Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Des affrontements ont éclaté, mercredi, en Cisjordanie entre des Palestiniens dénonçant le prétendu “accord du siècle” américain et l’armée israélienne. L’armée israélienne a fait recours à des balles réelles, des balles en caoutchouc et du gaz lacrymogènes pour disperser les Palestiniens. 41 Palestiniens ont été blessés, dont 3 touchés par balles réelles. Deux manifestants ont été deux blessés par balles réelles dans le quartier Jabal al-Tawil, un autre a été la cible de tirs à balles réelles par un colon israélien à Beit Sira.  Ces événements interviennent un jour après que le président américain ait révélé le prétendu « accord du siècle », mardi, lors d’une conférence de presse à Washington en présence du Premier ministre israélien. Le plan, qui a été rejeté par l’Autorité palestinienne et toutes les factions de la résistance, prévoit la création d’un État palestinien sous la forme d’un archipel relié par des ponts et des tunnels et de faire de la ville de Jérusalem la capitale “indivisible” d’Israël.

Les affrontements à Ramallah

Cette dernière semaine, on estime que 21 manifestant·es ont été tués au cours des manifestations anti-gouvernentales alors que plusieurs autres centaines ont été blessé·es. Les policiers ont notamment tiré à balles réelles et utilisés des gaz lacrymogènes lors d’une manifestation mardi à Bagdad. D’autres manifestations et affrontements ont également eu lieu dans le sud, à Bassora, Amarah, Hilla, Nassiriya, Najaf. Par ailleurs, Al-Dijla, une chaîne de télévision locale couvrait le mouvement de contestation depuis le début a été interdite de diffusion pour un mois à partir de lundi soir. Les forces du ministère de l’Intérieur ont fermé tous les bureaux de la chaine à Bagdad et demandé aux équipes de partir. Selon certaines estimations, plus de 600 personnes ont été tuées par les forces de sécurité depuis le début du mouvement lancé le 1er octobre pour protester contre le manque d’emplois, les services publics médiocres et la corruption endémique.

Au moins 300 manifestant·es tués depuis le début du mouvement en Irak (archive)

Mardi 28 janvier, la cour de cassation a rendu son verdict dans le procès anti-PKK. Ce verdict final confirme de non-lieu de la chambre des mises en accusation qui estimait que le PKK ne pouvait pas être considéré comme une organisation terroriste par la Belgique (voir notre article). Il met un terme à une longue saga judiciaire faites de victoires pour les avocats du PKK et d’appels ou de pourvois en cassation par les parquets belges et turcs. Dans ce dossier, le parquet fédéral souhaitait poursuivre au pénal une trentaine de membres du PKK pour infractions terroristes. Ces derniers étaient soupçonnés d’avoir recruté de jeunes Kurdes en Belgique et ailleurs en Europe, d’avoir fabriqué et commercialisé de faux papiers et récolté des fonds dans le but de financer la lutte armée kurde en Turquie. Plus d’infos ici.

Rassemblement solidaire lors d'une des audiences

Rassemblement solidaire lors d’une des audiences

Après un an et demi de clandestinité, samedi 25 janvier, Gabriel Pombo da Silva a été arrêté au Portugal, la région de Monção. La police portugaise aurait bénéficié de l’aide des polices espagnole et italienne. Gabriel était sorti de prison en 2016 (voir notre article), mais il faisait l’objet d’un mandat d’arrêt international, l’Espagne voulant lui faire purger un supplément de peine de dix ans de prison pour des faits datant des années ’90. Dans la clandestinité, Gabriel a continué à se battre et à apporter sa propre contribution à la lutte anarchiste notamment via ses textes. La cour d’appel de Guimarães dispose désormais de 60 jours pour décider de le libérer ou de le remettre en Espagne. En attendant, il est enfermé à titre préventif dans une prison du nord du pays.

Gabriel Pombo da Silva

250 manifestants s’étaient rassemblés hier lundi devant le Cercle de Lorraine pour empêcher la tenue de la conférence “Back From Davos”. Ils étaient issus de 25 collectifs différents, parmi lesquels Act For Climate Justice et Jeunes FGTB Bruxelles, des Gilets jaunes étaient aussi présents. La police a fait barrage devant les grilles du bâtiments. Certains manifestants sont montés sur des poteaux. D’autres se sont enchaînés bras à bras par des tubes. La police a fermé la circulation automobile dans le tunnel Louise vers la place Poelaert et en surface sur les voies allant de l’arrêt Louise vers la place Poelaert. Les policiers sont ensuite brutalement intervenus pour dégager les manifestants vers 19h45. Un manifestant a reçu un coup de matraque sur la tête. Il a été voir un médecin qui l’a redirigé vers les urgences pour se faire recoudre. Les policiers ont aussi fait usage de gaz. S’ils n’ont pas réussi à faire annuler la conférence “Back From Davos”, les manifestants l’ont considérablement perturbée et réduit drastiquement le nombre de participants.

