Le 16 octobre, Daniel Gallardo a été arrêté lors d’une manifestation de soutien aux prisonniers indépendantistes catalans à la Puerta del Sol (Madrid). Il est accusé d’avoir attaqué un policier avec un bâton en bois (ce qu’il conteste). Les motifs d’accusation sont « troubles publics », « attaque », « résistance à l’autorité » et « coups et blessures ». Il s’agit d’accusations habituelles utilisées par les policiers dans le cadre de manifestations. Concrètement, Daniel était intervenu pour venir en aide à une de ses camarades de son groupe de 4 militant·es qui était en train de se faire frapper par un policier. Les quatre personnes ont été arrêtées mais Daniel est le seul qui fait l’objet d’une détention préventive ordonnée par le tribunal d’instruction numéro 22 de Madrid. Il y a quelques jours, le tribunal a rejeté l’appel déposé par son avocat pour demander sa libération.

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Manifestation de soutien aux prisonniers indépendantistes catalans à la Puerta del Sol (Madrid)

Manifestation de soutien aux prisonniers indépendantistes catalans à la Puerta del Sol (Madrid)

Jeudi 12 décembre, Roland Veuillet, un Gilet Jaune de Nîmes, est passé devant le tribunal correctionnel après une garde à vue au commissariat pour « acte d’intimidation envers un policier ». Le militant comparaissait dans le cadre d’un procès où l’ensemble des faits qui lui étaient reprochés avaient été rassemblés pour une même audience. Il devait ainsi être jugé pour « acte d’intimidation », « participation à un attroupement après sommation de se disperser », « entrave à la circulation des véhicules », « rébellion », « dénonciation calomnieuse » et « outrage » ; le tout pour une période allant de décembre 2018 à décembre 2019.

Dès son arrivée dans le box des détenus, Roland Veuillet a revendiqué son statut de prisonnier politique et affirmé n’avoir « rien à faire face au tribunal correctionnel ». Son avocate a quant-à-elle demandé à ce que Roland Veuillet sorte du box des détenus et puisse être jugé à la barre. Le président du tribunal a cependant décidé de le laisser derrière les vitres du box encadré par des policiers. Face à cette décision, Roland Veuillet a refusé de répondre au tribunal puis s’est couché dans le box face à des policiers médusés et des juges décontenancés. Cette réaction a provoqué plusieurs réactions de la part des nombreux soutiens issus du monde syndical et de l’univers des Gilets jaunes présents dans la salle. Le président a alors ordonné l’évacuation des soutiens qui, mécontent du huis clos qui s’annonçait, ont demandé au prisonnier s’ils et elles devaient obtempérer. Roland Veuillet a répondu de rester dans la salle et de se coucher également. Les soutiens ont cependant dû quitter la salle d’audience sous la pression des policiers.

Roland Veuillet s’est ensuite relevé mais a décidé de tourner le dos au tribunal. Le président a exigé qu’il arrête de tourner le dos sous peine d’être évacué dans la cellule. Lorsque son éviction du box fut ordonnée, Roland Veuillet a choisi de se recoucher. Les policiers sont cependant parvenus à l’extraire du box. Finalement les juges, à la demande du vice-procureur, ont décidé le placement en détention du militant en attente de son procès le 9 janvier 2020. Des renforts de policiers sont venus s’assurer qu’aucun débordement ne perturbe l’annonce de l’incarcération de Roland Veuillet. Celui-ci a annoncé qu’il entamait une grève de la faim et de la soif.

Roland Veuillet

Roland Veuillet

Dimanche 15 décembre, Mohammed al-Doujaïli, un militant engagé dans le mouvement de contestation contre le pouvoir irakien a été assassiné à Bagdad. Il a été abattu d’une balle dans le dos non loin de la place Tahrir, épicentre du mouvement social, et a succombé à ses blessures dimanche matin. Un de ses amis, qui se trouvait avec lui, a également été blessé. Il est encore hospitalisé. Mohammed al-Doujaïli distribuait des repas aux manifestant·es sur Tahrir, tout comme Zahra Ali, retrouvée morte avec des marques de torture le 2 décembre. Il s’agit donc du quatrième militant à subir un tel sort (voir notre article).

Par ailleurs, deux militants actifs sur la place Tahrir, ont été blessés dans l’explosion de leur voiture à Diwaniya où ils étaient venus rencontrer les manifestant·es de cette ville dans le sud du pays. L’un d’eux a été grièvement touché par cette explosion apparemment provoquée par un engin explosif placé sous le véhicule. Le bilan total de la répression atteint désormais quelques 460 mort·es et 25.000 blessé·es.

Des activistes du mouvement social en cours en Irak (archive)

Des activistes du mouvement social en cours en Irak (archive)

Vendredi 13 décembre, plusieurs milliers de manifestant·es se sont rassemblé·es près de la clôture marquant la frontière de la bande de Gaza. Cinq Palestinien·nes ont été blessé·es par des balles réelles tirées par l’armée d’occupation à travers la clôture. D’autres manifestations, rassemblant plusieurs milliers de personnes, se sont tenues ailleurs dans la bande de Gaza. Il s’agissait de la 87ème « Marche du retour », un mouvement lancé le 30 mars 2018 (voir notre article).

Evacuation d'un blessé de la 5e Marche du Retour

Évacuation d’un blessé de la cinquième « Marche du Retour »

 

Mardi 3 décembre, Furkan Sevim, étudiant à l’Université Eskişehir Anadolu, a été condamné à 7 ans et 6 mois de prison pour « appartenance à une organisation armée » et à 2 ans et 3 mois de prison pour « propagande pour une organisation illégale. Il écope donc au total d’une condamnation de 9 ans et 9 mois de prison. Sevim a été arrêté l’année dernière lors d’une descente de police à son domicile suite à une plainte déposée au Centre de communication de la présidence (CİMER) concernant son activité sur les réseaux sociaux. 
Au cours du procès sa possession d’un livre sur Ibrahim Kaypakkaya, d’une casquette avec une étoile, d’une lettre qui lui a été envoyée par des étudiants en détention provisoire ainsi que l’impression d’un discours de Mahir Çayan (co-fondateur du Parti-Front de libération des peuples de Turquie) à l’Université d’Ankara ont été considérés comme des éléments incriminants.
Action du DHKP-C à Istanbul (archive)

Action du DHKP-C à Istanbul (archive)

Mardi 10 décembre, au lendemain d’une manifestation en solidarité avec le Rojava, la police allemande et la sécurité de l’état ont mené deux perquisitions : l’une contre une association kurde d’Osnabrück, l’autre contre le domicile d’un responsable de cette association à Münster. Des dizaines de documents, livres, brochures, ordinateurs et téléphones de l’association ont été confisqués. Ces perquisitions s’inscrivent dans une politique de criminalisation systématique menée par l’État allemand contre les militants kurdes.

Opération policière contre une association kurde

Opération policière contre une association kurde

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Dans la nuit du mardi 10 au mercredi 11 décembre, Ali al-Lami, un militant engagé dans le mouvement de contestation contre le pouvoir, a été retrouvé à Bagdad abattu de trois balles dans la tête. Les balles auraient été tirées depuis l’arrière par des pistolets munis de silencieux. Le même jour, Zahra Ali, une militante qui distribuait des repas sur la place Tahrir (épicentre du mouvement à Bagdad), a été enlevée et retrouvée morte, torturée, quelques heures plus tard. Dimanche, c’était au tour de Fahem al-Taï, un autre militant qui a été abattu par deux personnes à moto (probablement à l’aide d’un pistolet muni d’un silencieux) alors qu’il rentrait chez lui à Kerbala. En moins de dix jours ce sont donc trois militant·es qui ont été assassiné·es dans des conditions obscures dans le pays. Avant cela, depuis début octobre, plusieurs autres militant·es avaient été retrouvé·es mort·es dans différentes villes du pays. En outre, des dizaines de manifestant·es et de militant·es ont été enlevé·es et retenu·es plus ou moins brièvement par des hommes armés et en uniformes.

