Le PDK (Parti Démocrate du Kurdistan, le parti féodal libéral qui gouverne la région autonome du Kurdistan en Irak) veut depuis longtemps conquérir le Rojava. Il demande régulièrement à faire entrer des peshmergas dans ce territoire du nord de la Syrie afin de « combattre Daesh » selon ses propres dires. Les YPG et les YPJ le répètent: si les peshmergas du PDK veulent combattre Daesh en Syrie, ils devront le faire sous l’écusson des YPG et des YPJ. A l’inverse, le PKK contrôle plusieurs zones dans le Kurdistan irakien: les montagnes du nord de la région (à la frontière turque) et le Mont Shengal, la montagne des Yézidis, que Daesh a tenté de génocider alors qu’ils étaient abandonnés par les peshmergas et qui avaient été secourus par le PKK, les YPG et les YPJ. Cette situation est une épine dans le pied du PDK, empêtré dans des scandales de détournement de pétrole et traînant à organiser un référendum sur l’indépendance du Kurdistan Sud tant qu’il n’a pas la garantie de s’y mettre au pouvoir. Le Mont Shengal est aujourd’hui défendu contre Daesh par des milices du PKK et des milices yézidies, le PDK a plusieurs fois poser des ultimatums afin de les en chasser, sans succès.

La situation a évolué en ce début de mois de mars: le PDK demande toujours à faire entrer 5000 « peshmergas rojava » (surnommés « roj-pesh ») en Syrie, il négocie ferme avec les régimes turc et syrien à cette fin et a récemment rejoint l’opération « Bouclier de l’Euphrate ». Pour rappel, cette opération est une mise en place d’une zone tampon empêchant l’unification des cantons du Rojava, elle est pilotée par la Turquie et appliquée par des factions salafistes issues de l’armée syrienne libre. Cette opération a empêché les YPG/YPJ de libérer la ville d’Al-Bab et menace à présent la ville de Manbij qui a été libérée aux YPG après une bataille extrêmement coûteuse en vies humaines.

En plus de la menace sur Manbij, 500 roj-pesh ont été massés aux portes du Mont Shengal ce matin du 3 mars. Ils voulaient passer à Hawl (au-delà de la frontière syrienne, au Rojava) et sont donc passés dans la ville yézidie de Khanasor, contrôlée par des milices yézidies pro-PKK, les YBS. Des affrontements ont éclatés, 400 familles ont été évacuées en quelques heures, fuyant par des routes qu’elles avaient déjà du prendre en fuyant Daesh en août 2014. Cette agression du PDK contre le PKK survient à quelques kilomètres à peine de la ligne de front contre Daesh, dans un village où vivent des centaines de Yézidis qui ont déjà été martyrisés par l’Etat Islamique (des centaines de femmes sont toujours détenues comme esclaves sexuelles). Selon des sources non-officielles, il y aurait eu au moins 10 morts coté PDK, 6 coté YBS, 5 côté PKK, et un civil yézidi, ainsi que des dizaines de blessés. Les milices YBS et PKK n’ont pas d’artillerie lourde au Mont Shengal, mais des témoins rapportent que du matériel est importé depuis le Rojava en urgence. En réaction à cette attaque, des locaux de mouvements proches du PDK au Rojava ont été incendiés par des foules en colère. Notamment le local du KNC à Qamislo.

Politiquement, le Mont Shengal ne fait officiellement pas partie de la région autonome du Kurdistan irakien selon les frontières de 2003. Il est donc disputé entre les gouvernements de Baghdad et d’Erbil mais est défendu par des milices pro-PKK qui encouragent l’administration de la montagne par les Yézidis (en tant que « Yézidistan »). Une réunion d’urgence aurait eu lieu entre PKK, YBS et PDK avec le PUK (un autre parti plus progressiste au Kurdistan irakien) comme médiateur. La réunion aurait échouée et la situation resterait extrêmement tendue sur place.

Pour plus d’information, un statut à dérouler.

Pour mieux comprendre la situation au Kurdistan, voir notre dossier « Notes sur le Kurdistan ».

Le Mont Shengal en mai 2016 (cliquez pour agrandir)

Le Mont Shengal en mai 2016 (cliquez pour agrandir)

Des incidents ont opposés mercredi de jeunes manifestants à la police pour le 10e anniversaire des émeutes consécutives à l’évacuation de l’Ungdomshuset, un grand centre social occupé de Copenhague. Des manifestants ont lancé des pierres, des cocktails Molotov et d’autres projectiles sur les policiers et leurs véhicules, et brisé des vitrines de banques et de commerces. Neuf personnes ont été arrêtées, interrogées et remises en liberté.

