La répression « douce » (soft repression) est moins visible que la répression policière et judiciaire « dure » mais peut-être tout aussi destructrice et parfois davantage. Impulsée par le pouvoir, elle met en œuvre les forces répressives mais aussi et surtout des acteurs non-étatiques, à commencer par les médias. Elle agit par des mécanismes comme la stigmatisation, le dénigrement ou l’isolement social. En apparence, aucune violence n’est infligée, mais les bases même de la lutte sont minées.

Voir le texte intégral

répressiondouce

Quelque soit la météo, rien n’empêchera la nouvelle recrue de la police chinoise de réaliser sa patrouille. Il s’agit d’un robot autonome, développé par la société Logon Technology, l’agent RT-G peut identifier et immobiliser toutes personnes faisant actes d’opposition, de dissidence ou de délinquance. L’objet sphérique ne pèse que 125 kg et peut atteindre une vitesse de 35 km/h. Sa forme pourrait s’avérer déterminante pour aller sur des terrains accidentés, comme l’a montré une vidéo promotionnelle où le RT-G évolue dans la terre et la boue. Avec ses capacités de reconnaissance faciale, le robot est vanté pour son rôle d’assistant de patrouille urbaine. Lors de sa présentation, les capacités de résistance du RT-G ont été mises en avant avec un agent tentant de briser une batte de baseball sur la sphère, l’engin peut encaisser des chocs pouvant atteindre quatre tonnes. Le RT-G dispose de son propre arsenal considéré comme non létal : canon à filet, pulvérisateurs de gaz lacrymogène, grenades et dispositifs de dispersions.

La police de Londres est pionnière dans l’utilisation de la technologie de la reconaissance faciale. Elle l’utilise avec un van équipé de caméras capturant des images en temps réel des passants, dont les visages sont comparés avec ceux de suspects placés sur une liste de surveillance. Si l’un d’eux passe à proximité du van, le système déclenche un signal d’alerte, qui permet aux policiers de l’interpeller, après vérifications.

En 2024, 540 personnes ont été arrêtées de cette manière, et 406 d’entre elles ont depuis été inculpées ou ont reçu un avertissement de la justice déclare la police londonienne qui assure que si une personne passe devant une caméra et ne figure pas sur une liste de surveillance de la police, ses données biométriques sont immédiatement et définitivement supprimées.

Le Centaure est le nom du nouveau véhicule de la gendarmerie « made in France », commandé en 2021 afin de remplacer les précédents engins vieillissants, 90 de ces blindés seront mis en service d’ici 2025. Les premiers véhicules ont été déployés dans le cadre de la lutte écologique contre l’autoroute A69 ( voir article ici ). Il pèse 14,5 tonnes, est équipé d’une caméra avec une portée de 9 kilomètres efficace de jour comme de nuit, de lanceurs de grenades, d’une mitrailleuse et d’armement en tout genre, ce blindé est décrit comme un « concentré de technologies et de robustesse ». 16 de ces véhicules porteurs de haute technologie ont été envoyés en Kanaky afin de mettre au pas la révolte ( voir article ici ).

L’attirail technologique souffre de la chaleur et de l’humidité, ils ont besoin d’être stockés au frais. Ces véhicules ne supportent pas le climat kanak et sont hors-service. L’état français a dépensé pas moins de 70 millions d’euros pour l’achat des Centaures, il  avait aussi commandé pour 27 millions d’euros de grenades de désencerclement, une commande qui complète les 4 millions d’euros d’achats de matraques télescopiques en septembre.

Depuis quelques mois, la gendarmerie nationale expérimente une nouvelle arme de maintien de l’ordre, un lanceur acheté en urgence pour la Kanaky, douze grenades peuvent être tirées quasi simultanément. Vendredi 19 juillet, des militants anti-mégabassines coupent à travers champs pour éviter les forces de l’ordre, suite à trois tirs de grenades lacrymogènes, la paille sèche prend feu les obligeant à se mettre en sécurité ( voir ici ). Ce que les militants des « Soulèvement de la Terre » ignorent, c’est qu’ils viennent de faire face à la première utilisation d’une nouvelle arme sur le sol français métropolitain. Dans le dispositif des gendarmes, deux pick-ups, sur leur plateforme arrière, un nouveau lance-grenades, cet équipement permet de tirer pas une mais douze munitions simultanément, à une distance de 50, 100 ou 200 mètres.

À 17 000 km, l’arme a déjà été utilisée le 8 juin, alors que des affrontements en Kanaky ont lieu depuis un mois ( voir article ici,  ici et ici ) Lors d’un barrage installé par la gendarmerie devant l’aéroport de La Tontouta, sur un trépied prévu pour recevoir appareils photo et caméras, le nouveau lanceur renforce leur dispositif.

Lance grenades, systèmes de masquage de calibre 56mm et 40x46mm offre une capacité de 4, 8 ou 12 coups fabriqués par TR Equipement.

Alors que l’application France Identité est désormais accessible à tous et toutes, bon nombre de Français gardent leur carte obsolète, non conforme aux règlementations en vigueur depuis 2021. Les autorités font donc le forcing pour amener les Françaises et les Français à demander un renouvellement anticipé de leur carte, afin de passer à la carte d’identité électronique (format carte bancaire) liée à une carte d’identité dématérialisée. Ce renouvellement nécessitait de faire une demande justifiée par la perte ou le vol du document, ou encore par un changement d’état civil. L’opération était facturée 25€ en cas de non-présentation de l’ancien document.

