Abdülkadir Aygan, un ancien fonctionnaire civil anti-terroriste (engagé en septembre 1991 avec le matricule J27299 et réfugié en Suède) a témoigné sur les séances de torture et les exécutions sommaires de militants soupçonnés de soutenir la cause kurde, dont il fut le témoin. Des centaines de meurtres et d’enlèvements, non élucidés, auraient été commis dans le sud-est de la Turquie entre 1987 et 2001. Il y a près de 1.500 dossiers connus de disparus dans la région; 5.000 en comptant les meurtres inexpliqués.

En Turquie, les aveux d’Abdülkadir Aygan ont totalement relancé l’enquête sur ces disparitions et rendu espoir aux familles des victimes. Le corps de Murat Aslan, un jeune de 25 ans volatilisé en 1994, a ainsi été retrouvé dix ans après, brûlé et enterré au bord d’une route. ‘Nous l’avons enlevé dans un café après une dénonciation et amené au local du Jitem, se souvient M. Aygan. Un caporal expert en torture l’a accroché au plafond par les mains, avec des poids aux pieds. Il le battait. Il est resté trois ou quatre jours sans nourriture. Moi, j’évaluais ses informations.‘ Selon Abdülkadir Aygan, Murat Aslan a finalement été envoyé à Silopi, puis amené au bord du Tigre. ‘On lui a mis un bandeau sur les yeux et des menottes. Le sous-officier Yüksel Ugur a tiré et Cindi Saluci l’a arrosé d’essence et a mis le feu. C’est grâce à mon témoignage que son corps a pu être retrouvé par sa famille et identifié grâce à un test ADN.

Le repenti décrit également les ‘puits de la mort’, tels que les a baptisés la presse turque: des cuves de la compagnie pétrolière d’Etat Botas, dans lesquelles sept corps auraient été jetés en 1994 après avoir été dissous dans l’acide ou brûlés. Il précise aussi que trois syndicalistes, arrêtés la même année et remis par le procureur au chef du Jitem à Diyarbakir, le colonel Abdukerim Kirca, ont été exécutés par ce dernier d’une balle dans la tête près de Silvan.

Depuis le 9 mars, l’enquête sur les disparitions a pris une nouvelle dimension. Sur requête des avocats qui s’appuient sur les déclarations de M. Aygan, la justice a finalement ordonné des fouilles autour de Silopi, dernière ville avant la frontière irakienne, et dans la région de Diyarbakir. Les ‘puits de la mort’, situés à proximité de la principale caserne militaire de Silopi, et sur le site de l’entreprise Botas, ont été explorés. Ainsi que des charniers présumés dans plusieurs villages, où des dizaines de fragments d’os, un gant vert, des cordelettes nouées, des débris de vêtements, un crâne humain ont été découverts. ‘Ces crimes étaient connus de la population depuis des années. Chaque famille a une histoire de disparu‘, précise le bâtonnier Elçi. Rien qu’à Silopi, 15.000 habitants, au moins 300 personnes seraient portées disparues.

Les langues se délient depuis le lancement, en 2007, d’une enquête sur le réseau Ergenekon, une puissante nébuleuse militaro-fasciste incrustée dans l’appareil d’Etat turc et soupçonnée d’avoir fomenté putschs et assassinats. Depuis octobre 2008, 86 personnes – militaires, académiciens, journalistes, politiciens et mafieux – sont jugées devant un tribunal spécial, dans la banlieue d’Istanbul, pour un complot présumé contre le gouvernement. A partir de juillet, 56 autres suspects seront traduits devant la justice.

La police a arrêté administrativement samedi 442 manifestants qui ont tenté de s’introduire depuis la matinée sur le site de l’OTAN, situé à la limite des communes d’Evere, Bruxelles (Haren) et Zaventem, dans le cadre d’une action de désobéissance civile non violente. Cette opération, baptisée ‘Nato Game Over’, était organisée par le Forum d’Action pour la Paix, dont fait partie l’association Bomspotting, à l’occasion des 60 ans de l’OTAN qui seront célébrés les 3 et 4 avril à Strasbourg (France) et Kehl (Allemagne). Selon la police, une seule personne a réussi à franchir une première clôture protégeant le site. Elle a été interpellée par la police avant qu’elle n’escalade la seconde grille. Un autre manifestant, qui tentait de franchir une clôture, s’est blessé à la main. Toutes les personnes interpellées ont été conduites dans les cellules du bâtiment ‘Portalis’, situé à proximité du Palais de Justice de Bruxelles. Aucun des manifestants n’a opposé de résistance lors des arrestations. Les premiers ont été libérés samedi en début de soirée.

Un périmètre de sécurité virtuel avait été mis en place à l’initiative des bourgmestres des trois communes concernées par la manifestation, permettant aux policiers d’y interpeller toute personne munie d’objets visant à faciliter l’escalade de grilles. Un important dispositif policier a été déployé samedi. Plus de 300 policiers se trouvaient sur place. Une quarantaine de chevaux policiers avec leurs cavaliers étaient également mobilisés. Des arroseuses étaient prêtes à entrer en action et l’hélicoptère de la police fédérale survolait le site de l’OTAN. Un peloton de policiers de la zone de Bruxelles-Ixelles se trouvait exceptionnellement à l’intérieur de l’enceinte du siège de l’Alliance. Les manifestants réclamaient essentiellement le désengagement des troupes de l’OTAN en Afghanistan et en Irak et le retrait immédiat des armes nucléaires de la Belgique.

Répression à la manif anti-OTAN

Voir le sujet au journal de RTL-tvi

Voir le reportage photo sur indymedia

Répression à la manif anti-OTAN

Le mardi 3 février ont eu lieu les premières auditions sollicitées par la Commission parlementaire chargée d’évaluer la loi anti-terroriste. Quatre intervenants étaient ainsi annoncés: Gilles de Kerchove (coordinateur de la lutte anti-terroriste au niveau de l’Union européenne); Frank Schins (Procureur général auprès de la Cour d’Appel de Gand), Johan Delmulle (Procureur fédéral) et Damien Vandermeersch (Avocat général à la Cour de Cassation). Delmulle avait à ses côtés la magistrate Franssen, qui a en charge l’affaire du 5 juin contre les membres du Secours Rouge et le dossier contre Ferhiye Erdal. Dans la salle, outre la présidente de session, près de vingt parlementaires (ou attachés). Ils seront rejoints un peu plus tard par le ministre de la Justice Stefaan Declerck et son prédécesseur Jo Vandeurzen.

Premier intervenant: de Kerchove (ex-attaché de Cabinet à la Justice). Il justifie la lutte contre le terrorisme en demandant le renforcement de l’arsenal déjà en place. L’approche européenne harmonisée s’applique à travers des déclinaisons chaque fois nationales ‘selon les standards des lois ordinaires du Code pénal, avec un Droit adapté qui ne repose aucunement sur des législations d’exception, à la différence des Etats-Unis‘. De Kerchove insiste sur la nécessité de prévenir la commission d’actes terroristes en améliorant la pro-activité, c’est-à-dire les mesures de surveillance en amont. Il se félicite de la dernière Décision-Cadre (novembre 2008) adoptée par l’UE ajoutant ‘la provocation publique au terrorisme’ parmi les délits déjà inclus dans la loi nationale.

Renforcer donc l’espionnage? Pour de Kerchove cela implique de mieux se concerter avec Europol/Eurojust: ‘Le mandat d’arrêt européen? Enfin, ‘un produit’ (sic) qui répond aux attentes’. ‘Il faut croiser nos ‘watchlists’ (sic) et transmettre nos fichiers de renseignements aux USA’. ‘En Belgique, et ça n’existe nulle part ailleurs en Europe, la Sûreté de l’Etat n’est toujours pas légalement habilitée à user de méthodes particulières d’investigation. Ca ne va pas, même si on a mis sur pied l’OCAM’. Ce qui ne va pas non plus: ‘Dans le Droit belge, pour qu’il y ait provocation condamnable, il faut qu’on ait affaire à une association structurée. Il faudrait donc changer la loi et appliquer comme en France une définition beaucoup plus lâche‘… Même s’il ne le dit pas explicitement, l’intervenant voudrait que la loi soit considérablement durcie notamment parce qu’elle bute sur le concept de liberté d’expression (‘Au Danemark, cette liberté prime sur tous les autres droits reconnus!’). Conclusions: ‘Ces dernières années, on a assisté à un déplacement du Droit pénal: en matière de terrorisme, on a institué des modalités accentuant la prévention en amont. Il faut aller encore beaucoup plus loin‘.

Deuxième orateur: Schins. Le magistrat se contente de remettre un document dactylographié et d’énoncer des thématiques dont le principal commentateur ne sera autre que Johan Delmulle. Des multiples interventions du Procureur fédéral, on retiendra l’insistance à légiférer notamment pour protéger les témoins anonymes et les policiers chargés de leur protection; ou l’évocation de chiffres mettant en exergue l’excellent travail accompli grâce aux méthodes particulières d’enquête: ‘Durant les quatre dernières années, ont eu lieu 3.721 ‘observations’ dont 91 ayant trait au terrorisme, soit 2,44%; et 220 ‘infiltrations’ dont 4 pour terrorisme, soit 1,8%‘.

Delmulle revient évidemment sur les victoires judiciaires remportées par son office dans deux grands dossiers déjà jugés: l’affaire du Groupe islamique combattant marocain et le dossier ‘Degauque’ (du nom de la belge kamikaze en Irak). Delmulle retrace la chronologie judiciaire du ‘feuilleton DHKC’. Concernant l’assassinat d’Ozdemir Sabanci dont Fehriye Erdal est accusée, il y aura bientôt procès en Belgique devant les Assises. L’enquête est supervisée par Franssen, et un juge d’instruction de Bruges s’est déjà rendu une première fois en Turquie. A propos de la Cassation de juin 2008, Delmulle y voit la confirmation que son interprétation de la loi anti-terroriste est la bonne; sont fautifs les juges de la Cour d’Anvers (qui avaient acquitté les 7 prévenus du chef d’appartenance à une association ‘délictueuse’), raison pour laquelle l’affaire sera rejugée. Les lois les plus récentes (en matière sécuritaire) apportent ‘une incontestable plus-value’ mais doivent être rendues plus performantes.

Compte-rendu plus complet sur le site du CLEA

Mercredi 25 novembre, un Comité de Soutien aux Inculpés du 11 novembre a été fondé à Bruxelles. Voici son texte fondateur:

A l’aube du 11 novembre, 150 policiers cagoulés ont encerclé le village de Tarnac (350 habitants) en Corrèze, en plein centre de la France. A leur suite, une brigade de la police scientifique, des chiens renifleurs d’explosifs, un hélicoptère et une nuée de journalistes. Ces derniers n’avaient toutefois pas eu le temps de sortir leurs micro que déjà les dépêches AFP vendaient le scoop: les ‘dangereux saboteurs du rail‘ ont été débusqués et arrêtés. Cette opération spectaculaire a eu lieu à la suite de dommages commis sur des câbles électriques de la SNCF, qui avaient entraîné une perturbation du trafic ferroviaire les jours précédents, dans un contexte de grogne des cheminots. Un jour entier, le petit village a été isolé du monde par des barrages de police. Sur 20 personnes interpellées, 9 ont été emmenées dans les locaux de la police judiciaire à Paris pour subir quatre jours d’interrogatoires (temps maximum récemment autorisé par la loi pour une enquête terroriste). Les personnes qui ont été arrêtées vivaient en communauté; certains travaillaient à la ferme du Goutailloux, d’autres à l’épicerie du village qu’ils avaient repris à sa fermeture et où ils servaient tous les jours des repas ouvriers. Piétinant la présomption d’innocence aussi bien que le simple bon sens, les médias ont relayé deux jours durant les discours de la ministre de l’Intérieur et du chef de l’Etat, qui se sont empressés de saluer cette enquête éclair, ont ‘félicité la police et la gendarmerie pour leur diligence‘ et se sont ‘réjouis des progès rapides et prometteurs de l’enquête‘, tandis qu’un responsable syndical exprimait son soulagement à ne voir figurer aucun cheminot parmi les prévenus. Avant même le début de la garde à vue, l’affaire semblait entendue. Mais moins de deux jours après, force était de reconnaître de source judiciaire qu’aucune des preuves attendues n’était venue conforter les affirmations des policiers; ni flagrant délit, ni trace ADN, ni aveux, le dossier ne se fonde plus que sur l’enquête de police et sur des soupçons. L’on assiste dès lors à une surenchère de discours tenant lieu de pièces à conviction: dans la presse, on est passé ‘d’actes de malveillance‘ à ‘actes terroristes‘. S’il y a communauté, il ne peut s’agir que d »une secte‘. S’ils n’ont pas de portable, ce n’est pas un choix de vie mais parce que ce sont des ‘pros de la clandestinité‘. Ils ont une épicerie? Oui, mais ‘tapie dans l’ombre‘ (le Figaro, 12/11). A cela s’ajoute un classique éculé, la construction de la figure du ‘leader charismatique‘: le principal prévenu est accusé d’être le ‘dirigeant‘ d’une inconcevable ‘cellule invisible‘ ayant pour objet la ‘lutte armée‘, dont les cinq personnes aujourd’hui en détention seraient le ‘noyau dur‘. Ce qui peut valoir ‘jusqu’à 20 ans de prison‘ (le procureur Jean-Claude Marin, dans Libération, 15/11). Avec le comité de soutien de Tarnac à l’appel duquel nous répondons, nous ne pouvons que constater la démesure, grotesque ou tragique, qui entoure cette affaire: Démesure entre les actes reprochés et leurs qualifications, entre les preuves fournies par l’accusation et les procès d’intention faits aux inculpés, entre l’ampleur de l’opération ‘Taïga’ digne d’un raid en Irak et l’existence tout sauf clandestine des personnes qu’elles visaient. Après une semaine de délire et de surenchère généralisée, la presse change un peu de ton, grâce d’ailleurs à la lucidité salutaire de certaines interventions (nous pensons au philosophe Giorgio Agamben, dans le Libération du 19, ou à un article de M. Quadruppani, sur le site Rue89 le 18…) et à l’indignation d’un grand nombre de lecteurs anonymes choqués par le traitement médiatique de cette affaire. Mais cinq des inculpés, eux, restent en détention. Une détention qualifiée de ‘provisoire’ mais qui peut s’étendre en France, pour les affaires qualifiées de ‘terrorisme’, jusqu’à 4 ans et huit mois… Dans un contexte de crise générale allant s’approfondissant et face aux désaveux de sa politique, l’Etat français a besoin pour se soutenir de la constitution d’un nouvel ennemi intérieur. Le ‘terrorisme islamique‘, la ‘racaille des banlieues‘ ne suffisent plus: la ‘résurgence d’une mouvance anarcho-autonome‘ (décrétée par Michèle Alliot-Marie, ministre française de l’Intérieur) semble arriver à point nommé. Si l’affaire de Tarnac paraît ‘montée de toute pièce‘ il y a derrière un enjeu de taille. En faisant, d’une part, coïncider toujours davantage la figure du suspect et celle du coupable, l’Etat installe la peur dans les milieux contestataires. D’autre part, en faisant passer pour terroristes des actes qui relèvent plutôt du blocage, et qui s’inscrivent dans la continuité de gestes qui ont toujours existé dans les luttes sociales (blocages de la gare du midi par les étudiants de l’ULB ces mois derniers à Bruxelles, blocages autoroutiers en France pendant le CPE…). Il diabolise toute contestation qui ne se condamnerait pas d’avance à rester symbolique; il s’agit là de distiller la peur dans l’opinion publique. Pour ce faire, rien de tel qu’une opération comme celle du 11 novembre; opération dont la démesure est elle-même une opération visant à conforter, aussi a posteriori, l’introduction de ces ‘lois d’exception’. Les lois d’exception s’appliquent bien sûr aussi en Belgique. La Belgique a été l’un des premier pays à suivre avec zèle les directives européennes invitant à se doter de nouvelles mesures anti-terroristes. Affirmer maintenant notre solidarité avec ceux qui se trouvent en ce moment sous le coup de ces mesures indique aussi bien que nous nous organisons pour résister, ici, à leur mise en oeuvre. En écho avec le comité de soutien de Tarnac, nous demandons la libération immédiate de tous les inculpés et la levée des poursuites en matière de terrorisme.

