Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Sept militants kurdes présumés proches du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ont été mis en examen hier samedi par un juge anti-terroriste parisien et cinq écroués dans une dossier de ‘financement du terrorisme‘, a-t-on appris de source judiciaire. Ces sept Kurdes ont notamment été mis en examen pour ‘association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, violences et tentative d’extorsion de fonds‘, a-t-on précisé de même source. Cinq d’entre eux ont été placés en détention provisoire par un juge des libertés et de la détention (JLD). Le parquet avait requis six mandats de dépôt et un placement sous contrôle judiciaire.

Ces sept kurdes avaient été interpellés mardi à Marseille par des policiers de la sous-direction anti-terroriste dans le cadre d’une enquête parisienne portant sur le financement du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Ils sont accusés d’avoir collecté des fonds auprès de la diaspora kurde de la région de Marseille au profit du PKK en usant parfois de violence ou d’intimidation. Les policiers ont saisi mardi à Marseille des carnets et des documents comptables lors de perquisitions effectuées notamment à la Maison du peuple kurde et dans des maisons de membres de la communauté de la région. Cette vague d’interpellations avait provoqué mercredi une manifestation qui avait réuni à Marseille entre 1.000 et 1.500 personnes dont certaines brandissaient le portrait d’Abdullah Ocalan, emprisonné en Turquie.

Samedi, quelques centaines de ressortissants kurdes et leurs sympathisants ont manifesté à Paris à l’appel de la Fédération kurde de France pour protester contre ‘une criminalisation’ de leur communauté en France. Ces manifestants, pour la plupart des jeunes, ont improvisé des chants en kurde, entrecoupés de slogan comme: ‘arrêtez de terroriser la communauté kurde‘. Ils dansaient en brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire: ‘la Turquie et la France terrorisent les Kurdes‘, ou ‘la France: le tâcheron de la Turquie‘.

Un magistrat de la cour d’appel de Paris a ordonné vendredi la remise en liberté d’Yldune Lévy, soupçonnée d’actes de sabotage contre des lignes TGV. Le fond du dossier sera examiné vendredi prochain par la chambre de l’instruction. Le juge d’instruction anti-terroriste en charge de ce dossier avait ordonné mercredi la remise en liberté de la jeune femme, détenue depuis le 15 novembre à la maison d’arrêt de Fresnes. Le parquet avait interjeté un appel sous forme d’un référé-détention.

Dans cette procédure, il y a d’abord un magistrat de la cour d’appel qui examine s’il y a lieu à ‘référé’, c’est-à-dire si l’urgence est justifiée. Si oui, la personne reste en détention, si non, elle est libérée. Dans un deuxième temps, l’affaire est examinée sur le fond quelques jours plus tard par la chambre de l’instruction autrement composée. En l’occurence, l’audience a été fixée au vendredi 23 janvier à 14h. La compagne de Julien Coupat est mise en examen pour ‘destruction en réunion en relation avec une entreprise terroriste‘ et ‘association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste‘. Elle a été entendue le 8 janvier pour la première fois sur le fond du dossier. Le parquet de Paris a justifié sa décision de référé-détention – une procédure d’urgence – en raison notamment du ‘risque de concertation frauduleuse‘ entre la jeune femme et les sept autres mis en examen qui sont en liberté.

Au total, neuf personnes ont été mises en examen le 15 novembre dans ce dossier dont la qualification terroriste fait débat. Cinq ont été incarcérées car elles sont soupçonnées d’avoir participé à des actes de sabotage ayant visés la SNCF. Trois ont été remises en liberté le 2 décembre. Seul Julien Coupat demeure incarcéré dans le dossier.

D’autre part, le couple, soupçonné d’avoir tenté d’incendier une voiture à Paris et placé en garde à vue à la section anti-terroriste a été libéré sans charge retenue à son encontre, a-t-on appris hier vendredi.

La Chambre criminelle près de la Cour d’appel de Gafsa a renvoyé l’affaire du procès en appel de syndicalistes poursuivis à la suite du mouvement de protestation sociale dans la région minière de Gafsa au 3 février 2009, ‘afin de permettre la présence de l’un des prévenus empêché pour raisons de santé, suite à une maladie constatée antérieurement à son arrestation‘. Il s’agit de Bechir Laabidi, un des dirigeants condamnés à dix ans de prison, actuellement hospitalisé à Tunis pour cause de tuberculose.

