Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Un homme a été tué ce jeudi 15 août en Kanaky par un tir de gendarme à Thio (est), portant à onze le nombre de décès depuis le début du soulèvement dans l’archipel. Les gendarmes ont tenté vers 6 heures du matin de dégager une route provinciale, entravée par une vingtaine de manifestants qui l’avaient notamment barrée d’un engin de chantier. Les gendarmes ont été violemment repoussés lors de la manœuvre de dégagement, ils ont subi des jets de pierre, des cocktails Molotov et des tirs d’arme à feu. Plusieurs tirs de riposte ont ensuite été effectués, blessant deux opposants, dont un est mort durant son transfert à l’hôpital.

Les tensions avaient plutôt tendance à diminuer, mais le feu couve toujours. Mardi, quelques centaines d’indépendantistes ont répondu à l’appel de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), qui a décrété une journée d’action pour « commémorer » le « départ de la révolte » contre la réforme du corps électoral. Des incidents ont éclaté sur un barrage dans le centre de l’île. Les militants indépendantistes ne sont pas satisfaits de la suspension de la réforme électorale qui avait déclenché un mouvement de contestation. Ils veulent le retrait pur et simple de cette réforme, et annoncent continuer de se mobiliser dans la rue. La situation est toujours tendue, le couvre-feu est maintenu de 22h à 5h, de même que l’interdiction du port et du transport d’armes et la vente d’alcool.

Des militants climatiques du mouvement « Dernière Génération » ont pénétré dans quatre aéroports allemands, Berlin, Cologne/Bonn, Nuremberg et Stuttgart ce jeudi matin, provoquant la suspension du trafic sur deux d’entre eux. Huit personnes au total sont entrées sur les pistes dès 5 heures du matin et se sont collées à l’asphalte. Dans chacun des aéroports, deux militants portant des gilets orange fluorescents ont déployé des banderoles « Le pétrole tue » et « Signez le traité » sans toutefois préciser quel traité. A Nuremberg  le trafic aérien a été interrompu pendant environ une heure, les  activistes ont pénétré sur le tarmac . Un trou dans la clôture a été signalé, deux coupe-boulons se trouvaient à proximité. A l’aéroport de Berlin, deux activistes se sont collées sur le site, ils ont été arrêtés et placés en garde à vue. La police enquête sur des dégradations de clôture, violation de domicile et une infraction à la loi sur la sécurité aérienne.

Le Collectif  « Dernière Génération » demande une protection radicale du climat, notamment l’abandon total du charbon, du pétrole et du gaz. Ils demandent la conclusion d’un traité international dans ce sens. Depuis le début de l’année 2022, le groupe a organisé des blocages de routes, au cours desquels les participants se sont collés. Les militants pour le climat ont récemment organisé plusieurs actions de blocage dans des aéroports, notamment à Francfort, le plus grand aéroport d’Allemagne, fin juillet. ( voir article ici )

Le gouvernement allemand voudrait mettre en place plus de répression des militants radicaux pour le climat et autres activistes en durcissant la loi sur la sécurité aérienne.

Ce mardi soir, les militants opposés à l’autoroute A69 dénoncent des faits particulièrement graves. Dans la nuit de lundi à mardi vers 3h10 du matin, sur le terrain appelé « bacamp », occupé légalement par les militants à Saïx, trois personnes sont venues les agresser. L’une d’elles a placé sa main avec un objet, vraisemblablement un couteau, sous la gorge d’un zadiste pour l’empêcher de bouger, pendant qu’un autre agresseur commençait à asperger tente, véhicule et un des militants d’essence. Un agresseur a mis le feu à la tente et aux couchages ainsi qu’au véhicule, geste qui aurait pu immoler le zadiste couvert du liquide inflammable. Les trois incendiaires ont pris la fuite alors que le reste des militants de la ZAD arrivaient en nombre. La gendarmerie a été saisie d’une enquête pour « dégradations » suite à l’incendie du véhicule sur le « bacamp ». Les militants annoncent porter plainte ce mercredi. Aucune arrestation .

