Lundi 20 avril, Kezy, un habitant d’une cité de logements sociaux dans les Marolles (Bruxelles), était arrêté car il fumait une cigarette devant chez-lui. Une dizaine de voitures de police, 29 agents et deux chiens avaient participé à l’opération (voir notre article). Emmené au commissariat central de Bruxelles, il avait été libéré deux à trois heures plus tard et était rentré chez lui. Notons qu’il porte depuis décembre un bracelet électronique qui doit lui être retiré ce jeudi 23 avril. Le lendemain, vers midi, deux autres agents se présentent à l’appartement familial. Kezy est absent, il est parti faire un tour dans la limite du périmètre et des horaires qui lui sont autorisés. Les policiers disent à sa famille qu’ils sont venus lui présenter des excuses, puis repartent. De retour chez lui, Kezy discute avec sa famille et décide d’aller porter plainte. Vers 14 heures, il part vers l’hôpital pour y faire constater les séquelles du contrôle de la veille : coup à la joue, plaies à la tête, douleur à la cheville. Mais il revient un quart d’heure plus tard, essoufflé et anxieux. Il annonce à son famille qu’il a rencontré des policiers qui l’ont menacé de lui retirer son bracelet électronique et de l’envoyer à la prison de Saint-Gilles.

Une patrouille de police ne tarde pas à arriver, parmi laquelle les deux agents venus quelques heures plus tôt « présenter leurs excuses ». À l’intérieur de l’appartement, Kezy téléphone aux agents du Centre de surveillance électronique chargés de vérifier ses déplacements via son bracelet. Ceux-ci lui disent n’avoir constaté aucun écart de sa part et ne rien lui reprocher. Mais pendant ce temps, les policiers ont grimpé sur le balcon et donnent des coups dans la porte de l’appartement. Kezy se laisse donc arrêter. Sa famille ignore où il a été emmené et pour quelle raison. Plus d’infos ici.

Arrestation de Kezy, un habitant des Marolles

Arrestation de Kezy, un habitant des Marolles

Jeudi 16 avril, les familles des détenus de Rebibbia (la principale prison de Rome) se sont réunies à l’extérieur de la prison pour manifester suite à une lettre qu’ils avaient adressé aux autorités et qui était restée sans réponse. Dans la lettre, les membres des familles demandaient plus de sécurité et des mesures adaptées à la situation sanitaire pour faire face à l’épidémie de COVID-19. La police a dispersé violemment les manifestants et a arrêté 8 personnes.

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Samedi 11 avril, le prisonnier anarchiste Ilya Romanov est sorti de prison suite à la décision du tribunal de Zubovo-Polyanski (de la République de Mordovie) de le libérer pour raison de santé. En 2015, il a été condamné à 10 ans de prison pour « apologie du terrorisme » et « préparation d’un attaque terroriste ». Il avait été arrêté au petit matin du 26 octobre 2013 dans la ville de Nijni-Novgorod après l’explosion prématurée d’un engin artisanal près de la commission militaire de la ville. Cette explosée lui avait couté son poing gauche qui avait du être amputé (voir notre article).

Ilya Romanov à sa sortie de prison

Mostafa Salimi, un prisonnier politique kurde de 51 ans, condamné à mort, s’était évadé de la prison de Saqez, au Kurdistan iranien, le 27 mars dernier après une émeute (voir notre article). Il avait déjà purgé 17 années dans les prisons iraniennes. Après son évasion, Mostafa Salimi a pu traverser la frontière et arriver dans la région autonome du Kurdistan irakien. Mais les services de sécurité du Kurdistan irakien l’ont arrêté dans la ville de Pnjwyn et l’ont livré aux agents de sécurité iraniens à la frontière de Pnjwyn, alors qu’ils savaient qu’il allait être exécuté. Il a été effectivement exécuté par les bourreaux de la République islamique hier matin, dimanche 11 avril.
Mostafa Salimi

Aujourd’hui, une rébellion a éclaté à la prison d’Eleonas à Thèbes, après la mort d’une femme de 35 ans, qui avait été signalée comme présentant tous les  symptômes du Coronavirus. La révolte est partie de l’aile C de la prison et s’est maintenant répandue dans toute la prison, tandis que les forces de police sont présentes en nombre à l’extérieur. Selon les prisonnières, rien n’a encore été fait pour préparer la pandémie malgré les promesses de soulager les prisons surpeuplées. Elles affirment que les hôpitaux n’acceptent pas les patients des prisons et qu’il n’y a pas de médecin à Thèbes. Enfin, elles s’insurgent contre le fait que les groupes vulnérables n’aient pas été libérés. Selon elles, maintenir une telle situation revient à les condamner à mort. La prison de Thèbes est la prison où est enfermée Pola Roupa, militante du groupe armé anarchiste « Lutte Révolutionnaire ». Elle y avait été transférée de force à cause de son rôle dans l’organisation de révoltes de prisonnières à la prison de Korydallos, également à propos du Coronavirus (voir notre article). Pola Roupa a rendu public un document sur la crise sanitaire du coronavirus: voir ici

