Le journaliste turc Furkan Karabay, arrêté lors d’une opération à l’aube le 15 mai en raison d’une vidéo YouTube et de publications sur les réseaux sociaux, a été libéré ce mardi après que la 25e Cour d’assises d’Istanbul a ordonné sa remise en liberté lors de sa première comparution. Condamné à trois peines distinctes pour « insulte au président », « insulte à un agent public » et « mise en danger de fonctionnaires engagés dans la lutte antiterroriste », Karabay a toutefois été acquitté pour d’autres accusations visant deux magistrats. Quelques heures après la décision, le parquet a immédiatement fait appel, mais la procédure étant en cours, Karabay a pu sortir de la prison de Marmara à Silivri, où il a retrouvé ses proches et collègues, célébrant la fin de 201 jours de détention.

Bogdan Yakimenko, antifasciste accusé d’appartenir au groupe « Antifa United » et poursuivi pour « extrémisme », a été amené au tribunal d’Izmailovo à Moscou avec le bras droit plâtré et en écharpe. Malgré son état et sa demande de reporter l’audience, le juge l’a interrogé, s’appuyant sur un certificat médical autorisant sa participation. Yakimenko a affirmé n’avoir été qu’un simple abonné du groupe sur VKontakte, dont les publications portaient selon lui sur des questions politiques et la lutte contre le fascisme, et a nié toute implication dans des actes illégaux ou la coordination d’actions. Il a également critiqué l’expertise qui qualifiait le groupe d’« ukrainien et anarcho-marxiste », pointant le biais selon lui lié à ses origines ukrainiennes. Les accusations du parquet concernent la création d’un réseau extrémiste visant à inciter d’autres personnes à commettre des crimes, impliquant plusieurs coaccusés.

La Cour de cassation a confirmé la condamnation à huit mois de prison ferme de Jean-Marc Rouillan pour des propos qualifiés d’« apologie du terrorisme », malgré un arrêt de la CEDH de 2022 jugeant disproportionnée la précédente sanction infligée pour les mêmes faits. En confirmant cette peine, les juridictions françaises s’écartent ouvertement de la jurisprudence européenne, une situation que l’avocat du militant dénonce comme une « hérésie juridique » et qui le conduit à engager une nouvelle saisine de la CEDH. Cette affaire s’inscrit dans un climat plus général de durcissement répressif, où l’accusation d’« apologie du terrorisme » sert de plus en plus à cibler les soutiens à la cause palestinienne, comme en témoignent les procédures visant de nombreux militants, dont le porte-parole d’Urgence Palestine, Omar Alsoumi (voir notre article).

Lors de la journée de mobilisation du 2 décembre, la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet a annoncé sa mise en examen pour « injures publiques » après avoir comparé lors d’une interview certains grands patrons à des « rats quittant le navire » en réaction aux menaces de délocalisation liées à une possible hausse d’imposition. À l’origine de la plainte : le lobby patronal ETHIC (Entreprises de Taille humaine, indépendantes et de croissance) dirigé par la très libérale Sophie de Menton. La responsable syndicale dénonce une volonté de faire taire la contestation sociale alors que le gouvernement porte un budget qualifié d’ultra-austéritaire, dans un contexte dans lequel les procédure-bâillons visant des syndicalistes se multiplient, comme le montre le procès en appel de Jean-Paul Delescaut (voir notre article).

En Tunisie ce 28 novembre, la cour d’appel a rendu son verdict dans le vaste procès pour « complot contre la sûreté de l’État », condamnant trente-sept personnes (dont des figures de l’opposition) à des peines allant de cinq à quarante-cinq ans de prison. Trois personnes ont été acquittées, tandis que d’autres ont vu leur peine soit aggravée, soit légèrement réduite, certaines assorties d’amendes. La plupart des prévenus, détenus depuis plus de deux ans et demi, ont refusé de comparaître par visioconférence, tandis que d’autres sont en exil.