Le Comité de Soutien aux Inculpés du 11 novembre – Bruxelles

Pour contacter le comité: soutien11novembre@bruxxel.org

Pour ceux de Tarnac

Pour ceux de Tarnac

Communiqué du collectif lillois ‘Libérez-les!’:

Nous devons être capables de faire du 27 novembre 2008 une journée puissante de mobilisation pour la libération de Jean-Marc ROUILLAN, ou cette journée résonnera dans nos mémoires comme le sifflement des balles sur un poteau d’exécution. Car, c’est bien de l’exécution de Jean-Marc qu’il s’agit, l’exécution du droit à la parole et l’exécution, par la révision de l’histoire, de la résistance des masses face à l’oppresseur impérial-fasciste… un assassinat politique transformé en mort blanche ou comme celle d’un soldat de Craonne: pour l’exemple.

Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon, Joëlle Aubron, Georges Cipriani, Régis Schleicher, des noms qui résonnent encore dans les têtes du patronat et de leurs laquais politiques, pour avoir pris en toute connaissance des risques, la courageuse décision de résister et d’entrer dans la clandestinité pour combattre l’ennemi de classe, quand une grande partie subissait ou collaborait… AD, deux lettres qui résonnent dans les têtes du patronat et de leurs laquais pour avoir résisté par les armes, comme l’avaient fait les Frères d’armes du groupe Manouchian, avec comme symbole de cette ultime action contre la réaction, la mémoire de Pierre Overney, assassiné par un milicien ‘cagoulard’.

La réincarcération de Jean-Marc Rouillan démontre que la vengeance des puissants est insatiable quand il s’agit de militants progressistes, de communistes, qui, par les armes, ont décidés de s’opposer à la barbarie du capitalisme et de son stade suprême, l’impérialisme.

Car qui se souvient aujourd’hui de ces centaines de milliers de travailleurs jetés des usines sidérurgiques et métallurgiques, sacrifiés sur l’autel des plans machiavéliques du plan Davignon fomenté par les Maîtres des Forges européens. Combien de ces travailleurs mis en pâture à la misère, ont disparu? Car qui se souvient de ces centaines de milliers de morts sur le chant de bataille du Moyen-Orient dans la guerre qui opposait l’Irak et l’Iran? Combien de bons pères de famille ont été sacrifiés?

Histoires de 30 ans pas plus, mais déjà révisées et déjà oubliées, déjà effacées de la mémoire collective d’un peuple. Effacées de la mémoire collective pour éviter qu’on se souvienne et que réapparaissent les noms des licencieurs et des marchands d’armes, les noms de ceux qui en créant la misère ont créé la colère. Le mouvement de l’histoire fait qu’elle ne se répète pas deux fois à l’identique, mais les licenciements actuels et à venir, les guerres actuelles et à venir, sont bels et biens les conséquences du système capitaliste, colonialiste et impérialiste.

Alors qui sera jugé le 27 novembre 2008, le combattant pour sa classe ou celui qui en aurait trop dit selon les médias…? Quel sera le motif qui exécutera Jean-Marc: ‘n’a jamais renié ses engagements de classe en faveur du peuple asservi par des patrons corrompus’?

Le 27 novembre à PARIS, montrons notre volonté à ne pas laisser faire cette justice aux ordres des dogmes des puissants et des lobbies des multinationales.

Le site de ‘Libérez-les!’

La Plate-forme internationale contre l’isolement (IPAI) organisera à Vienne en décembre son 7e symposium. En voici le programme:

Vendredi 19 décembre

-17h: Réception et discours d’ouverture de l’IPAI
-19h-21h: Le rôle des syndicats et leur lien avec les organisations de masse démocratiques. Avec des syndicalistes du DISK et du KESK (Turquie) et d’autres.

Samedi 20 décembre

-9h30-13h: Comment défendre nos libertés à l’époque de la répression impérialiste?
-Première partie: Lutte de libération et activisme politique décrété comme terrorisme. Avec des invités du Danemark, de Turquie, d’Irlande, du Pays basque, d’Allemagne, etc.
-Pause
-Seconde partie: Quand la lutte juridique devient politique. Avec des avocats de différents pays européens.
-Pause repas
-14h-20h: La lutte pour la souveraineté et l’indépendance – embargo, blocus et sanctions politiques contre des pays.
-Première partie (15h-17h): Cuba, le Venezuela et le projet ALBA, l’éveil de l’Amérique latine.
-17h-17h30: Film documentaire sur l’Amérique latine.
-Pause
-Seconde partie (18h-20h): Le grand projet de Moyen-Orient, la Palestine – les issues à l’isolation et à l’embargo. Avec des représentants de Palestine, de Turquie et du Liban.

Dimanche 21 décembre

-10h-13h: Les prisonniers politiques et la lutte pour l’humanité.
-Première partie: Rapport des geôles de l’empire. Vidéo-conférence avec Moazzam Begg, ancien prisonnier de Guantanamo, à Londres.
-Deuxième partie: ‘The Cuban Five’ 10 ans de détention illégale aux USA pour des patriotes cubains. Avec présence des familles (à confirmer).
-Troisième partie: Des avocats, des proches de prisonniers et des militants des droits de l’homme d’Irak, de Turquie, d’Angleterre, du Pays-Basque, de Palestine et du Liban feront rapport sur leur lutte et la torture systématique dans les prisons. Lecture des messages au symposium de prisonniers politiques et d’organisations.
-Pause repas
-15h-21h: Activités culturelles. Expositions de caritatures, journaux et matériaux fabriqués par les prisonniers politiques.
-Message des délégués.
-Concert international de solidarité.

Lundi 22 décembre

-11h-12h: Conférence de presse des délégués
-14h-15h: Manifestation dans le centre de Vienne pour les prisonniers politiques à la mémoire des prisonniers tués lors du massacre des 19-22 décembre 2000 en Turquie.

Pour plus d’informations

Aucun groupe révolutionnaire n’a bénéficié d’autant de publicité que les Cellules Communistes Combattantes (CCC) quand leurs dirigeants historiques sont enfin sortis de prison. La presse s’est jetée sur ces gens, qui, après quinze ans d’enfermement, d’isolement et de refus de liberté conditionnelle, avaient gardé les mêmes conceptions révolutionnaires qu’au moment de leur arrestation.

Ces ex-prisonniers en liberté conditionnelle ont été longuement interviewés Pierre Carette a eu droit à un débat d’une heure la télévision avec l’ex-premier ministre Wilfried Martens sur ‘la révolution et la lutte armée’; la presse les a accompagnés dans une visite télévisée aux endroits où ils ont posé des bombes; ils y ont expliqué avec force détails comment ils ont procédé pour faire sauter la ligne d’alimentation de l’OTAN, qu’il n’est pas difficile de commettre un attentat; etc. Si le parquet avait voulu démontrer que les ex-détenus ne respectent pas leurs conditions de mise en liberté conditionnelle, il aurait pu les arrêter à ce moment là.

Pourquoi ont-ils reçu tant d’attention des médias lors de leur libération, chose inimaginable au moment de leur diabolisation suite aux attentats?

D’abord parce que les membres des CCC sont d’une espèce rare: tant d’années d’enfermement et de souffrance ne les ont pas brisés.

Ensuite, la police et la justice ne sont pas intervenus et n’ont pas protesté contre cette vague médiatique parce qu’ils pouvaient facilement se servir de ce matériel au moment choisi. Ce moment est arrivé aujourd’hui: par manque d’éléments concrets à leur charge, tout ce matériel médiatique est utilisé comme preuve à leur encontre.

Enfin, ils ont su les présenter comme des ‘dinosaures politiques’, faisant partie d’un monde révolu et professant une croyance quasi religieuse dans laquelle très peu de gens risquent de se reconnaître. Si leurs propos sur la lutte armée du prolétariat pouvaient susciter une certaine sympathie il y a trente ans, ils font peur aujourd’hui à l’opinion publique. Provoquer le réveil des masses par l’action violente des groupes révolutionnaires est une voie morte. Dans tous les pays européens, tous les groupes de cette mouvance ont été démantelés et liquidés, l’un après l’autre. Quasi tous leurs membres sont soit morts, soit en prison ou devenus des ‘repentis’.

Les militants du Secours Rouge ou les ex-CCC ne sont pas des fous: ils ne sont plus dans les années septante-quatre-vingt, le moment n’est pas du tout à une vague d’attentats en Belgique et même s’ils en avaient l’intention, ils savent qu’ils sont sous surveillance permanente et qu’ils seraient les seuls suspects possibles dans tout attentat ‘anticapitaliste’. Ils mettraient dès lors en danger tout le travail de solidarité, déjà extrêmement faible, avec leurs camarades encore emprisonnés dans d’autres pays.

Dans le climat et la vague de répression actuels, les objectifs poursuivis et le moment choisi dans l’affaire du Secours Rouge sont avant tout politiques.

Les procureurs fédéraux et les tribunaux en charge des affaires ‘terroristes’ n’arrivent pas à démontrer, ni dans l’affaire DHKP-C, ni dans l’affaire de Bilal Soughir et des volontaires pour l’Irak, que le danger terroriste est réel en Belgique. L’arrestation des ex- CCC doit prouver le contraire à l’opinion publique. Ce qui doit permettre de condamner et de punir tout autre danger potentiel.

Le plus important est l’existence en Belgique d’une véritable opposition démocratique de personnalités, de militants et d’associations à la législation anti-terroriste et à la vague de criminalisation des militants qui s’abat sur nos pays. Elle s’est manifestée dans la mobilisation pour Bahar Kimyongür, dans la mobilisation récente d’un nombre d’intellectuels autour de Soughir Bilal ou encore dans la mobilisation contre la condamnation de Dyab Abou Jahjah et le procès contre l’occupation de l’Onem à Liège (il y a dix ans !). L’arrestation des militants du Secours Rouge est un avertissement à tout ce mouvement de solidarité et en particulier à celui autour des inculpés dans le procès DHKP-C, à la veille de la Cassation du 10 juin. Leur acquittement a été la plus grande défaite de la justice anti-terroriste en Belgique depuis les attentats du 11 septembre.

Le principal reproche aux membres du Secours Rouge arrêtés est un travail de solidarité avec des militants italiens en prison. Le Secours Rouge est la seule organisation dont la spécificité est la mobilisation pour les détenus anciens et nouveaux de la mouvance révolutionnaire armée en Europe.

Le point essentiel est là: le seul fait d’organiser cette solidarité fait de vous un membre de l’organisation terroriste elle-même. La justice veut lancer un avertissement sérieux à tous ceux qui s’opposent aux lois anti-terroristes et à la criminalisation des militants. C’est une raison suffisante pour réclamer la libération immédiate des personnes aujourd’hui arrêtées.

Luk Vervaet, enseignant en milieu carcéral

01/10/2005

Solidarité! n°13

Jaquette du Solidarité! n°13

Belgique / Une loi anti-grève? / Bruxelles: Rassemblement pour les migrants subsahariens / Procès de Maria Vindevoghel vs Flightcare / Appel à la solidarité avec un ex-prisonnier chilien / Nouvelles brèves de Belgique / Bruxelles: manifestation kurde / Avant-projet de loi / International / Action Directe: ‘Rien de nouveau…’ / Paris: Meeting contre la répression européenne / France: Nouvelle loi anti-terroriste / Campagne de lutte contre l’isolement carcéral / France: Commandos anti-terroristes contre marins grévistes / Italie: Prisonniers des Brigades Rouges à l’isolement / Conférence internationale de Bâle contre la répression / Irak: Escadrons de la mort / Nouvelles brèves de l’étranger / Grèce: Actions anarchistes / Procès en appel pour les victimes de tortures à Gênes / Zozotériques contre-terroristes / USA: Léonard Peltier détenu depuis 30 ans / Un croisé anti-terroriste à l’ONU / Rendez-vous / Rassemblement pour Georges Ibrahim Abdallah / Conférence-débat / Ixelles: Soirée d’information sur l’isolement carcéral

Lire le contenu de ce numéro

Jaquette du Solidarité! n°13

Si vous êtes à la recherche d’une abréviation ou d’un mot en particulier. Essayez de rechercher dans la page à l’aide de la commande “Ctrl+F” (Cmd+F sur Mac) sur votre clavier. Cette page sera complétée avec le temps.

Note 8 mai 2016: La page des Amitiés Kurdes de Bretagne est très complète.
Note 15 décembre 2016: Ajout du dossier « Que sont « l’Armée Syrienne Libre » et la rébellion syrienne ? »

L’actualité de la répression et de la contre-répression étant particulièrement riche au Kurdistan ces derniers mois, il peut-être utile de situer quelques détails pour les personnes qui arrivent en cour de route ou pour ne pas se perdre dans le déluge d’abréviations qu’apporte une scène politique aussi active que celle-là.

Nous avons l’habitude d’utiliser sur notre site un ‘glossaire’ qui permet de passer sa souris au-dessus d’un terme pour obtenir plus d’informations. En plus de celui-ci, cette page rassemblera la plupart des expressions courantes et permettra de les situer entre-elles. Voici donc quelques notes pour mieux comprendre la situation au Kurdistan.

I. Géographie: Rojava, Rojhilat, Bakuré, Basuré
Le Kurdistan est actuellement séparé sur les quatre pays qu’il recouvre. Sur environ 40-45 millions de Kurdes dans le monde, 25-30 millions sont répartis dans ces quatre pays: la Turquie (12-15 millions), l’Iran (6-9 millions), l’Irak (5-7 millions) et la Syrie (2-3 millions).

Carte du Kurdistan.

1. Le Bakuré: La partie turque du Kurdistan (en kurde Bakûrê Kurdistan pour ‘Kurdistan du Nord’) reprend la majeure partie de la population kurde (15 millions, soit 18% de la population turque). Elle abrite également la principale organisation kurde, le PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan) qui contrôle via sa guérilla une partie du Nord-Kurdistan. La Turquie est très farouchement opposée au projet kurde, ou même à concéder certains droits élémentaires (l’enseignement en langue kurde par exemple), il n’y a donc pas un début de reconnaissance comme on peut le voir à divers niveaux dans les trois autres régions.

Votes pour le principal parti kurde légal en 2011.

On parle souvent indistinctement du PKK pour désigner d’autres organisations qui en sont proches ou qui n’en sont que des parties.

HPG : Force de Défense du Peuple. Branche armée.
YJA-Star : Unités des Femmes Libres. Branche armée des femmes.
PAJK : Parti des Femmes Libres du Kurdistan. Organisation politique des femmes.
YPS : Unités de Protection Civile.
YDG-H: Mouvement de la Jeunesse Révolutionnaire Patriotique. C’est une organisation de jeunesse armée proche de l’idéologie apoïste. De fait, il s’est produit que les HPG étaient une « guérilla de campagne » et la YDG-H une guérilla de ville.

HDP : Parti Démocratique des Peuples. C’est un parti légal qui se présente aux élections. Le HDP est un front regroupant de nombreuses organisations révolutionnaires en Turquie, dont certaines ont des structures clandestines. Le HDP n’est pas un parti kurde mais il prend régulièrement la défense du PKK ou de son pendant syrien.
DBP : Parti Démocratique des Régions. Le DBP succède au BDP qui succède lui-même au DTP. Le DBP est au Nord-Kurdistan ce que le HDP est à la Turquie. HDP et BDP agissent comme des organisations soeurs. A l’occasion des élections de 2015, le HDP et le BDP fusionnent dans les urnes et présentent une seule liste ‘HDP’ pour toute la Turquie (mêmes si elles existent encore distinctement).
HDK: Congrès Démocratique des Peuples. Mouvement plus large que le HDP. Le HDP est la branche politique du HDK.

