Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

En mai 2008, des policiers du monde entier, dont des Français, sont invités par Microsoft, pour découvrir, dans les locaux de Microsoft, à Redmond, COFEE (Computer Online Forensic Evidence Extractor), un outil permettant d’aider les forces de l’ordre a mettre à mal les sécurités installées dans Windows Vista. Un stage de luxe qui regroupe le FBI, Interpol, l’armée. Parmi les ‘cours’, comment récupérer des preuves sous Hotmail ou sous Windows. Parmi les possibilités, le programme COFEE.

Le matériel est simple, une clé USB et un programme capable de trouver différentes données cachées sur un disque dur. Un programme aux 150 commandes qui permet de retrouver toutes données liées à une affaire en un temps record. Décryptage des mots de passe, analyse des activités sur la toile, et cela par un policier qui n’a plus besoin d’être un expert. Bref, rien de révolutionnaire, ce type d’outil existait depuis longtemps mais Microsoft semble avoir réuni tout ce petit monde sous le même programme. Des milliers de clés de ce type sont déjà en action dans 15 polices de par le monde. Microsoft les offre. ‘Nous investissons beaucoup de temps et d’argent dans la mise au point de ces nouveaux outils, mais notre but n’est pas d’en tirer des profits en argent. Nous le faisons afin de nous assurer qu’Internet demeure un endroit sécurisé‘ confiait Brad Smith, de chez Microsoft. A noter que cette clé permet de passer outre le chiffrement ‘Bitlocker’ mis en place par Microsoft dans Windows Vista. Il suffit aux enquêteurs de brancher la clé sur la machine allumée du suspect pour utiliser l’un des 150 outils mis à disposition avec COFEE. En moins de 30 minutes, la clé enregistre les données dites ‘sensibles’ pour les enquêteurs.

Début novembre, un fichier archive circulait sur le net avec, à l’intérieur, une image de COFEE. Colmatée depuis, la fuite finit de se répandre sur Internet. Mais le mal est fait. Si la diffusion de l’utilitaire a été bloquée, des pirates en ont profité pour développer une contre-application qui permettait de se débarrasser des ‘trous’ exploités par COFEE et qu’ils ont nommée DECAF (Detect and Eliminate Computer Assisted Forensics). Téléchargeable sur leur site decafme.org, cette application s’adressait à des utilisateurs avancés. Yahoo en avait parlé. Mais le 18 décembre, un petit message intitulé Gamer Over sur le site de DECAF, nous apprend que le but était simplement d’attirer l’attention du public sur la sécurité et que les versions téléchargées sont désormais inopérantes…

Logo de DECAF

Logo de DECAF

C’est aujourd’hui que la cour d’appel de Paris devait examiner la demande de levée de contrôle judiciaire des dix inculpés dans l’affaire de Tarnac. Ces derniers avaient annoncé il y a quelques semaines avoir pris la décision de ne plus se plier à leurs obligations liées à ce contrôle et avaient saisi la cour d’appel de Paris pour qu’elles soient annulées. La chambre de l’instruction a finalement décidé d’alléger ces conditions, ne maintenant effective que l’interdiction pour les co-inculpés de se voir. ‘L’étau judiciaire dont ils dénonçaient le caractère inique est allégé, mais notre réaction est mitigée car est maintenue l’interdiction de communiquer entre eux. C’est un désaveu pour le parquet général qui avait requis le maintien des mesures de contrôle judiciaire‘ a déclaré un des avocats.

La semaine dernière, le Parti pour une société démocratique (DTP) était dissout par la cour constitutionnelle turque pour collusion avec le PKK. De nombreuses manifestations très violentes se sont déroulées suite à cette décision un peu partout dans le pays. Mercredi, devant le bureau du parti kurde, à Dolapdere, à 50 mètres d’un commissariat gardé par un véhicule blindé, l’enseigne DTP a été décrochée. Mais les élus et les militants kurdes, dont la combativité n’est en rien entamée, avaient depuis plusieurs mois anticipé la manoeuvre, et déposé les statuts d’une nouvelle formation politique. L’enseigne du parti dissout a donc immédiatement été remplacée par celle de son successeur: le Parti pour la Paix et la Démocratie (BDP). Pour la sixième fois depuis vingt ans et après plusieurs interdictions par la justice turque pour des liens supposés avec le PKK, le mouvement politique renaît sous un autre nom.

Le 25 avril 2007, jour anniversaire de la chute du régime fasciste au Portugal, une grande manifestation s’est tenue à Lisbonne, en réponse à la force croissante de l’extrême-droite dans le pays. Les mots d’ordre étaient clairs: anti-fascisme et anti-capitalisme. Le cortège, accompagné par la police, s’est déroulé sans incidents. A l’issue du rassemblement, quelques 150 personnes ont décidé d’effectuer un trajet ‘retour’. C’est alors que d’importantes forces de sécurité se sont déployées et ont bloqué la rue dans les deux sens. Les policiers anti-émeutes sont descendus des voitures en marche et ont commencé à donner la chasse aux manifestants. Ils ont cogné avec leurs bottes, leurs matraques,… Une fille qui fuyait a été attrapée, frappée, immobilisée au sol et trainée jusqu’à une voiture où elle a été enfermée.