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Réseau Libres de lutte – Entraver le DDL 1660, c’est le nom choisi pour la coordination nationale d’organisations de lutte, syndicats de base et groupes militants, qui a débuté en juillet avec des assemblées en ligne et quelques initiatives locales (voir notre article ici). Le moment est critique : cette loi, qui sera votée en septembre, s’attaque à tous les secteurs en lutte, à toutes les formes de lutte les plus incisives et même historiques, comme les piquets de grève, les barrages routiers, les occupations de logements, jusqu’à la « résistance passive » en prison. Cette coordination est le résultat d’une large prise de conscience de la gravité de cette législation de « guerre intérieure », et précisément par rapport aux « guerres extérieures ». C’est pourquoi elle a déjà fixé en septembre un calendrier d’initiatives de combat. En même temps que se poursuivent gréves et protestations locales, en photo un piquet ouvrier mardi matin, 13 août dans la ville de Potenza.
Plus d’information sur la coordination sur le site (en italien) Il pungolorosso

Ces dernières semaines, la police turque a arrêté des dizaines de Kurdes accusés d’avoir scandé des slogans ou chanté des chansons favorables au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Après avoir partagé sur les réseaux sociaux une chanson favorable au parti kurde, dix-huit personnes ont été arrêtées lors d’opérations de police menées samedi 27 juillet dans plusieurs quartiers d’Istanbul. Onze d’entre elles ont été placées en détention et sept ont été relâchées sous contrôle judiciaire.

La semaine dernière, des descentes de police ont eu lieu en marge de mariages traditionnels kurdes. Douze personnes ont été interpellées pour avoir entonné des chants pro PKK, ce qui équivaut en droit turc à « soutenir une organisation terroriste ». Neuf autres  jeunes Kurdes qui dansaient le halay (danse en groupe) en chantant « Longue vie au chef Apo ! » sur une plage de Mersin, au sud du pays, ont été arrêtés. Dans le minibus qui les emmenait au commissariat, ils ont été contraints par les policiers  d’écouter très fort une chanson nationaliste « Je mourrai pour toi ma Turquie ».

Alors que l’armée d’occupation multiplie les frappes aériennes sur les écoles (la dernière du 9 août ayant tué 93 civils) dans le cadre de son opération génocidaire à Gaza (sans parvenir à vaincre la résistance), d’autres unités continuent leurs attaques en Cisjordanie.

Au cours d’un raid qui s’est déroulé hier, le 11 août 2024, un jeune palestinien a été gravement blessé à la cuisse par des balles réelles lors de confrontations avec les forces d’occupation dans le camp de réfugiés d’Al-Ain, situé à l’ouest de Naplouse. Par ailleurs, au moins trois Palestiniens ont été arrêtés.

Pendant ce temps, l’armée israélienne a pris d’assaut le village de Burqa, au nord-ouest de Naplouse, perquisitionnant plusieurs maisons, détruisant le mobilier et agressant l’un des résidents.

L'armée d'occupation en Cisjordanie (archive)

L’armée d’occupation en Cisjordanie (archive)

Durant la nuit de samedi à dimanche 11 août en Irlande du Nord à Londonderry (surnommée Derry par les républicains) une marche d’Unionistes Protestants ( attachés à leur appartenance à la Couronne britannique ) a eu lieu au cours duquel des affrontements ont éclaté avec des Républicains irlandais. Les violences ont duré plusieurs heures, une cinquantaine de jeunes s’en sont pris aux forces de police déployées en nombres. Des feux d’artifice, des cocktails Molotov et d’autres projectiles ont été utilisés pour attaquer la police.

Malgré un accord de paix signé en 1998 qui a mis fin à trois décennies de conflit entre ces communautés britanniques, les tensions s’accentuent régulièrement. Ces derniers jours, des groupes paramilitaires unionistes ont été accusés d’avoir fomenté des émeutes d’extrême droite qui ont éclaté au Royaume-Uni après l’attaque au couteau qui a tué trois enfants en Angleterre.