Notons également les noms d’autres organisations révolutionnaires turques:
MLKP: Parti Communiste Marxiste-Léniniste.
DHKP-C: Parti-Front Révolutionnaire pour la Libération du Peuple.
TKP-ML: Parti Communiste Turc – Marxiste-Léniniste. Sa branche armée est le Tikko.
MKP : Parti Communiste Maoïste.
MLSPB : Union Marxiste-Léniniste pour la Propagande Armée.
DAF: Action Révolutionnaire Anarchiste.

Drapeau du PKK.

2. Le Rojava : Le Kurdistan Occidental
Le Rojava (‘ouest’ en kurde) est une région de facto autonome depuis novembre 2013. Il abrite 2,2 millions de Kurdes, représentant 10% de la population syrienne. Le Rojava reprend tout le nord de la Syrie et est composé de trois cantons : Afrin (à l’ouest), Kobané (au centre) et Ciziré (dit aussi Jazira, à l’est). Le mouvement qui contrôle le Rojava est le PYD (Parti de l’Union Démocratique), une organisation soeur du PKK.

La situation en janvier 2016

A l’heure actuelle, il ne reste qu’une bande de territoire de 100km le long de la frontière turque, entre les villes de Jarabulus (sur la rive de l’Euphrate opposée à celle de Kobané) et de Mare, qui sont toujours sous occupation islamiste et qui sépare le canton d’Afrin du reste du Rojava.

Cette bande est à l’heure actuelle sous le contrôle partagé de l’Etat Islamique, du Front al-Nusra et du Front Islamique. La Turquie protège les islamistes depuis l’autre coté de la frontière en mitraillant toute tentative de traverser l’Euphrate de la part des forces kurdes. La Turquie a d’ailleurs mis en garde le PYD que la traversée de l’Euphrate constituerait une “ligne rouge” qui entraînerait une riposte. Cette ligne rouge a été franchie par les YPG le 26 décembre 2015 lorsqu’ils ont pris le Barrage de Tichrin à l’Etat Islamique.

La prise du Barrage de Tichrin (qui suivait celle de Howl à la frontière irako-syrienne, à l’ouest de Shengal) constituait un tournant dans la stratégie des YPG. Ils inauguraient la coalition récemment formée des “Forces Démocratiques Syriennes” (QSD), une alliance multi-ethnique (kurde, arabe, turkmène, assyrienne,…) démocrate et anti-islamiste. Les YPG refusant de se comporter comme une “armée d’occupation kurde“, cette alliance leur permet de libérer les villes “non-kurdes”. La prise du Barrage est également l’entrée des forces kurdes dans la province d’Alep.

L’objectif affiché des forces kurdes est donc la prise de Jarabulus par le sud, évitant les tirs de l’armée turque, permettant l’unification du Rojava et coupant la voie à l’aide que la Turquie apporte à l’Etat Islamique.

Voire la carte en haute-définition.

Situation au Rojava au 6 janvier 2016

Organisations liées au PYD:
YPG: Unités de Protection du Peuple. Branche armée.
YPJ: Unités de Protection des Femmes. Branche armée des femmes.
Asayîş : C’est le mot kurde pour ‘sécurité’ c’est la ‘police’ du Rojava.
Brigades Burkan el Firat : (ou Burkan al Furat) “Volcans de l’Euphrate”, brigade unifiée de combattants FSA et YPG. Remplacée par les QSD.
IFB : Brigade Internationale de Libération (ou Bataillion International de la Liberté). Ce sont les Brigades Internationales, créées à l’initiative du MLKP dans un esprit similaires aux brigades éponymes de la guerre d’Espagne. L’IFB regroupe de nombreuses organisations marxistes-léninistes, maoïstes, hoxhaïstes et anarchistes de nombreux pays (Turquie, Europe, Etats-Unis,…). Le Secours Rouge fait campagne pour envoyer des équipements médicaux à ce Bataillon, voyez la page dédiée.
BOG : Forces Unies pour la Liberté (UFF, United Freedom Forces). C’est l’une des forces intégrée dans l’IFB. Ces forces regroupent les combattants des organisations qui n’ont pas de branche armée propre, notamment les anarchistes turcs, les européens et plusieurs groupes communistes turcs.
MFS : Conseil Militaire Syriaque. Groupe Syriaque/Assyrien/Chrétien, pro-YPG.
QSD : Fondée au milieu du mois d’octobre 2015, les Forces Démocratiques Syriennes (désignées comme SDF ou QSD) sont une alliance regroupant une quarantaine de groupes armés actifs dans le Rojava et dans le nord de la Syrie. L’alliance est multi-ethnique (Kurdes, Arabes, Turkmènes, Circassiens,…) et anti-islamiste. Les plus gros groupes composants l’alliance sont les YPG/YPJ (revendiquant 50.000 combattants) et le Jaysh al-Thuwar (Armée des Révolutionnaires, revendiquant 5.000 combattants).
TEV-DEM: « Mouvement pour une société démocratique », le gouvernement du Rojava.

Forces Démocratiques Syriennes

Groupes armés défendant le Rojava.

Organisations majeures de la guerre civile en Syrie:

ASL: Voir notre dossier « Que sont « l’Armée Syrienne Libre » et la rébellion syrienne ? »
ASA : Armée Syrienne Arabe. Ce sont les forces loyales au régime de Bashar al-Assad, l’armée officielle. Le PYD et le régime s’affrontent rarement, et lorsque cela se produit, c’est souvent “par accident”.
EI : Etat Islamique (également désigné par EIIL, ISIS, IS, DAESH). Malheureusement, il n’y a plus besoin de les présenter.
Front al-Nosra : Aussi connu comme al-Nusra ou Jabhat al-Nosra. Salafistes brièvement affilié à l’EI, ils sont à présent la succursale d’al-Qaïda en Syrie. Leur territoire (morcelé) se limite au nord-ouest du pays.

Ce diagramme -qui n’a pas été créé par le SR et ne reflète pas ses positions- peut donner une idée de la composition de l’Armée Syrienne Libre. Comme on peut le voir, la FSA est plus un nom générique donné à de nombreuses factions qui combattent le régime et ne reflète aucune forme d’unité.

Armée Syrienne Libre

Drapeau du PYD.

3. Le Kurdistan du Sud
C’est la partie irakienne du Kurdistan, elle est politiquement singulière à plusieurs niveaux. Le Kurdistan Sud est la seule des 4 parties qui dispose d’une quasi-autonomie. Il est gouverné par le KRG (Gouvernement Régional Kurde) et pourrait probablement devenir un état indépendant dans les prochaines années selon la tournure que prendra la guerre en Irak.

Le Kurdistan du Sud a un parlement, un président, une armée officielle… Son président est Massoud Barzani, du PDK (aussi appelé KDP), le Parti Démocrate du Kurdistan. Le PDK est un parti libéral et bourgeois.
Malgré qu’il règne sur un territoire pratiquement indépendant, le PDK n’a pas l’hégémonie sur le territoire. De nombreuses troupes du PKK sont stationnées en Irak, troupes qui sont naturellement présentes près de la frontière turque, mais également dans la chaîne montagneuse du Sinjar (aussi appelé Shengal) et dans l’est (près de la frontière iranienne, dans les montagnes de Qandil). Les zones contrôlées sont souvent désignées comme “Medya Defense Zones”.

A l’heure actuelle, il n’y a pas encore eu de conflit ouvert (armé) entre le PKK et le PDK, mais le PDK voit d’un mauvais oeil la présence de la guérilla sur ‘son’ sol. Le PDK est également en très bon termes avec les gouvernements états-unien et turc, ce qui n’arrange rien à l’affaire.

Notons également que le PDK contrôle la frontière à Sêmalka, un checkpoint important par lequel les combattants des YPG/YPJ qui sont morts au combat sont exfiltrés vers le Nord-Kurdistan pour y être enterrés. Le PDK empêche à présent ces cortèges funéraires de passer, sur demande de la Turquie.

Camps du PKK en Irak bombardés par la Turquie, juillet 2015.

Les organisations politiques du Kurdistan irakien.
PUK : Parti de l’Union Patriotique. C’est un parti de droite. Le parti Change (Gorran) en est une scission.
PÇDK : Parti pour une Solution Démocratique du Kurdistan (aussi connu domme KDSP). C’est l’organisation soeur du PKK en Irak.
Peshmerga : Les Peshmergas sont souvent confondus dans la presse bourgeoise avec les YPG. En kurde, ‘peshmerga’ veut dire ‘celui qui affronte la mort’. C’est à la base une formule pour désigner les combattants kurdes, mais à présent c’est le nom de l’armée officielle du Kurdistan Sud, et donc le bras armé du PDK.
YPS : Unités de Protection du Sinjar. C’est une organisation armée commandée par le PKK. Elle a été créée suite à l’opération de sauvetage de 200.000 Yézidis (abandonnés par les Peshmergas) par le PKK-PYD. Les Yézidis étaient pourchassés par les troupes de l’EI et ont été massacrés et kidnappés par milliers. Le Yézidisme est une religion kurde très ancienne, régulièrement persécutée à travers l’histoire.

Drapeau du PÇDK.

4. Le Rojhilat, le Kurdistan de l’Est : C’est la partie iranienne du Kurdistan (rojhilat veut dire ‘Est’ en kurde). Elle abrite 10% de la population kurde (13% de la population iranienne). Il faut noter qu’il existe une région iranienne qui s’appelle officiellement ‘Kurdistan’ qui est l’une des 4 régions iraniennes constituant le Rojhilat (la seconde en partant du haut sur la carte suivante).

Le Kurdistan iranien en vert.

PJAK : Parti pour une Vie Libre au Kurdistan. Organisation soeur du PKK en Iran.
KJAR : Société des Femmes Libres du Kurdistan Oriental. Mouvement des Femmes.
YRK : Unités de Défense du Rojhilat. La branche armée.
HPJ : Force de Protection des Femmes. La branche armée des femmes.
KODAR: Société Libre et Démocratique du Kurdistan de l’Est. Organisation politique faisant la promotion de l’idéologie d’Apo, le confédéralisme démocratique.
Komala: Comité des Révolutionnaires du Kurdistan Iranien. Organisation marxiste-léniniste créée en 1969 et ayant lutté contre le Shas et contre la république islamique avec une grande guérilla.
PDKI: Parti Démocratique du Kurdistan Iranien (également appelé KDPI). Parti social-démocrate. N’est pas lié au PJAK.

Drapeau du PJAK.

II. Organisations transrégionales kurdes

KCK: Groupe des Communautés du Kurdistan (anciennement KKK). Souvent défini comme le ‘parapluie’ qui regroupe les 4 partis (PKK, PYD, PÇDK, PJAK), le HPG et d’autres organisations.
KONGRA GEL: Congrès des Peuples du Kurdistan (anciennement KADEK). Organe éxécutif du KCK. Parlement exilé.
KNK: Congrès National du Kurdistan. Organisation qui regroupe à peu près tous les partis kurdes existants.

Cet organigramme reprend la plupart des organisations kurdes. Voir en grand.

Organisations kurdes

Camps du PKK en Irak bombardés par la Turquie, juillet 2015.
Carte du Kurdistan.
Votes pour le principal parti kurde légal en 2011.
Drapeau du PKK.
Situation au Rojava au 6 janvier 2016
Forces Démocratiques Syriennes
Groupes armés défendant le Rojava.
Armée Syrienne Libre
Drapeau du PYD.
Drapeau du PÇDK.
Le Kurdistan iranien en vert.
Drapeau du PJAK.

Cadre historique – Les mouvements de lutte des années ’60 en RFA

Vers le milieu des années 1960, les mouvements de lutte de la jeunesse étudiante et prolétarienne se développèrent en Allemagne comme partout. En décembre 1966, c’est le début de la fin du ‘miracle économique allemand’, ce grand boom économique qui suivit la reconstruction de l’après-guerre, (il y aura carrément récession en 1967). Les deux principaux partis politiques bourgeois (sociaux-démocrates du SPD et démocrates chrétiens de la CDU et de la CSU, qui totalisent 90% des sièges au parlement) forment la ‘grande coalition’ qui verrouille totalement la vie politique. De la contestation des étudiants socialistes du SDS, conduit par Rudi Dutschke, émerge l’Opposition Extra Parlementaire (APO). Les mobilisations de masse contre la guerre impérialiste US au Vietnam ne cessent de gagner en puissance, mais c’est lors d’une manifestation contre la visite du Chah d’Iran, dictateur sanglant, marionnette des USA, qu’un jeune manifestant, Benno Ohnesorg est tué par un policier le 2 juin 1967. Les manifestations qui s’ensuivront marquent la véritable naissance de l’APO.

La mort de Benno Ohnesorg

11 avril 1968 – Mort de Rudi Dutschke, première action de guérilla urbaine

Pâques 1968: des dizaines de milliers de manifestants, ainsi que des délégations de nombreux pays se réunissent à Berlin-Ouest pour un grand congrès contre la guerre du Viêt-Nam et pour la révolution mondiale. Le 2 avril, des bombes incendiaires explosent dans la nuit dans deux grands magasins de Francfort. Deux jours plus tard Andreas Baader, Gudrun Ennslin, Thorwald Proll, Horst Söhnlein sont arrêtés. Au cours de leur procès, ils déclareront avoir provoqué l’incendie pour protester contre l’indifférence vis-à-vis du génocide au Viêt-Nam. Ulrike Meinhof, rédactrice en chef de la célèbre revue de gauche Konkret, prend leur défense.

Le 11 avril 1968, un fasciste tire trois balles dans la tête de Rudi Dutschke. C’est le résultat d’une campagne de presse hystérique de la presse du magnat Springer. Dans toute la R.F.A., les universités sont occupées, et le bilan des manifestations est lourd: un millier d’arrestations, des centaines de blessés, deux morts. Le 15 mai, le parlement approuve les lois d’urgence qui donneront au gouvernement des pouvoirs extraordinaires ‘en cas de guerre et de tension interne‘.

Rudi Dutschke

Incendie à Francfort

Manifestation contre Springer

Octobre 1968 – Premier procès

Le 31 octobre 1968, le tribunal de Francfort condamne les quatre auteurs de l’incendie de Francfort à trois ans de prison ferme, la plus forte prononcée jusqu’alors en RFA pour un acte politique. Le 13 juin 1969, ils bénéficient de la liberté provisoire mais, risquant une nouvelle incarcération, Baader, Ennslin et Proll se réfugient à Paris.

Procès à Francfort

14 mai 1970 – Naissance de la RAF, libération d’Andreas Baader

En août 1969, le SDS s’auto dissout, et en septembre survient une vague sans précédent de grèves sauvages.

Le groupe revient en R.F.A. mais le 4 avril 70, Andreas Baader est arrêté à Berlin-Ouest au cours d’un contrôle de routine. Le 14 mai, il est libéré par un commando armé (un fonctionnaire est blessé dans l’action): c’est la naissance officielle de la RAF qui écrit à la revue 883 un texte intitulé Construire l’armée rouge où l’on peut lire: ‘camarades du 883, cela n’a pas de sens que de vouloir expliquer ce qui est juste aux mauvaises personnes. Nous l’avons déjà fait assez longtemps comme cela. L’action de libération d’Andreas Baader, nous n’avons pas à l’expliquer aux radoteurs intellectuels, aux peureux, à ceux qui savent tout, mais à la partie potentiellement révolutionnaire du peuple.‘ La RAF se réfère aux familles nombreuses, aux jeunes travailleurs et apprentis… tous ceux qui ne sont pas touchés par la consommation, les crédits, les contrats logements. L’action est annoncée mais comme la première action d’un nouveau type en R.F.A., et le texte se conclu par ces mots d’ordre: ‘développer les luttes de classe, organiser le prolétariat, commencer avec la résistance armée à construire l’armée rouge!‘.

