Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Près de six ans après l’ouverture du premier procès organisé en Europe sur les « vols secrets de la CIA », l’ancien chef de l’agence de renseignement américaine en Italie, Jeff Castelli, a été condamné en appel et par contumace, vendredi 1er février, à sept ans de prison pour l’enlèvement d’un imam égyptien à Milan en 2003. L’imam, qui bénéficiait de l’asile politique en Italie avait été enlevé au cours d’une opération coordonnée entre le Sismi (renseignement militaire italien) et la CIA, puis transféré via l’Allemagne en Egypte où il avait été torturé. Deux autres agents de la CIA ont été condamnés à six ans de réclusion, également par contumace.

En première instance, les trois agents de la CIA avaient été acquittés, mais le parquet avait fait appel du verdict. En septembre 2012, la Cour de cassation italienne avait par ailleurs confirmé la condamnation à des peines allant de sept à neuf ans de prison contre vingt-trois espions de la CIA, dont son ancien chef à Milan, Bob Seldon Lady. Ils sont tous en fuite. Elle avait ordonné un nouveau procès contre cinq ex-agents d’espionnage italiens accusés d’avoir participé à l’enlèvement. Limogé en novembre 2006, le général Pollari s’était réfugié derrière le secret d’Etat pour éluder toutes les questions des enquêteurs.

Les juges d’instruction français sont fatigués de se heurter constamment au secret-défense, et six d’entre eux, parmi les plus emblématiques, ont saisi la ministre de la justice pour assouplir une procédure qui paralyse de fait les perquisitions dans les affaires sensibles. La loi du 29 juillet 2009 relative à la programmation militaire a étendu considérablement le domaine du secret-défense et a eu pour effet d’entraver les investigations menées par les juges d’instruction dans des affaires aux enjeux importants. Parmi les signataires, les juges chargés de l’attentat de Karachi, qui a révélé une une affaire de corruption dans la vente de sous-marins de la France au Pakistan.

Dans deux domiciles et une voiture d’anarchistes de Naples, 6 micros et un GPS ont été retrouvés.

[EDIT] Dans le premier domicile, 3 micros de type GSM ont été trouvés, ils étaient directement reliés au courant dans les boîtiers des prises près du bureau où il y a un ordinateur (depuis quelque temps, les hauts-parleurs reliés à cet ordinateur étaient perturbés par une interférence identique à celle d’un téléphone qui reçoit un appel), un autre dans la prise près de la table de la cuisine, le dernier dans la chambre, dans la prise la plus proche du lit. De plus, le cache de la prise avait été percé pour diriger le micro vers la tête du lit. Au second domicile par contre, le micro de type GSM a été retrouvé dans la chambre, dans la prise la plus proche de la porte, qui donne sur la cuisine, afin de couvrir plusieurs lieux. Les deux derniers micros, toujours de type GSM mais avec un GPS en plus, ont été retrouvés dans une voiture, dans le sous-toit qui héberge la petite lampe de l’habitacle. Les micros avaient été dirigés vers les sièges de devant.

Les micros trouvés au premier domicile et dans la voiture sont des téléphones portables de marque Vodafone, avec un transformateur et des antennes avec un circuit préimprimé, pour donner une idée, ce sont les même utilisées dans les modems des ordinateurs. Le micro retrouvé au second domicile était un modèle plus ancien, avec deux transformateurs et une antenne à vis. Dans ce cas, la marque est Tim.

Italie: Micros et de GPS-espions découverts

La proposition de loi du Parti communiste français sur l’amnistie des syndicalistes poursuivis en justice n’a pas franchi le stade de la commission des lois du Sénat où elle était examinée mercredi 13 février. Le texte devrait tout de même être discuté en séance le 27 février mais le signal envoyé est pour le moins négatif. Les sénateurs communistes avaient souhaité profiter de leur niche parlementaire, le 27 février, pour y inscrire cette proposition de loi, une revendication de longue date portée pendant la campagne présidentielle par Jean-Luc Mélenchon. Elle vise à amnistier « des faits commis à l’occasion de mouvements sociaux et d’activités syndicales et revendicatives ». Pourtant, les sénateurs PCF avaient proposés un texte très timide, excluant de l’amnistie les violences à l’encontre de la police, des personnes vulnérables ou de moins de 15 ans ainsi que les destructions de biens d’utilité publique.

Plusieurs centaines d’ouvriers ont manifesté mardi matin dans une ambiance tendue devant le siège de Goodyear France à Rueil-Malmaison, dans les Hauts-de-Seine, où se tenait une réunion durant laquelle l’avenir des ouvriers était discuté. De nombreuses forces de l’ordre avaient été mobilisées aux abords du bâtiment. Certains manifestants ont lancé des fumigènes, des bouteilles et des oeufs aux forces de police qui ont déployé des véhicules avec grille permettant de faire barrage, et ont fait usage de gaz lacrymogènes. Des membres des forces de l’ordre ont été éclaboussés de peinture.

Le tribunal militaire permanent de Rabat a terminé mardi soir l’audition des 24 prisonniers politiques sahraouis dans le cadre du procès du « groupe Gdeim Izik », ouvert le 1er février. A l’issue de ces auditions, les avocats de la défense ont demandé une expertise médicale suite aux affirmations de prisonniers faisant état de traitements « inhumains » subis lors de leur détention.

