Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Le 31 décembre dernier, au dernier jour de son mandat, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Sliva a annoncé qu’il refusait d’extrader Cesare Battisti. Ce dernier est réfugié au Brésil depuis 2004 (et y a obtenu le statut) mais est réclamé par l’Italie où il a été condamné par contumace à la prison à perpétuité en 1993 pour quatre meurtres. Hier, le Parlement européen a voté une résolution pour demander au Brésil de revenir sur cette décision. Il est à noter que cette résolution n’a aucune valeur contraignante. L’ancien militant des Prolétaires Armés pour le Communisme se trouve toujours actuellement dans une prison de Braisilia, où il est incarcéré depuis 2007. Début février, la Cour Suprême examinera le demande de libération déposée par ses avocats.

En avril 2009, le sommet du G20 s’est tenu à Londres. De nombreuses manifestations avaient émaillé le sommet, avec leur lot de répression policière habituel. Un passant était même décédé après avoir été violemment poussé au sol par un policier. Une commission d’enquête parlementaire a été mise en place pour analyser les événements. Hier, la police londonienne s’est vue obligé d’admettre qu’un de ses commandants haut placés avait menti à cette commission. Le 19 mai, le commandant Broadhurst avait affirmé qu’aucun policier en civil n’était présent dans la foule rassemblée pour protester contre le G20, ajoutant ‘Les seuls officiers que nous déployons à des fins de renseignements dans ces situations sont des officiers de l’équipe de renseignements qui portent l’uniforme de police complet et une veste jaune et bleue. Il n’y avait absolument aucun officier en civil déployé’. Après enquête, la commission a révélé que la déclaration de Broadhurst n’est pas exacte. ‘Des officiers ont été déployés en secret dans les manifestations anti-G20 pour identifier les individus qui pourraient être impliqués dans l’organisation d’activité criminelle et pour donner en direct des informations de renseignements et de preuves concernant les activités des manifestants’. Elle ajoute que contrairement à ce que Broadhurst avait déclaré en 2009, elle a découvert qu’il se pourrait que certains policiers auraient peut-être été utilisés comme agents provocateurs. Le commandant Broadhurst a été convoqué mardi prochain par la commission d’enquête pour s’expliquer quant à son faux témoignage et aux actions policières menées durant le sommet.

A Lyon en octobre dernier, 249 personnes avaient été interpellées en marge des manifestations contre la réforme des retraites. Lors de l’une d’entre elles, neuf jeunes ont été interpellés alors qu’ils allaient apporter leur soutien à un piquet de grève vers lequel se dirigeait une centaine de militants de la droite radicale. Au final, trois de ces jeunes sont poursuivis pour ‘participation et complicité de participation – pour l’un d’eux – à un attroupement en étant porteur d’une arme’, armes qualifiés d’armes par destination et non par nature. Ces armes sont deux barres d’aluminium (trouvées dans le sac à dos d’un des jeunes), un ceinturon à l’effigie d’un poing américain porté par un autre à son pantalon et une tringle à rideau trouvée dans un fourré. Leur avocat dénonce tant la notion d’attroupement que la réalité des armes. ‘Une arme par destination est une arme si on s’en sert. Ici, personne ne s’en est servi’. Il ajoute que les jeunes n’étaient pas porteurs d’armes, mais simples transporteurs, d’un ceinturon au pantalon ou de barres d’aluminium dans un sac. Le procureur a requis trois mois de prison avec sursis. Le jugement sera rendu le 24 février.

La justice colombienne a rendu public la semaine dernière un rapport documenté concernant les enquêtes sur les actions menées par les Autodéfenses Unies de Colombie (AUC – dissoutes en 2006). Le registre recueille les données depuis 2005 jusqu’au 1 décembre de l’année dernière. De nombreux cas ont été confessés par les paramilitaires dans le cadre du processus dit de ‘justice et paix’ pour lequel une loi polémique a été adoptée: moyennant des aveux complets, les paramilitaires qui rendent les armes ne peuvent pas être condamnés à plus de huit ans de prison.