Construire l’armée rouge (lien1)

Construire l’armée rouge (lien2)

Construire l’armée rouge – format pdf

Die Rote Armee aufbauen! (texte original en allemand)

Juin-août 1970 – Le passage dans les camps palestiniens

De juin à août 1970, plusieurs militants de la RAF (Horst Mahler, Andreas Baader, Gudrun Ensslin, Ulrike Meinhof, Peter Homann et Brigitte Asdonk) séjournent dans un camp palestinien en Jordanie. Ils y mènent des discussions avec des représentants de la gauche révolutionnaire palestinienne et acquièrent une formation à la guérilla.

Au camp du FPLP

Fin 1970-Début 1971 – Opérations logistiques et financières, premières arrestations

La RAF réussit ensuite une série d’opérations financières et logistiques: attaque de trois banques à Berlin-Ouest le même jour (le 29 septembre 1970); effraction nocturne avec saisie de tampons officiels et des passeports dans la mairie de Neustadt (16 novembre) et à Lang-Gons (21 novembre); attaque d’une banque à Kaiserlautern (22 décembre, un policier est tué dans l’opération); attaque de deux caisses d’épargne à Kassel (15 janvier 1971). Fin 1970 – début 1971, la police arrête Horst Mahler, Ingrid Schubert, Monika Berberich, Brigitte Asdonk, Irene Goergens, Astrid Proll, Hans-Jürgen Bäcker et Margrit Schiller.

Affiche de recherche

Avril 1971 – ‘Conception de la guérilla urbaine’

En avril 1971, la RAF rend public un remarquable texte manifeste intitulé Conception de la guérilla urbaine.

La peur a traversé le dos des dominants, qui pensaient déjà avoir tout en main, cet Etat et tous ses habitants et classes et contradictions, et réduit les intellectuels à leurs revues, enfermé les gauchistes dans leurs cercles, désarmé le marxisme-léninisme. La structure de pouvoir qu’ils représentent n’est pourtant pas aussi vulnérable que leur effarouchement peut nous le laisser penser. Leurs vociférations ne doivent permettre de nous surestimer. Nous affirmons que l’organisation de groupes armés de résistance est actuellement juste, possible et justifiée en République fédérale et à Berlin-Ouest, qu’il est juste, possible et justifié de mener id est maintenant la guérilla urbaine. Que la lutte armée comme ‘plus haute forme du marxisme-léninisme’ (Mao) peut et doit commencer maintenant, que sans cela il n’y a pas de lutte anti-impérialiste dans la métropole.

La RAF analyse sévèrement la situation en R.F.A. ‘Sous le couvert de ‘l’intérêt général’ le dirigisme étatique tient en bride les bureaucraties syndicales par le biais des contrats de progrès des salaires et la concertation. (…) Participant avec l’aide militaire et économique aux guerres d’agression des USA, la République fédérale profite de l’exploitation du tiers-monde sans avoir la responsabilité de ces guerres, sans avoir affaire avec une opposition intérieure. Pas moins agressive que l’impérialisme US, mais moins attaquable. Les possibilités politiques de l’impérialisme ne sont épuisées ni dans leur variante réformiste, ni dans leur variante fasciste, ses capacités d’intégrer ou d’opprimer les contradictions qu’il produit lui-même ne sont pas terminées. Le concept de guérilla urbaine de la fraction armée rouge ne se base pas sur une estimation positive de la situation en République fédérale et à Berlin-Ouest.

La RAF affirme que même si le mouvement étudiant a vu ses origines bourgeoises le rattraper, il ne faut pas le sous-estimer car il ‘a reconstruit le marxisme-léninisme comme arme dans la lutte de classe et a posé le contexte international pour le combat révolutionnaire dans les métropoles‘. Mais la RAF affirme qui faut aller plus loin: ‘II n’y aura pas de rôle dirigeant des marxistes-léninistes dans les futurs luttes de classes si l’avant-garde ne tient pas elle-même la bannière rouge de l’internationalisme prolétarien et si l’avant-garde ne répond pas elle-même à la question de savoir comment sera érigé la dictature du prolétariat, comment le pouvoir politique du prolétariat doit être exigé, comment le pouvoir de la bourgeoisie doit être brisé, si elle n’est pas prête avec une pratique à y répondre. L’analyse de classe dont nous avons besoin n’est pas à faire sans pratique révolutionnaire, sans initiative révolutionnaire‘. Et de se revendiquer de la primauté de la pratique: ‘Sans pratique, la lecture du ‘Capital’ n’est qu’une étude bourgeoise. Sans pratique, tes déclarations politiques ne sont que du baratin. Sans pratique, l’internationalisme prolétarien n’est qu’un mot ronflant. Prendre théoriquement le point de vue du prolétariat, c’est le prendre pratiquement.

Car la RAF veut ouvrir une nouvelle ligne de front: ‘S’il est juste que l’impérialisme américain soit un tigre de papier, c’est-à-dire qu’en dernier recours il peut être vaincu; et si la thèse des communistes chinois est juste, que la victoire sur l’impérialisme américain est devenue possible par le fait que dans tous les coins et bouts du monde la lutte soit menée contre lui, et qu’ainsi les forces de l’impérialisme soient éparpillées et que par cet éparpillement il soit possible de l’abattre – si cela est juste, alors il n’y a aucune raison d’exclure un pays quel qu’il soit ou une région quelle qu’elle soit parce que les forces de la révolution sont particulièrement faibles, les forces de la réaction particulièrement fortes (…). La guérilla urbaine part du principe qu’il n’existe pas d’ordre de marche prussien où beaucoup de soi-disant révolutionnaires voudraient guider le peuple dans la lutte révolutionnaire. Part du principe que lorsque la situation sera mûre pour la lutte armée il sera trop tard de la préparer.’

La légalité est l’idéologie du parlementarisme, du partenariat social, de la société pluraliste. Elle devient un fétiche quand ceux qui s’en targuent ignorent que les téléphones peuvent être légalement écoutés, le courrier légalement contrôlé, les voisins légalement interrogés, les indics légalement payés, que l’on peut légalement surveiller – que l’organisation du travail politique, si elle ne veut pas être mise hors circuit de manière permanente par l’attaque de la police politique, doit être en même temps légale et illégale (…) Qui n’a pas réalisé que les conditions de la légalité, avec la résistance active, se modifient nécessairement et qu’il est pour cela nécessaire d’utiliser la légalité pour la lutte politique et en même temps pour organiser l’illégalité, et qu’il est faux d’attendre l’illégalisation comme un coup du sort imposé par le système, parce que l’illégalisation signifie l’écrasement immédiat, et que la question est alors réglée. La fraction armée rouge organise l’illégalité comme position offensive pour l’intervention révolutionnaire. Mener la guérilla urbaine, c’est mener la lutte anti-impérialiste de manière offensive. La fraction armée rouge pose le lien entre lutte légale et illégale, lutte nationale, lutte politique, lutte armée, et la définition tactique et stratégique du mouvement communiste international. La guérilla urbaine c’est malgré la faiblesse des forces révolutionnaires en République fédérale et Berlin-Ouest intervenir ici et maintenant de manière révolutionnaire!‘.

Jaquette du livre ‘Conception de la guérilla urbaine

Conception de la guérilla urbaine

Conception de la guérilla urbaine – format pdf

Das Konzept Stadtguerilla (texte original allemand, lien)

15 juillet 1971 – Mort de Petra Schelm

Le 15 juillet 1971, la police abat une militante de la RAF, Petra Schelm, et arrête Werner Hoppe.

Petra Schelm

Début 1972 – Nouvelles fusillades, nouvelles arrestations

Le 17 janvier 1972 survient un échange de coups de feu au cours d’un contrôle de police. Selon la police, Andreas Baader était dans la voiture, ce qui donne lieu à une campagne de presse monstre. Le 2 mars 72, la police abat à Augsburg Thomas Weisbecker, un militant de la RAF qui n’était pas armé. Le 3 mars, lors d’une fusillade, un commissaire de police est tué et une militant de la RAF, Manfred Grashof, est grièvement blessé. Un autre militant, Wolfgang Grundmann est arrêté à cette occasion.

Affiche militante

Avril 1972 – ‘Guérilla urbaine et lutte de classe’

En avril 1972, la RAF rend public Guérilla urbaine et lutte de classe. La RAF y analyse la grève des travailleurs du secteur chimique, la militarisation de la lutte de classe, l’actualité objective de la question sociale, les liens entre les trusts et l’Etat, les différents réformismes, la possibilité et la fonction de la guérilla urbaine.

11 mai 1972 – Action contre un QG de l’armée américaine à Francfort

Le 11 mai 1972, trois bombes (80 kg de TNT) explosent dans le quartier général du 5ème Corps US à Francfort. Un officier est tué, treize soldats sont blessés. Le commando Petra Schelm de la RAF revendique l’action: ‘L’Allemagne de l’Ouest et Berlin-Ouest ne doivent plus être un arrière-pays tranquille pour les stratèges de la destruction du Viêt-Nam. Ils doivent savoir que leurs crimes contre le peuple vietnamien leur ont amené de nouveaux ennemis décidés, qu’il n’y aura plus aucun endroit au monde où ils seraient en sécurité des attaques des unités et de la guérilla révolutionnaire.

Action contre une base de l’armée à Francfort

Communiqué du Commando Petra Schelm (lien1)

Communiqué du Commando Petra Schelm (lien2)

12-16 mai 1972 – Actions contre la police et la justice

Le 12 mai 1972, le commando Thomas Weisbecker de la RAF fait exploser deux bombes à la direction de la police d’Augsbourg (six blessés) et sur le parking de la police criminelle de Munich (dix blessés et 100 voitures détruites, photo). Le 16 mai 1972, une bombe vise Buddenberg, juge à Karlsruhe, que le commando Manfred Grashof de la RAF rend responsable de la narcotisation forcée de la prisonnière Carmen Roll et des conditions d’isolement. La RAF exige l’application de la Convention des Droits de l’Homme (Genève) et de la Charte des Nations Unies en ce qui concerne le droit des prisonniers.

Action à Münich contre la police et la justice

Communiqué du Commando Thomas Weisbecker

19 mai 1972 – Action contre le groupe de presse Springer

Le 19 mai 1972, la RAF fait exploser deux bombes au siège des éditions Springer. Il y a 34 blessés dont de nombreux travailleurs. A deux reprises pourtant, des appels téléphoniques prévenaient de l’action. Cette dernière est revendiquée par le commando 2 juin de la RAF, qu’il ne faut pas confondre avec le Mouvement du 2 Juin, (un groupe de guérilla urbaine qui avait une conception organisationnelle décentralisée et une orientation politique socialiste-révolutionnaire, dont le nom fait également référence à l’assassinat de Benno Ohnsorg). Cinq jours plus tard, dans une lettre à la radio allemande, le commando regrette que des travailleurs aient été blessé et accuse Springer d’avoir pris clairement le risque de blesser ou tuer des ouvriers en n’écoutant pas leurs avertissements.

24 mai 1972 – Action contre un QG de l’armée américaine à Heidelberg

Le 24 mai 1972, le Commando 15 juillet de la RAF attaque à l’explosif le quartier général du Corps d’armée US stationnée à Heidelberg, et détruit l’ordinateur central coordonnant les bombardements américains au Nord Viêt-Nam. Trois soldats US sont tués. Le communiqué rappelle que plus de bombes ont été déversées sur le Viêt-Nam que sur le monde entier durant toute de la seconde guerre mondiale. Les bombardements sont interrompus pendant quelques jours et cette action aura un retentissement immense.

Communiqué du Commando du 15 juillet (lien 1)

Communiqué du Commando du 15 juillet (lien 2)

Mai 1972 – Campagne de presse contre la RAF

Le 31 mai 1972, la presse Springer annonce que la RAF veut faire sauter des bombes dans la ville de Stuttgart. La campagne de guerre psychologique ne cessera plus: on accusera la RAF de vouloir tirer des roquettes sur les stades lors des matchs de football, de vouloir prendre des enfants en otage, de vouloir empoisonner l’eau potable, etc. Cette guerre psychologique vise le capital de sympathie accumulé par la RAF: un sondage indique que 20% des allemands accepteraient de subir des poursuites judiciaires pour pouvoir cacher un membre de la RAF…

Campagne de presse contre la RAF

Juin 1972 – Vague d’arrestations

Le 1er juin 1972, Andreas Baader, Holger Meins et Jan-Cart Raspe sont arrêtés lors d’une opération spéciale: 300 policiers équipés de pistolets-mitrailleurs, avec l’aide d’un blindé, les arrêtent dans la banlieue de Francfort. Les trois militants sont blessés (Baader grièvement) dans un échange de coups de feu. Le 15 juin, Ulrike Meinhof et Gerhard Müller sont arrêtés dans la banlieue de Hanovre, suite à la dénonciation d’un syndicaliste social-démocrate qui les avait hébergés. D’autres arrestations suivent: Gudrun Ennslin, Brigitte Monhaupt, Bernard Braun, Gerhard Müller, Irmgard Möller, Klaus Jünschke,…

Arrestation de Baader

Septembre 1972 – Action palestinienne à Munich

Le 5 septembre 1972, huit combattants palestiniens prennent en otage neuf sportifs israéliens aux Jeux Olympiques à Munich, et propose de les échanger contre 200 personnes détenues en Israël. Les autorités feignent de négocier, mais tendent une embuscade à l’aéroport: neuf israéliens, cinq palestiniens et un policier allemand meurent dans la fusillade.

Le 7 septembre l’aviation israélienne bombarde les camps de réfugiés au Liban et tue 200 civils.

En novembre, la RAF rend public à cette occasion un texte exposant que la stratégie de la lutte anti-impérialiste amène la lutte dans le centre. Le document analyse la signification du Proche-Orient pour l’impérialisme, conçoit l’impérialisme comme unité des contradictions, étudie les rapports entre impérialisme et tiers-monde, traite des mouvements de libération anti-impérialiste, de l’opportunisme dans la métropole de l’exploitation, de la consommation de masse, des mass-médias, de la domination du système 24 heures sur 24, du sujet révolutionnaire, du fascisme et de l’antifascisme, de l’antifascisme et de l’anti-impérialisme.

Action palestinienne à Münich

1972 – La torture blanche

En prison, les militants de la RAF subissent un traitement spécial scientifiquement établi pour leur destruction: isolement, promenade les mains liées pendant des années, des mois de sections silencieuses, des anesthésies de force. Cette torture blanche est issue d’un programme de recherche nommé ‘camera silens’: le prisonnier est dans une cellule sans fenêtre ni lumière du jour, la lumière artificielle s’allume de telle manière à briser le cycle du sommeil du prisonnier, les murs sont blancs afin de briser la vue, la cellule est totalement insonorisée. Ulrike Meinhof tentera d’expliquer les sensations produites par la torture blanche: ‘le sentiment que ta tête explose’, ‘on ne peut pas expliquer si l’on tremble de fièvre ou de froid – on gèle’, ‘on ne peut plus identifier la signification des mots, seulement deviner – l’utilisation de lettres en sch (ch,. ss, z, s) est absolument insupportable’, ‘la construction de la phrase, la grammaire, la syntaxe, on ne contrôle plus rien’, ‘le sentiment qu’on t’a enlevé la peau‘.

Ulrike Meinhof

Janvier-février 1973 – Première grève de la faim

Le 17 janvier 1973, quarante prisonniers entrent en grève de la faim en revendiquant la fin de l’isolement, et en particulier la sortie d’Ulrike Meinhof de ‘l’aile morte’ de la prison de Cologne-Ossendo. La grève de la faim est ‘durcie’ par l’Etat qui cesse de donner de l’eau aux prisonniers. Mais le 9 février, Meinhof est placée dans une cellule isolée d’une prison masculine où elle peut entendre des bruits humains. La grève prend fin le 12 février.

