Dans la nuit du mardi 22 au mercredi 23 octobre, pour la deuxième nuit consécutive à Amadora, ville considérée comme un berceau du Hip-hop au Portugal et qui comporte une large part de population non-blanche victime de discriminations, des émeutes ont secoué plusieurs quartiers. Lors d’une opération policière, un homme noir originaire du Cap Vert, ancienne colonie portugaise, a été tué de trois balles. Les policiers le suspectaient à tort d’avoir volé le véhicule qu’il conduisait. Suite à la mort de cet homme dans des circonstances dénoncées par des mouvements antiracistes, des cocktails Molotov ont été lancés, incendiant notamment un bus, des barricades ont été érigées. La police antiémeute a été déployée pour tenter de reprendre le contrôle des rues en tirant des balles en caoutchouc.

Les forces de l’ordre ont procédé à l’arrestation de trois personnes et fait état d’une soixantaine d’incidents. Deux policiers ont été blessés par des jets de pierres, deux véhicules des forces de l’ordre ont été endommagés, deux bus et neuf autres véhicules ont été brûlés.

Ils avaient versé un colorant rouge dans la fontaine située devant le palais de Buckingham, cinq militants du groupe « Animal Rebellion »,  groupe antispéciste qui prône l’action directe non violente pour obtenir l’abolition de l’utilisation des animaux non humains dans les cirques et leur libération, ont été condamnés vendredi 18 octobre par la justice britannique à de la prison ferme pour l’un d’entre eux et à des peines de prison avec sursis pour les autres. ils ont été condamnés pour avoir causé pour plus de 7.000 livres (environ 8.500 euros) de dégâts au Mémorial de la Reine Victoria en août 2021. les militants voulaient “créer l’impression d’un bain de sang” en déversant un colorant dans l’eau et en tâchant de rouge les parois en marbre de cette imposante fontaine. Il avait fallu plus de deux jours pour nettoyer ce monument classé. Les cinq militants ont été condamnés à 18 mois de prison, quatre condamnés bénéficient d’un sursis, trois d’entre eux devront en plus s’acquitter d’une amende dont le montant n’est pas connu.

En février à Rome sur la Piazza Del Popolo, des faits similaires avaient eu lieu, des activistes du même collectif  « Animal Rebellion  » avaient recouvert de peinture le lion de la fontaine pour dénoncer l’exploitation des animaux dans les cirques, ils avaient déployé une banderole où on pouvait lire « Les animaux dans les cirques, ça suffit”. Deux militants avaient été interpellés par les carabiniers italiens, Ils encourent jusqu’à 40.000 euros d’amende.

Samedi 19 octobre, une manifestation contre le premier G7 de La Défense à Naples vire à l’affrontement avec la police. Le cortège d’activistes, d’étudiants, de collectifs et de centres sociaux a soudainement dévié du chemin autorisé par le commissariat, le cortège a tenté de percer le cordon de sécurité mais a été repoussé par la police. Un millier d’entre eux a traversé le cœur historique de Naples en criant : « Il n’y a pas de zones rouges. Reprenons nos routes. Nous enfreignons toutes les interdictions », bien déterminé à briser le cordon des forces de l’ordre et à se rapprocher le plus possible du Palais Royal où le G7 de la Défense était en cours. Sous une pluie battante, les manifestants ont allumé des fumigènes et des pétards qu’ils ont lancés vers les forces de l’ordre. La police a repoussé le groupe à coups de matraques et eut recours aux gaz lacrymogènes qui a rendu l’air irrespirable et déclenché la fuite des nombreuses personnes. On dénombre 3 blessés légers au sein des forces de l’ordre.