Affrontements mercredi à Copenhague

Affrontements mercredi à Copenhague

Des affrontements ont éclaté mercredi 1er mars à la mine de cuivre d’Escondida, la plus grande mine de cuivre du monde, située dans le nord du pays. Les manifestants grévistes ont tenté de bloquer une autoroute, coupant brièvement la circulation et l’accès au sud de la ville d’Antofagasta. Les ouvriers ont aussi dressé des barricades sur les routes principales de la mine et ont mis le feu à des pneus, et caillassé les forces de sécurité qui intervenaient avec gaz lacrymogènes et canons à eau. Les mineurs sont en grève depuis trois semaines au début du mois dernier en réaction à un nouveau système de paiement. Escondida, situé dans la région riche en cuivre d’Antofagasta, occupe un peu plus de 10.000 travailleurs à plein temps.

Une route d'accès à Escondida, lieu d'affrontements

Une route d’accès à Escondida, lieu d’affrontements

Ce 23 février, des agents de la police de Manchester sont intervenus à la Levenshulme Station après avoir reçu un appel qui indiquait la présence d’un homme muni d’une arme à feu. Après que les agents aient demandé à l’homme de « lâcher son arme », ils ont utilisé un taser et lui ont infligé une décharge de 50.000V. L’homme s’est évanoui et a ensuite été arrêté par les policiers. L’homme était en fait une personne malvoyante de 43 ans, « l’arme à feu » sa canne blanche. La police a ensuite déclaré en défense de ses agents « Ils ont répondu rapidement à l’incident pour s’assurer de la sécurité de la communauté de Levenshulme », alors qu’elle avait reconnu « qu’aucune menace n’existait en fait ».

Ce n’est pas une première pour la police britannique, en octobre 2012 elle avait déjà attaqué une autre personne aveugle en ayant confondu sa canne blanche avec « un sabre de samouraï ». Cette première victime a d’ailleurs réagi à cette nouvelle agression, soulevant qu’aucune leçon n’avait été apprise depuis.

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Santosh Yadav est un journaliste basé dans le Bastar, la zone occupée par la guérilla maoïste dans le Chhatisgarh. Il y a deux ans, après avoir refusé plusieurs demandes des autorités de leur fournir des informations concernant des actions menée par le CPI(Maoist), il a été arrêté et incarcéré en vertu Chhattisgarh Special Public Security Act, la loi antiterroriste de l’état. Plus précisément, la police l’accusait d’entretenir des contacts régulier avec un dirigeant local du parti, Shankar. A l’époque, son arrestation avait mobilisé de nombreuses organisations progressistes, entrainant entre autre l’arrestation de nombreux autres journalistes et militants au cours des manifestations organisées notamment devant la résidence du chef du gouvernement du Chhatisgarh. Ce lundi, l’homme a été libéré sous condition suite à une décision de la Cour Surpême. Il devra néanmoins se présenter au commissariat local tous les jours au commissariat de Dharba.

Santosh Yadav

Santosh Yadav

L’arrestation de militants, de journalistes et autres civils sous prétexte de leurs liens présumés avec la guérillas maoïstes est utilisée de manière récurrente par le gouvernement d’ultra-droite pour museler toute opposition.

Au Tchad, la majorité des étudiants interpellés samedi dernier, le 25 février, après avoir caillassé le cortège du ministre de l’Enseignement supérieur, ont été condamné hier par le tribunal de première instance de Ndjamena. Six sont relaxés, les autres devront passer un mois en prison parmi eux, le président de l’Union nationale des étudiants tchadiens, Richard Guelem. Le procès des 71 étudiants a repris sous très haute surveillance et à huis-clos. Mêmes les journalistes n’ont pas été autorisés à accéder la salle d’audience. Dans ces réquisitions, le procureur, qui pointe le trouble à l’ordre public, le vandalisme et l’outrage à l’autorité, a requis deux ans d’emprisonnement ferme.

Maifestants étudiants au Tchad

Maifestants étudiants au Tchad

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Depuis ce samedi 25 février, 97 détenus politiques de la prison de Popayan, au sud-ouest de la Colombie, ont arrêté de s’alimenter. Ils dénoncent un manque de suivi médical systématique qui a conduit plusieurs fois à la mort de leurs camarades ces dernières années. Les accords de paix ratifiés en novembre dernier prévoient notamment l’amnistie de nombreux détenus politiques. Ceux-ci protestent pour exiger que cette loi d’amnistie soit appliquée le plus vite possible.