L’enquête judiciaire a documenté 173.183 cas d’homicides, 1597 massacres et 34.467 disparitions commises par les paramilitaires. Elle documente également le déplacement forcé massif de 74.990 communautés. Selon le rapport, les confessions ont permis de trouver 1037 fosses communes contenant 3678 cadavres, dont 1323 ont pu être identifiés.

Il y a un an, le chef de l’unité ‘justice et paix’ qui reçoit les confessions avait affirmé que les paramilitaires pourraient reconnaître 120.000 meurtres. Son estimation s’avère encore trop basse. Et selon plusieurs sources, malgré la dissolution de l’AUC en 2006, les paramilitaires continuent à sévir. Ils commettent toujours des délits depuis leur prison et plusieurs bandes existent encore sous d’autres noms.

Baranaindar Mikel Jimenez Martin a été condamné hier à six ans de prison pour ‘possession de substances explosives et inflammables, de nature terroriste’ par l’Audience Nationale. Cette dernière l’accuse d’être en liaison avec l’ETA. Mais la pièce à conviction utilisée par le tribunal madrilène chargé des dossiers de terrorisme est inquiétante. Il s’agit d’un geste, un salut avec le poing levé, que l’accusé a fait à destination du public quand il allait être évacué. Le jugement statue: ‘l’expérience démontre que cela est caractéristique d’individus qui, s’ils ne sont pas membres d’ETA, se situent, au minimum, dans son entourage ou sont proches de cette organisation’.

Pour la deuxième fois en en peu plus d’un mois, la ville de Kolkata (Bengale occidental) s’est éveillée placardée d’affiches et de calicots maoïstes. Durant la nuit, des centaines d’affiches ont été collées dans les principales stations de métro et sur les murs d’un quartier central de la ville. Déjà au mois de décembre, suite à l’arrestation d’un cadre du CPI(Maoïste), des affiches avaient été placardées dans le métro et devant l’Académie des Beaux-Arts. Celles trouvées ce matin à travers la ville, écrites à la main, préviennent que les coupables des récents assassinats de villageois et de guérilleros seront jugés par leurs tribunaux populaires. D’autres exigent la libération de tous les prisonniers politiques, y compris des dirigeants maoïstes. Une demi-heure après avoir été avertie, la police avait enlevé toutes traces de cette opération de propagande. Les officiers supérieurs ont déclaré ne pas pouvoir expliquer comment les militants maoïstes étaient parvenus à éviter les autorités durant leurs collages: ‘Il y a un poste de police à proximité. Mais les policiers de garde ne les ont pas remarqué’. L’unité antiterroriste de la Special Task Force de la police de Kolkata a immédiatement ouvert une enquête pour retrouver les responsables.

Sur ordre du juge de l’Audience Nationale, le tribunal madrilène chargé des dossiers de terrorisme, une vaste opération a été menée au cours de la nuit en Navarre et au Pays-Basque espagnol. L’action visait les milieux proches de l’ETA et notamment le collectif Ekin, dont neuf membres présumés avaient été arrêtés le 14 septembre dernier. Six personnes ont été arrêtés à Pampelune et aux alentours durant la nuit, les autorités les soupçonnant d’avoir voulu reconstituer Ekin suite à son ‘démantèlement’ en septembre. Le collectif est considéré par la justice espagnole comme partie intégrante de l’ETA, comme ‘le coeur de l’ETA’, qui selon elle, est chargé d’appliquer la stratégie militaire et politique de l’ETA et de son entourage politique et social.

Quatre autres personnes ont également été arrêtées cette nuit en relation avec Askatasuna. Elles sont soupçonnées de soutien informatique et de propagande à l’ETA.

