Ce lundi à 6h30 du matin, des membres de Palestine Action Belgium ont bloqué les entreprises Thales à Herstal et OIP System à Audenarde. Ces entreprises fournissent des armes à Israël et contribuent au génocide à Gaza. OIP, qui appartient au groupe d’armement israélien Elbit Systems, avait déjà fait l’objet d’un blocage en décembre (voir notre article). Une douzaine de manifestants ont été arrêtés à Audenarde en fin de matinée.

EDIT: Les personnes arrêtées (celles qui étaient arm-lockées et celles qui occupaient le toit) ont été amenées au commissariat de Waregem en arrestation administrative. Elles commencent à être libérées l’une après l’autre.

À la Mold Crown Court, le juge Rowlands a condamné trois militants de Palestine Action à une peine de 23 mois, et un autre à 27 mois, après que les quatre ont été reconnus coupables de « conspiration en vue de commettre des dommages criminels » contre une usine d’armement américaine basée au Pays de Galles, Teledyne Labtech. Lors de l’action qui s’est déroulée le 9 décembre 2022 (voir nos articles), deux des quatre personnes ont démantelé des équipements militaires à l’intérieur de l’usine, tandis que les autres occupaient le toit. Au total, il y aurait eu pour 1,2 million de livres sterling de dégâts, perturbant la production d’armes. La moitié de leur peine devrait être purgée en prison, et ils ont déjà purgé près de 7 mois, puisqu’ils ont été placés en détention provisoire depuis que l’action a eu lieu.

Le verdict est intervenu après que la majorité de leurs moyens de défense ont été rejetés par le juge, notamment le fait d’avoir empêché un crime plus grave et d’avoir agi par nécessité pour sauver des vies. Bien que le juge n’ait pas permis que les preuves des crimes de guerre commis par Israël soient entendues au tribunal, le directrice de Teledyne a été entendue et a admis que leurs produits étaient notamment utilisés pour des missiles. Teledyne fournit des drones armés à Israël depuis au moins 1973 et est le plus grand exportateur d’armes de Grande-Bretagne vers l’État d’apartheid d’Israël.

37 jours de grève de la faim se terminent par la libération de Yogi Bear, un des militant de Palestine Action emprisonnés pour avoir occupé le toit de l’usine Arconic à Kitts Green, Birmingham, forçant l’usine à fermer pour deux jours. Cette usine est responsable du revêtement inflammable de la tour Grenfell, dont l’incendie il y a quatre ans avait tués 72 habitant·es issu·es des classes populaires. Arconic fabrique également des composants pour les armes vendues à l’armée israélienne. Yogi Bear, a été placé en détention provisoire par le tribunal de première instance de Birmingham le jeudi 17 mai et a commencé sa grève de la faim après le début de sa détention à la prison de Foston Hall (voir notre article).

Occupation de l'usine Arconic

Occupation de l’usine Arconic

Le mois dernier (le 1er mai 2024), la Chambre des représentants des États-Unis a adopté à une écrasante majorité un projet de loi qui assimile les critiques contre Israël en tant que projet colonial raciste à de l’antisémitisme. Concrètement le projet de loi reprend une définition de l’antisémitisme créée par « l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste » (IHRA). Or cette définition affirme notamment, que déclarer que « l’existence d’un État d’Israël est une entreprise raciste » ou encore que comparer la politique israélienne contemporaine à celle des nazis, est antisémite. Ce projet de loi a été voté en réaction aux nombreux mouvements étudiants qui dénoncent le génocide en Palestine (voir notre article). Il doit encore être voté par le Sénat avant de devenir une loi.

Arrestation d'un étudiant pro-palestinien à l'université d'Emory à Atlanta

Arrestation d’un étudiant pro-palestinien à l’université d’Emory à Atlanta

Dans la nuit du dimanche 11 au lundi 12 février, les marches de l’escalier de la rue Sainte Marie des Terreaux, à Lyon, ont été repeintes aux couleurs de la Palestine, pour visibiliser l’horreur du génocide pratiqué par l’armée d’occupation israélienne. Six militant.es ont été pris sur le fait et mis en garde à vue et trois ont subi des perquisitions immédiates (ce qui est illégal, car les règles de mises en garde à vue ne s’appliquent normalement pas à ce genre de délit). Une directive ministérielle est d’ailleurs appliquée : chaque action concernant la Palestine doit conduire, autant que possible, à une garde à vue, dans le but d’intimider.

