Jérémy Hammond, alias ‘Anarcheos’, affilié aux Anonymous, avait été inculpé en mars 2012 pour avoir participé à une attaque informatique contre la société américaine de renseignement et d’analyse stratégique, Strategic Forecasting Inc, en décembre 2011. Il avait alors transmis des centaines de milliers de données au site Wikileaks qui les avait rendues publiques, mettant ainsi en lumière les pratiques d’espionnage de la société. Vendredi, ‘Anarchaos’ a été reconnu coupable ‘d’avoir mis la main sur des millions de communications internes de la firme de renseignement Strategic Forecasting Inc et d’avoir dérobé les coordonnées bancaires de 860000 de ses clients’. Le hacker ayant plaidé coupable, il écope de dix ans de prison au lieu des 28 ans généralement infligés en vertu de la loi anti-piratage américaine.

Jérémy Hammond

Jérémy Hammond

En mai 2012, l’administrateur délégué de la société Ansaldo Nucleare avait été la cible d’une attaque revendiquée par la FAI. En septembre 2012, Alfredo Cospito et de Nicola Gray ont été arrêtés, accusés d’être responsable de la jambisation de l’homme d’affaires. Mercredi, dans le cadre d’un ‘dito abbreviato’ (forme de procès accéléré et sans débat où c’est le juge des audiences préliminaires qui décide de la peine. Cette peine est alors réduite d’un tiers par rapport à ce qu’elle aurait été lors d’une procédure normale), Nicola et Alfredo ont été reconnus coupables d’attentat à finalité terroriste. Alfredo écope d’une peine de 10 ans et 8 mois de prison tandis que Nicola écope de 9 ans et 4 mois d’emprisonnement. Le juge a en outre prononcé une impossibilité d’obtenir des aménagements de peine.

Hier, un tribunal d’Ankara a prononcé la libération de 19 personnes, dont deux mineurs, interpellés la veille par la police durant une manifestation en marge du procès d’un policier accusé d’avoir tué un jeune homme au début du mois de juin dans le cadre du mouvement de Gezi. Elles avaient été interpellées pour avoir tenté de pénétrer dans le tribunal d’Ankara durant l’audience. Les tensions se sont déclenchées à l’extérieur lorsque le juge a décidé que le policier pourrait témoigner par vidéo-conférence et qu’il a refusé que ce dernier soit placé en détention provisoire, comme le réclamait la défense. Des centaines de manifestants s’étaient réunis devant le tribunal et des heurts ont suivi la décision du tribunal de laisser le policier en liberté. La police a fait usage de gaz lacrymogène et de canons à eau pour disperser la foule. Elle a également dispersé avec les mêmes moyens un groupe de personnes qui tentaient de bloquer la circulation devant le tribunal. Un certain nombre d’entre elles ont été blessées et emmenées à l’hôpital. Les 19 personnes interpellées ont donc été libérées hier soir.

Affrontements devant le tribunal d’Ankara

Affrontements devant le tribunal d'Ankara

Considéré comme l’opposant numéro un de Vladimir Poutine, Alexei Navalny est régulièrement l’objet d’interpellations et autres détentions provisoires suite à ses multiples prises de parole et participations aux manifestations anti-gouvernementales. Dans ce qu’il avait considéré comme une ‘affaire motivée politiquement’, il avait été condamné le 18 juillet dernier à cinq ans de camp pour détournement de fonds. A l’époque, il avait réagi en affirmant: ‘Il s’est produit quelque chose de totalement absurde et très étrange, car la fable des accusations contre moi a complètement changé par rapport à ce que c’était avant’. Aujourd’hui, la cour d’appel a confirmé sa culpabilité mais a commué la peine de prison ferme en sursis. Navalny a immédiatement déclaré qu’il allait formuler un recours contre sa condamnation, affirmant, ‘Je pense que la motivation politique de cette affaire est évidente pour tout un chacun. Les autorités essayent de toutes leurs forces de m’écarter de la bataille politique. Ils ne réussiront pas, nous continuerons.

