Le système de vidéosurveillance connaît plusieurs problèmes techniques à cause de sa saturation. Les autorités avouent une impossibilité d’exploiter pleinement une partie des caméras installées en Belgique. Depuis mai 2023, le système de reconnaissance automatique de plaques minéralogiques (ANPR), surchargé, ne supporte plus les images de nouvelles caméras, ni les nouvelles demandes d’accès provenant des zones de police. Entre 2018 et 2023, 70 caméras des zones de police locales ont été connectées à la plateforme. Le système est progressivement à saturation, il est devenu instable. Afin de prévenir tout risque d’arrêt complet, plus aucune caméra supplémentaires n’a été acceptée à partir de mai 2023. Ces dernières années, le dispositif a connu plusieurs avaries techniques, ce qui l’a rendu indisponible une quinzaine de jours au total. Lors de panne ou lors d’une mise à jour, les images enregistrées par les caméras locales ne peuvent être envoyées vers la plateforme centrale de la police fédérale, elles alors sont conservées temporairement pour être versées au système national une fois celui-ci rétabli.

Voici le deuxième épisode de la série d’articles tirés de la remarquable brochure « Technologie et prison » (ici le pdf)  réalisée par  Carapatage  que nous livrons en feuillton. Aujourd’hui, la lutte anti-drone.

Ces dernières années de plus en plus de gens utilisent des drones en les faisant voler jusqu’aux cours de promenade voire jusqu’aux fenêtres des cellules. Avec un drone dans les premiers prix, on peut déjà transporter un colis d’environ 500 grammes et le faire voler à plusieurs centaines de mètres de distance. Pour celui ou celle qui le commande, ça limite les risques de se faire arrêter en étant plus loin du mur d’enceinte. Les drones font entrer drogue, téléphone, carte sim. Ils peuvent aussi servir à préparer voire provoquer une évasion. Par exemple en faisant entrer des outils, des armes, ou en filmant la prison depuis les airs. En septembre dernier dans la prison de haute sécurité de Guayaquil en Équateur, un drone a fait exploser un toit et permis une évasion. Le 25 février, un puissant drone a survolé la cour de la prison de Nivelles avec corde et harnais dans le but d’aider à l’évasion d’un détenu.

Dès 2019, les prisons françaises ont  commencé à s’équiper de brouilleurs antidrones. Ces dispositifs brouillent les ondes radio qui relient le drone à sa télécommande. Une fois les ondes interceptées le drone revient là d’où il a décollé. Ce sont les entreprises Cerbair et Keas qui ont équipé les prisons françaises, avec une antenne capable de détecter les drones à 360 degrés dans un rayon de 2 km et d’un brouilleur qui neutralise les drones dans les gammes de radiofréquences 2,4 et 5,58 Ghz et la bande de fréquence L/433. 49 prisons françaises ont été équipées de brouilleurs en novembre 2024, 90 devraient être équipées d’ici à 2025. En Belgique, plutôt qu’un brouilleur, c’est un système de détection qui a été installé sur la prison de Haren.

Malgré un rapport de forces incroyablement inégal, la résistance palestinienne se poursuit dans les ruines de Gaza. Vendredi après-midi, un sergent de l’unité des forces spéciales de la police « Yaman »  a été tué lors d’affrontements dans le quartier de Shejaiya de la ville de Gaza. Des renforts iqraéliens ont été dépêchés pour extraire les soldats pris dans l’embuscade mais 15 minutes plus tard, un Humvee de l’armée qui tentait d’atteindre la zone a été touché par un tir de RPG ( lance roquettes portable), blessant un soldat. Près d’une heure plus tard, plusieurs chars qui participaient aux opérations de sauvetage, ont été pris pour cible par des tirs de RPG. L’une des roquettes a tué un capitaine de la 401e brigade blindé mécanisée et légèrement blessé un autre soldat. Une heure plus tard, deux réservistes du 7007ᵉ bataillon de la brigade de Jérusalem ont été blessés par des tirs de roquettes RPG et d’armes légères dans la même zone.

L’armée israélienne a commencé à utiliser des outils robotisés il y a plus d’une décennie mais en très petit nombre. Face à la résistance de Gaza et pour éviter les pertes, ils sont désormais déployés à grande échelle, à commencer par le « robdozer » est la version téléopérée du B9 (photo),  un mastodonte blindé que les troupes israéliennes utilisent au quotidien.

Nous livrerons sous forme de feuilleton une série d’articles tirés par la remarquable brochure « Technologie et prison » (ici le pdf)  réalisée par  Carapatage  avec une première livraison relative aux téléphones portables.

