord, les Madrilènes, à Valence, et ainsi successivement. C’est une punition infligée à leurs familles et amis qui vont les visiter, puisque pour une rencontre de 40 minutes, il doivent effectuer un voyage par exemple de 2.200 kilomètres (Santurtzi – Algeciras), en au moins deux jours et avec des centaines d’euros de frais. En outre des accidents qui viennent se produire par la dispersion, le dernier à Grenade d’amis de prisonniers politiques en février 2007. La situation alimentaire est une autre arme de tentative d’extermination. Mauvaise nourriture, aliments périmés (y compris ceux destinés aux prisonniers politiques malades), économat carcéral à prix prohibitifs, ce qui rend les maladies buccodentaires et d’estomac chroniques pour la grande majorité d’entre eux.

Manifestation pour Arenas

2. Les grèves de la faim

En 1980, les prisonniers communistes et antifascistes mènent une grève de la faim contre l’isolement. Sevillano Crespo Galende, militant des GRAPO, meurt après 94 jours de grève. Vidéo (en deux partie) sur le décès de Sevillano Crespo Gallende lors de la grève de la faim:

En novembre 1989 commença une nouvelle grève de la faim des prisonnier(e)s politiques pour mettre fin à l’isolement carcéral. Le 25 mai 1990, le militant des GRAPO José Manuel Sevillano Martín ‘Sevi’ meurt après 177 jours de grève de la faim à la prison de Grenade, malgré l’alimentation forcée.

José Manuel Sevillano Martin

3. Parole aux prisonniers

Affiche pour le PCEr

Isabel Llaquet

Lettre de Josefina García Aramburu, prisonnière du PCE(r), 16 juin 2007 – format pdf

Interview d’Isabel Llaquet, prisonnière du PCE(r), après sa libération (2007) – format pdf

Un aperçu de la politique des peines en Espagne

Miguel Ángel Bergado Martínez, détenu politique antifasciste, aura accomplit le 8 mai 28 ans de prison. Bergado a pris un contact avec les GRAPO en 1979, en se mettant à faire partie de ses commandos opérationnels. Il est passé à la clandestinité en 1980 et il a pris part à l’infrastructure qui a obtenu la liberté des 5 militants du PCE (r) et des GRAPO qui se sont évadés de la prison de Zamora le 17 décembre 1979. Il a également participé aux actions armées qui ont coûté la vie à un général de l’Armée espagnole et à un sous-officier de la police nationale.

Arrêté le 8 mai 1981, quand il avait 23 ans, il a été cruellement torturé et emprisonné. Condamné à 55 ans de prison en 1990 et transféré à la prison de Puerto II, pendant la grève de la faim développée pendant 435 jours par 58 prisonniers et prisonniers politiques du PCE (r) et des GRAPO, il a eu un grave affrontement avec un gardien de prison qui se montrait spécialement brutal avec les grévistes. Comme résultat de l’affrontement, le gardien de prison a été gravement blessé. Depuis cette date, encore plus s’il tient, il a été spécialement soumis à un contrôle absolu, à des isolements et à des mauvais traitements. Il a été transféré dans 22 prisons.

Il devait être remis en liberté en novembre 2006, après avoir accompli 25 ans et demi de prison, mais on lui a appliqué de fait la réclusion perpétuelle, et selon la dernière loi, appliquée avec un caractère illégal rétroactif, il ne sera pas libéré avant 2011. Il se trouve actuellement prisonnier 1er degré dans la prison de Puerto de Santa Maria, à 1000 kilomètres de sa famille et de son entourage. Il est, à côté du militant d’ETA Joxe Mari Sagardui ‘Gatza’ (qui aura accompli le 8 juillet 29 ans de détention!) le prisonnier politique qui aura accompli le plus d’années.

Rappelons que pendant ce temps, les assassins de l’État jouissent d’une liberté absolue. C’est le cas des membres des Groupes Antiterroristes de Libération (Grupos Antiterroristas de Liberación, GAL), ces escadrons de la mort créés dans les services spéciaux espagnols (CESID), la Guardia Civil et la Policía Nacional, sous le gouvernement socialiste de Felipe González, sous la responsabilité du ministre de l’intérieur José Barrionuevo et dont le but était de lutter contre ETA au moyen d’enlèvements, de tortures et d’assassinats extra-judiciaires (avec la complicité de policiers français). Quatre exemples (deux dirigeants, deux exécutants):

* Enrique Rodríguez Galindo. Ce général de la Guardia Civil est le principal fondateur et un exécuteur des GAL. Après une détention préventive entre le 23 mai et le 2 août 1996 et entre le 15 septembre 1997 et le 26 juin 1998, Galindo a été condamné par la cours Suprême pour la séquestration, l’assassinat et la disparition des militants basques Lasa et de Zabala à 75 ans et 6 mois de prison le 9 mai 2000. Le 1er octobre 2004, il est sorti dans un régime ouvert pour ‘raisons de santé’. Au total, cinq ans et cinq mois en prison de luxe. Sa liberté conditionnelle – sans un contrôle mensuel, bien que les Institutions Pénitentiaires disent qu’il est hebdomadaire, chose démontrée incertaine – en 2013. Il vit dans un quartier riche de Saragosse, sans aucun problème de santé et d’argent. Pour avoir organisé sept assassinats, dirigé les GAL et ordonné centaines de tortures: 5 ans de prison.

* José Julián Elgorriaga Goyeneche. Ce dirigeant du parti socialiste espagnol (ex-délégué du Gouvernement au Pays-Basque), commanditaire des GAL, a été condamné à 75 ans de prison pour assassinats, séquestration, disparition et pour avoir dirigé une organisation terroriste. Il a été admis en prison le 9 mai 2000 – il a été avant en préventive sept mois – et est sorti un an après, le 23 juillet 2001, pour ‘raison de santé’. Au total, un an et neuf mois en prison de luxe (3% de la condamnation).

* Enrique Dorado Villalobos. Ce sergent de la Guardia civil était un exécuteur des GAL et un tortionnaire identifié par des centaines de prisonniers torturés. Condamné pour l’assassinat des militants basques Lasa et de Zabala à 71 ans de prison, il a été admis pour la première fois en réclusion préventive en mai 1996 et, condamné, le 9 mai 2000. Le 16 mars 2002, il est sorti en 3ème degré de Alcalá-Meco. Au total, il aura fait six ans pour terrorisme, assassinats et séquestration. En plus d’être un mafieux impliqué dans le trafic de stupéfiants de centaines de kilogrammes de cocaïne et d’autres drogues et dans des dizaines de vols, certains avec une violence extrême, il a seulement accompli deux ans de prison pour une condamnation précédente pour un vol dans un magasin d’Irún.

* Felipe Bayo Leal. Membre des GAL et de la Guardia Civil avec le même pedigree que celui de Dorado: condamné pour la séquestration, l’assassinat et la disparition de Lasa et de Zabala à 71 ans de prison, il a été admis en préventive en mai 1996 et il s’est mis, avec différentes périodes d’une liberté, à exécuter une forte peine quatre ans après. Il est sorti en mars 2002. Au total, six ans dans une prison de luxe.

Et il en va de même pour tous les commanditaires, fondateurs, dirigeants et exécutants des GAL. Certains n’ont tout simplement pas été inquiétés (ainsi la direction du PSOE alors au pouvoir), d’autres ont purgé des peines de prison symboliques. Pour rappel, entre 1983 et 1987, les GAL ont assassinés 27 personnes et gravement blessés de nombreuses autres. (mai 2009)

Manifestation contre les GAL

Pour en savoir plus sur le GAL

La répression contre le Secours Rouge en Espagne

La gauche nationaliste basque n’est pas la seule à être ciblée par la nouvelle ‘loi des partis’ en Espagne. Cette loi considère que tous les partis, associations et organisations politiques légales qui refusent de dénoncer une organisation armée doivent être interdites et poursuivies comme ‘complices’. C’est sur cette base que toutes les organisations, partis, journaux de la gauche nationaliste basque ont été interdits en tant que ‘façade légale’ d’ETA. C’est aussi sur base de cette loi que le Secours Rouge International a été interdit en Espagne, et plusieurs militants emprisonnés.

Le 24 janvier 2008, c’est l’arrestation de militants d’organisations solidaires avec les prisonniers: d’Erlantz Cantabrana Berrio (militant connu de l’association des familles de prisonniers, avait déjà été arrêté par la police en 2004), de Fernando Rodríguez Blanco, de Juan Manuel Olarrieta Alberdi et de José Luis Fernández González (un ancien militant qui avait purgé sa peine de prison dans les années 80, lors de sa première arrestation, en 1980, des tirs de la garde civile avait entraîné la paralysie de Fernández González qui est obligé depuis à se déplacer en chaise roulante), et de Carlos Cela Seoane. Le ministre espagnol de l’Intérieur, Alfredo Pérez Rubalcaba, a estimé que les personnes arrêtées ‘sont des membres légaux liés à des activités de financement, prosélytisme et formation‘ des GRAPO.

Cinq militants du SR arrêtés

De gauche à droite et de haut en bas, les cinq militants du Secours Rouge arrêtés en janvier 2008: Juan Manuel Olarieta Alberdi, Carlos Cela Seoane, Fernando Rodríguez Blanco, José Luis Ferández González et Fernando Cantabrana Berrio.

Fernando Rodríguez Blanco a été libéré le 23 septembre 2008 (avec paiement d’une caution et obligation d’aller chaque semaine signer un registre). Le 2 octobre 2008, c’est Erlantz Cantabrana Berrio qui a pu, dans les mêmes conditions, quitter la prison de Navalcarnero. Carlos Cela suivi le 24 octobre 2008. Tous les militants du Secours rouge d’Espagne sont finalement sorti de prison. Ils sont en liberté provisoire en attendant un éventuel procès.

Vidéo réalisée par le SR d’Espagne sur l’arrestation de Carlos Cela et la campagne pour sa libération:

Une vidéo de cinq minutes montre l’accueil à La Corogne (Galice) de Carlos Cela, après sa libération de la prison de Valdemoro le 24 octobre 2008: voir cette vidéo

Histoire du PCE(r) et des GRAPO

Logo du PCEr

Log des GRAPO

1. Origine et principes du PCE(r)

Le Parti Communiste d’Espagne (reconstitué) est issu de l’élan révolutionnaire des années 1960, où se conjuguent la crise capitaliste, la guerre du Vietnam, la révolution culturelle en Chine, le mouvement de mai-juin 1968 en France… Ce sont des années où, dans tous les pays du monde, les partis communistes pro-soviétiques sont critiqués et où de nouvelles organisations révolutionnaires sont formées. En Espagne, les révolutionnaires ‘reconstituent’ le Parti Communiste d’Espagne (en opposition au PCE réformiste de Santiago Carillo), et estiment continuer la guerre civile antifasciste commencée lors des années 1930.

L’Organisation Marxiste-Léniniste d’Espagne (OMLE), une des premières organisations nées dans cette période en Espagne, donnera naissance au PCE(r) en juin 1975, au moment où l’Espagne passe du fascisme ouvert à un régime se prétendant démocratique. Le PCE(r) se revendique de Marx, Engels, Lénine et Staline, et à peine né, il jouera un rôle important dans la dénonciation de la ‘Réforme’.

Le PCE(r) se propose principalement ‘d’organiser la classe ouvrière dans la lutte contre le système capitaliste, pour parvenir à la démolition complète de son appareil bureaucratico-militaire, et l’instauration de la dictature du prolétariat contre la bourgeoisie. Actuellement le Parti centre ses principaux efforts sur l’éducation et l’organisation politique de la classe ouvrière, défend l’unité d’action avec d’autres organisations ouvrières et populaires et la lutte de résistance contre le fascisme et l’impérialisme, lutte qui conduit à accumuler les forces révolutionnaires et à créer les conditions pour le déroulement de la Guerre Populaire Prolongée et le triomphe de l’insurrection armée générale. (…)

L’objectif stratégique que poursuit le Parti est la démolition de l’Etat fasciste, l’expropriation de l’oligarchie financière – propriétaire terrienne – et l’instauration de la République Populaire. Le prolétariat est la classe la plus exploitée et opprimée, la mieux organisée et la plus révolutionnaire de la population et par cela même la classe appelée à diriger d’autres secteurs populaires; le prolétariat constitue la principale force motrice de la révolution. Joints à la classe ouvrière, les petits paysans et beaucoup d’autres travailleurs et semi-prolétaires (petits transporteurs, les employés, autonomes, etc.), ainsi que les peuples des nations opprimées et les intellectuels progressistes pourront prendre une part active dans la lutte pour la destruction du capitalisme ou observer une position de neutralité. (…) Avec l’instauration de la République Populaire commencera une période qui ira de la destruction de l’État fasciste et impérialiste à l’instauration de la dictature du prolétariat. Cette période couvrira une courte étape de transition qui pourra être considérée aussi comme le commencement de la restructuration socialiste, laquelle devra être présidée par un gouvernement provisoire qui agira comme organe des grandes masses du peuple soulevé en armes. (…)

Le programme du PCE(r) pour une étape de transition se résume en seize points :

Formation d’un Gouvernement Provisoire Démocratique Révolutionnaire.
Création de Conseils ouvriers et populaires comme base du nouveau pouvoir.
Dissolution de tous les corps répressifs de la réaction et armement général du peuple.
Libération des prisonniers politiques antifascistes et mise en procès de leur tortionnaires et assassins contre-révolutionnaires. Large grâce pour les prisonniers sociaux.
Expropriation et nationalisation des banques des grandes propriétés agricoles, des monopoles industriels et commerciaux et des principaux moyens de communication.
Reconnaissance au droit à l’autodétermination des peuples basque, catalan et galicien. Indépendance pour la colonie africaine des Canaries. Retour de Ceuta Y Melila au Maroc.
Suppression de tous les privilèges économiques et politiques de l’Eglise; séparation radicale de l’Eglise et de l’école. Liberté de conscience.
-Liberté d’expression, d’organisation et de manifestation pour le peuple. Le droit de grève sera une conquête irréversible des travailleurs.

Incorporation de la femme, sur un pied absolu d’égalité avec l’homme, dans la vie économique, politique et sociale.
Reconnaissance de tous les droits électoraux, politiques, sociaux, etc. des travailleurs immigrés. Suppression de toute forme d’oppression et de discrimination raciale, sexuelle et culturelle.
Réduction de la journée de travail. Travail pour tous. Amélioration des conditions de vie et de travail.
Logements dignes et économiques; sécurité sociale, santé et enseignement à la charge de l’Etat.
Droit de la jeunesse à recevoir une formation intégrale et gratuite, droit à un travail sain et bien rétribué, de disposer de locaux et d’autres moyens pour le libre déroulement de ses activités.
Sortie immédiate de l’OTAN et de l’UE, ainsi que des autres organisations créées pour l’agression et le pillage impérialiste.
Démantèlement des bases militaires étrangères sur notre territoire et réintégration de Gibraltar.
Application des principes de coexistence pacifique dans les relations avec tous les pays. Appui de la lutte de libération des peuples opprimés.

Drapeau du PCE(r)

2. Fondation des GRAPO

Le PCE(r) considère qu’il y avait une phase intermédiaire avant la dictature du prolétariat. Nous avons également vu que le PCE(r) était le PC d’Espagne de la guerre antifasciste reconstitué. Une conséquence directe est l’appui du PCE(r) à la lutte armée des Groupes Révolutionnaires antifascistes du Premier Octobre, les GRAPO.

Les GRAPO ont été fondés durant l’été 1975, cinq mois après la reconstitution du PC d’Espagne, à partir du noyau du PCE(r) s’occupant des actions militaires (financement, répression des indicateurs…). Le PCE(r) avait décidé de la création d’une organisation ‘encadrant le plus grand nombre possible de combattants anti-fascistes, formant ses propres cadres (ne devant pas être nécessairement de membres du Parti ni professer l’idéologie communiste); en outre, on exigeait que l’Organisation agirait dorénavant de façon autonome du Parti et qu’elle adopterait ses propres décisions’. Ainsi les GRAPO ne sont pas le PCE(r), et vice-versa. Le PCE(r) ne fait qu’appuyer les GRAPO, qui sont également composés d’antifascistes, de démocrates, etc. même si dans la pratique, le PCE(r) s’est toujours trouvé être la principale origine des militant(e)s des GRAPO. C’est une réalité spécifique puisque les autres organisations révolutionnaires armées en Europe défendaient la thèse de l’unité de l’organisation politique et de l’organisation militaire (cf. par exemple le projet de ‘Parti Communiste Combattant’ des Brigades Rouges).

Les premières actions des GRAPO consistèrent en une réponse claire à ce qui est connu comme ‘l’été de la terreur’, où les forces fascistes réprimèrent violemment les masses populaires, et où furent passées les premières lois antiterroristes (qui furent élargies par les gouvernements ‘démocratiques’). Le 2 août, deux membres de la Guardia Civil furent attaqués par les GRAPO en plein centre de Madrid, un fut tué et l’autre grièvement blessé. Le début des GRAPO fut un processus difficile. Le 27 septembre, l’Etat fasciste exécuta cinq antifascistes (deux membres d’ETA et trois membres du FRAP). En réponse, le premier octobre, cinq différentes unités des GRAPO exécutèrent cinq policiers et en blessèrent grièvement un autre dans plusieurs quartiers de Madrid. Cette action eut un grand retentissement . Plus de vingt procès avec le risque de condamnation à la peine de mort furent bloqués. C’est un moment historique pour les GRAPO, qui réussissaient à intervenir pour casser la tentative fasciste de paralyser les mouvements de masse par une répression sanglante. Le 18 juillet 1976, 60 bombes des GRAPO explosèrent contre des cibles fascistes pour le soixantième anniversaire du début de la guerre civile. Les attaques continuèrent; deux membres des GRAPO périrent en tentant de faire sauter le palais de justice de Séville.

Les GRAPO frappèrent ensuite la télévision, puis en décembre 1976, un commando enleva le président du conseil d’Etat Oriol y Urquiso, et en janvier 1977, le président de la Cour Suprême de la justice militaire, le lieutenant-général Villaescusa. L’opération visait à libérer les prisonnier(e)s politiques et à combattre l’institutionnalisation du fascisme sous le masque de la ‘démocratie’.

Affiche des GRAPO

3. Premiers revers et reprise de la lutte

Mais le même mois, la police arrête à Madrid et à Barcelone quarante membres du PCE(r) et des GRAPO, réussissant à libérer les prisonniers de l’oligarchie. La direction des GRAPO était arrêtée. Quelques jours auparavant, les GRAPO avaient exécuté deux policiers et un garde civil, en blessant trois autres, lors de deux attaques contre les forces fascistes suite à l’exécution de cinq avocats de gauche par un escadron de la mort supervisé par la Garde Civile.

Le 4 juin, deux gardes civils furent exécutés à Barcelone, le jour de la première élection générale ‘libre’ depuis 1936. Cette action devait symboliser le refus du masque ‘démocratique’ du fascisme. Le 27 septembre 1977, un capitaine de la police est exécuté par les GRAPO à Madrid; il était un des volontaires fascistes qui avaient exécuté cinq antifascistes deux années auparavant. Les GRAPO exproprièrent plus de 500 kilos d’explosifs. En octobre, le comité central du PCE(r) est arrêté. Les GRAPO continuèrent difficilement leurs actions en 1977 et en 1978, (attaques à l’explosif des forces de la police et de l’armée ainsi que des bâtiments du gouvernement). Le 22 mars 1978, le directeur général des prisons fut exécuté à Madrid; il était notamment responsable de l’assassinat sous la torture d’un prisonnier anarchiste à la prison de Carabanchel, la police essayant de lui arracher des informations sur un plan d’évasion de prisonnier(e)s du PCE(r) et des GRAPO.

1978 est l’année d’une énorme vague de grèves, notamment en Andalousie, en Galicie, et surtout au Pays-Basque. Le régime fut obligé de modifier les apparences, et proclama une constitution. Un programme en cinq point fut par la suite proposé par les GRAPO, le PCE(r) et d’autres organisations, un programme en recul par rapport au programme communiste, mais considérée comme une avancée à moyen terme en raison d’un effet de polarisation face au fascisme. Le gouvernement rejeta ce programme, qui prévoyait l’amnistie des prisonnier(e)s et des exilé(e)s, l’abolition des lois antiterroristes, une purge antifasciste des institutions, les libertés politiques et syndicales, le rejet de l’OTAN, la dissolution du parlement et des élections libres.

De 1979 à 1984, les GRAPO suivirent cette ligne politique. 1979 fut l’année cruciale marquée par le plus grand nombre d’actions armées depuis la guerre civile. Les GRAPO exécutèrent Agustia Munoz Vazques, un chef militaire ayant négocié l’intégration de l’Espagne dans l’OTAN, ainsi que Rodrigues Roman, le directeur général de la DGS lorsqu’une manifestation ouvrière fut mitraillée en 1976. Ils attaquèrent le commissaire de police Beltan, connu à Séville comme le bourreau d’ouvriers anti-fascistes, ainsi que le directeur général des institutions pénales, Garcia Valdes et le commissaire de police pour le district de Madrid. Le 6 avril, ils exécutèrent à Séville le chef de la brigade ‘antiterroriste’ de la police nationale.

4. Nouveaux revers

La seconde moitié de l’année, trente militant(e)s furent arrêté(e)s, de nombreuses bases démantelées. L’Etat fasciste pensait avoir écrasé les GRAPO, mais vingt membres de la police fasciste furent exécutés cette année-là par les GRAPO, qui perdirent sept militants. Les GRAPO avaient rendu coup pour coup, mais une autocritique fut faite par la suite: un repli tactique eut été préférable. A Paris, un commando des services secrets espagnols exécutèrent deux membres en exil du PCE(r), responsables des relations extérieures: Martin Eizaguirre et Fernandez Cario. Le 20 avril, Juan Carlos Delgado de Codes, un membre du Comité Central du PCE(r), fut assassiné par la police alors qu’il n’était pas armé (il ne faisait pas non plus partie des GRAPO).

Le 17 décembre, cinq dirigeants s’échappèrent de la prison de Zamora grâce à un tunnel (certains membres du PCE(r) étaient mineurs de profession!). En même pas six mois, les GRAPO se réorganisèrent totalement, disposant à nouveau de commandos et de laboratoires pour les explosifs. Trois des cinq évadés furent abattus par la police (1980, 1981, 1982) et les deux autres furent capturés. 1980 et 1981 furent donc des années assez difficiles pour les GRAPO, qui perdirent neuf membres, abattus par la police. Un militant du PCE(r) mourut en 1980 à cause de la torture, un autre, Crespo Galende,lors d’une grève de la faim.

Les GRAPO menèrent ces deux années huit exécutions, dont deux généraux de l’armée et un colonel. La longue grève de la faim fut également une grande victoire. Les prisonniers furent réunis en communes, dont la Commune Karl Marx, dans la prison de Soria, qui rassembla 80 prisonniers du PCE(r) et des GRAPO jusqu’à ce que le gouvernement socialiste la casse en 1989.

5. Nouvelle offensive

En octobre 1982, la veille des élections, 30 explosions eurent lieu dans 15 parties différentes du pays, pour dénoncer la mascarade électorale. Mais alors que le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) arrive au pouvoir, les services secrets exécutent le leader des GRAPO, Juan Martin Luna, désarmé. Les auteurs de l’action, qui l’avaient criblé de balles, eurent un procès dans lequel ils furent acquittés. L’exécution de Juan Martin Luna marque la réponse du PSOE à la déclaration unilatérale de trêve des GRAPO. Le PSOE mena une dure politique répressive et organisa une politique de ‘repentance’. Le régime pensait qu’avec dix millions de voix il pourrait isoler et liquider les organisations populaires armées. Le PSOE lança donc un grand programme de terrorisme d’Etat. Les GRAPO cessèrent d’envisager des négociations et se réorganisèrent pour continuer dans la durée une guerre prolongée, pour non seulement maintenir mais développer la guérilla dans le mouvement populaire de résistance.

En 1983, le manque de formation des nouveaux cadres fit que l’hégémonie politique du PCE(r) se perdit, amenant une ligne militariste, semi-anarchiste. La nouvelle direction n’entendait plus se subordonner à la stratégie du PCE(r) et la plupart des actions visaient à son propre renforcement. L’année 1984 fut par conséquent une année de réorganisation du financement: plus de 100 capitalistes payèrent cette année là un impôt aux GRAPO. Un capitaliste qui refusait de payer fut exécuté, ainsi que Manuel de la Padure, un capitaliste connu à la tête de l’association des employeurs. Le responsable de la Radio Nationale fut blessé en réponse à la propagande contre-révolutionnaire qu’il organisait. Un membre des GRAPO fut tué suite à cette opération, un autre blessé et arrêté dans la planque. En juin, le ‘camarade Arenas’ (Manuel Perez Martinez), secrétaire général du PCE(r) fut libéré de prison; il y était depuis 1977 pour ‘association illégale’. Il dut, comme d’autres, passer immédiatement dans l’illégalité.

6. Troisième contre-coup

En 1984, 46 actions furent menées, toujours en liaison avec les luttes populaires ou l’internationalisme. Le 19 janvier 1985, 19 militant(e)s des GRAPO furent arrêté(e)s dans 19 provinces, 17 bases furent découvertes. La réorganisation fut très difficile; sept membres furent arrêtés la même année dans ce processus. En 1986, le mouvement continua, ainsi qu’en 1987; il y eut des expropriations de banques et de commissariats. L’impôt révolutionnaire fut de nouveau instauré en 1988; le 27 mai, le président de la banque de Galice, récalcitrant, fut exécuté. Deux mois après, un autre capitaliste fut tué, un autre blessé. Le 4 octobre, les GRAPO réussirent à se procurer 800 cartes d’identité dans le commissariat du centre de Madrid. Les années 1987-1988 furent celles de la réorganisation réussie des GRAPO.

7. Nouvelle offensive et grève de la faim

Le 10 mars 1989, deux gardes civils furent exécutés alors que le groupe TREVI se réunissait. En juillet, les GRAPO se procurèrent 148 millions de pesetas à la banque de Castellon. En novembre commença une grève de la faim des prisonnier(e)s politiques pour mettre fin à l’isolement. Les GRAPO soutinrent le mouvement dès décembre. Le 13, un commandant de l’armée fut grièvement blessé à Madrid; le 15, ce fut le tour d’un colonel de l’armée à Valence; le 18, un membre des services secrets fut exécuté près de Barcelone; le 28, deux membres de la Garde Civile en faction à Gijon furent exécutés. Le gouvernement accusa alors indistinctement les membres du PCE(r) de faire partie des GRAPO et amena les prisonnier(e)s à l’hôpital, où ils/elles furent enchaîné(e)s et nourri(e)s de force. L’organisateur de cela, le docteur Munoz, fut exécuté le 27 mars 1990 par un commando des GRAPO à Saragosse. Il avait même rejeté l’ordre d’un juge de cesser cette méthode.

La grève continua, et le 25 mai, après 177 jours de grève, José Manuel Sevillano Martin mourut. Il était membre des GRAPO et en prison depuis 1987. Un colonel de l’armée fut exécuté le 15 juin à Valladolid, puis les GRAPO attendirent pour lancer une offensive en septembre. Six bombes explosèrent à Madrid (la cour suprême, la bourse, le ministère de l’économie), à Tarragona (des installations liées au pétrole), à Barcelone (siège du PSOE) et à Gijon (récupération de documents d’identité puis destruction du bâtiment). En novembre, deux bombes visèrent des bâtiments officiels à Barcelone. Un pipeline alimentant les bases de l’OTAN fut également attaqué.