Vendredi soir, des hommes lourdement armés non identifiés et voyageant en SUV  (dont certains été équipés de mitrailleuses) ont investi un parking à étages près de la place Tahrir pour en écartant les contestataires qui occupaient la place depuis plusieurs semaines. Vingt protestataires ont été tué·es à l’arme à feu ou au poignard. Une centaine de personnes ont également été blessées. Au total, le bilan de la répression du mouvement de contestation, qui dure depuis début octobre (voir notre article), atteint désormais plus de 450 mort·es et 20 000 blessé·es.

Manifestant·es à Bagdad (archive)

Samedi 7 décembre vers 12h15, la police a lancé un raid contre une maison louée via la plate-forme AirBnB et a arrêté 16 personnes à Bordeaux. Elles sont accusées de « dégradations en réunion », et d' »association de malfaiteurs en vue de commettre des dégradations et violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique ». Concrètement, les militant·es sont accusé·es d’avoir tagué à plusieurs reprises « ACAB » dans le quartier et d’avoir en leur possession du matériel (prétendument retrouvé durant la perquisition) qui aurait pu être utilisé contre la police lors de la manifestation de l’acte 56 des Gilets Jaunes. Les militant·es ont été présenté·es à un juge d’instruction lundi. Ils et elles ont probablement été placé·es en détention provisoire, comme l’a demandé le parquet de Bordeaux.

Arrestations de Gilets jaunes à Bordeaux (archive)

Arrestations de Gilets jaunes à Bordeaux (archive)

Mardi 26 novembre, Rodrigo Lanza, un anarchiste chilien a été condamné à cinq ans de prison en Espagne. Il était accusé d’homicide suite à la mort d’un fasciste dans un affrontement en 2017. Ce dernier était soldat de la Légion espagnole. Il avait menacé Rodrigo Lanza avec un couteau dans un bar de Saragosse à l’aube du 8 décembre 2017. Rodrigo Lanza lui avait alors asséné un coup de poing qui avait provoqué sa chute mortelle en brisant son cou.

Le parti fasciste Vox avait mené une campagne, relayée dans la presse sous le nom de « procès des bretelles », accusant Rodrigo Lanza d’avoir frappé sans provocation le légionnaire fasciste parce que celui-ci « portait un symbole espagnol ».

Arrêté peu après l’affrontement, Rodrigo Lanza est allé en détention provisoire jusqu’à son procès au cours duquel il encourait une peine de 25 ans de prison pour meurtre avec haine aggravante (haine supposément « dirigée contre les Espagnols »). Il sera finalement reconnu coupable d’homicide involontaire. La peine maximale prévue par la loi était de quatre ans de prison, à moins que le juge ne décide d’augmenter la peine d’un degré, auquel cas il pouvait aller jusqu’à six ans. Celui-ci choisira finalement de condamner Rodrigo à 5 ans de prison et à payer 200 000 euros à la la famille du légionnaire fasciste.

Toutes les parties feront très probablement appel du jugement, d’abord devant la Cour supérieure de justice d’Aragon puis devant la Cour suprême. La défense le fera en demandant que la sanction soit réduite d’un degré et que le maximum qui puisse être infligé soit d’un an ; l’accusation demandera que les faits prouvés soient révisés et une condamnation pour meurtre et crime de haine.

Plus d’infos ici.

Rodrigo Lanza

Rodrigo Lanza

 

 

Mercredi 11 décembre, une table ronde en solidarité avec le peuple kurde est organisée à la Salle du Placet (Rue des Sports 2) à Louvain-la-Neuve. Cet événement organisé par le collectif de solidarité Liège-Rojava et le Collectif des Femmes à Louvain-la-Neuve, rassemblera quatre intervenant·es qui aborderont différents aspects de la révolution au Rojava. Plus d’infos ici.

Programme :

  • Said Tame : Historique de la révolution au Rojava depuis 2011 jusqu’aux
    nouvelles les plus récentes dans le contexte géopolitique de la région
  • Sixtine van Outryve d’Ydevalle : Les fondements de l’écologie sociale et
    sa formulation à travers le communalisme libertaire.
  • Jans Albatross : L’application des principes de l’écologie sociale au Rojava
  • Gulistan Ozer : La révolution des femmes – la Jineoloji
Table ronde en solidarité avec le peuple kurde

Table ronde en solidarité avec le peuple kurde