En 2023, 53 000 portables qui ont été saisis dans les prisons en France. Les très petits portables étant sous le seuil de sensibilité des détecteurs de métaux classiques, une nouvelle génération de portiques à ondes millimétriques (POM – photo), a été mise en place depuis 2011 dans plusieurs prisons françaises. Ces POM permettent de voir à l’écran la présence d’objets métalliques, plastiques, liquides, semi-liquides, en papier, y compris lorsqu’ils sont dissimulés.

En 2024, sur les 187 prisons françaises, 18 disposent d’un brouillage sur tout l’établissement et 90 d’un brouillage partiel sur le quartier d’isolement. Le brouilleur émet un signal plus puissant sur la fréquence ciblée, créant ainsi de multiples interférences. Cependant, les brouilleurs sont chers, leur fonctionnement est gêné par la qualité d’obstacle (murs en béton armé, grilles, barreaudages, etc.), ils sont déjà en partie obsolète avec la 4G, ils brouillent les ondes dans le voisinage de la prison, et certains détenus utilisent des petits routeurs qui permettent de contourner les brouilleurs…À la prison de la Santé (Paris), réouverte en 2019, les brouilleurs ne fonctionnent vraiment que pour la 2G et la 3G et seulement au rez-de-chaussée ! Et cela coûte 7 millions d’euros par an…

La commune d’Ixelles votera, ce jeudi 24 avril,  l’usage de drones policiers équipés de caméras mobiles. Une mesure qui semble avoir été testée en toute discrétion depuis le 15 avril. Ces drones seront utilisés pour débusquer des crimes et délits, mais aussi pour verbaliser de simples infractions dites « incivilités ». Une vague notion, rien n’est défini, et reste sujet à interprétation :quels actes seront  jugés « inciviles », qui verbalisera, que deviendront les données recueillies par ces caméras mobiles et qui y aura accès ? Que viseront les forces de l’ordre, un rassemblement, une prise de parole publique, un drapeau palestinien trop visible ? Les possibilités d’intervention sont nombreuses, les critères sont flous. La zone de police Bruxelles Capitale Ixelles justifie cet usage par plusieurs objectifs : enregistrer le déroulement des interventions policières, améliorer la traçabilité et le compte rendu des opérations aux autorités administrative et judiciaire, accroître la sécurité des fonctionnaires de police, réduire le nombre de faits de violence ainsi que les plaintes infondées à l’encontre des agents. Derrière ces objectifs, on décèle une logique orientée : des drones pour la sécurité des agent-es pas pour les citoyens et les militants.

La biométrie a longtemps été considérée comme étant un procédé très résistant au piratage, mais la technologie disponible offre des moyens de contourner ces dispositifs. La situation est telle qu’Europol, l’agence européenne de police criminelle, publie mi-avril 2025 une note (voir ici) destinée à informer les services d’enquêtes des pays de l’UE sur les modalités de ce type de fraude qui tend à se développer fortement. Ces modes opératoires sont désormais accessibles techniquement et financièrement. Tous les canaux sont ciblés pour leurrer les capteurs :

Des masques en silicone personnalisés ou des images numériques (deepfake ou hypertrucage). Les modèles performants sont aujourd’hui commercialisés autour de 3 000 $. Si le profil s’y prête, des maquillages soignés peuvent même suffire.
Des lentilles spéciales ou des images haute résolution de l’œil pour tromper la reconnaissance de l’iris.
Des synthèses vocales ou des enregistrements pour diffuser la voix d’une personne.
Des empreintes digitales artificielles sont créées à partir de moules ou d’impressions 3D. Elles auront été préalablement captées, par exemple sur un verre ou sur des couverts.
Enfin, la signature veineuse, constituée par une empreinte du réseau de veines prise sur un doigt ou la paume de la main.

La réponse passe par la combinaison des expertises diverses : en associant l’intelligence artificielle, la biométrie et la sécurité numérique. Avec par exemple une analyse plus fine de la « vivacité biométrique », pour s’assurer encore plus précisément que la personne qui se présente est bien réelle et non un masque modélisé. Europol plaide pour une meilleure protection de la confidentialité des données biométriques. La tâche est ardue. Dès 2014, à l’occasion d’un Congrès de pirates informatiques, un hacker avait montré comment il était parvenu à capter les empreintes digitales d’Ursula Von der Leyen, alors ministre allemande de la Défense, à partir d’une simple photo de sa main publiée dans la presse. Idem pour l’iris d’Angela Merkel, alors Chancelière, à partir de ses portraits publics disponibles en haute définition…

