C’est le 20 juillet 2010 que s’est déroulée à Lucca la dernière audience du procès contre Leo, un anarchiste arrêté le 4 novembre 2009 après un an et demi de clandestinité et accusé du braquage d’une Poste en juin 2007 à finalité terroriste. Dans cette même instruction, Francesco Goia et Daniele Casalini ont déjà été condamnés à 4 ans ferme en octobre 2009]. Le parquet avait requis 6 ans pour braquage, avec l’aggravation de terrorisme, la cour n’a pas retenu cette dernière circonstance aggravante, mais a quand même confirmé la condamnation à 6 ans de réclusion.

Le procès consécutifs aux incidents qui ont suivi les provocations policières à Poitiers le 21 juin a eu lieu le 8 juillet lors d’une audience marathon. Lors de ce procès, les incohérences et contradictions dans les déclarations des policiers sont clairement ressorties, en particulier celles du commissaire Papineau, Directeur Départemental de la Sécurité Publique. Et de même leurs omissions – comme faire état d’une condamnation antérieure de l’un d’eux pour violences sans préciser qu’il avait été relaxé, n’étant en rien responsable de ces violences. Et bien d’autres éléments sont apparus nettement : que l’accusation reposait sur les seuls témoignages des policiers, également partie civile, alors que d’autres personnes avaient été témoins des événements – la défense en a ainsi produit six ; que l’enquête sur le terrain avait été inexistante… et surtout que les choses ne s’étaient pas passées comme l’accusation le prétendait, mais bien comme les prévenus et leurs avocats ne cessent de le dire : c’est un véritable tabassage policier de militants et militantes connus pour leur engagement politique qui a eu lieu à Poitiers !

Le Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux appelle à un rassemblement pour la relaxe de tous les inculpés du 21 juin devant le palais de justice de Poitiers le 28 juillet à 18 h, et à un soutien lors du délibéré, le 29 juillet à 14 h. Contact: antirep86@free.fr– http://antirep86.free.fr

Ahmet Düzgün Yüksel, 48 ans, et Devrim Güler, 36 ans, ont été condamnés respectivement à des peine de 5 ans et 4 mois, et 4 ans et 10 mois par le tribunal de Stuttgart (sud-ouest) pour « appartenance à une organisation terroriste », en l’occurrence le DHKP-C.

Arrivé en Allemagne comme demandeur d’asile et sous une fausse identité à l’automne 1997, alors qu’il était soupçonné d’être impliqué dans un attentat commis par le DHKP-C en Turquie sur base d’un dossier turc et d’aveux obtenus sous la torture, Ahmet Düzgün Yüksel, avocat du barreau d’Istanbul, était devenu au printemps 2000 dirigeant de l’organisation pour le centre de l’Allemagne, et en novembre 2006 pour la zone sud, vivant sous de fausses identités, a expliqué le tribunal dans son jugement. Il avait déjà été condamné pour ses activités illégales par le tribunal de Düsseldorf en juin 2005 à un an et trois mois avec sursis.

Devrim Güler, né à Cologne, avait adhéré à une organisation de jeunes proche du DHKP-C, et avait également écopé d’une condamnation à 1 an et 9 mois avec sursis en octobre 2004. Il avait par la suite continuer à effectuer, selon le tribunal, sporadiquement des tâches pour l’organisation.

Le procès avait commencé en mars 2008, et 167 jours d’audience ont été nécessaires. Cinq prévenus étaient jugé, mais trois d’entre eux – deux Turcs et un Allemand – ont été condamnés en août 2009. Le principal accusé, Mustafa A., un Turc qui a déjà passé près de 19 ans en prison en Turquie avait été condamné à cinq ans de prison. Son compatriote Hasan S, a été condamné à 2 ans et 11 mois de détention et un Allemand, Ilhan D., à 3 ans et 6 mois de prison.

Procès de Stuttgart contre le DHKP-C

Procès de Stuttgart contre le DHKP-C

En 2001, les habitants d’Atenco s’étaient opposés victorieusement à la construction d’un aéroport qui les spoliaient de leurs terres. Ils ont dès lors continué à lutter et, en 2005, ont adhéré au mouvement zapatiste. En 2006, ils ont accompagné en partie la Karavane accompagnant le sous-commandant Marcos qui s’était donné pour objectif de rencontrer, dans tout le Mexique, les luttes d’en bas et à gauche. Les 3 et 4 mai 2006, quelques jours après le passage de cette Karavane à Atenco, une terrible répression s’était abattue sur ce village. Une manifestation avait été réprimée avec une sauvagerie inouïe, faisant deux morts, une trentaine de femmes violées, des centaines de blessés et plus de 200 prisonniers.

