La répression des personnes soutenant la Palestine et opposées au génocide à Gaza continue de sévir en Europe. Voici des exemples récents qui se sont déroulés en France :

Jeudi 5 septembre, Imane Maarifi, une infirmière française qui a passé 2 semaines à Gaza et qui n’a cessé de dénoncer les crimes de l’armée d’occupation dont elle a été témoin a été perquisitionnée et placée en garde à vue. La raison de cette arrestation ? Elle s’était opposée à la tenue à Paris, du Salon de l’immobilier Israélien (qui propose entre-autre à la vente des biens dans la partie de la Palestine occupée suite à la guerre de 6 six jours). Elle a été libérée le lendemain. On ignore s’il y aura des suites à cette procédure.

En avril, un agent de sécurité lui avait confisqué un drapeau palestinien lors d’un match de football auquel assistait Emmanuel Macron. Elle voulait lui remettre un témoignage collectif rédigé par plusieurs médecins sur les horreurs de Gaza et lui faire part de l’urgence d’un cessez-le-feu.

Imane Maarifi, une infirmière française qui a passé 2 semaines à Gaza et qui n'a cessé de dénoncer les crimes de l'armée d'occupation

Imane Maarifi, une infirmière française qui a passé 2 semaines à Gaza et qui n’a cessé de dénoncer les crimes de l’armée d’occupation

 

La répression n’est pas que policière, mais peut aussi être administrative et/ou sociale : 

Benoît Huou, professeur de mathématique à la Toulouse School of Economics a été suspendu à titre conservatoire après avoir appelé au boycott d’Israël. Il avait évoqué, dans un de ses cours du 3 septembre, un courrier de lecteurs de la revue « The Lancet » qui évaluait, au début de juillet, à 186 000 le nombre de Palestiniens assassinés par l’armée israélienne.

« La situation n’a pas commencé le 7 octobre, et il est malhonnête de dire que le responsable de ce qui se passe actuellement est le Hamas », avait poursuivi Benoît Huou, appelant au boycott d’Israël. « Je ne veux pas parler de ce qui s’est passé le 7 octobre, mais rien, absolument rien ne justifie de massacrer une population civile comme c’est en train de se passer », a ajouté l’enseignant tout en dénonçant le soutien tacite du gouvernement français. Ces déclarations lui ont valu une suspension à titre conservatoire dès le lendemain.

Sylvie Retailleau, ministre démissionnaire de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a personnellement demandé à ce que des sanctions soient prises.

La société Peregrine Technologies propose un logicel qui accélére l’accès des services de police locaux aux données de surveillance. Un des fondateurs était cadre chez Palantir, où il avait passé des années au Moyen-Orient à collaborer avec l’armée américaine. Là-bas, il exploitait des ensembles de données de renseignement disparates pour aider à identifier les membres de l’État islamique en Syrie. L’équipe de Peregrine a travaillé 18 mois au sein du département de police de San Pablo sur des affaires majeures afin de comprendre comment les services de police locaux pouvaient mieux exploiter les données disponibles pour résoudre des enquêtes.

En entrant un nom ou une adresse dans l’application web de Peregrine, le logiciel analyse rapidement les archives judiciaires, les rapports d’arrestation, les entretiens policiers, les transcriptions de caméras corporelles, les relevés des contrôles de plaques minéralogiques, et tout autre ensemble de données policières disponibles, pour trouver des correspondances. Les centres de surveillance high-tech, (Real-Time Crime Centers, RTCC), nécessitent des équipements et des logiciels coûteux, ce qui les rend généralement accessibles uniquement aux grands services de police. Le logiciel de Peregrine permet de rendre les RTCC beaucoup plus abordables et accessibles. À ce jour, Peregrine a conclu 57 contrats avec diverses agences de police et de sécurité publique à travers les États-Unis, d’Atlanta à Los Angeles. En 2023, le chiffre d’affaires de l’entreprise a triplé, passant de 3 millions à 10 millions de dollars. Cependant, le coût réduit des RTCC, et donc leurs multiplication, suscite des préoccupations chez les défenseurs de la vie privée, en raison du risque accru de surveillance indiscriminée, car leur fonctionnement repose essentiellement sur des technologies qui portent atteinte à la vie privée.

La Défense Collective de Toulouse et différentes organisations, collectifs et personnes organisent une après-midi – soirée contre la répression ce samedi 31 aout dès 14H l’Impasse (1 impasse Lapujade). Le Secours Rouge Toulouse participe à cette initiative et animera une discussion suite à la projection de « Rien à déclarer », un film sur les techniques d’interrogatoire policier.

Dans un article, paru aujourd’hui (le 20 août 2024) et basé en grande partie sur des sources policières, on apprend que quelques 50 personnes affiliées à l’extrême gauche font l’objet d’une surveillance de la part des services de police de la Zone Midi (Saint-Gilles, Anderlecht, Forest). Un nombre qui a doublé par rapport à ces 5 dernière années.

