Hier, le collectif universitaire contre les violences policières a lancé une caisse de soutien aux gilets jaunes. Ce collectif a été lancé en mars dernier par plus de 450 universitaires au moyen d’un appel intitulé « Universitaires, nous nous déclarons « complices » des gilets jaunes face aux dérives autoritaires du pouvoir ».

Le collectif dénonce la répression du mouvement Gilets Jaunes, les nouvelles mesures liberticides récemment adoptées (unité « anti-casseurs », « visage masqué » considéré comme délit, marquage chimique des manifestant.es, etc.) ainsi que l’augmentation de la répression judiciaire (nombre des procès en augmentation constante et condamnations à de la prison ferme plus fréquentes).

Afin d’aider les manifestant·e·s à faire face aux coûts financier des procès, le collectif universitaire a donc lancé une cagnotte qui financera des collectifs d’autodéfense juridiques. Les fonds seront répartis entre les collectifs locaux avec le soutien du réseau national des collectifs d’autodéfense juridique.

Le lien vers [la cagnotte
->https://www.helloasso.com/associations/les-amis-de-la-liberte/collectes/caisse-de-soutien-aux-gilets-jaunes]

Le même jour, deux personnes condamnées à Reims à 18 mois de prison ferme et pour l’un d’entres eux à verser 1000 euros à un policier. Ils étaient accusés d’avoir jeté des projectiles sur les forces de l’ordre (des pierres pour l’un, des grenades lacrymogènes pour l’autre), samedi, pendant la manifestation des gilets jaunes. Dans les deux cas, le tribunal a été plus sévère que le procureur de la République. Alors que le parquet avait réclamé 12 et 13 mois de prison ferme contre les deux hommes, jugés en comparution immédiate, le tribunal les a condamnés tous les deux à 18 mois ferme, avec mandat de dépôt, et donc, incarcération immédiate à la sortie de l’audience.

Deux autres hommes étaient jugés le même jour. Le premier été accusé de jet de pavés sur la police. Il écope de quatre mois de prison ferme. Le second aurait traité les policiers de « moutons ». Il écope de quatre mois ferme, plus quatre mois supplémentaires, en révocation d’une peine de sursis précédente.

Gilets Jaunes Acte XXIV Paris

Gilets Jaunes Acte XXIV Paris

Tamara Sol, une anarchiste chilienne, avait été condamnée en 2014 à 7 ans et 61 jours d’emprisonnement pour avoir tiré sur le vigile d’une banque. Elle a donc déjà passé 5 ans et demi derrière les barreaux dans différentes prisons du pays (voir notre article). Actuellement à la prison de Valdivia, elle a cherché à plusieurs reprises à obtenir une libération conditionnelle. Cette mesure systématiquement refusée le mois dernier, bien qu’elle ait exécuté plus de la moitié de sa peine. Cela s’explique par le fait qu’elle est concernée par le décret de loi 321, entré en vigueur récemment. Ce décret renforce les obstacles aux prisonniers qui demandent une libération conditionnelle et s’applique rétroactivement à ceux qui tentaient déjà de l’obtenir.

Tamara Sol

Tamara Sol

Le dirigeant maoïste Sabyasachi Panda a été condamné ce samedi à la prison à vie pour le tribunal de Berhampur dans l’Odisha. Il y avait été arrêté dans la nuit du 17 juillet 2014 par la police locale qui avait affirmé avoir également saisi un arme, de l’argent liquide et de l’or. Il est condamné en vertu de l’article 121 du Code Pénal qui poursuit tout tentative de rébellion contre l’état. D’autres articles du Code Pénal ont également été invoqué par le juge qui a entendu 15 témoins au cours de ce procès. Panda est accusé d’être impliqué dans plusieurs actions attribuées à la guérilla maoïste, dont le pillage d’un arsenal des forces de sécurité, l’assassinat d’un homme politique ou encore l’enlèvement de deux touristes italiens. Son avocat a d’ores et déjà annoncé son intention d’aller en appel.

Sabyasachi Panda à sa sortie du tribunal

Sabyasachi Panda à sa sortie du tribunal

Jeudi 16 mai, au 190ème jour de la grève de la faim initiée par Leyla Güven (voir notre article), le ministère de la justice turc a annoncé la levée des mesures interdisant à Öcalan de rencontrer ses avocats. Le cabinet juridique Asrin qui assure la défense du leader kurde a dans la foulée publié un communiqué de presse, dans lequel il appelle les autorités turques à traduire leurs paroles par des actes

Cette décision fait suite une décision du tribunal criminel de Bursa d’annuler, suite à un recours introduit par les avocats de la défense, la décision judiciaire interdisant les visites des avocats. Les avocats rappellent cependant qu’aucune rencontre n’a eu lieu après une rencontre exceptionnelle le 2 mai 2019, malgré les demandes de visite chaque jour déposées. Quant aux demandes de visite de la famille, elles continuent à être rejetées en application d’une interdiction judiciaire fondée sur une mesure disciplinaire en date du 22 avril 2019.

Plus d’infos ici

L’île-prison d’Imrali où est incarcéré Abdullah Öcalan

L’île-prison d’Imrali où est incarcéré Abdullah Öcalan

Lundi 13 mai, la police espagnole a lancé une opération « antiterroriste » contre des anarchistes à Tetuán (Madrid). L’Espace Anarchiste ‘La Emboscada’ et une autre maison squattée ont été perquisitionnés par des agents de la « brigada de información » et des policiers anti-émeute. L’opération s’est soldée par l’arrestation de deux personnes. Des rassemblements de solidarités seront prévus. Les détail seront communiqués ici.