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La préfecture de la Vienne a interdit tout rassemblement autour du palais de justice de Poitiers le 3 décembre, jour où quatre militants anti-bassines condamnés en 2024 doivent être rejugés en appel pour « organisation de manifestation illégale » lors des mobilisations de Sainte-Soline. Alors que plusieurs organisations – dont les Soulèvements de la Terre, la Confédération paysanne, la CGT, Solidaires et Bassines non merci – avaient appelé à un rassemblement à midi devant la cité judiciaire, le préfet justifie cette interdiction par des risques de provocations et d’affrontements. L’arrêté s’appliquera de 10H à 22H dans un périmètre englobant l’ensemble du palais de justice jusqu’au boulevard du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny. Les organisateurs de l’événement n’ont pas encore réagi à cette annonce.

Le lundi 1ᵉʳ décembre à Clermont-Ferrand, deux militants doivent comparaître en justice pour leur présumée participation au saccage du local du Bastion Social, un groupuscule d’extrême droite. Sept ans après les faits, la justice a refusé la prescription dans ce dossier. Afin de les soutenir, un rassemblement est organisé le même jour dès 13H45 devant le Palais de Justice clermontois.

Lors de l’examen judiciaire de trois jours lancé le 26 novembre 2025 à la Haute Cour, il est prévu qu’une partie des éléments sensibles ayant motivé la décision du gouvernement d’interdire Palestine Action soit examinée en séance fermée, dans le cadre d’une Closed Material Procedure. Ce dispositif, souvent dénoncé comme une forme de “justice secrète”, est critiqué pour porter atteinte au droit fondamental de connaître et de contester les preuves utilisées. Bien que des avocats spéciaux habilités soient chargés de représenter les personnes exclues des audiences confidentielles, ils ne peuvent plus communiquer ensuite avec leur client au sujet des preuves secrètes. De nombreux juristes dénoncent une procédure “intrinsèquement injuste”. Par ailleurs, le juge initial a été remplacé sans explication par un panel de trois magistrats, dont l’une entretient des liens avec un lobbyiste pro-Israël, suscitant des accusations de conflit d’intérêts.

Le 2 décembre 2025 s’ouvre à Athènes le procès en appel de plusieurs membres de la communauté de squats de Koukaki qui est emblématique du mouvement anarchiste et social de la capitale grecque. Fondée entre 2017 et 2020, cette communauté occupait trois bâtiments qui offraient un espace de vie collective dans un quartier en pleine gentrification. Après des vagues d’expulsions par la police entre 2018 et 2020, les squatters ont été condamnés à six ans et demi de prison ferme en première instance sur la base de trois chefs d’accusation, une peine sans précédent en Grèce pour ce type d’action. À l’annonce du procès en appel et des enjeux importants qui l’entourent, les soutiens des personnes poursuivies appellent à la solidarité financière pour répondre aux frais de justice qui s’élèvent à 25 000 euros (voir ici).

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Après un nouveau report, le grand procès de Dresde contre sept militant·es antifascistes s’ouvre le 25 novembre 2025 devant la Cour régionale supérieure. L’affaire combine deux volets majeurs de la répression actuelle : d’une part, des accusations liées au « complexe de Budapest », après des affrontements ayant blessé des néonazis en marge d’un rassemblement fasciste à Budapest en janvier 2023, qui ont déjà conduit à une chasse internationale et à de lourdes condamnations, comme celle de la militante Hanna à cinq ans de prison (voir notre article). D’autre part, les prévenus sont accusés d’agressions dans plusieurs villes de Saxe et de Thuringe. Au cœur du dossier se trouve l’utilisation de l’article 129 du code pénal allemand sur la « criminalité organisée », instrument régulièrement utilisé pour criminaliser la gauche révolutionnaire, auquel s’ajoutent des charges comme blessures graves, dégradations ou vol, et même des accusations de tentative de meurtre déjà rejetées dans un précédent procès. Avec 132 audiences prévues jusqu’à l’été 2027, ce procès contre Johann, Paul, Henry, Tobias, Thomas, Melissa et Julian s’annonce comme l’un des plus vastes menés contre des antifascistes depuis des décennies.

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