Des dizaines de membres du syndicat grec de dockers PAME  ( Front Militant de Tous les Travailleurs ) ont bloqué en signe de protestation contre la guerre de Gaza, le chargement d’un conteneur de munitions destiné à Israël. Ce conteneur, arrivé jeudi au port grec du Pirée, contenait 21 tonnes de munitions. « Il est temps de crier haut et fort que nous ne permettrons pas au port du Pirée de devenir un tremplin pour la guerre », peut-on lire dans leur déclaration mise en ligne sur Facebook, ainsi que « Nous nous battons pour la paix… Non à la participation de la Grèce à la guerre ! ». Le navire devait être chargé pour le port de Haïfa en Israël. Les syndicalistes ont scandés des slogans et tagués le container : « Le sang du peuple ne tachera pas nos mains ».

La justice groenlandaise maintient toujours en détention en détention le militant écologiste Paul Watson (au minimum jusqu’au 23 octobre), dans l’attente de la décision du gouvernement danois sur la demande d’extradition du Japon pour une affaire liée à son combat pour les baleines. Arrêté le 21 juillet, Watson aura ainsi passé plus de trois mois en détention. Fondateur de Sea Shepherd et de la fondation en faveur des océans qui porte son nom, Paul Watson a été arrêté alors qu’il était en route avec son navire le John Paul DeJoria pour intercepter un nouveau navire-usine baleinier nippon. Le Japon réclame son extradition, ayant relancé une demande émise dès 2012 via une notice rouge d’Interpol. Il l’accuse d’être co-responsable de dommages et blessures à bord d’un navire baleinier nippon deux ans plus tôt dans le cadre d’une campagne menée par Sea Shepherd.

Mercredi 9 octobre dans l’après-midi, trois militants cagoulés et vêtus de noir ont occupé durant 21 heures une excavatrice, ils ont bloqué les travaux de terrassement de l’usine automobile Tesla à Grünheide, près de Berlin. Une section spéciale de la police a tenter de déloger les occupants à l’aide d’une sorte de plate-forme élévatrice, cette tentative a été interrompue pour des raisons de sécurité en raison du sol mou de la forêt. Cette action a eu lieu sur un site où des arbres ont déjà été abattus en septembre pour de préparer la construction d’une gare de marchandises, une nouvelle gare de passagers ainsi que l’extension du pool logistique de la mega fabrique Tesla.

Plus tôt dans la journée, des manifestants ont essayé à plusieurs reprises de franchir une clôture du chantier de construction pour rejoindre les manifestants, les forces de l’ordre ont utilisé des gaz poivrés pour les en empêcher. Depuis de nombreux mois, le collectif « Tesla stoppen » mène des actions de protestation et des manifestations à Grünheide contre la seule usine européenne de Tesla d’Elon Musk.

Un des activistes a quitté l’excavatrice de façon autonome avant la fin de l’action, il n’a pas été inquiété par les forces de l’ordre, les deux autres manifestants ont été interpellés.

6 octobre, 3500 manifestants se sont rassemblés à Berlin sous la bannière «Manifestation contre le génocide à Gaza», tout au long du cortège, on pouvait lire d’autres banderoles avec des slogans tels que « Arrêtez d’armer Israël », « Mettez fin au génocide » et « Liberté pour Gaza ». Ils ont également condamné la violence policière lors des rassemblements pro-palestiniens au cours de l’année écoulée. La police a arrêté la marche près de Kottbusser Damm, empêchant les manifestants d’avancer vers la place Herrmann. De violents affrontements ont éclaté, les forces de l’ordre se sont retrouvées sous une pluie de jets de pierres et de bouteilles, certains en tenté une percée des lignes de police et d’employer des feux d’artifice ce qui a conduit à une réponse lourde des forces anti-émeutes. De nombreux manifestants ont été arrêtés, y compris un manifestant handicapé en fauteuil roulant qui a été traîné de force dans un véhicule de police.

Mercredi, le collectif Palestine Action a revendiqué l’intrusion à Teledyne CML Composites à Bromborough, site industriel qui qui fournit des pièces pour les avions de guerre israéliens. La société mère Teledyne Technologies est le plus grand exportateur d’armes de la Grande-Bretagne vers Israël. La police de Merseyside a été appelée sur le site de Tebay Road à 06h05, les rapports faisant état de trois personnes ayant grimpé sur le toit et causant des dégâts.

