Dimanche 22 mars, deux nouvelles révoltes ont éclaté dans les prisons françaises de Maubeuge et Longuenesse. Une trentaine de prisonniers de la prison de Longuenesse ont refusé de regagner leur cellule ce dimanche, en début d’après-midi, une émeute a éclaté quasiment au même moment à la prison d’Assevent (Maubeuge). Les prisonniers réclamaient davantage de douche, la possibilité de laver leur linge, mais aussi que les surveillants portent des masques. On recense également des mouvements de prisonnier à Meaux, Nantes et Carcassonne. Les deux mouvements ont été organisé avec l’aide des réseaux sociaux. Un appel à la révolte circule, en effet, depuis le 18 mars sur Snapchat. En Colombie, les prisonniers de pas moins de 10 prisons parmi lesquelles les prisons de Bogota (voir notre article), Medellin et Boyaca, se sont révoltés dimanche, au cris de « liberté ». Au moins 23 personnes sont décédées et 90 ont été blessées – 83 détenus et 7 gardiens – par ces événements dans la prison de La Modelo à Bogota, où, selon les autorités, une tentative d’évasion a eu lieu samedi soir. Au Tchad, une mutinerie a éclaté à la prison d’Amsinene. La répression a fait un mort et plusieurs blessés parmi les dizaines de prisonniers révoltés.

La prison de La Modelo à Bogotá

Édit 23 mars 2020 : La mutinerie de la prison de La Modelo à Bogota a fait 23 morts et 83 blessés. Les familles des prisonniers se sont rassemblées, malgré le confinement, afin de tenter de recueillir des informations face au long silence des autorités.

En plus des révoltes qui ont éclaté dans les prisons d’Europe (voir notre article), on recense des mouvements similaires en Amérique latine, Afrique, au Moyen-Orient et en Inde. En voici un compte-rendu non-exhaustif. En Colombie, des mutineries ont éclaté samedi soir dans les prisons de Bogota et Ibagué. Les quelques 123 000 prisonnières et les prisonniers mécontent·es des mesures prises dans le cadre du Coronavirus se ont participé à des émeutes, des incendies, et se sont affronté avec les quelques 14 000 gardiens. Des coups de feu ont été entendus. Les prisonnières et les prisonniers demandent du matériel pour se protéger de la pandémie et le rétablissement des visites de leurs proches. Au Mexique, des prisonniers d’Atlacholoaya  se sont révoltés. Certains en ont profiter pour tenter de s’évader. La police ouvert le feu, tuant trois évadés et blessant dix autres. Mais d’autres prisonniers seraient toujours en fuite.

En Ouganda, une émeute a éclaté dans la prison du district d’Arua. Les affrontements se sont déclenchés après qu’un prisonnier qui avait tenté de gravir le périmètre de la prison pour s’échapper ait été abattu. L’émeute a été réprimée par les force de sécurité qui ont tué au moins six prisonniers et en ont blessé 23 autres. Par ailleurs, 23 prisonniers se sont échappés. Au Bengale de l’Ouest (Inde), une mutinerie a éclaté, samedi 21 mars, à la prison de Kolkata (dans l’ouest du pays). Les prisonniers ont incendié une partie de la prison. Des affrontements ont eut lieu avec les gardien et la police. Une unité spéciale de la police est intervenue pour réprimer la révolte faisant 4 morts et au moins blessés parmi les prisonniers. Les prisonniers demandaient le rétablissement des visites de leur proche ainsi que leur audience devant les tribunaux.

En Iran, une mutinerie a éclaté, vendredi 20 mars, dans la prison centrale d’Aligoudarz. Les prisonniers qui risquaient d’être exposés au coronavirus, se sont mutinés et ont désarmé des gardiens et ont tenté de s’évader. Les affrontements entre prisonniers et gardiens se sont étendus à l’extérieur et ont duré plusieurs heures. Des unités des pasdaran sont entrées en scène pour réprimer la mutinerie. Plusieurs prisonniers ont réussi à s’échapper. D’autres ont été tués ou blessés quand les forces de sécurité ont ouvert le feu. Le jour d’avant, le 19 mars 2020, environ 250 prisonniers de la prison de Parsilon à Khorramabad s’étaient mutinés et, après avoir désarmé les gardiens, avaient réussi à s’échapper. Les gardiens et les forces de sécurité avaient également ouvert le feu sur les évadés en tuant un certain nombre.

Des prisonniers ougandais blessé lors de la révolte

Jeudi 26 mars, le Réseau de solidarité des prisonniers palestiniens de Samidoun organise une conférence sur la répression anti-palestinienne en Allemagne et en Europe avec Khaled Barakat, écrivain palestinien et coordinateur de la campagne pour libérer Ahmad Sa’adat. Les agents d’immigration allemands l’ont récemment interdit de séjour dans le pays pendant quatre mois. Khaled se bat en justice, mais cette lutte n’est pas individuelle. Elle fait partie de la résistance à une série d’attaques répressives contre la communauté palestinienne et contre ceux qui soutiennent le peuple palestinien. La conférence s’organisera en ligne sur ZOOM. Infos et inscriptions ici.

