Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Ecevit Piroğlu milite en Turquie depuis 1992. Il a été arrêté pour cette raison à plusieurs reprises et après sa dernière incarcération, il a été contraint de quitter la Turquie pour échapper à de nouvelles persécutions. Ecevit doit être jugé, entre autres, pour son rôle dans le soulèvement de Gezi en 2013. Pour cette seule raison, il risque 30 ans de prison. Il a également combattu le Daesh au Rojava, ce qui lui vaut d’être poursuivi en Turquie comme « membre d’une organisation terroriste armée ».

Le 25 juin 2021, Ecevit s’est envolé pour la Serbie et a été arrêté après avoir atterri à l’aéroport Nikola Tesla de Belgrade et est en détention depuis lors. Le 2 juin 2022, Piroğlu a entamé une grève de la faim illimitée contre son extradition. Des mois plus tard, il a perdu un poids considérable et perd ses forces et sa conscience. Il est désormais détenu à l’isolement et sa vie est en danger. Une audience du tribunal s’est tenue à Belgrade vendredi passé, et l’audience non publique a été ajournée sans verdict. La prochaine date du procès n’a pas été mentionnée.

Deux mois de prison avec sursis avaient été requis par la procureure contre Josiane Clépier, médecin généraliste, Christiane Blondin, ophtalmologiste, et Alexander Samuel, biologiste. Ils avaient réalisé des prélèvements sur des personnes intoxiquées par des gaz lacrymogènes en 2019, en plein cœur du mouvement des Gilets jaunes dans le but d’évaluer la dangerosité des gaz lacrymogènes, suspectés d’exposer les manifestants à des doses nocives de cyanure.

Le parquet avait ouvert une enquête après la diffusion sur internet d’une vidéo les montrant en train de réaliser des prélèvements. Ces prises de sang « sauvages » risquaient de mettre en danger la vie d’autrui, selon les autorités… Toutes les personnes impliquées étaient consentantes, avaient des ordonnances, et les prises de sang étaient faites par des professionnels. Les trois scientifiques étaient passées devant le tribunal correctionnel de Paris, en juin. Le jugement a été rendu le 8 septembre (nos excuses pour le retard) : relaxe. « J’espère que, dorénavant, on pourra s’intéresser au vrai problème de fond : des gens exposés au gaz lacrymogène se retrouvent avec des niveaux élevés de cyanure dans le sang et des conséquences potentielles sur leur santé », a commenté Alexander Samuel.

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Un sous-officier et un soldats ont été tués et un autre sous-officier et deux autres soldats  ont blessés lors d’une attaque menée vers 1h30 du matin, le vendredi 7 octobre, par des combattants maoïstes de la Nouvelle armée populaire (NPA) dans la ville de Jipapad, dans le Samar oriental). Ces militaires appartenaient au 52e bataillon d’infanterie basé à Oras (Samar oriental). Le détachement opérait dans le village de Barangay Dorillo lorsqu’ils ont été attaqués par la guérilla.

Par ailleurs, e 94e bataillon d’infanterie de l’armée philippine a effectué un raid sur un camp présumé de la NPA à Sitio Sig-ang, dans le Negros Occidental. Un combat de 40 minutes a eu lieu, avec tirs nourris et explosions. Les guérilleros se sont retiré dans la jungle. Le bilan du combat n’est pas encore connu.

Alaa Zaghal, 21 ans, est mort d’une blessure par balle à la tête tirée par des militaires israélien à Deir al-Hatab, à l’est de Naplouse. Des jeunes palestiniens ont manifestés et caillassés des militaires qui procédaient à un raid contre domicile d’un Palestinien nommé Salman Omran qu’ils voulaient arrêter pour une raison encore inconnue. Omran s’est rendu après qu’un bulldozer israélien se soit approché de sa maison. Outre le jeune manifestant tué, sept personnes ont été blessées  par les forces d’occupation, dont trois journalistes. Les raids israéliens ont tué une centaine de Palestiniens, faisant de cette année la plus meurtrière depuis 2015.

L’arrestation de Salman Omran

Koçero Batman (nom de guerre d’Hasan Demirtaş) est né en 1983 dans la province kurde du nord de Batman. En 2001, il a rejoint le mouvement de libération kurde. En tant que combattant de la guérilla, il a séjourné dans de nombreuses régions différentes, des montagnes de Zagros au Dersim. Lorsque le Daesh a attaqué Kobanê en 2014, il a fait partie des combattants expérimentés du PKK venu au Rojava et a défendu la ville contre les islamistes. Après la bataille de Kobanê, il a participé en tant que commandant aux offensives de libération à Raqqa, Manbij, Ain Issa et Tabqa. Combattant courageux, il a été blessé à plusieurs reprises. Il commandait les forces des YPG du canton de Kobane.

Le 4 octobre au matin, quatre salariés de RTE, la filiale d’EDF chargée du transport d’électricité ont été perquisitionnés et arrêtés. Ils ont été conduits par les agents de la Sécurité intérieure au siège de la DGSI, les services de renseignements, à Levallois-Perret. Tous les qutre sont membres de la CGT et ont participé à un mouvement de grève national qui a commencé fin février dernier et s’est arrêté en juin. La revendication était principalement salariale. Une des pratiques des luttes syndicales du secteur est de « passer des postes en local »: les grévistes peuvent rendre invisible du réseau internet les transformateurs qui permettent de transmettre le courant. Ainsi, le centre de commande ne peut plus les diriger à distance et est obligé d’envoyer un technicien, ce qui entraîne des déplacements, des coûts. Cette méthode est pratiquée depuis au moins 30 ans chaque fois qu’il y a un mouvement social et elle n’a aucune incidence sur le réseau électrique.