En 1991 et 1992, les actions continuèrent. Blocage du TAV (l’équivalent du TGV) le jour même de son inauguration, attaques contre des oléoducs et une station électrique, ainsi qu’en avril 1992 une attaque de l’institut national de l’industrie et du ministère du travail. En 1993, les GRAPO échouèrent à exécuter l’ex-Directeur Général des Prisons Galavis. En juillet, trois membres des GRAPO furent tués lors de l’explosion du fourgon blindé qu’ils attaquaient. Sept bombes furent déposées à Madrid (sièges du PSOE et du syndicat patronal, Ministère du travail, Institut National de l’Industrie…) et le centre de distribution de gaz de Saragosse fut attaqué. Mais un commando chargé du renseignement fut arrêté à Madrid.

En 1994, les GRAPO menèrent des actions de soutien au mouvement de résistance ainsi que des expropriations (attaque de fourgons blindés). Le 27 juin, ils enlevèrent Publio Cordon, président de l’assurance Previasa. Il fut libéré le 17 août après avoir payé une dizaine de millions de francs. Il devait payer autant après sa sortie, mais disparut. En novembre trois membres des GRAPO furent arrêtés.

A partir de 1996, les GRAPO firent une trêve, et des pourparlers eurent lieu entre l’Etat espagnol et des membres emprisonnés du PCE(r) et des GRAPO. Mais le PCE(r) refusant toujours de reconnaître la constitution espagnole, les négociations cessèrent et les GRAPO reprirent la lutte. Parmi les nombreuses actions menées, on notera l’attaque à l’explosif de la vallée des morts, immense monument funéraire fasciste abritant les tombes des généraux d’Espagne ou, le 13 mars 1998, l’explosion de bombes dans deux immeubles des impôts à Madrid.

8. Les années 2000

Le 8 mai 2000, c’est échec de l’attaque d’un fourgon blindé à Vigo: une bombe explose sous le fourgon mais les convoyeurs ouvrent le feu et déclenche une intense fusillade. Bilan: deux morts (deux convoyeurs) et quatre blessés. Le 29 septembre 2000, trois personnes cagoulées ont fait irruption au siège du quotidien El Mundo à Barcelone et laissent un colis piégé (quatre policiers blessés et un civil blessé). La veille, des artificiers de la police avaient désamorcé une bombe dans un siège d’une société d’interim. En novembre 2001, c’est l’attaque réussie d’un transport de fonds à Santander.

Le 9 novembre 2000, la police française arrête cinq membres du PCE(r): Manuel Pérez Martínez (le secrétaire général), Isabel Llaquet Baldellou, José Luis Elipe López, José Antonio Peña Quesada, Maria Rosario Llobregat Moreno; et deux membres des GRAPO: Fernando Silva Sande et Maria Victoria Gómez Méndez. Ils seront jugés sous l’accusation ‘d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste’. Le 18 juillet 2002, neuf présumés membres des GRAPO et du PCE(r) sont arrêtés à Paris et six à Madrid. Un représentant du Comité (espagnol) pour un Secours Rouge International, Antonio Lago Igelsias, est arrêté à Paris. Selon l’accusation, les prévenus étaient membres d’une nouvelle direction des GRAPO en cours de reconstitution après l’arrestation en 2000 à Paris de sept responsables de l’organisation, dont son chef historique, Manuel Perez Martinez, surnommé ‘camarade Arenas’.

En avril 2003, les GRAPO attaquent une banque à Leganés (Madrid). Le 6 février 2006, Ana Isabel Herrero, patronne d’une société d’interim, est tuée à Saragosse dans une tentative avortée d’enlèvement. Le 16 mars 2006, en Catalogne, nouvel échec, dans une attaque de banque cette fois, à Castellón. En juin 2006, arrestations de Juan García Martín, Carmen Cayetano Navarro et María Aránzazu Díaz Villar. Ce qui n’empêche pas les GRAPO de réaliser le 5 juillet l’attaque d’une banque à Saint-Jacques de Compostelle.

Le 24 janvier 2008, c’est l’arrestation de militants d’organisations solidaires avec les prisonniers, d’Erlantz Cantabrana Berrio (militant connu de l’association des familles de prisonniers, avait déjà été arrêté par la police en 2004), de Fernando Rodríguez Blanco, de Juan Manuel Olarrieta Alberdi et de José Luis Fernández González (un ancien militant qui avait purgé sa peine de prison dans les années 80, lors de sa première arrestation, en 1980, des tirs de la garde civile avait entraîné la paralysie de Fernández González qui est obligé depuis à se déplacer en chaise roulante), et de Carlos Cela Seoane. Le ministre espagnol de l’Intérieur, Alfredo Pérez Rubalcaba, a estimé que les personnes arrêtées ‘sont des membres légaux liés à des activités de financement, prosélytisme et formation’ des GRAPO.

Images vidéo d’une action des GRAPO (sur You Tube)

Sur Manuel Pérez Martínez, alias ‘camarade Arenas’, secrétaire général du PCE(r)

Manuel Pérez Martínez, ‘Arenas’, secrétaire général du PCE(r) depuis sa création, a consacré sa vie à la lutte pour la cause du communisme. Plâtrier de profession, il a commencé à travailler très jeune. Il a milité dans les Jeunesses du PCE, au PCI et dans l’OMLE, organisation d’où est né le PCE(r). Depuis 40 ans, il a été l’artisan d’importantes luttes idéologiques et a publié de nombreux livres parmi lesquels: Thèse sur la crise du communisme; Abrégé de l’histoire du PCE; La troisième phase de la crise générale du capitalisme [Textes choisis]; Sur la crise et l’écroulement du système capitaliste; Parti et front; Histoire du PCE(r) depuis ses origines jusqu’au IIe Congrès; La stratégie de la lutte armée révolutionnaire.

Manuel Pérez Martínez

Manuel Pérez Martínez, ‘Arenas’, est enfermé actuellement dans les cachots de la prison de Meco, isolé du reste des prisonniers politiques. Plusieurs procès à son encontre sont en cours devant le Tribunal d’exception de l’Audience Nationale qui, grâce à la ‘loi des partis’, essaie de criminaliser les activités politiques du PCE(r) et de condamner Manuel à vie pour le simple fait d’être le secrétaire général de ce Parti.

Manuel Pérez Martínez a été emprisonné durant plusieurs années en France et condamné à 8 ans de prison pour appartenance à une ‘association de malfaiteurs’. Cette sentence a paru insuffisante aux yeux des gouvernements espagnols qui l’ont accusé sans aucune preuve d’avoir participé à différentes actions armées. Les juges savent très bien que Manuel n’a participé à aucune action armée ni n’en a donné l’ordre. Comme dirigeant d’un Parti communiste, son travail a toujours été de type politique et idéologique: d’éclaircissement du chemin à suivre pour arriver à une société socialiste puis au communisme.

Arenas

Bombage pour Arenas

Interview du camarade ‘Arenas’ (1977, onze pages, format pdf)

Les prisonniers révolutionnaires en Espagne

Pour trouver la liste des adresses des prisonniers actuels, cliquez ici

En liberté provisoire:

-Fernando Hierro Chomón
-José Luis Elipe López
-Fina García Aranburu
-Xoaquin Garrido González
-Isabel LLaquet Baldellou
-Carlos Cela Seoane
-Fernando Rodríguez Blanco
-Xoxe Luis Fernández González (infirme chronique)
-Erlantz Cantabrana Berrio (infirme chronique)
-Juan Manuel Olarieta Alberdi
-Antonio Lago Iglesias
-Iñaki Kuadra Etxeandia (gravement handicapé)
-Mercedes Herranz Arcones (gravement handicapé)
-Juan Manuel Pérez Hernández (définitivement handicapé)

Initiatives de solidarité en Belgique avec les prisonniers révolutionnaires d’Espagne

Janvier 2010

Jeudi 28 et vendredi 29 janvier s’est déroulé le cycle d’activités organisé par notre Secours Rouge autour de la question des prisonniers antifascistes en Espagne. Ces activités ont été précédées de la publication d’un nouveau numéro des Cahiers du Secours Rouge consacré à cette question. La projection jeudi, dans la salle de cinéma du Pianofabriek, du film ‘Mourir à Madrid’ a rassemblé trente-cinq personne et a été suivie d’un long débat. Une gerbe a été déposée vendredi matin au monument des volontaires belges des Brigades Internationales (première photo). Une conférence de la camarade du Secours Rouge d’Espagne (seconde photo) vendredi soir, dans la salle de réunion du Pianofabriek a clôturé ce cycle d’activité.

Jaquette du cahier 6

Sur le monument pour les brigadistes

Conférence sur les prisonniers politiques espagnols

Octobre 2008

Pour assurer la popularisation de cette page web de solidarité avec les prisonniers d’Espagne, 1000 autocollants ont été collés en Belgique (Bruxelles, Liège et Charleroi) et en France (Paris et Lille).

Autocollant pour les prisonniers espagnols

Collage pour les prisonniers espagnols

Collage pour les prisonniers espagnols

Septembre 2008

Reçu sur le mail du Secours Rouge: ‘Cette nuit, nous avons collé des placards de solidarité avec les prisonniers révolutionnaires d’Espagne sur l’office du tourisme espagnol, 97 rue Royale, à Bruxelles. Vive la solidarité internationale!’ Bruxelles, 28 septembre 2008

Affiches à l’office du tourisme espagnol

Affiches à l’office du tourisme espagnol

février et mars 2014

Des tags ont été peints sur des banques et des représentations espagnoles à Bruxelles

Juin 2007

Tract diffé à Bruxelles en juin 2007

Tract pour les prisonniers espagnols

Deux documents d’archives…

Affiches de l’Association des Amis des Prisonniers Communistes (APAPC), qui est à l’origine de notre Secours Rouge/APAPC, en soutien à la seconde grève de la faim collective des prisonniers du PCE(r) et des GRAPO (fin 1989, début 1990). De telles affiches ont été collées à Bruxelles, Liège et Charleroi, des soirées d’information ayant été organisées dans ces trois villes.

Affiche de solidarité avec les prisonniers espagnols

Affiche de solidarité avec les prisonniers espagnols

José Ortín Martínez
Affiche pour les prisonniers espagnols
Jaquette du cahier 6
Sur le monument pour les brigadistes
Conférence sur les prisonniers politiques espagnols
Solidarité avec les prisonniers communistes et antifascistes en Espagne!
Manifestation du premier mai à Vigo
Manifestation pour l'amnistie des prisonniers politiques
Manifestation pour Arenas
José Manuel Sevillano Martin
Affiche pour le PCEr
Isabel Llaquet
Manifestation contre les GAL
Cinq militants du SR arrêtés
Logo du PCEr
Log des GRAPO
Drapeau du PCE(r)
Affiche des GRAPO
Manuel Pérez Martínez
Arenas
Bombage pour Arenas
Autocollant pour les prisonniers espagnols
Collage pour les prisonniers espagnols
Collage pour les prisonniers espagnols
Affiches à l'office du tourisme espagnol
Affiches à l’office du tourisme espagnol
Solidarité avec les prisonniers communistes et antifascistes en Espagne!
Tract pour les prisonniers espagnols
Affiche de solidarité avec les prisonniers espagnols
Affiche de solidarité avec les prisonniers espagnols

Histoire de « Lutte Révolutionnaire »

– 5 septembre 2003 : Première apparition publique de l’organisation qui attaque avec deux charges explosives le tribunal de première instance à Athènes.

– 14 mars 2004 : tentative d’attaque à l’explosif contre la Citybank (la police désamorce la charge).

– 5 mai 2004 : attaque à l’explosif (trois bombes) contre un commissariat de police à Athènes.

– 29 octobre 2004 : attaque à l’explosif contre deux fourgons de la police anti-émeute qui allaient garder la prison de Korydallos.

– 2 mai 2005 : attaque à l’explosif contre le ministère du Travail.

– 3 juin 2005 : attaque à l’explosif contre le bâtiment du ministère du Travail.

– 12 décembre 2005 : attaque à l’explosif contre le ministère de l’Economie.

– 22 décembre 2005: L’organisation fait publier son manifeste dans le magazine satirique To Pontiki. Lire ici ce document

– 30 mai 2006 : attaque à l’explosif contre Georgios Voulgarakis, ministre de la culture et ancien ministre de l’ordre public. Seul le domicile du ministre est touché.

– 12 janvier 2007 : attaque à la roquette RPG contre l’Ambassade américaine d’Athènes. Le gouvernement US offre un million de dollars pour un renseignement amenant à des arrestations. Les ministres grecs de l’Ordre public et de l’Économie offraient de leur côté 800.000 euros. Pour l’anecdote, la roquette a pénétré dans le bâtiment et a explosé dans les toilettes; ce qui a inspiré de nombreux bombages à Athènes disant ’Nous les poursuivrons jusque dans les chiottes ».

Action de Lutte Révolutionnaire contre l’ambassade US à Athènes

– 30 avril 2007 : attaque au pistolet-mitrailleur MP5 à la grenade du poste de police de Néa Ionia (banlieue nord d’Athènes).

– 24 octobre 2008 : tentative d’attaque à l’explosif contre Royal Dutch Shell à Athènes (la police désamorce la charge).

– 23 décembre 2008 : tirs de Kalachnikov contre un bus de la police devant l’École Polytechnique.

– 5 janvier 2009 : tirs de Kalachnikov contre un groupe de policiers anti-émeute gardant un ministère à Athènes, en représailles après la mort d’Alexis Grigoropoulos. Un policier est gravement blessé.

– 18 février 2009 : tentative attaque à la voiture piégée contre la Citibank à Kiffisia (Athènes), la charge (125 kg d’explosif) n’explose pas en raison d’un défaut du montage électrique.

– 9 mars 2009 : attaque à la voiture piégée contre la Citibank à Filothei (Athènes).

– 12 mai 2009 : attaque à l’explosif contre l »Eurobank à Argyroupoli (Athènes).

– 2 septembre 2009 : attaque à la voiture piégée (150 kg d’explosifs) contre la Bourse d’Athènes.

– 10 mars 2010: Lambros Foundas, 35 ans, militant de l’organisation, est tué par des policiers dans la banlieue de Dafni (Athènes) alors qu’il requisitionnait une voiture pour la prochaine opération. Durant ses années de lycée, Lambros était socialement actif. Il rejoint plus tard le groupe anarchiste Mavro Agathi (l’Épine Noire), qui publiait le journal Dromi Tis Orgis (les Rues de la Colère). Il était actif et participait aux manifs, rassemblements, conflits sociaux, marches, collages, discussions et aux événements sociaux. Pendant l’occupation de l’Université Polytechnique d’Athènes en 1995, pour l’anniversaire du soulèvement de 1973, Lambros était parmi les 504 qui furent arrêtés par les forces répressives qui envahirent les enceintes universitaires le matin du 18 novembre.

Lambros Foundas, militant de Lutte Révolutionnaire tué par la police grecque

– 9 avril 2010 : Opération policière contre l’organisation : six arrestations: Nikos Maziotis, 39 ans, Evanguélia « Polia » Roupa, 41 ans, ainsi que Costas Gournas, 30 ans, qui revendiquent leur appartenance à l’organisation et Christoforos Kortesis, Sarantos Nikitopoulos et Vaggelis Stathopoulos. Les policiers découvriront plusieurs bases du groupe à Athènes, qui contenaient notamment un pistolet mitrailleur MP5, deux Kalachnikov, cinq roquettes et un lanceur RPG-7, trois pistolets et trois grenades, des munitions, divers explosifs et mécanismes de mise à feu.

les inculpés de

– 6 avril 2011: Après un an de détention préventive, Christoforos Kortesis, Sarantos Nikitopoulos et Vaggelis Stathopoulos, trois des six inculpés sont mis en liberté conditionnelle, en attendant leur procès.

– 1er octobre 2011: Costas Katsenos se rend à la police.

– 11 octobre 2011: Costas Gournas, Nikos Maziotis et Pola Roupa ont atteint le maximum légal de détention sans procès: ils sont mis en liberté surveillée.

– 24 octobre 2011: Début du procès avec huit accusés (ceux qui revendiquent l’appartenance, Costas Gournas, Nikos Maziotis et Pola Roupa, Christoforos Kortesis ; et ceux qui récusent les accusations : Sarantos Nikitopoulos, Vaggelis Stathopoulos, Marie Beraha et Costas Katsenos). Katsenos est l’unique accusé à être encore détenu.

– 18 mars 2012: 1000 personnes marchent à Athènes pour commémorer la mort de Lambros Foundas.

– 30 mars 2012: Kostas Katsenos est libéré, c’était le dernier des inculpés en détention préventive.

– 15 juin 2012: Alors qu’ils devaient pointer trois fois par mois dans un commissariat d’Exarchia, à Athènes, Nikos Maziotis et Panagiota « Pola » Roupa disparaissent sans laisser de traces. Ils comparaissaient libres à leur procès, tout comme les cinq autres inculpés, libérés après avoir atteint le maximum de temps de détention sans procès. Le Ministre de l’Intérieur grec ordonne une enquête.

– 3 avril 2013: Le procès se termine par des sentences très lourdes : Nikos Maziotis (en cavale) 50 ans de prison ; Pola Roupa (égalemement en cavale) 50 ans et 6 mois ; Kosta Gournas (emprisonné à l’audience) : 50 ans et six mois. Ces condamnations sont une cumulation de condamnations, cela signifie en pratique (en raion d’un plafond légal) à un total de 25 années de prison pour chacun d’eux. Deux qutres anarchistes qui niaient être membre de l’organisation ont été condamnés, Stathopoulos à 7 ans et 6 mois et Kortessis à 7 ans. Trois autres, S. Nikitopoulos, K. Katsenos, et Mari Beraha (la femme de Kostas) ont été acquités. Les avocats ont demandé une suspension de l’exécution du verdict jusqu’au procès d’appel, mais cela a été refusé.

– 5 juillet 2013: Christoforos Kortesis est placé en libération conditionnelle contre une caution de 2000 euros, l’obligation de se présenter deux fois par mois à son poste de police le plus proche, et l’interdiction de sortir du pays.

– 15 juillet 2013: Vaggelis Stathopoulos est également placé en libération conditionnelle aux mêmes conditions: le paiement d’une caution de 2000 euros, l’obligation de se présenter deux fois par mois à son poste de police le plus proche, et l’interdiction de sortir du pays.

– 8-9 mars 2014. Le commissariat de Nea Chalkidona (banlieue d’Athènes) est incendié pendant la nuit en mémoire de Lambros Foundas, la veille de l’anniversaire de sa mort.

– 10 avril 2014. Lutte Révolutionnaire fait exploser une voiture piégée de 76 kg d’explosifs devant le siège de la banque Nationale de Grèce. Dégâts immenses, aucun blessé.

– 12 mai 2014. La police déclare que Lutte Révolutionnaire est responsable d’une demi-douzaine d’attaques de banques les mois précédents.

– 7 juillet 2014. La loi qui prévoie la détention à l’isolement et des restrictions de libération conditionnelle pour les prisonniers révolutionnaires est votée.

– 16 juillet 2014. Nikos Maziotis a été arrêté vers midi à Athènes, suite à une fusillade avec la police. Nikos aurait tiré huit balles contre les policiers (en touchant un au gilet pare-balle) et il est blessé d’une balle dans le bras. Deux touristes sont légèrement blessés dans la fusillade. Il est transféré dans un hôpital où des commandos antiterroristes entourent en permanence le lit où il est enchaîné.

– 16 juillet 2014. Rassemblement spontané de solidarité devant l’hôpital où est détenu Nikos. La police découvre une base de Lutte révolutionnaire avec des armes et des documents.

– 17 juillet 2014. Opération « Théséus ». La police grecque mène des opérations de recherche et perquisitions ont eu lieu dans les quartiers de Exarchia, Halandri, Kolonons, Voula et Pangrati.

– 19 juillet 2014. Nouveau rassemblement de solidarité devant l’hôpital où est détenu Nikos. L’après-midi même Nikos est transféré à la prison de Korydallos (Athènes).

– 20 juillet-10 août. Diverses actions de solidarité avec Nikos : incendie de véhicule d’une compagnie de sécurité à Salonique, cocktails Molotov contre la MAT et le PASOK à Athènes, affichages et accrochage de banderoles dans plusieurs ville de Grèce mais aussi au Chili, en Suisse, en Espagne.

– 28 juillet 2014. Nikos Maziotis est transféré et détenu à l’isolement à la prison de Thessalonique

– 8 août 2014. Pola Roupa écrit une lettre de la clandestinité.

– 12 août 2014. La police accuse Giorgos Petrakakos d’être un membre actif de Lutte Révolutionnaire et perquisitionne en vain son appartement. Giorgos Petrakakos est recherché.

– Septembre 2014. La prison de Domokos est évacuée et les travaux y commencent pour la transformer en prison spéciale d’isolement (dite de type-C).

– 1er octobre 2014. La police arrête Antonis Stamboulos, l’accuse d’être lié à Lutte Révolutionnaire, et le maltraite systématiquement. Antonis doit mener une grève de la faim pour être transféré, comme le veut la loi, dans un prison, et échapper ainsi aux passages à tabac en série.

– 30 décembre 2014. Nikos Maziotis est le premier prisonnier transféré dans la nouvelle prison d’isolement de Domokos. Il sera suivi de plusieurs autres prisonniers révolutionnaires les semaines suivantes.

– Avril 2015. Les prisonniers révolutionnaires de différentes organisations, dont Nikos Maziotis, organisés dans le DAK (Réseau des Combattants Emprisonnés), mènent une grève de la faim victorieuse de 48 jours contre le projet de prison d’isolement. De très nombreuses actions de soutien ont lieu durant la grève. Voir notre dossier sur cette grève

– Mai 2015. Procès en appel pour la « première période » des actions de Lutte Révolutionnaire.

– 24 septembre 2015. Arrestation de Giorgos Petrakakos.

– 21 février 2016, Pola Roupa détourne un hélicoptère afin de tenter de faire évader Nikos et d’autres prisonniers politiques emprisonnés à Korydallos. La tentative échoue car le pilote de l’hélico (ancien policier) était armé, ce qui n’a pas empêché une fusillade en plein vol.

– 3 mars 2016. Le tribunal de la prison de Koridallos a condamnés tous les accusés du procès contre la « seconde période » de Lutte Révolutionnaire, concernant l’attaque contre la Banque de Grèce du 10 avril 2014 et la fusillade du 16 juillet 2014. Nikos Maziotis écope d’une peine de prison « à vie +129 ans », Pola Roupa (toujours dans la clandestinité) écope de 11 années de prison. Enfin Antonis Samboulos et Giorgos Petrakakos qui sans nier leur camp politique nient appartenir à l’organisation ont écopé de peines respectives de 13 ans de prison et de 36 ans de prison.

– 5 janvier 2017, Pola Roupa est arrêtée avec une militante anarchiste, Konstantina Athanasopoulos. La police place en institution l’enfant de Pola et Nikos.

– Janvier 2017. Début d’une série de procès concernant les actions de la « première période » (2002-2013). Pola Roupa, Nikos Maziotis et Konstantina Athanasopoulos font une grève de la faim et de la soif jusqu’à ce que l’enfant de Nikos et Pola soit remis à leur famille.

– Novembre-décembre 2017. Pola Roupa et Nikos Maziotis mènent une nouvelle grève de la faim contre de nouvelles mesures d’isolement appliquées à Nikos et pour de meilleures conditions de visite avec leur enfant. Ces mesures sont finalement levée. Peu après, Nikos, très affaibli par la grève, se fait agresser dans la prison par un gang. Il est tiré d’affaire par l’intervention des prisonniers politiques turcs détenu dans la même aile.

– Juin 2018. Procès contre Pola Roupa pour les actions de la seconde période de Lutte Révolutionnaire (comme elle avait été jugée par contumace, une nouveau procès devait se tenir).

– Juillet 2018 : verdict contre Pola Roupa pour l’attaque contre la Banque de Grèce et les bureaux du FMI à Athènes en 2014 : prison à perpétuité + 25 ans pour “dirigeance d’une organisation terroriste” et “incitation physique” à la réalisation des actions. Ce procès a connu deux éléments tout à fait nouveaux. Selon le procureur, si l’attaque qui a dévasté le siège de la Banque de Grèce avait totalement réussi, autrement dit, si les gardes n’avaient eu le temps de baisser les rideaux métalliques, les 75kg d’explosifs auraient détruits purement et simplement le bâtiment. Il aurait pu en résulter l’effondrement du système bancaire grec et, considérant le moment choisi par l’action, un effondrement du système économique grec. C’est la première fois qu’un procureur reconnait un tel impact potentiel aux actions de Lutte Révolutionnaire (un ministre l’avait déjà reconnu au détour d’un entretien). La seconde nouveauté à ce procès est que le procureur a obtenu la condamnation de Pola Roupa pour ces deux actions non pas pour sa participation personnelle, mais en tant que “dirigeante” de Lutte Révolutionnaire et “incitatrice” de ces actions.

– Novembre 2019 : Début du 5e procès pour la tentative d’évasion au moyen d’un hélicoptère détourné, mais aussi pour l’expropriation de deux banques à cette période au profit de “Lutte Révolutionnaire”. Huit personnes sont au banc des accusé.e.s: Pola Roupa, Nikos Maziotis, Konstantina Athanasopoulos, Christos et Gerasimos Tsakalos, Olga Ekonomidou, Giorgos Polidoros et Haralambidis.

– Décembre 2019 : Le 4e procès contre LR aborde 9 affaires d’expropriation de banques (datant de 2008-2015) effectuées pour financer et poursuivre les actions de l’organisation. Les accusés sont  Nikos Maziotis, Maria Theofilou, G. Petrakakos, Themistocles et Fotis Assimakapolulos, Marios Seisidis, Kostas Sakkas, Panagiotis Argyros, Grigoris Tsiron et Spyros Christodoulou.

– Février 2019 : Une délégation du SRI est présente devant la prison et à l’intérieur du tribunal spécial pour soutenir les membres de l’organisation Lutte Révolutionnaire emprisonnés.

-10 mai 2019 La cour d’appel du 10 mai réduit la peine de prison à vie en 25 ans de réclusion concernant Nikos Maziotis pour l’attaque contre la Banque de Grèce.

-10 juillet 2019 : Verdict du procès pour la tentative d’évasion de prisonniers révolutionnaires. Pola Roupa a été reconnue coupable de toutes les accusations, et condamnée à 65 ans avec absorption de peine pour 25 ans. Nikos Maziotis a été condamné à 37 ans avec absorption de 24 ans. Konstantina Athanasopoulou a été condamné à 60 ans, avec absorption de 35,5 ans pour sa participation à “Lutte révolutionnaire”, l’expropriation d’une banque et la possession d’armes à feu et d’explosifs. Un quatrième accusé, qui n’était pas un accusé politique, a été condamné à 58 ans, avec absorption de 34,5 ans pour participation à “Lutte révolutionnaire” et expropriation d’une banque. Les autres prisonniers sont été acquittés.

– 10 janvier 2020, un nouveau procès commence : Pola Roupa et Nikos Maziotis sont accusés de “fourniture, possession et fabrication d’explosifs”.

– 29 janvier 2020, trois militant·es anarchistes sont été capturés et inculpé·es, entre autres, d’“appartenance à une organisation criminelle” et “détention illégale d’armes”. Parmi eux, Konstantina Athanasopoulou. Celle-ci était passée à la clandestinité après avoir été libérée sous caution, suite à son arrestation avec Pola Roupa. Elle avait été condamnée par contumace en 2019 à 35 ans et 6 mois de prison pour appartenance à « Lutte Révolutionnaire ».

– Mars 2020 : fin de la cour d’appel du 5e procès contre LR (concernant la tentative d’évasion par hélicoptère et deux attaques de banques). Après la verdict d’avril, les 155 ans de condamnations accumulées par Nikos seront fusionnées en 20 ans selon le nouveau code pénal.

