Le président du Chili, Sebastián Piñera, a annoncé dimanche passé que les polices d’Angleterre, d’Espagne et de France conseilleront la police nationale chilienne en matière de maintien de l’ordre. Il affirme que cette collaboration ne consistera pas seulement en un « échange d’expérience » autour des manifestations avec affrontements violents, mais que la police chilienne se formera également aux tactiques et stratégies employées dans ces pays européens pour « rétablir l’ordre public ». Cette collaboration s’inscrirait dans un ensemble de mesures d’intensification de la répression annoncées par le sous-secrétaire chilien à l’Intérieur Rodrigo Ubilla.

Ces annonces ont lieu dans un contexte de manifestations de masse au Chili qui sont violemment réprimées, faisant plus de 2000 blessé·e·s, près de 200 éborgné·e·s et plusieurs mort·e·s (voir nos articles ici).

Le président du Chili Sebastián Piñera

Le président du Chili Sebastián Piñera

Quelque mois après le référendum pour l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie et les affrontements qui y étaient liés  (voir notre article), Christophe Castaner, le ministre de l’intérieur français, a signé un arrêté validant l’utilisation d’une nouvelle arme de « force intermédiaire » (qui n’a pas pour but de tuer, mais qui est potentiellement mortelle) en Polynésie française et en Nouvelle-Calédonie. Cette arme, appelée Crush 44, tire des projectiles d’un calibre de 44 millimètres (contre 40 millimètres pour le LBD-40) avec une puissance de 150 joules. Elle a été développée par l’entreprise Securengy. Ses munitions s’auto-détruisent à l’impact, ce qui pourrait fortement complexifier les éventuelles expertises balistiques qui ont pour but d’identifier la nature d’un projectile reçu et son origine. En dehors de la mutilation par impact à craindre, les autres effets potentiels sont les suivants : irritation de la peau/des muqueuses (munition PEFCS, contenant 80 grammes de gaz CS à 15%), assourdissement (munition PEFBANG, contenant 25 grammes d’un “mélange explosif” et provoquant une détonation à 130 dB), aveuglement (munition PEFCOFLASH) ou marquage (munition PEFCOL).

Plus d’infos ici.

Le Crush 44

Le Crush 44

D’ici le printemps prochain, un nouveau Règlement Général de Police sera d’application sur l’ensemble des communes de la capitale belge. Pour harmoniser les différents règlement déjà existants deux protocoles d’accord seront conclus. Le premier vise à uniformiser les infractions mixtes (vol, graffiti, coups et blessures…), le second à relancer la possibilité de dresser des sanctions administratives communales pour les mineur·es auteur·es de ce type d’infraction.

À cette occasion, la STIB a annoncé qu’elle mettrait tout en œuvre pour être en mesure de partager les images de vidéo-surveillance de son réseau avec les six zones de police de la capitale. Elle annonce être sur la dernière ligne droite en vue de la conclusion d’une convention en ce sens avec l’organisme régional Bruxelles Prévention et Sécurité et le Centre de l’Informatique de la Région de Bruxelles-capitale (CIRB). Après la signature de la convention avec les zones de police, la Région bruxelloise programmera les logins et mots de passe policiers qui auront accès en temps réel à aux images de vidéo-surveillance de la STIB. Ce droit sera cependant limité aux images des stations de métro qui se trouvent sur le territoire des zones concernées.

Caméra de la STIB

Caméra de la STIB

 

Le «  kiosque » de l’entreprise Cellebrite, muni du logiciel UFED-InField, est un système capable d’aspirer et de traiter toutes les données d’un téléphone portable en moins de dix minutes. Actuellement, en France, les téléphones saisis doivent être envoyés dans un des 35 centres spécialisés de la police technique et scientifique, qui sont souvent embouteillés. Avec ce système, qui sera installé dans les commissariats de premier niveau, il suffira de brancher le téléphone et toutes les données seront extraites pendant la garde à vue : SMS, photos géolocalisées… Le système est en cours de déploiement dans le nord de la France. L’an prochain, cent nouveaux systèmes seront installés en Île-de-France et dans le Sud. En tout, cinq cents systèmes doivent être installés d’ici 2024, pour un coût de quatre millions d’euros. Il a déjà été testé lors du G7, pour traiter les téléphones des personnes gardées à vue, avec des résultats jugés « très positifs »…

