La nuit du 9 au 10 mai dernier, plusieurs actions anti-répression se sont déroulées dans la région de Gand: les vitres du commissariat de Gentbrugge ont été brisées, des tags ont été peints sur les murs de ce bâtiment, ainsi que sur celui du syndicat socialiste et de plusieurs banques. Une attaque incendiaire a également été menée contre le commissariat de Meulestede. Une demi-heure après les faits, la police a arrêté une personne qui se trouvait à proximité. Cette dernière a passé 17 heures en garde à vue, pendant que la police perquisitionnait chez ses parents et dans sa chambre d’étudiant. Elle y a saisi des tracts et des livres anarchistes, des notes personnelles et un ordinateur. Dans ce dernier, elle s’est particulièrement intéressée aux mails concernant diverses réunions, ainsi qu’aux sites visitées et aux recherches faites sur internet. Ce mercredi 26 janvier à 9 heures va débuté le procès de cette militante anarchiste qui est accusé d’avoir attaqué le commissariat de Gentbrugge, bien que les autorités n’aient encore avancé aucune preuves.

A Lyon en octobre dernier, 249 personnes avaient été interpellées en marge des manifestations contre la réforme des retraites. Lors de l’une d’entre elles, neuf jeunes ont été interpellés alors qu’ils allaient apporter leur soutien à un piquet de grève vers lequel se dirigeait une centaine de militants de la droite radicale. Au final, trois de ces jeunes sont poursuivis pour ‘participation et complicité de participation – pour l’un d’eux – à un attroupement en étant porteur d’une arme’, armes qualifiés d’armes par destination et non par nature. Ces armes sont deux barres d’aluminium (trouvées dans le sac à dos d’un des jeunes), un ceinturon à l’effigie d’un poing américain porté par un autre à son pantalon et une tringle à rideau trouvée dans un fourré. Leur avocat dénonce tant la notion d’attroupement que la réalité des armes. ‘Une arme par destination est une arme si on s’en sert. Ici, personne ne s’en est servi’. Il ajoute que les jeunes n’étaient pas porteurs d’armes, mais simples transporteurs, d’un ceinturon au pantalon ou de barres d’aluminium dans un sac. Le procureur a requis trois mois de prison avec sursis. Le jugement sera rendu le 24 février.

Baranaindar Mikel Jimenez Martin a été condamné hier à six ans de prison pour ‘possession de substances explosives et inflammables, de nature terroriste’ par l’Audience Nationale. Cette dernière l’accuse d’être en liaison avec l’ETA. Mais la pièce à conviction utilisée par le tribunal madrilène chargé des dossiers de terrorisme est inquiétante. Il s’agit d’un geste, un salut avec le poing levé, que l’accusé a fait à destination du public quand il allait être évacué. Le jugement statue: ‘l’expérience démontre que cela est caractéristique d’individus qui, s’ils ne sont pas membres d’ETA, se situent, au minimum, dans son entourage ou sont proches de cette organisation’.

Ce matin, le procès de treize personnes, âgées de 19 à 20 ans, a débuté à l’intérieur de la prison haute sécurité de Kirydallos à Athènes. Ce tribunal dans le pénitencier avait été mis en place à l’époque pour les procès ‘antiterroristes’ impliquant les membres des groupes ’17 Novembre’ et ‘Lutte Révolutionnaire Populaire’ (ELA). Les treize suspects, dont quatre seront jugés par défaut car toujours libres, sont accusés ‘d’appartenance à une organisation terroriste’. Les arrestations avaient fait suite à l’envoi de plusieurs colis piégés à des ambassades à Athènes, et dans d’autres capitales européennes. Ceux-ci avaient été revendiqué par le groupe ‘Conspiration des Cellules de Feu’. Le tribunal, qui siègera durant quelques mois, examinera aussi l’implication des accusés dans trois actions ayant visé un ministère et les domiciles de deux responsables politiques en 2009. Un important dispositif policier a été déployé autour du bâtiment et plusieurs manifestations de solidarité ont d’ores et déjà été annoncées.

Ce midi, les prévenus ont quitté l’audience. Ils avaient demandé qu’aucun document ne soit requis auprès des personnes assistant à l’audience, et qu’elles ne subissent aucun contrôle de police ni fichage. Or, le juge a tout juste consenti à ce que les cartes d’identité ne soient pas photocopiées, mais simplement laissées à l’entrée. Les accusés ont donc quitté la salle, sous les applaudissements de nombreuses personnes du public et aux cris de ‘la passion de la liberté est plus forte que toutes les prisons’.

Depuis le mois d’octobre, 151 personnes accusées d’entretenir des relations avec le PKK sont jugées à Diyarbakir, parmi lesquelles douze maires élus, membres du BDP (Peace and Democracy Party). Les accusations retenues sont l’adhésion à un groupe armé illégal, la diffusion de sa propagande, la perturbation de l’intégrité territoriale de la Turquie et la tenue de meetings publics illégaux. Ce jeudi, le procès a repris, les vacances judiciaires étant terminées.

