La signification de l’abandon de la grenade GLI-F4 par le ministère de l’intérieur français (voir notre article) se révèle être très faible. D’abord parce que sa remplaçante reste un engin pouvant mutiler, même si elle explose sous l’effet d’un dispositif pyrotechnique plutôt qu’un explosif au sens strict (ce qui implique une onde de choc moindre). Dans son mémoire de défense devant le Conseil d’Etat en mai dernier, le ministère de l’intérieur écrivait : «Le choix de la grenade GM2L, dont la puissance (et donc la dangerosité pour quiconque voudrait ramasser un tel projectile) est quasiment similaire à celle de la GLI-F4, malgré l’absence d’explosif». Cependant, la GM2L produirait moins d’éclats vulnérants, du fait de l’emploi de plastique polyéthylène élastomère.

Mais outre cet aspect technique, l’annonce du retrait de la GLI-F4 pourrait simplement correspondre à l’épuisement des stocks! En effet, la GLI-F4 n’est plus produite depuis 2014, et le ministère de l’Intérieur annonçait il y a déjà un an et demi qu’elle serait utilisée jusqu’à l’épuisement des stocks. Interrogé par Libération sur la quantité de GLI-F4 restantes dans les armureries de la police et de la gendarmerie, le cabinet du ministère de l’Intérieur n’a pas répondu…

Fiche technique de la GM2L

 

Le ministre français de l’Intérieur a annoncé aujourd’hui dimanche le retrait d’une grenade de désencerclement explosive utilisée par les forces de l’ordre en France, qui a provoqué de graves blessures chez des manifestants. La GLI-F4 (17,8 cm de hauteur, 5,6 cm de diamètre, 190 g), fabriquée par SAE Alsetex, a un triple effet: lacrymogène, sonore (forte détonation) et de souffle. Sa dangerosité réside dans son caractère explosif (elle contient 26 g de TNT). A Notre-Dame-des-Landes ou lors des manifestations « gilets jaunes », des personnes ont eu un pied mutilé ou une main arrachée par cette arme. La France est le seul pays d’Europe à continuer d’employer des munitions explosives dans le maintien de l’ordre face à des manifestants. Un autre type de grenades, les OF-F1, a été interdit en mai 2017 pour les opérations de maintien de l’ordre, après la mort en 2014 de Rémi Fraisse. Pour en savoir plus

grenades en service en France

La police métropolitaine de Londres a annoncé avoir débuté vendredi le déploiement de caméras de reconnaissance faciale un peu partout dans la ville. Dans un premier temps, ces caméras seront placées dans des lieux d’intérêt pour les touristes et les consommateurs comme le quartier de West End ou le centre commercial Westfield du quartier de Stratford. Chaque caméra, allumée uniquement pendant cinq à six heures par jour, scannera les visages des passants et les comparera à une série de portraits contenus dans une base de données. Cette dernière contiendra, en majorité, des « individus recherchés pour des crimes sévères et/ou violents. » Si la caméra pense avoir identifié l’une de ces personnes, une patrouille de police sera alertée. La personne sera arrêtée si la reconnaissance faciale est confirmée par un contrôle d’identité classique. Si la nouvelle mesure sera lancée progressivement dans une sélection de lieux, les autorités soulignent que ce n’est que le début : cette pratique est vouée à devenir une norme dans la capitale britannique. D’après la police londonienne, la technologie de reconnaissance faciale, développée par la firme NEC, à laquelle elle fait appel, possède une efficacité moyenne de 70%. De plus, elle ne générerait qu’une fausse alerte sur 1000. Londres est déjà une des villes les plus vidéosurveillées au monde avec un demi-million de caméras CCTV.

Camera CCTV à Londres

 

Le Saint-Sauveur, bar du quartier de Ménilmontant, dans le 20e arrondissement de Paris, se voit frappé d’une « fermeture administrative » de neuf jours, du 21 au 30 janvier menaçant gravement les finances du bar. Depuis plusieurs semaines, la police réalise régulièrement des visites du bar pour n’importe quelle raison et distribue des amendes. Ouvert en janvier 2006, le Saint-Sauveur est le cœur de la contre-culture antifasciste parisienne et un lieu fréquenté par une bonne partie des militant·es de gauche. Une cagnotte a été lancée pour soutenir le bar. Plus d’infos ici.

Le Saint-Sauveur

La commune d’Etterbeek à Bruxelles a installé quatre caméras intelligentes en phase de test depuis le début du mois de janvier. Ces caméras sont, du moins à ce stade, utilisées dans le cadre de la lutte contre les dépôts de déchets clandestins.  Il s’agit de caméras mobiles à double optique dotées d’un algorithme qui détecte lorsqu’un objet est déposé au sol, filme les faits et scanne les plaques de voitures. Une fois les images prises, elles sont stockées dans une carte mémoire et directement via la 4G dans la boite mail des policiers. La phase de test se terminera début avril, le système pouvant alors être étendu. La commune d’Ixelles dispose déjà de 25 caméras de ce type.