De nombreuses personnes ont été blessées et onze ont été arrêtées. Les onze militants se trouvent aujourd’hui toujours en prison, accusés d’outrage, de rébellion et de désobéissance civile, alors qu’ils ont simplement tenté de fuir face aux assauts brutaux et injustifiés des forces de l’ordre. Leur procès devait initialement se tenir ce 7 décembre, mais au jour dit, le juge a constaté que les notifications aux accusés n’avaient pas été faites et à du reporter l’audience au 22 janvier. Les onze détenus risquent jusqu’à cinq ans de prison.

Manif antifasciste à Lisbonne

Manif antifasciste à Lisbonne

Le 18 novembre, la Cour suprême du Brésil décidait de l’extradition de Cesare Battisti par cinq voix contre quatre, ajoutant qu’il revenait au président Lula de décider en dernier ressort de son application. Mais l’Italie, où il a été condamné par contumace à la prison à perpétuité, et qu’il fui, réclame son extradition de manière de plus en plus insistante. C’est ainsi qu’elle a posé il y a quelques jours une question de droit à la Cour suprême du Brésil, à laquelle cette dernière a répondu que s’il revenait bien au président de trancher la question, il devra néanmoins respecter l’accord bilatéral d’extradition signé avec l’Italie. Cette affirmation limite grandement le pouvoir décisionnaire de Lula, qui s’était jusqu’ici montré clairement défavorable au renvoi de Battisti dans son pays d’origine. Ratifiant la demande d’extradition et imposant une décision au président brésilien, la Cour suprême a rapproché un peu plus le militant d’un retour en Italie.

Hospitalisée dans la nuit de mercredi à jeudi, la militante saharaouie a pu rejoindre le Maroc ce vendredi matin. Elle avait demandé à être emmenée à la clinique pour des douleurs d’estomac et avait clairement affirmé qu’elle n’avait aucunement l’intention d’interrompre la grève de la faim qu’elle observait depuis plus d’un mois. C’est là qu’elle a appris qu’elle était autorisée à rentrer chez elle (sur la photo: à sa sortie de l’hôpital).

Aminatou Haidar avait été expulsée du Maroc à son retour d’un voyage aux Etats-Unis, pour avoir inscrit sur sa fiche d’entrée qu’elle était résidente du Sahara occidental. Les autorités marocaines, estimant que c’était un déni de nationalité, lui ont confisqué son passeport et l’ont mise dans un avion pour l’Espagne. C’était le 14 novembre dernier et depuis, la militante se trouvait, sans papiers, enfermée à l’aéroport de Lanzarote. Luttant depuis plus de vingt ans pour la liberté du peuple saharaoui, emprisonnée pour ses revendications entre 1987 et 1991 et en 2005, Aminatou Haidar a embarqué cette nuit dans un avion médicalisé en direction de Laâyoune, avant de rejoindre sa famille. A sa sortie de l’hôpital, la militante a, entre autre, affirmé que c’était un triomphe pour la cause saharaouie.

Aminatou Haidar

Aminatou Haidar

Le Forum Against War on People a organisé à Dehli la Marche contre la guerre contre le peuple (photos) afin de protester contre l’offensive militaire brutale de l’état indien sur les populations tribales de l’Inde centrale et orientale à travers l’Opération Green Hunt, menée par 100.000 militaires et paramilitaires. La marche a commencé à partir de RAM Lila Maidan à 11 h et atteint la rue du Parlement, où différents militants sociaux, intellectuels, représentants d’organisations populaires et militants des droits civils se sont adressés à l’assemblée. Des délégations du Punjab, Haryana, Uttar Pradesh, Bihar, Jharkhand, Orissa, Andhra Pradesh, Maharashtra, Tamil Nadu et du Kerala ont participé au rassemblement.

Le mouvement populaire de protestation contre les crimes de la contre-guérilla se heurte à mille difficultés dont voici un exemple. Les 12 et 13 décembre, plus d’une centaine d’activistes s’étaient rassemblés à Raipur pour participer à un meeting sur les violences sexuelles et la répression de l’Etat. A la fin du week-end, 39 d’entre eux décident de se rendre à Dantewada, afin d’étendre le soutien et la solidarité aux femmes adivasis de la région.

Après deux heures de route, ils subissent un premier contrôle de police. Les chauffeurs sont emmenés au poste pendant que les activistes sont interrogés. Sous prétexte de les questionner, les policiers mettent en garde les conducteurs quant aux risques de transporter des militants. Au bout de deux heures, trois des quatre véhicules peuvent enfin repartir (un des chauffeurs se voit interdit de reprendre la route sous prétexte qu’il ne dispose pas des papiers adéquats). Après vingt minutes de route, ils sont à nouveau arrêtés. Sous la pression des forces de sécurité, les chauffeurs refusent d’aller plus loin. Les 39 militants embarquent dans deux bus et subissent de nouveaux contrôles d’identité sur le trajet. Au troisième d’entre eux, les policiers déclarent aux passagers et aux conducteurs qu’ils ne pourront reprendre la route que s’ils débarquent les activistes. Les 39 sont emmenés au poste de police, où après de longues heures, on leur dit qu’on les a forcé à débarquer ‘pour leur propre protection’ et que s’ils le souhaitent vraiment, ils leur fourniront des véhicules privés pour se rendre à Dantewada.