Dans ce procès d’appel, les inculpés partent renforcés par le soutien de leur organisation, la puissante centrale syndicale Union Générale des Travailleurs Tunisien (UGTT), qui est revenu sur les sanctions qui ont gelé leurs statuts antérieurs de responsables régionaux. C’est en cette qualité qu’ils vont être jugés. Cette nouvelle donne va peser de tout son poids sur la suite du procès dans un système politique dont les rapports avec le syndicat ont souvent constitué le principal atout pour sa stabilité. Ce procès en appel fait suite à des condamnations de première instance allant jusqu’à dix ans de prison lors du procès du 11 décembre 2008 et qui a été entaché de graves irrégularités. Sur un total de 38 inculpés, le tribunal avait relaxé cinq prévenus et condamné deux autres par défaut, trente-trois des prévenus ont été jugés coupables ‘d’entente criminelle portant atteinte aux personnes et aux biens’ et ‘rébellion armée’, lors des violences ayant nécessité un déploiement de l’armée après la mort par balles le 6 juin d’un manifestant à Redeyef, près de Gafsa.

La Cour a refusé de donner suite aux demandes de mise en liberté présentées par certains avocats, 21 prévenus comparaissant en état d’arrestation. Des observateurs syndicalistes et avocats de France, d’Algérie et du Maroc étaient présents à l’ouverture du procès en appel mardi 13.

Des poursuites ont été engagées contre 13 dirigeants de la gauche sur qui s’est traduite par un mandat d’arrestation sur un des leaders de l’opposition Ollanta Humala avec l’argument incohérent d’être impliqué dans la collaboration avec le terrorisme international. Une action policière qui met en lumière le processus accéléré de criminalisation et la poursuite des luttes politiques et sociales au milieu de la corruption qui ronge les entrailles du régime péruvien. L »engagement’ du Premier Ministre de faire la lumière sur cet imbroglio répressif conçu par le Service de Renseignements du Ministère de l’Intérieur contre les partis politiques progressistes, n’a été qu’une promesse verbale et a disparu devant la décision politique des plus hautes sphères du gouvernement dirigé par Alan García Pérez.

Le mandat d’arrêt, lancé le 24 décembre, est dirigé contre Renán Raffo Muñoz, dirigeant de la Commission Politique du Parti Communiste Péruvien (qui n’est le Parti Communiste Péruvien maoïste aussi connu sous le nom de ‘Sentier Lumineux’) , Alberto Moreno Rojas, Secrétaire général du Parti Communiste du Pérou Patria Rouge, Nicolás Olmedo Auris Melgar, Vice-président de la CGTP, Jorge Luis Jaime Cárdenas, Julio Isaías Céspedes Olórtegui, Yen Amadeo Campos Cuadrao, Luis Gastón Marquina Hernández, Luis Alberto Benites Jara, un dirigeant national du Peuple Unido-UPP, Eder Gerardo Cava, de Jacinto Cunia García, Rogger Abel Taboada Rodríguez et Felícita Cueva Capa.

Une avocate âgée de 30 ans, inscrite au barreau de Paris, aurait été arrêtée cette nuit alors qu’elle et son compagnon ‘auraient été surpris sur le point d’incendier 2 voitures‘ (sic) proches de leur domicile. Il s’agirait de sympathisants des inculpés de Tarnac. Cette caractéristique leur vaut une garde à vue non pas sous le régime du délit de droit commun mais pour ‘infraction en lien avec une entreprise terroriste‘.

Le gouvernement péruvien a prolongé de 60 jours l’état d’urgence dans plusieurs provinces des régions andines d’Ayacucho, de Junín et de Cusco. Dans cette vallée du sud des Andes se trouve la zone montagneuse et forestière du Vizcatán, bastion de la guérilla maoïste du Parti Communiste du Pérou (‘Sentier Lumineux’). La résolution publiée samedi 10 janvier, présentée par le ministre de la défense Antero Flores Aráoz, affirme que la décision de prolonger l’état d’urgence s’explique par ‘des situations contraires à l’ordre intérieur qui affectent le développement normal de la population.’ Le ministre a précisé: ‘La vallée de l’Apurimac-Ene est devenue une région militaire transitoire, mais autonome, afin de garantir l’approvisionnement en logistique et fournitures dans la lutte contre les reliquats du narco-terrorisme.’

Sous l’état d’urgence sont suspendus les droits constitutionnels de liberté et sécurité personnelle, l’inviolabilité du domicile et la liberté de réunion et de circulation. La mesure gouvernementale établit que l’Armée persistera dans son rôle de maintien de l’ordre dans la zone concernée par l’état d’urgence. Le ministre a expliqué que ‘la nouvelle organisation militaire permettra en outre de faire un meilleur usage des hélicoptères russes MI-17 et MI-18.’