Mai 1973 – Deuxième grève de la faim

Le 8 mai 1973, deuxième grève de la faim. 40 prisonniers politiques revendiquent les mêmes droits que les autres prisonniers, et une information politique libre. A nouveau, la distribution d’eau est supprimée à certains prisonniers, dont Andreas Baader. La grève se termine le 29 juin 1973.

Affiche de solidarité

Fin 1974 – Nouvelles arrestations, premier procès

Margrit Schiller, qui avait été libérée l’année précédente et qui avait repris la lutte est arrêtée une nouvelle fois. Sont aussi arrêtés Christa Eckes, Helmut Pohl, Ilse Stachowiak, Eberhard Becker, Wolfgang Beer,… Le 10 septembre 1974: début du procès contre Horst Mahler et Ulrike Meinhof, qui développe le 13 septembre un discours sur la lutte armée et l’usage par la contre-révolution de la guerre psychologique contre le peuple. Horst Mahler est condamné à 14 années de prison (dissocié et repenti, il sera libéré en 80 et adoptera des positions de plus en plus réactionnaires), Ulrike Meinhof à huit années.

Affiche pour le procès

Déclaration d’Ulrike Meinhof au procès (lien1)

Déclaration d’Ulrike Meinhof au procès (lien2)

Septembre-novembre 1974 – Troisième grève de la faim, mort d’Holger Meins

Le 13 septembre 1974 commence la troisième grève de la faim, qui dure jusqu’au 5 février 1975. Contre l’élimination des prisonniers politiques, la RAF rappelle que la grève de la faim est la seule possibilité de résistance collective, de se défendre, psychiquement et physiquement: ‘Lutter, c’est faire de faiblesses une force’. Le 9 novembre 1974, Siegfried Haag, avocat de Holger Meins, se rend à la prison de Wittich. Il n’obtient l’autorisation de le voir qu’après de nombreuses démarches. Il raconte: ‘Holger Meins est amené sur un brancard par deux gardiens. Ils déposent le brancard tout près de la porte ouverte, à côté de deux cartons renfermant des dossiers de sa défense et une bouteille d’eau, puis ils se retirent. Holger Meins a les yeux clos, il n’est pas capable de se remuer, il ne peut même pas replier ses jambes. C’est un squelette. Un mètre quatre-vingt-cinq environ. Quarante-deux kilos seulement. Ils lui ont bourré les pantalons de papier. Holger ne peut plus parler. Il peut difficilement murmurer quelques mots en s’interrompant. Pendant plusieurs instants, il ne semble pas entendre.‘ Le même jour, l’avocat Klaus Croissant, prévenu de l’état très grave de Meins, porte lui-même une lettre au président du tribunal, le sommant de permettre que des médecins de confiance puissent se rendre auprès de lui. A 18 heures, Croissant reçoit un télégramme lui apprenant la mort de Holger Meins. Le 12 novembre 1974, le président du tribunal de grande instance de Berlin, Von Drenkmann, est exécuté. Le 21 novembre 1974, une bombe explose devant le domicile de Gerd Ziegler, juge du tribunal de Hambourg.

Holger Meins

Cadavre de Holger Meins

Affiche pour Holger Meins

Déclaration d’entrée en grève de la faim (lien1)

Déclaration d’entrée en grève de la faim (lien2)

Holger Meins sur le nutrition forcée

Holger Meins: ‘Combattre jusqu’au bout, même ici’

20 janvier 1975 – L’interview au Spiegel

Le 20 janvier 75, l’hebdomadaire Spiegel publie une grande interview des prisonniers de la RAF détenus à la prison de Stammheim (photo). Les prisonniers y exposent leur vision de la R.F.A.: ‘Centre impérialiste. Colonie américaine. Base militaire américaine. Puissance dirigeante impérialiste en Europe et dans le Marché Commun. Deuxième puissance militaire de l’OTAN. Représentant patenté des intérêts de l’impérialisme américain en Europe de l’Ouest. La fusion de l’impérialisme ouest-allemand (politiquement, économiquement, militairement, idéologiquement fondé sur les mêmes intérêts d’exploitation du Tiers-Monde, ainsi que sur l’homogénéité des structures sociales au moyen de la concentration des capitaux et de la culture de consommation) avec l’impérialisme américain caractérise la position de la République fédérale vis-à-vis des pays du Tiers-Monde: en tant que parti dans les guerres conduites contre eux par l’impérialisme américain, en tant que ‘ville’ dans le processus révolutionnaire mondial d’encerclement des villes par les campagnes. Dans cette mesure, la guérilla dans les métropoles est une guérilla urbaine aux deux sens du terme: géographiquement, elle surgit, opère et se développe dans les grandes villes, et au sens stratégique et politico-militaire, elle est une guérilla urbaine car elle s’attaque de l’intérieur à la machine répressive de l’impérialisme dans les métropoles, elle combat comme unité de partisans sur les arrières de l’ennemi. C’est ce que nous entendons aujourd’hui par internationalisme prolétarien. En un mot: la République fédérale faisant partie du système étatique de l’impérialisme américain, n’est pas une Nation opprimée mais une Nation qui opprime. Dans un tel Etat, le développement du contre-pouvoir prolétarien et de sa lutte de libération, le démantèlement complet des structures dominantes, de pouvoir, ne peuvent être, dès leurs débuts, qu’internationalistes, ne sont possibles qu’en relation tactique et stratégique avec les luttes de libération des Nations opprimées.

Historiquement: depuis 1918-1919, la bourgeoisie impérialiste – son Etat – possède l’initiative dans le déroulement des luttes de classe en Allemagne et est à l’offensive contre le peuple; et cela jusqu’à ce que les organisations du prolétariat se soient trouvées totalement défaites dans le fascisme jusqu’à la défaite de l’ancien fascisme, défaite due non pas à la lutte armée, mais aux alliés occidentaux et à l’armée soviétique. Dans les années 20, il y a eu la trahison de la Troisième Internationale: alignement total des partis communistes sur l’Union Soviétique, qui se trouve à l’origine de l’incapacité du K.P.D. (parti communiste d’Allemagne) d’en venir à une politique orientée vers la révolution par la lutte armée et la conquête prolétarienne du pouvoir politique. Après 1945, il y a eu l’offensive lavage de cerveau de l’impérialisme américain contre le peuple au moyen de l’anticommunisme, de la culture de consommation, de la restauration-refascisation politique, idéologique, et finalement militaire sous la forme de guerre froide et d’une R.D.A. (République Démocratique Allemande) qui n’a pas développé la politique communiste comme guerre de libération. Il n’y a pas eu ici de résistance antifasciste, de masses armées comme en France, Italie, Yougoslavie, Grèce, Espagne, même Hollande. Les conditions pour cela ont été immédiatement brisées par les alliés occidentaux après 1945. Tout cela signifie pour nous et pour la gauche légale, ici: il n’y a rien à quoi nous rattacher, sur quoi nous appuyer historiquement, il n’y a rien que nous puissions présupposer d’une manière ou d’une autre en termes organisationnels ou de conscience prolétarienne, pas même des traditions démocratiques républicaines. Au plan de la politique intérieure, il s’agit là d’un des motifs qui rend possible sans retenue le processus de fascisation, la surcroissance et l’excroissance de l’appareil policier, de la machine de sûreté de l’Etat comme police de l’Etat dans l’Etat, la suppression factice de la division des pouvoirs, la promulgation de lois d’exception fascistes dans le cadre du programme de ‘sécurité interne’ – depuis les lois d’urgence jusqu’aux lois d’exception actuelles qui permettent le déroulement de procès sans accusés ni défenseurs, comme pure entreprise de spectacle, mais également l’exclusion de ‘radicaux’ des services publics, l’élargissement des compétences de l’Office de police criminelle. Une démocratie qui n’a pas été conquise, qui n’est pour le peuple qu’un bourrage de crâne et n’a pas de base de masse, ne peut pas être défendue et ne l’est pas non plus.’

Les prisonniers exposent les effets politiques de l’action de la RAF:

1° au niveau où beaucoup, modifiant leur opinion sur cet Etat étant donné les mesures prises par le gouvernement contre nous, commencent à le reconnaître pour ce qu’il est: la machine répressive de la bourgeoisie impérialiste;

2° au niveau où nombreux sont ceux qui, s’identifiant avec notre lutte, devenant conscients et relativisant dans leur pensée, leur sensibilité et finalement dans leur action, l’absolutisme de pouvoir du système, reconnaissent ce qu’il est possible de faire, que le sentiment d’impuissance ne reflète pas la réalité objective;

3° au niveau de l’internationalisme prolétarien, de la conscience de la relation entre des luttes de libération dans le Tiers-Monde et ici, de la possibilité et de la nécessité de collaborer légalement et illégalement.

Au niveau de la praxis: qu’il ne suffit pas seulement de parler, mais qu’il est possible et nécessaire, nécessaire et possible d’agir. (…)

Aucun révolutionnaire ne pense à renverser seul le système, c’est absurde. Il n’y a pas de révolution sans le peuple. De telles affirmations contre Blanqui, Lénine, Che Guevara, contre nous maintenant n’ont jamais été autre chose que la dénonciation de toute initiative révolutionnaire, la référence aux masses ayant pour fonction de justifier, de vendre la politique réformiste. Il ne s’agit pas de lutter seul, mais de créer à partir des luttes quotidiennes, des mobilisations et des processus d’organisation de la gauche légale, une avant-garde, un noyau politico-militaire qui devra mettre en place une structure illégale – condition préalable, nécessaire à la possibilité d’agir et qui, étant donné les poursuites et l’illégalité, et la praxis peut donner aux luttes légales dans les usines, les quartiers, la rue et les universités orientation, force et but pour atteindre ce dont il s’agira dans les développements de la crise économique et politique de l’impérialisme: la prise du pouvoir politique. La perspective de notre politique – le développement pour lequel nous nous battons: un fort mouvement de guérilla dans les métropoles – est, au cours de ce processus de chute définitive et d’écroulement de l’impérialisme américain, un moyen nécessaire, une étape, dans la mesure où les luttes légales et les luttes qui se développeraient spontanément à partir des contradictions du système pourraient être brisées par la répression dès qu’elles se manifestent. Ce que le parti de cadres bolcheviques représentait pour Lénine, correspond à l’époque de l’organisation multinationale du capital, des structures transnationales de la répression impérialiste à l’intérieur et à l’extérieur, où nous nous trouvons aujourd’hui, à l’organisation du contre-pouvoir prolétarien issu de la guérilla. Au cours de ce processus – national et international – elle se développe en parti révolutionnaire.’

Les prisonniers décrivent les traitements spéciaux dont ils font l’objet et dénoncent: Holger Meins ‘a été exécuté sciemment par une sous-nutrition systématique, la nutrition artificielle était, dès le début, à la prison de Wittlich une méthode pour assassiner. Au début, brutale, directe, violente, pratiquée pour briser la volonté, et par la suite pratiquée seulement en apparence. 400 calories par jour: il s’agit seulement d’une question de temps, de jours, jusqu’à ce que l’on meurt. Le procureur fédéral Büback et les services de sécurité ont manigancé cela en s’arrangeant pour que Holger Meins reste à la prison de Wittlich, jusqu’à ce qu’il soit mort. Le 21 octobre, le tribunal (O.L.G.) de Stuttgart avait ordonné le transfert de Holger Meins à Stuttgart au plus tard le 2 novembre. Dès le 24 octobre, Büback, procureur fédéral, faisait savoir au tribunal de Stuttgart que la date du transfert ne pouvait pas être respectée par les services de sûreté de l’Etat: cette information n’a toutefois été rendue publique qu’après la mort de Holger Meins. Pour terminer, le médecin de la prison Hutter a cessé complètement la nutrition artificielle et est parti en voyage. Il faut également préciser que l’Office fédéral de police criminelle était informé sur l’état des prisonniers, pendant toute la durée de la grève de la faim, par les directions des prisons. Il faut souligner que Hutter, avant qu’il ne se retire, parce que Holger était mourant, a demandé à Degenhardt de lui assurer qu’il ne ferait l’objet d’aucune plainte – de la même manière, toutes les plaintes portées contre Degenhardt ont été annulées. Degenhardt est le médecin qui, durant l’été 1973, pendant la seconde grève de la faim à Schwalmstadt, a supprimé l’eau ‘pour raisons médicales’ pendant neuf jours, jusqu’au coma.

A la question du Spiegel La mort de Holger Meins a-t-elle été une opportunité pour le collectif R.A.F.? ‘, les prisonniers répondent: ‘Cela, c’est de la projection fasciste; la réflexion de quelqu’un qui ne peut plus penser autrement qu’en termes de marché: le système qui réduit toute vie humaine à de l’argent, de l’égoïsme, du pouvoir, de la réussite. Comme le Che, nous disons: ‘LE GUERILLERO NE DOIT RISQUER SA VIE QUE SI CELA EST ABSOLUMENT NECESSAIRE, MAIS DANS CE CAS SANS HESITER UN SEUL INSTANT.’ Et cela est tout à fait vrai pour la mort de Holger Meins: ‘la résonance de l’histoire’, celle qui s’est éveillée par la lutte armée anti-impérialiste, est entrée dans l’histoire des peuples du monde. Elle a ‘été une opportunité’, cela veut dire qu’elle a brisé le boycott de l’information. Car, si beaucoup de gens ne s’éveillent seulement que lorsque quelqu’un est assassiné et à partir de ce moment commencent seulement à comprendre de quoi il s’agit, c’est que vous en êtes également responsable. C’est ainsi que le Spiegel a passé sous silence pendant huit semaines la grève de la faim de quarante prisonniers politiques afin d’empêcher solidarité et protection.‘ Et quand le Spiegel se demande s’ils sont préparés à d’autre cas mortels, les prisonniers répondent: ‘Büback attend ça dans son bureau.‘ Le 5 février 1975, les prisonniers arrêtent la grève de la faim.

La prison de Stammheim

Interview au Spiegel

27 février 1975 – Enlèvement de Peter Lorenz

Le 27 février 1975, deux jours avant les élections, le Mouvement du 2 juin enlève Peter Lorenz, député libéral et candidat à la mairie de Berlin-Ouest, et propose de le libérer contre la libération de Rolf Pohle, Verena Becker, Rolf Heissler, Gabi Kröcher-Tiedemann et Horst Mahler. Horst Mahler refusera d’être libéré mais les autres militants peuvent trouver refuge au Yemen socialiste, tandis qu’à Berlin, le Mouvement du 2 juin libère Peter Lorenz.

Symbole du Mouvement du 2 Juin

Programme du Mouvement du 2 Juin

24 avril 1975 – Attaque de l’ambassade d’Allemagne à Stockholm

Le 24 avril 1975, peu avant midi, le commando Holger Meins de la RAF occupe l’ambassade de R.F.A. à Stockholm, prend en otage douze fonctionnaires, et réclame la libération de 26 prisonniers. La police attaque le bâtiment: deux fonctionnaires (dont l’attaché militaire, le comte Andreas von Mirbach) sont tués ainsi qu’un membre de la RAF, Ulrich Wessel. Un autre membre du commando, Siegfried Hausner, est grièvement blessé et contre l’avis des médecins suédois est immédiatement transporté en R.F.A.. Il n’est pas amené à l’hôpital mais à la station intensive de la prison de Stammheim, sur ordre de Büback, où il meurt faute des soins adéquats le 4 mai. Sont aussi capturés à Stockholm et extradés en R.F.A.: Karl-Heinz Dellwo, Lutz Taufer, Bernhard Rößner et Hanna Krabbe.

