Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Après l’assassinat de Mehdi Kessaci à Marseille, le gouvernement a durci son discours sécuritaire en qualifiant le narcotrafic de menace « équivalente au terrorisme ». Les ministres de la Justice et de l’Intérieur, respectivement Darmanin et Nuñez, ont annoncé une série de mesures : envoi de renforts supplémentaires de magistrats et de greffiers, intensification des opérations policières dans les quartiers populaires, multiplication des perquisitions en prison — notamment aux Baumettes — et promesse de « nettoyer » les établissements pénitentiaires déjà surpeuplés. Le gouvernement prévoit aussi une hausse massive des extraditions de trafiquants à l’étranger, l’ouverture de nouvelles prisons de haute sécurité, ainsi que le lancement, le 1er janvier, d’un Parquet national anticriminalité organisée (PNACO) doté de moyens renforcés. Le PS a appuyé cette offensive sécuritaire en appelant à une « mobilisation nationale » et à un débat parlementaire sur le narcotrafic. L’ensemble s’inscrit dans un virage répressif accéléré, justifié par la construction du « narcotrafic » comme nouvel ennemi intérieur (voir notre article).

Pour la troisième journée consécutive, l’Université Cheikh Anta Diop est le théâtre de violents affrontements entre étudiants et forces de sécurité, alors que la colère monte face au non-paiement des bourses. Dès l’aube, le campus s’est de nouveau transformé en champ de bataille : tirs massifs de gaz lacrymogènes par les Forces de défense et de sécurité (FDS), barrages, jets de projectiles et regroupements déterminés d’étudiants.

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Le 19 novembre 2025, le Tribunal constitutionnel allemand a jugé illégale la perquisition menée en janvier 2023 contre Radio Dreyeckland à Freiburg, estimant qu’elle portait atteinte à la liberté de la presse et de diffusion. L’opération visait des journalistes ainsi que les locaux de la station après la publication d’une brève contenant un lien vers un ancien archivage public de la plateforme contestataire linksunten.indymedia, que le parquet présentait comme une « soutien à une organisation interdite ». Les perquisitions, fondées sur des soupçons jugés trop vagues, avaient permis la saisie de matériel et illustré la manière dont un média critique peut devenir la cible de la répression.

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Les 14 et 15 novembre, des actions coordonnées ont été menées dans plusieurs villes européennes pour soutenir les prisonniers révolutionnaires en grève de la faim contre l’isolement dans les prisons de type puits en Turquie (voir notre article), alors que les états de santé d’Ayberk Demirdögen, en grève depuis 250 jours, et ceux de Serkan Onur Yilmaz et Fikret Akar, également en grève depuis de nombreux mois, sont très critiques. Des rassemblements ont eu lieu devant les ambassades et consulats de Turquie à Bruxelles, Athènes, Paris, Marseille, Cologne, Vienne et Londres, ainsi qu’une action de tractage et un sit-in à Göteborg, témoignant d’une solidarité croissante face au risque imminent pour la vie des grévistes de la faim.

Le procès de Daniela Klette, ex-membre présumée de la Fraction Armée Rouge (RAF), a connu un tournant inattendu lorsque le tribunal de Verden a accepté la demande du parquet d’abandonner cinq chefs d’accusation, faute de témoignages fiables après des décennies. Cette décision pourrait avancer la fin du procès au printemps 2026, alors que des audiences étaient initialement prévues jusqu’à l’automne de la même année. Depuis mars 2025, Klette est jugée pour une série d’attaques commises entre 1999 et 2016, mais l’accusation reconnaît que des témoins âgés ou malades ne peuvent plus se souvenir clairement des faits, et que leurs souvenirs sont parfois influencés par des médias ou d’autres témoignages.

Cette réduction des charges vise aussi à accélérer la procédure, car de nouvelles poursuites devraient être engagées en 2026. La justice fédérale prépare en effet un second procès, cette fois pour des actions attribuées à la RAF au début des années 1990, dont des attaques contre l’ambassade américaine à Bonn, la prison de Weiterstadt et un centre informatique de la Deutsche Bank. Ce nouveau procès est attendu à l’automne 2026.