Quarante-sept étudiants ont été arrêtés vendredi 9 septembre alors qu’ils marchaient en direction du Parlement pour y remettre une pétition contre un mégaprojet  d’extraction pétrolière de TotalEnergies. Parmi les 47 personnes arrêtées,  deux ont été inculpées d’incitation à la violence.

Les militants demandent la fin des financements pour un projet pétrolier qu’ils jugent nuisible pour l’environnement. En 2022, TotalEnergies a signé un accord d’investissement de 10 milliards de dollars avec l’Ouganda, la Tanzanie et la compagnie chinoise Cnooc ( China National Offshore Oil Corporation ). Cet accord comprend la construction d’un oléoduc (Eacop) de 1 443 kilomètres reliant les gisements du lac Albert, dans l’ouest de l’Ouganda, à la côte tanzanienne, sur l’océan Indien ainsi que le forage de 419 puits dans le parc naturel des Murchison Falls.

Ce projet est dénoncé par des organisations de protection de l’environnement estimant que ce dernier menace l’écosystème de la région et des populations qui y vivent.

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Samedi 10 juillet, des groupes de défense de l’environnement ont organisé une manifestation à Belgrade qui a rassemblée près de 40.000 personnes (24 à 27.000 selon la police). La manifestation s’est organisée pour dénoncer l’accord du gouvernement Serbe de la relance de l’exploitation d’une mine de lithium. Rio Tinto est le nom du géant anglo-australien qui a reçu le droit d’exploitation et dont il espère extraire chaque année quelque 60 000 tonnes de lithium et assurer la production de 1,1 million de voitures électriques en Europe.

Les gisements avaient été découverts en 2004. En 2021, des semaines de manifestations massives avaient forcé les autorités à interrompre le projet (voir notre article ici). En juillet, le tribunal constitutionnel serbe a cassé la décision gouvernementale d’interdire l’exploitation du lithium en Serbie permettant la relance de l’exploitation de la mine.

Lors de la manifestation de samedi, 19 personnes ont été interpellées, accusées d’avoir bloqué les voies dans la principale gare ferroviaire de Belgrade. Elles seront relâchées finalement le dimanche matin. Les organisations environnementales ont informé que la mobilisation se poursuivrait.

Jeudi 18 juillet, 5 militant·es écologistes (Roger Hallam, cofondateur des mouvements « Just Stop Oil » et « Extinction Rebellion », Daniel Shaw, Louise Lancaster, Lucia Whittaker De Abreu et Cressida Gethin) ont été condamnés à quatre et cinq ans de prison pour « complot en vue de provoquer des nuisances publiques ».

Concrètement, il leur est reproché d’avoir participé à une réunion Zoom afin de recruter des activistes pour bloquer la M25, le périphérique encerclant le Grand Londres. Ce blocage, qui avait commencé le 7 novembre 2022 au matin, avait duré 4 jours. Il avait été lancé pour exiger que le gouvernement conservateur mette fin à toutes les nouvelles licences pétrolières et gazières.

Notons qu’en avril 2023, deux activistes de Just Stop Oil avaient eux aussi été condamnés à une peine inédite de près de trois ans de prison pour nuisance publique. Ils avaient escaladé le pont Queen Elizabeth II à l’est de Londres et étaient restés suspendus dans des hamacs au-dessus du vide pendant 37 heures, bloquant la circulation.

Ces condamnations exemplaires ne sont pas le fruit du hasard. Face à la multiplication des actions des écologistes, le gouvernement a introduit en 2023 le Public Order Act, qui criminalise de façon détaillée toute manifestation susceptible de perturber l’ordre public. Un an plus tôt, le Police, Crime, Sentencing and Courts Act dotait la police de pouvoirs étendus l’autorisant à arrêter des participants qu’elle estime trop bruyants. Plus d’infos.

Blocage de la M25 le 25 novembre 2022

Blocage de la M25 le 25 novembre 2022