Après une longue lutte menée au Mexique (dont un piquet devant une des prisons qui a duré près de quatre ans) et ailleurs dans le monde ne restaient prisonniers «que » 12 personnes dont les peines allaient de 31 à 112 années de prison. La Cour suprême mexicaine a annulé
toutes les peines en considérant que les preuves utilisées pour les condamner ont été considérées comme illégales et ont été employées pour les accuser de délits qu’ils n’avaient pas commis. Elle a ordonné la remise en liberté immédiate de tous les prisonniers.

Affiche contre la répression à Atenco

Affiche contre la répression à Atenco

Le tribunal correctionnel de Paris a annulé vendredi les poursuites du groupe Bouygues contre des administrateurs de sites qui avaient appelé au sabotage de l’entreprise en 2004. Quatre personnes étaient poursuivies pour avoir diffusé, en décembre 2004, des appels à une semaine d’action contre le groupe Bouygues. À l’époque, ils entendaient protester contre la construction par le géant du BTP de centres de rétention en Europe. Selon l’accusation, des dizaines de magasins du groupe avaient alors été saccagés. Si le lien entre ces dégradations et les publications des différents sites visés (Réseau anti-pub, Indymedia Paris, Pajol, CNT) n’a pas été prouvé, ce n’est pas sur ce fondement que le tribunal a prononcé la nullité des poursuites. Le tribunal a surtout retenu deux points de pure forme. Tout d’abord, une certaine abstraction : avant le procès, les prévenus ne s’étaient pas vus préciser les peines encourues. Ensuite, la longueur excessive de l’instruction : 4 ans et 3 mois.

Le 21 juin, à Poitiers, les policiers en uniforme et la brigade anticriminalité (BAC), prêts à en découdre, n’ont pas lâché une quinzaine de jeunes militants connus d’eux depuis les derniers mouvements lycéens et étudiants. Prenant pour prétextes – ou alors, plus probable, inventant – une menace et qu’une bouteille ayant atterri à ses pieds, et ayant aperçu un – en fait, une – de ces jeunes militants, le directeur départemental de la sécurité le désigne à ses troupes. A moins que ce ne soit l’inverse : apercevant cette militante connue, il invente cette histoire.

Précisons qu’il a expliqué lors de l’« enquête » qu’il avait tourné la tête dans la direction d’où la voix était venue : il n’a pas vu la bouteille arriver vers lui (ce qui tendrait à prouver que celle-ci n’a pas été lancée de ce côté-là) et a aperçu cette jeune militante qu’il a immédiatement désignée à ses troupes. Cette militante avait été condamnée en correctionnelle pour « bris de “sucette” Decaux ». Mais elle a été relaxée depuis. Evidemment, la décision n’a guère plu dans les rangs de la police, comme sa présence sur les lieux avec ses camarades « anarcho-autonomes » que la BAC a dans le collimateur depuis plus d’un an.

La jeune militante est arrivée en courant place de la Liberté et s’est adossée à un mur. Aussitôt la police l’a encerclée et a cherché à disperser, y compris à coups de tonfa, les gens qui venaient voir ou demander des explications. Plusieurs, ceux qui sont harcelés par la police depuis des mois, ont été roués de coups et arrêtés sans ménagement. Les tabassages ont continué jusque dans le commissariat. Pour se couvrir, les policiers ont inventé que ce eux qui se seraient fait attaquer. Les policiers ont naturellement porté plainte.

Pour le Comité contre la répression des mouvements sociaux, les événements qui viennent de se dérouler sont une illustration supplémentaire des méthodes de répression policières mises en œuvre contre les mouvements sociaux – des méthodes expérimentées dans les quartiers puis généralisées : harcèlement suivi de tabassages, d’arrestations, de gardes à vue prolongées et de procès.
Rassemblement devant le palais de justice de Poitiers le 7 juillet à 18 h et soutien le jour du procès le 8 juillet à 16 h

Antirépression à Poitiers

Antirépression à Poitiers

Le 17 janvier 2009, alors que les massacres de la population de Gaza se poursuivaient, 5 militants anti-guerre, qui manifestent depuis des années contre le fabricant d’engins de mort EDO-MBM, s’étaient introduits dans son établissement de Brighton Hove (Sussex), non sans avoir préalablement enregistré des vidéos dans lesquelles ils revendiquaient l’action à venir. Dans la place, ils avaient fracassé le plus grand nombre possible d’ordinateurs, jetés par les fenêtres, et détruit ce qu’ils pouvaient de classeurs et fichiers, avant de se laisser tranquillement arrêter par la police au petit matin. Quand les dommages furent chiffrés, à 200.000 € en l’occurrence, l’un des participants répondit avec flegme : « 200.000 seulement ? On croyait en avoir fait un peu plus ! ».