Pour pousser toujours plus de monde à adopter l’identité numérique, France Titres, anciennement connue sous le nom d’Agence nationale des titres sécurisés, a annoncé qu’il serait possible, dès l’année prochaine, de demander gratuitement une nouvelle carte d’identité électronique. Dans un premier temps, seuls les détenteurs d’une carte d’identité reçue entre 2016 et 2021 seront éligibles: sur cette période-là, l’agence a les données d’identité dans ses fichiers, ce qui permet de créer automatiquement les nouvelles cartes électroniques. En plus de la carte d’identité et du permis de conduire, l’application gouvernementale accueillera bientôt la carte Vitale et la carte grise, qui fera l’objet d’une expérimentation en début d’année prochaine.

Dans un article de StreetPress, on apprend que la Marie de Saint-Denis est en train de déployer un dispositif de vidéo surveillance algorithmique (VSA) basé sur 500 caméras et un logiciel (développé par la société Altrnativ) qui analyse le comportement des citoyens et citoyennes à l’aide de leurs données biométriques. Les habitants de la ville s n’ont pas été informés du déploiement de cette nouvelle technologie, ni des domaines dans lesquels elle serait utilisée d’application.

La VSA est officiellement encore en phase d’expérimentation jusqu’en mars 2025 (voir notre article), mais il est de plus en plus clair que cette technologie sera autorisée à titre définitif, le premier ministre Michel Barnier s’étant prononcé en faveur de sa généralisation début octobre.

.

L’île Maurice est en proie à un scandale d’écoutes téléphoniques à grande échelle lié aux élections législatives du 10 novembre, des extraits de conversations téléphoniques de personnalités politiques, de membres de la société civile, de diplomates et de journalistes ont été enregistrés et ont fuité sur les réseaux sociaux. L’ICTA (Autorité des technologies de l’information et de la communication) a bloqué ce vendredi l’accès aux réseaux sociaux. La mesure a été annoncée par l’opérateur de télécommunications EMTEL qui a reçu jeudi en fin de journée l’ordre de bloquer l’accès à toutes les plateformes de réseaux sociaux. Le blocage devrait durer jusqu’au 11 novembre, soit le lendemain du scrutin. Les internautes ont été surpris ce matin de ne pas pouvoir accéder à Facebook, Youtube,..

Edit: La censure des réseaux sociaux devait initialement se poursuivre jusqu’au lendemain des élections législatives du 10 novembre. Face aux nombreuses protestations, le gouvernement a fait marche arrière.

Le gouvernement français cherche à étendre la surveillance des activités des Français sur le web pour mieux «les comprendre ». Le SIG ( Service d’information du gouvernement ) vient de publier un appel d’offres pour renouveler le contrat d’écoute des réseaux sociaux. En 2025, cela concernera également l’analyse des recherches en ligne sur les moteurs comme Google et des signaux faibles comme les appels à manifester, à se rassembler. D’après le SIG, ce protocole permet de mieux comprendre la circulation de l’information. Seront scrutés: le nombre de vues, les commentaires, les likes, les retweets ainsi que les mentions sur un sujet particulier. En outre, les discussions publiques tenues en ligne sur Emmanuel Macron, Michel Barnier, des membres du gouvernement, des ministères ou des représentants de l’Etat (policiers, fonctionnaires, ambassadeurs, etc.) pourront être consultées.

Il s’agira de détecter les signaux faibles, de scruter Google, Youtube, Tik Tok et consorts à la recherche des tendances qui pourraient aboutir à des “évènements critiques” comme le mouvement des gilets jaunes ou les récents affrontements en Kanaky. L’IA serait notamment utilisée pour “prédire ces évènements”.

Le LRPPN, cest le logiciel de rédaction des procédures de la police nationale française. Créé dans les années 90, il n’a cessé d’accumuler les rustines au fil des réformes, sans jamais connaître la refonte profonde dont il aurait besoin. Obsolète, bogué, compliqué, lent et instable, il faut parfois jusqu’à 30 minutes pour l’ouvrir. Et les fréquents plantages obligent les policiers à recommencer de zéro le procès-verbal. De plus, ce logiciel n’est plus adapté aux évolutions de la procédure pénale. De nouvelles mentions obligatoires, de nouveaux droits pour les suspects sont venus s’ajouter au fil des années. Sauf que le LRPPN, lui, n’a pas suivi. Les policiers n’ont pas d’autre choix que de bidouiller, en ajoutant des mentions manuscrites sur les PV informatiques, ce qui est source de nombreux vices de procédure faisant annuler des gardes à vue.

Le ministère de l’Intérieur a bien prévu de remplacer le LRPPN obsolète. Baptisé LPJN (Logiciel de Procédure Judiciaire Numérique), il devrait être plus moderne, ergonomique et interopérable avec les autres outils numériques de la Justice. Mais ce projet ne devrait pas voir le jour avant 2027-2028 au mieux – ou plutôt au pire. En attendant, les policiers pestent et font des memes: