Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Un sous-inspecteur posté dans le commissariat de police Mudulipada, esorté par un membre du Groupe d’Opération Spéciale (anti-maoiste), a été abattu par un commando de quatre personnes en plein marché à Khairput. Le commando a scandé des slogans maoïstes avant de s’éclipser. Des miliciens anti-guérilla BSF jawans ont immédiatement bouclé le marché, mais sans résultat.

Le 2 mars dernier, lorsqu’un dirigeant de la section locale du Mouvement (berbère) pro démocratie du 20 février, Bachir Benchaïb a été arrêté par la police civile. Des manifestations ont ainsi éclaté pour réclamer sa libération. Pendant les jours qui ont suivi, les manifestants, jeunes et moins jeunes sont sortis dans la rue, bloquant la route de la ville portuaire d’Al Hoceima (450 kilomètres au nord est de Rabat) et ont observé des sit-in devant le poste de police et les bâtiments gouvernementaux. La protestation (très majoritairement berbérophone) a gagné les localités limitrophes. Un fort déploiement de la police et des différents services de sécurité ont été envoyés en renfort sur place. Il y a eu des affrontements faisant des blessés.

Le tribunal de première instance d’Al-Hoceima a condamné, mardi soir, deux personnes à 10 mois de prison ferme, dans le cadre des incidents survenus dernièrement à Beni Bouayach (province d’Al Hoceima). Les deux mis en cause étaient poursuivis notamment pour « désobéissance, outrage et humiliation d’éléments des forces de l’ordre lors de l’exercice de leur fonction et dégradation et destruction de biens publics ». Dans cette même affaire, le tribunal a décidé d’innocenter 15 personnes qui étaient poursuivis en état de liberté provisoire pour manque de preuves, alors que l’examen du dossier d’un autre groupe, dans lequel sont poursuivies 15 personnes en détention préventive, a été reporté à jeudi prochain pour permettre à la défense de préparer ses plaidoiries.

Maroc: Manifestation et répression dans le Rif

La loi Salduz, entrée en vigueur le 1er janvier dernier (sur injonction de la Cour Européenne des Droits de l’Homme qui exigeait depuis novembre 2008 que son arrêt Salduz soit transposé en droit belge) prévoit la possibilité d’obtenir l’assistance d’un avocat pour toute personne privée de liberté dès son premier interrogatoire avec la police ou le juge d’instruction. Depuis, elle est sujet à polémique, et surtout, très peu appliquée faute de moyens humains, logistiques ou financiers. Aujourd’hui, les avocats francophones ont annoncé que d’ici à la fin du mois, ils auront arrêté les permanences. Cette décision fait suite au dernier conclave budgétaire qui a réduit le budget prévu pour la mise en place de la loi Salduz de 80%. Alors que le gouvernement précédent avait estimé son coût à 40 millions d’euros, 7,5 millions ont finalement été alloués à l’application de la loi. En outre, les avocats ont également menacé de suspendre les désignation en aide juridique (assistance pro deo).

Samedi, les FARC ont attaqué une patrouille militaire dans la province d’Arauca, située à la frontière avec le Venezuela, provoquant la mort de onze soldats. Mardi et mercredi, l’armée a mené une vaste offensive dans la région, tuant un total de 36 guérilleros. D’intenses combats se sont déroulés toute la journée de mardi, mais c’est mercredi matin à l’aube que l’armée de l’air est intervenue. Soutenue par des troupes au sol, elle a lancé l’assaut. 33 guérilleros ont été tués et une dizaine d’autres capturés en quelques heures. Trois autre combattants des FARC étaient décédés au cours des fusillades de la vieille. L’armée a également saisi un important arsenal composé de 24 mitrailleuses, plusieurs fusils et pistolets, ainsi que des bombes et des grenades. Les autorités ont annoncé que cette offensive militaire entrait dans une ‘nouvelle stratégie consistant à toucher les structures qui ont fait le plus de dégâts’ et que les guérilleros tués hier n’étaient ‘pas ceux qui ont assassinés les soldats samedi, mais ceux qui leur avaient donné l’ordre de le faire’.

Colombie: Violentes représailles des autorités

Depuis mardi, des milliers de soldats et de policiers participent à une vaste opération contre les guérilleros du PKK aux abords du Mont Cudi, dans la province de Sirnak, dans le sud-est du pays. Nous vous annoncions hier la mort de quatre d’entre eux, mais les autorités ont communiqué ce jeudi le décès de six membres des forces de sécurité, ainsi qu’une dizaine de blessés. Elles ont également annoncé la mort d’au moins six guérilleros. Plusieurs hauts responsables militaires se sont rendus dans la région ce jeudi, alors que l’opération devrait se poursuivre au moins jusque ce soir. Celle-ci fait suite à un regain d’activité des guérilleros suite à l’arrivée d’un climat plus clément dans la région montagneuse proche de la frontière avec la Syrie.

Véhicules des forces de sécurité turques

Véhicules des forces de sécurité turques

Des militaires maliens ont orchestrés cette nuit un coup d’état au Mali. Ils dénoncent l’absence de moyens donnés aux forces armées face aux diverses rebéllions et aux islamistes. Parmis les rebelles que souhaitent mater le nouveau régime, le MNLA, Mouvement National de Libération de l’Azawad, qui a récemment publié une lettre de déserteurs élus et militaires. Le MNLA prônne le boycott de toutes les élections qu’ils considèrent comme inefficaces face à l’injustice de l’état malien. Le MNLA organise des actions contre les entreprises et l’état malien depuis plusieurs mois et ont déjà subit la répression de l’ancien état.