EDO-MBM est une filiale du conglomérat américain ITT Corporation, un groupe industriel dont le passé criminel est l’un des plus sordides, sinon le plus sordide, de l’histoire du XXème siècle. On doit entre autres à ITT ses subventions à Hitler et à son chef des camps de la mort Heinrich Himmler, ses investissements dans l’aviation militaire du régime nazi, sa participation au coup d’Etat du général Pinochet au Chili, et d’innombrables coups tordus en Afrique. Sa filiale EDO-MBM, régulièrement touchée par des scandales de corruption au sein du complexe militaro-industriel, a développé un système de bombardement vertical exclusivement utilisé par les F-16 de l’armée israélienne, principal instrument de terreur aérienne contre les populations du Liban et de Palestine.

Au procès, qui vient de se dérouler à Brighton, les accusés (Robert Nicholls, 52 ans ; Ornella Saibene, 50 ans ; Tom Woodhead, 25 ans ; Harvey Tadman, 25 ans, et Simon Levin, 35 ans) ont déclaré que leur action n’était pas seulement légitime, mais qu’elle était légale. Entre autres, parce que le Statut de Rome fondant la Cour Pénale Internationale (CPI), désormais ratifié par le Royaume-Uni, fait obligation à tout citoyen ou tout institution témoin de crimes de guerre –ce qui est bien le cas de l’aviation israélienne contre le peuple palestinien, avec les matériels fournis par EDO-MBM- de s’y opposer.
Après avoir entendu également le plaignant, le patron de l’usine EDO-MBM qui fut rapidement confondu pour une série de mensonges, le jury a déclaré les cinq accusés non coupables. Le cas de deux autres prévenus doit être examiné ultérieurement.

Constantino Virgilo et Manolo Morlacchi avaient été arrêtés le 18 janvier à leur domicile à Milan et incarcérés sous l’accusation d’être en connexion et d’avoir participé (avec d’autres camarades qui ont été arrêtés avant à Rome et Genève) à la construction d’une organisation héritière des Brigades Rouges. Les éléments à charge de Constantino et Manolo étaient ridicules. La Cour Suprême a annulé hier la décision de détention préventive. Ils ont été libéré.

Le procès a été fixé pour le 16 septembre devant la Première Cour d’Assise. Les autres inculpés (encore détenus) sont Luigi Fallico ; Bruno Bellomonte ; Beniamino Vincenzi ; Riccardo Porcile ; Gianfranco Zoja ; Francesco Palladino et Maurizio Calia. Un autre des accusés, Vincenzo Bucciarelli a négocié la peine d’un an et 8 mois de réclusion pour violation de la loi sur les armes. Outre l’accusation de construction d’une organisation armée et les délits connexes (violation de la loi sur les armes etc.), la justice italienne met en avant dans ce dossier une attaque avortée le 26 septembre 2006 contre la caserne « Vannucci » de Livourne, et le projet d’un attentat à la Maddalena à l’occasion du Sommet G8, (qui s’est finalement déplacé à l’Aquila).

Les quatre membres de notre Secours Rouge accusés de « participation à activité terroriste » (d’avoir apporté une assistance au Parti communiste politico-militaire), peuvent espérer un non-lieu, rapporte « Le Soir » dans son édition d’hier. Trois ans après le début de l’enquête, deux ans jour pour jour après les arrestations et perquisitions, aucun indice de culpabilité autre que celui qui a déclenché l’enquête (la découverte de photos d’identité des inculpés cachées chez un des inculpés du procès PCPM en Italie) , et cela malgré un travail policier colossal (cinq ans de communications téléphoniques passées au crible, commissions rogatoires en Italie et en Suisse, etc.). La porte-parole du parquet fédéral a indiqué au journaliste du « Soir » que le substitut Bernard Michel devrait présenter son réquisitoire à la Chambre du conseil en septembre. C’est cette Chambre du conseil qui décidera si il y aura matière à procès ou non.

En janvier dernier, les six ouvriers de l’usine Continental poursuivis pour la dégradation de la sous-préfecture de Compiègne en avril 2009 avaient été condamnés à des amendes allant de 2000 à 4000 euros par la cour d’appel d’Amiens. Aujourd’hui, ils ont été condamnés à verser solidairement à l’Etat 1280,53 euros à titre de dommages et intérêts, ainsi que 1000 euros au titre des frais de justice. Seul Xavier Mathieu, délégué CGT, est encore susceptible d’être poursuivi pour avoir refusé, le jour de l’audience au civil en avril, un prélèvement ADN à la suite de sa condamnation au pénal. Les cinq autres prévenus avaient quant à eux accepté ce prélèvement.