Manifestation à Barcelone de soutien aux prisonniers de Pandora, une opération antiterroriste lancée en 2014

Manifestation à Barcelone de soutien aux prisonniers de Pandora, une opération antiterroriste lancée en 2014

Ce lundi 13 mai, trois personnes ont été interpellées par la Guardia Civil en Navarre pour avoir porté des photos de prisonniers basques pendant la Korrika (la Korrika est une course-relais en faveur de la sauvegarde et de la promotion du basque qui parcourt le Pays Basque durant 11 jours et 10 nuits sans interruption). La justice les accuse « d’apologie du terrorisme ». Les trois personnes ont été relâchées dans l’après-midi.

Photos des prisonniers de l’ETA portées sur le parcours de la Korrika

Le 10 avril, Téo et Tristan, deux Gilets Jaunes de la région clermontoise ont été mis en garde à vue pour avoir participé à l’Acte XV des Gilet Jaune du 23 février. Ayant refusé la comparution immédiate, ils ont passé un mois en prison et ont été jugés ce lundi 13 mai. Le procès s’est déroulé uniquement à charge pour les deux inculpés. Téo a été condamné à 1 an et 8 mois de prison dont 10 avec sursis et interdiction de paraître place de Jaude pendant 2 ans. Tristan a été condamné à 18 mois de prison dont 10 avec sursis et interdiction de paraître place de Jaude pendant 2 ans. Ils sont solidairement condamnés à rembourser les parties civiles et à trouver du travail (tous les deux travaillaient avant leurs arrestations). Ils devront payer 9 670 euros au crédit mutuel pour les dégradations de la vitrine. D’autres amendes arriveront de la part de Clermont Communauté et de la société de parking du centre commercial de Jaude.

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Le 9 mai, cinq prisonniers anarchistes ont été placés en résidence surveillée après avoir été incarcérés le 19 février dans le cadre de l’opération « Renata ». Il s’agit d’Agnese Trentin (récemment transférée dans la section de la prison AS2 de L’Aquila), Giulio Berdusco, Roberto Bottamedi (incarcéré à Tolmezzo), Andrea Parolari et Nicola Briganti (incarcérés à Ferrare). Seul Luca Dolce (dit «Stecco») reste en prison à cause d’autres condamnations. Sasha, qui avait également été arrêté le 19 février et placé en résidence surveillée, a vu cette mesure allégée en « mesure de précaution » (obligation d’être à son domicile de 21h00 à 7h00).

Ces anarchistes étaient initialement accusés d ‘ »association subversive à des fins de terrorisme et de subversion de l’ordre démocratique » (article 270bis du code pénal, pour quatre personnes) et d’ « attentat terroriste » (art. 280, tous), ainsi que d’autres infractions connexes (« interruption du service public », « dommage », « sabotage de dispositifs télématiques », « incendie » et « transport de matériel explosif »). La police les considère comme responsables d’actions directes entreprises dans le Trentin au cours des deux dernières années. La circonstance aggravante de « terrorisme » a été finalement abandonnée, de sorte que l’accusation principale est devenue « association subversive » (art. 270 c. P.).

Voici l’adresse de Stecco:
Luca Dolce
Prison District Home of Tolmezzo
via Paluzza 77

Manifestation de solidarité avec les anarchistes visés par l’opération Renata


33028 Tolmezzo (Ud)

Manifestation de solidarité avec les anarchistes visés par l'opération Renata

Le samedi 11 mai, Tuna Altinel, professeur de mathématiques à l’université Lyon 1, a été arrêté et est actuellement en garde à vue à Balikesir (région de Marmara, Turquie). Il est accusé de terrorisme pour avoir signé en 2016 une pétition appelant à une solution pacifique au conflit militaire opposant les forces de sécurité turques au PKK. Plus de 1000 universitaires tuques avaient signés cette pétition. Tuna Altinel a été arrêté alors qu’il se rendait à un poste de police de Balikeskir pour obtenir des informations sur une restriction de voyage imposée à son passeport. Il a été arrêté pour propagande d’une organisation illégale. Son avocat a déclaré qu’il était accusé d’avoir fait de la propagande pour le PKK lors d’une table ronde en France, alors qu’il n’était pas présent ce soir-là. Jusqu’à présent, 121 universitaires ayant signé la pétition ont été condamnés à des peines de prison. Ils font tous face à des accusations de diffusion de propagande terroriste.

Tuna Altinel

Jeudi 9 mai, Chelsea Manning a été libérée de la prison de Virginie où elle a passé 62 jours (dont un mois à l’isolement) pour avoir refusé de témoigner au sujet de ses liens passés avec WikiLeaks devant un grand jury fédéral dans le district est de Virginie. Cette libération n’est pas le fruit d’une victoire juridique. En avril, une Cour d’appel avait rejeté une requête déposée par son équipe juridique pour la libérer (voir notre article).

Cette libération intervient plutôt suite à l’expiration du mandat du grand jury jeudi. Son équipe juridique a cependant déjà reçu une autre assignation à comparaître qui exige qu’elle comparaisse devant un autre grand jury le 17 mai. Manning s’est engagée à ne répondre à aucune question et pourrait donc être remise en détention dès la semaine prochaine.

Le refus de Manning de témoigner est un acte de protestation contre les grands jurys en général qui ont toujours été utilisé pour «piéger et persécuter des militants pour des propos politiques protégés». L’immunité est imposée aux témoins du grand jury, ce qui leur enlève le privilège de ne pas s’incriminer et les prive de tout «droit de garder le silence».

Chelsea Manning

Chelsea Manning