Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Dès le premier procès de Colonna, en 2007, la défense avait dénoncé avec véhémence des enquêtes et des instructions à charge contre le prévenu, finalement condamné à perpétuité pour l’exécution du préfet Erignac. En appel, tandis que Colonna ne cesse de proclamer son innocence, la défense multiplie les mises en cause directe des enquêteurs et de la cour d’assises.

Le procès a connu son tournant lorsqu’un commissaire de police, Didier Vinolas, ancien collaborateur d’Erignac, soutient que deux hommes ayant participé aux faits seraient dans la nature, jamais poursuivis. Le président a ‘oublié’ d’informer la défense que Vinolas lui avait écrit pour l’informer au préalable. Le président a tout tenté pour éviter que les deux noms cités soient réintégrés en procédure. Il y a bien eu ‘supplément d’information’, mais la cour a estimé que le commissaire Vinolas n’apportait pas d’élément nouveau, donc qu’il était inutile d’enquêter sur les faits cités. Donc, rejet d’une nouvelle demande de complément d’information.

Un autre témoin, le commandant Georges Lebbos, policier de la DNAT (Direction nationale anti-terroriste) qui a effectué 80% des actes de procédure dans les enquêtes conduites pour mettre en cause Yvan Colonna, est cité par l’accusation. Sa déposition est nécessaire pour éclairer la manière dont le nom d’Yvan Colonna a été introduit dans le dossier. C’est un document antidaté par Lebbos qui a conduit à l’acquittement de deux des supposés complices de Colonna. Lebbos apparaît le 9 février, à l’ouverture du procès, dans la liste des témoins qui doivent déposer. Or le 27 février, le président Wacogne dévoile que Lebbos lui a adressé dès le 9 février un certificat médical indiquant que son ‘état de santé dépressif’ ne lui permettrait pas de déposer devant la Cour. Mais la défense a relevé le fait que le certificat médical était connu du président dès le 9 février, et qu’il n’en a mentionné l’existence que le 27. Nouvelle tentative pour truquer le procès, on évite d’interroger les acteurs les plus fondamentaux.

Le président Wacogne interroge très longuement et avec une suspicion manifeste tout témoin qui apporte des éléments à décharge en faveur de Colonna, pour ne pas dire qu’il s’acharne. Le président de la cour, chargé de condamner sur une décision politique prise d’avance, a fait l’objet d’une première demande de récusation introduite par la défense, demande rejetée par la cour d’appel de Paris.

Samedi 7 mars, le Secours Rouge organise au Garcia Lorca une soirée d’information sur le thème des Black Panthers. Une essaiste française, visiteuse de prison de Mumia Abu Jamal, viendra présenter une conférence qui sera précédée d’un film sur l’assassinat de Fred Hampton.

La salle située entre la salle de conférence/projection et le bar/restaurant sera aménagée pour l’installation de stands d’information. Une talble sera mise à la disposition de toute organisation ou collectif solidaire des prisonniers communistes, anarchistes, antifascistes, anti-impérialistes. Un mail au site du SR suffira pour réserver une table.

Les bénéfices de la soirée financeront la défense légale des 4 inculpés du Secours Rouge.

Voir la page du site consacrée au Black Panther Party

Hier soir, la relaxe générale a été prononcée pour cinq français arrêtés par l’armée américaine en Afghanistan et sortis du centre de détention américain entre 2004 et 2005. Le 19 décembre 2007, la 16e chambre correctionnelle de Paris avait condamné en première instance un des cinq détenus à cinq ans d’emprisonnement, dont quatre avec sursis, et les quatre autres à quatre ans, dont trois avec sursis. Un autre ex-détenu avait été relaxé. Dans son arrêt, la cour d’appel a annulé mardi les procès-verbaux d’interrogatoires des cinq hommes réalisés par les services de renseignements français en janvier-février 2002 et janvier 2004 à Guantanamo, estimant que ceux-ci agissaient alors dans le cadre d’une mission de renseignements, et non de police judiciaire, comme ils le prétendaient. L’annulation de ces procès-verbaux vidant le dossier de l’accusation, la relaxe a été prononcée. Le parquet général a introduit un recours en cassation.

Un militant présumé de l’ETA, au volant d’une voiture, s’était soustrait dans la matinée à un contrôle de police dans le centre de la ville de Millau. Pris en chasse, l’homme a alors eu un accident de la route et a été interpellé par la gendarmerie près de Compeyre, autre localité du département de l’Aveyron.

A l’instar des islamistes, les hooligans essuient régulièrement les plâtres de nouvelles techniques ou dispositifs répressifs. Un exemple particulièrement grave fut l’interdiction faite à certains hooligans de se rendre dans d’autres pays européens pour assister à des matchs. Cette disposition est passée inaperçue… et a servi de précédent pour les interdictions d’aller manifester faites aux militants altermondialistes supposés ‘violents’.