Le gouvernement péruvien a lancé en août 2008 une offensive militaire dans cette vallée avec l’objectif d’éradiquer la présence de la guérilla. L’offensive militaire lancée par l’armée dans cette région au cours des derniers mois est un échec: 24 militaires ont été tués, 48 autres sont blessés, tandis que la guérilla n’aurait subi aucune perte. Une embuscade menée contre un convoi de l’armée péruvienne avait notamment fait seize morts en octobre dans le sud-est du pays.

Le rassemblement appelé devant l’ambassade des USA mercredi 14 janvier n’a pas eu lieu. Dès l’arrivée des manifestants dans le métro, les sorties étaient bloquées, en haut des escaliers se déployait une cinquantaine de flics pour une trentaine de manifestants. Ceux-ci furent informés que le rassemblement était interdit et qu’ils allaient tous être poursuivis. Au milieu de la place une centaine de manifestants étaient bloqués par un autre cordon d’une centaine au moins de policiers en équipement complet.

Après quelques ‘Israël Assassin, Sarkozy Complice‘ la police est intervenue brutalement, plaquant au mur, liant les mains, etc. Une cinquantaine de manifestants a poursuivi la manif dans le métro jusqu’à Madeleine. D’autres ont rejoint les rassemblements permanents à Stalingrad et à la Fontaine des Innocents aux Halles. Au bout d’une heure environ, 26 personnes ont été embarquées au commissariat du 18e ardt. Pas de poursuite, simples contrôles d’identité.

Cesare Battisti

S’opposant à la décision du Comité national pour les réfugiés au Brésil qui a récemment refusé d’accorder le statut de réfugié politique à Cesare Battisti, le ministre brésilien de la Justice, Tarso Genro, avait recommandé pour sa part à son pays de lui accorder l’asile politique. La Cour suprême du Brésil doit encore avaliser cette décision. Tarso Genro justifiait son avis en raison d’un risque de persécution du prisonnier dans son pays d’origine. Le gouvernement italien avait demandé au président Lula da Silva, ‘dans le cadre de la coopération judiciaire internationale dans la lutte contre le terrorisme‘, de revenir sur cette décision d’asile politique. Hier (13 janvier) a été déclaré réfugié politique.

Rappel de l’affaire

Cesare Battisti est un ancien membre des Prolétaires Armés pour le Communisme (PAC). Il s’était évadé d’une prison italienne en 1981 et avait gagné le Mexique avant de se réfugier à Paris en 1990. Comme beaucoup d’anciens militants révolutionnaires italiens, il s’était réfugié en France sous la protection de la ‘Doctrine Mitterrand’. Cet engagement pris en 1985 par le président de la République stipulait en effet que les anciens militants italiens réfugiés en France qui renonceraient à la violence ne seraient pas extradés.

Cesare Battisti avait été arrêté à Paris début 2004 mais, remis en liberté sous contrôle judiciaire, il était passé à la clandestinité en août 2004 lorsque le Gouvernement de Jean-Pierre Raffarin avait décidé, après plusieurs recours en justice, de l’extrader vers l’Italie qui l’avait condamné par contumace en 1993 à une peine de prison à perpétuité. Sa condamnation à la réclusion à perpétuité est devenue là-bas définitive et irrévocable. Cesare Battisti a été arrêté le 18 mars 2007 près de la plage de Copacabana à Rio de Janeiro (Brésil) après 30 mois de cavale. Il a été capturé dans la rue par la police brésilienne au moment où un membre de son comité de soutien, entré au Brésil avec une somme d’argent. L’opération a été coordonnée par les services d’Interpol, la jeune femme ayant été filée par des policiers français de l’Office Central de Lutte contre la Criminalité qui ont transmis leurs renseignements à la police brésilienne.

Cesare Battisti

Thierry Fragnoli, le juge d’instruction qui a mis en examen Yldune Levy le 15 novembre pour ‘destructions en réunion et association de malfaiteurs à visée terroriste‘, a ‘signé aujourd’hui une ordonnance de remise en liberté sous contrôle judiciaire’, a affirmé son avocat, Steeve Montagne. Le parquet a fait immédiatement appel. La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris devra donc statuer sur ce référé-détention avant de décider ultérieurement si Yldune Levy, âgée de 25 ans, doit être remise en liberté.