Au commissariat de Rennes, la Division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS) teste, depuis quelques semaines, un nouveau logiciel développé par Chapsvision, plateforme Data et intelligence artificielle. Les internautes utilisent de plus en plus de messageries cryptées, les sonorisations d’appartements permettent de recueillir des éléments lors des enquêtes de police. SonIA (le son par l’IA) permet de gérer la sonorisation, de traduire les propos même lorsque plusieurs personnes parlent en même temps, de les retranscrire, de les résumer. Le tout quasiment en temps réel et dans toutes les langues du monde, y compris les plus rares. Le logiciel traduit aussi l’argot.

La JOC Bruxelles et TechnopoliceBXL organisent une conférence qui abordera les enjeux liés aux smartphones et à la surveillance. Elle abordera différentes stratégies de réduction des risques qui permettent de complexifier le travail de la police, alors qu’à travers l’Europe, la répression s’est intensifiée depuis le 7 octobre. La conférence traitera aussi des entreprises israéliennes prépondérantes sur le marché des logiciels espions, les universités, l’armée et les services de renseignements israéliens. La présentation complète de la conférence. Ce mercredi 4 juin, à 19h, rue d’Anderlecht 4, 1000 Bruxelles

Le FBI adopte un radar pour voir à travers les murs. Mis au point par la société Maxentric Technologies, en collaboration avec le Département de la Sécurité intérieure, il est capable de détecter une silhouette humaine, même immobile ou allongée. Le système, nommé DepLife, pour “Detect Presence of Life”, se compose du boîtier-radar proprement dit (un système MIMO UWB-IR 8 GHz, qui émet des impulsions électromagnétiques à des fréquences spécifiques pour créer une scène de l’emplacement des réflecteurs)  et d’un smartphone pour le contrôler. L’opérateur peut ainsi obtenir un rendu 3D des environs, avec les silhouettes des êtres humains présents mises en évidence sur une carte couleur multi-portées en vue aérienne, avec des icônes annotant les résultats de l’algorithme. Quatre visualisation différentes sont disponibles, affichant des résultats filtrés différents des données radar brutes. Le système pourrait intéresser le service fédéral pour sa capacité à détecter une personne cachée, dans un faux plafond par exemple ou pour servir d’outil de surveillance passive. Ce n’est pas le premier outil de la sorte (voir notre article) mais la technologie progresse spectaculairement.

Ce mardi 20 mai, la section de lutte contre la cybercriminalité de la JUNALCO (Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée ) a déclenché l’opération baptisée « Prison break » visant à perquisitionner simultanément près de 500 cellules dans 66 lieux de détention sur l’ensemble du territoire français, afin de saisir les téléphones miniatures mis en circulation par une société chinoise et revendus en France par le fournisseur « OPORTIK ». Cette enquête a été confiée conjointement à la BL2C (Brigade de Lutte Contre la Cybercriminalité de la Police judiciaire de la préfecture de police de Paris) et à l’UNC (Unité Nationale Cyber de la gendarmerie nationale). L’UNC a été chargée d’identifier les clients utilisant ces téléphones.

De la taille d’un briquet et paramétrés de façon spécifique, ces téléphones étaient vendus comme indétectables aux portiques d’entrée dans les lieux de détention. La participation du Service national de renseignement pénitentiaire (SNRP) a contribué à identifier les utilisateurs. Ce même 20 mai, le nom de domaine de la société « OPORTIK » a été saisi. Trois fournisseurs sur le territoire français ont été interpellés. Des téléphones seront expertisés par l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) afin de vérifier l’éventuelle aspiration de données vers l’étranger par des backdoors.

Actuellement, les caméras de surveillance individuelles (bodycams) ne font pas partie de l’équipement de base fourni à chaque agent de police, chaque unité doit financer l’acquisition de ce matériel sur son propre budget, en fonction de ses priorités opérationnelles et de son contexte local. Le gouvernement a décidé d’acheter 3.000 bodycams. Les serveurs, où parviendront les images, font actuellement l’objet de tests approfondis, avec une mise en service prévue d’ici à la fin de cette année. 