– 22 mars 2020: Pola Roupa a été transférée dans la prison de femmes parce qu’elle a mené à la prison de Korydallos une mobilisation contre le surpeuplement des prisons et les mesures contre le Covid19 dans les prisons.

– 25 mars 2020: Nikos Maziotis a été transféré par les forces de police spéciale de la prison de Korydallos vers la prison de Domokos sans qu’il n’ait pu emporter le moindre effet personnel.

– 14 avril 2021 : La cour d’appel réduit la condamnation de Pola Roupa à 6 ans pour « complicité simple » dans l’attaque contre la succursale de la Banque centrale européenne, la Banque de Grèce et le bureau du FMI, plus à 3 mois pour « vol de la voiture » (celle utilisée dans l’action).

Textes de l’organisation « Lutte Révolutionnaire »

Communiqué de Lutte Révolutionnaire

L’attacco dell’ambasciata USA ad Atene: Comunicato del gruppo “Lotta Rivoluzionaria” (12 Gennaio 2007)

« Revolutionary Struggle »: Communiqué for the explosion at the Citibank in Athens (March 9th 2009)

« Lutte Révolutionnaire » : Communiqué suite à l’explosion de la Citibank à Athènes (9 mars 2009)

Textes des prisonniers de « Lutte Révolutionnaire »

Textes des prisonniers de l’organisation Lutte Révolutionnaire

APPEL INTERNATIONAL A LA SOLIDARITE – INTERNATIONAL CALL FOR SOLIDARITY

– Texte en anglais au format pdf: International Call for Solidarity
– Texte en français au format pdf:Appel international à la solidarité
– Texte en espagnol au format pdf: Llamaniento Internacional de Solidaridad
– Texte en allemand au format pdf: Internationaler Solidaritätsaufruf
– Texte en italien au format pdf: Chiamata internazionale di solidarietà
– Texte en grec au format pdf: ΔΙΕΘΝΕΣ ΚΑΛΕΣΜΑ ΓΙΑ ΑΛΛΗΛΕΓΓΥΗ

QUE LA GRECE SOIT LE POINT DE DEPART D’UNE REVOLUTION SOCIALE A TRAVERS LE MONDE – LET GREEC BE THE STARTING POINT OF A WORLDWIDE SOCIAL REVOLUTION

– Texte en anglais au format pdf: Lets make the beginning in Greece of a Worldwide Social Revolution
– Texte en italien au format pdf: Facciamo sì che la Grecia sia l’inizio di una rivoluzione sociale mondiale

COURRIER DE PRISONNIERS – MAIL FROM THE PRISONERS

– Texte en français au format pdf: Lettre de trois membres emprisonnés de la Lutte Révolutionnaire sur l’achèvement d’une année depuis l’accrochage armé à Dafni dans lequel le révolutionnaire Lambros Foundas est tombé en combattant
– Texte en grec au format pdf: ΕΠΙΣΤΟΛΗ ΤΩΝ ΤΡΙΩΝ ΦΥΛΑΚΙΣΜΕΝΩΝ ΜΕΛΩΝ ΤΟΥ ΕΠΑΝΑΣΤΑΤΙΚΟΥ ΑΓΩΝΑ ΓΙΑ ΤΟΝ ΕΝΑ ΧΡΟΝΟ ΑΠΟ ΤΗΝ ΕΝΟΠΛΗ ΣΥΜΠΛΟΚΗ ΤΗΣ ΔΑΦΝΗΣ ΣΤΗΝ ΟΠΟΙΑ ΕΠΕΣΕ ΜΑΧΟΜΕΝΟΣ Ο ΕΠΑΝΑΣΤΑΤΗΣ ΛΑΜΠΡΟΣ ΦΟΥΝΤΑΣ

LETTRE POLITIQUE A LA SOCIETE – A POLITICAL LETTER TO SOCIETY

– Texte en français au format pdf: Lettre politique à la société
– Texte en anglais au format pdf: A political letter to Society
– Texte en allemand au format pdf: Politisches Schreiben an die Gesellschaft
– Texte en espagnol au format pdf: Carta política hacia la sociedad
– Texte en grec au format pdf: Πολιτική επιστολή προς την κοινωνία
– Texte en italien au format pdf: Lettera politica alla società

REPONSE A LA QUESTION ‘ACCEPTEZ-VOUS OU NIEZ-VOUS LES ACCUSATIONS?’ – RESPONDING TO THE QUESTION ‘DO YOU ACCEPT OR DENY THE CHARGES’

– Texte en anglais au format pdf: Responding to the question : “Do you accept or deny the charges?”

DECLARATION DE TROIS PRISONNIERS SUR LEUR REFUS D’ASSISTER A UNE AUDIENCE – STATEMENT OF THREE PRISONERS ABOUT THEIR REFUSAL TO APPEAR IN COURT

– Texte en français au format pdf: Déclaration des trois membres emprisonnés de Lutte Révolutionnaire à l’attention du Conseil des juges d’appel d’Athènes avec laquelle ils refusent d’assister à l’examen de la prolongation ou pas de leur détention provisoire.
– Texte en grec au format pdf: ΔΗΛΩΣΗ ΤΩΝ ΤΡΙΩΝ ΦΥΛΑΚΙΣΜΕΝΩΝ ΜΕΛΩΝ ΤΟΥ ¨ΕΠΑΝΑΣΤΑΤΙΚΟΥ ΑΓΩΝΑ » ΠΡΟΣ ΤΟ ΣΥΜΒΟΥΛΙΟ ΕΦΕΤΩΝ ΑΘΗΝΩΝ ΜΕ ΤΗΝ ΟΠΟΙΑ ΑΡΝΟΥΝΤΑΙ ΝΑ ΠΑΡΑΣΤΟΥΝ ΣΤΗΝ ΕΞΕΤΑΣΗ ΤΗΣ ΠΑΡΑΤΑΣΗΣ Ή ΜΗ ΤΗΣ ΠΡΟΦΥΛΑΚΙΣΗΣ ΤΟΥΣ

DECLARATION QUANT AUX ATTAQUES CONTRE LES AMBASSADES A ROME – STATEMENT REGARDING THE ATTACKS AGAINST THE AMBASSIES IN ROME

– Texte en anglais au format pdf: Statement in relation to the attacks on the embassies in Rome
– Texte en espagnol au format pdf: Comunicado acerca de los ataques a las embajadas en Roma
– Texte en français au format pdf: Déclaration à propos des colis piégés aux ambassades à Rome
– Texte en italien au format pdf: Comunicato riguardo agli attacchi alle ambasciate a Roma

DECLARATIONS A L’AUDIENCE DU 24 OCTOBRE 2011

– Déclaration de Nikos Maziotis, en français, format pdf: Déclaration écrite de Nikos Maziotis au procès de Lutte Révolutionnaire, le 24 octobre 2011
– Déclaration de Costas Gournas, en français, format pdf: Déclaration écrite de Costas Gournas au procès de Lutte Révolutionnaire, le 24 octobre 2011
– Déclaration de Pola Roupa, en français, format pdf: Déclaration verbale de Pola Roupa au procès de Lutte Révolutionnaire, le 24 octobre 2011

Action de Lutte Révolutionnaire contre l'ambassade US à Athènes
Histoire et textes de l’organisation « Lutte Révolutionnaire » et de ses prisonniers
Lambros Foundas, militant de Lutte Révolutionnaire tué par la police grecque
les inculpés de
Histoire et textes de l’organisation « Lutte Révolutionnaire » et de ses prisonniers
Communiqué de Lutte Révolutionnaire
Textes des prisonniers de l'organisation Lutte Révolutionnaire
Histoire et textes de l’organisation « Lutte Révolutionnaire » et de ses prisonniers
Histoire et textes de l’organisation « Lutte Révolutionnaire » et de ses prisonniers

>> Marco a été libéré le 10 mars 2017!

1. Contexte: Le nucléaire et les luttes antinucléaires en Suisse

La politique énergétique nucléaire en Suisse adoptait la forme du « projet Manhattan » aux USA. Peu après Nagasaki et Hiroshima, les autorités suisses lançait la propagande pour le dual use (civil et militaire) du nucléaire. La création d’une bombe atomique suisse était un objectif déclaré, auquel la Fédération donnait un crédit d’une importance jusqu’alors inconnue pour un projet de recherche avec l’usuel entrelacs entre industrie privée et institutions publiques (universités), au bénéfice des premières.
En 1946, BBC, Sulzer et Escher-Wyss (industries mécaniques) fondent la Commission d’Études Energie Nucléaire et le Consortium de Travail Réacteur Nucléaire, ou plus tard participent aussi Motorcolumbus et Elektrowatt. En 1963, la NOK (Nordostschweizerische Kraftwerke, maintenant partie de Axpo), BBC et Westinghouse, construisaient la centrale nucléaire de Beznau, avec un réacteur américain. Ensuite furent construites les centrales de Beznau II, Mühleberg, Gösgen, Däniken et Leibstadt. Avec la participation de toutes les grandes entreprises mécaniques suisses, en 1960 on projetait la construction d’une centrale de conception suisse à Lucens, subventionnée par l’Etat, mais le projet avorta avec l’explosion d’une barre combustible dans la centrale souterraine.
Une vaste mobilisation populaire contre les centrales nucléaires, allant jusqu’à des actions de sabotage, des incendies d’automobiles et de villas des lobbyistes du nucléaire. En 1973 à Olten il y eu la plus grande manifestation contre le nucléaire. Il y aura ensuite l’attaque contre le bureau de planification de la centrale de Verbois, contre les transformateurs à Verbier, l’occupation du chantier à Kaiseraugst, etc. Le 25 juin 1977 une intervention brutale de la police étouffe la première tentative d’occupation du chantier de la centrale de Gösgen.
Après cela, il y a beaucoup d’attentats antinucléaires (contre les CFF, contre le transformateur de Leibstadt, contre les pavillons d’information de Kaiseraugst et Gösgen, contre des pylônes) de la branche anticapitaliste (liées aussi à la révolte des jeunes et du mouvement étudiant des années ’60), mais aussi l’institutionnalisation d’une partie mouvement anti-nucléaire. Ces actions ont toujours encouragé, accompagné et anticipé les actions de masse.

2. Premières actions, première condamnation

Marco Camenisch naît le 21 janvier 1952 en Suisse, à Schiers, un village dans les Alpes Rhétiques du canton Grison.
Il commence par son travail politique avec le soutien aux prisonniers en lutte et en 1978 il participe à la résistance antinucléaire. Au début du 1980, Marco est arrêté pour deux dynamitages: celui d’un pylône de la ligne à haute tension de la société électrique NOK (une des grandes sociétés qui exploitaient les centrales nucléaires disséminées sur tout le territoire Suisse) et celui du transformateur et pylône de la centrale de transformation électrique Sarelli.
Marco fut très lourdement condamné à dix ans de prison. La condamnation « normale » à ce moment-là en Suisse aurait été de quatre-six ans et même la presse réactionnaire s’est étonnée de la sévérité de la peine, qui à cette époque ne se donnait que pour homicide. Mais cette rigueur est due surtout à l’uniformisation répressive au contexte européen et international en général avec ses forts mouvements de guérilla révolutionnaire (Italie, Allemagne, etc.) et l’augmentation de la répression qui en découlait.

Lire la déclaration de Marco à son procès (.pdf)

3. Evasion, cavale arrestation et détention en Italie

Le 17 décembre 1981, Marco Camenisch et quelques prisonniers italiens s’évadèrent de la prison de Regensdorf. Un gardien est tué et un autre blessé.
Pendant dix ans Marco Camenisch vit en cavale, continue son activité antinucléaire et écrit des articles pour la presse anarchiste.
Décembre 1989: un garde frontière à la frontière italo-suisse est tué et la presse et les autorités désignent immédiatement Marco Camenisch comme auteur. Marco Camenisch a toujours rejeté cette accusation. La longue cavale de dix ans termine le 5 novembre 1991 à cause d’un simple contrôle de papiers dans la province de Massa. Dans la fusillade, un carabinier et Marco sont blessés, tous le deux aux jambes.
Il rejette toute collaboration avec la justice et en mai 1992, il est condamné à 12 ans pour la fusillade avec les carabiniers et le dynamitage d’un pylône de la ligne à haute tension La Spezia-Accaiolo qui transporte le courant des centrales nucléaires françaises. Selon le «tarif terrorisme» italien c’était une peine relativement modérée. La raison de cette prudence relative des autorités locales est due à l’enracinement profond, historique et du moment, de la résistance radicale militante dans une zone pleine de bases OTAN et d’industries de guerre. Par exemple, juste après l’arrestation et tout près du lieu de celle-ci, un hôtel de luxe sera dynamité (vide pour cause de morte-saison) comme mise en garde aux autorités contre tout mauvais traitement envers Marco Camenisch.
Cette région a toujours connu un fort mouvement ouvrier (industrie du marbre), une forte résistance des partisans anti-fascistes, et aussi la présence d’une forte colonne des Brigades Rouges, dont la répression ne réussit à découvrir et arrêter que peu de militants. Dans la période de l’arrestation, l’écologisme furent part de la résistance populaire. Comme les grandes mobilisations contre l’usine chimique Montedison à Marina di Carrara, qui au début des années `90 avait massivement empoisonné la région avec la dioxine. Ou la résistance contre les différents incinérateurs construits et prévus sur le territoire, ou encore contre la pollution électromagnétique de la ligne à haute tension déjà mentionnée. Autres exemple de résistance de cette région : la lutte contre les expulsions et la spéculation immobilière qui conduisit aux dynamitages d’entreprises et de villas de luxe en bord de mer.

Lire la déclaration de Marco sur son évasion (.pdf)

Lire le texte de Marco envoyé à un journal anarchiste italien (.pdf)

4. Extradition, procès et détention en Suisse

A la fin de sa peine italienne, en avril 2002, Marco Camenisch est extradé en Suisse pour purger les huit années restantes de sa première condamnation, et pour comparaître au procès pour l’évasion et la fusillade à la frontière. La procédure dure de 2002 à 2004 et le procès – qui fut l’occasion d’une vaste campagne de solidarité – finissait avec l’acquittement pour la mort du gardien et mais la condamnation à 17 ans pour la mort du garde frontière. Cette condamnation est attribuable au manque de «repentir» et à sa revendication résolue de la nécessité toujours plus urgente d’une subversion révolutionnaire de l’ordre mondial capitaliste et impérialiste. Ces 17 ans ont été infligés en ouverte violation (dans ce cas spécifique) du code pénal suisse. En mars 2007 la peine devait être réduite au maximum juridiquement possible (dans ce cas spécifique) de 8 ans et la somme est de 30 ans de taule avec fin de la peine en mais 2018.

Lire « L’esthétique du choix », un document de Marco (.pdf)

Lire la déclaration de Marco à son procès italien (.pdf)

5. Une interminable détention

En Suisse, les prisonniers ont droit à une sorte conditionnelle au deux tiers de la peine en cas de bonne conduite. Marco a maintenant dépassé ce seuil et cette sortie lui est refusée non pas pour « mauvaise conduite » mais pour « mauvaise pensées ». Son identité verte anarchiste n’a jamais été brisée. Le fait qu’il ne renie rien est ouvertement utilisé comme motivation par les instances de la justice zurichoise pour toute libération. Marco se dit toujours anarchiste et « serait de l’avis que la société se trouve en guerre », voilà la motivation officielle de ces autorités.
Mais malgré la prison, Marco participe aux luttes des prisonnières et prisonniers politiques et sociaux et par ailleurs confirme la nécessité de la résistance solidaire contre ce système de domination. Il a un rôle actif dans l’union de différentes situations de lutte (anarchistes, écologistes et groupes qui construisent le Secours Rouge International) et dans la construction de relations fortes, de solidarité et de proximité.
Pour cette raison, de nombreuses forces en Suisse, en Italie et ailleurs se sont rapprochées entre elles à l’occasion de mobilisations de soutien à Marco.
Dans ces années Marco a toujours été au côté des luttes. Sa voix, sa pensée, son travail de traduction incessant et important, ses nombres de contributions et grèves de la faim solidaires transmettent une solidarité, qui, avec un réseau presque mondial de communication e de solidarité pratique avec les prisonnières et prisonniers révolutionnaires, est libre de sectarisme et dogmatisme. Ses nombreux textes contribuaient et contribuent toujours à la croissance et au renforcement d’un parcours de lutte contre toute forme d’oppression et d’exploitation.
En avril 2010, trois anarchistes italiens sont arrêtés et condamnés en Suisse pour tentative d’attentat contre le centre de recherche en nano-technologie d’IBM. Marco formera depuis avec eux une communauté de lutte, menant notamment plusieurs grève de la faim collectives solidaires.

Lire la déclaration de Marco sur son extradition d’Italie vers la Suisse (.pdf)

Lire une déclaration de grève de la faim de Marco, Silvia, Billy et Costa (.pdf)

6. Annexe: La solidarité avec Marco en Belgique

La solidarité internationale avec Marco compte littéralement des centaines d’initiatives: manifestation devant les prisons où il était détenus ou devant les représentations suisses, affiches et tags, dynamitages de pylônes, éditions de ses textes, etc. En Belgique cependant, les initiatives restent rares (merci de nous signaler les oublis pour compléter ce dossier).
18 janvier 2003: manifestation devant la chancellerie de Suisse co-organisée par l’Anarchist Black Cross de Gand et le Secours Rouge.

Manifestation pour Camenisch

3 novembre 2003: Manifestation devant la chancellerie de Suisse co-organisée par les mêmes; la police intervient, interpelle dix manifestants, confisque les calicots et empêche le rassemblement.

16 novembre 2003: La porte de la chambre de commerce suisse à Bruxelles est cadenassée et barricadée avec un panneau.

Bombage pour Camenisch

8 mars 2007: L’agence de la société (suisse) d’interim ADECCO à Uccle est taguée.

Bombage pour Marco Camenisch

2011: Marco est un des quatre prisonniers révolutionnaires non-repentis de longue durée emblématiques mis en avant, en Belgique comme ailleurs, dans une campagne du Secours Rouge International. Collages à Bruxelles.

juillet 2012: Publication d’un Cahier du SR consacré à Marco

29 août 2012: Marco Camenisch est en grève de la faim. La façade de la représentation de la Suisse auprès de l’Union Européenne est taguée en solidarité à Bruxelles.

2013: Nouvelle affiche du Secours Rouge International avec collages à Bruxelles.

Affiche du SRI pour Marco Camenisch


Collages à Bruxelles (2013)

20 février 2015: Meeting pour la libération de Marco au Pianofabriek.


23 juin 2015: Le siège des sociétés énergiques/nucléaires AREVA et ABB est tagué à Bruxelles en solidarité avec Marco (lire le communiqué)

Manifestation pour Camenisch
Bombage pour Camenisch
Bombage pour Marco Camenisch
Histoire et textes de Marco Camenisch
Histoire et textes de Marco Camenisch
Histoire et textes de Marco Camenisch
Histoire et textes de Marco Camenisch
Histoire et textes de Marco Camenisch
Histoire et textes de Marco Camenisch
Histoire et textes de Marco Camenisch
Histoire et textes de Marco Camenisch
Histoire et textes de Marco Camenisch
Collages à Bruxelles (2013)
Histoire et textes de Marco Camenisch
Histoire et textes de Marco Camenisch

28/07/2005

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1. La persécution des militants ouvriers en Iran

La République islamique, qui exécute un programme économique néo-‎libéralisme, a entamé une attaque tout azimuts contre les travailleurs ‎iraniens : diminution du salaire et retard de leur paiement, ‎fermetures d’entreprises, suppression des subventions des produits alimentaires de base (pain, riz, sucre…), dégradation des conditions de travail, création de zones économiques spéciales où les ouvriers ne sont pas couverts par le code du travail, etc. Cette politique a ‎provoqué les protestations des ouvriers (notamment dans la pétrochimie), des ‎infirmières, des employés, des ‎enseignants, etc.

manifestation en iran

Le régime répond par une répression brutale : En Iran, des travailleurs sont régulièrement arrêtés pour s’être mis en grève, pour avoir fondé un syndicat. C’est ce qui est arrivé aux chauffeurs des bus de Téhéran : plus de 700 d’entre eux ont été arrêtés suite à une grève, aux travailleurs de la canne à sucre lorsqu’ils ont protesté pour leurs salaires impayés, ou aux enseignants qui se sont mis en grève pour leurs salaires et leurs conditions de travail.

Les manifestations du 1er mai sont également réprimées : Des centaines de personnes s’étaient rassemblées cette années devant le parlement à Téhéran pour défendre les revendications portées dans une pétition signée par 30.000 travailleurs réclamant entre autre la hausse du salaire minimum. Les forces de répression du régime sont rapidement intervenues pour disperser ce rassemblement ouvrier, des arrestations ont eu lieu les jours suivants notamment chez les travailleur de l’entreprise automobile Iran Khodro, située dans la banlieue de Téhéran.

Tous les moyens sont bons pour briser le mouvement ouvrier : licenciements, intimidations, arrestations et détentions arbitraires, coups, harcèlement permanent par des convocations au tribunal, fortes cautions, longues peines de prison.

La prison est particulièrement dure pour les prisonniers politiques : ils souffrent du manque de soin aux prisonniers (le 22 juin 2013, Afshin Osanloo du syndicat des chauffeurs de bus de Téhéran, emprisonné à Rejai Shahr, est mort d’une crise cardiaque), de l’enfermement avec des prisonniers sociaux mentalement instables et violents dressés contre eux par les gardiens, et jusqu’aux exécutions : en mai 2010, l’instituteur et syndicaliste enseignant Farzad Kamangar a été exécuté comme « ennemi de dieu » avec quatre autres prisonniers politiques, malgré une campagne de protestation de syndicats du monde entier. Il avait été torturé (‘fouetté et électrocuté) parce qu’il refusait de signer les aveux écrit par les forces de sécurité selon lesquels il était membre de la guérilla du PJAK.

2. Quelques syndicalistes aujourd’hui emprisonnés

Reza Shahabi est un conducteur de bus et membre de la direction du Syndicat des Travailleurs de la
Régie du Transport de Téhéran et sa Banlieue – Vahèd. Il a été condamné par un tribunal de Téhéran à une peine d’un an de prison pour « propagande contre le gouvernement », assortie d’une peine supplémentaire de 5 ans de prison pour « action contre la sécurité nationale ». Il est aussi sous le coup d’une interdiction de 5 ans de toutes ses activités syndicales qui sera effective à sa sortie de prison et d’une amende de 70 millions de tomans que ni lui ni les camarades de son syndicat ne peuvent payer. Sa peine d’emprisonnement a été réduite à 4 ans en appel.
Gravement malade, Reza Shahabi avait mené une une grève de la faim en décembre 2012 pour protester contre ses conditions de détention et le refus des autorités pénitentiaires de lui accorder une sortie une sortie provisoire de prison en liberté conditionnelle pour qu’il puisse se faire soigner dans un hôpital public. Les autorités pénitentiaires d’Evin avaient finalement cédé à ses demandes légitimes, mais après quelques semaines, Reza a été réincarcéré, toujours à la prison d’Evin.

Reza Shahabi

Behnam As’ad Ibrahimzadeh est militant syndical, membre du Comité de Coordination pour Aider à la Formation d’Organisations Ouvrières. Il est aussi membre du Groupe de défense des enfants des rues. Il a été arrêté le 12 juin 2010 et condamné à 20 ans de prison en première instance dans un procès à huis clos, et à 10 ans d’emprisonnement en appel. Après une brève sortie en liberté conditionnelle provisoire pour assister son fils qui souffre d’un cancer du sang, Beharn a été réincarcéré à la prison d’Evin.

Behnam Ibrahimzadeh

Mohammad Jarahi est militant du Syndicat des Travailleurs de la Peinture et de la Décoration
du Bâtiment de Téhéran et également membre du Comité de Suivi pour la Formation d’Organisations Ouvrières Libres, a été condamné à cinq ans de prison. Il souffre aujourd’hui atteint d’un cancer de la thyroïde. Il a subi une intervention chirurgicale le 16 février dernier. Malgré les efforts de sa famille pour qu’il soit correctement traité dans un hôpital public, Jarahi continue d’être emprisonné à Tabriz.

Mohammad Jarahi

Shahrokh Zamani, membre du Comité de Suivi pour la Formation d’Organisations Ouvrières Libres en Iran et du Syndicat des Peintres de Téhéran. Il a été arête le 5 juin 2011 et a été condamné à onze ans de prison au même procès anti-syndical à huis clos que Jarahi Mohammad. Il est actuellement détenu à la célèbre prison Rajaei-Shahr et risque 15 ans supplémentaires dans un nouveau procès.

Shahrokh Zamani

Bodaghi Rasoul est un militant syndical, membre de l’Association des enseignants. Il a été arrêté en septembre 2009 et condamné à six ans de prison pour «propagande contre le régime» et «rassemblement et collusion contre la sécurité nationale ». En janvier 2011, une cour d’appel a confirmé la condamnation de Rasoul et lui a interdit de prendre part à des activités de la société civile pendant cinq ans après sa libération.


3. Témoignage 

Lettre de prison de Shahrokh Zamani

A toutes les organisations syndicales et de défense des droits
Ecoutez le son de ma plainte !
Je suis Shahrokh Zamani, membre du Syndicat des Peintres de Téhéran et du Comité de Suivi pour la Formation d’Organisations Ouvrières Libres en Iran. Je suis résident de Téhéran depuis trente ans. Le 5 juin 2011, alors que je me rendais dans la ville de Tabriz pour visiter mes parents, j’ai été arrêté en toute illégalité par des agents du Ministère des Renseignements, sans aucune charge contre moi, ni preuve ou mandats. Après quarante jours de violentes tortures à la fois psychologiques et physiques, j’ai été emmené à la prison centrale de Tabriz. Pendant ces 40 jours de détention illégale, je me suis mis en grève de la faim afin de protester contre cette situation. J’ai perdu 27 kilos et je n’ai jamais signé d’aveux. Bien qu’il n’y ait eu aucune preuve contre moi et que je n’ai jamais donné la moindre ligne d’aveux lors des interrogatoires, la première branche du Tribunal Révolutionnaire de Tabriz m’a de façon vicieuse accusé de « propagande contre le régime et de formation de groupes socialistes » accusation passible de 11 ans de prison ferme. Il est clair que lors du procès j’ai nié toutes les accusations depuis le début et montré la nature fausse et monté de toute pièce des accusations. J’ai demandé au président du tribunal les preuves contre moi, et la justification d’une telle longue peine, ce à quoi il a répondu « Qui croyez vous que je suis Monsieur ? Je ne suis rien de plus qu’un subordonné dans un système hiérarchique ».
La prison de Tabriz est une des plus célèbres prisons, connue pour ses gardiens violents et meurtriers. Les gardiens sont infâmes par leur inhumanité, et leurs méthodes meurtrières et illégales. Les prisonniers ne disposent pas de droits comme des permissions ou des libérations conditionnelles. Même l’emprunt de livres à la bibliothèque est complètement sous le contrôle des fonctionnaires de la prison qui placent les détenus sous une myriade des pires tortures physiques et psychologiques. Une des pires de ces tortures est le déchaînement de prisonniers violents (de droit commun) contre les prisonniers politiques. Comme il n’y a aucune loi, cela se passe quotidiennement et il n’y a pas un jour sans affrontement ou problème entre ces deux groupes de prisonniers.
Dans une pièce, longue de 20 mètres, il y a 21 lits, et il est fréquent d’y trouver plus de quarante prisonniers. Il y a toujours sept prisonniers de droit commun violents parmi nous pour nous intimider et nous espionner.
Les prisonniers politiques sont placés en contact étroit avec les détenus atteints du sida et de l’hépatite, ce qui, avec les exactions des gardiens, est le plus stressant. En 2011, ils m’ont transféré de ma cellule, qui par rapport à celle où ils m’ont envoyé été un paradis, à la section 12 du bureau des renseignements afin de me torturer. C’était une zone de quarantaine réservé aux criminels dangereux. Cela ne pouvait être supporté au plus que trois journées. Puis, avec Jomhour Azgoch du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan), j’ai été emmené à la section 15, la section de la méthadone, dans une cellule avec 50 personnes malades du sida et de l’hépatite. Pour protester, nous avons fait une grève de la faim pendant plusieurs jours.
A l’automne 2012, bien que je n’aie pas commis la moindre infraction, les fonctionnaires ont falsifié des documents disant que je demandais mon transfert et j’ai été déplacé à Yazd. Là, les conditions de détention étaient meilleures, mais j’ai été accusé de diffusé des informations sur les conditions de détention à l’extérieur de la prison, et j’ai été ramené à Tabriz, à la section de soin 8. Là, nous, prisonniers politiques, avons écris 14 articles mettant en lumière l’absence de droits dans la prison comme les permissions, les libérations conditionnelles, l’accès à du matériel sportif, à des classes techniques ou professionnelles, etc.
Aussi, les fonctionnaires de la prison ont force les prisonniers de droit commun a porter plainte contre moi et d’autres. Ils ont dit que nous avions insulté le leader [de la République Islamique, NdT], injurié les prisonniers de droit commun et encouragé les autres syndicalistes ouvriers emprisonnés à se mettre en grève. Cette plainte à été instruite et par conséquent j’ai été transféré à la prison Rajaei-Shahr à côté de Karaj.

