A la deuxième audience du procès dit « de la dépanneuse » ou « des mauvaises intentions », le tribunal a essayé de cerner les options politiques des six prévenus et les a questionnés sur les traces ADN retrouvées sur un engin incendiaire. Six bouteilles raccordées à des fagots d’allumettes et des cigarettes faisant office de retardateur, auraient mis le feu à une dépanneuse de police en 2007 si le dispositif avait fonctionné. L’ADN de Damien B. aurait été retrouvé sur le bouchon d’une bouteille. Damien B. reconnait bien entendu avoir “déjà été en contact avec des bouteilles » mais ne s’explique pas que son ADN se soit retrouvé sur un engin incendiaire. La police soutien que l’ADN d’Ines M., de son frère Xavier M. et de Damien B. a également été trouvé sur l’engin. Là aussi, l’ADN « volatile » (un cheveux transporté par des objets etc.) est évoqué en réponse.

En janvier 2008, Franck F. a est arrêté en voiture avec Ines M., par des douaniers qui saisissent un sac avec du chlorate de soude, du chlorate de potassium, des plans de l’établissement pour mineurs de Porcheville et des livres sur le sabotage et les explosifs. Franck F. a toujours dit qu’il ignorait le contenu du sac. Ines M. explique avoir rempli le sac pour se débarrasser du chlorate acheté pour faire des fumigène après avoir appris l’arrestation de trois autres personnes pour la possession de chlorate.

A la mi-avril, le parquet antiterroriste de Paris avait annoncé qu’il venait de faire appel de la décision judiciaire accordant la liberté conditionnelle de l’ancien militant d’Action Directe Jean-Marc Rouillan. Après un an de semi-liberté avec bracelet électronique, Rouillan devait bénéficier de ce nouveau régime dès le 19 mai, mais l’annonce du parquet avait remis celui-ci en cause. Néanmoins, hier, la cour d’appel de Paris a confirmé le jugement lui accordant la liberté conditionnelle, décision qui prendra effet ce 18 mai.

Six personnes étaient poursuivies pour association de malfaiteurs à visée terroriste au tribunal de grande instance de Paris (affaire dite « de la dépanneuse » ou « des mauvaises intentions »). Une cinquantaine de sympathisants ont pu entrer dans la salle d’audience, un petite centaine est restée devant, déployant une banderole « La démocratie enferme et tue, à bas l’État et le capital » et reprenant des slogans. La police a d’abord arraché la banderole, puis a violemment expulsé les manifestants hors du palais de justice. Pendant l’heure qui a suivi, les policiers ont suivis et pourchassés dans la rue jusqu’à arrêter et vérifier l’identité de quinze personnes. Deux d’entre elles sont en garde à vue au commissariat de la Goutte d’Or. Le procès continue demain mardi, mercredi et lundi 21 et mardi 22, à 13h30 à la 10e chambre du tribunal de grande instance de Paris.

L’avocat d’Andrea ‘Andi » Stauffacher, militante de Revolutionarer Aufbau et du Secours Rouge International, a déposé un recours auprès du Tribunal fédéral contre la condamnation (prononcée en novembre dernier) à 17 mois de détention ferme pour emploi d’explosifs avec dessein délictueux et dommages à la propriété. Andi avait été déclarée coupable d’avoir endommagé le consulat espagnol (action revendiquée par le groupe « Perspective révolutionnaire » en solidarité avec une grève de la faim des prisonniers politiques) et un bâtiment de la police zurichoise avec des feux d’artifices en 2002 et 2006.

Suisse: Andrea « Andi » Stauffacher en appel

Le 20 février 2010 un groupe de jeunes portant des « pouchis » (keffieh kurde) avaient jeté des cocktails Molotov contre une banque du quartier de Kagithane, à Istanbul. Quelques heures plus tard, Cihan Kirmizigul, un étudiant kurde était arrêté dans le quartier, jugé suspect parce qu’il portait aussi un pouchi autour de son cou.

Son procès s’était ouvert le 9 décembre 2011 devant la 14e cour d’assises d’Istanbul. Les policiers présentés comme témoins avaient avoué ne pas être sûr quant à la personne qui a lancé des cocktails Molotov. Le parquet avait demandé 45 ans de prison pour « terrorisme ». Le jeune homme a d’abord été condamné à 33 ans, puis, en deuxième instance, à 11 ans et 3 mois de prison.

Les arrestations massives d’étudiants se poursuivent aussi sans relâche. A Antep, cinq des sept étudiants, arrêtés le 10 mai, ont été placés en détention « préventive », sous l’accusation d’appartenance à une organisation « terroriste », tandis que quatre étudiants membres de l’Association démocratique des étudiants ont été arrêtés le même jour à Erzincan. En outre, le Rectorat de l’Université de Kocaeli a ouvert vendredi 11 mai une enquête contre 32 étudiants qui avaient protesté contre la visite du président Abdullah Gul, le 6 avril dernier, pour demander la libération des étudiants emprisonnés. Plus de 40 étudiants avaient alors été interpellés par la police.

Turquie: Répression contre les étudiants kurdes

Le procès contre onze des membres du Field Liberation Movement (FLM), qui devait s’ouvrir mardi devant le tribunal de Termonde, a été reporté au 15 janvier 2013. Les prévenus sont poursuivis pour s’être attaqué, avec 500 autres personnes, à un champ expérimental à Wetteren où ils avaient déterré des pommes de terres génétiquement modifiées pour les remplacer par des pommes de terre biologiques. Plusieurs dizaines de sympathisants du FLM s’étaient rassemblés mardi sur les marches du Palais de Justice de Termonde pour encourager les prévenus. Des mesures de sécurité particulières avaient été prévues pour le procès. Quiconque souhaitait pénétrer dans la salle du tribunal était fouillé par la police.