Voir les spécificités techniques de la plate-forme Kiosk

Voir les caractéristiques du système UFED-InField

Le système Kiosk

1.005 exposants sont présents à MILIPOL, le salon mondial dédié à la sûreté et à la sécurité intérieure des États, qui tient sa 21e édition à Villepinte (Seine-Saint-Denis). Des entreprises venues d’une vingtaine de pays, parmi lesquels la Chine, Israël et la Turquie, y tiennent un stand. Cette année, quelque 30.000 visiteurs accrédités des secteurs public (ministère de l’Intérieur, douanes, fonctionnaires de la défense, de la justice…) et privé (fabricants, sociétés de services, distributeurs…), pourront y tester gilets pare-balles, lanceurs de balles de défense et dispositifs de reconnaissance faciale dans une ambiance high tech et feutrée. Le secteur est florissant. Fin 2018, le marché mondial de la sécurité affichait une croissance de 7 %, bien supérieure aux 2 % de croissance mondiale, pour atteindre un chiffre d’affaires de 629 milliards d’euros. En France aussi, les entreprises dites « de la sécurité » se portent bien : leur chiffre d’affaires a progressé de 3,2 % en 2018 et atteint 29,1 milliards d’euros.

Milipol 2019

 

Samedi 16 novembre 2019, lors d’une manifestation des Gilets Jaunes à Paris, un homme a perdu un œil à cause d’un projectile tiré par un policier. Mercredi 20 novembre, il a refusé d’être auditionné par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) connue pour sa partialité et sa propension à étouffer les affaires de violences policières (voir notre article). Il demande la désignation immédiate d’un juge d’instruction compte tenu du caractère criminel de l’affaire, faute de quoi il diffusera les vidéos des responsables dans un délai d’une semaine.

Le parquet de Paris, lui aussi accusé de bloquer les dossiers de violences policières, annonce avoir ouvert une enquête pour « violences par personne dépositaire de l’autorité publique avec armes ayant entraîné une interruption temporaire de travail de plus de huit jours ». Manuel C., le Gilet Jaune éborgné, a, par l’intermédiaire de son avocat, déposé une plainte auprès du doyen des juges d’instruction pour réclamer une requalification criminelle en « violences » aggravées « ayant entraîné une mutilation permanente ». La plainte vise nommément le préfet Didier Lallement, et l’accuse de complicité pour avoir autorisé l’usage de lanceurs de grenade 56 mm. Ces lanceurs de grenades lacrymogènes, dits Cougar ou Chouka, font partie des armes de maintien de l’ordre responsables de nombreux·ses blessé·es chez les Gilets Jaunes.

Gilets Jaunes - Acte 53 - manifestation à Nantes

Jeudi 21 novembre, une manifestation de masse est prévue à Bogotá pour protester notamment contre des mesures d’austérité annoncées par le gouvernement de Ivan Duque. Au vu des vagues d’émeutes récemment vécues dans différents pays d’Amérique latine, celui-ci a décidé de prendre des mesures afin d’éviter de perdre le contrôle de la situation. Ivan Duque a ainsi annoncé une fermeture des frontières du pays jusque vendredi matin, ainsi que des mesures permettant aux autorités locales d’imposer des couvre-feux et d’interdire la vente d’alcool. Dans la capitale, des escadrons de police antiemeute étaient visibles en dehors de plusieurs universités. De nombreuses entreprises fermeront leurs portes pendant que les écoles demanderont au personnel et aux étudiants de rester chez eux. Enfin, la police a perquisitionné mardi 27 maisons de personnes soupçonnées d’être impliquées dans des manifestations antigouvernementales d’octobre (voir notre article).