Ambassade d’Allemagne

Genscher à Stockholm

21 mai 1975 – Début du procès de Stammheim

Le procès d’Andreas Baader, Gudrun Ennslin, Jan-Carl Raspe et Ulrike Meinhof s’ouvre le 21 mai 1975 dans une annexe de la prison de Stuttgart-Stammheim construite pour l’occasion sur le budget de la Sûreté de l’Etat. C’est une forteresse de béton de 150 millions de marks gardée par des policiers de trois Länders. C’est au cours du même mois que le défenseur de Gudrun Ensslin déposera la première demande de récusation pour présomption légitime du juge Theodor Prinzing qui préside le tribunal. Elle sera suivie de 84 requêtes identiques. Au procès, les militants se positionnent en prisonniers de guerre et exigent que l’intégralité des actions contre les bases US soient considérées comme une partie de la guerre du Viêt-Nam. En août, les avocats réclament une expertise médicale, assurant que leurs clients sont incapables, en raison de leur état de santé, de suivre le débat. Le procureur lit alors l’acte d’accusation en l’absence des inculpés e de leurs défenseurs. Plus tard, les médecins estiment qu’ils ne peuvent suivre les débats que trois heures par jour. En septembre, les experts médicaux jugent les accusés inaptes à assister aux débats. Le tribunal décide alors que le procès peut se poursuivre en leur absence et la cour de justice fédérale le suit dans ses conclusions. Le travail des avocats est rendu impossible: la presse Springer reçoit des dossiers que les services du procureur refuse de communiquer aux défenseur; les dossiers sont caviardés et truqués; les défenseurs sont surveillés jour et nuit; leur courrier contrôlé et leur téléphone écouté. Les avocats subissent des sanctions disciplinaires de la part de leur Ordre parce qu’ils dénoncent les conditions de détention des prisonniers et le 23 juin, quatre d’entre eux sont perquisitionnés et deux (Klaus Croissant et Hans-Christian Ströbele) passent quelques semaines en prison.

Stammheim

Fin 1975-Début 1976 – Nouvelles lois répressives

Hiver 1975: le parlement approuve une loi qui subordonne l’appartenance à un parti, même légal, à la fidélité à la constitution: c’est la consécration définitive des Berufsverbote (interdiction de travail), de l’exclusion de la fonction publique de tous ceux qui ne donnent pas de preuves suffisantes de leur fidélité à la constitution. Etre soupçonné d’être militant du Parti Communiste (simplement toléré en R.F.A., il ne sera légalisé qu’en 81) bloque toute possibilité de devenir instituteur ou cheminot.

Janvier 1976: le parlement vote une nouvelle série de lois répressives, à caractère préventif.

9 mai 1976 – Assassinat d’Ulrike Meinhof

Le 9 mai 1976, les autorités annoncent qu’Ulrike Meinhof a été retrouvée ‘suicidée’ dans sa cellule. Ce suicide est totalement exclu par les militants de la RAF: Ulrike Meinhof a été tuée en raison de son importance au sein de la RAF. Peu avant, se sachant menacée, elle avait dit à sa soeur que si on lui annonçait sa mort, c’est que les autorités l’auraient assassinée. Les jours qui suivent ce meurtre sont marqués par des centaines d’actions de protestations dans le monde entier (actions armées en France, Australie, R.F.A., Italie, Grèce,…).

Ulrike Meinhof

Ulrike Meinhof: Débat sur la ‘position de classe’

Ulrike Meinhof sur la situation de la RFA

Ulrike Meinhof sur l’histoire de la RFA et de la gauche traditionnelle

Déclaration de Jan-Carl Raspe sur la mort d’Ulrike (lien1)

Déclaration de Jan-Carl Raspe sur la mort d’Ulrike (lien2)

Fin 1976-Début 1977 – Actions et réactions autour du procès

Le 29 mai 1976, la ‘loi anti-terreur’ est votée. Elle modifie la définition de ‘formation d’association terroriste’ et renforce le contrôle du courrier entre les prisonniers et les avocats.

Le 1er juin 1976, attentat contre le quartier général des forces américaines à Francfort (16 blessés). Le 10 juin 1976, l’avocat Langner défenseur de la militante de la RAF Margaret Schiller, fait l’objet d’un attentat fasciste (un mort et cinq blessés). Le 30 novembre, arrestation de Siegfried Haag et Roland Mayer.

En octobre, le procureur annonce son réquisitoire dans lequel il considère les inculpés comme des prisonniers de droit commun et réclame la réclusion à perpétuité pour chacun d’eux. En janvier 1977, la présidence du tribunal est retirée au juge Prinzing pour ‘comportement partial’. En mars, on apprend que les services secrets enregistraient toutes les conversations entre les avocats et les prisonniers de Stammheim. Le 8 février, Brigitte Monhaupt (photo) est libérée; elle rejoint la lutte peu de temps après et y jouera un rôle central.

Brigitte Monhaupt

30 mars 1977 – Nouvelle grève de la faim

Les prisonniers commencent une nouvelle grève de la faim le 30 mars 1977. Ils demandent leur regroupement par groupes de 15 à 20 personnes, selon une recommandation des médecins qui les ont observés. Ils demandent aussi des garanties minima sur les prisonniers de guerre.

7 avril 1977 – Action contre le procureur Buback

Le 7 avril 1977, le procureur Buback est exécuté à Karlsruhe par le commando Ulrike Meinhof de la RAF.

Buback

Communiqué du Commando Ulrike Meinhof

Début 1972 – Fin du procès et de la grève de la faim

Le 28 avril, Andreas Baader, Gudrun Ennslin et Jan-Carl Raspe sont condamnés à la détention à vie. Les prisonniers continuent la grève de la faim, mais le 30 avril, le ministre de la justice du Land de Bade-Wurtemberg promet le regroupement. La grève de la faim s’arrête sur un succès. Reste à transférer de nouveaux prisonniers à Stammheim, pour constituer des groupes capables ‘d’interactions sociales’ selon la formule des médecins.

3 mai 1977 – Nouvelle fusillade, nouvelles arrestations

Le 3 mai 1977, Gunter Sonnenberg et Verena Becker (revenue clandestinement du Yemen) sont arrêtés à Singen après un échange de coups de feu avec la police. Gunter Sonnenberg est dans le coma, une balle dans la tête. Ils sont accusés d’avoir participé à l’exécution du Buback. Verena Becker collaborera avec la police quelques temps après.

Le 1er juillet, la RAF attaque une armurerie à Francfort et récupère 18 pistolets et revolvers.

22 juin 1977 – Procès et grève de la faim des prisonniers de Stockholm

Le 22 juin 1977, Lutz Taufer, Kari-Heinz Dellwo, Bernd Rössner et Hanna Krabbe, qui ont été condamnés à la prison à vie pour l’attaque de l’ambassade à Stockholm, commencent une grève de la faim afin d’être transférés dans la même prison que les autres membres de la RAF, à Stuttgart-Stammheim, pour être regroupés avec eux. Verena Becker et Sabine Schmitz poursuivent également une grève de la faim depuis le 24 mai pour les mêmes raisons.

11 juillet 1977 – Début de ‘L’Affaire Croissant’

Le 11 juillet, Klaus Croissant, avocat d’Andreas Baader, persécuté par la police allemande, demande l’asile politique à la France.

Klaus Croissant

30 juillet 1977 – Action contre le banquier Ponto

Le 30 juillet 1977, Jurgen Ponto, président de la Dresdner Bank, est abattu à Bad Hombourg lors d’une tentative d’enlèvement par la RAF.

Action contre Jurgen Ponto

8 août 1977 – Rétablissement de l’isolement, nouvelle grève de la faim

A la suite d’une provocation des gardiens, une partie des prisonniers de Stammheim, qui avaient été amenés pour constituer des ‘groupes capables d’interactions sociales’ conformément aux promesses du ministre de la justice, sont transférés le 8 août dans d’autres prisons. L’isolement est rétabli. Les détenus de Stammheim entament une nouvelle grève de la faim qui est suivie par d’autres prisonniers.

25 août 1977 – Echec d’une action contre le procureur Rebman

Le 25 août, un attentat à la roquette de la RAF est déjoué contre les bureaux du procureur fédéral Rebman à Karlsruhe.

5 septembre 1977 – Enlèvement du ‘patron des patrons’ Schleyer

Le 5 septembre 1977, Hans Martin Schleyer est enlevé par le commando Siegfried Hausner de la RAF. Son chauffeur et ses gardes du corps sont tués dans l’embuscade. Hans Martin Schleyer, ‘patron des patrons’ c’est-à-dire chef des fédérations patronales allemandes, avait milité aux jeunesses hitlériennes et avait été pendant la guerre un responsable de la SS (il avait notamment supervisé le pillage de la Tchécoslovaquie). Après guerre, il avait fait partie du conseil de direction de Daimler-Benz.

L’Etat réagit frénétiquement: 1.200 perquisitions en deux jours, vérification des personnes payant l’électricité, contrôle des identités et des voitures, des camions, des personnes entre 20 et 35 ans sur Interpol, etc. Malgré le fait que l’Etat lui-même reconnaît que l’action n’a pas pu être commandité ‘de l’intérieur’, les contacts avec les prisonniers deviennent impossibles. La RAF propose d’échanger Schleyer contre les prisonniers.

Hans Martin Schleyer

22 septembre 1977 – Nouvelle fusillade, nouvelle arrestation

Le 22 septembre, à Utrecht, Knut Folkerts est arrêté après une fusillade avec la police néerlandaise. Il sera extradé vers la R.F.A.

31 septembre 1977 – Suite de ‘L’Affaire Croissant’

Le 31 septembre 1977, Klaus Croissant est arrêté à Paris. Il sera extradé vers la R.F.A.

13 octobre 1977 – Détournement d’un Boeing allemand par les Palestiniens

Le 13 octobre 1977, un avion de la Lufthansa est détourné de Palma de Majorque par le commando Martyr Halimeh de l’Organisation de Lutte contre l’Impérialisme Mondial, qui exige la libération des prisonniers de la RAF. C’est la première fois que des combattants du Tiers-Monde soutiennent directement les révolutionnaires de la métropole. La nuit du 17 au 18, les policiers d’élite allemands attaquent de l’avion qui s’était posé à Mogadiscio. Trois combattants palestiniens (des militants du FPLP) sont abattus, une quatrième, Souhaila Andrawes Sayeh, grièvement blessée.

Le Boeing 737

La fedayin survivante

17 octobre 1977 – Massacre des prisonniers de la RAF à Stammheim

La même nuit, Andreas Baader, Gudrun Ensslin et Jan Carl Raspe, détenus en cellule d’isolement et faisant l’objet d’une surveillance de chaque instant, sont pendus ou abattus à coups de pistolet dans la nuque. Irmgard Möller en réchappe miraculeusement. Elle a été blessée de plusieurs coups de couteaux dans la poitrine. L’équipe du matin des surveillants la découvre baignant dans son sang, appelle un infirmier qui la sauve in extremis avec une transfusion. Elle pourra témoigner du massacre des prisonniers, mais le black out sera fait sur ce témoignage: officiellement, il s’agit de suicides concertés… Le 16 octobre, nouvelles attaques contre les d’avocats (perquisitions, arrestations). Le 19 octobre 1977, la RAF exécute Schleyer en représailles.

Andreas Baader et Gudrun Ensslin

Andreas Baader et Gudrun Ensslin

Jan-Carl Raspe

Irmgard Möller

Les funérailles à Stammheim

28 octobre 1977 – Nouvelle loi répressive

28 octobre 1977: nouvelle loi anti-terreur, qui définit ‘les causes politiques et spirituelles du terrorisme‘: l’attaque contre l’Etat, l’attaque contre la confiance du citoyen en l’Etat, attaque contre l’ordre des valeurs, critique sociale sans limite, marxisme, fausse analyse du passé…

Affiche de soutien

Fin 1977-Début 1978 – Débat dans le mouvement révolutionnaire allemand

Au cours de l’hiver 1977/1978, la définition d’une politique anti-impérialiste donne lieu à des débats dans la scène autonome anti-impérialiste (particulièrement forte à Hambourg et à Berlin). La bataille qui s’est soldée par l’assassinat des prisonniers de la RAF est vue comme un échec pour le mouvement révolutionnaire, mais le point positif consiste ‘en ce que la lutte des prisonniers et les actions de la guérilla a montré qu’ici en R.FA. il y a une résistance anti-impérialiste armée‘. Il ressort d’un document résultant de ces discussions qu’une nouvelle mobilisation s’est développée, et que celle-ci doit se concrétiser ‘dans la lutte de classe révolutionnaire pour le communisme’. Une nouvelle conscience s’est développée dans les avant-gardes combattantes, ‘la conscience de la maturité d’une nouvelle offensive de l’internationalisme prolétarien‘.

1978 – Nouvelle grève de la faim

Le 9 mars 1978, les prisonniers commencent une nouvelle grève de la faim.

Communiqué de grève de la faim

1978 – Nouvelles fusillades, nouvelles arrestations, mort de Willy Peter Stoll

Le 11 mai 1978, Stefan Wisniewski est arrêté à Orly, il sera extradé en R.F.A.. Le même jour, Brigitte Mohnhaupt, Peter-Jürgen Boock, Sieglinde Hofmann et Rolf Klemens Wagner sont arrêtés en Yougoslavie. Après six mois de détention, ils sont expulsés au Yémen. Le 6 septembre 1978, la police abat Willy-Peter Stoll à Düsseldorf. Stoll n’était pas armé. Le 15 septembre, Astrid Proll est arrêtée à Londres et extradée en R.F.A.. Le 24 septembre, des policiers surprennent trois militants de la RAF qui s’entraînent dans un bois près de Dortmund. Dans la fusillade, deux policiers sont tués, un autre blessé, et une militante (Angelika Speitel) est capturée. Le 1er novembre, fusillade au poste frontière germano-néerlandais, Rolf Heißler revenu clandestinement du Yémen pour reprendre la lutte dans la RAF, échappe à la police.

Willy-Peter Stoll

Début 1972 – Naissance des Revolutionäre Zellen

En 1978 survient une vague d’actions anti-impérialistes, principalement contre des installations militaires US. Les Cellules révolutionnaires (RZ) mènent de nombreuses actions contre l’industrie de l’armement et aéronautique, l’industrie nucléaire, l’industrie chimique et pharmaceutique, ainsi que le génie génétique. Entre 1978 et 1995, le groupe féministe révolutionnaire Rote Zora incendiera ou dynamitera 45 sex shops, laboratoires de recherche en génétique ou entreprises contribuant à l’oppression de la femme.

Logo RZ

Logo Rote Zora

Un communiqué des RZ

Un communiqué de Rote Zora

1979 – Nouvelles fusillades, nouvelles arrestations, mort d’Elisabeth von Dyck

La RAF exproprie avec succès deux banques en mars et avril 79. Le 4 mai, la police anti-terroriste attaque un appartement de la RAF à Nuremberg, Elisabeth von Dyck s’y trouve, sans arme et elle est abattue. Le 9 juin, Rolf Heißler tombe dans un piège de la police anti-terroriste qui lui met une balle dans la tête; il survit miraculeusement.

25 juin 1979 – Action contre le général Haig

Le 25 juin 79, le commando Andreas Baader de la RAF attaque à l’explosif, en Belgique, le général Alexander Haig, commandant en chef des forces armées de l’OTAN. L’action, qui manque de peu son but, marque le retour à l’offensive de la RAF.

Action contre le général Haig

1979-80 – Nouvelle fusillade, nouvelles arrestations

Le 19 novembre, la RAF exproprie une banque à Zurich. Dans la fusillade qui suit, la police tue une passante et arrête Rolf Klemens Wagner.

Le 5 mai 1980, arrestation à Paris de Sieglinde Hofmann et de quatre militantes du Mouvement du 2 Juin, elles seront toutes extradées vers la R.F.A.