Les FARC entament aujourd’hui mercredi leur désarmement. L’accord de paix prévoit que les guérilleros déposent progressivement leurs armes dans un délai de 180 jours à partir du 1er décembre, un processus supervisé par les Nations unies. Le désarmement devrait donc être terminé le 29 mai prochain au plus tard. Les FARC auraient dû remettre déjà 30 % de leur arsenal aujourd’hui, mais les opérations ont pris du retard en raison des problèmes logistiques. Seuls 7000 guérilleros ont atteints les zones de rassemblement et de désarmement prévus par l’accord.

Des membres des FARC sur le point de rendre les armes à Gallo, dans le département de Córdoba, le 1er février

Des membres des FARC sur le point de rendre les armes à Gallo, dans le département de Córdoba, le 1er février

Nous faisons régulièrement la promotion de Signal, une application de messagerie instantanée extrêmement simple d’utilisation et très sécurisée, au point d’être sponsorisée par Edward Snowden. Signal est une application open-source, et à ce titre des débats ont régulièrement lieu entre ses développeurs sur des forums dédiés. Un débat revenait régulièrement, celui de l’utilisation de services Google à deux endroits: d’une part l’utilisation de GCM (Google Cloud Messaging, une plateforme « push » qui permet à l’application de recevoir instantanément un message ou un appel sans devoir vérifier toutes les 15 minutes si un nouveau message a été reçu), d’autre part la dépendance aux Google Play Services (qui permet de distribuer l’application en garantissant qu’elle n’a pas été modifiée, de la mettre à jour automatiquement lorsqu’une faille est présente, de rapporter bugs et statistiques aux développeurs, etc.) Il faut noter qu’à aucun moment Google n’a accès à des informations: dans le premier cas, Google n’a accès qu’à des dates et heures sans pouvoir les mettre en relation avec des messages chiffrés, dans le second ce sont simplement les utilisateurs qui ne veulent pas installer les services Google sur leur smartphone qui sont pénalisés.

De récents changements techniques (en particulier la refonte du système d’appels et de vidéo) ont levé le blocage de principe qui empêchait Signal de fonctionner sur des téléphones où ne sont pas installés les Google Play Services, ces changements ont été apportés par la mise à jour 3.30. Ils requièrent pour l’instant de compiler soi-même un fichier APK depuis le GitHub de l’application (Master). Et pour ceux qui n’ont rien compris à cette dernière phrase, Signal devrait probablement bientôt mettre en ligne un fichier installable sur son propre site, nous ne manquerons pas d’en parler le moment venu. Les changements en détail sont disponibles ici.

Possibilité d'utiliser Signal sans les Google Play Services

Possibilité d’utiliser Signal sans les Google Play Services

La mairie de Toulouse a noué un partenariat avec IBM afin de doter son réseau de caméras d’un système semi-intelligent d’aide à la décision. Après un test préliminaire réussi en juillet 2016, le système sera étendu progressivement à 30, puis 60 caméras sur les 350 que comporte le réseau de la ville dès juin 2017. La solution technologique d’IBM a initialement été développée suite aux attentats du 11 septembre 2001, en partenariat avec la défense américaine. Le dispositif optimise plus qu’il ne généralise la vidéo-surveillance de la ville, l’intelligence de la machine étant limitée à la levée d’alerte. Il vise à faciliter le travail des opérateurs du poste de contrôle (PC) de la ville, qui se relayent 24 heures sur 24 devant les écrans afin d’observer les images en temps réel.

Le système collecte plus 6000 images par seconde, toutes ne peuvent être affichées. Par défaut, la rotation des images sur les écrans est pour l’instant aléatoire. C’est là qu’intervient le logiciel d’IBM qui supervisera la rotation des images, en la guidant par des algorithmes. Si un événement anormal est détecté sur une caméra, alors une alerte est levée pour immédiatement montrer ce visuel à un opérateur : Colis abandonné depuis plus de 2 minutes, personnes se mettant subitement à courir, franchissement d’une ligne virtuelle par un véhicule, etc. Le système n’intègre ni analyse prédictive, ni reconnaissance faciale. C’est l’opérateur qui continuera à décider ou non d’envoyer une patrouille. Toutes les caméras ne seront pas non équipées, ce qui serait contre-productif en générant trop d’alertes.

Le PC du système à Toulouse

Le PC du système à Toulouse