Un militant de BDS Maroc est emprisonné pour son engagement pro-palestinien. Ismaïl Lghazaoui a été arrêté et condamné par le tribunal à Casablanca à un an de prison et une amende de 5000 dirhams le 10 décembre dernier. Les autorités marocaines l’accusent d’« incitation d’une ou plusieurs personnes à commettre un crime ou un délit » en raison de sa participation à un rassemblement devant le consulat des Etats-Unis à Casablanca ainsi que la publication d’une vidéo sur les réseaux sociaux. Filmé devant le port Tanger-Med, il condamnait l’accostage de navires états-unien transportant du matériel destiné à l’occupation israélienne. En réponse à cette condamnation, une vague de solidarité mondiale s’exprime appelant à la libération du prisonnier politique. La répression qui s’abat au Maroc, en Égypte ou en Jordanie, rappelle que le peuple palestinien ne fait pas seulement face à l’État sioniste et ses soutiens occidentaux, mais également aux régimes réactionnaires arabes.

Pour les militants défenseurs de l’environnement et du climat, le Royaume-Uni est l’un des pays les plus sévères, c’est ce que révèle une étude de l’université britannique de Bristol ce mercredi 11 décembre. Lors des manifestations pour le climat et l’environnement, il y a trois fois plus de risques d’y être arrêté qu’ailleurs dans le monde. En moyenne, près d’une manifestation sur cinq y donne lieu à des arrestations. Londres prend la première place en matière de répression judiciaire. Des peines de prison ferme à la suite d’actions militantes, de sabotage sont régulièrement prononcées. De nouvelles lois criminalisent également toute une série de moyens de protestations. La police britannique a été dotée de nouveaux pouvoirs pour empêcher en amont la tenue des manifestations. La répression se généralise, notamment dans les pays du Nord. Selon les auteurs de l’étude, « l’option répressive face à la multiplication de la contestation, est un choix politique. »

Nairobi, une manifestation contre les féminicides s’est rapidement heurtée à la police mardi. Des milliers de personnes sont descendues dans les rues de la capitale, pour dénoncer les violences faites aux femmes. 97 assassinats de femmes ont été recensés au cours des trois derniers mois au Kenya. Pendant la manifestation, les femmes ont marché jusqu’au parlement en huant et scandant des slogans tels que « Honte à vous! » et « Eduquez vos fils », et  demander aux autorités des mesures contre les féminicides. Les forces de l’ordre, en uniforme ou en civile étaient présentes en grand nombre, elles ont interrompu à plusieurs reprises le cortège en lançant des grenades lacrymogènes, un groupe de jeunes femmes arborant des t-shirts aux slogans féministes a particulièrement été ciblé. Plusieurs personnes ont été interpellées par la police.

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Le tribunal administratif de Paris a confirmé l’interdiction de deux numéros du journal anticarcéral et abolitionniste « L’Envolée » écrit par et pour les détenus, composé de témoignages de prisonniers, ils y dénoncent la violence vécue à l’intérieur des maisons d’arrêt. L’accès à ces journaux devient impossible pour les prisonniers dès que les numéros critiquent  l’administration pénitentiaire.

En juin 2022, le numéro 55 a été interdit, il fait le récit de l’homicide d’un détenu par plaquage au sol et bâillonnement effectué par les gardes en 2016, une pratique interdite. Ce récit est considéré comme « diffamatoire » par la Direction de l’administration pénitentiaire, laquelle a interdit et saisi les exemplaires dans les cellules. Janvier 2023, le numéro 56 dénonce la violence de la prison, en rendant hommage à un prisonnier mort en 2022 d’une rupture de l’aorte suite à des refus de soins. Les exemplaires du numéro sont interdits et saisis dans les cellules.

Ces interdictions ont été contestées par « L’Envolée » devant le tribunal administratif le 15 novembre. Sans surprise, ce 6 décembre, le tribunal a rejeté les recours en validant le caractère diffamatoire des propos contenus dans les numéros 55 et 56 « au regard de l’objectif de préservation du bon ordre au sein des établissements pénitentiaires ». Une censure qui touche 80 000 lecteurs.

Jeudi 5 décembre , « Sauvez les paysan.n.es, mangez un trader », proclamait une grande banderole jaune aux couleurs du syndicat de la confédération paysanne, déployée sur le parvis du Grand Palais à Paris. 200 agriculteurs ont participé à une manifestation à l’appel du syndicat. La Confédération paysanne a rassemblé les agriculteurs pour mener une action coup de poing et dénoncer les conditions de travail des agriculteurs. « On vous nourrit, respectez-nous », ont scandé les personnes présentes, ou encore « Traders, tremblez, les paysans reprennent leur blé » dénonçant la dérégulation des marchés. Cette manifestation intervient alors que s’ouvre en Uruguay le sommet du Mercosur, un accord de libre-échange. Une partie d’entre eux ont tenté d’entrer dans le bâtiment où se tient la 64e Bourse de commerce européenne, concernant les grands acteurs des céréales. Les agriculteurs ont subi une forte répression, des dizaines de policiers et de gendarmes, mais aussi la BRAV, sont intervenus avec brutalité. Cinq paysan-nes ont été arrêté-es et placé-es en garde à vue pour «violences et tentatives d’intrusion».