Shahrokh Zamani
Prisonnier à Rajai Shahr, Iran
20 octobre 2012

affiche iran

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4. Bref historique du mouvement ouvrier en Iran

Formation des luttes et premiers syndicats ouvriers

Les premiers embryons du mouvement indépendant de la classe ouvrière d’Iran se formèrent au début du vingtième siècle. Les ouvriers des imprimeries fondèrent le premier syndicat en 1905. A cette époque-là, les journées de travail étaient très longues et les salaires très bas. Le salaire de 14 heures de travail par jour satisfaisait à peine les besoins journaliers des ouvriers. Les femmes ouvrières recevaient 2/3 du salaire des hommes et les enfants la moitié de celui des femmes à travail égal. Les ouvriers demandaient l’augmentation des salaires et la baisse du temps du travail au cours de leurs premières luttes. Les ouvriers imprimeurs organisèrent leur première grève la même année et obtinrent 10 heures de travail par jour au lieu de 14. En cette même année, les ouvriers des industries de la pêche participèrent à une grève pour l’augmentation des salaires. Un an plus tard les ouvriers des wagons de Téhéran appelèrent à une grève contre le licenciement des ouvriers et pour l’augmentation des salaires. Leur grève fut victorieuse.

Développement du mouvement syndical

Les activités syndicales se réduisirent après l’échec de la Révolution Constitutionnelle d’Iran (1905-1911). Mais la Grande Révolution d’Octobre 1917 en Russie eut beaucoup d’influence en Iran. En 1928 les ouvriers imprimeurs se remirent en grève et obtinrent toutes leurs revendications : 8 heures de travail par jour, l’augmentation des salaires et le droit à la convention collective. A ce moment-là une dizaine de syndicats de diverses branches d’activités furent créés. En 1920 les différents syndicats de la ville de Téhéran se rassemblèrent en un « Conseil Central des Syndicats », lequel fut joint par d’autres syndicats des autres villes. Le C.C.S. adhéra à l’internationale des syndicats ouvriers (PROFINTERN).

Le 1er Mai fut fêté par des manifestations de rue pour la première fois en 1922. A cette époque-là environ 100.000 ouvriers travaillaient dans les industries pétrolières et d’extraction, de textile, de soie, de fabrication de tapis, de cuir, de pêche, d’imprimerie etc. 30.000 de ces ouvriers s’étaient syndiqués dans 20 centrales ouvrières. Mais une grande partie du prolétariat du pays, celle du pétrole, ne pouvaient pas se syndiquer, car la compagnie anglaise qui avait la concession de l’exploitation du pétrole iranien au Sud du pays, imposait ses politiques répressives aux ouvriers de cette branche industrielle très importante. Durant ces années-là les ouvriers firent grève plusieurs fois pour les revendications économiques et gagnèrent souvent. Mais au fur et à mesure les revendications politiques furent aussi exigées, parmi lesquelles celles des ouvriers du livre qui demandèrent la levée de l’interdiction de la publication de certains journaux et magazines et qui firent reculer le gouvernement de l’époque.

Dissolution des syndicats

Le début du règne de la dynastie monarchique des Pahlavi marqua la fin des libertés politiques et la pression sur les syndicats commença. Le C.C.S. fut déclaré illégal en 1925 et les ouvriers délégués furent arrêtés. Les syndicats ouvriers continuaient cependant leurs activités clandestinement et même en 1928 le syndicat des ouvriers des industries pétrolières fut créé au cours d’une conférence dans laquelle les statuts et règlements intérieurs furent votés par les ouvriers. La formation de ce syndicat était d’une importance primordiale pour la prise de conscience et l’organisation des ouvriers, car à ce moment-là presque la moitié des ouvriers industriels d’Iran travaillaient dans cette branche économique.

Le syndicat des ouvriers du pétrole prépara, dès sa constitution, une grève pour l’amélioration des conditions ouvrières et contre le renouvellement du contrat injuste avec l’Angleterre. La grève devait commencer le 1er Mai 1929, mais quelques jours auparavant certains dirigeants et membres du syndicat furent arrêtés. Le régime et la compagnie pétrolière commirent des actes répressifs afin d’empêcher cette grève. Les répressions et les arrestations n’influencèrent guère la détermination des ouvriers et la grève débuta le 3 mai. Les ouvriers exigèrent les points suivants : augmentation des salaires de 15%, légalité des syndicats, officialisation du 1er Mai, 7 heures de travail par jour pour les jeunes de moins de 18 ans, baisse des heures de travail pendant l’été à 7 heures par jour, un mois de congé payé annuel, abolition des licenciements arbitraires, participation des délégués ouvriers pour les recrutements et licenciements, assurance des accidents du travail et de vieillesse etc. Les forces de répression du régime et de la compagnie pétrolière anglaise arrêtèrent 300 ouvriers, licencièrent certains autres et ainsi étouffèrent la grève.

Reformation des syndicats et des luttes ouvrières

De cette époque-là jusque septembre 1941,date à laquelle les forces des Alliés entrèrent en Iran et Réza Chah Pahlavi fut renversé, les syndicats ouvriers n’existaient pratiquement pas. Réza Chah pratiquait des politiques de répression. Il faisait arrêter les militants ouvriers et syndicaux, les assassinait sous des tortures barbares et ainsi étouffait la moindre protestation ouvrière. Malgré les répressions de cette période les ouvriers faisaient grève de temps à autre, mais le mouvement ouvrier n’était pas vraiment actif et les ouvriers étaient dans une situation absolument injuste et exploités d’une manière effroyable. La chute de Réza Chah entraîna une reprise des activités licites et la réapparition relative des libertés politiques. Les syndicats ouvriers se reformèrent. A cette époque-ci le nombre d’ouvriers industriels d’Iran avait accru considérablement et atteignait 650.000 ouvriers. Un an après la chute de Réza Chah deux centrales ouvrières étaient formées, le « Conseil des Syndicats Ouvriers » et « l’Union des Ouvriers et des Paysans ». En 1944 de différentes centrales se sont fusionnées pour fonder le « Conseil Central Unifié des Syndicats des Ouvriers et des Travailleurs ». Ce Conseil comptait deux ans plus tard plus de 200.000 membres. Ce fut alors une des périodes d’importantes luttes ouvrières. De nombreuses grèves eurent lieu. Les plus importantes de ces grèves furent celle de 9 usines de textile d’Ispahan en 1942 qui fit baisser le temps du travail de 10 à 8 heures par jour. Trois mois plus tard les ouvriers de ces usines fondèrent le « Syndicat des Ouvriers d’Ispahan ». Ce syndicat se joignit plus tard au Conseil Central Unifié avec ses 15.000 adhérents. En 1946 plusieurs grèves s’effectuèrent dans l’industrie pétrolière parmi lesquelles celle du 14 juillet 1946 qui fut réprimée par les forces gouvernementales.
L’évolution du mouvement ouvrier et syndical d’Iran à ce moment-là entraîna son adhésion à la Fédération Mondiale des Syndicats Ouvriers (W.F.T.U.). La croissance du mouvement syndical en Iran inquiéta beaucoup l’État et malgré les répressions, ce dernier décida de mettre en place ses propres syndicats. Sous le gouvernement du Premier ministre Ghavam, « l’Union des Syndicats Ouvriers d’Iran » (E.S.K.I.) fut alors organisée qui n’a pas eu beaucoup d’influence sur les ouvriers. Un autre syndicat fut fondé de la même manière qui n’a pas joué de rôle important non plus. L’objectif de ce genre de syndicats gouvernementaux était bien sûr de contrecarrer le mouvement indépendant de la classe ouvrière et de ses organisations. En 1946 le gouvernement de Ghavam fit voter le premier code du travail en Iran et cela à cause des luttes ouvrières. Dans la deuxième moitié des années 1940 les syndicats étaient de plus en plus sous pression et ont choisi davantage les formes semi-clandestines d’activités. L’un des plus grands événements de ces années-là fut la grande grève des ouvriers de l’industrie pétrolière en mars 1951 qui toucha pratiquement les 30.000 ouvriers de la raffinerie.

Répression du régime du Chah

Le coup d’Etat du 19 août 1953 de la C.I.A. américaine contre le gouvernement de Mossadegh mit pratiquement fin aux activités indépendantes des syndicats ouvriers. Les syndicats d’Etat dirigés quelques années plus tard par la SAVAK (police politique du Chah), ne défendaient évidemment pas les intérêts des ouvriers. A ce moment-là les peuples d’Iran ont été complètement privés des libertés et des droits démocratiques. Les organisations syndicales ouvrières ont été déclarées illégales et les ouvriers étaient sauvagement exploités. Le régime du Chah réprimait toute protestation ouvrière. Les militants ouvriers étaient emprisonnés et quelquefois les mitraillettes répondaient aux ouvriers comme la fusillade des ouvriers de l’usine de textile de Djahan-e-Tchit au cours de laquelle 4 ouvriers furent tués et plusieurs autres blessés. (…) Après ce coup d’État et jusqu’au renversement du régime du Chah en 1979, les ouvriers n’ont jamais baissé les bras et ont lutté pour leurs justes revendications sous la dictature. Durant les années 1957-58 plusieurs grèves se sont produites dans les industries du pétrole et du textile des villes de Chahi et d’Ispahan au cours desquelles des augmentations de salaires étaient demandées. Au début de l’année 1971 quelques grèves furent déclenchées dans des usines de textile. Dans la deuxième moitié des années 1970 les protestations ouvrières prirent des allures considérables. Les ouvriers contestaient l’inexistence des droits, la dictature et l’exploitation sauvage. Le rôle principal des ouvriers dans la Révolution de 1979 qui renversa le régime du Chah n’est pas négligeable. En septembre 1978 les ouvriers pétroliers de la raffinerie de Téhéran se sont mis en grève. Tout de suite les ouvriers des raffineries des villes d’Abadan, de Chiraz, de Tabriz et d’Ispahan se sont joints à eux. La grève générale des ouvriers de l’industrie pétrolière assomma le régime du Chah alors qu’il se trouvait dans une crise profonde à cause du mouvement protestataire populaire grandissant. La grève des ouvriers du pétrole entraîna celle des autres branches comme le textile, la métallurgie, des mines de charbon et de cuivre etc. A ce stade-là dans les usines et les établissements de services les comités de grèves se sont formés et les coordinations des grèves s’effectuaient contre le régime monarchique. La grève générale et nationale de tous les ouvriers assommait le régime et l’insurrection armée des 21 et 22 février 1979 renversa le régime dictatorial du Chah.
De cette situation révolutionnaire et du cœur des comités de grèves sont nés les conseils ouvriers. Les ouvriers organisèrent alors ces conseils dans les plus grandes unités de productions. Ces conseils instauraient le contrôle ouvrier dans les établissements où les patrons s’étaient enfuis. Ainsi les ouvriers continuaient à lutter pour leurs revendications. Le niveau des connaissances politiques des ouvriers augmentait considérablement à ce moment-là.

Dissolution des conseils ouvriers par la République islamique

Cette période des libertés relatives et des conseils ouvriers n’a pas duré longtemps. Deux ans après le renversement du Chah, la République islamique priva les gens de toutes les libertés et de tous les droits démocratiques par une campagne éhontée de répressions. Elle recommença alors la répression et l’exploitation sauvage des ouvriers. Depuis 1981 à nos jours des centaines d’ouvriers et de militants du mouvement ouvrier ont été exécutés par le régime islamique. Des centaines d’autres ont été condamnés à de lourdes peines de prison. Beaucoup ont été licenciés et certains autres sont recherchés. Certains se sont réfugiés dans de différents pays. Les ouvriers d’Iran sont frustrés de toute organisation indépendante. Les conseils et associations islamiques que l’on trouve dans les établissements et usines ne défendent non seulement pas les intérêts des ouvriers mais en plus sont des organes d’espionnage du régime contre les ouvriers. Malgré toutes les pressions du régime islamique, ces dernières années, les ouvriers luttent sous diverses manières et obtiennent de temps en temps quelques victoires. Il est évident que rien ne pourra arrêter le mouvement ouvrier bien qu’il soit sous les pressions les plus sauvages. Mais il ne faut pas oublier que les pressions économiques et politiques qui pèsent sur la classe ouvrière d’Iran entraîna l’inexistence de toute organisation indépendante ouvrière qui cause à son tour l’affreuse exploitation et la répression moyenâgeuse. La classe ouvrière d’Iran continuera sa lutte. Elle demande à ses camarades ouvriers du monde entier de l’y aider et leur demande de faire pression sur le régime de la République islamique en dénonçant ses crimes dans le monde entier au sein des organisations internationales ouvrières.

(historique emprunté au site de l’Organisation des Fedayin)

5. Pour en savoir plus

Pour l’actualité des luttes ouvrières en Iran (deux sites trotskisants) :

http://iranenlutte.wordpress.com

http://www.iran-echo.com

Pour mémoire : le massacre des prisonniers politiques iranien de 1988

Le rapport d’Amnesty 2013 pour l’Iran

Et deux sites en anglais sur les droits de l’homme en Iran:

https://hra-news.org/en

http://www.iranhumanrights.org

manifestation en iran
Reza Shahabi
Behnam Ibrahimzadeh
Mohammad Jarahi
Shahrokh Zamani
affiche iran

Cadre historique – Les mouvements de lutte des années ’60 en RFA

Vers le milieu des années 1960, les mouvements de lutte de la jeunesse étudiante et prolétarienne se développèrent en Allemagne comme partout. En décembre 1966, c’est le début de la fin du ‘miracle économique allemand’, ce grand boom économique qui suivit la reconstruction de l’après-guerre, (il y aura carrément récession en 1967). Les deux principaux partis politiques bourgeois (sociaux-démocrates du SPD et démocrates chrétiens de la CDU et de la CSU, qui totalisent 90% des sièges au parlement) forment la ‘grande coalition’ qui verrouille totalement la vie politique. De la contestation des étudiants socialistes du SDS, conduit par Rudi Dutschke, émerge l’Opposition Extra Parlementaire (APO). Les mobilisations de masse contre la guerre impérialiste US au Vietnam ne cessent de gagner en puissance, mais c’est lors d’une manifestation contre la visite du Chah d’Iran, dictateur sanglant, marionnette des USA, qu’un jeune manifestant, Benno Ohnesorg est tué par un policier le 2 juin 1967. Les manifestations qui s’ensuivront marquent la véritable naissance de l’APO.

La mort de Benno Ohnesorg

11 avril 1968 – Mort de Rudi Dutschke, première action de guérilla urbaine

Pâques 1968: des dizaines de milliers de manifestants, ainsi que des délégations de nombreux pays se réunissent à Berlin-Ouest pour un grand congrès contre la guerre du Viêt-Nam et pour la révolution mondiale. Le 2 avril, des bombes incendiaires explosent dans la nuit dans deux grands magasins de Francfort. Deux jours plus tard Andreas Baader, Gudrun Ennslin, Thorwald Proll, Horst Söhnlein sont arrêtés. Au cours de leur procès, ils déclareront avoir provoqué l’incendie pour protester contre l’indifférence vis-à-vis du génocide au Viêt-Nam. Ulrike Meinhof, rédactrice en chef de la célèbre revue de gauche Konkret, prend leur défense.

Le 11 avril 1968, un fasciste tire trois balles dans la tête de Rudi Dutschke. C’est le résultat d’une campagne de presse hystérique de la presse du magnat Springer. Dans toute la R.F.A., les universités sont occupées, et le bilan des manifestations est lourd: un millier d’arrestations, des centaines de blessés, deux morts. Le 15 mai, le parlement approuve les lois d’urgence qui donneront au gouvernement des pouvoirs extraordinaires ‘en cas de guerre et de tension interne‘.

Rudi Dutschke

Incendie à Francfort

Manifestation contre Springer

Octobre 1968 – Premier procès

Le 31 octobre 1968, le tribunal de Francfort condamne les quatre auteurs de l’incendie de Francfort à trois ans de prison ferme, la plus forte prononcée jusqu’alors en RFA pour un acte politique. Le 13 juin 1969, ils bénéficient de la liberté provisoire mais, risquant une nouvelle incarcération, Baader, Ennslin et Proll se réfugient à Paris.

Procès à Francfort

14 mai 1970 – Naissance de la RAF, libération d’Andreas Baader

En août 1969, le SDS s’auto dissout, et en septembre survient une vague sans précédent de grèves sauvages.

Le groupe revient en R.F.A. mais le 4 avril 70, Andreas Baader est arrêté à Berlin-Ouest au cours d’un contrôle de routine. Le 14 mai, il est libéré par un commando armé (un fonctionnaire est blessé dans l’action): c’est la naissance officielle de la RAF qui écrit à la revue 883 un texte intitulé Construire l’armée rouge où l’on peut lire: ‘camarades du 883, cela n’a pas de sens que de vouloir expliquer ce qui est juste aux mauvaises personnes. Nous l’avons déjà fait assez longtemps comme cela. L’action de libération d’Andreas Baader, nous n’avons pas à l’expliquer aux radoteurs intellectuels, aux peureux, à ceux qui savent tout, mais à la partie potentiellement révolutionnaire du peuple.‘ La RAF se réfère aux familles nombreuses, aux jeunes travailleurs et apprentis… tous ceux qui ne sont pas touchés par la consommation, les crédits, les contrats logements. L’action est annoncée mais comme la première action d’un nouveau type en R.F.A., et le texte se conclu par ces mots d’ordre: ‘développer les luttes de classe, organiser le prolétariat, commencer avec la résistance armée à construire l’armée rouge!‘.

Construire l’armée rouge (lien1)

Construire l’armée rouge (lien2)

Construire l’armée rouge – format pdf

Die Rote Armee aufbauen! (texte original en allemand)

Juin-août 1970 – Le passage dans les camps palestiniens

De juin à août 1970, plusieurs militants de la RAF (Horst Mahler, Andreas Baader, Gudrun Ensslin, Ulrike Meinhof, Peter Homann et Brigitte Asdonk) séjournent dans un camp palestinien en Jordanie. Ils y mènent des discussions avec des représentants de la gauche révolutionnaire palestinienne et acquièrent une formation à la guérilla.

Au camp du FPLP

Fin 1970-Début 1971 – Opérations logistiques et financières, premières arrestations

La RAF réussit ensuite une série d’opérations financières et logistiques: attaque de trois banques à Berlin-Ouest le même jour (le 29 septembre 1970); effraction nocturne avec saisie de tampons officiels et des passeports dans la mairie de Neustadt (16 novembre) et à Lang-Gons (21 novembre); attaque d’une banque à Kaiserlautern (22 décembre, un policier est tué dans l’opération); attaque de deux caisses d’épargne à Kassel (15 janvier 1971). Fin 1970 – début 1971, la police arrête Horst Mahler, Ingrid Schubert, Monika Berberich, Brigitte Asdonk, Irene Goergens, Astrid Proll, Hans-Jürgen Bäcker et Margrit Schiller.

Affiche de recherche

Avril 1971 – ‘Conception de la guérilla urbaine’

En avril 1971, la RAF rend public un remarquable texte manifeste intitulé Conception de la guérilla urbaine.

La peur a traversé le dos des dominants, qui pensaient déjà avoir tout en main, cet Etat et tous ses habitants et classes et contradictions, et réduit les intellectuels à leurs revues, enfermé les gauchistes dans leurs cercles, désarmé le marxisme-léninisme. La structure de pouvoir qu’ils représentent n’est pourtant pas aussi vulnérable que leur effarouchement peut nous le laisser penser. Leurs vociférations ne doivent permettre de nous surestimer. Nous affirmons que l’organisation de groupes armés de résistance est actuellement juste, possible et justifiée en République fédérale et à Berlin-Ouest, qu’il est juste, possible et justifié de mener id est maintenant la guérilla urbaine. Que la lutte armée comme ‘plus haute forme du marxisme-léninisme’ (Mao) peut et doit commencer maintenant, que sans cela il n’y a pas de lutte anti-impérialiste dans la métropole.

La RAF analyse sévèrement la situation en R.F.A. ‘Sous le couvert de ‘l’intérêt général’ le dirigisme étatique tient en bride les bureaucraties syndicales par le biais des contrats de progrès des salaires et la concertation. (…) Participant avec l’aide militaire et économique aux guerres d’agression des USA, la République fédérale profite de l’exploitation du tiers-monde sans avoir la responsabilité de ces guerres, sans avoir affaire avec une opposition intérieure. Pas moins agressive que l’impérialisme US, mais moins attaquable. Les possibilités politiques de l’impérialisme ne sont épuisées ni dans leur variante réformiste, ni dans leur variante fasciste, ses capacités d’intégrer ou d’opprimer les contradictions qu’il produit lui-même ne sont pas terminées. Le concept de guérilla urbaine de la fraction armée rouge ne se base pas sur une estimation positive de la situation en République fédérale et à Berlin-Ouest.

La RAF affirme que même si le mouvement étudiant a vu ses origines bourgeoises le rattraper, il ne faut pas le sous-estimer car il ‘a reconstruit le marxisme-léninisme comme arme dans la lutte de classe et a posé le contexte international pour le combat révolutionnaire dans les métropoles‘. Mais la RAF affirme qui faut aller plus loin: ‘II n’y aura pas de rôle dirigeant des marxistes-léninistes dans les futurs luttes de classes si l’avant-garde ne tient pas elle-même la bannière rouge de l’internationalisme prolétarien et si l’avant-garde ne répond pas elle-même à la question de savoir comment sera érigé la dictature du prolétariat, comment le pouvoir politique du prolétariat doit être exigé, comment le pouvoir de la bourgeoisie doit être brisé, si elle n’est pas prête avec une pratique à y répondre. L’analyse de classe dont nous avons besoin n’est pas à faire sans pratique révolutionnaire, sans initiative révolutionnaire‘. Et de se revendiquer de la primauté de la pratique: ‘Sans pratique, la lecture du ‘Capital’ n’est qu’une étude bourgeoise. Sans pratique, tes déclarations politiques ne sont que du baratin. Sans pratique, l’internationalisme prolétarien n’est qu’un mot ronflant. Prendre théoriquement le point de vue du prolétariat, c’est le prendre pratiquement.

Car la RAF veut ouvrir une nouvelle ligne de front: ‘S’il est juste que l’impérialisme américain soit un tigre de papier, c’est-à-dire qu’en dernier recours il peut être vaincu; et si la thèse des communistes chinois est juste, que la victoire sur l’impérialisme américain est devenue possible par le fait que dans tous les coins et bouts du monde la lutte soit menée contre lui, et qu’ainsi les forces de l’impérialisme soient éparpillées et que par cet éparpillement il soit possible de l’abattre – si cela est juste, alors il n’y a aucune raison d’exclure un pays quel qu’il soit ou une région quelle qu’elle soit parce que les forces de la révolution sont particulièrement faibles, les forces de la réaction particulièrement fortes (…). La guérilla urbaine part du principe qu’il n’existe pas d’ordre de marche prussien où beaucoup de soi-disant révolutionnaires voudraient guider le peuple dans la lutte révolutionnaire. Part du principe que lorsque la situation sera mûre pour la lutte armée il sera trop tard de la préparer.’

La légalité est l’idéologie du parlementarisme, du partenariat social, de la société pluraliste. Elle devient un fétiche quand ceux qui s’en targuent ignorent que les téléphones peuvent être légalement écoutés, le courrier légalement contrôlé, les voisins légalement interrogés, les indics légalement payés, que l’on peut légalement surveiller – que l’organisation du travail politique, si elle ne veut pas être mise hors circuit de manière permanente par l’attaque de la police politique, doit être en même temps légale et illégale (…) Qui n’a pas réalisé que les conditions de la légalité, avec la résistance active, se modifient nécessairement et qu’il est pour cela nécessaire d’utiliser la légalité pour la lutte politique et en même temps pour organiser l’illégalité, et qu’il est faux d’attendre l’illégalisation comme un coup du sort imposé par le système, parce que l’illégalisation signifie l’écrasement immédiat, et que la question est alors réglée. La fraction armée rouge organise l’illégalité comme position offensive pour l’intervention révolutionnaire. Mener la guérilla urbaine, c’est mener la lutte anti-impérialiste de manière offensive. La fraction armée rouge pose le lien entre lutte légale et illégale, lutte nationale, lutte politique, lutte armée, et la définition tactique et stratégique du mouvement communiste international. La guérilla urbaine c’est malgré la faiblesse des forces révolutionnaires en République fédérale et Berlin-Ouest intervenir ici et maintenant de manière révolutionnaire!‘.

Jaquette du livre ‘Conception de la guérilla urbaine

Conception de la guérilla urbaine

Conception de la guérilla urbaine – format pdf

Das Konzept Stadtguerilla (texte original allemand, lien)

15 juillet 1971 – Mort de Petra Schelm

Le 15 juillet 1971, la police abat une militante de la RAF, Petra Schelm, et arrête Werner Hoppe.

Petra Schelm

Début 1972 – Nouvelles fusillades, nouvelles arrestations

Le 17 janvier 1972 survient un échange de coups de feu au cours d’un contrôle de police. Selon la police, Andreas Baader était dans la voiture, ce qui donne lieu à une campagne de presse monstre. Le 2 mars 72, la police abat à Augsburg Thomas Weisbecker, un militant de la RAF qui n’était pas armé. Le 3 mars, lors d’une fusillade, un commissaire de police est tué et une militant de la RAF, Manfred Grashof, est grièvement blessé. Un autre militant, Wolfgang Grundmann est arrêté à cette occasion.

Affiche militante

Avril 1972 – ‘Guérilla urbaine et lutte de classe’

En avril 1972, la RAF rend public Guérilla urbaine et lutte de classe. La RAF y analyse la grève des travailleurs du secteur chimique, la militarisation de la lutte de classe, l’actualité objective de la question sociale, les liens entre les trusts et l’Etat, les différents réformismes, la possibilité et la fonction de la guérilla urbaine.

11 mai 1972 – Action contre un QG de l’armée américaine à Francfort

Le 11 mai 1972, trois bombes (80 kg de TNT) explosent dans le quartier général du 5ème Corps US à Francfort. Un officier est tué, treize soldats sont blessés. Le commando Petra Schelm de la RAF revendique l’action: ‘L’Allemagne de l’Ouest et Berlin-Ouest ne doivent plus être un arrière-pays tranquille pour les stratèges de la destruction du Viêt-Nam. Ils doivent savoir que leurs crimes contre le peuple vietnamien leur ont amené de nouveaux ennemis décidés, qu’il n’y aura plus aucun endroit au monde où ils seraient en sécurité des attaques des unités et de la guérilla révolutionnaire.