A l’appel du BDP et du DKT (Democratic Society Congress – organisation qui chapeaute plusieurs groupes pro-kurdes), des centaines de personnes s’étaient rassemblées sur une place publique proche du tribunal pour dénoncer, entre autre, l’interdiction faite aux accusés de se défendre dans leur propre langue. La foule pacifique a dansé, scandé des slogans et écouté des discours avant de se mettre en marche vers le tribunal, encadrée comme il se doit par un cordon policier. Petit à petit, la tension est montée entre de petits groupes de manifestants et les forces de l’ordre, et à l’arrivée devant le tribunal, ces dernières ont commencé à lancer des gaz lacrymogènes. Ceux-ci ont entrainé la fuite d’une grande partie des manifestants. D’autres y ont répondu par des jets de pierres, de pétards et de cocktails Molotovs. Les affrontements ne se sont calmés qu’en fin d’après-midi. Malgré que la police ait été toujours présente en force, les manifestants sont restés sur place et ont chanté en attendant la fin de l’audience.

Manifestation en marge du procès à Diyarbakir

Manifestation en marge du procès à Diyarbakir

A quelques jours du procès de treize membres présumés du groupe ‘Conspiration des Cellules de Feu’ dans un tribunal installé à l’intérieur d’une prison d’Athènes, la police a effectué une vague de perquisition dans plusieurs quartiers d’Athènes, ainsi qu’à Salonique et près de Patras. Celles-ci se sont déroulées, selon la police, dans l’entourage des suspects arrêtés. Hier soir, elle a annoncé avoir procédé à deux arrestations dans le cadre des ‘enquêtes de la brigade anti-terroriste’ et que les recherches se poursuivaient.

En 2008, les autorités pénitentiaires de deux villes du nord du pays (Bolu et Tekirdag) avaient refusé de distribuer leur courrier à plusieurs prisonniers kurdes sous prétexte que celui-ci ne pouvait pas être contrôlé. En effet, les détenus correspondaient avec leurs familles et leurs proches dans leur langue maternelle et non en turc. Dix d’entre eux avaient intenté une action devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Aujourd’hui, sa décision condamne la Turquie. La Cour affirme q’elle n’a aucune base légale pour refuser de distribuer du courrier écrit dans une autre langue que le turc, et qu’elle a violé le droit du respect à la vie privée et familiale des prisonniers.

Le 3 décembre 2010, le procureur du tribunal du district central de Séoul a requis des peines allant de 5 à 7 ans de prison contre Oh sei-chull, Yang Hyo-seok, Yang Joon-seok, Choi Young-ik, Park Joon-seon, Jeong Won-hyung et Oh Min-gyu, tous membres de la Socialist Workers Alliance de Corée (SWLK). Ils sont été inculpés en vertu de la Loi pour la sécurité nationale, adoptée par la Corée du Sud en 1948 et qui prévoit théoriquement la peine de mort pour les activités «en faveur du Nord ». Leur mise en accusation résulte de leur intervention dans de nombreuses grèves et de nombreux mouvements depuis 2007.

Cet événement se produit dans le contexte d’un tournant à droite du
gouvernement sud-coréen du président Lee Myong Bak depuis qu’il a pris ses fonctions au début de 2008, comme en témoigne l’écrasement de la grève de Ssangyong en 2009. Il faut souligner que des tracts de la SWLK qui avaient été distribués pendant la grève de Ssangyong ont servi de preuves clés dans ce procès.

Les procureurs ont tenté d’inculper les membres de la SWLK à plusieurs reprises depuis 2008, et jusqu’alors leurs tentatives avaient échoué à chaque fois. Les proches des inculpes appellent à une campagne de protestations par e-mail au juge Hyung Kim Doo du tribunal du district central de Séoul aidera à réduire ou annuler les peines de ces militants, lorsque le verdict final sera rendu le 27 janvier. Le juge Kim doit prendre connaissance de votre opinion sur ce procès et sur ce « délit d’opinion ». Pour ce faire, vous pouvez écrire avec vos propres mots à swlk@jinbo.net avant le lundi 17 janvier 2011.

Emine Demir a été rédactrice en chef du quotidien de langue kurde Azadiya Welat (Indépendance de la Patrie). Créé en 1994, le journal a régulièrement été la cible d’actions judiciaires, les autorités le considérant comme le porte-parole du PKK. Emine Demir a été condamnée aujourd’hui par un tribunal de Diyarbakir pour avoir fait la propagande d’une organisation terroriste. Accusée d’avoir « diffusé et commis des crimes au nom du PKK » dans 84 articles distincts du quotidien entre 2008 et 2009, le tribunal l’a condamnée à un an et six mois de prison par article, ce qui équivaut à 138 années au total. Un mandat d’arrêt a été prononcé à son encontre, alors qu’elle n’était pas présente à l’audience (elle comparaissait libre). En mai déjà, un autre ancien rédacteur du journal avait écopé de 166,5 années de prison. Selon les juges, il aurait « diffusé la propagande d’une organisation terroriste » à 103 occasions. Trois mois plus tôt, le rédacteur en chef de l’époque a été condamné à 21 ans d’emprisonnement pour les mêmes raisons.

En première instance, le militant anarchiste Giannis Dimitrakis avait été condamné à 35 ans de prison pour le braquage d’une banque à Athènes en 2006. Initialement prévu en avril dernier, le procès en cour d’appel s’est clôturé aujourd’hui. Il a été reconnu coupable du braquage de la banque nationale à Athènes, de soutien mental dans la tentative d’homicide du garde de la banque, d’avoir participé à un gang et d’avoir utilisé une arme à feu. Après fusions des peines, il écope de douze ans et six mois d’emprisonnement. Au tribunal, il a précisé ses motivations anarchistes pour cette expropriation et a quitté le tribunal les deux poings levés après le prononcé de la peine.

Giannis Dimitrakis

Giannis Dimitrakis