Mardi 21 avril, le gouvernement irakien a levé partiellement les mesures de confinement liées au Coronavirus. Des manifestant·es anti-gouvernementaux, qui s’opposent depuis octobre 2019 à l’élite politique au pouvoir corrompue et à l’ingérence de pays étrangers, ont immédiatement repris la rue à Bagdad. Des affrontements ont éclaté près de la place Tahrir. Au moins un manifestant a été abattu. Plusieurs autres personnes ont été blessées lors des affrontements qui ont éclaté mardi près du rond-point d’Al-Khulani, dans la capitale.

Manifestants à Bagdad

Irak – 31 manifestant·es tué·es et plusieurs centaines de blessé·es (archive)

Lundi 20 avril, Kezy, un habitant d’une cité de logements sociaux dans les Marolles (Bruxelles), était arrêté car il fumait une cigarette devant chez-lui. Une dizaine de voitures de police, 29 agents et deux chiens avaient participé à l’opération (voir notre article). Emmené au commissariat central de Bruxelles, il avait été libéré deux à trois heures plus tard et était rentré chez lui. Notons qu’il porte depuis décembre un bracelet électronique qui doit lui être retiré ce jeudi 23 avril. Le lendemain, vers midi, deux autres agents se présentent à l’appartement familial. Kezy est absent, il est parti faire un tour dans la limite du périmètre et des horaires qui lui sont autorisés. Les policiers disent à sa famille qu’ils sont venus lui présenter des excuses, puis repartent. De retour chez lui, Kezy discute avec sa famille et décide d’aller porter plainte. Vers 14 heures, il part vers l’hôpital pour y faire constater les séquelles du contrôle de la veille : coup à la joue, plaies à la tête, douleur à la cheville. Mais il revient un quart d’heure plus tard, essoufflé et anxieux. Il annonce à son famille qu’il a rencontré des policiers qui l’ont menacé de lui retirer son bracelet électronique et de l’envoyer à la prison de Saint-Gilles.

Une patrouille de police ne tarde pas à arriver, parmi laquelle les deux agents venus quelques heures plus tôt « présenter leurs excuses ». À l’intérieur de l’appartement, Kezy téléphone aux agents du Centre de surveillance électronique chargés de vérifier ses déplacements via son bracelet. Ceux-ci lui disent n’avoir constaté aucun écart de sa part et ne rien lui reprocher. Mais pendant ce temps, les policiers ont grimpé sur le balcon et donnent des coups dans la porte de l’appartement. Kezy se laisse donc arrêter. Sa famille ignore où il a été emmené et pour quelle raison. Plus d’infos ici.

Arrestation de Kezy, un habitant des Marolles

Arrestation de Kezy, un habitant des Marolles

Depuis plusieurs mois, le Liban connait un soulèvement populaire d’une ampleur inédite contre la classe dirigeante et la corruption dans le pays (voir notre article). L’épidémie de Coronavirus a cependant fortement perturbé la mobilisation. Le parlement libanais avait par ailleurs suspendu ses sessions et ne s’était plus réuni depuis le 3 mars. Il a cependant décidé de se réunir à nouveau pour une session spéciale de trois jours. Plusieurs de centaines de manifestant·es anti-gouvernementaux ont donc décider d’organiser une manifestation depuis leurs voitures afin d’éviter une propagation de la maladie.

Des manifestant·es anti-gouvernementaux libanais manifestent depuis leur voiture

Des manifestant·es anti-gouvernementaux libanais manifestent depuis leur voiture

Whole Foods Market, une chaîne de supermarchés biologiques, filiale d’Amazon, emploie 95.000 salariés aux États-Unis, au Canada et au Royaume-Uni. Elle surveille ses magasins pour tuer dans l’œuf toute possibilité de syndicalisation. Sur une carte des États-Unis, 510 points représentent les magasins Whole Foods. Une note est attribuée à chacun d’eux en fonction de la probabilité que leurs employés forment ou rejoignent un syndicat. Les notes les plus hautes sont signalées par des points rouges, ce sont les magasins dont le « risque de syndicalisation » est le plus élevé. Pour ce faire, l’entreprise utilise une vingtaine d’indicateurs parmi lesquels on trouve la « loyauté des employés », le roulement des effectifs, le nombre de fois où la ligne de signalement des ressources humaines a été jointe, la proximité d’un bureau syndical et même « la diversité raciale ». Les facteurs économiques et démographiques locaux tels que le taux de chômage ou encore le pourcentage de familles de la région vivant sous le seuil de pauvreté alimentent également cet indice de risque de syndicalisation. Plus d’infos ici.