Action contre une base de l’armée à Francfort

Communiqué du Commando Petra Schelm (lien1)

Communiqué du Commando Petra Schelm (lien2)

12-16 mai 1972 – Actions contre la police et la justice

Le 12 mai 1972, le commando Thomas Weisbecker de la RAF fait exploser deux bombes à la direction de la police d’Augsbourg (six blessés) et sur le parking de la police criminelle de Munich (dix blessés et 100 voitures détruites, photo). Le 16 mai 1972, une bombe vise Buddenberg, juge à Karlsruhe, que le commando Manfred Grashof de la RAF rend responsable de la narcotisation forcée de la prisonnière Carmen Roll et des conditions d’isolement. La RAF exige l’application de la Convention des Droits de l’Homme (Genève) et de la Charte des Nations Unies en ce qui concerne le droit des prisonniers.

Action à Münich contre la police et la justice

Communiqué du Commando Thomas Weisbecker

19 mai 1972 – Action contre le groupe de presse Springer

Le 19 mai 1972, la RAF fait exploser deux bombes au siège des éditions Springer. Il y a 34 blessés dont de nombreux travailleurs. A deux reprises pourtant, des appels téléphoniques prévenaient de l’action. Cette dernière est revendiquée par le commando 2 juin de la RAF, qu’il ne faut pas confondre avec le Mouvement du 2 Juin, (un groupe de guérilla urbaine qui avait une conception organisationnelle décentralisée et une orientation politique socialiste-révolutionnaire, dont le nom fait également référence à l’assassinat de Benno Ohnsorg). Cinq jours plus tard, dans une lettre à la radio allemande, le commando regrette que des travailleurs aient été blessé et accuse Springer d’avoir pris clairement le risque de blesser ou tuer des ouvriers en n’écoutant pas leurs avertissements.

24 mai 1972 – Action contre un QG de l’armée américaine à Heidelberg

Le 24 mai 1972, le Commando 15 juillet de la RAF attaque à l’explosif le quartier général du Corps d’armée US stationnée à Heidelberg, et détruit l’ordinateur central coordonnant les bombardements américains au Nord Viêt-Nam. Trois soldats US sont tués. Le communiqué rappelle que plus de bombes ont été déversées sur le Viêt-Nam que sur le monde entier durant toute de la seconde guerre mondiale. Les bombardements sont interrompus pendant quelques jours et cette action aura un retentissement immense.

Communiqué du Commando du 15 juillet (lien 1)

Communiqué du Commando du 15 juillet (lien 2)

Mai 1972 – Campagne de presse contre la RAF

Le 31 mai 1972, la presse Springer annonce que la RAF veut faire sauter des bombes dans la ville de Stuttgart. La campagne de guerre psychologique ne cessera plus: on accusera la RAF de vouloir tirer des roquettes sur les stades lors des matchs de football, de vouloir prendre des enfants en otage, de vouloir empoisonner l’eau potable, etc. Cette guerre psychologique vise le capital de sympathie accumulé par la RAF: un sondage indique que 20% des allemands accepteraient de subir des poursuites judiciaires pour pouvoir cacher un membre de la RAF…

Campagne de presse contre la RAF

Juin 1972 – Vague d’arrestations

Le 1er juin 1972, Andreas Baader, Holger Meins et Jan-Cart Raspe sont arrêtés lors d’une opération spéciale: 300 policiers équipés de pistolets-mitrailleurs, avec l’aide d’un blindé, les arrêtent dans la banlieue de Francfort. Les trois militants sont blessés (Baader grièvement) dans un échange de coups de feu. Le 15 juin, Ulrike Meinhof et Gerhard Müller sont arrêtés dans la banlieue de Hanovre, suite à la dénonciation d’un syndicaliste social-démocrate qui les avait hébergés. D’autres arrestations suivent: Gudrun Ennslin, Brigitte Monhaupt, Bernard Braun, Gerhard Müller, Irmgard Möller, Klaus Jünschke,…

Arrestation de Baader

Septembre 1972 – Action palestinienne à Munich

Le 5 septembre 1972, huit combattants palestiniens prennent en otage neuf sportifs israéliens aux Jeux Olympiques à Munich, et propose de les échanger contre 200 personnes détenues en Israël. Les autorités feignent de négocier, mais tendent une embuscade à l’aéroport: neuf israéliens, cinq palestiniens et un policier allemand meurent dans la fusillade.

Le 7 septembre l’aviation israélienne bombarde les camps de réfugiés au Liban et tue 200 civils.

En novembre, la RAF rend public à cette occasion un texte exposant que la stratégie de la lutte anti-impérialiste amène la lutte dans le centre. Le document analyse la signification du Proche-Orient pour l’impérialisme, conçoit l’impérialisme comme unité des contradictions, étudie les rapports entre impérialisme et tiers-monde, traite des mouvements de libération anti-impérialiste, de l’opportunisme dans la métropole de l’exploitation, de la consommation de masse, des mass-médias, de la domination du système 24 heures sur 24, du sujet révolutionnaire, du fascisme et de l’antifascisme, de l’antifascisme et de l’anti-impérialisme.

Action palestinienne à Münich

1972 – La torture blanche

En prison, les militants de la RAF subissent un traitement spécial scientifiquement établi pour leur destruction: isolement, promenade les mains liées pendant des années, des mois de sections silencieuses, des anesthésies de force. Cette torture blanche est issue d’un programme de recherche nommé ‘camera silens’: le prisonnier est dans une cellule sans fenêtre ni lumière du jour, la lumière artificielle s’allume de telle manière à briser le cycle du sommeil du prisonnier, les murs sont blancs afin de briser la vue, la cellule est totalement insonorisée. Ulrike Meinhof tentera d’expliquer les sensations produites par la torture blanche: ‘le sentiment que ta tête explose’, ‘on ne peut pas expliquer si l’on tremble de fièvre ou de froid – on gèle’, ‘on ne peut plus identifier la signification des mots, seulement deviner – l’utilisation de lettres en sch (ch,. ss, z, s) est absolument insupportable’, ‘la construction de la phrase, la grammaire, la syntaxe, on ne contrôle plus rien’, ‘le sentiment qu’on t’a enlevé la peau‘.

Ulrike Meinhof

Janvier-février 1973 – Première grève de la faim

Le 17 janvier 1973, quarante prisonniers entrent en grève de la faim en revendiquant la fin de l’isolement, et en particulier la sortie d’Ulrike Meinhof de ‘l’aile morte’ de la prison de Cologne-Ossendo. La grève de la faim est ‘durcie’ par l’Etat qui cesse de donner de l’eau aux prisonniers. Mais le 9 février, Meinhof est placée dans une cellule isolée d’une prison masculine où elle peut entendre des bruits humains. La grève prend fin le 12 février.

Mai 1973 – Deuxième grève de la faim

Le 8 mai 1973, deuxième grève de la faim. 40 prisonniers politiques revendiquent les mêmes droits que les autres prisonniers, et une information politique libre. A nouveau, la distribution d’eau est supprimée à certains prisonniers, dont Andreas Baader. La grève se termine le 29 juin 1973.

Affiche de solidarité

Fin 1974 – Nouvelles arrestations, premier procès

Margrit Schiller, qui avait été libérée l’année précédente et qui avait repris la lutte est arrêtée une nouvelle fois. Sont aussi arrêtés Christa Eckes, Helmut Pohl, Ilse Stachowiak, Eberhard Becker, Wolfgang Beer,… Le 10 septembre 1974: début du procès contre Horst Mahler et Ulrike Meinhof, qui développe le 13 septembre un discours sur la lutte armée et l’usage par la contre-révolution de la guerre psychologique contre le peuple. Horst Mahler est condamné à 14 années de prison (dissocié et repenti, il sera libéré en 80 et adoptera des positions de plus en plus réactionnaires), Ulrike Meinhof à huit années.

Affiche pour le procès

Déclaration d’Ulrike Meinhof au procès (lien1)

Déclaration d’Ulrike Meinhof au procès (lien2)

Septembre-novembre 1974 – Troisième grève de la faim, mort d’Holger Meins

Le 13 septembre 1974 commence la troisième grève de la faim, qui dure jusqu’au 5 février 1975. Contre l’élimination des prisonniers politiques, la RAF rappelle que la grève de la faim est la seule possibilité de résistance collective, de se défendre, psychiquement et physiquement: ‘Lutter, c’est faire de faiblesses une force’. Le 9 novembre 1974, Siegfried Haag, avocat de Holger Meins, se rend à la prison de Wittich. Il n’obtient l’autorisation de le voir qu’après de nombreuses démarches. Il raconte: ‘Holger Meins est amené sur un brancard par deux gardiens. Ils déposent le brancard tout près de la porte ouverte, à côté de deux cartons renfermant des dossiers de sa défense et une bouteille d’eau, puis ils se retirent. Holger Meins a les yeux clos, il n’est pas capable de se remuer, il ne peut même pas replier ses jambes. C’est un squelette. Un mètre quatre-vingt-cinq environ. Quarante-deux kilos seulement. Ils lui ont bourré les pantalons de papier. Holger ne peut plus parler. Il peut difficilement murmurer quelques mots en s’interrompant. Pendant plusieurs instants, il ne semble pas entendre.‘ Le même jour, l’avocat Klaus Croissant, prévenu de l’état très grave de Meins, porte lui-même une lettre au président du tribunal, le sommant de permettre que des médecins de confiance puissent se rendre auprès de lui. A 18 heures, Croissant reçoit un télégramme lui apprenant la mort de Holger Meins. Le 12 novembre 1974, le président du tribunal de grande instance de Berlin, Von Drenkmann, est exécuté. Le 21 novembre 1974, une bombe explose devant le domicile de Gerd Ziegler, juge du tribunal de Hambourg.

Holger Meins

Cadavre de Holger Meins

Affiche pour Holger Meins

Déclaration d’entrée en grève de la faim (lien1)

Déclaration d’entrée en grève de la faim (lien2)

Holger Meins sur le nutrition forcée

Holger Meins: ‘Combattre jusqu’au bout, même ici’

20 janvier 1975 – L’interview au Spiegel

Le 20 janvier 75, l’hebdomadaire Spiegel publie une grande interview des prisonniers de la RAF détenus à la prison de Stammheim (photo). Les prisonniers y exposent leur vision de la R.F.A.: ‘Centre impérialiste. Colonie américaine. Base militaire américaine. Puissance dirigeante impérialiste en Europe et dans le Marché Commun. Deuxième puissance militaire de l’OTAN. Représentant patenté des intérêts de l’impérialisme américain en Europe de l’Ouest. La fusion de l’impérialisme ouest-allemand (politiquement, économiquement, militairement, idéologiquement fondé sur les mêmes intérêts d’exploitation du Tiers-Monde, ainsi que sur l’homogénéité des structures sociales au moyen de la concentration des capitaux et de la culture de consommation) avec l’impérialisme américain caractérise la position de la République fédérale vis-à-vis des pays du Tiers-Monde: en tant que parti dans les guerres conduites contre eux par l’impérialisme américain, en tant que ‘ville’ dans le processus révolutionnaire mondial d’encerclement des villes par les campagnes. Dans cette mesure, la guérilla dans les métropoles est une guérilla urbaine aux deux sens du terme: géographiquement, elle surgit, opère et se développe dans les grandes villes, et au sens stratégique et politico-militaire, elle est une guérilla urbaine car elle s’attaque de l’intérieur à la machine répressive de l’impérialisme dans les métropoles, elle combat comme unité de partisans sur les arrières de l’ennemi. C’est ce que nous entendons aujourd’hui par internationalisme prolétarien. En un mot: la République fédérale faisant partie du système étatique de l’impérialisme américain, n’est pas une Nation opprimée mais une Nation qui opprime. Dans un tel Etat, le développement du contre-pouvoir prolétarien et de sa lutte de libération, le démantèlement complet des structures dominantes, de pouvoir, ne peuvent être, dès leurs débuts, qu’internationalistes, ne sont possibles qu’en relation tactique et stratégique avec les luttes de libération des Nations opprimées.

Historiquement: depuis 1918-1919, la bourgeoisie impérialiste – son Etat – possède l’initiative dans le déroulement des luttes de classe en Allemagne et est à l’offensive contre le peuple; et cela jusqu’à ce que les organisations du prolétariat se soient trouvées totalement défaites dans le fascisme jusqu’à la défaite de l’ancien fascisme, défaite due non pas à la lutte armée, mais aux alliés occidentaux et à l’armée soviétique. Dans les années 20, il y a eu la trahison de la Troisième Internationale: alignement total des partis communistes sur l’Union Soviétique, qui se trouve à l’origine de l’incapacité du K.P.D. (parti communiste d’Allemagne) d’en venir à une politique orientée vers la révolution par la lutte armée et la conquête prolétarienne du pouvoir politique. Après 1945, il y a eu l’offensive lavage de cerveau de l’impérialisme américain contre le peuple au moyen de l’anticommunisme, de la culture de consommation, de la restauration-refascisation politique, idéologique, et finalement militaire sous la forme de guerre froide et d’une R.D.A. (République Démocratique Allemande) qui n’a pas développé la politique communiste comme guerre de libération. Il n’y a pas eu ici de résistance antifasciste, de masses armées comme en France, Italie, Yougoslavie, Grèce, Espagne, même Hollande. Les conditions pour cela ont été immédiatement brisées par les alliés occidentaux après 1945. Tout cela signifie pour nous et pour la gauche légale, ici: il n’y a rien à quoi nous rattacher, sur quoi nous appuyer historiquement, il n’y a rien que nous puissions présupposer d’une manière ou d’une autre en termes organisationnels ou de conscience prolétarienne, pas même des traditions démocratiques républicaines. Au plan de la politique intérieure, il s’agit là d’un des motifs qui rend possible sans retenue le processus de fascisation, la surcroissance et l’excroissance de l’appareil policier, de la machine de sûreté de l’Etat comme police de l’Etat dans l’Etat, la suppression factice de la division des pouvoirs, la promulgation de lois d’exception fascistes dans le cadre du programme de ‘sécurité interne’ – depuis les lois d’urgence jusqu’aux lois d’exception actuelles qui permettent le déroulement de procès sans accusés ni défenseurs, comme pure entreprise de spectacle, mais également l’exclusion de ‘radicaux’ des services publics, l’élargissement des compétences de l’Office de police criminelle. Une démocratie qui n’a pas été conquise, qui n’est pour le peuple qu’un bourrage de crâne et n’a pas de base de masse, ne peut pas être défendue et ne l’est pas non plus.’

Les prisonniers exposent les effets politiques de l’action de la RAF:

1° au niveau où beaucoup, modifiant leur opinion sur cet Etat étant donné les mesures prises par le gouvernement contre nous, commencent à le reconnaître pour ce qu’il est: la machine répressive de la bourgeoisie impérialiste;

2° au niveau où nombreux sont ceux qui, s’identifiant avec notre lutte, devenant conscients et relativisant dans leur pensée, leur sensibilité et finalement dans leur action, l’absolutisme de pouvoir du système, reconnaissent ce qu’il est possible de faire, que le sentiment d’impuissance ne reflète pas la réalité objective;

3° au niveau de l’internationalisme prolétarien, de la conscience de la relation entre des luttes de libération dans le Tiers-Monde et ici, de la possibilité et de la nécessité de collaborer légalement et illégalement.

Au niveau de la praxis: qu’il ne suffit pas seulement de parler, mais qu’il est possible et nécessaire, nécessaire et possible d’agir. (…)

Aucun révolutionnaire ne pense à renverser seul le système, c’est absurde. Il n’y a pas de révolution sans le peuple. De telles affirmations contre Blanqui, Lénine, Che Guevara, contre nous maintenant n’ont jamais été autre chose que la dénonciation de toute initiative révolutionnaire, la référence aux masses ayant pour fonction de justifier, de vendre la politique réformiste. Il ne s’agit pas de lutter seul, mais de créer à partir des luttes quotidiennes, des mobilisations et des processus d’organisation de la gauche légale, une avant-garde, un noyau politico-militaire qui devra mettre en place une structure illégale – condition préalable, nécessaire à la possibilité d’agir et qui, étant donné les poursuites et l’illégalité, et la praxis peut donner aux luttes légales dans les usines, les quartiers, la rue et les universités orientation, force et but pour atteindre ce dont il s’agira dans les développements de la crise économique et politique de l’impérialisme: la prise du pouvoir politique. La perspective de notre politique – le développement pour lequel nous nous battons: un fort mouvement de guérilla dans les métropoles – est, au cours de ce processus de chute définitive et d’écroulement de l’impérialisme américain, un moyen nécessaire, une étape, dans la mesure où les luttes légales et les luttes qui se développeraient spontanément à partir des contradictions du système pourraient être brisées par la répression dès qu’elles se manifestent. Ce que le parti de cadres bolcheviques représentait pour Lénine, correspond à l’époque de l’organisation multinationale du capital, des structures transnationales de la répression impérialiste à l’intérieur et à l’extérieur, où nous nous trouvons aujourd’hui, à l’organisation du contre-pouvoir prolétarien issu de la guérilla. Au cours de ce processus – national et international – elle se développe en parti révolutionnaire.’

Les prisonniers décrivent les traitements spéciaux dont ils font l’objet et dénoncent: Holger Meins ‘a été exécuté sciemment par une sous-nutrition systématique, la nutrition artificielle était, dès le début, à la prison de Wittlich une méthode pour assassiner. Au début, brutale, directe, violente, pratiquée pour briser la volonté, et par la suite pratiquée seulement en apparence. 400 calories par jour: il s’agit seulement d’une question de temps, de jours, jusqu’à ce que l’on meurt. Le procureur fédéral Büback et les services de sécurité ont manigancé cela en s’arrangeant pour que Holger Meins reste à la prison de Wittlich, jusqu’à ce qu’il soit mort. Le 21 octobre, le tribunal (O.L.G.) de Stuttgart avait ordonné le transfert de Holger Meins à Stuttgart au plus tard le 2 novembre. Dès le 24 octobre, Büback, procureur fédéral, faisait savoir au tribunal de Stuttgart que la date du transfert ne pouvait pas être respectée par les services de sûreté de l’Etat: cette information n’a toutefois été rendue publique qu’après la mort de Holger Meins. Pour terminer, le médecin de la prison Hutter a cessé complètement la nutrition artificielle et est parti en voyage. Il faut également préciser que l’Office fédéral de police criminelle était informé sur l’état des prisonniers, pendant toute la durée de la grève de la faim, par les directions des prisons. Il faut souligner que Hutter, avant qu’il ne se retire, parce que Holger était mourant, a demandé à Degenhardt de lui assurer qu’il ne ferait l’objet d’aucune plainte – de la même manière, toutes les plaintes portées contre Degenhardt ont été annulées. Degenhardt est le médecin qui, durant l’été 1973, pendant la seconde grève de la faim à Schwalmstadt, a supprimé l’eau ‘pour raisons médicales’ pendant neuf jours, jusqu’au coma.

A la question du Spiegel La mort de Holger Meins a-t-elle été une opportunité pour le collectif R.A.F.? ‘, les prisonniers répondent: ‘Cela, c’est de la projection fasciste; la réflexion de quelqu’un qui ne peut plus penser autrement qu’en termes de marché: le système qui réduit toute vie humaine à de l’argent, de l’égoïsme, du pouvoir, de la réussite. Comme le Che, nous disons: ‘LE GUERILLERO NE DOIT RISQUER SA VIE QUE SI CELA EST ABSOLUMENT NECESSAIRE, MAIS DANS CE CAS SANS HESITER UN SEUL INSTANT.’ Et cela est tout à fait vrai pour la mort de Holger Meins: ‘la résonance de l’histoire’, celle qui s’est éveillée par la lutte armée anti-impérialiste, est entrée dans l’histoire des peuples du monde. Elle a ‘été une opportunité’, cela veut dire qu’elle a brisé le boycott de l’information. Car, si beaucoup de gens ne s’éveillent seulement que lorsque quelqu’un est assassiné et à partir de ce moment commencent seulement à comprendre de quoi il s’agit, c’est que vous en êtes également responsable. C’est ainsi que le Spiegel a passé sous silence pendant huit semaines la grève de la faim de quarante prisonniers politiques afin d’empêcher solidarité et protection.‘ Et quand le Spiegel se demande s’ils sont préparés à d’autre cas mortels, les prisonniers répondent: ‘Büback attend ça dans son bureau.‘ Le 5 février 1975, les prisonniers arrêtent la grève de la faim.

La prison de Stammheim

Interview au Spiegel

27 février 1975 – Enlèvement de Peter Lorenz

Le 27 février 1975, deux jours avant les élections, le Mouvement du 2 juin enlève Peter Lorenz, député libéral et candidat à la mairie de Berlin-Ouest, et propose de le libérer contre la libération de Rolf Pohle, Verena Becker, Rolf Heissler, Gabi Kröcher-Tiedemann et Horst Mahler. Horst Mahler refusera d’être libéré mais les autres militants peuvent trouver refuge au Yemen socialiste, tandis qu’à Berlin, le Mouvement du 2 juin libère Peter Lorenz.

Symbole du Mouvement du 2 Juin

Programme du Mouvement du 2 Juin

24 avril 1975 – Attaque de l’ambassade d’Allemagne à Stockholm

Le 24 avril 1975, peu avant midi, le commando Holger Meins de la RAF occupe l’ambassade de R.F.A. à Stockholm, prend en otage douze fonctionnaires, et réclame la libération de 26 prisonniers. La police attaque le bâtiment: deux fonctionnaires (dont l’attaché militaire, le comte Andreas von Mirbach) sont tués ainsi qu’un membre de la RAF, Ulrich Wessel. Un autre membre du commando, Siegfried Hausner, est grièvement blessé et contre l’avis des médecins suédois est immédiatement transporté en R.F.A.. Il n’est pas amené à l’hôpital mais à la station intensive de la prison de Stammheim, sur ordre de Büback, où il meurt faute des soins adéquats le 4 mai. Sont aussi capturés à Stockholm et extradés en R.F.A.: Karl-Heinz Dellwo, Lutz Taufer, Bernhard Rößner et Hanna Krabbe.

Ambassade d’Allemagne

Genscher à Stockholm

21 mai 1975 – Début du procès de Stammheim

Le procès d’Andreas Baader, Gudrun Ennslin, Jan-Carl Raspe et Ulrike Meinhof s’ouvre le 21 mai 1975 dans une annexe de la prison de Stuttgart-Stammheim construite pour l’occasion sur le budget de la Sûreté de l’Etat. C’est une forteresse de béton de 150 millions de marks gardée par des policiers de trois Länders. C’est au cours du même mois que le défenseur de Gudrun Ensslin déposera la première demande de récusation pour présomption légitime du juge Theodor Prinzing qui préside le tribunal. Elle sera suivie de 84 requêtes identiques. Au procès, les militants se positionnent en prisonniers de guerre et exigent que l’intégralité des actions contre les bases US soient considérées comme une partie de la guerre du Viêt-Nam. En août, les avocats réclament une expertise médicale, assurant que leurs clients sont incapables, en raison de leur état de santé, de suivre le débat. Le procureur lit alors l’acte d’accusation en l’absence des inculpés e de leurs défenseurs. Plus tard, les médecins estiment qu’ils ne peuvent suivre les débats que trois heures par jour. En septembre, les experts médicaux jugent les accusés inaptes à assister aux débats. Le tribunal décide alors que le procès peut se poursuivre en leur absence et la cour de justice fédérale le suit dans ses conclusions. Le travail des avocats est rendu impossible: la presse Springer reçoit des dossiers que les services du procureur refuse de communiquer aux défenseur; les dossiers sont caviardés et truqués; les défenseurs sont surveillés jour et nuit; leur courrier contrôlé et leur téléphone écouté. Les avocats subissent des sanctions disciplinaires de la part de leur Ordre parce qu’ils dénoncent les conditions de détention des prisonniers et le 23 juin, quatre d’entre eux sont perquisitionnés et deux (Klaus Croissant et Hans-Christian Ströbele) passent quelques semaines en prison.

Stammheim

Fin 1975-Début 1976 – Nouvelles lois répressives

Hiver 1975: le parlement approuve une loi qui subordonne l’appartenance à un parti, même légal, à la fidélité à la constitution: c’est la consécration définitive des Berufsverbote (interdiction de travail), de l’exclusion de la fonction publique de tous ceux qui ne donnent pas de preuves suffisantes de leur fidélité à la constitution. Etre soupçonné d’être militant du Parti Communiste (simplement toléré en R.F.A., il ne sera légalisé qu’en 81) bloque toute possibilité de devenir instituteur ou cheminot.

Janvier 1976: le parlement vote une nouvelle série de lois répressives, à caractère préventif.

9 mai 1976 – Assassinat d’Ulrike Meinhof

Le 9 mai 1976, les autorités annoncent qu’Ulrike Meinhof a été retrouvée ‘suicidée’ dans sa cellule. Ce suicide est totalement exclu par les militants de la RAF: Ulrike Meinhof a été tuée en raison de son importance au sein de la RAF. Peu avant, se sachant menacée, elle avait dit à sa soeur que si on lui annonçait sa mort, c’est que les autorités l’auraient assassinée. Les jours qui suivent ce meurtre sont marqués par des centaines d’actions de protestations dans le monde entier (actions armées en France, Australie, R.F.A., Italie, Grèce,…).

Ulrike Meinhof

Ulrike Meinhof: Débat sur la ‘position de classe’

Ulrike Meinhof sur la situation de la RFA

Ulrike Meinhof sur l’histoire de la RFA et de la gauche traditionnelle

Déclaration de Jan-Carl Raspe sur la mort d’Ulrike (lien1)

Déclaration de Jan-Carl Raspe sur la mort d’Ulrike (lien2)

Fin 1976-Début 1977 – Actions et réactions autour du procès

Le 29 mai 1976, la ‘loi anti-terreur’ est votée. Elle modifie la définition de ‘formation d’association terroriste’ et renforce le contrôle du courrier entre les prisonniers et les avocats.

Le 1er juin 1976, attentat contre le quartier général des forces américaines à Francfort (16 blessés). Le 10 juin 1976, l’avocat Langner défenseur de la militante de la RAF Margaret Schiller, fait l’objet d’un attentat fasciste (un mort et cinq blessés). Le 30 novembre, arrestation de Siegfried Haag et Roland Mayer.

En octobre, le procureur annonce son réquisitoire dans lequel il considère les inculpés comme des prisonniers de droit commun et réclame la réclusion à perpétuité pour chacun d’eux. En janvier 1977, la présidence du tribunal est retirée au juge Prinzing pour ‘comportement partial’. En mars, on apprend que les services secrets enregistraient toutes les conversations entre les avocats et les prisonniers de Stammheim. Le 8 février, Brigitte Monhaupt (photo) est libérée; elle rejoint la lutte peu de temps après et y jouera un rôle central.

Brigitte Monhaupt

30 mars 1977 – Nouvelle grève de la faim

Les prisonniers commencent une nouvelle grève de la faim le 30 mars 1977. Ils demandent leur regroupement par groupes de 15 à 20 personnes, selon une recommandation des médecins qui les ont observés. Ils demandent aussi des garanties minima sur les prisonniers de guerre.

7 avril 1977 – Action contre le procureur Buback

Le 7 avril 1977, le procureur Buback est exécuté à Karlsruhe par le commando Ulrike Meinhof de la RAF.

