Pour cette quatrième nuit de mobilisation, la foule est apparue encore plus dense et plus nombreuse, prenant d’assaut les abords de l’hôtel de Ville, congestionnés, en agitant des drapeaux et des pancartes exprimant sa colère, on pouvait y lire:« Les dictateurs sont des lâches ! », « L’AKP (Parti de la Justice et du Développement) ne nous fera pas taire ». Le maire Ekrem Imamoglu, qui est le principal rival du président, a été amené en début de soirée avec 90 de ses co-accusés au palais de justice protégé par des dizaines de fourgons anti-émeutes et un cordon de policiers, afin d’être présenté à un procureur. Malgré les restrictions d’accès, au moins mille personnes, s’étaient pressées aux abords du tribunal. Les forces de l’ordre ont donné la charge peu après minuit (22 h en Belgique ), usant de gaz lacrymogènes en grandes quantités, obligeant ceux qui le pouvaient à se réfugier dans l’hôtel de ville, de nombreuses personnes ont été arrêtées, mais aucune donnée officielle n’est disponible. À Ankara, les manifestants ont été repoussés par des sprays de gaz poivré et les canons à eau, à Izmir, la police a bloqué des étudiants qui tentaient de marcher sur les locaux du parti AKP au pouvoir. Le gouvernorat d’Istanbul a prolongé jusqu’au 26 mars l’interdiction de rassemblement en vigueur depuis mercredi.

Les forces de sécurité pakistanaises ont violemment dispersé, ce samedi 22 mars, un sit-in pacifique organisé à Quetta, la capitale du Baloutchistan. Le rassemblement dénonçait les disparitions forcées, les violences et la marginalisation de la communauté baloutche. Trois manifestants ont été tués et au moins 18 personnes ont été arrêtées, dont Mahrang Baloch, militante au sein du Comité de l’unité baloutche, dont elle a pris désormais la tête, organisatrice de ce sit-in et figure de la cause baloutche au Pakistan. Gaz lacrymogènes, coup de matraques et tirs à balles réelles au motif de troubles à l’ordre public ou des liens avec des groupes séparatistes, le déferlement d’une « violence d’État » et d’une volonté d’étouffer des voix dissidentes dans cette région où ont lieu attaques et affrontements entre la rébellion armée, principalement emmenée par l’Armée de libération du Baloutchistan (BLA), et les forces de sécurité.

La police turque a arrêté 343 personnes lors d’opérations matinales dans plusieurs villes après les manifestations d’hier soir (voir article ici ). Les opérations ont principalement visé des étudiants et des membres de groupes de gauche. L’Association des avocats progressistes (ÇHD) a signalé que plusieurs étudiants avaient été arrêtés par la police antiterroriste lors d’opérations à Ankara, ainsi qu’un de ses membres, un avocat. L’organisation de jeunesse « Sol Genç » (Jeunesse de gauche) annonce que trois de ses membres ont également été arrêtés. Des groupes de jeunes affiliés aux « Maisons du Peuple », l’un des plus anciens mouvements de gauche turcs, ont elles aussi déclaré que plusieurs personnes avaient été arrêtées à Istanbul, à la suite d’affrontements avec la police lors des manifestations de la nuit dernière. Le Parti des travailleurs de Turquie (TIP), a rapporté que les domiciles de plusieurs de ses membres ont été perquisitionnés à Ankara, Istanbul, Izmir et Çanakkale. À Ankara, un rassemblement organisé par le Parti républicain du peuple (CHP) a été stoppé par la police hier soir.

Une foule monstre de 300 000 personnes a déferlé vendredi soir vers l’hôtel de ville d’Istanbul pour dénoncer l’arrestation du maire, Ekrem Imamoglu, candidat d’opposition au président Recep Tayyip Erdogan aux présidentielles de 2028. Il a été auditionné plusieurs heures vendredi et devrait être présenté samedi soir à un juge. Plusieurs dizaines de milliers de personnes se sont pressées aux abords immédiats de la municipalité. La fermeture pour 24 heures de ponts et de plusieurs voies d’accès décidée par les autorités ont empêché nombre de manifestants de rejoindre le site pour la troisième nuit consécutive. “Ne te tais pas sinon ce sera bientôt ton tour!”, ont chanté les manifestants, brandissant des pancartes “N’ayez pas peur, le peuple est là”. Des appels à manifester avaient été lancés dans plus de 45 villes, des heurts ont éclaté à Istanbul, Ankara et Izmir où la police a fait usage de canons à eau, à Istanbul, les policiers ont fait usage de balles en caoutchouc, usé de gaz lacrymogènes. Au total, des manifestations se sont tenues 40 des 81 provinces du pays. 97 personnes ont été interpellées, plusieurs journalistes qui couvraient les rassemblements ont été blessés à Istanbul par les forces de l’ordre, 16 policiers ont été blessés. Les autorités ont interdit tout rassemblement jusqu’à mardi soir à Ankara et Izmir.

Mardi 18 mars à 5h40, des centaines de policiers ont encerclé la Gaîté Lyrique pour expulser les mineur·es isolé·es qui s’y réfugiaient. Drones, charges, matraques et gaz lacrymogènes, l’opération a pris des allures de démonstration de force. Malgré leur sortie volontaire pour éviter les violences, les jeunes migrant.e.s ont été pourchassé·es, s’en est suivi une soixante interpellations. 27 d’entre eux écopent d’une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF), une mesure illégale, les mineur·es en recours ne peuvent être expulsé·es. Un homme majeur, qui s’était réfugié pour une nuit, finit en Centre de Rétention Administrative (CRA) avec une interdiction de retour sur le territoire. On dénombre des dizaines de blessé·es par des matraquages, gazages, en résulte des fractures et traumatismes.Certain·es jeunes migrant.e.s sont en état de choc et ont dormi dans la rue sous la traque policière. Depuis, la répression continue, les tentes ont été détruites, il y a eut des arrestations sur les quais, dans le métro et les cafés des alentours.