Par ailleurs, parmi les personnes figurant sur la liste de l’OCAM (Organe de coordination pour l’analyse de la menace) et ayant des opinions d’extrême gauche, presque toutes habitent à Saint-Gilles. Leur nombre exact n’est pas communiqué, mais il s’agit d’une quinzaine de personnes au total, soit 2 % des 650 personnes reprises dans cette liste. Ce chiffre n’aurait pas augmenté de manière significative au cours des dernières années.

Enfin, une formation sera organisée à l’automne 2024, pour aider les forces de la Zone de midi à comprendre et à réagir à la propagation de l’extrême gauche à Bruxelles.

Affaire du 5 juin 2008 (archive)

Le journal d’investigation Reflets a récemment publié un article sur le laboratoire Anatox qui propose des techniques innovantes de maintient de l’ordre.

Parmi ces dispositifs, les PMC déjà bien connus. Pour rappel, il s’agit de marqueurs chimiques incolores et inodores pouvant être mêlés à des gaz lacrymogènes ou à l’eau des autopompes et être pulvérisés, sans que les cibles ne s’en aperçoivent, sur les habits et sur la peau. Il n’y a plus qu’à faire passer les individus soupçonnés sous une lampe à ultraviolet (ce qui est même possible depuis un hélicoptère) qui fait apparaître les traces éventuelles de PMC qu’ils portent sur eux (voir notre article).

Plus surprenant, le laboratoire propose des techniques de marquage codé par l’odeur qui peuvent être pulvérisé via des bombes lacrymogènes ou intégrés à des munition de LBD-40. Les suspects peuvent ensuite être reconnus par des chiens entrainés pour l’occasion.

Anatox propose également des « solutions olfactives sidérantes ». Concrètement, ces produits pulvérisés à l’aide d’une autopompe ou de gaz lacrymogènes, propagent une odeur nauséabonde censé disperser les foules. Une technique déjà utilisée de manière artisanale lors de la manifestation du 1er Mai 2018 à Paris (voir notre article).

Marquage au PMC

Marquage au PMC

Depuis le 18 juillet, des restrictions d’accès dans certaines zones, entourées de barrières, sont en vigueur à Paris. 4,87 km² (environ 5% de la ville) seront inaccessibles pour les personnes ne pouvant justifier d’une raison valable de pénétrer dans le périmètre « Sécurité insécurité et lutte contre le terrorisme » (SILT) tandis que 10,88 km2 — soit 10,33 % de la surface de la ville sont interdits aux véhicules sans autorisation.

L’accès à ces zones se base sur des QR Codes qui permettent de contrôler l’identité de tout individu au crible de onze fichiers de la police et du contre-espionnage français, tel que le casier judiciaire ou la liste des fichés S. Ainsi, toute personne figurant parmi l’un de ces fichiers, pourra se voir interdire l’accès à ces zones, même si elle y habite, ou se faire interpeller par la police notamment si elle est fait l’objet d’un avis d’expulsion. Pour ce faire, 180 analystes travaillent à temps plein pour vérifier l’ensemble des profils inscrits sur la plateforme du gouvernement générant ces QR Codes. Le régime juridique entourant le traitement de ces données, leur durée de conservation ou même la nature précise des informations collectées, est flou.

En parallèle, les caméras qui surveilleront les jeux sont dotées de puissants logiciel d’intelligence artificielle qui analyseront les images à la recherche de tout comportement inhabituel dans la foule. Plus précisément le modèle mesurera les modèles « comportementaux » tels que les mouvements et le positionnement du corps.

Cette vidéo-surveillance algorithmique avait été légalisée en mars 2023 (voir notre article), officiellement pour surveiller les Jeux Olympiques et Paralympiques. Elle a cependant déjà été testée dans d’autres cadres, tels que des stations de métro, le festival de Canne et un concert de Dépéche Mode. Par ailleurs, à l’instar d’autres technologies de répression, il est possible qu’elle soit ensuite introduite de manière permanente.

Notons que cette technologie permet également l’utilisation de la reconnaissance faciale. Une fonction qui n’est pas encore utilisée pour l’instant.

Enfin, le gouvernement français, avec cette analyse de données à l’aide de l’IA, s’organise dans le cadre de partenariats avec un certain nombre d’entreprises technologiques, notamment Wintics, Videtics, Orange Business et ChapsVision. Une autre entreprise, Obvious Technologies, avait d’ailleurs été attaquée pour son rôle dans la surveillance des JO (voir notre article).

Zones restreintes à Paris pour la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques

Zones restreintes à Paris pour la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques

En avril 2024, l’Office des Étrangers, sur instruction de la Secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration, Nicole de Moor, demandait au Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides (CGRA) d’entamer une procédure en vue de retirer le statu de réfugié de Mohammed Khatib coordinateur de Samidoun (association de prisonniers politiques palestiniens).

Ce dernier a donc été convoqué, hier, le 16 juillet 2024, pour une audience devant le CGRA.

L’Office des étrangers a refusé de fournir à Mohammed et à son avocat des preuves et des documents expliquant sur quelle base il cherche à lui retirer son statut et ce, malgré de nombreuses demandes et dépôts auprès du tribunal. Au lieu de cela, le gouvernement belge a insisté sur le fait qu’il n’avait pas besoin de remettre les dossiers du bureau de la “Sureté de l’État”, créant ainsi une forme de “preuve secrète” semblable à celle utilisée pour maintenir les Palestiniens en détention administrative en Palestine occupée.