Affrontements entre policiers et étudiant·es en octobre en Colombie

Affrontements entre policiers et étudiant·es en octobre en Colombie

 

 

L’Union européenne a décidé vendredi de renforcer l’agence Frontex, qui comptera d’ici 2027 un contingent de 10 000 gardes-frontières et gardes-côtes. Jamais l’UE n’avait investi autant pour fermer ses frontières. Frontex disposera donc d’ici 2027 d’un contingent permanent de 10 000 gardes-frontières et gardes-côtes, dont 700 agents recrutés directement par l’agence. Une première puisqu’il s’agira du tout premier service en uniforme propre à l’Union européenne. Ces agents disposeront d’un mandat élargi. Ils auront l’habilitation pour contrôler les documents d’identité, surveiller les frontières et expulser les migrant·es. De plus, le nouveau règlement permettra pour la première fois à des agents employés par Frontex elle-même de recourir à la force.

Frontex a d’ores et déjà lancé sa campagne de recrutement. Le contingent de permanents sera mis en place progressivement à partir de 2021 et sera composé de membres du personnel opérationnel de Frontex (3 000 à l’horizon 2027), ainsi que de personnes détachées par les États membres pour de longues et de plus courtes durées. Une force de réserve de réaction rapide sera maintenue jusqu’à fin 2024. Les plus gros contingents seront fournis par l’Allemagne avec plus d’un millier d’agents à l’horizon 2027. Parmi les trente pays participants, la France prêtera près de 800 agents et l’Italie près de 600.

Frontex compte actuellement 700 employés permanents au siège et déploie aux frontières extérieures en Italie, en Grèce, en Espagne et dans les Balkans occidentaux entre 1 200 et 1 500 agents mis à disposition par les pays membres et associés à l’espace Schengen. Frontex dispose en outre d’une réserve de 1 500 agents fournis par les États membres et mobilisables en cas d’urgence.

Affichette contre Frontex

Affichette contre Frontex

Depuis cinq ans, Proximus vend des données sur ses client·e·s à des entreprises, des organismes gouvernementaux, des sociétés de marketing et même à la police. De nombreuses clientes et de nombreux clients l’ont seulement découvert cette semaine alors que la ville de Courtrai avait dévoilé avoir acheté des analyses de « Big Data » pour savoir qui visitait la ville et quand. Proximus crée des profils de données que les organisations trouvent utiles. Courtrai – et de nombreuses autres municipalités – utilisent les données Proximus pour savoir qui entre dans la ville, d’où, à quelle heure, quelles parties de la ville ils visitent et combien de temps ils restent. La police utilise également des cartes développées par Proximus pour déterminer le nombre de personnes rassemblées lors d’une manifestation à un moment donné et mieux contrôler les manifestant·e·es. La semaine dernière, un porte-parole de Proximus avait déclaré que les utilisatrices et utilisateurs pouvaient se retirer de l’analyse de données en vertu du RGPD. Cela n’est cependant pas le cas et Proximus affirme désormais que « La réglementation des télécommunications (…) permet de regrouper des profils anonymes et ne nécessite pas d’option de désinscription ».

Logo de Proximus

Logo de Proximus

Lors de son audition à l’Assemblée nationale, le général Richard Lizurey, a exposé que les Forces aériennes de la gendarmerie devraient  «se reconcentrer davantage sur les missions de sécurité publique». D’après le général Lizurey, les moyens des FAG sont « encore trop souvent employés dans le cadre de missions de secours aux populations qui, si elles sont à l’honneur des gendarmes, ne devraient être que du ressort des acteurs de la sécurité civile. »  Actuellement, les FAG disposent de 56 hélicoptères, dont 15 EC-145, 15 EC-135 [ces modèles étant biturbines] et 26 AS 350 Écureuil. Par ailleurs, les moyens aériens de la gendarmerie devront évoluer, notamment en prenant en compte ce recentrage sur les missions de sécurité publique. S’il fut un moment envisagé de recourir à des ULM, cette piste a été définitivement écartée. En revanche, celle des drones est, comme on peut s’en douter, privilégiée. « Les drones représentent aujourd’hui une capacité intéressante en termes de recherche du renseignement. Ils peuvent supplanter une partie des missions auparavant dévolues aux hélicos, notamment pour repérer une zone ou surveiller tel aspect », a aussi fait valoir le général Lizurey. « Nous avons des mid-drones [mini-drones], pas des drones comme ceux des armées. Quand on a besoin de drones du niveau supérieur, nous demandons à nos camarades des armées de nous prêter une partie de leurs capacités », a-t-il ajouté.

Hélicoptère de la gendarmerie française