Il y a un an jour pour jour, le 7 octobre 2008, un jeune militant d’extrême gauche, Engin Ceber, 29 ans, mourait à la suite de tortures subies dans la prison de Metris, à Istanbul. Depuis le 5 octobre, l’affaire est plaidée devant les tribunaux.
Une soixantaine de personnes – policiers, directeur et gardiens de la prison, médecins – sont jugées devant une cour d’Istanbul. Arrêté fin septembre 2008, avec trois de ses amis, alors qu’il manifestait dans la rue et vendait un journal militant, Yürüyüs, Engin Ceber, 29 ans, avait été violemment frappé dans un commissariat puis dans le centre de détention. Hospitalisé pour une hémorragie cérébrale, après une semaine de sévices couverts par un médecin, il décédera quelques jours plus tard. Selon le rapport officiel comme les enquêtes indépendantes qui ont suivi, les circonstances de sa mort sont claires: Engin Ceber est mort de coups reçus à la tête portés par des bâtons et des barres de fer. Le personnel de la prison avait déclaré qu’Egin Ceber s’était lui même frappé la tête contre le mur. Sur plus de 6.000 plaintes déposées contre des policiers ou des militaires en 2006 et 2007, seules 223 ont abouti à un procès et 79 à une condamnation, d’après l’étude de la Fondation turque des droits de l’homme (TIHV).
Lors de leur arrestation, Engin Ceber et ses camarades manifestaient en faveur d’un de leurs camarades, Ferhat Gençer, victime l’année précédente de la police turque (sur la photo, Engin Ceber lors d’une précédente manifestation, brandissant le portrait de Ferhat Gençer). En 2007, ce vendeur de journaux révolutionnaires avait reçu une balle dans le dos tirée par un policier. Le jeune homme de 20 ans est paralysé à vie. Mais les policiers impliqués pourraient échapper à la justice. Aucun d’entre eux n’était d’ailleurs présent, vendredi, à l’audience du procès de Ferhat Gençer. En revanche, la victime, qui comparaissait en fauteuil roulant, demeure sous la menace d’une condamnation. Il risque 15 ans de prison pour propagande terroriste.