Alors que Gaza subit un génocide depuis plus de 100 jours, que les bombardements et massacres de l’armée coloniale ont tué plus de 25 000 personnes, que des raids meurtriers quotidiens sont lancés par l’armée coloniale sur toute la Cisjordanie, le ministère français de l’Intérieur envisage de demander la dissolution de trois associations engagées en faveur de la cause palestinienne : le Comité Action Palestine, Samidoun Paris Banlieue et Capjpo EuroPalestine. En mars 2022, Gérald Darmanin avait déjà tenté la dissolution du CAP et du Collectif Palestine Vaincra. Il s’était à l’époque cassé les dents sur le Conseil d’État. « La dissolution porte une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté d’association et à la liberté d’expression » (voir notre article), avait tranché dans sa décision la plus haute juridiction administrative. Darmanin envisagerait de retenter sa chance sur une nouvelle base juridique. Également dans le viseur Samidoun Paris Banlieue, section du réseau international de solidarité avec les prisonniers palestiniens dont la branche allemande vient d’être interdite (voir notre article) en même temps que le slogan : “From the river to the sea, Palestine will be free”. La France pourrait être tentée d’emprunter le même chemin, sur les mêmes bases argumentaires. L’interdiction de Samidoun avait aussi été demandée à la Belgique par le ministre israélien Amichai Chikli, appartenant au parti d’extrême-droite colonialiste de Netanyahu.

Alors que le régime marocain est compromis de toutes les manières avec Israël, les Marocains ont multiplié les rassemblements de solidarité avec les Palestiniens. La dernière action de solidarité avec le peuple palestinien était un cortège de motos organisé dimanche par un groupe de jeunes brandissant des drapeaux palestiniens. Les forces de sécurité les ont encerclé, ont arraché les drapeaux palestiniens et maltraité les manifestants, faisant trois blessés parmi eux. Ce n’est pas la première fois que le régime réprime des marches de protestation dénonçant l’agression contre Gaza et exigeant la nécessité d’annuler tous les accords de normalisation conclus par Rabat avec Israël. Les forces de sécurité sont intervenus violemment à plusieurs reprises contre des manifestants, comme à Meknès ou à Taza, pour exprimer leur solidarité avec les Palestiniens.

La répression de l’expression de la solidarité avec les Palestiniens ne diminue pas en Europe. En Belgique, les deux propositions  de manifestation du Secours Rouge (une à 1000 Bruxelles, une à Ixelles) ont été interdites, et le meeting de Samidoun (à Jette) est « sous enquête ». En Allemagne, la brutale répression d’une manifestation interdite a tourné à l’affrontement : 174 personnes ont été interpellées, dont 65 font l’objet d’une enquête pénale pour avoir résisté aux forces de l’ordre. Il y a eu des dizaines de blessés. En Suisse alémanique, aucune manifestation relative au Moyen-Orient sera autorisée les prochains jours. C’est en France où la répression est la plus forte: les plus petites initiatives organisées dans les plus petites localités et jusqu’à l’intérieur de locaux sont interdites et interrompues par la police. Et comme toujours dans ce genre de situation, le zèle mène au ridicule: La police municipale de Valence est intervenue mercredi soir pour faire éteindre l’enseigne du restaurant « Chamas Tacos ». En raison d’une panne d’éclairage de la première lettre, elle affichait « Hamas Tacos »…

En France cependant, le Conseil d’Etat, la plus haute juridiction administrative française s’est prononcée mercredi contre l’interdiction systématique des rassemblements propalestiniens décidée par Gérald Darmanin. Le Conseil d’État a estimé qu’il revenait aux seuls préfets d’apprécier s’il y avait localement un risque que de telles manifestation constituent des troubles à l’ordre public. Le Conseil d’Etat avait été saisi en urgence par le Comité action Palestine.

Comme Israël en Palestine, comme la Turquie au Kurdsistan, l’Inde a commencé à utiliser le procédé de la démolition des maisons familiales des résistants comme forme de sanction. Ce vendredi 25 novembre, la police de Rajpur s’est rendue à la maison d’un maoïste recherché, Sahdev Yadav, dans le village de Sikid, l’a légalement saisie et l’a démolie à l’aide d’un engin de terrassement. Les fonctionnaires de police ont averti les autres maoïstes de se rendre ou de faire face à de telles actions dans les jours à venir. Le 16 novembre déjà la police de Chatra a saisi et détruit la maison du maoïste le plus recherché, Gautam Paswan.

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