Suite de la rupture du cessez-le-feu par Israël et la reprise des bombardements génocidaires sur la bande de Gaza, un appel a se rendre devant l’ambassade israélienne a été lancé ce mardi 18 mars pour une  manifestation de soutien au peuple palestinien. Environ 300 personnes ont répondu à l’appel. Au bout d’une heure de rassemblement, un cortège spontané s’est élancé de l’ambassade israélienne vers Ixelles. Un important dispositif policier a alors été déployé, autopompe, brigade canine et policiers anti-émeutes afin de stopper la manifestation. Les forces de l’ordre sont violemment intervenues, elles ont arrêté un bus STIB (Société des Transports Interurbains de Bruxelles) et ont expulsé plusieurs personnes hors de ce bus. 2 personnes auraient été interpellés suite à cette intervention policière.

Des centaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues d’Istanbul, Ankara, Izmir, Trabzon et de nombreuses autres villes, ce mercredi et jeudi, pour exprimer leur colère face à l’interpellation à son domicile par une centaine de policiers ce mercredi 19 mars, d’Ekrem Imamoglu, maire d’Istanbul et principal rival du président Erdogan aux élections présidentielles de 2028, au motif de ses «liens présumés avec le PKK» (Parti des Travailleurs du Kurdistan).

Sur ordre du ministre de l’Intérieur, les rassemblements, les manifestations ont été interdits jusqu’au 23 mars, malgré cela, ils se sont multipliés. L’accès à plusieurs réseaux sociaux et messageries était toujours restreint ce jeudi à Istanbul. 37 internautes ont été arrêtés pour des «messages provocateurs». Tentant de bloquer un groupe de jeunes manifestants qui se dirigeaient vers la place Taksim, lieu emblématique de contestation, barricadé depuis deux jours, la police a fait usage de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogènes. Aucun blessé n’était immédiatement rapporté. Lors de la manifestation à Izmir Bornova, des manifestants ont poursuivi les forces de police, forçant les agents à quitter les lieux, quelques policiers ont été blessés lors de ces affrontements.

Mercredi 19 mars, suite à la violation du cessez-le-feu lors de la reprise des bombardements sur Gaza, un rassemblement de soutien au peuple palestinien en présence d’Amnesty International était prévu à l’Université Libre de Bruxelles (ULB). Les organisateurs ont demandé une confirmation écrite des consignes imposées. L’université a envoyé un mail confirmant l’interdiction du mot « génocide », tout en restant silencieuse sur la question des drapeaux palestiniens. Les autorités avaient interdit ces derniers lors de discussions verbales. Amnesty International les avait, quant à elle, interdit invoquant leur caractère international. L’ULB a menacé les étudiants impliqués dans cette action d’un retrait de diplôme, une intimidation qui démontre la volonté des autorités universitaires de dissuader toute contestation par des moyens disciplinaires. Depuis plusieurs mois, les autorités de l’ULB prennent des mesures de plus en plus autoritaires sur le campus, menant une répression active contre l’occupation par l’Université Populaire de Bruxelles du bâtiment B qui dénonçait les liens entre l’université et Israël en mai dernier et son expulsion violente par la police en juin ( voir notre article ici ) à la suite de laquelle, l’ULB a décidé de poursuivre plusieurs étudiants en interne les menaçant d’exclusion.

À de nombreuses reprises, la prison de Silivri n° 5 d’Istanbul a fait l’objet de révélations de violations des droits des prisonniers kurdes. Ces dernières sont à nouveau mises en avant, les détenus kurdes ont transmis leurs témoignages à l’Agence de Mésopotamie (MA) par l’intermédiaire de leurs avocats. Depuis l’appel d’Abdullah Öcalan à la « paix et à la société démocratique » ( voir notre article ), ils déclarent être victimes d’attaques directes, d’insultes, d’intimidations, de manquements et de pressions de la part des agents pénitentiaires. De multiples comptages sont effectués sous la présences de 30 à 40 agents, de nombreuses confiscations allant de leurs oreillers aux articles achetés à la cantine ont lieu lors des fouilles de cellules sous le motif « d’usage non prévu ». Des procès-verbaux ont été conservés en raison des objections lors de demandes, les prisonniers déclarent des falsifications de ceux-ci et font état d’enquêtes disciplinaires ouvertes pour les empêcher de bénéficier de leur droit à la probation. Actuellement, 12 prisonniers sur 30 n’ont pas été libérés. Certains prisonniers, résistants aux pressions ont été physiquement attaqués par les gardes de la « Team Ready Force » ( Force d’intervention rapide).

La manifestation annuelle contre la brutalité policière s’est soldée par six arrestations de samedi après-midi à Montréal. Rassemblés devant la station de métro Lionel-Groulx à Montréal, 300 militants ont scandé une poignée de slogans, tels que « tout le monde déteste la police » ou encore « trouvez-vous un vrai travail ». Des policiers ont lancé des insultes aux manifestants, allant jusqu’à arracher leurs pancartes pour ensuite les détruire. D’autres agents lourdement armés ont violemment poussé des militants qui suivaient le trajet de la manifestation. Peu de temps après s’être mis en marche le cortège, déjà escortés de près par les escouades anti-émeutes, ont trouvé sur leur chemin une rangée de policiers. La trajectoire du cortège a alors changé mais rapidement, les forces de l’ordre ont lancé des grenades lacrymogènes. Les manifestants se sont dispersés, mettant fin à la manifestation qui aura duré un peu plus d’une heure.