La police et les agences fédérales ont trouvé un nouveau moyen de contourner les lois limitant l’usage de la reconnaissance faciale : un modèle d’IA qui peut suivre les personnes à l’aide d’attributs tels que la taille du corps, le sexe, la couleur et la coupe de cheveux, les vêtements et les accessoires. L’outil, appelé Track et développé par la société Veritone, est utilisé par 400 clients, dont des services de police d’État et locaux et des universités partout aux États-Unis. Le système est également en pleine expansion au niveau fédéral : les procureurs américains du ministère de la Justice ont commencé à utiliser Track pour les enquêtes criminelles en août dernier.

Ryan Steelberg, PDG de Veritone, explique franco l’origine de Track : « Si nous ne sommes pas autorisés à suivre les visages des gens, comment pouvons-nous contribuer à identifier potentiellement des criminels ou des comportements ou activités malveillants ? » En plus de suivre les individus là où la reconnaissance faciale n’est pas légalement autorisée, explique Steelberg, Track permet de suivre les personnes lorsque les visages sont masqués ou non visibles. C’est le premier exemple d’un système de suivi non biométrique utilisé à grande échelle aux États-Unis.

À l’été 2025, la gendarmerie française va déployer le DT46, un drone à voilure fixe de moyenne endurance. Le drone est encore en cours d’expérimentation par la Section expérimentation drone moyenne endurance (SEDAME) des Forces aériennes de la gendarmerie nationale (FAGN). Conçu par la société française DELAIR, il viendra compléter la gamme de drones en dotation, en apportant une capacité de surveillance prolongée, performante et modulable. Le DT46 peut voler 6 heures durant pour un rayon d’action maximum de 100 kilomètres. Il a un double mode de mise en œuvre : décollage vertical ou lancement en mode avion, et peut emmener jusqu’à 5 kilos de charge utile, permettant l’intégration de capteurs optiques ou d’autres dispositifs embarqués selon les besoins.

Voici le quatrième épisode de la série d’articles tirés de la remarquable brochure « Technologie et prison » (ici le pdf)  réalisée par Carapatage que nous livrons en feuilleton. Aujourd’hui, la réalité virtuelle.

Aux États-Unis, les casques de réalité virtuelle sont utilisés pour préparer la sortie des prisonniers de longue peine. Au Colorado, des personnes, qui ont été enfermées mineures dans les années 80-90, ont passé 3 ans à porter régulièrement des casques de réalité virtuelle pour découvrir une version numérique du monde qui les attend dehors. On simule d’abord des décors, des rues, des intérieurs, pour qu’elles puissent constater à quel point le monde a changé. Puis, on leur apprend à utiliser les outils informatiques, internet ou le téléphone. Non pas en leur filant un ordi ou un téléphone, ce serait trop simple, mais plutôt en simulant dans le casque de réalité virtuelle un ordi et un téléphone. On leur apprend à gérer leur budget ou encore, on les met dans un bar où un type menace de se bagarrer avec elles et on leur demande comment réagir. En Californie, il est aussi utilité comme alternative aux permissions de sortie : les prisonniers peuvent « visiter » Paris ou la Thaïlande en VR (photo).

Ce casque est aussi utilisé dans l’État de Washington pour faire suivre à moindre coût aux prisonnières des ateliers virtuels de formation à la mécanique auto. Le géant de la sous-traitance carcérale, Global Tel Link (GTL), veut étendre le concept, notamment pour organiser des visites virtuelles dont on imagine facilement qu’elles pourraient remplacer des visites réelles. La visioconférence a d’ailleurs été permise à des détenu·es pour remplacer les parloirs qui avaient été supprimés lors de l’épidémie de Covid.