Soupçonneux, les militants décident de reprendre un autre bus, pour se rendre d’abord à Jagdalpur afin de dénoncer la situation, avant de reprendre leur voyage. Mais, prévenus par la police, les chauffeurs refusent qu’ils embarquent. Pendant ce temps, les militants ont pu contacter des membres de leurs collectifs ainsi que les médias, qui commencent à affluer. Finalement, les 39 militants déclarent forfait et rentrent à Raipur. Le trajet de retour ne sera pas de tout repos, entre les différents contrôles d’identité, un sabotage d’un pneu du bus et les slogans intimidants. Cette expédition manquée ne peut entraîner qu’un seul constat: l’état cache tous ses crimes ignobles commis dans la région, allant jusqu’à empêcher des équipes indépendantes d’aller soutenir les populations martyrisées, pour cacher l’usage de la violence, sexuelle ou autre, comme méthode de répression.

Manifestation contre l’opération Green Hunt

Manifestation contre l’opération Green Hunt

Manifestation contre l'opération Green Hunt
Manifestation contre l'opération Green Hunt

La FAU-AIT (Free Worker Union) de Berlin mène depuis plusieurs mois une campagne active dans une chaîne de cinémas de la ville. Elle a notamment travaillé à la réintégration d’une de ses militants licencié. Le conflit avec l’entreprise portait également sur les conditions de travail, l’arrêt du travail bénévole, les salaires et la régularisation des travailleurs temporaires. Face à la résistance acharnée des employés qui dure depuis presque un an, la direction a décidé d’employer les grands moyens. Soutenue dans ce conflit par le gouvernement local de Berlin ainsi que par un syndicat réformiste local, elle a carrément obtenu l’interdiction pour la section de la FAU de Berlin d’utiliser le terme ‘syndicat’. Tout individu qui s’y risquerait pourrait se voir attribuer une amende de 250.000€. De fait, l’union syndicale se trouve donc interdite. Le secrétaire de la FAU Berlin a réagi à cette décision en dénonçant la liberté d’association des travailleurs. Si cette décision devait être confirmé (la FAU a interjeté appel), elle constituerait une attaque contre toute forme indépendante d’organisation de base du peuple.

La libération de Jean-Marc Rouillan et la décision de mise en liberté conditionnelle de Georges Cipriani avait provoqué un sensible relâchement du mouvement de solidarité. Or, Jean-Marc est retourné en prison (suite à l’interprétation d’une réponse donnée à une article de presse) et, suite à un appel du procureur de la République, la libération a été refusée à Georges. Depuis, Jean-Marc est tombé gravement malade, une maladie rarissime (20 cas en France), évolutive (elle peut rester latente pendant dix ans comme foudroyer le malade en quelques mois) et qui provoque la calcification des artères.

Hier jeudi, au CICP de Paris, s’est tenu un meeting de solidarité avec les prisonniers d’Action Directe, en présence d’une délégation de notre Secours Rouge. La relance du mouvement de solidarité était à l’ordre du jour. Différentes initiatives auront lieu à Paris, Toulouse, Marseille et Strasbourg. Le 21 février une importante manifestation aura lieu à Paris. Notre Secours Rouge organisera un co-voiturage à partir de Bruxelles ce jour là.

Le 5 novembre 2008, la police allemande a effectué une vague de perquisitions dans le cadre d’une opération prétendumment antiterroriste visant la gauche radicale turque. Le siège de la Fédération anatolienne (organisation turque luttant pour les droits politiques et sociaux des immigrés en Europe), deux autres locaux qui lui sont affiliés ainsi que de nombreux domiciles privés ont ainsi été visités. Des ordinateurs, des appareils photo et l’argent des caisses des collectifs ont été saisis. La présidente de la Fédération Nurhan Erdem ainsi que deux autres militants ont été arrêtés et sont toujours en détention. Depuis 14 mois, ils sont soumis à un régime d’isolement intense, ne disposant d’un parloir d’une demi-heure que toutes les deux semaines. En outre, la plupart des membres de leur famille proche sont interdits de visite sous prétexte qu’ils pourraient servir de relais entre les prisonniers et le mouvement politique auquel ils appartiendrait. Aucune date de procès n’a encore été fixée, mais l’on sait qu’ils seront poursuivis en vertu de la loi antiterroriste allemande

Face à cette criminalisation, la section belge du Comité des Libertés appelle à un rassemblement ce vendredi 18 décembre à 14h devant l’ambassade d’Allemagne à Bruxelles, 8-14 rue de J. de Lalaing à Etterbeek.