Cette fois, la première consiste en l’appel à la dénonciation sur YouTube et Facebook. Vingt-neuf personnes suspectées de hooliganisme lors de la finale de la Coupe UEFA qui a eu lieu au City of Manchester Stadium en mai 2008 ont été identifiées par la police de Manchester suite à un appel a témoin mis en ligne sur ces deux sites. En deux jours, la vidéo a été vue par 66.000 personnes sur les sites de partage, 70.000 sur le site de la Greater Police Manchester et 76 formulaires d’identification ont été remplis. Sur la vidéo, on peut voir 49 photos de suspects et une vidéo des affrontements opposant des supporters des Glasgow Rangers aux forces de police pendant la soirée du match. A l’issue des affrontements, la police anti-émeute avait pu procéder à l’interpellation de 42 présumés hooligans.

Les progrès des nouvelles techniques de vidéo-surveillance sont démontrés par un enregistrement vidéo d’affrontements entre groupes de supporters de Birmingham City et d’Aston Villa diffusé par la police des West Midlands. La vidéo a été téléchargée sur … YouTube pour démontrer les capacités d’un hélicoptère de police du dernier cri coûtant 4 millions de livres qui avait pu grâce à une technologie adaptée filmer durant près de 90 minutes la totalité des affrontement qui avaient eu lieu en novembre 2007.

En Belgique, c’est aux trois hélicoptères McDonnell Douglas ‘Explorer 900’ de la police fédérale basés à Melsbroek de jouer ce rôle. Cet hélicoptère peut être utilisé la nuit; il est notamment pourvu d’un système de protection contre un contact éventuel avec une ligne à haute tension, d’un treuil électrique, d’une lampe de recherche puissante et d’une caméra thermique. Outre les contrôles des manifestations, ces hélicoptères particulièrement silencieux (ils n’ont pas de rotor arrière) patrouillent plusieurs nuits par semaine (on peut repérer leur passage aux alarmes qu’ils déclenchent en volant à basse altitude!) en liaisons avec les polices locales. La qualité des caméras a été démontrées plusieurs fois. Ainsi lors du procès des jeunes participants allemands à la manifestation contre le Sommet de l’Union Européenne du 14 décembre 2001 à Laeken accusés d’avoir ‘black-bloqué’. Les photos parfaitement identifiables de manifestants prises d’hélicoptères ont été produites par la police.

Pour en savoir plus

Julien Coupat, inculpé dans l’affaire des sabotages SNCF, a vu sa dernière demande de remise en liberté rejetée, aujourd’hui, par un juge des libertés et de la détention (JLD), a-t-on appris de son avocate, Me Irène Terrel, qui a fait appel dans la foulée. C’est la quatrième fois que l’avocate essaie d’obtenir la liberté sous contrôle judiciaire. Le 19 décembre, un JLD s’était prononcé en faveur de sa remise en liberté mais le parquet avait fait appel. Appel confirmé par la chambre de l’instruction. Depuis, Julien Coupat a été entendu deux fois, coup sur coup, au début du mois, par le juge d’instruction anti-terroriste, Thierry Fragnoli. Coupat aurait maintenu qu’il n’était pas impliqué dans la série d’incidents sur des caténaires qui avait perturbé le trafic ferroviaire le 8 novembre.

Nous annoncions hier la publication du rapport du GRIP contre les armes à léthalité réduite. Deux députés MR (dont le porte-parole du parti) ont commis une carte blanche dans Le Soir en faveur de l’équipement de la police en armes de ce type (le FN 303 est explicitement nommé).

La carte blanche des portes-paroles du MR

Le numéro de l’ancien journal du Secours Rouge sur le FN 303

Une concentration de militants de la FGTB du Centre et d’autres régionales wallonnes est prévue demain mercredi matin devant le palais de justice de Mons afin de défendre le droit de grève. L’action aura lieu pendant que le tribunal examinera une requête de la FGTB dans le cadre du conflit qui a opposé le syndicat au groupe Carrefour, en octobre dernier. La FGTB du Centre défendra mercredi une requête en tierce opposition contre l’ordonnance prise le 24 octobre 2008 par le président du tribunal de première instance de Mons. Délivrée sur requête unilatérale du groupe Carrefour, cette ordonnance préventive interdisait notamment d’entraver l’accès aux bâtiments de la société, sous peine d’une astreinte de mille euros par personne, ‘soit environ un mois de salaire dans le secteur‘, souligne le syndicat.

En octobre dernier, un conflit social a opposé Carrefour aux syndicats à propos de l’ouverture d’un nouvel hypermarché à Bruges, soumis à une commission paritaire moins avantageuse que dans le reste du groupe. Face aux menaces d’actions syndicales, la direction du groupe de distribution avait introduit des requêtes dans la plupart des arrondissements judiciaires afin de contrecarrer les piquets de grève. La FGTB du Centre et le syndicat en général disent regretter les ordonnances avec astreintes qui ont suivi, témoins à leurs yeux d’une ‘judiciarisation des conflits sociaux’, voir d’une dérive ‘fascisante’ de l’État de droit, selon les termes du secrétaire régional Setca Manu Morais. ‘La Charte sociale européenne reconnaît le piquet comme partie intégrante du droit de grève et le Comité européen des Droits sociaux a déjà jugé que les astreintes en la matière sont inacceptables‘, a-t-il souligné.

Jusqu’ici, à propos de requêtes similaires portant sur le même conflit avec Carrefour, la justice s’est prononcée une fois en faveur des thèses syndicales – le 3 décembre au tribunal de Furnes – et une autre en sa défaveur – le 11 février au tribunal de Bruxelles.