Le procès reprendra mercredi avec l’audition des témoins des évènements qui se sont déroulés à l’automne 2010, à Gdeim Izik, proche d’El-Aaiun occupé, au Sahara occidental où environ 40.000 Sahraouis avaient dressé quelque 8.000 tentes et élu domicile pour défendre leurs droits politiques, économiques et sociaux avant d’en être délogés par les forces marocaines, le 8 novembre 2010. En détention depuis plus de 27 mois, les 24 prisonniers saharaouis sont notamment accusés d’ »atteinte à la sécurité intérieure et extérieure de l’Etat, formation d’une bande criminelle et atteinte aux fonctionnaires publics dans le cadre de l’exercice de leur fonction ». Ils risquent la réclusion à perpétuité.

Le 28 janvier dernier, le juge du tribunal de Guantanamo a révélé que l’OCA (Original Classification Authority), une agence gouvernementale du renseignement, écoutait tous les débats des audiences depuis l’extérieur. Le directeur de la technologie du tribunal militaire, Elkins, l’a confirmé, les conversations, même murmurées entre les avocats et les accusés peuvent être entendues par le gouvernement. Lundi, suite à ces révélations, Elkins a expliqué qu’il y a deux circuits audio distincts. Le premier est ‘filtré’ et est destiné aux journalistes et aux familles des victimes. Le second capte tout, même les chuchotements et parvient à la personne chargée des retranscription, aux interprètes mais aussi à l’agence gouvernementale écoutant l’audience. Lundi, les micros de la salle d’audience ont été modifiés afin qu’ils ne puissent pas saisir par inadvertance les conversations confidentielles. Les avocats doivent désormais appuyer sur le micro pour parler, alors qu’ils devaient auparavant presser un bouton pour que le micro soit en position « silencieux ». Mais au cours d’une audience, un avocat a fait la démonstration que ce qu’il disait à son client pouvait être saisi par un autre micro que celui, éteint, qui se trouvait sur sa table. Il a ensuite affirmé que personne ne savait ce que le gouvernement faisait de ces sons. En raison des nombreuses objections des procureurs, les avocats n’ont toujours pas réussi à savoir où se trouve l’OCA, ni qui a accès à ces conversations entre avocats, ou entre les avocats et leurs clients.

Mardi, un groupe de Mapuches s’était réuni devant le tribunal de Collipuli, dans le sud du Chili pour soutenir Fernando Millacheo qui devait y comparaitre dans la journée. Millacheo est détenu dans l’attente d’un éventuel procès, poursuivi par les autorités chiliennes pour vol, tentative de meurtre et incendie volontaire. Depuis sept semaines, tout comme les autres prisonniers Mapuches dans le reste du pays, il mène un grève de la faim pour dénoncer les spoliations dont est victime le peuple mapuche. En effet, depuis plusieurs mois, la militarisation de l’Araucania, territoire mapuche, s’intensifie. Hier, le rassemblement a tourné à l’affrontement entre les indigènes et les forces de l’ordre, celles-ci arrêtant vingt manifestants pour avoir lancé des pierres à l’extérieur du bâtiment.

Depuis le 21 septembre, depuis25 audiences, la Cour d’assises de Francfort sur le Main juge deux militants des années 70. Sonja Suder (80 ans) et Christian Gauger (71 ans) se sont engagés dans la première moitié des années 70 à Francfort, elle dans les squatt, lui dans le Secours rouge. On leur reproche, comme militants des Cellules révolutionnaires (RZ) en août 1977 et mai 1978 d’avoir commis des attentats ayant provoqués des dégâts matériels, principalement contre des entreprises livrant des éléments pour le programme nucléaire à l’Afrique du sud de l’apartheid.

La juge est celle qui en 2004 a prononcé une condamnation symbolique contre l’ancien vice-président de la police de Francfort, qui avait ordonné d’employer la force contre un prisonnier. Les organisations de défense des droits de l’homme avaient vu dans ce jugement un signal fatal: celui qui torture est certes coupable, mais ne sera pas condamné. La question de la torture est au coeur du procès en cours. Hermann Feiling, voulait attirer l’attention sur la dictature pendant la coupe du monde de 1978 qui se jouait en Argentine. L’engin explosif destiné au Consulat d’Argentine à Munich lui explosa sur les jambes. Il dut être amputé des deux jambes et on lui enleva les deux globes oculaires. Les interrogatoires du jeune homme commencèrent alors qu’il était encore en soins intensifs. Presque quotidiennement et durant quatre mois, alors qu’il était abruti de tranquillisants, les enquêteurs l’interrogèrent sans autoriser de visites d’un avocat. Les PV représentent près de 1.300 pages. Hermann Feiling est revenu ensuite sur toutes ces déclarations mais, malgré les objections des défenseurs, la juge lit ces PV, et accepte ainsi ces procédés relevant de la torture. Elle a besoin de ces déclarations parce que son seul autre témoin, le repenti des RZ Hans-Joachim Klein, a déjà été reconnu comme menteur par un autre tribunal, et s’est empêtré dans de lourdes contradictions.

La police française a interpelé une quinzaine de Kurdes à Bordeaux et Toulouse, dans le cadre d’une enquête visant les activités politiques de la communauté kurde. Ces arrestations interviennent au moment où le ministre turc des Affaires Etrangères Ahmed Davutoglu rencontre son homologue français Laurent Fabius. En France, près de 250 kurdes ont été arrêtés depuis 2007 pour des motifs politiques. Arrêté en octobre 2012, Adem Uzun, le membre du conseil exécutif du Congrès National du Kurdistan (KNK), basé à Bruxelles, est toujours en prison.