Whole Foods Market

Whole Foods Market

Mardi 21 avril, Hakan Mağlay, responsable du Parti démocratique des peuples (HDP) à Ağrı (province d’Ararat) et Yusuf Keser, lui aussi membre du parti, ont été arrêtés par la police alors qu’ils distribuaient des colis alimentaires aux plus démunis. Ils ont ensuite été remis en liberté mais la police a confisqué les 50 colis alimentaires.

Les colis alimentaires saisis

Les colis alimentaires saisis

Des agents de la BAC de Limoges ont interpellé un homme de 46 ans mardi 21 avril. Des vidéos prises par des habitant·e·s du quartier de Beaubreuil montrent que l’homme a été violemment frappé à terre. A la suite de cette interpellation, des affrontements ont eu lieu avec la police. Pour rappel, il y a eu depuis samedi soir plusieurs révoltes dans différents quartiers populaires en réaction aux violences policières qui se multiplient dans le cadre du confinement (voir notre article).

L'homme frappé au sol par la BAC.

Le week-end dernier à Villeneuve-la-Garenne, un jeune homme a été grièvement blessé suite à des violences policières (voir notre article). Depuis, plusieurs quartiers populaires de France se révoltent. A Toulouse, au moins cinq voitures et des poubelles ont été incendiées dans le quartier du Mirail dans la nuit du 21 au 22 avril. Des jets de projectiles et des feux d’artifice ont ciblé les dizaines de policiers mobilisés sur place. Aucune interpellation n’a été recensée pour l’instant.

Début avril 2020, une enquête administrative a été ouverte au centre hospitalier du Rouvray de Sotteville-lès-Rouen contre 7 agents. Elle fait suite à la diffusion sur les réseaux sociaux d’une note interne de l’hôpital par le collectif « Les blouses noires ». Cette note appelait à réutiliser les masques usagers pour faire à la pénurie liée au COVID-19. La direction a fait constater par huissier des captures d’écran de ‘likes’ et commentaires Facebook d’agents, y compris de comptes privés, dénonçant cette gestion de la crise sanitaire.  Les agents convoqués par la direction  sont tous syndicalistes ou militants reconnus. Ils risquent jusqu’au licenciement.

À Montpellier, un bénévole du Secours Populaire a été agressé verbalement et physiquement par 2 policiers lors d’un contrôle effectué dans le cadre du confinement. Malgré son attestation de circulation dérogatoire, ses papiers d’identité et son ordre de mission, l’homme a été verbalisé. Il a déposé plainte avec un certificat médical faisant état d’une ITT de cinq jours.

 

Une enquête journaliste menée par Douglas De Coninck (De Morgen) reconstitue les dernières minutes de la vie d’Adil. Cette enquête dément la version policière qui prétend qu’Adil aurait percuté la voiture de police après avoir doublé une camionnette et qu’il aurait dévié ainsi de sa trajectoire. Plusieurs éléments viennent contredire la version policière. L’analyse des traces de roues sur l’asphalte sur le lieu de l’accident montre que la voiture de police qui a dévié de sa trajectoire pour percuter Adil, ce qui est confirmé par un témoin oculaire qui a tout vu de sa fenêtre. Le conducteur de la camionnette se rétracte par rapport à sa première déclaration qui corroborait la version policière car il a subi des pressions en ce sens. La voiture de police était une voiture banalisée, noire, sans sirène ni gyrophare. Enfin, la personne qui était aux côtés d’Adil et avait fui également et qui s’est rendu ensuite a entendu via talkie-walkies de la police le message suivant : « On l’a eu, on l’a percuté ! ».

La première partie du tag en solidarité avec Adil