Le siège d'Europol, à La Haye

Ces dernières semaines, des documents demandent aux policiers de signaler les étrangers en situation régulière. Ce « fichage » est une procédure qui concerne des étrangers mis en garde à vue. Les agents sont priés de noter la date et le lieu de soupçons de faits, l’infraction supposées, les suites et antécédents judiciaires de la personne, « toute information utile pour caractériser la menace pour l’ordre public que constitue la présence de l’intéressé en France » selon la circulaire du ministre de l’intérieur Bruno Retailleau. Les empreintes digitales, la copie de la carte de séjour et des documents d’identité du pays d’origine sont aussi consignés. La transmission de ces notes par les services de police aux préfectures a pour objectif d’identifier les personnes pouvant faire l’objet de retraits ou de refus de titres de séjour, sur le fondement d’une menace à l’ordre public.

Préfecture de Seine Saint Denis

La transformation des avancées technologiques en outils de subversion ou de criminalité est un phénomène appelé « innovation malveillante » ou « l’utilisation de la créativité à des fins destructrices ». Il n’est pas nouveau mais le paysage technologique actuel offre un niveau d’accessibilité et de dangerosité sans précédent. Ainsi l’intelligence artificielle (IA) générative dont l’intégration dans les appareils personnels aura une croissance annuelle du marché estimée supérieure à 120 % dans un avenir proche. Or il s’agit d’une technologie disruptive qui donne les moyens de défier les stratégies traditionnelles des forces de l’ordre. Elle peut générer des e-mails d’hameçonnage, fabriquer des images truquées, programmer des drones autonomes, etc. Les IA jailbreakées peuvent même contribuer à la création d’armes.

Douze caractéristiques facilitent le détournement de ces technologies : accessibilité, prix abordable, facilité d’utilisation, portabilité, dissimulabilité, efficacité, polyvalence, disponibilité sur le marché libre, adaptabilité à des usages non prévus, intégration avec d’autres technologies, résonance symbolique et absence de contrôle réglementaire. Les experts jugent « hésitante » la réponse des institutions de sécurité caractérisées comme réticentes au changement, accablées par l’inertie bureaucratique et la lenteur des cycles d’adoption. Or, pour contrer les innovations malveillantes, il faut une approche anticipatrice, comme des partenariats avec les entreprises technologiques afin d’atténuer les menaces. Les organes législatifs devraient aussi être proactifs dans la réglementation.

C’est La gendarmerie canadienne (GRC) a entrepris de renouveller sa flotte d’hélicoptères. La GRC vise à remplacer la dizaine de mono-turbine par quatorze exemplaires d’un seul modèle bi-turbine. Entre-temps, la GRC a affrété trois Sikorsky UH-60 Black Hawk. En raison de la guerre tarifaire et des discours d’annexion de Trump, il n’est pas question pour le Canada d’acheter des hélicoptères de facture américaine. L’unique Airbus H145 actuellement en service à la GRC donne satisfaction (photo) et la demande d’information lancée par la GRC auprès des hélicoptéristes vise un appareil similaire. Le calendrier prévoit que les quatre premiers appareils soient livrés en 2027, quatre autres en 2028 et le reste d’ici 2033.

Des chercheurs de l’université de Columbia ont démontré, grâce à l’intelligence artificielle, que les empreintes digitales possèdent une signature commune à tous les doigts d’un même individu. L’équipe de Columbia a entraîné une intelligence artificielle sur des centaines d’empreintes digitales provenant de différentes personnes. Au fil de cet apprentissage, l’IA a développé la capacité d’identifier avec une précision dépassant 80 % que des empreintes de doigts différents appartenaient à une même personne. L’IA ne se limite pas donc pas aux « minuties » (bifurcations, îlots ou terminaisons de lignes) qui sont depuis toujours les points de repère des experts humains pour identifier une empreinte digitale. L’IA a réussi à observer ce que l’œil humain ne peut pas détecter : des similitudes dans les angles et les courbures près du centre des empreintes digitales.

Cette découverte pourrait transformer radicalement les enquêtes polcières en permettant de relier une empreinte à un suspect dont on ne possède que l’empreinte d’un autre doigt. Des milliers d’affaires non résolues pourraient potentiellement être réouvertes. Avec le taux actuel de réussite de 80 %, cette méthode n’est pas mûre pour une utilisation devant un tribunal, mais l’équipe pense qu’avec un entraînement plus approfondi, l’IA pourrait atteindre une précision quasi parfaite. Outre les applications policières, les applications de cette découvertes sont multiples (déverrouillage des appareils avec n’importe quel doigt, sécurité renforcée contre les tentatives d’usurpation, fiabilité supérieure dans divers environnements, etc.)