Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Des manifestations de faible ampleur se sont déroulées ce mardi dans les rues de Rome contre le sommet du G8 et les forces de l’ordre ont interpellé près de 40 manifestants. Des manifestants, relativement peu nombreux, ont incendié tôt dans la matinée quelques pneus dans une rue de Rome avant d’être interpellés par la police. D’autres manifestants, pour certains munis de cagoules et de casques, se sont repliés vers l’université de Rome d’où ils ont jeté des bouteilles et des pierres sur des véhicules des forces de l’ordre. Des dizaines de policiers et carabiniers en tenue anti-émeutes occupaient la place située devant l’université.

Selon la préfecture de police, 36 personnes au total, dont 27 italiens, ont été interpellées à Rome dans le courant de la matinée et des battes de base-ball ainsi que des bâtons ont été saisis. Les autres manifestants étaient quatre suédois, deux allemands, un suisse, un français et un polonais. Plus tôt dans la matinée, cinq jeunes français âgés de 25 à 35 ans, avaient été interpellés en possession de gourdins à L’Aquila (centre) près de la caserne de la garde des Finances qui doit abriter du 8 au 10 juillet le sommet du G8. Les jeunes gens ont été inculpés mardi pour détention d’armes prohibées mais laissés en liberté.

Manifestation anti-G8 en Italie

Manifestation anti-G8 en Italie

Deux militants autonomes berlinois ont été convoqués à Berlin pour témoigner dans l’affaire de Tarnac. Ils ont recu une convocation mi-juin. Il y a un appel à rassemblement le 16 juillet devant l’ambassade de France à Berlin à 11 heures. Puis ensuite, ils iront au tribunal ensemble où ils souhaitent ne pas témoigner.

Trois personnes ont été tuées et une soixantaine d’autres blessées au cours de la répression des manifestations par les militaires putchistes. L’un des manifestants est mort à bord d’un taxi des suites des blessures par balles reçues lors des affrontements. Juan Barahona, un responsable de la Fédération des Travailleurs Unis, a indiqué à au téléphone que les soldats ont ouvert le feu sur les manifestants se rassemblant devant le palais du gouvernement.

Quand nous nous sommes dispersés, j’ai vu plusieurs personnes ayant des blessures par balle causées par les tirs des soldats‘, a déclaré M. Barahona. ‘Deux ambulances sont arrivées, mais jusqu’à maintenant je ne sais pas s’il y a des morts‘, a-t-il ajouté. Des coups de feu ont été entendus et des grenades de gaz lacrymogène ont été tirées durant les affrontements, alors que deux hélicoptères survolaient la zone. Des tirs ont été entendus dimanche matin à l’extérieur du palais du gouvernement, 27 personnes ont été arrêtées au cours de cet incident.

Dans la nuit de samedi à dimanche, le président hondurien, Manuel Zelaya, a été enlevé par des soldats avant d’être placé de force à bord d’un avion qui allait le conduire au Costa Rica. Dimanche après-midi, Roberto Micheletti, président du Parlement hondurien, a été nommé chef de l’Etat par intérim du pays, lors d’une session spéciale des députés. Il a proclamé la loi martiale dans le pays quelques heures après son investiture.

Répression d’une manifestation au Honduras

Répression d'une manifestation au Honduras

Deux militants anarchistes, Alessandro Settepani et Sergio Maria Stefani, ont été arrêtés par l’unité spéciale ‘anti-terroriste’ des carabiniers: le ROS (Raggruppamento Operativo Speciale). Selon les médias italiens, cette arrestation aurait eu lieu ce vendredi même, mais ces arrestations remontent en réalité à plusieurs semaines déjà, pour planifier une vaste opération de police, procédant à une quarantaine de perquisitions au sein d’une supposée ‘mouvance anarcho-insurrectionnaliste’ dans plusieurs régions italiennes (Lazio, Piémont, Lombardie, Toscane, et Abruzzes). Le ROS a particulièrement visé les domiciles de compagnons déjà perquisitionnés en février de cette année. Cette opération, baptisée ‘Shadow’ par les carabiniers, a pour but d’établir des liens entre plusieurs personnes déjà visées en octobre 2007 (dont le jugement est actuellement en appel à la Cour de Terni) et des groupes affinitaires de la même région.