Voir le site du Belgian Field Liberation Movement

Ce lundi, la Cour Suprême indienne a placé un guérillero maoïste septuagénaire en liberté provisoire et a suspendu la peine de prison à perpétuité à laquelle il avait été condamné pour sédition en 2010. Les juges ont justifié leur décision par le fait que Narayan Sanyal est âgé de 78 ans et a déjà passé plus de six ans derrière les barreaux. En 2010, un tribunal d el’état du Chhattisgarh avait condamné Sanyal, dirigeant du CPI(maoïste) ainsi que deux autres membres du parti, en vertu du Unlawful Activities Prevention Act (Loi sur la Prévention des Activités Illégales). Le cas de Sanyal avait attiré l’attention internationale en 2008, lorsque le médecin et militant des droits de l’homme renommé Binayak Sen avait été accusé de sédition et de complot avec les maoïstes après lui avoir rendu visite. La police avait prétendu que le médecin, sous prétexte d’une visite médicale, avait fait passer du courrier à Sanyal en prison. L’arrestation de Binayak Sen et sa condamnation à une peine de prison à perpétuité avait mis en lumière les excès des autorités indiennes et la ‘répression légale’ permise par des lois telles que l’UAPA au nom de la lutte contre le maoïsme. En avril 2011, Sen a été libéré provisoirement. Aujourd’hui, les appels de Sen et de Sanyal contre leurs condamnations respectives sont en instance devant la High Court du Chhattisgarh.

Trois nouveaux prisonniers politiques kurdes ont été condamnés à mort par le régime iranien pour mohareb (inimitié à l’égard de Dieu), en raison de leurs activités politiques. La cour du “tribunal révolutionnaire” de Mahabad a prononcé le 12 avril dernier la peine de mort pour Sirwan Nijawi et Ibrabim Isa Pour, tous deux originaires de Sardasht au Kurdistan iranien. Arrêtés le 14 juin 2011 et transférés récemment de la prison de Mahabad vers celle d’Oroumieh, ils sont accusés de mouhareb et de collaboration avec le PJAK.

Le troisième prisonnier, Hosheng Razai, a été condamné à mort par un tribunal de Teheran à l’issue d’un procès qui n’a duré que quelques minutes, la semaine dernière, pour « collaboration » avec le PJAK. Incarcéré à la prison d’Evin depuis deux ans, il n’a pas eu le droit d’accès à un avocat durant le procès. Ces sentences interviennent quelques jours avant le 2e anniversaire de l’exécution de cinq prisonniers politiques kurdes dont trois instituteurs et une femme activiste. Dix prisonniers politiques kurdes ont été exécutés depuis 2007 par le régime iranien. Au moins 21 autres seraient toujours dans le quartier des condamnés à mort.

Le 7 juillet 2011, les autorités britanniques ont arrêté Eneko Gogeaskoetxea à Cambridge, où il vivait sous un faux nom depuis plusieurs années. Membre présumé de l’ETA et inscrit depuis 2001 sur la liste antiterroriste de l’Union Européenne, il est visé par huit mandats d’arrêt européens émis par les autorités espagnoles qui l’accusent, entre autre, d’avoir planifié une action armée contre le roi d’Espagne le 18 octobre 1997, d’avoir tué un policier quelques jours plus tôt et d’avoir participé à plusieurs actions de l’ETA. Par ailleurs, il a été condamné à deux reprises par contumace en France, en juin 2006 et en mai 2011, à chaque fois à trois ans de prison pour association de malfaiteurs à visée terroriste. En janvier dernier, la juge de première instance londonienne avait autorisé l’extradition de Eneko Gogeaskoetxea vers l’Espagne tout en rejetant le chef d’accusation de ‘tentative d’assassinat du roi’, décision contre laquelle les autorités espagnoles avaient fait appel. En mars, l’avocat du prisonnier avait contesté la décision d’extradition devant la Haute Cour, affirmant qu’il ne pourrait pas y avoir de procès équitable en Espagne. Pourtant, aujourd’hui, cette même Cour a rejeté l’appel de Gogeaskoetxea, déclarant qu’il n’y avait pas d’obstacle à son extradition et estimant que son expulsion ne contreviendrait pas aux droits de l’Homme. Le prisonnier a toutefois encore la possibilité de se pourvoir encore devant la Cour suprême.

Eneko Gogeaskoetxea

Eneko Gogeaskoetxea

Alors qu’il purge actuellement une peine de douze ans de prison en France, Felix Alberto Lopez de la Calle Gauna, alias ‘Mobutu’, vient d’être condamné à 81 ans de prison par le haut tribunal pénal espagnol. A la mi-avril, il avait été livré temporairement aux autorités espagnoles par la France afin d’être jugé dans une affaire datant du 4 octobre 1980. L’Audience nationale a reconnu ‘Mobutu’ responsable de l’assassinat de trois gardes civils à Salvatierra, dans la province d’Alava au Pays-Basque. ‘Mobutu’, qui a reconnu son appartenance à l’ETA, n’a fait aucun déclaration lors de son procès le 19 avril dernier. Deux autres membres de l’ETA avaient déjà été condamnés dans le cadre de cette affaire en novembre 2011: Ignacio Aracama Mendia avait été condamné à 61 ans de prison pour sa participation à l’action et Isamel Arrieta Perez de Mendiola à 30 ans pour avoir fourni des informations. Felix Alberto Lopez de la Calle Gauna écope de 81 ans de réclusion pour avoir été membre du groupe responsable de l’action.

Felix Alberto Lopez de la Calle Gauna

Felix Alberto Lopez de la Calle Gauna