Buback

Communiqué du Commando Ulrike Meinhof

Début 1972 – Fin du procès et de la grève de la faim

Le 28 avril, Andreas Baader, Gudrun Ennslin et Jan-Carl Raspe sont condamnés à la détention à vie. Les prisonniers continuent la grève de la faim, mais le 30 avril, le ministre de la justice du Land de Bade-Wurtemberg promet le regroupement. La grève de la faim s’arrête sur un succès. Reste à transférer de nouveaux prisonniers à Stammheim, pour constituer des groupes capables ‘d’interactions sociales’ selon la formule des médecins.

3 mai 1977 – Nouvelle fusillade, nouvelles arrestations

Le 3 mai 1977, Gunter Sonnenberg et Verena Becker (revenue clandestinement du Yemen) sont arrêtés à Singen après un échange de coups de feu avec la police. Gunter Sonnenberg est dans le coma, une balle dans la tête. Ils sont accusés d’avoir participé à l’exécution du Buback. Verena Becker collaborera avec la police quelques temps après.

Le 1er juillet, la RAF attaque une armurerie à Francfort et récupère 18 pistolets et revolvers.

22 juin 1977 – Procès et grève de la faim des prisonniers de Stockholm

Le 22 juin 1977, Lutz Taufer, Kari-Heinz Dellwo, Bernd Rössner et Hanna Krabbe, qui ont été condamnés à la prison à vie pour l’attaque de l’ambassade à Stockholm, commencent une grève de la faim afin d’être transférés dans la même prison que les autres membres de la RAF, à Stuttgart-Stammheim, pour être regroupés avec eux. Verena Becker et Sabine Schmitz poursuivent également une grève de la faim depuis le 24 mai pour les mêmes raisons.

11 juillet 1977 – Début de ‘L’Affaire Croissant’

Le 11 juillet, Klaus Croissant, avocat d’Andreas Baader, persécuté par la police allemande, demande l’asile politique à la France.

Klaus Croissant

30 juillet 1977 – Action contre le banquier Ponto

Le 30 juillet 1977, Jurgen Ponto, président de la Dresdner Bank, est abattu à Bad Hombourg lors d’une tentative d’enlèvement par la RAF.

Action contre Jurgen Ponto

8 août 1977 – Rétablissement de l’isolement, nouvelle grève de la faim

A la suite d’une provocation des gardiens, une partie des prisonniers de Stammheim, qui avaient été amenés pour constituer des ‘groupes capables d’interactions sociales’ conformément aux promesses du ministre de la justice, sont transférés le 8 août dans d’autres prisons. L’isolement est rétabli. Les détenus de Stammheim entament une nouvelle grève de la faim qui est suivie par d’autres prisonniers.

25 août 1977 – Echec d’une action contre le procureur Rebman

Le 25 août, un attentat à la roquette de la RAF est déjoué contre les bureaux du procureur fédéral Rebman à Karlsruhe.

5 septembre 1977 – Enlèvement du ‘patron des patrons’ Schleyer

Le 5 septembre 1977, Hans Martin Schleyer est enlevé par le commando Siegfried Hausner de la RAF. Son chauffeur et ses gardes du corps sont tués dans l’embuscade. Hans Martin Schleyer, ‘patron des patrons’ c’est-à-dire chef des fédérations patronales allemandes, avait milité aux jeunesses hitlériennes et avait été pendant la guerre un responsable de la SS (il avait notamment supervisé le pillage de la Tchécoslovaquie). Après guerre, il avait fait partie du conseil de direction de Daimler-Benz.

L’Etat réagit frénétiquement: 1.200 perquisitions en deux jours, vérification des personnes payant l’électricité, contrôle des identités et des voitures, des camions, des personnes entre 20 et 35 ans sur Interpol, etc. Malgré le fait que l’Etat lui-même reconnaît que l’action n’a pas pu être commandité ‘de l’intérieur’, les contacts avec les prisonniers deviennent impossibles. La RAF propose d’échanger Schleyer contre les prisonniers.

Hans Martin Schleyer

22 septembre 1977 – Nouvelle fusillade, nouvelle arrestation

Le 22 septembre, à Utrecht, Knut Folkerts est arrêté après une fusillade avec la police néerlandaise. Il sera extradé vers la R.F.A.

31 septembre 1977 – Suite de ‘L’Affaire Croissant’

Le 31 septembre 1977, Klaus Croissant est arrêté à Paris. Il sera extradé vers la R.F.A.

13 octobre 1977 – Détournement d’un Boeing allemand par les Palestiniens

Le 13 octobre 1977, un avion de la Lufthansa est détourné de Palma de Majorque par le commando Martyr Halimeh de l’Organisation de Lutte contre l’Impérialisme Mondial, qui exige la libération des prisonniers de la RAF. C’est la première fois que des combattants du Tiers-Monde soutiennent directement les révolutionnaires de la métropole. La nuit du 17 au 18, les policiers d’élite allemands attaquent de l’avion qui s’était posé à Mogadiscio. Trois combattants palestiniens (des militants du FPLP) sont abattus, une quatrième, Souhaila Andrawes Sayeh, grièvement blessée.

Le Boeing 737

La fedayin survivante

17 octobre 1977 – Massacre des prisonniers de la RAF à Stammheim

La même nuit, Andreas Baader, Gudrun Ensslin et Jan Carl Raspe, détenus en cellule d’isolement et faisant l’objet d’une surveillance de chaque instant, sont pendus ou abattus à coups de pistolet dans la nuque. Irmgard Möller en réchappe miraculeusement. Elle a été blessée de plusieurs coups de couteaux dans la poitrine. L’équipe du matin des surveillants la découvre baignant dans son sang, appelle un infirmier qui la sauve in extremis avec une transfusion. Elle pourra témoigner du massacre des prisonniers, mais le black out sera fait sur ce témoignage: officiellement, il s’agit de suicides concertés… Le 16 octobre, nouvelles attaques contre les d’avocats (perquisitions, arrestations). Le 19 octobre 1977, la RAF exécute Schleyer en représailles.

Andreas Baader et Gudrun Ensslin

Andreas Baader et Gudrun Ensslin

Jan-Carl Raspe

Irmgard Möller

Les funérailles à Stammheim

28 octobre 1977 – Nouvelle loi répressive

28 octobre 1977: nouvelle loi anti-terreur, qui définit ‘les causes politiques et spirituelles du terrorisme‘: l’attaque contre l’Etat, l’attaque contre la confiance du citoyen en l’Etat, attaque contre l’ordre des valeurs, critique sociale sans limite, marxisme, fausse analyse du passé…

Affiche de soutien

Fin 1977-Début 1978 – Débat dans le mouvement révolutionnaire allemand

Au cours de l’hiver 1977/1978, la définition d’une politique anti-impérialiste donne lieu à des débats dans la scène autonome anti-impérialiste (particulièrement forte à Hambourg et à Berlin). La bataille qui s’est soldée par l’assassinat des prisonniers de la RAF est vue comme un échec pour le mouvement révolutionnaire, mais le point positif consiste ‘en ce que la lutte des prisonniers et les actions de la guérilla a montré qu’ici en R.FA. il y a une résistance anti-impérialiste armée‘. Il ressort d’un document résultant de ces discussions qu’une nouvelle mobilisation s’est développée, et que celle-ci doit se concrétiser ‘dans la lutte de classe révolutionnaire pour le communisme’. Une nouvelle conscience s’est développée dans les avant-gardes combattantes, ‘la conscience de la maturité d’une nouvelle offensive de l’internationalisme prolétarien‘.

1978 – Nouvelle grève de la faim

Le 9 mars 1978, les prisonniers commencent une nouvelle grève de la faim.

Communiqué de grève de la faim

1978 – Nouvelles fusillades, nouvelles arrestations, mort de Willy Peter Stoll

Le 11 mai 1978, Stefan Wisniewski est arrêté à Orly, il sera extradé en R.F.A.. Le même jour, Brigitte Mohnhaupt, Peter-Jürgen Boock, Sieglinde Hofmann et Rolf Klemens Wagner sont arrêtés en Yougoslavie. Après six mois de détention, ils sont expulsés au Yémen. Le 6 septembre 1978, la police abat Willy-Peter Stoll à Düsseldorf. Stoll n’était pas armé. Le 15 septembre, Astrid Proll est arrêtée à Londres et extradée en R.F.A.. Le 24 septembre, des policiers surprennent trois militants de la RAF qui s’entraînent dans un bois près de Dortmund. Dans la fusillade, deux policiers sont tués, un autre blessé, et une militante (Angelika Speitel) est capturée. Le 1er novembre, fusillade au poste frontière germano-néerlandais, Rolf Heißler revenu clandestinement du Yémen pour reprendre la lutte dans la RAF, échappe à la police.

Willy-Peter Stoll

Début 1972 – Naissance des Revolutionäre Zellen

En 1978 survient une vague d’actions anti-impérialistes, principalement contre des installations militaires US. Les Cellules révolutionnaires (RZ) mènent de nombreuses actions contre l’industrie de l’armement et aéronautique, l’industrie nucléaire, l’industrie chimique et pharmaceutique, ainsi que le génie génétique. Entre 1978 et 1995, le groupe féministe révolutionnaire Rote Zora incendiera ou dynamitera 45 sex shops, laboratoires de recherche en génétique ou entreprises contribuant à l’oppression de la femme.

Logo RZ

Logo Rote Zora

Un communiqué des RZ

Un communiqué de Rote Zora

1979 – Nouvelles fusillades, nouvelles arrestations, mort d’Elisabeth von Dyck

La RAF exproprie avec succès deux banques en mars et avril 79. Le 4 mai, la police anti-terroriste attaque un appartement de la RAF à Nuremberg, Elisabeth von Dyck s’y trouve, sans arme et elle est abattue. Le 9 juin, Rolf Heißler tombe dans un piège de la police anti-terroriste qui lui met une balle dans la tête; il survit miraculeusement.

25 juin 1979 – Action contre le général Haig

Le 25 juin 79, le commando Andreas Baader de la RAF attaque à l’explosif, en Belgique, le général Alexander Haig, commandant en chef des forces armées de l’OTAN. L’action, qui manque de peu son but, marque le retour à l’offensive de la RAF.

Action contre le général Haig

1979-80 – Nouvelle fusillade, nouvelles arrestations

Le 19 novembre, la RAF exproprie une banque à Zurich. Dans la fusillade qui suit, la police tue une passante et arrête Rolf Klemens Wagner.

Le 5 mai 1980, arrestation à Paris de Sieglinde Hofmann et de quatre militantes du Mouvement du 2 Juin, elles seront toutes extradées vers la R.F.A.

2 juin 1980 – Dissolution du Mouvement du 2 Juin

Le 2 juin 80, une partie du Mouvement du 2 Juin se dissout pour continuer la lutte ‘dans la RAF, en tant que RAF‘ (une partie des prisonniers du Mouvement s’aligne sur cette décision et deviennent des prisonniers de la RAF comme Inge Viett, arrêtée le 2 mai 72, évadée en juillet 73 et reprise en septembre 75). Le communiqué de dissolution expose: ‘Le Mouvement du 2 juin s’est créé à l’encontre de la RAF, avec l’intention confuse de mener une ‘politique prolétarienne spontanée’. Nous avons considéré que la théorie révolutionnaire, l’analyse des conditions – seules à partir desquelles la stratégie et la tactique, la continuité et la perspective du combat, peuvent être développées – n’étaient pas importantes et nous avons ‘combattu à tort et à travers’ avec l’intention ‘d’enthousiasmer’ la jeunesse. Et c’est ainsi que nous avons déterminé notre pratique en nous posant la question: ‘qu’est-ce qui enthousiasme’, et non pas en nous posant la question de savoir où sont les véritables contradictions, les frictions dans la stratégie impérialiste que nous devons attaquer. Le mouvement était une soi-disant alternative à la RAF, en tant que possibilité pour ces camarades qui pensaient que le combat sans compromis était allé trop loin. Pendant 10 ans, cela a produit division, concurrence et désorientation dans la gauche et aussi parmi la guérilla, et cela a également ralenti notre propre processus révolutionnaire.‘ Le reste du Mouvement se disperse.

Communiqué de dissolution du Mouvement du 2 Juin

25 juillet 1980 – Mort de Juliane Plambeck et Wolfgang Beer

Le 25 juillet 80, deux militants de la RAF, Juliane Plambeck et Wolfgang Beer, perdent la vie dans un accident de voiture. En janvier 1981, Peter-Jürgen Boock est arrêté à Hambourg.

Début 1981 – Nouvelle grève de la faim, mort de Sigurd Debus

Le 2 février, 68 prisonniers détenus dans 16 prisons entament la huitième grève de la faim collective avec pour revendication le regroupement. Le 15 mars, des médecins ouest-allemands protestent contre l’isolement par une lettre ouverte, et le 16 avril 1981, Sigurd Debus, militant de la Résistance et qui avait rejoint la RAF en prison, meurt. Il était depuis le 19 mars nourri de force.

31 août 1981 – Action contre un QG de l’USAF à Ramstein

Le 31 août 1981, le commando Sigurd Debus de la RAF attaque le quartier général de l’US Air Force en Europe, à Ramstein. La RAF met en avant les mots d’ordre: ‘attaquer les centres, les bases et les stratèges de la machinerie militaire américaine’, ‘développer la résistance contre la destruction en front pour la révolution en Europe’, ‘Mener la lutte dans la métropole ensemble avec les révolutionnaires du Tiers-Monde‘.

15 septembre 1981 – Action contre le général Kroesen

Le 15 septembre, le commando Gudrun Ennslin de la RAF dresse une embuscade contre le général Kroesen, commandant des forces terrestres US en Europe (la voiture blindée du général résiste à l’impact de la roquette antichar!).

La Mercedes blindée de Kroesen

Mai 1982 – ‘Guérilla, résistance et front anti-impérialiste’

En mai 1982, la RAF rend public un document stratégique intitulé Guérilla, résistance et front anti-impérialiste. Définissant 1977 comme passage à une nouvelle étape, la RAF propose une nouvelle stratégie ‘de libération’ et la construction du front anti-impérialiste dans le centre impérialiste. Le système impérialiste, dit la RAF, est rendu instable suite à sa défaite au Viêt-Nam et l’Europe de l’Ouest est au coeur des contradictions Est-Ouest, Nord-Sud, état-société; signification de la lutte dans le centre pour la guerre de classe internationale. Ce document (qui propose aussi une analyse de la défaite de 1977) marque clairement l’abandon des catégories marxistes qui déterminaient les thèses fondatrices de la RAF. Le projet devient ouvertement subjectiviste’: on part de l’ensemble des luttes radicales contre le système (anti-guerre, anti-impérialiste, anti-patriarcale, squatts, etc.) plutôt que d’en dépasser les faiblesses; et plutôt que de dégager des axes stratégiques et de créer une véritable unité, on constitue un ‘front’ qui juxtapose les dynamiques existantes. Il n’y a plus de stratégie révolutionnaire mais une lutte contre les projets et les forces de l’ennemi (‘notre stratégie est d’être contre leur stratégie‘).

Cette pauvreté du discours de la RAF s’accompagne d’une véritable interaction avec un large mouvement de résistance anti-impérialiste, lui-même marqué par le subjectivisme. La RAF est en phase avec une nouvelle base sympathisante, active notamment dans l’aile radicale du vaste mouvement de lutte contre l’installation des missiles atomiques US Pershing en R.F.A. et, en règle générale, contre les projets de guerre visant l’URSS et qui transformeraient l’Europe centrale en champ de bataille. Le sommet de l’OTAN du 18 juin 1982 donne lieu à une grande manifestation de l’anti-impérialiste radical.

Guérilla, résistance et front anti-impérialiste

1982-1984 – Actions financières, logistiques et arrestations

Le 15 septembre, la RAF exproprie une banque à Bochum. Fin septembre, la police découvre le principal arsenal de la RAF, à Francfort. Elle y place une souricière qui permet d’arrêter, le 11 novembre 82, Brigitte Mohnhaupt et Adelheid Schulz. Le 16 novembre 1982, Christian Klar est arrêté ä Friedrichsruh.

Le 25 juin 1983 a lieu une grande manifestation anti-guerre et anti-impérialiste en R.F.A. à l’occasion de la venue du vice-président américain Georges Bush: 100.000 manifestants dont 1.500 autonomes affrontent la police.

Le 26 mars 84, la RAF exproprie une banque à Würzburg. Le 2 juillet, Helmut Pohl, Christa Eckes, Stefan Frey, Ingrid Jakobsmeier, Barbara Ernst et Ernst Volker sont arrêtés à Francfort.

Le 5 novembre 1984, la RAF exproprie une armurerie à Maxdorf et saisit 22 armes de poings (certaines seront retrouvées en décembre 85 lors de l’arrestation des militants des Cellules Communistes Combattantes).

Affiche de recherche (1983)

Décembre 1984 – Procès et grève de la faim

Le 4 décembre débute une nouvelle grève de la faim collective pour l’application de la convention de Genève. En décembre toujours, à l’occasion de leur procès, Christian Klar et Brigitte Monhaupt donnent une analyse de la bataille de 1977: en 76/77, la guérilla s’était reformée en liaison avec les luttes et les prisonniers. La ligne dure de l’Etat ouest-allemand en 77 résulte de deux facteurs. D’abord, l’Etat impérialiste optait pour des solutions militaires, depuis que la crise économique et la vague de luttes de libération dans le Tiers-Monde lui avaient fait perdre sa perte de marge de manoeuvre politique. Ensuite, la R.F.A. devait jouer un rôle dirigeant dans la constitution de Europe de l’Ouest comme base de guerre contre l’URSS et les mouvements de libération.

Le grève de la faim durera jusqu’à la mi-février.

Brigitte Monhaupt

Christian Klar

18 décembre 1984 – Echec de l’action contre l’Ecole de l’OTAN à Oberammergau

Le 18 décembre, une énorme charge d’explosifs (provenant du stock de 800 kg dérobé à Ecaussines, en Belgique, et également utilisé par les CCC) est désamorcée à la Shape School d’Oberammergau, école de formation des cadres militaires de l’OTAN. Le 15 janvier 85, les CCC attaquent une base de l’OTAN à la voiture piégée (deux soldats US blessés) et dédient cette dernière aux prisonniers de la RAF en grève de la faim.

En R.F.A., la Résistance anti-impérialiste ne cesse de se développer: il y a au milieu des années 80 plus d’un attentat par jour (par exemple l’incendie d’un bureau des services secrets US, le Military Intelligence Detachment-Bataillon le 29 décembre 1984, l’attaque à l’explosif d’une station émettrice de l’armée US à Heidelberg le 30 décembre, et d’innombrables petites actions comme l’incendie de véhicules militaires).

Janvier 1985 – Action contre Zimmerman, proposition de ‘Front de la guérilla ouest-européenne’ avec Action Directe

Le 25 janvier, le commando Elisabeth von Dyck d’Action Directe exécute le général Audran qui supervise la production et les ventes d’armes de l’Etat français et le 1er février 1985, le commando Patsy O’Hara de la RAF exécute Ernst Zimmerman, patron des patrons dans l’industrie aéronautique.

La RAF et le groupe français Action Directe publie un document commun: ‘Nous déclarons: il est aujourd’hui nécessaire et possible d’ouvrir dans les centres impérialistes une nouvelle phase du développement de la stratégie révolutionnaire authentique, et l’une des conditions à ce saut qualitatif est de créer l’organisation internationale du combat prolétarien dans les métropoles, son noyau politico-militaire: la guérilla ouest-européenne‘.

La proposition d’adhérer au ‘Front’ de la guérilla ouest-européenne’ est rejetée par le PCE(r) et les Groupes de Résistance Antifasciste du Premier Octobre (GRAPO) en Espagne ainsi que par les CCC en Belgique. Ces organisations sont basées sur les catégories du marxisme-léninisme, notamment en ce qui concerne l’analyse de classe et la nécessité d’un parti de classe. Pour elles, le devoir des révolutionnaires est de se lier au prolétariat de son pays et d’en unifier les avant-gardes sur une ligne révolutionnaire de classe. Or, le courant animé par la RAF appelait indistinctement toutes les forces d’opposition radicale ou révolutionnaire à s’articuler dans une dynamique plus ou moins commune. Il ne s’agissait donc pas de formaliser, renforcer et qualifier une unité reposant sur des caractères politiques (communauté du but et des objectifs, des principes et des méthodes, etc.) mais plutôt de se rassembler sans ligne ni projet (autre que celui de combattre le système) dans une ‘unité’ recouvrant en fait l’éclectisme social et politique justifié par l’’autodétermination des pôles de lutte‘ ou du ‘poids grandissant de la subjectivité‘.

Communiqué commun RAF-AD

Communiqué du Commando Patsy O’Hara

8 août 1985 – Action contre l’Air Base de Francfort

Le 3 juin, la RAF exproprie un transfert de fonds (butin: 157.000 Mark). Un convoyeur est blessé lors de l’opération.

Le 8 août 1985, le commando George Jackson RAF/Action Directe attaque l’Air Base qui est le plus grand aéroport militaire en dehors des USA: deux américains sont tués dans l’explosion qui fait pour plus d’un million de Mark de dégâts. Pour pénétrer dans le camp militaire, la RAF avait besoin d’un passe, et avait enlevé et abattu pour cela un simple sergent US, Edward Pimmental. En janvier 86, la RAF accepte les critiques venues du mouvement et déclare qu’il n’y avait pas de nécessité de tuer un simple soldat comme Pimmental, ‘parce qu’une telle action ne peut qu’être définie politiquement et stratégiquement et que le développement subjectif de la résistance ici et la situation objective n’y correspondent pas‘. Selon la RAF, il aurait été juste de tuer Edward Pimmental dans le Tiers-Monde, dans la résistance armée à une des multiples agressions des USA, mais erroné de tuer le même Edward Pimmental en Europe. Le fait qu’Edward Pimmental soit un lampiste ne doit pas masquer le glissement qui s’opère dans la conception de l’internationalisme de la RAF. La RAF n’est plus un détachement avancé de la grande armée des peuples en lutte contre l’impérialisme, qui porte la guerre des peuples dans les métropoles impérialistes. Elle se détermine en fonction de la société allemande, mais ce glissement s’accompagne d’une autre évolution: l’abandon du marxisme. Le recentrage ‘national’ de la RAF se produit au moment où la RAF a cessé d’analyser la société allemande en terme de classes et de lutte de classe, mais avec des catégories subjectivistes qui tournent vite en rond (il faut lutter avec ceux qui veulent lutter).

L’Air Base de Francfort

Janvier-février 1986 – Congrès anti-impérialiste de Francfort

Du 31 janvier au 4 février 1986 se tient le grand Congrès de la résistance anti-impérialiste et anticapitaliste en Europe de l’Ouest à Francfort. De 2.000 à 3.000 congressistes (parfois cagoulés), majoritairement des autonomes, des anti-impérialistes, des sympathisants de la RAF, mais aussi de nombreux délégués de presque tous les forces révolutionnaires européennes, débattent des perspectives du mouvement révolutionnaire sous la protection d’un service d’ordre efficace. Le Congrès de Francfort (dont la résolution finale appelait à combattre l’OTAN comme force d’agression vers l’extérieur et de contre-insurrection vers l’intérieur), et l’offensive politico-militaire qui suivit, peuvent être considérés comme le sommet du mouvement de résistance anti-impérialiste en Europe.

Interview de la RAF à la revue clandestine Zuzammen Kämpfen

9 juillet 1986 – Action contre Beckurts, arrestations

Le 9 juillet 1986, le commando Mara Cagol de la RAF exécute Beckurts, responsable de la recherche et des techniques chez Siemens et de la Commission de travail à l’énergie atomique de l’Union des industriels allemand.

L’action de la Résistance ne faiblit pas: le 8 septembre par exemple, le siège de la Sûreté de l’Etat est détruit par l’Unité Combattante Christos Tsoutsouvis (un militant grec à Athènes tué par la police en octobre 77 lors d’une action de protestation contre le massacre à Stammheim), et le 15 septembre, les immeubles où sont conçus des chasseurs de l’aviation militaire sont dynamités par l’Unité combattante Anna Maria Ludmann.

Le 2 août 1986, Eva Haule-Frimpong (militante de la RAF), Luitgard Hornstein et Christian Kluth (militants de la Résistance luttant avec la RAF dans le cadre du Front) sont arrêtés à Rüsselsheim.

Action contre Beckurts

10 octobre 1986 – Action contre von Braunmühl

Le 10 octobre, le directeur politique du ministère des affaires étrangères, von Braunmühl, est exécuté par le commando Ingrid Schubert de la RAF: ‘Notre attaque vise l’appareil d’Etat de R.F.A. agressif dans sa fonction d’Etat noyau de la formation politique de l’Europe de l’Ouest dans la stratégie de guerre impérialiste‘.

Le 16 novembre, le siège d’IBM est détruit par l’Unité combattante Hind Alameh, et le 19 décembre, l’Unité combattante Rolando Olalia attaque la première société spécialisée dans le crédit à haut taux d’intérêts aux pays sous-développés. Le 20 décembre a lieu une importante manifestation en défense de la Hafenstraße, grande rue de Hambourg dont les maisons sont occupées, sous le mot d’ordre ‘Un seul front’: regroupement des prisonniers; libération de Gunther Sonnenberg; la Hafenstrasse reste!‘. Le lendemain, l’Unité combattante Mustafa Aktas (Celal) attaque la Fondation Friedrich Ebert, une école de cadres pour la contre-insurrection — une des nombreuses actions de la Résistance.

Action contre von Braunmühl

Communiqué du Commando Ingrid Schubert

Début 1987 – AD démantellée, les RZ touchées par la répression

Le 21 février 1987, le démantèlement d’Action Directe a lieu en France. La même année, une première vague d’arrestations frappe les RZ. En 1986-87 les Cellules Révolutionnaires avaient mené des actions directes contre les différents rouages ou acteurs de cette politique en Allemagne: attentats contre les juges (blessés délibérément aux jambes) et les tribunaux condamnant les réfugiés, contre la police des étrangers et ses représentants, contre la police des frontières qui pourchasse les sans-papiers et contre le siège social de la Lufthansa qui procède aux expulsions…). Les RZ surmonteront cette vague d’arrestations et poursuivront la guérilla.

20 septembre 1981 – Echec de l’action contre Tietmeyer, communiqué commun avec les Brigades Rouges-PCC

Le 20 septembre 1988, à l’occasion d’une tentative d’exécution de Hans Tietmeyer, secrétaire d’Etat du ministère des finances, par son commando Khaled Aker, la RAF rend public un document commun avec les Brigades Rouges-PCC: ‘Le saut à la politique du front est possible et nécessaire pour les forces révolutionnaires, afin d’amener la confrontation à l’acuité adéquate. Pour cela, toutes les positions idéologiques-dogmatiques existantes encore à l’intérieur des forces combattantes et du mouvement révolutionnaire doivent être combattues et dépassées, parce qu’elles divisent les combattants, et parce que ces positions ne peuvent pas atteindre le niveau dont on a besoin pour amener les luttes et les attaques à leur acuité politique nécessaire. L’attaque unitaire des lignes stratégiques de la formation de l’Europe de l’Ouest ébranle le pouvoir impérialiste. Organiser la lutte armée en Europe de l’Ouest. Construire dans l’attaque l’unité des forces révolutionnaires combattantes: organiser le front. Lutter ensemble‘.

Communiqué commun RAF / BR-PCC

Février-mai 1989 – 10ème grève de la faim

Le 1er février 1989 commence la 10ème grève de la faim des prisonniers de la RAF pour le rassemblement en un ou deux groupes, pour la libération des prisonniers malades et pour la libre communication avec des groupes sociaux extérieurs. Le mouvement bénéficie d’un large soutien. Les squats de la Hafenstraße de Hambourg, qualifiés de base pour la RAF, sont attaqués par 1.000 policiers. La grève de la faim se termine le 12 mai.