Alexei Navalny

Alexei Navalny

A la mi-septembre, de multiples manifestations s’étaient déroulées à travers la Turquie pour dénoncer la mort de deux jeunes hommes en juin et en septembre dernier. Ceux-ci ont tous les deux été tués lors d’affrontements avec les forces de l’ordre. Dans le district de Kadikoy (sur la rive asiatique d’Istanbul), la foule était descendue dans la rue trois nuit d’affilée, durant lesquelles la police avait abondamment fait usage de gaz lacrymogène, blessant des dizaines de personnes. De nombreuses autres avaient été interpellées, et seize d’entre elles sont aujourd’hui poursuivies pour ‘violation de l’Assembly Law’ et ‘résistance à des officiers en fonction’. L’acte d’accusation déclare qu’ils ont résisté et fait usage de la force contre la police, qu’ils ont lancé des pierres, des feux d’artifices et qu’ils ont bloqué la circulation par leurs barrages. Le procureur a requis sept ans de détention à leur encontre.

Police anti-émeute place de Kadiköy

Finalement, le comité d’enquête russe chargé de l’affaire concernant l’action menée par l’organisation Greenpeace contre une plateforme Gazprom dans l’Artique a inculpé les trente membres d’équipage. Ceux-ci ont été placé en détention après l’arraisonnement de leur bateau par les autorités russes le 19 septembre dernier. Ils sont tous inculpés pour ‘piraterie en bande organisée’ et risquent jusqu’à 15 ans de prison.

En août dernier, les rappeurs Weld Ed 15 et Klay BBJ ont donné un concert à Hammamet, à 60 kilomètres au sud de Tunis. Fin août, sans même avoir été informés de poursuites à leur encontre ni de la tenue d’un procès, les deux hommes ont été condamnés à 21 mois de prison ferme pour ‘outrage à des fonctionnaires, atteinte aux bonnes moeurs et diffamation’ en raison de leurs textes jugés insultants par les autorités. Depuis, Weld Ed 15 est entré dans la clandestinité, tandis que Klay BBJ a lui décidé de faire appel de ce jugement. Hier, il a été une nouvelle fois reconnu coupable mais sa peine a été réduite. Le juge s’est prononcé, après une audience éclair de moins d’une heure trente, ‘Nous avons décidé d’une peine de six mois ferme avec exécution immédiate’. L’avocat du rappeur a immédiatement annoncé qu’il ferait appel.

Un tribunal de Diyarbakir, dans le sud-est de la Turquie, a ordonné la libération de 17 personnes qui étaient en détention préventive en raison de leur prétendue appartenance au KCK (Kurdish Communities Union), la branche urbaine du PKK. Les 17 restent poursuivis dans le cadre de cette affaire tout comme une trentaine d’autres personnes, mais ils comparaîtront tous libres. Ces 47 personnes avaient été interpellées le 9 décembre 2012 dans la province de Mardin au cours d’une vaste opération contre le KCK. Toutes sont accusées ‘d’appartenance à une organisation terroriste’, et risquent des peines allant de cinq à dix ans de prison.

L’enquête en marge du vaste mouvement de protestation autour du projet d’aménagement du parc Gezi à Istanbul a identifié plus de 1000 suspects. En outre, elle a été combinée à une autre investigation liée aux rassemblements du 1er mai, toujours à Istanbul. Trois enquêtes ont été ouvertes devant la justice stambouliote. La première concerne la Taksim Solidarity Platform, un groupe qui s’oppose à la construction du centre commercial sur le site de Gezi depuis l’annonce du projet. La deuxième a été plus largement ouverte aux protestations tandis que la troisième concerne certains policiers qui sont intervenus à l’époque. Les autorités ont annoncé l’ouverture prochaine de procès de masse pour juger ces affaires ainsi que celles liées au 1er mai.

Manifestation Place Taksim

Manifestation Place Taksim

C’est hier qu’a débuté le procès de dix personnes accusées de ‘financement du terrorisme’ et plus précisément, d’avoir procuré de l’argent au PKK. Cette affaire est liée à celle d’une chaîne de télévision kurde dont les autorités danoises ont interdit la diffusion en juillet dernier. Mesopotamia Broadcast, qui gère plusieurs chaînes accusées de faire la propagande du PKK a été reconnu coupable de ces faits et un tribunal danois lui a retiré ses droits de diffusion. Rof TV A/S et Mesopotamia Broadcast, les deux sociétés qui détiennent Roj TV, se sont chacune vue infliger une amende de cinq millions de couronnes danoises (670.000 euros) pour ‘propagande du terrorisme’ entre 2007 et 2010. Les dix accusés sont suspectés d’avoir rassemblé au moins 130 millions de couronnes (plus de 17 millions d’euros) qui auraient été transmises à l’organisation kurde. Tous les dix nient en bloc et pourraient être condamnés à dix ans de détention chacun.