Cette technologie est aussi promue comme un moyen de lutter contre la récidive. Parmi les récentes expérimentations, on trouve des casques de réalité virtuelle destinés à des auteurs de violences conjugales où le spectateur se met tour à tour dans la peau du conjoint violent, de sa compagne et de leur petit garçon. Une phase test d’un an a débuté en octobre dernier avec une trentaine de détenus à Lyon, Meaux (avec des personnes condamnées et suivies en milieu ouvert) et Villepinte (en milieu fermé).

Voici le troisième épisode de la série d’articles tirés de la remarquable brochure « Technologie et prison » (ici le pdf)  réalisée par  Carapatage  que nous livrons en feuilleton. Aujourd’hui, la vidéosurveillance.

Suite à l’arrestation de Salah Abdeslam, impliqué dans les attentats du 13 novembre, l’usage de la vidéosurveillance en cellule 24h/24 et 7j/7 (auparavant réservée aux cellules de protection d’urgence, dites « anti-suicides ») a été étendu en France par un arrêté de juin 2016, validé par la CNIL puis par le Conseil d’état. Les images peuvent être regardées en direct et le chef de l’établissement pénitentiaire peut les consulter pendant un délai de sept jours à compter de l’enregistrement. Au-delà, les données ne peuvent être visionnées que dans le cadre d’une enquête judiciaire ou administrative. L’apparition des caméras piéton dans les prisons françaises date de 2020 dans le cadre d’une expérimentation et se généralise à partir de 2023. Elles n’enregistrent pas en permanence, indiquent par un signal qu’elles filment, et elles enregistrent aussi le son. Les données sont conservées trois mois, les agents ont interdiction de les déclencher pendant les fouilles.

Les logiciels de vidéosurveillance algorithmique (VSA) détectent automatiquement différents types de situations qui donnent lieu à une alarme au poste de surveillance : bruits suspects, rassemblements de personnes, mouvements brusques, franchissements de lignes, détection de mouvement associée à des horaires, détection de feu ou fumée, de vandalisme, de mouvements de panique, de présence d’armes, de violence, comptage des détenu·es et du personnel dans des zones précises, inventaire automatique de matériel, audétection de l’état des caméras (pannes ou tentatives de sabotages), suivi automatique d’une personne… Une partie de ces solutions de VSA concerne la détection de problèmes de santé, tels que les crises d’épilepsie, l’automutilation ou les épidémies : détection d’effondrement, d’agenouillement, de recroquevillement, mesures de température, analyse de l’état émotionnel. En Allemagne dans les lands de Rhénanie-du-Nord-Westphalie et de Basse-Saxe la VSA est expérimentée « afin de prévenir le suicide et d’améliorer la sécurité dans les prisons ».

Un système de VSA va être mis en place dans la prison de sécurité maximale de Csenger en Hongrie (photo), actuellement en construction : une technologie permettant un contrôle complet des mouvements des détenus, et une intelligence artificielle pour analyser leur comportement et leurs expressions faciales. Si leur comportement s’écarte de leur routine habituelle, le système enverra un signal aux gardiens.

Le système de vidéosurveillance connaît plusieurs problèmes techniques à cause de sa saturation. Les autorités avouent une impossibilité d’exploiter pleinement une partie des caméras installées en Belgique. Depuis mai 2023, le système de reconnaissance automatique de plaques minéralogiques (ANPR), surchargé, ne supporte plus les images de nouvelles caméras, ni les nouvelles demandes d’accès provenant des zones de police. Entre 2018 et 2023, 70 caméras des zones de police locales ont été connectées à la plateforme. Le système est progressivement à saturation, il est devenu instable. Afin de prévenir tout risque d’arrêt complet, plus aucune caméra supplémentaires n’a été acceptée à partir de mai 2023. Ces dernières années, le dispositif a connu plusieurs avaries techniques, ce qui l’a rendu indisponible une quinzaine de jours au total. Lors de panne ou lors d’une mise à jour, les images enregistrées par les caméras locales ne peuvent être envoyées vers la plateforme centrale de la police fédérale, elles alors sont conservées temporairement pour être versées au système national une fois celui-ci rétabli.