Les activistes ont percé des trous à la toiture de l’entreprise et ont pulvérisé de la peinture rouge sang . Bien déterminé à stopper la production de pièces d’armement, deux militants, entrés dans le bâtiment, ont atteint la salle blanche , zone sensible, où sont assemblés sous contrôle de l’air et de l’humidité et dans des règles d’hygiène particulières les composants techniques de pièces de F-35 destinés à l’armée israélienne. Leur action a stoppé l’entreprise, causant des dégâts et l’arrêt de production pour une période d’environ 12 mois. Les forces de l’ordre ont arrêté deux des militants qui étaient entrés dans l’usine par le toit et avaient été détenues à l’intérieur par les travailleurs. Le troisième manifestant a été arrêté après avoir été aidé à descendre du toit par le service d’incendie et de sauvetage de Merseyside.

Le site jumeau, Teledyne Defence and Space à Shipley, a été occupé en avril, ce qui a empêché la fabrication d’électronique militaire à destination d’Israël. Palestine Action a également revendiqué une action similaire en juillet lorsqu’une camionnette a traversé les portes de l’usine de Bromborough  et que de la peinture rouge a été répandue. Le mois dernier, un jury de la Cour de la Couronne de Bradford a refusé de condamner les militants pour les dommages « criminels » causés lors de leur action à Shipley.

Ce lundi matin, une attaque armée a visé un centre culturel kurde de Hambourg. La communauté kurde d’Allemagne est dans le viseur des fascistes turcs Bozkurtlar (Loups Gris). Des inconnus ont tiré sur le bâtiment d’une association culturelle kurde à Sankt Pauli, trois coups de feu ont été tirés sur la façade du bâtiment endommageant les fenêtres. Personne ne se trouvait dans les locaux du club à ce moment-là. Les assaillants ont pris la fuite. Le nouvel accord signé entre Berlin et Ankara prévoyant la déportation massive des migrants kurdes dont la demande d’asile a été rejetée ne fait que jeter l’huile sur le feu. Suite à l’accord conclu entre Erdoğan et Scholz l’année dernière, 13 500 ressortissants turcs, pour la plupart kurdes, dont les demandes d’asile ont été rejetées, seront déportés en masse. 200 personnes ont déjà été renvoyées. Pour les Kurdes qui ont fui la terreur turc, il s’agit d’un retour en enfer.

Vendredi, deux militantes écologistes du groupe  » Just Stop Oil  » ont été condamnées à des peines de prison ferme pour avoir jeté un bol de soupe tomate sur l’œuvre  » Les tournesols  » de Vincent Van Gogh à la National Gallery à Londres le 14 octobre 2022, à l’époque,  » Just Stop Oil  » demandait l’arrêt immédiat de tout nouveau projet pétrolier ou gazier au Royaume-Uni. Phoebe Plummer a été condamnée à une peine de deux ans de prison ferme et Anna Holland a écopé d’une peine de 20 mois de prison. Elles avaient mené cette action spectaculaire qui n’avait pas endommagé l’œuvre protégée par une vitre,  mais avait dégradé très légèrement  le cadre entourant cette dernière.

l’ONG Greenpeace a dénoncé des peines de prison disproportionnées pour une manifestation qui a causé des dommages mineurs au cadre d’un tableau  et aucun à la toile. Ces condamnations sont une nouvelle étape dans la répression des manifestations pacifiques pour l’écologie. En juillet, cinq militants de la même organisation, qui avaient mis en place le blocage d’une autoroute, avaient été condamnés à quatre ans de prison par la justice britannique, le fondateur, Roger Hallam, avait lui été condamné à cinq ans pour avoir préparé cette action ( voir article ici ).

Pour protester contre ces condamnations, toujours ce vendredi, des militants de  » Just Stop Oil  » ont à nouveau aspergé de soupe deux tableaux de Vincent Van Gogh à la National Gallery de Londres. Les peintures ont été retirées, elles sont en cours d’examen, elles ne sont pas endommagées. Les trois activistes ont été arrêtés.