Sevda Perihan Erkılınç est une journaliste du média Özgür Gelecek, elle a été arrêtée à son domicile le matin du 29 avril dans le cadre des opérations de répression menées avant le 1er mai à Istanbul. Le bureau du procureur a justifié cette opération par des accusations en raison des « appels à manifester sur Taksim malgré les interdictions du 1er Mai » et d’une « planification de provocation ». Après deux mois d’emprisonnement, son acte d’accusation n’est pas encore rédigé alors qu’elle subit de mauvais traitements en détention.
Musaab Abu Atta est un militant palestinien en détention préventive depuis février 2025 suite à son engagement contre le génocide en cours en Palestine (voir notre article). Il sera entendu pour la deuxième fois aujourd’hui après plus de quatre mois d’emprisonnement ce lundi 30 juin à 10h30 à Berlin. Il risque plusieurs années de prison pour avoir prétendument lancé des feux d’artifice sur un policier à la fin de l’année 2023. Le bureau du procureur général de l’État (le plus haut niveau de l’État) le poursuit dans ce qui ne peut être considéré que comme un ciblage spécifique de ce réfugié pour son travail de solidarité avec la Palestine. Lors de la première audience, il avait fait une déclaration et les témoignages de trois flics, dont un en civil, avaient été présentés.
Samedi 28 juin à Sarıgazi, deux lecteurs de Partizan ont été arrêtés parce qu’ils distribuaient des tracts pour appeler à la commémoration du massacre de Sivas du 2 juillet 1993 lorsque 33 intellectuels, dont une majorité d’alévis, ont été tués dans un incendie allumé par une foule d’islamistes radicaux. Les deux activistes ont été détenus par la police au motif qu’ils avaient la silhouette d’İbrahim Kaypakkaya sur leurs gilets. Finalement, ils ont été inculpés de « propagande en faveur d’une organisation terroriste » et pour l’organisation « d’une manifestation non déclarée ».
Les militants et artistes Shenice Wacan, Ronaldo Valderrama, Andrew Peña, Denn Martizano et Christine Quillosa, collectivement appelés les « 5 d’Imus », ont été arrêtés dans la ville d’Imus, alors qu’ils s’apprêtaient à créer des œuvres d’art protestataires contre les transformations foncières et les démolitions généralisées dans la province de Cavite aux Philippines. Ils n’avaient même pas commencé que des agents de la sécurité civile de l’administration locale les ont interpellés et accusés d’être responsables d’autres œuvres d’art protestataires dans la région. Les agents de sécurité ont menacé de tirer sur les militants. Les travailleurs culturels ont ensuite été remis à la police nationale philippine à Barangay Malagasang, dans la même ville.
Deux des militants culturels arrêtés, Shenice Wacan et Ronaldo Valderrama, sont membres de l’Alliance collective Cavite pour le changement social (CCLASIC), qui exprime sa protestation par la poésie, la danse, le chant et les arts visuels comme la peinture. Ils ont tous deux rejoint la CCLASIC après que leurs familles ont été victimes de démolitions violentes. Valderrama est également l’ancien vice-président d’Anakbayan-Cavite.
Le 26 octobre dernier, trois juristes ont été mandatées par la Ligue des droits humains pour observer l’action de désobéissance civile Code rouge au port d’Anvers, sans y prendre part. Elles avaient pour mission de rendre compte du respect des libertés publiques, notamment dans le cadre des interventions des forces de l’ordre, et leur protection est consacrée par le droit international et européen depuis plusieurs années, contextualise la LDH. Les trois observatrices étaient vêtues chacune d’une chasuble jaune avec la mention « legal observer ». Elles s’étaient placées à l’écart des activistes et en dehors de la zone d’action, présentant d’initiative leurs cartes d’identité aux forces de l’ordre et leur faisant part de leur mission. Elles ont cependant été arrêtées illégalement plus tard durant la journée par la police fédérale, menottées, détenues pendant près de six heures sans motif à Etterbeek, puis libérées à Louvain peu avant minuit, dénonce la Ligue des droits humains.
« Tant leur arrestation, illégale, que leur menottage à l’aide de colsons, ainsi que la technique du “dropping” – c’est-à-dire le fait d’emmener les personnes loin du lieu de l’action comme de la détention – contreviennent aux lois en vigueur et constituent des fautes dans le chef de l’Etat », accuse la LDH. En tout, 270 personnes avaient été interpellées dans le cadre de cette action Code Rouge, dont deux journalistes et sept avocats. Soutenues par la Ligue des droits humains, les trois observatrices assignent l’Etat belge en responsabilité devant le tribunal de première instance de Bruxelles.
Ce mercredi 25 juin se tenait le procès de Manon et Rachel, militantes chez Dernière Rénovation, un collectif de résistance civile. En octobre 2023, Manon recouvre la vitrine du bâtiment Louis Vuitton des Champs-Élysées de peinture, « pour dénoncer l’enfer climatique que Bernard Arnault, PDG de LVMH et ses amis milliardaires, nous imposent ». Pour information, en 2024, Bernard Arnault a émis 1200 fois plus de gaz à effet de serre qu’un Français moyen. Manon risque une amende de 2000€ de dommages et intérêts ainsi qu’un an de prison avec sursis. En novembre 2023, Rachel recouvre la façade de Matignon de peinture lavable pour dénoncer le manque de moyens accordés à la rénovation thermique des bâtiments. L’État français réclame 160.000€ de dommages et intérêts, Rachel risque 6 mois de prison ferme. Verdict attendu le 23 septembre prochain. La France semble donc vouloir emboîter le pas au Royaume-Uni contre les militant·es écologistes en réclamant des peines de prison ferme pour de simples jets de peinture lavable. Au Royaume -Uni, c’est le collectif Just Stop Oil, qui demandait la fin des énergies fossiles, et a récemment annoncé la fin de ses activités (notre article ici), qui a payé le plus lourd tribut : 3300 arrestations, 180 peines de prison dont certaines de prison ferme jusqu’à 5 ans pour des blocages de route ou des jets de soupe.
