Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Une troisième manifestation contre le couvre-feu et les mesures autoritaires se tenait à Liège cet après-midi.  La précédente, qui avait eu lieu fin novembre, avait été sévèrement réprimée avec plus de 400 PV et arrestations (vois notre article). Deux autopompes, un hélico, de très nombreux combis et policiers étaient présents aujourd’hui dans le centre-ville de Liège. Des policiers en civil patrouillaient avec des caméras au poignet. Sur l’esplanade Saint-Léonard et aux alentours, dès 14h, la police a effectué de nombreux contrôles, plusieurs fouilles ont également lieu. Leur objectif était clairement de dissuader les personnes de rejoindre l’esplanade et d’empêcher celles qui ont réussi à arriver sur place de se rejoindre pour former un rassemblement.
Une cortège, ouvert par une énorme banderole sur laquelle on pouvait lire « Moins de flics, plus de soin ! », a réussi à se former pour rejoindre la rue hors château, puis les quais de la batte et ensuite la place du 20 août. Six personnes, dont des journalistes, un médic et une personne mineure, ont été arrêtées puis relâchées. Le reste du cortège a réussi à se disperser en évitant les policiers.

D’autre part, une 4ème manifestation hebdomadaire visant à faire entendre les revendications des détenu.e.s et leurs proches s’est tenue devant la prison de Lantin, près de Liège. La police a intercepté les participants dès leur arrivée, en leur demandant de quitter les lieux, sous menace de prendre leurs cartes d’identité et de mettre 250 euros d’amende à chaque personne présente. Les manifestants ont tenté de négocier (rester en bulle de 4, peu de temps, avec distance et port du masque) en vain. Et lorsqu’ils décident de quitter les lieux, les policiers les interpellent à nouveau. Les policier.e.s (en ce 13/12) arrêtent la personne qui leur explique que nous refusons d’être identifiés alors même que nous sommes sur le point de quitter les lieux. Pendant que cette personne se faisait emmener au commissariat, tous les autres ont été contraints de donner leur identité sous peine de se faire arrêter également.

A Lantin

« Don’t talk to the police ». Cette phrase qui se traduit par : « Ne parles pas à la police » nous a semblé être une bonne base pour lancer une campagne de sensibilisation dans les milieux militants mais aussi pour un large public.

La crise sanitaire étant un prélude à une crise sociale, le contexte nous a semblé opportun à la production de matériel appelant à la construction d’une culture du silence. Partout la contestation gronde et la répression s’abat sur les masses. De plus, même dans les groupes le plus « militants », lors d’arrestations, trop de personnes décident de parler avec la police. Il est donc impératif de nous armer des outils nécessaires à notre défense collective.
Nous avons donc produit une brochure rappelant pourquoi il est nécessaire de se taire face à la police. Nous la distribuerons lors de manifestations et autres événements politiques ainsi que sur le web. Nous vous encourageons à la partager massivement. Trop peu de personnes connaissent leur droit à garder le silence.
Se taire face à la police c’est protéger tes camarades. C’est sauvegarder tes projets politiques. C’est te protéger. C’est saboter l’appareil répressif bourgeois. C’est te permettre une défense politique par la suite.

#donttalktothepolice

Secours Rouge Genève

Brochure version PDF

Samedi 12 décembre, dans de nombreuses villes en France, des mobilisations ont eu lieu contre la loi de sécurité globale et contre le projet de loi contre les séparatismes. Malgré la défection d’une grande partie des organisations de gauche, la manifestation a réuni à Paris des milliers de personnes. Un énorme dispositif policier a été mis en place et la répression s’est abattue dès le début. Au moins 142 personnes ont été interpellées. Dans de nombreuses autres villes de France, des rassemblements ou des manifestations ont eu lieu pour dénoncer les deux lois.

Mercredi 9 décembre, le robot-chien SPOT était présent dans les rues de Nantes dans le cadre d’un partenariat entre « Boston Dynamics » (la société créatrice du robot) et « Intuitive Dynamics », société chargé commercialiser le robot sur le marché européen et de l’adapter aux différents besoins des clients. Spot avait notamment déjà utilisée par la police l’État du Massachusetts (voir notre article) et par la ville de Singapour pour faire respecter les mesures de confinement (voir notre article). Le groupe sud-coréen Hyundai vient de prendre une participation de 80 % dans « Boston Dynamics » dans le cadre d’un accord conclu entre 735 et 830 millions de dollars. C’est surtout le savoir-faire de l’entreprise dans les bras robotisés et l’automatisation qui intéresse en premier lieu Hyundai, qui devrait s’en servir pour continuer à faire évoluer ses lignes de production industrielles.