30 novembre 1989 – Action contre Herrhausen

Le 30 novembre 89, le président de la Deutsche Bank, Alfred Herrhausen, est tué dans une embuscade à l’explosif contre sa voiture blindée par le commando Wolfgang Beer de la RAF.

Action contre Herrhausen

1989-1990 – Vague d’arrestations dans l’ex-RDA

Pendant des années, la R.D.A. avait accueilli d’anciens membres de la RAF qui avaient quitté la RAF soit pour des raisons idéologiques (divergences avec la nouvelle ligne de 1982), soit par volonté d’abandonner la pratique révolutionnaire. La R.D.A. leur avait fournit la possibilité de refaire leur vie (nouvelle identité, logement et emploi). En juin 90, l’annexion de la R.D.A. permet aux services spéciaux de la R.F.A. d’arrêter Suzanne Albrecht, Ralf Baptist Friedrich, Sigrid Sternebeck, Inge Viett, Werner Lotze, Christine Dümlein, Ekkehard von Seckendorff-Gudent, Monika Helbing, Silke Maier-Witt et Henning Beer. Les anciens de la RAF sont soumis au chantage: soit ils fournissent suffisamment d’informations pour charger les militants de la RAF, soit ils iront eux-mêmes en prison pour la vie. La majorité refuse, certains acceptent.

27 juillet 1990 – Echec de l’action contre Neusel

Le 27 juillet 90, Hans Neusel, expert en répression de soulèvement et secrétaire d’Etat du ministère de l’intérieur, est attaqué par le commando José Manuel Sevillano (prisonnier des GRAPO mort lors d’une grève de la faim) de la RAF. Neusel (qui en réchappe) était l’un des membres les plus dynamiques dans les rencontres du TREVI, organe de coordination internationale contre le terrorisme. Dans le communiqué, la RAF explique que ‘l’impérialisme a gagné la guerre froide‘, que la chute ‘du bloc socialiste et ainsi de sa fonction historique pour le processus de libération des trois continents a conduit à une nouvelle stabilisation du bloc formé par le pouvoir impérialiste‘.

Communiqué du Commando José Manuel Sevillano

13 février 1991 – Action contre l’ambassade américaine

Le 13 février 91, le commando Ciro Rizatto de la RAF attaque à la mitrailleuse lourde l’ambassade US à Bonn, ‘parce que les USA ont pris dès le départ dans la guerre de destruction contre le peuple irakien le rôle de conducteur‘.

15 septembre 1991 – Action contre Rohwedder

Le 1er avril 1991, Detlev Rohwedder, chef de la ‘Treuhand’ (l’organe de privatisation et de ‘dégraissage’ des entreprises de l’ex-R.D.A.), est exécuté par le commando Ulrich Wessel de la RAF qui affirme la nécessité d’opposer au ‘saut de la bête impérialiste le propre saut révolutionnaire’: ‘Qui ne combat pas meurt à petit feu, la liberté n’est possible que dans la lutte pour la libération‘.

10 avril 1992 – Premier pas vers la liquidation

Mais la chute du bloc socialiste et la fin de la vague des mouvements de libération nationale progressistes dans le Tiers-Monde pose un problème fondamental à la RAF. Comme elle a abandonné les catégories marxistes qui fondent la légitimité et la nécessité d’un combat révolutionnaire sur base des contradictions de classe, elle peine à trouver un fondement et un projet stratégique. Le 5 janvier 92, le responsable du parti libéral (FDP) Kinkel fait une ouverture pour une ‘solution négociée’. Le 10 avril, la RAF annonce qu’elle arrête l’escalade militaire contre l’état, et qu’elle cessera d’attaquer des responsables de l’économie ou de la politique. La raison annoncée par la RAF est que l’ouverture d’un débat sur les perspectives est nécessaire, et que l’escalade militaire n’aurait dans ce cadre que peu de sens. Les réactions à cette annonce sont négatives chez les autres forces de guérilla révolutionnaire. Elles s’expriment dans plusieurs documents: Une perspective révolutionnaire en Europe du collectif ‘Wotta Sitta’ des prisonniers des BR, Liquidation ou redéfinition? du PCE(r), Une déclaration injustifiable des prisonniers des CCC. Ces critiques remarquent surtout ce qui est annoncé ‘en creux’ dans le texte: l’abandon de la lutte armée et du projet révolutionnaire au profit d’une vague pratique ‘produisant’ du lien social. Le document de 82 montrait qu’avec l’abandon ouvert des catégories marxistes, la RAF cherchait à fusionner avec le courant ‘alternatif’. En 1982, la chose devait se faire en liquidant le courant (la RAF écrivait ‘il ne s’agit plus de ‘changer le système’, de ‘modèles alternatifs’ à l’intérieur de l’État, tout cela est devenu complètement grotesque‘). Dix ans plus tard, c’est par la liquidation de leur organisation que les militants de la RAF imaginent cette fusion.

Août 1992 – ‘Nous devons trouver du neuf’, second pas vers la liquidation

En août 92, nouveau texte de la RAF, Nous devons trouver du neuf: ‘Aujourd’hui beaucoup ont peur de l’existence, la destruction du social dans la société en est arrivée à une nouvelle dimension, l’explosion de l’autodestruction, de la violence des gens entre eux/elles. Du manque d’espoir et de l’absence de perspective pour en arriver à des changements positifs, de plus en plus de gens se réfugient dans l’alcool et la drogue, et les taux de suicides augmentent. La frustration, la peur et l’agression se dirigent vers soi-même ou vers d’autres qui sont encore plus bas dans la hiérarchie sociale. Ce sont les nazis contre les gens d’autres couleurs, d’autres nationalités, les homosexuels et les lesbiennes, l’accroissement de la violence contre les femmes, les enfants et les personnes âgées. Les campagnes médiatiques contre les réfugié/e/s et le matraquage des antifascistes dans les rues montrent clairement les intérêts de l’Etat et du Capital à canaliser les mécontentements croissants dans une mobilisation raciste et réactionnaire. A rencontre de cela il est difficile de cerner la possibilité de développer et d’imposer des réponses ayant du sens, et justes, dans la construction de liens solidaires et d’auto-organisation par en bas, partant de la réalité de la vie quotidienne des gens. (…) [la] destruction du social est une des bases essentielles pour le pouvoir et la continuation du système capitaliste. Un contre-pouvoir n’existera que s’il propose une alternative à la normalité des dominants dans cette société et au système. Cela signifie essentiellement: opposer une organisation à la destruction du social, l’aliénation et le chacun pour soi, et en arriver à des espaces sociaux où la solidarité soit vaste et d’où beaucoup prennent en main la responsabilité de développements sociaux – ce que nous appelons processus d’appropriation sociale. De cela vient une force d’attraction, car la lutte pour le social entre les gens est l’alternative sensible à la solitude dans le système, aux fascistes‘. Et de conclure: ‘La voie de la libération passe par le processus d’appropriation sociale, qui deviendra une partie de la nouvelle lutte internationale pour le bouleversement‘.

Les réactions à ce texte sont négatives de la part des forces et prisonniers de la guérilla en Europe.

Nous devons trouver du neuf (extraits principaux)

Collectif des prisonniers des CCC: ‘Une déclaration injustifiable’

1992-1993 – Fondation et démantellement de l’AIZ

En Allemagne apparaît une nouvelle organisation, les Cellules anti-impérialistes (AIZ), qui ne critiquent pas (encore) les nouveaux choix de la RAF mais qui réaffirme la nécessité de la lutte armée pour la lutte anti-impérialiste. Les AIZ affirmeront par la suite que la thèse de la RAF n’est pas suivie et prennent la responsabilité d’assurer la continuité de la politique menée par la RAF de 1972 (libération d’Andreas Baader) à 1991 (mitraillage de l’ambassade US). En fait, les AIZ reprennent la ligne de 1982 (frontisme anti-impérialisme) plutôt que celle de 1972 (anti-impérialisme comme dimension stratégique de la lutte de classe). Elles poussent même le frontisme anti-impérialisme (qui définit l’unité non par le projet social mais par l’ennemi commun: l’impérialisme) jusqu’à trouver un caractère révolutionnaire au mouvement islamique. Cette dérive idéologique isolera les AIZ aussi bien du côté marxiste que du côté subjectiviste (à commencer, bien entendu, par les forces autocentrée sur la lutte anti-patriarcale). Une vague d’arrestations démantèlera les AIZ après quelques actions (contre le siège de l’association patronale de la métallurgie en novembre 93 et celui de la CDU en juin 94).

Un communiqué de l’AIZ

30 mars 1993 – Action contre la superprison de Weitestadt

Le 30 mars 1993, le commando Katharina Hammerschmidt de la RAF fait sauter la superprison en construction de Weiterstadt avec plus de 500 kilos d’explosifs. Une partie des prisonniers de la RAF critique cette action ‘apolitique’ qui ne vise qu’à faire pression pour que les prisonniers soient libérés en échange de l’abandon de la lutte armée.

Action contre la superprison de Weitestadt

Communiqué du Commando Katharina Hammerschmidt

27 juin 1993 – Fusillade à Bad Kleinen, mort de Wolfgang Grams

Un agent parvient à s’infiltrer parmi les sympathisants proches la RAF. Il est à l’origine de l’arrestation à Bad Kleinen de Brigitte Hogefeld, et du meurtre de Wolfgang Grams. Celui-ci avait tué un policier dans la fusillade et avait lui-même été blessé. Gisant à terre, blessé, menotté et désormais sans arme, il est exécuté d’une balle dans la tête.

Wolfgang Grams

Novembre 1993 – Positionnement et grève de la faim des prisonniers

En novembre 1993, la majorité des prisonniers de la RAF critique la RAF (et quelques prisonniers) pour sa tentative de deal avec l’Etat. L’avocat Ströbele aurait discuté avec le chancelier Kohl, et avec des patrons pour que ceux-ci fassent pression en faveur d’un accord politique (arrêt de la lutte armée et libération des prisonniers). La RAF écrit en mars 1994 dans un communiqué qu’il n’a jamais été question de faire un deal avec qui que ce soit, que seul le rapport de force peut libérer les prisonniers. Elle développe à nouveau le thème des ‘contre-pouvoirs sociaux’

Communiqué de la RAF de 1994

20 avril 1998 – La liquidation

Le 20 avril 1998, la RAF rend public un texte daté de mars et intitulé: Pourquoi nous arrêtons. C’est le point final de la dérive subjectiviste: au lieu de revenir à la position d’avant-garde de la lu tte révolutionnaire qui était la sienne en 72, la RAF se dissout dans le courant alternatif. Des conceptions frontistes énoncées par la RAF en 1982 à la proclamation du ‘Front de la guérilla ouest-européenne’ en 1985 pour aboutir au ‘contre-pouvoir à la base’ en 1989, le subjectivisme, qui s’était exprimé d’abord dans le militarisme, sombre dans l’opportunisme et la capitulation.

Pourquoi nous arrêtons

Lettre de Rolf-Clemens Wagner sur la liquidation

15 septembre 1999 – Mort d’Horst-Ludwig Meyer et dernières arrestations

Le 20 juillet 1999, la police trouve des empreintes ADN de militants de la RAF arrêtés sur un lance roquette qui a servi à une attaque de transport de fonds (butin: un million de Mark). Le 15 septembre 1999, Horst-Ludwig Meyer est tué à Vienne dans une fusillade avec les policiers qui viennent l’arrêter. Andrea Klump est aussi arrêtée; elle collaborera avec la police peu après.

Horst-Ludwig Meyer abattu par la police autrichienne

La Résistance subira en général un grand recul à la fin des années 90. Fin 1999, trois vagues d’arrestations démantèlent les RZ qui auront revendiqué plus de 140 actions armées. La lutte armée n’a cependant jamais cessé en R.F.A., elle prend actuellement la forme d’une guérilla diffuse qui s’exprime par des dizaines de petites actions (incendies de sièges d’entreprises d’administration de voitures de fonction, etc.) menées par de petites organisations comme le groupe Klasse gegen Klasse, l’Autonome Miliz, la Militante Antimilitaristische Initiative, et le Militante Gruppe.

6 juin 2015 – Nouvel avis de recherches

Le 6 juin 2015, suite à une attaque manquée contre un fourgon blindé dans la banlieue de Brême, le parquet de Verden affirme avoir relevé l’ADN de trois membres toujours recherchés de la RAF: Daniela Klette, Ernst-Volker Wilhem Staub, et Burkhard Garweg. Ils étaient déjà recherchés leur participation supposée à l’attaque contre le prison de Weiterstadt et contre le transport de fonds le 30 juillet 1999.

27 févier 2024

Arrestation de Daniela Klette à Berlin.

17 octobre 1977-… – Ne rien oublier! Ne rien pardonner!

Sur la tombe

Le mardi 7 juillet 2009, une délégation de notre Secours Rouge/APAPC a été déposer fleurs, drapeau et cigarette sur la tombe des camarades assassinés à Stammheim.

La mort de Benno Ohnesorg
Rudi Dutschke
Incendie à Francfort
Manifestation contre Springer
Procès à Francfort
Au camp du FPLP
Affiche de recherche
Jaquette du livre 'Conception de la guérilla urbaine
Petra Schelm
Affiche militante
Action contre une base de l'armée à Francfort
Action à Münich contre la police et la justice
Campagne de presse contre la RAF
Arrestation de Baader
Action palestinienne à Münich
Ulrike Meinhof
Affiche de solidarité
Affiche pour le procès
Holger Meins
Cadavre de Holger Meins
Affiche pour Holger Meins
La prison de Stammheim
Symbole du Mouvement du 2 Juin
Ambassade d'Allemagne
Genscher à Stockholm
Stammheim
Ulrike Meinhof
Brigitte Monhaupt
Buback
Klaus Croissant
Action contre Jurgen Ponto
Hans Martin Schleyer
Le Boeing 737
La fedayin survivante
Andreas Baader et Gudrun Ensslin
Andreas Baader et Gudrun Ensslin
Jan-Carl Raspe
Irmgard Möller
Les funérailles à Stammheim
Affiche de soutien
Willy-Peter Stoll
Logo RZ
Logo Rote Zora
Action contre le général Haig
La Mercedes blindée de Kroesen
Affiche de recherche (1983)
Brigitte Monhaupt
Christian Klar
L'Air Base de Francfort
Action contre Beckurts
Action contre von Braunmühl
Action contre Herrhausen
Action contre la superprison de Weitestadt
Wolfgang Grams
Horst-Ludwig Meyer abattu par la police autrichienne
Sur la tombe

Cet article rassemble, classés par ordre chronologique, les déclarations et textes les plus marquants de Georges Ibrahim Abdallah depuis son incarcération.

23 février 1987

Georges Ibrahim Abdallah a pris la parole lors de son second procès, au cours duquel il était jugé sur base de la découverte d’une arme dans un appartement loué à son nom pour conspiration dans des actes terroristes.

Déclaration de Georges Ibrahim Abdallah le 23 février 1987

15 octobre 1999

A l’occasion de la journée mondiale pour la fermeture du camp de Khiam (prison sous contrôle israélien située au sud du Liban), Georges Ibrahim Abdallah a fait une déclaration dénonçant la torture et le caractère arbitraire des détentions dans ce camp.

Déclaration de Georges Ibrahim Abdallah le 15 octobre 1999

4 avril 2001

En 2001, Georges Ibrahim Abdallah participe au mouvement international de grève de la faim d’une semaine dans les prisons en solidarité avec les prisonniers politiques en Turquie.

Déclaration de Georges Ibrahim Abdallah le 4 avril 2001

23 mars 2002

Ce jour là, Georges Ibrahim Abdallah a fait une déclaration à l’occasion de la Journée de Solidarité avec les prisonniers palestiniens, déclaration dans laquelle il dénonce les manoeuvres américaines et israéliennes pour étouffer le peuple palestinien.

Déclaration de Georges Ibrahim Abdallah le 23 mars 2002

11 octobre 2002

Depuis la prison de Fresnes, Georges Ibrahim Abdallah relance un appel à la mobilisation contre la guerre impérialiste menée au Moyen-Orient.

Déclaration de Georges Ibrahim Abdallah le 11 octobre 2002

16 décembre 2002

Tout comme l’année précédente, Georges Ibrahim Abdallah mène une grève de fin solidaire avec les prisonniers politiques en Turquie, tout comme de nombreux autres prisonniers politiques de par le monde.

Déclaration de Georges Ibrahim Abdallah le 16 décembre 2002

14 octobre 2004

A cette date s’est tenu un meeting en solidarité avec Georges Ibrahim Abdallah. L’occasion pour lui de faire une déclaration à tous ses sympathisants depuis la prison de Lannemezan.

Déclaration de Georges Ibrahim Abdallah le 14 octobre 2004

25 février 2006

En février 2006, Georges Ibrahim Abdallah et Jean-Marc Rouillan ont écrit une lettre afin de remercier les militants pour leur mobilisation à l’occasion de la journée de solidarité avec les prisonniers de la gauche révolutionnaire.

Lettre de Georges Ibrahim Abdallah et de Jean-Marc Rouillan du 25 février 2006

Avril 2006

Depuis Lannemezan, Georges Ibrahim Abdallah a écrit un texte qui a été lu à Beyrouth, à la tribune d’une assemblée de militants solidaires.

Déclaration de Georges Ibrahim Abdallah en avril 2006

15 décembre 2006

Jean-Marc Rouillan et Georges Ibrahim Abdallah annoncent le 15 décembre 2006 qu’ils vont entamer une grève de la faim en solidarité avec la résistance dans les prisons turques.

Déclaration de Georges Ibrahim Abdallah et de Jean-Marc Rouillan le 15 décembre 2006

22 février 2007

En février 2007, Georges Ibrahim Abdallah lance un appel à la solidarité à l’occasion du vingtième anniversaire de l’arrestation des militants d’Action Directe et dénonce la politique française d’anéantissement des prisonniers politiques.

Déclaration de Georges Ibrahim Abdallah le 22 février 2007

16 juin 2007

A l’occasion de la Journée Internationale des Prisonniers Révolutionnaires, Georges Ibrahim Abdallah rappelle les conditions nécessaires à la lutte anti-capitaliste et anti-impérialiste.

Déclaration de Georges Ibrahim Abdallah le 16 janvier 2007

13 décembre 2007

En décembre 2007 s’est tenu un meeting de solidarité pour Georges Ibrahim Abdallah pour lequel le prisonnier a écrit un texte dont l’enregistrement a été diffusé. Il y souligne les victoires obtenues grâce à la mobilisation solidaire, mais insiste sur le travail qu’il reste à accomplir dans le cadre de la lutte de résistance.

Déclaration de Georges Ibrahim Abdallah le 13 décembre 2007

16 janvier 2009

A l’occasion du Congrès Internationaliste de Beyrouth, Georges Ibrahim Abdallah a fait parvenir un message à tous les participants, les encourageant à poursuivre les campagnes de solidarité et à enrichir les forces de résistances par leurs réflexions.

Déclaration de Georges Ibrahim Abdallah le 16 janvier 2009

10 avril 2009

Georges Ibrahim Abdallah s’est exprimé par vidéo interposée aux personnes présentes lors d’un meeting de soutien qui s’est tenu à Méricourt le 10 avril 2009, évoquant la situation au Liban, en Palestine, en Irak,…

Déclaration de Georges Ibrahim Abdallah le 10 avril 2009

15 octobre 2009

A l’occasion de l’anniversaire de sa 26ème année d’incarcération, Georges Ibrahim Abdallah s’est adressé à tous les militants qui le soutiennent. Dans ce texte, il évoque sa situation personnelle, mais aussi la crise, la situation du prolétariat mondial ainsi que celle du Moyen-Orient.

Déclaration de Georges Ibrahim Abdallah le 15 octobre 2009

12 mars 2010

En mars 2010, le collectif ‘Coup Pour Coup 31’ organise un concert de soutien à Georges Ibrahim Abdallah. Touché par l’initiative, le prisonnier a fait parvenir un texte de remerciement dans lequel il redit combien la mobilisation et la solidarité restent des armes.

Déclaration de Georges Ibrahim Abdallah le 12 mars 2010

15 avril 2010

A Pau, la Jeunesse Communiste Marxiste Léniniste a organisé une soirée sur le thème des prisonniers politiques. L’occasion pour Georges Ibrahim Abdallah de leur faire parvenir un texte dans lequel il dénonce notamment l’aggravation de la répression bourgeoise de par le monde.

Déclaration de Georges Ibrahim Abdallah le 15 avril 2010

4 décembre 2010

A Lannemezan, plus de 150 personnes s’étaient rassemblées pour une manifestation en solidarité avec Georges Ibrahim Abdallah. Voici le message que le prisonnier a fait parvenir aux manifestants.

Déclaration de Georges Ibrahim Abdallah le 4 décembre 2010

28/07/2005

Güler Zere

1. Qui était Güler Zere?

Güler Zere était une prisonnière du DHKP-C (Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple), d’origine kurde, âgée de 37 ans, capturée en 1995 lors d’une opération de ratissage de l’armée visant la guérilla du DHKP-C dans les montagnes du Dersim, condamnée par la Cour de sûreté de l’Etat (DGM) de Malatya à perpétuité en tant que membre du DHKP-C et détenue depuis 14 ans.

En 2008, après un transfert de la prison d’Elbistan à l’hôpital Balcali de l’Université de Cukurova à Adana, les médecins détectent une tumeur cancéreuse maligne se propageant dans sa bouche et sa tête. Elle subit alors deux opérations dont une ablation partielle du palais, remplacé par une prothèse. elle devait suivre une nouvelle chimiothérapie, dès la disparition des hématomes sur son cou et des gonflements résultants de l’opération. Mais après des tests sanguins, les médecins ont décidé de ne pas commencer le traitement, car Güler Zere ne l’aurait pas supporté. De plus, des plaies ouvertes s’étaient formées dans sa bouche, ce qui entraînait une impossibilité d’ingérer la nourriture sous forme solide. Ne supportant pas les concentrés vitaminés liquides qu’elle vomissait, elle était nourrie grâce à des sérums, qui lui donnent des diarrhées et des problèmes intestinaux. Placées sous monitoring, Güler Zere était extrêmement faible, ce qui augmentait des risques à commencer une chimiothérapie.

Guler Zere masquée menottée

Au moment du déclenchement de la campagne internationale, Güler Zere était au point de perdre son combat face à la maladie. Elle ne pouvait quasi plus entendre, ni parler, ni manger, ni dormir. La TTB (Turkish Medical Association) avait affirmé qu’elle avait atteint un stade irréversible de la maladie. L’Association avait demandé que lui soit donné le droit de faire ses adieux à sa famille.

Trop de temps est passé entre le dépistage et les soins et ce qui a mis en péril la vie de Güler Zere. Son incarcération a constitué l’unique raison de cette perte de temps. Il y règne en effet une bureaucratie et des conditions de vie qui freinent gravement ses traitements. L’état de santé de Güler Zere nécessitait qu’elle soit maintenue dans un environnement stérile. La prison n’était certainement pas un endroit approprié. Qui plus est, Güler Zere n’avait le droit qu’à 15 minutes de visite de sa famille par semaine, moyennant l’accord du procureur. Alors que les chances de survie lorsque l’on est atteint d’un cancer sont faibles dans des conditions normales, il n’est pas difficile d’imaginer combien elles sont minimes en prison. En Turquie, deux détenus perdent la vie en prison chaque mois.

Laisser Güler Zere dans ces conditions signifiait la livrer à une mort certaine. Ses avocats, sa famille et ses amis appuyés par plusieurs dizaines d’ONG turques, demandaient aux autorités sa mise en liberté conditionnelle afin qu’elle puisse bénéficier d’un traitement dans de meilleures conditions sanitaires, en application de la loi turque qui prévoit la libération conditionnelle des prisonniers gravement malades.

Güler Zere

2. La mobilisation des familles en Turquie

Manifestation pour Güler Zere en Turquie

Manifestation pour Güler Zere

Manifestation pour Güler Zere en Turquie

Collages pour Güler Zere

Manifestation pour Güler Zere en Turquie

Calicot pour Güler Zere

Rassemblement pour Güler Zere

Manif à Istanbul pour Güler Zere

Voir le site des mobilisations en Turquie

3. Une campagne internationale…

Dans de nombreuses villes d’Europe, les membres de TAYAD ont récolté des signatures pour la libération de Güler.

4. Initiatives en Belgique pour Güler Zere

Vendredi 17 juillet

Le Comité belge des libertés a collecté des signatures pour réclamer la libération de Güler Zere auprès des autorités turques. Une douzaine de personnes ont participé à cette initiative, parmi lesquelles deux membres de notre Secours Rouge.

Collecte de signatures pour Güler Zere

Vendredi 21 août

Un rassemblement avec diffusion de tracts (un texte de TAYAD) s’est tenu de 14h à 16h à l’appel du Comité des Libertés au rond-point Schuman (quartier européen). Une délégation de notre Secours Rouge était présente. Ce rassemblement se reproduira chaque vendredi de 14h à 16h.

Manif pour Güler Zere à Bruxelles

Vendredi 28 août

Un rassemblement avec diffusion de tracts s’est tenu de 14h à 16h à l’appel du Comité des Libertés au rond-point Schuman (quartier européen). Une délégation de notre Secours Rouge était présente.

Rassemblement pour Güler Zere à Bruxelles

Vendredi 11 septembre

Un rassemblement avec diffusion de tracts s’est tenu de 14h à 15h à l’appel du Comité des Libertés au rond-point Schuman (quartier européen). Une délégation de notre Secours Rouge était présente.

Rassemblement pour Güler Zere à Bruxelles

Vendredi 18 septembre

Un rassemblement avec diffusion de tracts s’est tenu de 14h à 15h à l’appel du Comité des Libertés au rond-point Schuman (quartier européen). Une délégation de notre Secours Rouge était présente.

Manif à Bruxelles pour Güler Zere

Vendredi 25 septembre

Un rassemblement avec diffusion de tracts s’est tenu de 14h à 15h à l’appel du Comité des Libertés au rond-point Schuman (quartier européen). Une délégation de notre Secours Rouge était présente.

Manif pour Güler Zere à Bruxelles

Jeudi 20 septembre

Reçu sur la boîte mail du SR: ‘La nuit du 30 septembre nous avons bombé la façade de la banque turque Turkiye Cumhuriyeti Zirat Bankasi, 193 rue royale à 1210 BXL, en solidarité avec la prisonnière révolutionnaire Güler Zere que le régime fasciste turc laisse mourir d’un cancer faute de soins appropriés.

Bombage pour Güler Zere

Vendredi 2 octobre (matin)

Invité par le think-tank bruxellois European Policy Centre (EPC) et la Confédération des hommes d’affaires et des industriels de Turquie (TUSKON), le ministre turc des affaires étrangères Ahmet Davutoglu a donné une conférence ce matin sous le titre: ‘Achieving synergy in foreign policy‘.

Durant son allocution, des militants belgo-turcs l’ont interpellé sur le cas de Güler Zere, une prisonnière politique incarcérée en Turquie depuis 14 ans, atteinte d’un cancer terminal mais dont la libération est entravée par l’Institut médicolégal. Brandissant des photos de Güler Zere et des pancartes, les manifestants ont déclaré en turc:’Vous vous targuez d’avoir lancé une ouverture démocratique et en même temps, vous laissez mourir Güler Zere en prison. L’exemple de Güler Zere démontre que la peine de mort n’est pas abolie en Turquie. Si vous prétendez le contraire, libérez-là.

Le ministre Davutoglu a répondu aux manifestants sur le ton de la crânerie et du paternalisme: ‘Güler ne mourra pas. Güler est notre fille, pas la vôtre.’ Sur ces entrefaites, le service de sécurité du ministre est intervenu et a reconduit les manifestants vers la sortie. La police turque en civil a par ailleurs effectué un contrôle d’identité et a longuement interrogé les manifestants à l’entrée de la salle de conférence.