Pendant le mouvement de grève qui a duré environ quatre mois, 24 postes sur 369 ont été « passés en local » dans le Nord de la France, soit 6,5% du réseau. La direction de RTE reproche au quatuor de la CGT d’avoir participé au mouvement social (sans avoir la preuve qu’ils aient eux-mêmes invisibilisé les transformateurs. Ils ont été mis à pied début septembre à titre conservatoire. Une mesure qui suspend le salaire et peut durer un mois maximum avant qu’il y ait un entretien préalable à toute sanction disciplinaire. Mais l’affaire ne s’est pas arrêtée là. Car sans que les syndicalistes le sachent, la filiale d’EDF a déposé une plainte au parquet de Lille, qui a ensuite été transférée au parquet de Paris. Pour cette vingtaine de postes passés en local informatiquement, une enquête a été ouverte le 29 juillet 2022 pour des chefs « d’entrave à un système de traitement de données, sabotage informatique, accès et maintien frauduleux dans un système de traitement automatisé de données, introduction, modification et suppression de données d’un tel système ». La DGSI a donc débarqué chez les quatre salariés et les a qualifiés de « cybercriminels en bande organisée ».

Dans le prolongement des manifestations des universités durant toute la journée du lundi 3 octobre, pour la 18e nuit du soulèvement, des affrontements et des manifestations nocturnes ont eu lieu dans de nombreux quartiers de Téhéran, notamment à Pounak, Amirabad Chomali, Ashrafi Isfahani, Tajrish, Shahrara et Shahryar. Des accrochages ont éclaté entre les forces répressives et la jeunesse insurgée qui manifestait de nuit en scandant « à bas Khamenei » et « à bas le dictateur ». À Tajrish, les gens ont répondu aux menaces et aux propos de Khamenei sur le soulèvement le jour-même avec le slogan « ce dingue de guide est une honte ». À Sanandaj, des manifestants ont mis le feu aux banderoles du régime au carrefour Sharif Abad et du 6-Bahman. Des manifestants et des jeunes rebelles ont manifesté dans le quartier de Nayssar où ils ont affronté des agents à moto. A Chiraz, rue Chamran, les gens ont manifesté de nuit soutenus par un concert de klaxons contre le déploiement massif des forces répressives. Hier, en plus des manifestations de grande ampleur dans des dizaines d’universités, des étudiants ont brûlé l’exposition des miliciens du Bassidj à l’entrée de l’Université d’Ispahan. La cérémonie funéraire d’une jeune insurgée nommée Nika Shakarami, dans la ville de Khorramabad, a tourné à la manifestation. Les forces répressives ont tenté d’y mettre fin en tirant sur les gens et en lançant des gaz lacrymogènes.

Hier mardi 4 octobre, des violents affrontements a éclaté entre la police et les habitants du quartier de Memonwada, à Porbandar, dans l’État du Gujarat. Les habitants ont affronté la police en protestant contre la campagne de démolition menée à Porbandar. Si quelques habitations ont été démolies pour cause de construction illégale, d’autres ont été rasées sous prétexte qu’elles auraient été utilisées pour stocker des stupéfiants. Les habitants se sont rassemblés en masse et ont jeté des pierres sur les policiers. La police a tiré des gaz lacrymogènes sur les villageois. La tension est actuellement élevée au Gujarat, car outre Porbandar, une autre grande ville, Vadodara, a connu des affrontements aux premières heures du 4 octobre, qui ont entraîné l’arrestation de 40 personnes.

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Les enseignants de la Coordination nationale des travailleurs de l’éducation (CNTE) luttent pour la création de postes pour les enseignants de l’État du Michoacán. Lundi 3 octobre, lors d’une manifestation, ils ont envahi les voies ferrées du tronçon Lazaro Cardenas-Morelia dans la communauté de Caltzontzin, dans la municipalité d’Uruapan (Michoacán). La Garde civile est intervenue et des affrontements ont éclaté, faisant de nombreux blessés dans les deux camps. Les manifestants ont lancé des projectiles divers sur la Garde civile, y compris des engins pyrotechniques, blessant (légèrement) sept membres des forces de l’ordre. A la fin du mois de septembre, des enseignants du CNTE s’étaient déjà heurtés à des éléments de la Garde civile après avoir effectué au moins trois blocages de routes dans les municipalités d’Uruapan, de Chilchota et de Purépero.

La guérilla colombienne de l’Armée de libération nationale (ELN) et le gouvernement colombien reprendront en novembre les négociations de paix suspendues en 2019, ont annoncé mardi les parties dans un communiqué commun lu à l’issue d’une réunion à Caracas entre les représentants des parties. « Quand reprendrons nous? Le communiqué le dit: après la première semaine de novembre » dans des « lieux tournants » entre les pays garants, le Venezuela, Cuba et la Norvège, a ensuite précisé à la presse Antonio Garcia, commandant de l’ELN (photo). Les représentants de l’ELN étaient depuis quatre ans à Cuba où s’est tenu le précédent round de négociations, suspendu en 2019 par l’ancien président colombien, le conservateur Ivan Duque, après un attentat contre une école de police qui a fait 22 morts, outre l’assaillant. Après avoir été sous le coup de mandats d’arrêts internationaux, ils ont pu quitter Cuba dimanche dans le cadre de nouvelles négociations de paix promises par le nouveau président colombien Gustavo Petro. Investi en aout, M. Petro, premier président de gauche et ancien guérillero lui-même, travaille sur un plan de « paix totale ». Il a notamment affirmé sa volonté de négocier avec l’ELN mais aussi avec les dissidents des ex-FARC qui rejettent l’accord de paix de 2016 (voir notre article).

Antonio Garcia, commandant de l’ELN

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