2 juin 1980 – Dissolution du Mouvement du 2 Juin

Le 2 juin 80, une partie du Mouvement du 2 Juin se dissout pour continuer la lutte ‘dans la RAF, en tant que RAF‘ (une partie des prisonniers du Mouvement s’aligne sur cette décision et deviennent des prisonniers de la RAF comme Inge Viett, arrêtée le 2 mai 72, évadée en juillet 73 et reprise en septembre 75). Le communiqué de dissolution expose: ‘Le Mouvement du 2 juin s’est créé à l’encontre de la RAF, avec l’intention confuse de mener une ‘politique prolétarienne spontanée’. Nous avons considéré que la théorie révolutionnaire, l’analyse des conditions – seules à partir desquelles la stratégie et la tactique, la continuité et la perspective du combat, peuvent être développées – n’étaient pas importantes et nous avons ‘combattu à tort et à travers’ avec l’intention ‘d’enthousiasmer’ la jeunesse. Et c’est ainsi que nous avons déterminé notre pratique en nous posant la question: ‘qu’est-ce qui enthousiasme’, et non pas en nous posant la question de savoir où sont les véritables contradictions, les frictions dans la stratégie impérialiste que nous devons attaquer. Le mouvement était une soi-disant alternative à la RAF, en tant que possibilité pour ces camarades qui pensaient que le combat sans compromis était allé trop loin. Pendant 10 ans, cela a produit division, concurrence et désorientation dans la gauche et aussi parmi la guérilla, et cela a également ralenti notre propre processus révolutionnaire.‘ Le reste du Mouvement se disperse.

Communiqué de dissolution du Mouvement du 2 Juin

25 juillet 1980 – Mort de Juliane Plambeck et Wolfgang Beer

Le 25 juillet 80, deux militants de la RAF, Juliane Plambeck et Wolfgang Beer, perdent la vie dans un accident de voiture. En janvier 1981, Peter-Jürgen Boock est arrêté à Hambourg.

Début 1981 – Nouvelle grève de la faim, mort de Sigurd Debus

Le 2 février, 68 prisonniers détenus dans 16 prisons entament la huitième grève de la faim collective avec pour revendication le regroupement. Le 15 mars, des médecins ouest-allemands protestent contre l’isolement par une lettre ouverte, et le 16 avril 1981, Sigurd Debus, militant de la Résistance et qui avait rejoint la RAF en prison, meurt. Il était depuis le 19 mars nourri de force.

31 août 1981 – Action contre un QG de l’USAF à Ramstein

Le 31 août 1981, le commando Sigurd Debus de la RAF attaque le quartier général de l’US Air Force en Europe, à Ramstein. La RAF met en avant les mots d’ordre: ‘attaquer les centres, les bases et les stratèges de la machinerie militaire américaine’, ‘développer la résistance contre la destruction en front pour la révolution en Europe’, ‘Mener la lutte dans la métropole ensemble avec les révolutionnaires du Tiers-Monde‘.

15 septembre 1981 – Action contre le général Kroesen

Le 15 septembre, le commando Gudrun Ennslin de la RAF dresse une embuscade contre le général Kroesen, commandant des forces terrestres US en Europe (la voiture blindée du général résiste à l’impact de la roquette antichar!).

La Mercedes blindée de Kroesen

Mai 1982 – ‘Guérilla, résistance et front anti-impérialiste’

En mai 1982, la RAF rend public un document stratégique intitulé Guérilla, résistance et front anti-impérialiste. Définissant 1977 comme passage à une nouvelle étape, la RAF propose une nouvelle stratégie ‘de libération’ et la construction du front anti-impérialiste dans le centre impérialiste. Le système impérialiste, dit la RAF, est rendu instable suite à sa défaite au Viêt-Nam et l’Europe de l’Ouest est au coeur des contradictions Est-Ouest, Nord-Sud, état-société; signification de la lutte dans le centre pour la guerre de classe internationale. Ce document (qui propose aussi une analyse de la défaite de 1977) marque clairement l’abandon des catégories marxistes qui déterminaient les thèses fondatrices de la RAF. Le projet devient ouvertement subjectiviste’: on part de l’ensemble des luttes radicales contre le système (anti-guerre, anti-impérialiste, anti-patriarcale, squatts, etc.) plutôt que d’en dépasser les faiblesses; et plutôt que de dégager des axes stratégiques et de créer une véritable unité, on constitue un ‘front’ qui juxtapose les dynamiques existantes. Il n’y a plus de stratégie révolutionnaire mais une lutte contre les projets et les forces de l’ennemi (‘notre stratégie est d’être contre leur stratégie‘).

Cette pauvreté du discours de la RAF s’accompagne d’une véritable interaction avec un large mouvement de résistance anti-impérialiste, lui-même marqué par le subjectivisme. La RAF est en phase avec une nouvelle base sympathisante, active notamment dans l’aile radicale du vaste mouvement de lutte contre l’installation des missiles atomiques US Pershing en R.F.A. et, en règle générale, contre les projets de guerre visant l’URSS et qui transformeraient l’Europe centrale en champ de bataille. Le sommet de l’OTAN du 18 juin 1982 donne lieu à une grande manifestation de l’anti-impérialiste radical.

Guérilla, résistance et front anti-impérialiste

1982-1984 – Actions financières, logistiques et arrestations

Le 15 septembre, la RAF exproprie une banque à Bochum. Fin septembre, la police découvre le principal arsenal de la RAF, à Francfort. Elle y place une souricière qui permet d’arrêter, le 11 novembre 82, Brigitte Mohnhaupt et Adelheid Schulz. Le 16 novembre 1982, Christian Klar est arrêté ä Friedrichsruh.

Le 25 juin 1983 a lieu une grande manifestation anti-guerre et anti-impérialiste en R.F.A. à l’occasion de la venue du vice-président américain Georges Bush: 100.000 manifestants dont 1.500 autonomes affrontent la police.

Le 26 mars 84, la RAF exproprie une banque à Würzburg. Le 2 juillet, Helmut Pohl, Christa Eckes, Stefan Frey, Ingrid Jakobsmeier, Barbara Ernst et Ernst Volker sont arrêtés à Francfort.

Le 5 novembre 1984, la RAF exproprie une armurerie à Maxdorf et saisit 22 armes de poings (certaines seront retrouvées en décembre 85 lors de l’arrestation des militants des Cellules Communistes Combattantes).

Affiche de recherche (1983)

Décembre 1984 – Procès et grève de la faim

Le 4 décembre débute une nouvelle grève de la faim collective pour l’application de la convention de Genève. En décembre toujours, à l’occasion de leur procès, Christian Klar et Brigitte Monhaupt donnent une analyse de la bataille de 1977: en 76/77, la guérilla s’était reformée en liaison avec les luttes et les prisonniers. La ligne dure de l’Etat ouest-allemand en 77 résulte de deux facteurs. D’abord, l’Etat impérialiste optait pour des solutions militaires, depuis que la crise économique et la vague de luttes de libération dans le Tiers-Monde lui avaient fait perdre sa perte de marge de manoeuvre politique. Ensuite, la R.F.A. devait jouer un rôle dirigeant dans la constitution de Europe de l’Ouest comme base de guerre contre l’URSS et les mouvements de libération.

Le grève de la faim durera jusqu’à la mi-février.

Brigitte Monhaupt

Christian Klar

18 décembre 1984 – Echec de l’action contre l’Ecole de l’OTAN à Oberammergau

Le 18 décembre, une énorme charge d’explosifs (provenant du stock de 800 kg dérobé à Ecaussines, en Belgique, et également utilisé par les CCC) est désamorcée à la Shape School d’Oberammergau, école de formation des cadres militaires de l’OTAN. Le 15 janvier 85, les CCC attaquent une base de l’OTAN à la voiture piégée (deux soldats US blessés) et dédient cette dernière aux prisonniers de la RAF en grève de la faim.

En R.F.A., la Résistance anti-impérialiste ne cesse de se développer: il y a au milieu des années 80 plus d’un attentat par jour (par exemple l’incendie d’un bureau des services secrets US, le Military Intelligence Detachment-Bataillon le 29 décembre 1984, l’attaque à l’explosif d’une station émettrice de l’armée US à Heidelberg le 30 décembre, et d’innombrables petites actions comme l’incendie de véhicules militaires).

Janvier 1985 – Action contre Zimmerman, proposition de ‘Front de la guérilla ouest-européenne’ avec Action Directe

Le 25 janvier, le commando Elisabeth von Dyck d’Action Directe exécute le général Audran qui supervise la production et les ventes d’armes de l’Etat français et le 1er février 1985, le commando Patsy O’Hara de la RAF exécute Ernst Zimmerman, patron des patrons dans l’industrie aéronautique.

La RAF et le groupe français Action Directe publie un document commun: ‘Nous déclarons: il est aujourd’hui nécessaire et possible d’ouvrir dans les centres impérialistes une nouvelle phase du développement de la stratégie révolutionnaire authentique, et l’une des conditions à ce saut qualitatif est de créer l’organisation internationale du combat prolétarien dans les métropoles, son noyau politico-militaire: la guérilla ouest-européenne‘.

La proposition d’adhérer au ‘Front’ de la guérilla ouest-européenne’ est rejetée par le PCE(r) et les Groupes de Résistance Antifasciste du Premier Octobre (GRAPO) en Espagne ainsi que par les CCC en Belgique. Ces organisations sont basées sur les catégories du marxisme-léninisme, notamment en ce qui concerne l’analyse de classe et la nécessité d’un parti de classe. Pour elles, le devoir des révolutionnaires est de se lier au prolétariat de son pays et d’en unifier les avant-gardes sur une ligne révolutionnaire de classe. Or, le courant animé par la RAF appelait indistinctement toutes les forces d’opposition radicale ou révolutionnaire à s’articuler dans une dynamique plus ou moins commune. Il ne s’agissait donc pas de formaliser, renforcer et qualifier une unité reposant sur des caractères politiques (communauté du but et des objectifs, des principes et des méthodes, etc.) mais plutôt de se rassembler sans ligne ni projet (autre que celui de combattre le système) dans une ‘unité’ recouvrant en fait l’éclectisme social et politique justifié par l’’autodétermination des pôles de lutte‘ ou du ‘poids grandissant de la subjectivité‘.

Communiqué commun RAF-AD

Communiqué du Commando Patsy O’Hara

8 août 1985 – Action contre l’Air Base de Francfort

Le 3 juin, la RAF exproprie un transfert de fonds (butin: 157.000 Mark). Un convoyeur est blessé lors de l’opération.

Le 8 août 1985, le commando George Jackson RAF/Action Directe attaque l’Air Base qui est le plus grand aéroport militaire en dehors des USA: deux américains sont tués dans l’explosion qui fait pour plus d’un million de Mark de dégâts. Pour pénétrer dans le camp militaire, la RAF avait besoin d’un passe, et avait enlevé et abattu pour cela un simple sergent US, Edward Pimmental. En janvier 86, la RAF accepte les critiques venues du mouvement et déclare qu’il n’y avait pas de nécessité de tuer un simple soldat comme Pimmental, ‘parce qu’une telle action ne peut qu’être définie politiquement et stratégiquement et que le développement subjectif de la résistance ici et la situation objective n’y correspondent pas‘. Selon la RAF, il aurait été juste de tuer Edward Pimmental dans le Tiers-Monde, dans la résistance armée à une des multiples agressions des USA, mais erroné de tuer le même Edward Pimmental en Europe. Le fait qu’Edward Pimmental soit un lampiste ne doit pas masquer le glissement qui s’opère dans la conception de l’internationalisme de la RAF. La RAF n’est plus un détachement avancé de la grande armée des peuples en lutte contre l’impérialisme, qui porte la guerre des peuples dans les métropoles impérialistes. Elle se détermine en fonction de la société allemande, mais ce glissement s’accompagne d’une autre évolution: l’abandon du marxisme. Le recentrage ‘national’ de la RAF se produit au moment où la RAF a cessé d’analyser la société allemande en terme de classes et de lutte de classe, mais avec des catégories subjectivistes qui tournent vite en rond (il faut lutter avec ceux qui veulent lutter).

L’Air Base de Francfort

Janvier-février 1986 – Congrès anti-impérialiste de Francfort

Du 31 janvier au 4 février 1986 se tient le grand Congrès de la résistance anti-impérialiste et anticapitaliste en Europe de l’Ouest à Francfort. De 2.000 à 3.000 congressistes (parfois cagoulés), majoritairement des autonomes, des anti-impérialistes, des sympathisants de la RAF, mais aussi de nombreux délégués de presque tous les forces révolutionnaires européennes, débattent des perspectives du mouvement révolutionnaire sous la protection d’un service d’ordre efficace. Le Congrès de Francfort (dont la résolution finale appelait à combattre l’OTAN comme force d’agression vers l’extérieur et de contre-insurrection vers l’intérieur), et l’offensive politico-militaire qui suivit, peuvent être considérés comme le sommet du mouvement de résistance anti-impérialiste en Europe.

Interview de la RAF à la revue clandestine Zuzammen Kämpfen

9 juillet 1986 – Action contre Beckurts, arrestations

Le 9 juillet 1986, le commando Mara Cagol de la RAF exécute Beckurts, responsable de la recherche et des techniques chez Siemens et de la Commission de travail à l’énergie atomique de l’Union des industriels allemand.

L’action de la Résistance ne faiblit pas: le 8 septembre par exemple, le siège de la Sûreté de l’Etat est détruit par l’Unité Combattante Christos Tsoutsouvis (un militant grec à Athènes tué par la police en octobre 77 lors d’une action de protestation contre le massacre à Stammheim), et le 15 septembre, les immeubles où sont conçus des chasseurs de l’aviation militaire sont dynamités par l’Unité combattante Anna Maria Ludmann.

Le 2 août 1986, Eva Haule-Frimpong (militante de la RAF), Luitgard Hornstein et Christian Kluth (militants de la Résistance luttant avec la RAF dans le cadre du Front) sont arrêtés à Rüsselsheim.

Action contre Beckurts

10 octobre 1986 – Action contre von Braunmühl

Le 10 octobre, le directeur politique du ministère des affaires étrangères, von Braunmühl, est exécuté par le commando Ingrid Schubert de la RAF: ‘Notre attaque vise l’appareil d’Etat de R.F.A. agressif dans sa fonction d’Etat noyau de la formation politique de l’Europe de l’Ouest dans la stratégie de guerre impérialiste‘.

Le 16 novembre, le siège d’IBM est détruit par l’Unité combattante Hind Alameh, et le 19 décembre, l’Unité combattante Rolando Olalia attaque la première société spécialisée dans le crédit à haut taux d’intérêts aux pays sous-développés. Le 20 décembre a lieu une importante manifestation en défense de la Hafenstraße, grande rue de Hambourg dont les maisons sont occupées, sous le mot d’ordre ‘Un seul front’: regroupement des prisonniers; libération de Gunther Sonnenberg; la Hafenstrasse reste!‘. Le lendemain, l’Unité combattante Mustafa Aktas (Celal) attaque la Fondation Friedrich Ebert, une école de cadres pour la contre-insurrection — une des nombreuses actions de la Résistance.

Action contre von Braunmühl

Communiqué du Commando Ingrid Schubert

Début 1987 – AD démantellée, les RZ touchées par la répression

Le 21 février 1987, le démantèlement d’Action Directe a lieu en France. La même année, une première vague d’arrestations frappe les RZ. En 1986-87 les Cellules Révolutionnaires avaient mené des actions directes contre les différents rouages ou acteurs de cette politique en Allemagne: attentats contre les juges (blessés délibérément aux jambes) et les tribunaux condamnant les réfugiés, contre la police des étrangers et ses représentants, contre la police des frontières qui pourchasse les sans-papiers et contre le siège social de la Lufthansa qui procède aux expulsions…). Les RZ surmonteront cette vague d’arrestations et poursuivront la guérilla.