Alessandro Settepani et Sergio Maria Stefani, ont été arrêtés à bord d’une voiture volée. Ici, la police aurait arrêté les deux compagnons alors qu’ils s’apprêtaient à poser des crochets métalliques sur les caténaires de la ligne Orte-Ancona. La police les accuse de ‘tentative de sabotage sur les voies ferrées‘, et plus largement de ‘participation à une association subversive d’inspiration anarcho-insurrectionnaliste ayant pour but la réalisation d’actions criminelles à visée terroriste et au renversement de l’ordre démocratique‘. Une accusation déjà formulée par l’Etat italien lorsque l’opération ‘Cervantès’, entre 2003 et juin 2004, avait abouti à une centaine de perquisitions sur tout le territoire italien, 36 inculpations et quatre incarcérations, dont Sergio Stefani, qui sera relâché et acquitté en 2006. Il avait déjà été accusé de vol aggravé en mai 2006, et condamné à deux ans et huit mois de prison pour avoir placé un engin explosif (qui n’a pas explosé) devant une boucherie d’Arezzo, en Toscane. La police l’avait également arrêté à bord de sa voiture et saisi des brochures anarchistes insurrectionnalistes détaillant la fabrication d’engins incendiaires et explosifs.

La nuit de samedi à dimanche à Hambourg a été marquée par des affrontements suite à une traditionnelle fête du quartier de Schanze relevant de la culture des autonomes d’Allemagne. A la tombée de la nuit, la police a attaqué la fête; un millier d’autonomes se sont confrontés à 1.800 policiers. ‘Cette année, le potentiel d’aggressivité était plus élevé’, certains manifestants faisant usage de cocktails Molotovs et édifiant des barricades, a précisé le porte-parole de la police. Plusieurs poubelles et une voiture de police ont été incendiés. Les forces de l’ordre ont employé des canons à eau et des matraques pour repousser les manifestants. 27 policiers ont été blessés (trois hospitalisés), plus de 80 personnes arrêtées pour ‘incendie volontaire, jet de pierres et de bouteilles sur des policiers, dommages volontaires et rébellion‘.

De tels affrontements éclatent de façon traditionnelle à l’issue de la fête annuelle du quartier de Schanze à Hambourg. Plusieurs sites internet d’organisations comme les Red Skins, les Skinheads Anti-Fascistes, ou les Autonomes de gauche avaient appelé à participer au rassemblement. Hambourg est un des bastions du mouvement autonome. Le 1er Mai y est l’occasion d’affrontements (23 arrestations cette année) et il s’y pratique de manière ininterrompue une ‘guérilla diffuse’. Dans cette ville, ce jeudi 2 juillet, 9 voitures de luxe et de sociétés ont été incendiées quasi simultanément en six endroits. Il y a eu officiellement 701 actions de ce type en RFA en 2008.

Manifestation à Hamburg

Voiture incendiée en marge de la manif à Hamburg

Incidents en marge de la manif à Hamburg

Manifestation à Hamburg
Voiture incendiée en marge de la manif à Hamburg
Incidents en marge de la manif à Hamburg

En 2001-2002 a eu lieu à Berlin le procès de cinq personnes, Matthias Borgmann, Sabine Eckle, Harald Glöde, Axel Haug et Rudolf Schindler, accusées d’appartenance aux RZ (Revolutionäre Zellen, Cellules Révolutionnaires), une organisation armée qui a réalisé des dizaines d’actions anti-impérialistes, anti-militaristes et, anti-capitalistes entre 1986 et 1995. Le 16 janvier 2000, Sonja Suder et Christian Gauger, deux autres présumés membres des RZ qui avaient disparu d’Allemagne depuis 1978, étaient arrêtés à Paris suite à un mandat d’arrêt émanant du BKA. Cependant, ils ont tout d’abord été libérés sous caution puis l’extradition a été refusée par l’état français, pour cause de prescription de sa part pour ce qui est de l’appartenance au RZ et de manque de preuves pour leur éventuelle participation à des actions remontant au milieu des années ’70 (le dossier du BKA reposant sur la seule parole d’un repenti).

Le 25 février 2009, la Chambre d’Instruction du Tribunal de Paris a prononcé un avis favorable à l’extradition de Sonja Suder et Christian Gauger afin d’y être jugés pour ces faits remontant à plus de 35 ans. Ces deux sentences contradictoires s’expliquent par le changement de politique de l’Etat français. Ce changement s’est d’abord manifesté aux dépens des réfugiés basques et italiens. Le tournant répressif de l’Etat français s’inscrit dans celui de l’UE. Alors que précédemment, dans le cas d’une demande d’extradition de militants politiques, on appliquait le droit du pays d’accueil, les nouvelles conventions passées après 2004 entre les Etats de l’UE prévoient l’application rétroactive du droit du pays requérant. Dans le cas de Sonja Suder et Christian Gauger, la France a prescrit depuis longtemps l’objet de leurs poursuites, tandis que l’Allemagne prévoit une prescription allant de 20 à 40 ans, voir aucune prescription. On ferme ainsi toute issue, à l’intérieur de l’UE, à ceux qui tentent de se soustraire à la répression dans leur pays d’origine.