Ce jeudi 22 au matin s’est déroulé une nouvelle audience à la Chambre du conseil relative aux poursuites contre quatre membres de notre Secours Rouge. Rappelons qu’à ce stade, l’enjeu est de savoir si il y aura procès ou non-lieu. La juge aurait dû décider le 8 mars sur base de ce qui avait été exposé par le procureur et les avocats à l’audience du 25 janvier. Mais dans l’intervalle un élément nouveau est survenu: la décision de la justice italienne de casser le procès de Milan contre les membres présumés du PCPM pour motivation insuffisante en ce qui concerne la caractère terroriste des éléments reprochés aux accusés.
Pour examiner l’incidence de cet élément, une nouvelle audience était prévue à Bruxelles ce jeudi, mais la motivation officielle de la cour de cassation italienne n’étant toujours pas rendu public (et encore moins traduit), une nouvelle audience a été fixée pour le jeudi 19 avril.

Vignette No procès

Vignette No procès

Le 18 mars est en Allemagne la journée de soutien aux prisonniers politiques. Elle a aussi été cette année la journée de mobilisation contre l’article 129a et 129b, les articles de loi qui permettent la poursuite contre les organisations politiques et les militants politiques. Des manifestations et des meetings ont eu lieu dans de nombreuses villes. C’est sur base de ces articles de lois que sont notamment poursuivis les révolutionnaires turcs membres ou sympathisants du DHKP-C, les antifas allemands, les militants kurdes, etc.

Allemagne: Journée d’action contre les §129 et pour les prisonniers politiques

Sonja Suder avait déposé en février dernier une demande de récusation des juges suite aux arguments donnés par ceux-ci pour la maintenir en détention. Sa demande était étayée par un ensemble d’arguments extrêmement précis, prouvant entre autres que les juges avaient repris dans la motivation de leur décision des points de l’accusation, ceci revenant donc à reprendre à leur compte les arguments de celle-ci et démontrant une partialité des juges dès avant le procès. Cette demande vient d’être rejetée. Selon le communiqué de presse de la défense, la justice ne s’est pas donné la peine d’étudier et de répondre aux arguments donnés par la requête.

Le 14 septembre 2011, Sonja Suder et Christian Gauger, dont l’extradition avait été refusée par la France en 2001, ont été extradés vers l’Allemagne. Cette extradition a été permise par la signature de nouveaux accords franco allemands… à effet rétroactif ! Soupçonnés d’avoir appartenu, il y a plus de 35 ans, aux RZ (Cellules Révolutionnaires), ils ont été emprisonnés dès leur arrivée à Francfort, dans l’attente d’un procès. Christian a été libéré, son état de santé ayant été reconnu incompatible avec une détention, mais Sonja, âgée de 79 ans, reste emprisonnée. S’appuyant exclusivement sur les «témoignages» successifs et contradictoires d’un repenti, pourtant déjà reconnus non fiables par le tribunal de Francfort, (en 2001 un autre militant, mis en cause par le même témoignage qui concerne Sonja, a été acquitté en raison de la non fiabilité de la mémoire de ce « témoin »).

La troisième audience du procès de Xavier Renou pour refus de prélèvement ADN fut la plus courte de toutes. La juge de Senlis a reconnu le caractère pertinent des 4 Questions Prioritaires de Constitutionnalité déposées par le porte-parole du collectif des Désobéissants. Elles seront donc toutes transmises à la Cour de Cassation, afin que celle-ci les transmette à son tour au Conseil Constitutionnel. Là, une audience publique et contradictoire devra être organisée, où sera débattu pour la première fois le fichage génétique des militants, et, au-delà, de l’ensemble de la population.

Aux précédences audiences du procès de la désobéissance civile contre les prélèvements d’ADN, à Senlis, près de Paris, la généticienne Catherine Bourgain (INSERM) avait apporté la preuve du caractère « codant » des segments d’ADN prélevés par la police. Des travaux de recherche récents montrent en effet que le Fichier des Empreintes Génétiques (FNAEG) permet ainsi de connaître les origines géographiques (donc avec une forte probabilité la couleur de peau) et diverses caractéristiques intimes (comme les prédispositions à certaines maladies). Le gouvernement avait pourtant prétendu le contraire. Le rapporteur de la loi de Sécurité intérieure, avait affirmé en 2003 aux députés réunis pour voter cette loi : « Si à partir d’une empreinte génétique inscrite dans le Fnaeg, vous essayez d’obtenir la moindre information sur la personne – état de santé, métabolisme, couleur des cheveux, des yeux, de la peau, etc. – vous ne le pourrez pas, parce que ces empreintes sont non codantes. C’est totalement impossible. »

30.000 Français entrent chaque mois dans le FNAEG. Depuis 2003, plus de 2 millions de Français ont fait l’objet d’un prélèvement ADN, en garde-à-vue (donc alors qu’elles étaient encore présumées innocentes) ou après une condamnation, même bénigne ou strictement politique (de désobéissance civile).