Chahut contre un ministre turc

Echo de l’action à la télévision (images après une minute 20 seconde)

Echo de l’action dans le quotidien Milliyet

Vendredi 2 octobre (après-midi)

Un rassemblement s’est tenu de 14h à 15h à l’appel du Comité des Libertés au rond-point Schuman (quartier européen). Une délégation de notre Secours Rouge était présente.

Manifestation pour Güler Zere

Vendredi 9 octobre (après-midi)

Un rassemblement s’est tenu de 14h à 15h à l’appel du Comité des Libertés au rond-point Schuman (quartier européen). Une délégation de notre Secours Rouge était présente.

Rassemblement pour Güler Zere

Vendredi 16 octobre (après-midi)

Un rassemblement s’est tenu de 14h à 15h à l’appel du Comité des Libertés au rond-point Schuman (quartier européen). Une délégation de notre Secours Rouge était présente.

Rassemblement pour Güler Zere

Vendredi 23 octobre (après-midi)

Un rassemblement s’est tenu de 14h à 15h à l’appel du Comité des Libertés au rond-point Schuman (quartier européen). Une délégation de notre Secours Rouge était présente. 500 tracts ont été distribués à cette occasion.

Rassemblement pour Güler Zere

Jeudi 5 et vendredi 6 novembre

Deux rassemblements se sont tenus de 13h à 16h à l’appel du Comité des Libertés au rond-point Schuman (quartier européen). Trois membres du comité des Libertés avaient commencé une grève de la faim de solidarité avec Güler Zere. Une délégation de notre Secours Rouge était présente. 300 tracts ont été distribués.

Rassemblement pour Güler Zere

Le tract commun Comité des Liberté/Secours Rouge distribué lors de la campagne – format pdf

5. Libération de Güler Zere

Le 6 novembre, dans l’après-midi, le président de la République de Turquie Abdullah Gül a signé le décret de grâce présidentielle pour Güler Zere, incarcérée depuis 14 ans et atteinte d’un cancer en phase terminale.

Vers 22h00, heure turque, Güler Zere est sortie, un masque couvrant la bouche et le nez, par la porte de la morgue en chaise roulante, en compagnie de sa famille, de ses aides-soignants et de son avocat Taylan Tanay. Elle a été accueillie par des sympathisants qui lui ont offert un bouquet d’œillets aux cris de ‘Güler Zere est notre dignité‘, ‘les prisonniers révolutionnaires sont notre dignité‘. Güler a à son tour salué ses nombreux camarades qui campaient depuis 121 jours devant cet hôpital de Balcali à Adana (sud de la Turquie ) où elle était soignée dans une unité réservée aux prisonniers.

Une ambulance l’attendait pour être emmenée vers un hôpital privé d’Adana où elle passera la nuit. Güler Zere sera ensuite transférée vers l’hôpital universitaire de Capa à Istanbul par avion. Sa libération, est une victoire même si, comme elle l’a murmuré à son avocat ce soir, victime de l’arbitraire cruel de l’Institut médicolégal et de la bureaucratie, elle a finalement gagné ‘non pas le droit de guérir, mais de mourir en liberté‘.

Libération de Güler Zere

Libération de Güler Zere

Bien qu’affaiblie, Güler Zere a tenu avait tenu à être présente le 29 novembre aux côtés des manifestants exigeant la libération des militants malades.

6. Décès et funérailles

Güler Zere est décédée le vendredi 7 mai et la rue, en Turquie, s’est enflammée en don honneur. Les innombrables actions d’hommage ont réuni pratiquement tous les courants de la gauche anatolienne : le Front populaire (Halk Cephesi) et le Comité alévi révolutionnaire (DAK) dont Güler Zere était membre, le Parti communiste (TKP), le Parti de la liberté et de la solidarité (ÖDP), le Parti socialiste des opprimés (ESP), la Plate-forme révolutionnaire indépendante de classe (BDSP), les syndicats des travailleurs du public et des retraités, des collectifs étudiants et des associations professionnelles

En début de soirée, des milliers de personnes ont parcouru la rue Istiklal à Istanbul aux cris de : « Güler Zere est immortelle », « Liberté pour tous les détenus malades », « L’Etat assassin devra rendre des comptes », « Nous avons payé cher, ils le paieront cher » ou encore « Les martyres de la révolution sont éternels ». Entre-temps, plusieurs centaines de manifestants se sont massés devant son domicile à Armutlu où elle s’est éteinte. La foule a brandi son catafalque drapé de rouge en scandant des slogans hostiles au gouvernement.

Voir ici la vidéo de ce défilé

Des militants masqués du DHKP-C armés de cocktails Molotov ont défilé dans plusieurs quartiers d’Istanbul, notamment dans le quartier autoproclamé « du 1er mai » (officiellement appelé « quartier Mustafa Kemal »), de Gazi, d’Alibeyköy (photo) et de Sarigazi en hommage à Güler Zere.

Actions de rue en hommage à Güler Zere

Les funérailles de Güler Zere eurent lieu le lendemain au Djemévi (temple alévi) d’Armutlu.

Güler Zere

Rassemblement pour Güler Zere
Güler Zere
Manifestation pour Güler Zere en Turquie
Manifestation pour Güler Zere
Manifestation pour Güler Zere en Turquie
Collages pour Güler Zere
Calicot pour Güler Zere
Rassemblement pour Güler Zere
Manif à Istanbul pour Güler Zere
Collecte de signatures pour Güler Zere
Manif pour Güler Zere à Bruxelles
Rassemblement pour Güler Zere à Bruxelles
Rassemblement pour Güler Zere à Bruxelles
Manif à Bruxelles pour Güler Zere
Manif pour Güler Zere à Bruxelles
Bombage pour Güler Zere
Chahut contre un ministre turc
Manifestation pour Güler Zere
Rassemblement pour Güler Zere
Rassemblement pour Güler Zere
Rassemblement pour Güler Zere
Libération de Güler Zere
Libération de Güler Zere

Jeunesse

Georges Ibrahim Abdallah est né à Kobayath – Akkar, dans le Nord du Liban, le 2 avril 1951. Il a suivi ses études à l’Ecole Nornale à Achrafieh, et en est sorti diplômé en 1970. Georges Abdallah a grandi à une époque où la crise structurelle de l’entité libanaise devenait de plus en plus insurmontable. C’est l’époque où pour conjurer tout changement et contrer la radicalisation du mouvement des masses populaires et de la jeunesse, la bourgeoisie n’hésita pas à pousser vers la guerre civile confessionnelle.

L’affirmation de la réalité révolutionnaire palestinienne sur le devant de la scène régionale et libanaise a démultiplié la portée des diverses
luttes sociales au début des années 70. A la veille de la guerre civile de 1975, la crise du système a changé de nature et la portée des enjeux s’est modifiée. Les ‘ceintures de la misère’ autour de Beyrouth, les villes et les villages du Sud et les camps de réfugiés aux abords des principales villes incarneront dès lors et pour de longues années les enjeux locaux, régionaux et internationaux du mouvement révolutionnaire…

Massacre de la Quarantaine, Beyrouth 1976

Cette réalité de lutte, de résistance et de sacrifice a construit la conscience politique de Georges Abdallah et déterminé son engagement révolutionnaire. Il choisit la résistance face aux massacres de masse perpétrés par les bourgeois confessionnalistes de tous bords et leurs alliés israéliens et franco-américains et commence son engagement politique dans les rangs du Parti National Social Syrien (PNSS, progressiste et panarabe) pour rejoindre ensuite la résistance palestinienne, en adhérant au FPLP.

L’invasion israélienne de 1978

Le 14 mars 1978, trois jours après l’action d’un commando palestiniens infiltré au Sud-Liban contre un bus, l’armée sioniste envahi le Liban pour y détruire les bases des organisations palestinienne au sud de la rivière Litani (qui marque la frontière du Sud-Liban). L’armée sioniste tue 1186 civils libanais, provoque le départ de 285.000 réfugiés, endommage 82 villages et rase complètement six d’entre eux. Georges Abdallah combat dans les rangs du FPLP cette invasion et sera blessé à cette occasion.

Cette invasion entrainera le conseil de sécurité de l’ONU à voter une résolution stipulant le retrait de l’armée israélienne et mettant en place une force « d’interposition » (la FINUL). Israël contourne cette résolution en remettant le Sud-Liban à une milice de Libanais chrétiens à sa solde, l’Armée du Liban Sud (ALS), qui fera régner une terreur blanche dans la région (ouverture du camp de concentration de Khiam).

Opération Litani (mars 1978)

L’invasion israélienne de 1982

Après des mois d’agressions en tout genre (bombardements aériens et navals, raids héliportés, attaques menées par l’intermédiaire de supplétifs mercenaires comme l’Armée du Liban Sud), l’armée israélienne envahit le Liban le 6 juin 1982.

L’armée israélienne a perdu 670 soldats. 18.000 combattants arabes sont morts durant cette guerre [[Soldats syriens, combattants de la gauche libanaise et des organisation palestiniennes]]. Des centaines de militants arabes capturés et ‘disparus’ dans les camps d’Ansar et de Khiam. Le bilan final de l’opération ‘Paix pour la Galilée’ est éloquent: 25.000 morts, 45.000 blessés, Beyrouth dévasté par des semaines de siège et de bombardements.

Invasion du Liban de 1982


Massacres de Sabra et Chatila

Les 16 et 17 septembre, c’est le massacre de Sabra et Chatila (deux camps de réfugiés palestiniens de Beyrouth-Ouest. L’armée israélienne qui a encerclé ces deux camps vides de tout combattants palestiniens laisse entrer les tueurs des milices fascistes chrétiennes et observent le massacre. Entre 1000 et 5000 civils désarmés sont froidement assassinés.

Les Fractions Armées Révolutionnaires Libanaises

Cette invasion fut perpétrée avec la complicité générale des puissances occidentales. En réaction, des combattants libanais et arabes allèrent porter la guerre contre le sionisme et l’impérialisme dans le monde. Ce fut le cas des Fraction Armées Révolutionnaires Libanaises (FARL) qui entrèrent en action en Europe, et dont les principales actions, extrêmement ciblées et précises, furent la tentative d’attentat contre Christian Edison Chapman, le responsable en second à l’ambassade américaine en France (12 novembre 1981); l’exécution du colonel Charles Ray, l’attaché militaire à l’ambassade américaine en France (18 janvier 1982); l’exécution de Yakov Barsimantov, le secrétaire en second à l’ambassade israélienne en France et, surtout, responsable du Mossad en France (abattu par une jeune femme le 3 avril 1982); la tentative d’attentat contre Rodrigue Grant, l’attaché commercial à l’ambassade américaine en France, qui se solda par la mort de deux artificiers de la police française qui tentaient de désamorcer la bombe placée sous la voiture du diplomate (22 août 1982); la tentative d’attentat de Robert Onan Home, le Consul Général des Etats-Unis à Strasbourg, qui échappa de peu aux balles tirées contre lui le 26 mars 1984.

Voici un des communiqué des FARL (celui de l’action contre Yacov Barsimantov):

Nous, FRACTION ARMÉE RÉVOLUTIONNAIRE LIBANAISE, nous nous adressons à tous ceux qui condamnent la terreur et le terrorisme, à tous ceux qui militent pour l’abolition de la société d’exploitation et de guerre. Nous avons exécuté YACOV BARSIMANTOV.
La presse impérialiste et les gouvernements qui soutiennent l’impérialisme, comme le gouvernement Français, crient au «terrorisme». Qui sont les terroristes ? Ceux qui tuent un jeune Cisjordanien parce qu’il résiste à l’annexion de son pays par Israël, ceux qui bombardent les populations civiles du Sud Liban, ceux qui tuent aveuglément et osent se réclamer d’un pseudo «cessez le feu».
Nous, nous attaquons ceux qui organisent le génocide du peuple Palestinien. Nous, nous sauvegardons la vie des innocents même au péril de notre propre sécurité.
Depuis sept ans le peuple Libanais subit la guerre. Depuis sept ans l’impérialisme, sous le couvert de la lutte contre les «fanatiques Palestiniens», détruit tout ce qui est progressiste au Liban.
C’est notre droit de nous défendre.
C’est notre droit aussi d’attaquer l’impérialisme partout où il sévit et en particulier là où il bénéficie du soutien politique du gouvernement en place.
Nous poursuivrons notre guerre à la guerre impérialiste jusqu’à la victoire.
À bas l’impérialisme Américain et ses mercenaires Européens.
La Victoire ou la Victoire.
Fraction Armée Révolutionnaire Libanaise
Paris. le 7 avril 1982

Le 6 août 1984. Les douaniers italiens arrêtent dans le train Ljubljana-Rome-Paris un jeune homme de 19 ans, Abdullah el-Mansouri, qui transporte environ huit kilos d’explosifs et qui se rend à Paris. Abdullah el-Mansouri ne dira rien, mais c’est semble-t-il en étudiant l’achat du ticket que la police italienne arrête Joséphine Abdo Sarkis (26 ans) et Daher Feriol Fayez (23 ans). Ils seront condamnés l’année suivant par un tribunal de Trieste à 15 années de prison.

Arrestation

Les autorités françaises arrêtèrent Georges Ibrahim Abdallah le 24 octobre 1984, après qu’un groupe du Mossad et quelques-uns de ses agents libanais l’eurent suivi à Lyon. L’incarcération n’était motivée que par la détention de vrais-faux papiers d’identité: un passeport délivré légalement (avec une identité fictive) par les autorités algériennes.

Les autorités françaises avaient promis au gouvernement algérien la mise en liberté de Georges Ibrahim Abdallah. Dans ce but, elles avaient envoyé le chef du département des services secrets français (DST) en Algérie pour en informer le gouvernement algérien. Dans le journal-mémoire qu’il a fait éditer, Jacques Attali, le conseiller du président français François Mitterand, écrivait: ‘Jeudi 28 mars 1985. Ive Bonnet, patron de la DST, envoyé à Alger, explique qu’Abdallah, arrêté à Lyon, sera libéré pendant l’été en raison des faibles charges qui pèsent contre lui. Les Algériens lui répondent que le Français enlevé au Liban, Pyrroles[[En réalité Peyrolles; il s’agissait d’un diplomate français en poste à Tripoli, au Nord du Liban]], sera relâché si Abdallah l’est aussi. On obtient que celui-là précède celui-ci.'[[Verbatim, tome l. Deuxième partie Chronique des années 1983-1986, p. 1202]]. Jacques Attali toujours: ‘Lundi 24 mars 1986. Réunion chez le Président (Mitterrand) avec Ulrich (représentant Jacques Chirac), Giraud, Raimond, le général Forey et Jean-Louis Bianco. Le Président: ‘… la DST avait été autorisée à dire aux Algériens (qui servaient d’intermédiaires) que la libération d’Ibrahim Abdallah était envisageable dans le cadre de la loi française. La DST a sans doute dit aux Algériens: on va le libérer tout de suite… »[[Verbatim, tome lI. Chronique des années 1986 – 1988, Fayard, Paris, 1995, p.25]]

Mais les autorités françaises ne respectèrent pas cet engagement. Georges Ibrahim Abdallah fut traduit devant le tribunal le 10 juillet 1986 pour détention d’armes et d’explosifs; une sentence de quatre années d’incarcération fut prononcée. Il refusa le procès mais n’objecta pas. Les Français manquaient à leur promesse.

Les autorités françaises étaient alors soumises à une pression directe des États-Unis. Le président américain Reagan lui-même aborda le sujet du procès de Georges Ibrahim Abdallah lors d’une rencontre avec le président français Mitterrand. De nombreuses immixtions américaines s’étaient exercées pour pousser les autorités françaises à ne pas relâcher Georges Ibrahim Abdallah. Les États-Unis s’étaient constitués partie civile dans le procès. Les pressions sionistes ne manquaient pas non plus. Attali : ‘Vendredi 27 juin 1986. A l’ambassade de France à La Haye, petit déjeuner traditionnel entre François Mitterrand et Helmut Kohl… François Mitterrand: ‘… Le conseiller pour la Sécurité de Ronald Reagan, John Pointdexter, nous télégraphie pour nous mettre en garde contre une éventuelle libération d’Ibrahim Abdallah avant son procès et avant que les autorités américaines n’aient toutes les preuves relatives aux charges contre lui. Son gouvernement, rappelle-t-il, s’est porté partie civile dans ce procès, et le Président américain y voit une occasion de démontrer la capacité et la volonté des sociétés démocratiques de faire pleinement justice contre ceux qui sont accusés de commettre des actes de terrorisme.’ Pourquoi nous écrit-on cela? Nous ne savons rien de ce dont il retourne. Les Américains sont-ils au courant des tractations engagées à ce sujet par le gouvernement à l’insu de l’Elysée[[La France est alors sous le régime de la cohabitation: en raison du décalage des élections parlementaire et présidentielle, le gouvernement est de droite et la présidence (‘l’Élysée’) de gauche. Le gouvernement menait en de nombreux points sa propre politique, en veillant à en écarter la Présidence.]]?'[[Verbatim, tome lI. Chronique des années 1986 – 1988, p. 103, 104 et 105.]]

Les attentats massacres, le CSPPA, l’intox

A ce moment, la France était sous l’effet d’une série d’attentats aveugles à Paris entre 1986 et 1987, et qui avaient fait de nombreuses victimes françaises innocentes (13 morts et plus de 300 blessés). Ces attentats étaient revendiqués par le CSPPA (Comité de solidarité avec les prisonniers politiques arabes) qui exigeait la libération de Georges Ibrahim Abdallah, du Libanais lié aux services secrets iraniens Anis Naccache et de Varoudjian Garbidjian, un militant de l’Armée Secrète Arménienne pour la Libération de l’Arménie (ASALA). En fait, ces attentats étaient commis par un réseau proche de l’Iran, dirigé par le Tunisien Fouad Ali Salah, qui entendait faire payer à la France son soutien à l’Irak dans la guerre contre l’Iran.

Il est apparu par la suite que les services français savaient (sans en avoir identifier précisément les auteurs) de quel côté venaient ces attentats massacres. Mais à ce moment, les autorités françaises négociaient et débattaient avec les commanditaires du CSPPA (négociations secrètes qui d’ailleurs aboutirent et virent la libération des agents iraniens détenus en France). Pour couvrir ces négociations secrètes et rassurer l’opinion publique française (en la désinformant), les services secrets français accusèrent les frères de Georges Ibrahim Abdallah de ces attentats.

Les autorités françaises offrirent des sommes d’argent pour tout renseignement concernant les frères Abdallah. Elles diffusèrent les noms des frères dans le monde entier pour qu’ils soient poursuivis, et firent afficher leurs photos dans tous les postes frontières et dans les lieux publics en France. Les frères Abdallah nièrent immédiatement ces accusations calomnieuses à travers des conférences de presse. Les ‘informations’ sur lesquelles les services secrets français prétendaient s’appuyer provenaient des rapports du Mossad et de ceux de l’avocat de Georges Ibrahim Abdallah, Jean-Paul Mazurier, qui était devenu toxicomane et que les services secrets utilisaient comme informateur et comme désinformateur. Le syndicat des avocats le chassera plus tard de ses rangs, lorsque cette affaire fut rendue publique[[Cf le livre de Laurent GALLY: L’Agent noir. Une Taupe dans l’Affaire Abdallah]].

Article sur Mazurier

Officiellement sur base de l’étude des documente trouvés à Lyon chez Georges Abdallah, une commission rogatoire ordonnant la perquisition d’un appartement parisien, rendue par la juge d’instruction Kleidmann dès le 27 octobre 1984, est exécutée le … 2 avril 1985 au matin, juste avant la libération conditionnelle de Georges Abdallah ! On y trouve 23 kilos d’explosifs, des 3 détonateurs, des armes et des munitions, parmi lesquelles le pistolet tchèque qui a servi aux actions contre Roy et Barsimentov.

Le second procès

Le premier mars 1987, les autorités françaises jugèrent une deuxième fois Georges Ibrahim Abdallah sur base de cette ‘découverte’ tardive et miraculeuse. Il fut accusé de conspiration dans des actes terroristes (d’avoir fondé les Fractions Armées Révolutionnaires Libanaises et d’en avoir planifier les opérations). Un verdict de condamnation à perpétuité fut prononcé. Pour ce procès, les autorités françaises avait constitué une tribunal spécial antiterroriste pouvant prononcer ses verdicts sur base des données fournies par les services secrets, sans avoir recours aux preuves juridiques ou aux témoins, contrairement aux codes de procédure. Absolument personne ne s’était présenté en témoignage de l’implication de Georges Abdallah dans tout ce qu’on lui attribuait comme charges.

La condamnation à perpétuité de Georges Abdallah et l’accusation lancée contre ses frères servirent à désinformer le peuple français sous le choc des attentats-massacres du CSPPA, à satisfaire les Américains et les sionistes, et à faire apparaître la France comme un pays pouvant combattre le terrorisme.

La détention

En prison, comme en témoignent les textes que nous publions dans cette brochure, Georges Ibrahim Abdallah a continué a défendre la cause des peuples. C’est ainsi qu’il a adhéré à la Plate-forme du 19 juin 1999 qui a réuni dans une communauté de lutte une centaine de prisonniers révolutionnaires, communistes, anarchistes, antifascistes et anti-impérialistes, et qu’il a participé aux grèves de la faim de solidarité avec les prisonniers révolutionnaires en Turquie. En août 2002, en solidarité avec les prisonnières palestiniennes détenues à Neve Tirza (Israël) en grève de la faim pour dénoncer les humiliations quotidiennes dont elles font l’objet dans les geôles sionistes, Georges Ibrahim Abdallah et plusieurs dizaines de prisonniers détenus à Moulins (en fait, presque tous les prisonniers de la centrale) ont refusé le repas de l’administration pénitentiaire. Cette initiative lui a valu d’être, en compagnie de deux autres prétendus ‘meneurs’ placé pendant plusieurs mois à l’isolement, à la prison de Fresnes.

Georges Abdallah a encore comparu le 1er décembre 2010 devant un tribunal de Tarbes pour « refus de se soumettre à un prélèvement ADN ». Il avait été condamné à trois mois de détention pour ce refus. Trois mois de détention alors qu’il est condamné à perpétuité !

Georges Ibrahim Abdallah

Le refus de libération

Depuis 1999, la libération de Georges Ibrahim Abdallah ne requiert pas de recours en grâce particulier, elle est possible juste par un simple arrêté administratif du Ministère de la Justice, conformément au code pénal français qui rend cette libération possible après quinze années d’incarcération.

En novembre 2003, la juridiction régionale de libération conditionnelle de Pau avait autorisé la libération de Georges Ibrahim Abdallah à condition qu’il quitte la France immédiatement. Sur ordre du ministre de la Justice Dominique Perben, le procureur général de Pau avait aussitôt fait appel de cette décision, saisissant de facto la juridiction nationale. La juridiction nationale de libération conditionnelle a rendu son verdict le 15 janvier 2004, en décidant le maintien en prison de Georges Ibrahim Abdallah, décision conforme aux conclusions de l’avocat général et au souhait du ministre…

Février 2005, Georges Ibrahim Abdallah présente une nouvelle demande de libération conditionnelle. Septembre 2005, le Tribunal de Grande Instance de Tarbes, présidé par le même juge qui avait statué positivement à la première demande de libération en 2003, rejette cette demande. Septembre 2005, appel de cette décision introduit par Georges Abdallah. Février 2006, nouveau refus.

Georges Ibrahim Abdallah a déposé une nouvelle demande de libération conditionnelle le 6 février 2007. Elle devait être examinée le mardi 26 juin 2007 à 15H30, soit quasiment à la limite du délai maximum de 6 mois autorisé par la loi. Rappelons que maintenant en France la justice d’exception s’effectue par Vidéoconférence. L’accusé est seul, ou avec son avocat, face à des caméras dans son lieu de détention, entouré de gardiens. Les juges, avocats des parties civiles, procureur quant à eux siègent à Paris dans les locaux du Palais de Justice. Le 6 février, personne ne savait faire fonctionner les caméras ! L’examen de la demande a donc été repoussé après les vacances judiciaires, au 4 septembre. Après un nouveau report, la demande sera rejetée le 10 octobre.

20 décembre 2007, la demande de libération conditionnelle de Georges Abdallah est examinée en appel. L’audience est fixée le 31 janvier 2008, puis reportée au 17 avril, puis au 4 septembre, puis au 8 janvier 2009, au 26 mars 2009 !!!
La cour va se baser sur un avis de la commission pluridisciplinaire des mesures de sûreté de Paris rendu le 22 janvier 2009 concernant Georges Ibrahim Abdallah:
« Il [Georges Ibrahim ABDALLAH] revendique ses actes et les justifie par son engagement politique ; il se présente comme un « résistant » qui, à l’époque, luttait par la violence contre l’occupation du LIBAN par ISRAEL, avec la complicité des ETATS-UNIS.
(…)
La commission constate que Georges Ibrahim ABDALLAH n’a aucunement renoncé à la lutte armée et à l’action terroriste, y compris en France. Sa dangerosité est démontré par son indifférence pour le sort des victimes et la force intacte de ses convictions qui peuvent à nouveau, si le contexte politique s’y prêtait, le pousser à se comporter en activiste résolu et implacable.
La commission émet un avis défavorable à la demande de libération conditionnelle de Georges Ibrahim ABDALLAH. »

Le 5 mai 2009, la libération est refusée.

Le 21 novembre 2012, le tribunal d’application des peines (TAP) de Paris avait émis un avis positif de principe sur sa demande de libération. Début janvier 2013, la chambre d’application des peines de Paris, qui examinait l’affaire en appel, a accédé à la huitième demande de libération de Georges Abdallah, en la conditionnant à un arrêté d’expulsion du territoire français que le ministère de l’intérieur doit impérativement prendre d’ici au 14 janvier. Les Etats-Unis ont immédiatement fait part de leur opposition à sa libération en estimant qu’il constituait toujours une menace potentielle. Par ailleurs, a décision de libéreration a été reportée lundi au 28 janvier par TAP confronté au fait que le ministère de l’intérieur n’a pas signé l’arrêté d’expulsion du territoire français, qui est le préalable indispensable à cette libération. Le 28 janvier, le document n’ayant toujours pas été signé, son transfert de pour le Liban fut reporté au 28 février.

Durant toutes ces semaines, les initiatives, les actions et les manifestations de solidarité se multiplient à travers l’Europe et le monde arabe. Pour une vision d’ensemble, notamment de la journée internationale du 27 février 2013, consultez notre page spéciale.

Le 28 février, la Chambre d’application des peines a examiné un appel du parquet, contestant le report de la décision finale du Tribunal d’application des peines (TAP) de Paris sur la demande de libération conditionnelle, dans l’attente d’un hypothétique arrêté d’expulsion signé par le ministère de l’Intérieur. Le 4 avril la cours de cassation a cassé et annulé la décision du 10 janvier 2013 et déclaré irrecevable la demande de libération conditionnelle de Georges Ibrahim Abdallah au motif que ‘le condamné n’a pas été placé sous le régime de la semi-liberté. Disposition applicable à un étranger condamné qui n’est pas l’objet de l’une des mesures d’éloignement du territoire’.

Georges Ibrahim Abdallah 2010

Georges Abdallah dépose une nouvelle demande de liberté qui est examinée par une la Chambre d’application des peines (Chap) à Lannemezan le 30 septembre 2014. Verdict le 5 novembre. Cette comparution survient alors que Georges Abdallah entame sa 31e année de prison, et donne lieu à une nouvelle vague de solidarité, voir notre page spéciale).

Georges Ibrahim Abdallah
Massacre de la Quarantaine, Beyrouth 1976
Opération Litani (mars 1978)
Invasion du Liban de 1982
Massacres de Sabra et Chatila
Article sur Mazurier
Qui est Georges Ibrahim Abdallah?