La bataille contre l’extradition de Sonja Suder et Christian Gauger fait partie de la résistance à l’escalade répressive en France et dans toute l’Europe.

Logo des RZ

Site sur le procès contre les RZ (en allemand)

Site français soutenant (notamment) Sonja Suder et Christian Gauger

L’homme qui avait crié ‘Sarkozy je te vois‘ à des policiers effectuant un contrôle en gare Saint-Charles à Marseille le 27 février 2008 a été relaxé vendredi par le tribunal de police de Marseille. Le juge de proximité a estimé que le ‘tapage injurieux diurne troublant la tranquillité d’autrui‘ n’était pas constitué.

La justice d’exception de l’Etat français a été une nouvelle fois critiquée par la FIDH dans un rapport dévoilé le 30 juin 2009 lors d’une conférence de presse. Yvan Colonna, condamné en appel en mars dernier pour l’exécution du préfet de Corse Claude Erignac en 1998, n’a pas bénéficié d’un procès équitable, estime la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH), sur la base d’une mission d’observation de trois de ses membres à l’audience, du 9 février au 27 mars. Pour la FIDH, la cour d’assises de Paris a eu tort de refuser la reconstitution du crime à Ajaccio réclamée par la défense. Seule cette procédure aurait permis de confronter les hommes déjà condamnés pour le crime, les témoins oculaires et les éléments du dossier car l’ensemble est peu clair, estime-t-elle. ‘Toutes ces incertitudes et ces zones d’ombre révèlent le caractère très incomplet du dossier d’information‘, ajoute-t-elle. Plus largement, la FIDH estime que toutes les procédures spécifiques à la justice anti-terroriste sont contestables.

La police de Bruxelles (des dizaines de policiers, une vingtaine de véhicules) a évacué mercredi un bâtiment occupé par quelque 400 demandeurs d’asile rue Antoine Dansaert. Les sans-papiers se savaient menacés d’expulsion depuis qu’un huissier leur avait signifié une ordonnance en ce sens jeudi dernier. L’évacuation de l’immeuble s’est déroulée sans heurt, selon la police et l’Union de Défense des Sans-Papiers. Seuls quelques occupants ont opposé une résistance face aux policiers. Une quinzaine de personnes étaient montées sur le toit du bâtiment avant de redescendre d’eux-mêmes. La Haute Ecole Erasme est le propriétaire du bâtiment qui a fait procéder à cette expulsion. Le groupe des ex-occupants de l’immeuble de la rue Dansaert a finalement investi un immeuble de la rue des Ursulines inoccupé depuis juillet 2008. Le propriétaire du bâtiment squatté, l’ASBL Groupe S, a déposé plainte mercredi après-midi auprès de la police.

Expulsion de sans-papiers rue Dansaert

Voir la vidéo de l’expulsion sur RTL

Une prochaine évacuation se prépare sur les campus universitaires de la VUB et de l’ULB. Les deux universités bruxelloises qui sont occupées depuis respectivement le 3 décembre et le 18 novembre 2008, avaient fixé aux occupants sans-papiers un nouvel ultimatum au 30 juin. À la VUB, on n’exclut pas le recours aux forces de l’ordre pour faire évacuer les 24 derniers occupants même si la voie du dialogue est toujours actuellement privilégiée. Les autorités de l’ULB et de la VUB travaillent en concertation sur ce dossier, notamment pour éviter qu’un groupe d’occupants ne déménage d’un site universitaire à l’autre.

Expulsion de sans-papiers rue Dansaert

La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a confirmé, mardi 30 juin, à Strasbourg, la décision de la justice espagnole qui, en 2003, avait déclaré ce parti illégal. Et non seulement la CEDH n’a pas jugé que le Tribunal suprême espagnol avait violé la Convention européenne des droits de l’homme en prononçant leur dissolution, mais elle dit que cette décision ‘répondait à une nécessité sociale impérieuse‘. Pour l’instance strasbourgeoise, ‘un parti politique dont les responsables incitent à recourir à la violence ou qui propose un projet ne respectant pas les règles de la démocratie ne peut recourir à la protection de la Convention européenne des droits de l’homme‘. Pour les mêmes motifs, les juges ont rejeté à l’unanimité les recours de candidats au Parlement de Navarre et aux élections européennes déclarés inéligibles. Avec ces décisions s’éteignent les derniers espoirs de la gauche nationaliste d’être représentée électoralement. Lors des élections européennes du 7 juin, la liste de la gauche nationaliste radicale, un temps interdite puis finalement autorisée à se présenter, a recueilli 116.000 votes au Pays-Basque, soit environ 16% des suffrages exprimés. En Guipuzcoa, la province de Saint-Sébastien, près d’un électeur sur quatre (23,4%) avait voté pour elle.