20 septembre 1981 – Echec de l’action contre Tietmeyer, communiqué commun avec les Brigades Rouges-PCC

Le 20 septembre 1988, à l’occasion d’une tentative d’exécution de Hans Tietmeyer, secrétaire d’Etat du ministère des finances, par son commando Khaled Aker, la RAF rend public un document commun avec les Brigades Rouges-PCC: ‘Le saut à la politique du front est possible et nécessaire pour les forces révolutionnaires, afin d’amener la confrontation à l’acuité adéquate. Pour cela, toutes les positions idéologiques-dogmatiques existantes encore à l’intérieur des forces combattantes et du mouvement révolutionnaire doivent être combattues et dépassées, parce qu’elles divisent les combattants, et parce que ces positions ne peuvent pas atteindre le niveau dont on a besoin pour amener les luttes et les attaques à leur acuité politique nécessaire. L’attaque unitaire des lignes stratégiques de la formation de l’Europe de l’Ouest ébranle le pouvoir impérialiste. Organiser la lutte armée en Europe de l’Ouest. Construire dans l’attaque l’unité des forces révolutionnaires combattantes: organiser le front. Lutter ensemble‘.

Communiqué commun RAF / BR-PCC

Février-mai 1989 – 10ème grève de la faim

Le 1er février 1989 commence la 10ème grève de la faim des prisonniers de la RAF pour le rassemblement en un ou deux groupes, pour la libération des prisonniers malades et pour la libre communication avec des groupes sociaux extérieurs. Le mouvement bénéficie d’un large soutien. Les squats de la Hafenstraße de Hambourg, qualifiés de base pour la RAF, sont attaqués par 1.000 policiers. La grève de la faim se termine le 12 mai.

30 novembre 1989 – Action contre Herrhausen

Le 30 novembre 89, le président de la Deutsche Bank, Alfred Herrhausen, est tué dans une embuscade à l’explosif contre sa voiture blindée par le commando Wolfgang Beer de la RAF.

Action contre Herrhausen

1989-1990 – Vague d’arrestations dans l’ex-RDA

Pendant des années, la R.D.A. avait accueilli d’anciens membres de la RAF qui avaient quitté la RAF soit pour des raisons idéologiques (divergences avec la nouvelle ligne de 1982), soit par volonté d’abandonner la pratique révolutionnaire. La R.D.A. leur avait fournit la possibilité de refaire leur vie (nouvelle identité, logement et emploi). En juin 90, l’annexion de la R.D.A. permet aux services spéciaux de la R.F.A. d’arrêter Suzanne Albrecht, Ralf Baptist Friedrich, Sigrid Sternebeck, Inge Viett, Werner Lotze, Christine Dümlein, Ekkehard von Seckendorff-Gudent, Monika Helbing, Silke Maier-Witt et Henning Beer. Les anciens de la RAF sont soumis au chantage: soit ils fournissent suffisamment d’informations pour charger les militants de la RAF, soit ils iront eux-mêmes en prison pour la vie. La majorité refuse, certains acceptent.

27 juillet 1990 – Echec de l’action contre Neusel

Le 27 juillet 90, Hans Neusel, expert en répression de soulèvement et secrétaire d’Etat du ministère de l’intérieur, est attaqué par le commando José Manuel Sevillano (prisonnier des GRAPO mort lors d’une grève de la faim) de la RAF. Neusel (qui en réchappe) était l’un des membres les plus dynamiques dans les rencontres du TREVI, organe de coordination internationale contre le terrorisme. Dans le communiqué, la RAF explique que ‘l’impérialisme a gagné la guerre froide‘, que la chute ‘du bloc socialiste et ainsi de sa fonction historique pour le processus de libération des trois continents a conduit à une nouvelle stabilisation du bloc formé par le pouvoir impérialiste‘.

Communiqué du Commando José Manuel Sevillano

13 février 1991 – Action contre l’ambassade américaine

Le 13 février 91, le commando Ciro Rizatto de la RAF attaque à la mitrailleuse lourde l’ambassade US à Bonn, ‘parce que les USA ont pris dès le départ dans la guerre de destruction contre le peuple irakien le rôle de conducteur‘.

15 septembre 1991 – Action contre Rohwedder

Le 1er avril 1991, Detlev Rohwedder, chef de la ‘Treuhand’ (l’organe de privatisation et de ‘dégraissage’ des entreprises de l’ex-R.D.A.), est exécuté par le commando Ulrich Wessel de la RAF qui affirme la nécessité d’opposer au ‘saut de la bête impérialiste le propre saut révolutionnaire’: ‘Qui ne combat pas meurt à petit feu, la liberté n’est possible que dans la lutte pour la libération‘.

10 avril 1992 – Premier pas vers la liquidation

Mais la chute du bloc socialiste et la fin de la vague des mouvements de libération nationale progressistes dans le Tiers-Monde pose un problème fondamental à la RAF. Comme elle a abandonné les catégories marxistes qui fondent la légitimité et la nécessité d’un combat révolutionnaire sur base des contradictions de classe, elle peine à trouver un fondement et un projet stratégique. Le 5 janvier 92, le responsable du parti libéral (FDP) Kinkel fait une ouverture pour une ‘solution négociée’. Le 10 avril, la RAF annonce qu’elle arrête l’escalade militaire contre l’état, et qu’elle cessera d’attaquer des responsables de l’économie ou de la politique. La raison annoncée par la RAF est que l’ouverture d’un débat sur les perspectives est nécessaire, et que l’escalade militaire n’aurait dans ce cadre que peu de sens. Les réactions à cette annonce sont négatives chez les autres forces de guérilla révolutionnaire. Elles s’expriment dans plusieurs documents: Une perspective révolutionnaire en Europe du collectif ‘Wotta Sitta’ des prisonniers des BR, Liquidation ou redéfinition? du PCE(r), Une déclaration injustifiable des prisonniers des CCC. Ces critiques remarquent surtout ce qui est annoncé ‘en creux’ dans le texte: l’abandon de la lutte armée et du projet révolutionnaire au profit d’une vague pratique ‘produisant’ du lien social. Le document de 82 montrait qu’avec l’abandon ouvert des catégories marxistes, la RAF cherchait à fusionner avec le courant ‘alternatif’. En 1982, la chose devait se faire en liquidant le courant (la RAF écrivait ‘il ne s’agit plus de ‘changer le système’, de ‘modèles alternatifs’ à l’intérieur de l’État, tout cela est devenu complètement grotesque‘). Dix ans plus tard, c’est par la liquidation de leur organisation que les militants de la RAF imaginent cette fusion.

Août 1992 – ‘Nous devons trouver du neuf’, second pas vers la liquidation

En août 92, nouveau texte de la RAF, Nous devons trouver du neuf: ‘Aujourd’hui beaucoup ont peur de l’existence, la destruction du social dans la société en est arrivée à une nouvelle dimension, l’explosion de l’autodestruction, de la violence des gens entre eux/elles. Du manque d’espoir et de l’absence de perspective pour en arriver à des changements positifs, de plus en plus de gens se réfugient dans l’alcool et la drogue, et les taux de suicides augmentent. La frustration, la peur et l’agression se dirigent vers soi-même ou vers d’autres qui sont encore plus bas dans la hiérarchie sociale. Ce sont les nazis contre les gens d’autres couleurs, d’autres nationalités, les homosexuels et les lesbiennes, l’accroissement de la violence contre les femmes, les enfants et les personnes âgées. Les campagnes médiatiques contre les réfugié/e/s et le matraquage des antifascistes dans les rues montrent clairement les intérêts de l’Etat et du Capital à canaliser les mécontentements croissants dans une mobilisation raciste et réactionnaire. A rencontre de cela il est difficile de cerner la possibilité de développer et d’imposer des réponses ayant du sens, et justes, dans la construction de liens solidaires et d’auto-organisation par en bas, partant de la réalité de la vie quotidienne des gens. (…) [la] destruction du social est une des bases essentielles pour le pouvoir et la continuation du système capitaliste. Un contre-pouvoir n’existera que s’il propose une alternative à la normalité des dominants dans cette société et au système. Cela signifie essentiellement: opposer une organisation à la destruction du social, l’aliénation et le chacun pour soi, et en arriver à des espaces sociaux où la solidarité soit vaste et d’où beaucoup prennent en main la responsabilité de développements sociaux – ce que nous appelons processus d’appropriation sociale. De cela vient une force d’attraction, car la lutte pour le social entre les gens est l’alternative sensible à la solitude dans le système, aux fascistes‘. Et de conclure: ‘La voie de la libération passe par le processus d’appropriation sociale, qui deviendra une partie de la nouvelle lutte internationale pour le bouleversement‘.

Les réactions à ce texte sont négatives de la part des forces et prisonniers de la guérilla en Europe.

Nous devons trouver du neuf (extraits principaux)

Collectif des prisonniers des CCC: ‘Une déclaration injustifiable’

1992-1993 – Fondation et démantellement de l’AIZ

En Allemagne apparaît une nouvelle organisation, les Cellules anti-impérialistes (AIZ), qui ne critiquent pas (encore) les nouveaux choix de la RAF mais qui réaffirme la nécessité de la lutte armée pour la lutte anti-impérialiste. Les AIZ affirmeront par la suite que la thèse de la RAF n’est pas suivie et prennent la responsabilité d’assurer la continuité de la politique menée par la RAF de 1972 (libération d’Andreas Baader) à 1991 (mitraillage de l’ambassade US). En fait, les AIZ reprennent la ligne de 1982 (frontisme anti-impérialisme) plutôt que celle de 1972 (anti-impérialisme comme dimension stratégique de la lutte de classe). Elles poussent même le frontisme anti-impérialisme (qui définit l’unité non par le projet social mais par l’ennemi commun: l’impérialisme) jusqu’à trouver un caractère révolutionnaire au mouvement islamique. Cette dérive idéologique isolera les AIZ aussi bien du côté marxiste que du côté subjectiviste (à commencer, bien entendu, par les forces autocentrée sur la lutte anti-patriarcale). Une vague d’arrestations démantèlera les AIZ après quelques actions (contre le siège de l’association patronale de la métallurgie en novembre 93 et celui de la CDU en juin 94).

Un communiqué de l’AIZ

30 mars 1993 – Action contre la superprison de Weitestadt

Le 30 mars 1993, le commando Katharina Hammerschmidt de la RAF fait sauter la superprison en construction de Weiterstadt avec plus de 500 kilos d’explosifs. Une partie des prisonniers de la RAF critique cette action ‘apolitique’ qui ne vise qu’à faire pression pour que les prisonniers soient libérés en échange de l’abandon de la lutte armée.

Action contre la superprison de Weitestadt

Communiqué du Commando Katharina Hammerschmidt

27 juin 1993 – Fusillade à Bad Kleinen, mort de Wolfgang Grams

Un agent parvient à s’infiltrer parmi les sympathisants proches la RAF. Il est à l’origine de l’arrestation à Bad Kleinen de Brigitte Hogefeld, et du meurtre de Wolfgang Grams. Celui-ci avait tué un policier dans la fusillade et avait lui-même été blessé. Gisant à terre, blessé, menotté et désormais sans arme, il est exécuté d’une balle dans la tête.

Wolfgang Grams

Novembre 1993 – Positionnement et grève de la faim des prisonniers

En novembre 1993, la majorité des prisonniers de la RAF critique la RAF (et quelques prisonniers) pour sa tentative de deal avec l’Etat. L’avocat Ströbele aurait discuté avec le chancelier Kohl, et avec des patrons pour que ceux-ci fassent pression en faveur d’un accord politique (arrêt de la lutte armée et libération des prisonniers). La RAF écrit en mars 1994 dans un communiqué qu’il n’a jamais été question de faire un deal avec qui que ce soit, que seul le rapport de force peut libérer les prisonniers. Elle développe à nouveau le thème des ‘contre-pouvoirs sociaux’

Communiqué de la RAF de 1994

20 avril 1998 – La liquidation

Le 20 avril 1998, la RAF rend public un texte daté de mars et intitulé: Pourquoi nous arrêtons. C’est le point final de la dérive subjectiviste: au lieu de revenir à la position d’avant-garde de la lu tte révolutionnaire qui était la sienne en 72, la RAF se dissout dans le courant alternatif. Des conceptions frontistes énoncées par la RAF en 1982 à la proclamation du ‘Front de la guérilla ouest-européenne’ en 1985 pour aboutir au ‘contre-pouvoir à la base’ en 1989, le subjectivisme, qui s’était exprimé d’abord dans le militarisme, sombre dans l’opportunisme et la capitulation.

Pourquoi nous arrêtons

Lettre de Rolf-Clemens Wagner sur la liquidation

15 septembre 1999 – Mort d’Horst-Ludwig Meyer et dernières arrestations

Le 20 juillet 1999, la police trouve des empreintes ADN de militants de la RAF arrêtés sur un lance roquette qui a servi à une attaque de transport de fonds (butin: un million de Mark). Le 15 septembre 1999, Horst-Ludwig Meyer est tué à Vienne dans une fusillade avec les policiers qui viennent l’arrêter. Andrea Klump est aussi arrêtée; elle collaborera avec la police peu après.

Horst-Ludwig Meyer abattu par la police autrichienne

La Résistance subira en général un grand recul à la fin des années 90. Fin 1999, trois vagues d’arrestations démantèlent les RZ qui auront revendiqué plus de 140 actions armées. La lutte armée n’a cependant jamais cessé en R.F.A., elle prend actuellement la forme d’une guérilla diffuse qui s’exprime par des dizaines de petites actions (incendies de sièges d’entreprises d’administration de voitures de fonction, etc.) menées par de petites organisations comme le groupe Klasse gegen Klasse, l’Autonome Miliz, la Militante Antimilitaristische Initiative, et le Militante Gruppe.

6 juin 2015 – Nouvel avis de recherches

Le 6 juin 2015, suite à une attaque manquée contre un fourgon blindé dans la banlieue de Brême, le parquet de Verden affirme avoir relevé l’ADN de trois membres toujours recherchés de la RAF: Daniela Klette, Ernst-Volker Wilhem Staub, et Burkhard Garweg. Ils étaient déjà recherchés leur participation supposée à l’attaque contre le prison de Weiterstadt et contre le transport de fonds le 30 juillet 1999.

27 févier 2024

Arrestation de Daniela Klette à Berlin.

17 octobre 1977-… – Ne rien oublier! Ne rien pardonner!

Sur la tombe

Le mardi 7 juillet 2009, une délégation de notre Secours Rouge/APAPC a été déposer fleurs, drapeau et cigarette sur la tombe des camarades assassinés à Stammheim.

La mort de Benno Ohnesorg
Rudi Dutschke
Incendie à Francfort
Manifestation contre Springer
Procès à Francfort
Au camp du FPLP
Affiche de recherche
Jaquette du livre 'Conception de la guérilla urbaine
Petra Schelm
Affiche militante
Action contre une base de l'armée à Francfort
Action à Münich contre la police et la justice
Campagne de presse contre la RAF
Arrestation de Baader
Action palestinienne à Münich
Ulrike Meinhof
Affiche de solidarité
Affiche pour le procès
Holger Meins
Cadavre de Holger Meins
Affiche pour Holger Meins
La prison de Stammheim
Symbole du Mouvement du 2 Juin
Ambassade d'Allemagne
Genscher à Stockholm
Stammheim
Ulrike Meinhof
Brigitte Monhaupt
Buback
Klaus Croissant
Action contre Jurgen Ponto
Hans Martin Schleyer
Le Boeing 737
La fedayin survivante
Andreas Baader et Gudrun Ensslin
Andreas Baader et Gudrun Ensslin
Jan-Carl Raspe
Irmgard Möller
Les funérailles à Stammheim
Affiche de soutien
Willy-Peter Stoll
Logo RZ
Logo Rote Zora
Action contre le général Haig
La Mercedes blindée de Kroesen
Affiche de recherche (1983)
Brigitte Monhaupt
Christian Klar
L'Air Base de Francfort
Action contre Beckurts
Action contre von Braunmühl
Action contre Herrhausen
Action contre la superprison de Weitestadt
Wolfgang Grams
Horst-Ludwig Meyer abattu par la police autrichienne
Sur la tombe