Valence, dans la Drôme, les gendarmes ont déployé les grands moyens pour traquer l’autrice de tags pro palestiniens. Le parquet a autorisé la pose d’une balise GPS sous sa voiture. Pendant plus de cinq semaines, Emma S., a roulé avec ce traqueur, ignorant que les gendarmes ont suivi en temps réel tous ses déplacements. Ils ont effectué des planques devant son domicile, épluché ses comptes en banque et adressé des réquisitions aux opérateurs téléphoniques pour géolocaliser son numéro et identifier ses principaux contacts. Elle sera jugée ce jeudi 5 décembre pour des « dégradations légères ».

Ce lundi 2 décembre, le tribunal correctionnel de Fort-de-France a condamné Rodrigue Petitot à dix mois de prison ferme aménageable. Reconnu coupable d’intimidations à l’encontre des élus de l’île ( voir article ici ). Retenu en détention provisoire depuis samedi, il est retourné au centre pénitentiaire de Ducos. Il sera convoqué sous cinq jours en vue d’un placement sous bracelet électronique. Lors du prononcé de la décision, des heurts ont éclaté à l’extérieur du palais de justice. Des centaines de personnes ont manifesté leur soutien à Rodrigue Petitot, ils ont lancé des pierres et des bouteilles en verre sur les façades du tribunal. Des jets de projectiles auxquels les gendarmes ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogènes. 

Istanboul, les forces de l’ordre ont réprimé une manifestation contre les attaques djihadistes ciblant les Kurdes du Rojava ( nous lire ici et ici ). Des membres des Forces du Travail, de la Paix et de la Démocratie d’Istanbul se sont rassemblés à Şişhane pour protester contre les attaques des HTC/HTS ( Al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaïda devenue Tahrir al Cham ) et  l’ASL/SFA ( Armée Syrienne Libre ) soutenues par la Turquie. Les manifestants, parmi lesquels des députés du parti DEM, ont été bloqués par la police et soumis à une répression brutale après avoir protesté contre cette intervention arbitraire en scandant « Bijî berxwedana Rojava » ( Vive la résistance du Rojava ). 50 personnes ont été interpelées et placées en garde à vue.

Mercredi 27 novembre, Alexeï Gorinov comparaissait devant la cours militaire de Vladimir dans un nouveau procès pour “apologie du terrorisme”, il a été condamné à trois années supplémentaire d’incarcération. Il est accusé d’avoir “justifié le terrorisme” lors de ses conversations avec des codétenus, dans un hôpital prison, où il était soigné d’une pneumonie en janvier 2023. Selon l’accusation, il aurait justifié les frappes ukrainiennes sur le pont de Crimée, une importante infrastructure qui relie la Russie à cette péninsule annexée. Avant le verdict, Alexeï Gorinov avait appelé à « arrêter le massacre sanglant et inutile », il portait un signe de paix dessiné sur un bout de papier et accroché sur son uniforme de prisonnier. Lors de la première audience de ce nouveau procès, M. Gorinov avait brandi une pancarte avec les mots « Arrêtez de tuer ! Arrêtons la guerre ! ».

Il avait dénoncé la « persécution des citoyens qui expriment leurs opinions » en Russie. En juillet 2022, Alexeï Gorinov avait été condamné à sept ans de prison après avoir dénoncé « l’agression militaire en cours en Ukraine ». La répression en Russie a jeté des centaines, voire des milliers de personnes en prison pour leur opposition à la guerre en Ukraine. Des opposants sont régulièrement condamnées à de très lourdes peines pour “trahison”, “sabotage” ou “extrémisme”.( voir article ici )

Dans la nuit de samedi 23 au dimanche 24 novembre, un jeune homme a trouvé la mort dans un quartier populaire de Milan. Passager d’un scooter pris en chasse par une voiture des forces de l’ordre, Ramy Elgaml, 20 ans et le conducteur ont été percutés, le deux roues a violemment été projeté contre un mur, le conducteur est hospitalisé, le parquet a ordonné son interpellation dès qu’il pourra être entendu. Ramy a été emmené à l’hôpital où les médecins ont déclaré sa mort peu après son arrivée. Ce décès a déclenché une vague de colère dans le quartier Corvetto de Milan. Les amis du défunt ont déployé des banderoles «Vérité pour Ramy» et «Ne condamnez pas un innocent», des barricades ont été incendiées. La police a reçu des projectiles et des feux d’artifice, elle a riposté par des lancés de gaz lacrymogènes et des charges pour disperser les jeunes et les habitants du quartier. Les carabiniers ont arrêté une personne.

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