Pola Roupa

En décembre 2019, le père (Paul Newie) et le plus jeune frère (Sam Newie) d’un volontaire YPG présent au Rojava (Dan Newie), étaient arrêtés et mis en garde à vue pour « soutien à un groupe terroriste » (voir notre article). Parallèlement, Daniel Burke, membre du YPG en 2017-2018 ayant combattu Daech lors de l’offensive de Deir-ez-Zor, passait devant le tribunal de Westminster suite à son arrestation le 7 décembre. Le système judiciaire britannique souhaite maintenant coupler les deux affaires et poursuivre Paul Newie, Sam Newie et Daniel Burke ensemble. Le procès devrait commencer le 1er mai sous réserve que l’épidémie de Coronavirus ne le reporte pas. Une campagne de soutien est en cours.

Daniel Burke

Daniel Burke

Mercredi 25 mars, la Ministre de la Justice Nicole Belloubet a annoncé la libération de 5000 à 6000 détenus des prisons françaises afin de lutter contre les risques sanitaires en pleine pandémie de COVID-19. Emprisonné depuis près de 36 ans, libérable depuis 1999 et âgé de 69 ans, Georges Abdallah est exclu de cette mesure. L’exclusion de Georges Abdallah de ce nouveau dispositif témoigne de l’acharnement de l’État français contre ce communiste arabe et combattant de la cause palestinienne qui reste debout après 36 ans d’emprisonnement. Une campagne en ligne est organisée par le Collectif Palestine vaincra pour exiger la libération de Georges.

Campagne pour la libération de Georges Abdallah en période de pandémie du Coronavirus

Campagne pour la libération de Georges Abdallah en période de pandémie du Coronavirus

Le 19 mars, la police a arrêté dans une rue de Minsk un militant anarchiste biélorusse, ancien prisonnier politique, Mikalai Dzyadok. Le motif officiel de la détention était une poursuite pénal fondée sur l’art. 17.1 du Code des infractions administratives (petit hooliganisme). L’affaire a été engagée contre lui pour avoir prétendument écrit des insultes contre la police sur les murs d’une auberge de jeunesse. Mikalai Dzyadok a été emmené au département de police du district de Savetski. Actuellement, il est détenu dans un « centre de pré-détention ». Il avait été condamné à 4,5 ans de prison en 2014 (voir notre article), assorti d’une condamnation supplémentaire d’un an  (voir notre article). L’année passée, il avait été condamné à une amende pour une manifestation non autorisée pour la libération des prisonniers politiques.

Mikalai Dzyadok

Le 15 mars, plusieurs organisations avaient appelé à descendre dans la rue pour dénoncer la corruption du pouvoir actuel et exiger la vérité sur un scandale de détournement de fonds dans l’achat de matériel militaire, révélé par la presse en février (soupçons de surfacturation et de fausses factures portant sur plusieurs centaines de milliards de francs CFA, soit des centaines de millions d’euros, de 2011 à ,20199). Bien que le 13 mars, des mesures restreignant les libertés publiques ont été prises dans la lutte contre le Covid-19, les organisateurs de la manifestation n’ont reçu aucune notification d’interdiction. Tôt dans la matinée du dimanche 15 mars, les forces de l’ordre ont bloqué toutes les voies menant à la place de la Concertation, à Niamey, lieu du rassemblement. Quatre personnes ont été tuées à proximité d’un marché de la capitale qui a pris feu après l’intervention des forces de l’ordre et quinze personnes ont été arrêtées dont des acteurs de la société civile, toutes interpellées à leur domicile. Après quatre jours de garde à vue, six d’entre eux ont été placés sous mandat de dépôt pour «participation à une manifestation non autorisée». Une précédente manifestation contre la corruption avait été brutalement réprimée (voir notre article).

Militants arrêtés au Niger suite à la manifestaition du 15 mars 2020

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Mercredi 25 mars, Nikos Maziotis a été transféré par les forces de police spéciale de la prison de Korydallos vers la prison de Domokos sans qu’il n’ait pu emporter le moindre effet personnel, pas même sa veste. Ce transfert intervient deux jours à peine après le transfert disciplinaire de Pola Roupa qui menait la mobilisation dans la prison des femmes de Korydallos (voir notre article). Dans un texte écrit plus tôt avant son transfert, Nikos Maziotis avait critiqué un décret gouvernemental sur les coronavirus, l’analysant comme un outil pour permettre à l’État de contrôler les citoyens et leurs mouvements à grande échelle.

Nikos sdet Pola à leur procès, avec une délégation solidaire du SR