Etterbeek teste quatre caméras intelligentes

Etterbeek teste quatre caméras intelligentes

 

 

Mardi 21 janvier, l’Assemblée nationale passait une loi dite « anti-haine » avec un amendement de dernière minute proposé par le gouvernement. Alors que la loi exigeait initialement de retirer les contenus illicites en 24 heures, elle impose désormais aux plateformes de retirer en une heure les contenus que la police lui signalera comme relevant du terrorisme ou d’abus sur mineurs. La police décidera seule des contenus relevant du terrorisme, sans le contrôle d’un juge. La loi ne concernait initialement que les plateformes ayant plusieurs millions de visiteurs par mois (Facebook, Twitter, Youtube…), les nouvelles mesures « anti-terroristes » visent désormais n’importe quelle plateforme, de toute taille. Il pourra s’agir du forum de n’importe quel site de presse, d’une plateforme militante, d’un petit hébergeur associatif ou de tout nœud d’un réseau social décentralisé tel que Mastodon ou PeerTube.

Enfin, alors que la loi initiale ne prévoyait que des sanctions financières, les nouvelles mesures prévoient des sanctions concrètes, drastiques. Si une plateforme ne censure pas un contenu dans l’heure qui suit sa notification par la police, la police pourra exiger que les fournisseurs d’accès à Internet empêchent l’accès à cette plateforme depuis la France. Notons que cette situation n’est pas entièrement nouvelle : c’est la loi anti-terroriste de 2014 qui avait créé ce dispositif de censure policière. À l’époque toutefois, le délai pour répondre à la police était de 24 heures. Il passe aujourd’hui à 1 heure. Plus d’infos ici.

police internet

Lundi 20 janvier, le Conseil national de sécurité de Colombie a adopté une liste de personnes et de groupes considérés comme terroristes à l’échelle internationale. Les FARC (ou du moins la partie a déposé les armes) en ont été exclues au motif de leur transition vers un parti politique. Les FARC restent cependant sur la liste des organisations considérées comme terroristes les États-Unis. Le seul groupe colombien désormais considéré comme terroriste par le gouvernement colombien est l’ELN.

Des membres des FARC sur le point de rendre les armes à Gallo, dans le département de Córdoba, le 1er février 2017

Une société américaine possède une base de données de 3 milliards de photos qui ont été mises à la disposition de plus de 600 services de police et entreprises privées depuis l’année dernière. Clearview AI a collecté ces photos sur des millions de sites internet publics, tels que Facebook, Youtube et Twitter. En transmettant une photo à Clearview, on peut obtenir d’autres clichés de la même personne, avec les liens de publication. L’entreprise indique qu’elle a 600 clients, sans fournir de détails sur leur identité. Sur son site internet, seuls les propos élogieux d’un détective de la brigade des moeurs de la police canadienne sont mentionnés. Avec 3 milliards de photos, Clearview AI dépasserait de loin les bases de données similaires utilisées pour la reconnaissance faciale.

Publicité de Clearview AI

Vendredi 17 janvier, l’entreprise Apple a publié un rapport dans lequel elle annonce avoir reçu un nombre record de 3 619 demandes d’informations du gouvernement états-unien au cours du premier semestre 2019. Ces demandes, en hausse de 36% par rapport au semestre précédent, concernaient plus de 15 301 comptes clients, un autre record. Apple a déclaré qu’elle avait accédé à 90% de ces demandes (contre 88% le semestre précédent), qui demandaient généralement les détails du compte iTunes ou iCloud des clients et parfois leurs données iCloud. Les demandes de compte sont envoyées lorsque des responsables judiciaires soupçonnent une activité illégale. Ils recherchent généralement les détails des comptes iTunes ou iCloud des clients, tels qu’un nom et une adresse et, parfois, du contenu iCloud, comme des photos stockées, des e-mails, des sauvegardes d’appareils iOS, des contacts ou des calendriers.

Plusieurs responsables politiques et judiciaires voudraient cependant que Apple fasse plus pour aider la police à résoudre ses enquêtes notamment en créant une porte dérobée permettant aux enquêteurs d’accéder aux contenus chiffrés des appareils. Toutefois plusieurs experts en sécurité soutiennent que le gouvernement a déjà la possibilité d’accéder à des appareils cryptés sans l’aide d’Apple.

Le siège d'Apple à Cupertino, en Californie

Le siège d’Apple à Cupertino, en Californie

La zone de police de Bruxelles-Ixelles va procéder durant trois mois à un test de bodycams. Une trentaine d’agents vont porter sur eux une caméra miniature qu’ils pourront activer lors d’une intervention pour filmer la scène. L’objectif est de pouvoir éclaircir les événements en cas de débordement, en cas de plainte ou d’enquête. Cependant, en toutes circonstances, en l’état actuel de la loi, c’est le policier qui prend l’initiative de commencer et terminer l’enregistrement aux moments qu’il juge opportuns…

Bodycam de la police