Le robot SPOT dans les rues de Nantes

Le robot SPOT dans les rues de Nantes

Mardi 8 décembre, neuf personnes avaient été arrêtées dans plusieurs lieux en France : à Toulouse, en Dordogne, dans le Val-de-Marne ou encore à Rennes. Une opération de police a ciblé un squat toulousain. La police affirme que ses perquisitions ont permis de saisir des éléments pouvant être utilisés pour la fabrication d’explosif type TATP, une petite quantité d’explosif déjà fabriqué, ainsi que des des armes. Sur ces neuf, sept ont été inculpées vendredi 11 d' »association de malfaiteurs terroriste ». Cinq ont été placés samedi en détention provisoire et les deux autres sous contrôle judiciaire. Ces sept personnes avaient été présentées vendredi à un juge d’instruction antiterroriste. Ces militants, six hommes et une femme, âgés de 30 à 36 ans, sont accusés d’avoir envisagé des actions violentes, ciblant notamment des policiers. Parmi elles, Florian, un militant anarchiste, ancien internationaliste ayant combattu au Rojava.

Une maoïste a été tuée vendredi 11 par les forces de sécurité dans le district de Kandhamal. Deux unités du Groupe d’opérations spéciales (SOG) et de la Force volontaire de district (DVF) ont lancé une opération anti-guérilla mercredi. Vendredi après-midi, ils ont ouvert le feu sur un groupe d’une dizaine de maoïstes. Deux fusils ont été retrouvés sur place par les policiers qui ont poursuivi leurs opérations de ratissage.

Combattants maoïstes

Dossier(s): Inde-Népal Tags: , ,

Vendredi 11 décembre, marquait le troisième soir de révolte en Albanie après la mort d’un jeune de 25 ans, Klodjan Rasha, tué devant chez lui par un policier, pour avoir « enfreint les mesures de confinement ». Dans la capitale, Tirana, des batailles rangées ont eu lieu entre la police et des centaines de manifestant·es tandis que des protestations rassemblaient des milliers de personnes. D’abord cantonnée à Tirana, le mouvement a gagné d’autres villes. Le mouvement populaire a déjà poussé à la démission du Ministre de l’Intérieur, Sander Lleshaj. Autre conséquence de ces protestations, le policier auteur du tir mortel a rapidement été arrêté et devait être jugé immédiatement. Plus d’infos ici.

Émeutes suite à un meurtre policier

Émeutes suite à un meurtre policier

Des soldats israéliens ont fait un raid, tôt mercredi matin, dans la ville de Jaba ‘, au sud de la ville de Jénine, au nord de la Cisjordanie. Plusieurs jeeps de l’armée ont envahi la ville, avant que les soldats ne fassent irruption dans de nombreuses maisons et les fouillent violemment, tout en interrogeant les familles. De nombreux riverains ont protesté contre l’invasion, lancé des pierres et quelques cocktails Molotov sur les jeeps de l’armée, tandis que les soldats ont tiré des balles en acier recouvertes de caoutchouc et un barrage de bombes à gaz. Six jeunes manifestants ont été blessés par des balles en acier recouvertes de caoutchouc et de nombreux habitants ont dû recevoir des soins pour avoir inhalé trop de gaz lacrymogène. Les soldats ont enlevé dix-neuf Palestiniens à leur domicile à Jaba’ et dans plusieurs autres points de la Cisjordanie.

La préfecture de police de Paris a octroyé la protection fonctionnelle aux agents mis en cause dans le tabassage du producteur de musique. Les quatre policiers mis en examen dans l’affaire Michel Zecler peuvent donc compter sur le soutien financier de leur administration. Il s’agit d’une initiative du préfet de police Didier Lallement, approuvée par le ministre de l’intérieur. Pour rappel, le 21 novembre, Michel Zecler avait été tabassé par plusieurs policiers alors qu’il étaient dans son studio de musique. Les policiers étaient intervenus car Michel Zecler avait quelque instant avant été présent dans la rue en ayant oublié de mettre masque. L’agression avait été filmée par la caméra du studio ce qui avait permis de mettre au jour les mensonges des policiers qui l’accusaient de « violences sur personne dépositaire de l’autorité publique » et de « rébellion ».

Tabassage de Michel Zecler

Tabassage de Michel Zecler

Six manifestants ont été tués en moins de 48 heures lors de rassemblements contre les autorités du Kurdistan irakien, au moment où la colère gronde à propos de coupes de salaires dans la fonction publique (voir notre article d’hier). Lundi, un premier manifestant âgé de 26 ans a été tué par balle dans la localité de Chamchamal, où les forces de sécurité, qui protégeaient des bureaux de plusieurs partis politiques, avaient tiré à balles réelles pour tenter de disperser les manifestants qui s’en approchaient. Tard lundi soir, deux manifestants sont morts dans les localités de Kifre et Dabardikhan.

En dépit de la répression, de nouvelles manifestations ont eu lieu mardi dans une demi douzaine de localités de la province de Souleimaniyeh. A Takiya, une soixantaine de km au sud-est de la ville de Soleimaniyeh, des manifestants ont tenté d’incendier les sièges de partis politiques kurdes et de la police locale. Une jeune manifestant de 16 ans a été tué par balle à Takiya. Plus à l’Est, deux manifestants ont été tués lors de rassemblements mardi à Sayed-Sadeq. Les autorités gouvernementales du Kurdistan ont annoncé une interdiction de mouvement entre Souleimaniyeh et les localités voisines pendant 24 heures à compter de mardi minuit.