Les dix personnes arrêtées ont en commun d’être accusées d’avoir assisté à des réunions clandestines d’Ekin en tant que représentants de différents mouvements en liaison avec ETA. Il s’agit de Segi, Batasuna et Askatasuna, tous trois interdits par la justice espagnole. Cette opération des autorités est la première depuis l’annonce de cessez-le-feu du 10 janvier de l’ETA, jugée insuffisante par le gouvernement. Celui-ci a d’ailleurs annoncé: ‘Nous allons continuer à travailler contre l’ETA comme cela a été le cas jusqu’à présent’.

Ce matin, le procès de treize personnes, âgées de 19 à 20 ans, a débuté à l’intérieur de la prison haute sécurité de Kirydallos à Athènes. Ce tribunal dans le pénitencier avait été mis en place à l’époque pour les procès ‘antiterroristes’ impliquant les membres des groupes ’17 Novembre’ et ‘Lutte Révolutionnaire Populaire’ (ELA). Les treize suspects, dont quatre seront jugés par défaut car toujours libres, sont accusés ‘d’appartenance à une organisation terroriste’. Les arrestations avaient fait suite à l’envoi de plusieurs colis piégés à des ambassades à Athènes, et dans d’autres capitales européennes. Ceux-ci avaient été revendiqué par le groupe ‘Conspiration des Cellules de Feu’. Le tribunal, qui siègera durant quelques mois, examinera aussi l’implication des accusés dans trois actions ayant visé un ministère et les domiciles de deux responsables politiques en 2009. Un important dispositif policier a été déployé autour du bâtiment et plusieurs manifestations de solidarité ont d’ores et déjà été annoncées.

Ce midi, les prévenus ont quitté l’audience. Ils avaient demandé qu’aucun document ne soit requis auprès des personnes assistant à l’audience, et qu’elles ne subissent aucun contrôle de police ni fichage. Or, le juge a tout juste consenti à ce que les cartes d’identité ne soient pas photocopiées, mais simplement laissées à l’entrée. Les accusés ont donc quitté la salle, sous les applaudissements de nombreuses personnes du public et aux cris de ‘la passion de la liberté est plus forte que toutes les prisons’.

Ces dernières semaines, 2 micros ont été dénichés au local du collectif 400colpi, a Florence. Le premier était situé dans un boîtier électrique, bizarrement trop chaud. Il était constitué, en plus d’un micro, d’une micro-caméra de surveillance. Une semaine après, un autre a été retrouvé dans une prise industrielle.

Italie: Encore des micros, encore des caméras

Dans la nuit du 12 au 13 à Paris, Dan, Olivier et Camille se sont fait arrêter à Belleville pour des tags « Algérie – Tunisie / Insurrection », « Vive l’anarchie »... Après un début de garde à vue dans le commissariat du XXe arrondissement, les policiers de la criminelle se sont emparés de l’affaire et les ont transférés dans leurs locaux. Ils ont ensuite été déférés au parquet et après un passage devant le juge d’instruction et le juge des libertés et de la détention, ils ont été envoyés en prison ce vendredi.

Plusieurs éléments ont certainement dû jouer dans cette décision de les mettre en détention préventive : tous les trois ont été associés à différents niveaux (simple garde à vue ou mise en examen) à des actes de solidarité avec les inculpés de Vincennes (ballades, occupations, sabotages de distributeurs de billets…).

Pour leur écrire :

Maison d’arrêt de la Santé
Daniel SAYAG
N° d’écrou : 293 350
42 rue de la Santé
75 674 Paris cedex 14

Maison d’arrêt de la Santé
Olivier TOUSSAINT
N° d’écrou : 293 348
42 rue de la Santé
75 674 Paris cedex 14

Fleury-Mérogis – Maison d’arrêt des femmes
Camille PAYELLE
N° d’écrou : 375 374 W
7 avenue des peupliers
91 705 Sainte-Geneviève-des-bois cedex