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SELDA, une organisation d’anciens prisonniers politiques de la dictature Marcos, dénonce la décision récente de la Cour suprême des États-Unis autorisant le gouvernement philippin à prendre le contrôle de 40 millions de dollars de fonds mal acquis de Marcos, déposés chez Merrill Lynch sous le nom d’une société écran panaméenne. Bien que la justice américaine et philippine ait déjà reconnu l’origine frauduleuse de ces avoirs, les victimes de la loi martiale — qui avaient remporté en 1992 un procès civil de 2 milliards de dollars contre la famille Marcos — voient dans ce jugement un nouveau revers. Le porte-parole de SELDA, Bonifacio Ilagan, accuse l’administration Marcos Jr. de vouloir verrouiller l’accès à ces fonds et d’alimenter un schéma inquiétant d’effacement des affaires de corruption visant le clan. Évoquant la torture, les disparitions et les décennies de quête de justice, il rappelle que ces sommes représentent plus que des chiffres : elles incarnent des vies brisées. Malgré la décision américaine, SELDA affirme qu’elle poursuivra son combat pour la réparation et la responsabilisation des auteurs des violations sous la loi martiale.

La soirée d’hier co-organisée à Saint-Gilles par le PCP, School of the revolution, C3, l’UPB et notre Secours rouge autour de la projection de To kill a war machine a été l’occasion pour l’assistance d’une cinquantaine de personnes de répondre à l’appel des proches de Palestine Action à écrire à leurs prisonnier·es (photo). Nous relayons ici les informations pour continuer à répondre à cet appel : Adresses et conseils

Le commandant maoïste Madivi Hidma, tué par les forces de l’ordre en Andhra Pradesh en début de semaine avec son épouse Raje (voir notre article), a été inhumé dans son village natal de Puvarthi, dans le district de Sukma, au Chhattisgarh. Malgré les restrictions policières, des milliers d’Adivasis (peuple autochtone) ont assisté aux obsèques. Hidma et son épouse Raje ont été tués mardi  dans les forêts de Maredumilli. Leurs corps ont été remis à la famille de Hidma mercredi soir après l’autopsie à l’hôpital de Rampachodavaram. Compte tenu de la position d’Hidma au sein de la structure maoïste et de sa popularité auprès des Adivasis, sa dépouille a été transférée au Chhattisgarh sous haute sécurité. Un important dispositif policier a été déployé au village jeudi afin de prévenir tout incident. Les funérailles ont été célébrées selon les traditions adivasi. Madivi Hidma, alias Santosh, est né en 1981 dans le village de Puvarthi. Il a rejoint le PCI (maoïste) à la fin des années 1990 et a rapidement démontrés ses compétences opérationnelles. Il est finalement devenu commandant du bataillon n° 1 de la PLGA, l’unité d’élite de la guérilla maoïste dans la région de Dandakaranya, qui s’étend sur le Chhattisgarh, l’Andhra Pradesh, l’Odisha, le Telangana et le Maharashtra. Hidma était le plus jeune membre et le seul représentant tribal de Bastar au sein du comité central maoïste.

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La Commission européenne a présenté le 19 novembre un projet de « mobilité militaire européenne » visant à faciliter la circulation transfrontalière des forces armées et de leur matériel lourd au sein de l’Union européenne, en créant une sorte de Schengen militaire fondé sur des corridors prioritaires, des infrastructures adaptées au double usage civil-militaire et une meilleure coordination logistique. Le plan prévoit de renforcer routes, ponts et réseaux ferroviaires, d’améliorer le partage d’informations et de mutualiser certaines capacités de transport, afin de permettre un déplacement rapide des troupes en cas de crise. Le projet pourrait inclure la Suisse dans le cadre d’un futur partenariat de sécurité et de défense avec l’UE. L’objectif est de réduire drastiquement les délais de déploiement, de lever les obstacles réglementaires et techniques qui entravent la mobilité des armées et d’assurer un accès prioritaire aux infrastructures en situation d’urgence. Cela intervient dans un contexte de tensions croissantes avec la Russie et à une course à la militarisation dans tous les pays européens.

Mercredi 19 novembre, les autorités du district de Bara ont imposé un couvre-feu autour de l’aéroport de Simara après des affrontements entre des jeunes de la Génération Z et des partisans du parti UML, survenus en réaction à l’arrivée de dirigeants politiques. La zone reste instable, entraînant la suspension des vols entre Simara et Katmandou, tandis que les forces de l’ordre ont réprimé les contestations.

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