La Ligue des Sociaux-Démocrates, l’un des derniers partis d’opposition encore actifs à Hong Kong après cinq années de répression politique menée par Pékin, a annoncé vendredi sa prochaine dissolution. Le parti avait été fondé en 2006 et était, à une époque, considéré comme la faction radicale du mouvement prodémocratie à Hong Kong. Il était connu pour ses campagnes de rue turbulentes, souvent menées par l’activiste Leung Kwok-hung, surnommé « Cheveux Longs », aujourd’hui emprisonné (photo). Le mouvement a toujours milité pour plus de démocratie à Hong Kong et défendu des causes concernant les citoyens de base, critiquant les inégalités sociales et économiques dans une ville ayant parmi les plus importants écarts de richesse au monde. Le parti a annoncé sa dissolution et l’explique : « Lorsque le système ne peut pas représenter fidèlement les demandes du peuple et devient un outil pour la classe dirigeante, nous devons nous appuyer sur un mouvement de masse hors du système pour mettre la pression sur ceux qui sont au pouvoir». À son apogée, le parti détenait trois sièges au Conseil législatif de Hong Kong.
Pour le troisième jour consécutif, des manifestations pour protester contre le régime de Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 20 ans, ont eu lieu samedi 28 juin, au Togo. Les autorités ayant déclaré les rassemblements illégaux, la police les a rapidement dispersés après de premiers échauffourées à Adidogomé, dans le nord de Lomé. Cette mobilisation lancée par des artistes et des influenceurs qui a notamment reçu un écho favorable au sein de la jeunesse togolaise, la répression a d’ailleurs été violente : à Lomé, trois corps ont été repêchés dans la lagune de Bè, le visage tuméfié. Le premier a été découvert dans la soirée du vendredi 27 juin, les deux autres dans la journée du samedi 28. « Hier nuit, quand le courant a été arrêté, les forces de l’ordre ont poursuivi des enfants jusqu’à la lagune. Parmi eux, mon fils de 16 ans qui vient d’avoir le BEPC et un autre dont les parents n’ont pas encore été retrouvés », témoigne le père de l’une des victimes.
Nouveau gadget pour l’agence américaine chargée de contrôler l’immigration. Les agents disposent d’une application de reconnaissance faciale qui doit permettre d’effectuer des vérifications d’identité en temps réel, a révélé ce 26 juin le site 404 Média. Mobile Fortify promet de transformer le smartphone des agents d’ICE en arme d’identification massive. Fini de relever les empreintes digitales puis de les comparer à des fichiers, une photo prise avec le téléphone devrait suffire, d’après la description faite par ICE, système dont on ne sait pas s’il est déjà déployé ou encore en phase de test.
Mobile Fortify sera directement relié à différentes bases de données biométriques mises en place par le Département de la Sécurité Nationale (DHS). Il devrait, permettre de comparer les photos prises par les agents au fichier du Système automatisé d’identification biométrique (IDENT) du DHS qui contient des informations sur 270 millions de personnes présentes sur le territoire américain. Cette application de reconnaissance faciale enverra aussi les images à la base de données des douanes qui prennent en photo toutes les personnes qui entrent et sortent des États-Unis. L’objectif : identifier les personnes qui résident en situation régulière ou non aux États-Unis et pouvoir effectuer des raids afin d’arrêter autant d’immigrés en situation irrégulière que possible.
D’ici septembre, l’agence devrait pouvoir s’appuyer sur un tout nouveau système de traitement des données baptisé ImmigrationOS. Ce logiciel offre une large palette d’outil pour : vérifier en « temps réel » quels sont les personnes qui décident de leur propre chef de quitter le territoire américain, de gérer le flux des arrestations et des expulsions, et enfin d’identifier plus rapidement les cibles prioritaires pour les agents de l’ICE.
Palantir omniprésent, le géant du traitement de données a obtenu 30 millions de dollars de la part du gendarme de l’immigration pour mettre en place ce logiciel. Palantir collabore avec cette agence depuis 2011. La collaboration des entreprises tech est essentielle pour une agence comme ICE, qui a besoin de la technologie de ces entreprises non seulement pour la reconnaissance faciale ou le traitement des données, mais aussi pour la géolocalisation ou l’identification des véhicules.
Samedi 28 juin à Budapest, 200 000 personnes ont défilé dans une ambiance festive malgré l’interdiction par la police de la Marche des fiertés (voir article ici). Une mobilisation record en réaction à une régression inédite des droits LGBTQIA+ dans l’Union Européenne (article ici). Le Premier ministre, Viktor Orban, voulait éviter les images de répression violente. Vendredi, il a écarté toute intervention des forces de l’ordre, tout en menaçant les gays, lesbiennes et transgenres de poursuites judiciaires a posteriori. Tout le long du parcours, des caméras ont été installées et la reconnaissance faciale pourraient permettre aux autorités de distribuer des amendes pouvant aller jusqu’à 500 euros. Organiser ou appeler à participer à la Pride sont passibles d’un an de prison, une menace qui inquiète les manifestant·es dont certain·es ont tenté de contourner la reconnaissance faciale par diverses techniques de camouflage.