Devan le Carcle de Lorraine hier soir

Une nouvelle fois, une marche féministe s’est terminée par des affrontements à Mexico. Samedi, la police, les journalistes et certains immeubles officiels ont été attaqués avec des bouteilles de peintures ou des cocktails Molotov par des manifestantes, malgré un déploiement policier massif (1.600 agents). La manifestation contre les féminicides est partie du Palais des Beaux-Arts pour marcher sur le Sénat. Trois policières ont été hospitalisées.

A Mexico ce samedi

La signification de l’abandon de la grenade GLI-F4 par le ministère de l’intérieur français (voir notre article) se révèle être très faible. D’abord parce que sa remplaçante reste un engin pouvant mutiler, même si elle explose sous l’effet d’un dispositif pyrotechnique plutôt qu’un explosif au sens strict (ce qui implique une onde de choc moindre). Dans son mémoire de défense devant le Conseil d’Etat en mai dernier, le ministère de l’intérieur écrivait : «Le choix de la grenade GM2L, dont la puissance (et donc la dangerosité pour quiconque voudrait ramasser un tel projectile) est quasiment similaire à celle de la GLI-F4, malgré l’absence d’explosif». Cependant, la GM2L produirait moins d’éclats vulnérants, du fait de l’emploi de plastique polyéthylène élastomère.

Mais outre cet aspect technique, l’annonce du retrait de la GLI-F4 pourrait simplement correspondre à l’épuisement des stocks! En effet, la GLI-F4 n’est plus produite depuis 2014, et le ministère de l’Intérieur annonçait il y a déjà un an et demi qu’elle serait utilisée jusqu’à l’épuisement des stocks. Interrogé par Libération sur la quantité de GLI-F4 restantes dans les armureries de la police et de la gendarmerie, le cabinet du ministère de l’Intérieur n’a pas répondu…

Fiche technique de la GM2L

 

Une opération spéciale des forces combinées (armée, marine, police et direction anti-terroriste) a permis la capture de quatre militants présumés du PCP-SL. Walter Chimayco Quispe, Alfredo Limachi Cardenas, Hugo Efraín Quispe Caguin (capturé à Huamanga) et Fermin Pacheco Lazo (arrêté à Pichari) sont accusés d’appartenir aux bases de soutien de la guérilla maoïste dans la région VRAEM (Vallée de los Ríos Apurímac, Ene y Mantaro) .

Combattants du PCP-SL

En janvier 2019, Peter Terryn a été condamné à six mois de prison avec sursis pour avoir publié une sérigraphie expliquant le circuit de voie à la veille de la grève générale de 2016 (voir notre article). Ce circuit de voie est un système de sécurité et de détection des circulations des trains. Cette sérigraphie explique donc comment les voies fériés et les trains peuvent être bloqués sans compromettre la sécurité des travailleurs ou des voyageurs. Ce système, loin d’être secret, a souvent été utilisé lors de précédents mouvements sociaux. Il figure notamment sur Wikipedia et dans de nombreuses clips des compagnies ferroviaires sur YouTube.

Au niveau légal, Peter Terryn avait été condamné pour « entrave méchante à la circulation » (art. 406 du code pénal) et pour avoir « détruit, par quelque moyen que ce soit, des édifices, ponts, digues, chaussées, chemins de fer, ou autres ouvrages d’art » (art. 521). Rien de tel ne s’étant produit en réalité, le tribunal correctionnel de Malines c’est basé sur l’article 66 datant de 1891 qui punit « ceux qui soit par des discours tenus dans des réunions ou dans des lieux publics, soit par des écrits, des imprimés, des images ou emblèmes quelconques, exposes aux regards du public, auront provoqué directement à commettre des crimes ou à des délits, même dans le cas où ces provocations n’ont pas été suivies d’effet. » Peter Terryn a interjeté appel et sera jugé par la Cour d’Appel mercredi 29 janvier à 11h30 à Anvers.

Peter Terryn devant le tribunal de Malines

Le ministre français de l’Intérieur a annoncé aujourd’hui dimanche le retrait d’une grenade de désencerclement explosive utilisée par les forces de l’ordre en France, qui a provoqué de graves blessures chez des manifestants. La GLI-F4 (17,8 cm de hauteur, 5,6 cm de diamètre, 190 g), fabriquée par SAE Alsetex, a un triple effet: lacrymogène, sonore (forte détonation) et de souffle. Sa dangerosité réside dans son caractère explosif (elle contient 26 g de TNT). A Notre-Dame-des-Landes ou lors des manifestations « gilets jaunes », des personnes ont eu un pied mutilé ou une main arrachée par cette arme. La France est le seul pays d’Europe à continuer d’employer des munitions explosives dans le maintien de l’ordre face à des manifestants. Un autre type de grenades, les OF-F1, a été interdit en mai 2017 pour les opérations de maintien de l’ordre, après la mort en 2014 de Rémi Fraisse. Pour en savoir plus

grenades en service en France