On apprend cependant dans la presse que Mohammed Khatib est considéré comme un danger pour les relations entre la Belgique et Israël. Ainsi sa dénonciation d’Israël comme un état terroriste, ses positions en faveur de la libération totale de la Palestine (de la mer au Jourdain) ou encore son soutien à la résistance (y compris armée) sont les motifs de cette répression. L’état belge cherche ainsi à criminaliser indirectement les associations auxquels il participe et les opinions politiques que celles-ci défendent.

Plusieurs organisations appellent à l’action pour le soutenir. Vous pouvez lire l’appel sur le site de Samidoun.

Belgique : Les menaces contre Mohammed Khatib se précisent

Belgique : Les menaces contre Mohammed Khatib se précisent

Frontex, l’agence européenne chargée de la répression des migrants, a organisé, il y a peu, des formations pratiques pour ses agents de différentes zones opérationnelles et du siège central. Celle-ci vise à leur apprendre à utiliser différents appareils de pointe dont elle s’est récemment dotée. Parmi ce matériel :

  • Des détecteurs de dioxyde de carbone permettant de détecter les émissions de CO2 des individus dissimulés dans des véhicules, des camions ou des conteneurs.
  • Des détecteurs de battements cardiaques portables : Utilisés pour détecter les battements de cœur de personnes cachées, ces appareils peuvent être rapidement montés sur des camions ou des véhicules.
  • Des borescopes : Ces appareils, dotés d’une micro-caméra télécommandée aider à inspecter les zones difficiles d’accès à l’intérieur des conteneurs, des réservoirs de carburant et d’autres compartiments.
  • Des spectromètres : Utilisant la méthode de détection spectrale basée sur la diffusion de la lumière monochromatique (Raman), ces appareils permettent de détecter diverses substances et matières dangereuses aux points de contrôle frontaliers.

Ces formations ont été données par des experts des entreprises ayant vendu ses appareils à Frontex. Elles ont également fourni aux participants l’occasion de partager leurs expériences et « bonnes pratiques ». Il est également attendus de ces derniers qu’ils forment leurs collègues.

Entrainement des agents de Frontex à l'utilisation de nouveaux appareils

Entrainement des agents de Frontex à l’utilisation de nouveaux appareils

Un texte est actuellement sur la table de l’Union Européenne qui souhaitent mettre en place une réglementation pour le contrôle des échanges de contenus illicites en contraignant les applications de messagerie à scanner tous les messages échangés par leurs utilisateurs. Les applications de messagerie, les défenseurs des libertés individuelles et de nombreux chercheurs en cybersécurité mettent en garde l’UE sur les risques d’une loi de contrôle qui scannerait toutes les messageries chiffrées. La présidente de Signal a souligné que « le chiffrement de bout en bout est la technologie dont nous disposons pour garantir la protection de la vie privée ». Signal et d’autres applications menacent de quitter l’UE si la proposition est adoptée. Ce Projet de loi est a l’agenda de l’Union Européenne actuellement sous présidence de la Hongrie qui est favorable au Chat Control.

 

 

Début 2024, le fort de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), qui abritait, l’ancienne École de formation des pompiers de Paris, a été mis à la disposition de la Préfecture de Police (conformément à une décision prise en 2022). Celle-ci y a ouvert un nouveau centre de formation au maintien de l’ordre pour permettre à la « Direction de l’ordre public et de la circulation » (DOPC) de muscler ses troupes. Nous avons la confirmation que celui-ci est opérationnel puisqu’un entrainement s’y est déroulé mardi.

Jusqu’à présent, ces unités devaient se rendre loin ou sur des lieux qui ne leur appartiennent pas : l’ancien hippodrome de Bondoufle (Essonne), le fort de l’Est à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), le centre national de la gendarmerie à Saint-Astier (Dordogne), etc. Désormais, le fort de Villeneuve-Saint-Georges est à portée de main pour entraîner les compagnies d’intervention (CI) de la DOPC à la répression des émeutes et des manifestations.

Le fort sert également de terrain de jeu aux brigades anticriminalité (BAC), à la BRI (brigade de recherche et d’intervention), à l’unité drones, aux compagnies de sécurisation et d’intervention (CSI) de la Direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (DSPAP), au laboratoire central de la PP, etc

De quoi y mener des formations « progression en milieu confiné », y simuler des tueries de masse, s’y entraîner avec le Samu, etc. Le fort se prête particulièrement bien à de tels exercices, de jour comme de nuit : suffisamment vaste pour simuler des points de départ et d’arrivée de manifestations, disposant de terrains variés (places ouvertes, douves, tunnels, tribunes, bâtiments…), pouvant accueillir des véhicules, assez éloigné des habitations pour y utiliser des détonations et du gaz lacrymogène, etc.

Des policiers s'entraînent à mener une charge contre les manifestants

Des policiers s’entraînent à mener une charge contre les manifestants