Conférence virtuelle sur la répression anti-palestinienne en Europe

Conférence virtuelle sur la répression anti-palestinienne en Europe

Ces derniers jours, plusieurs mouvements de révoltes des prisonniers ont éclaté dans différentes prisons de France d’Italie et de Belgique dans le cadre de la crise liée au Coronavirus. Voici un compte-rendu non-exhaustif des événements.

En Italie, depuis l’annonce, le 7 mars, de la suspension des visites de proches, des troubles majeurs ont éclatés dans 49 prison du pays sur un total de 189. En date du 11 mars, on comptait : 6 000 prisonnier révoltés, 600 lits détruits, ainsi que des dégâts matériels estimés à 35 millions d’euros. Dimanche 8 mars, des mutineries ont éclaté dans quatre prisons du pays. Au moins six prisonniers y sont morts. À Modène, la révolte, particulièrement intense, a fait au moins un mort parmi les détenus alors que 20 gardiens ont été blessés et que le reste du personnel a du être évacué. Les prisonniers sont parvenus à se barricader et à s’emparer d’armes. Dans la prison de Frosinone (sud de Rome), une centaine de prisonniers se sont barricadés dans une section de l’établissement, et la police est intervenue pour réprimer la mutinerie. Les prisonniers ont dressé une liste de revendications, dont la possibilité de visites de leurs proches, et tentent de négocier avec la direction. À la prison Torre del Gallo à Pavie, les prisonniers sont parvenus à prendre deux agents de la police pénitentiaire en otage, et à libérer des dizaines de leurs camarades. Par ailleurs, les familles sont venues soutenir dans la rue la fronde des prisonniers dans plusieurs prisons du pays. Enfin, à la prison de Poggia, dans les Pouilles, plusieurs prisonniers étaient parvenus à s’échapper avant d’être rattrapé par la police.

Des révoltes similaires ont également eut lieu cette semaine en France. Dans les région Alpes-Maritimes, une mutinerie a éclaté à la prison de Grasse, après une révolte de prisonniers inquiets face au coronavirus. Un groupe de six à sept hommes sont notamment montés sur le toit d’un des bâtiments de la prison et ont jeté des projectiles sur les gardiens. Le Raid est intervenu pour réprimer la mutinerie. La lendemain, on dénombrait une dizaine de mouvements de révolte dans tout le pays, principalement des refus par les prisonniers de réintégrer leur cellule après la promenade. Une mutinerie a cependant éclaté au centre de détention de Val-de-Reuil. Les corps d’intervention d’élite de l’administration pénitentiaire (Eris) étaient débordés par le nombre d’incidents et n’ont pas pu intervenir en même temps pour réprimer tous les mouvements.  Jeudi 19 mars, une autre mutinerie a également éclaté à la prison d’Argentan (Orne) avant d’être réprimée par les Eris. Une quinzaine de prisonniers révoltés sont montés sur le toit de la prison et refusaient d’en descendre.

En Belgique, une mouvement de révolte a éclaté à la prison de Saint-Gilles (Bruxelles) lorsqu’une vingtaine de prisonniers sont montés sur le toit pour protester contre la réduction de leur temps de préau.

Révolte de prisonniers en Italie dans le cadre de la crise du Coronavirus

Révolte de prisonniers en Italie dans le cadre de la crise du Coronavirus

Jeudi 19 mars, sous prétexte de mettre en place le confinement, la police a chassé les migrant·es du parc Maximilien. Des volontaires de la cuisine solidaire Zig-Zag qui distribuaient, comme à leur habitude, des repas aux migrant·es ont reçu des amendes pour « création d’un attroupement ». Les migrant·es se sont alors dirigés vers l’Allee du Kaai, espérant recevoir de la nourriture sur place. La police était cependant déjà présente et les a dispersé. La veille, des militant·es du Collectif 8 mars, ont assisté à l’expulsion de personnes sans-abris du Carré de Moscou (Place Marie Janson à Saint-Gilles) par 15 policiers. Lorsque celles-ci se sont mises à filmer la scène, les policiers ont contrôlé leur identité avant d’emmener deux personnes qui n’avaient pas leur carte (elles seront relâchées après identification).

La police chassant les SDF du Carré de Moscou

La police chassant les SDF du Carré de Moscou

Aujourd’hui, la police grecque a mené une série de raids sur des bureaux et des appartements dans le quartier d’Exarcheia à Athènes. Ces raid visaient le Comité de solidarité pour les prisonniers politiques en Turquie et au Kurdistan et le Front anti-impérialiste. Entre 26 et 35 personnes ont été arrêtées. Ces arrestations, visant des opposant·es au régime fasciste en Turquie, ont été menée sous prétexte de « lutte antiterroriste ». Plus d’infos ici.

Vague d'arrestations contre le Comité de solidarité pour les prisonniers politiques en Turquie et au Kurdistan ainsi que le Front anti-impérialiste

Jeudi 27 février, Astrid Conde Gutiérrez Cortesía, une ancienne combattante des FARC a été abattue à Bogotá. L’ex-membre de la guérilla avait rendu les armes suite aux accord de paix de 2016 et continuait à militer dans un groupe de défense des droits des femmes. Les assassinats des ancienn·es FARC démobilisé·es sont monnaie courante dans le pays. Jusqu’à présent, 191 anciennes et anciens combattant·es de la guérilla ont été assassiné·es dont plus de 60 cette année (voir notre article).

Astrid Conde

Astrid Conde

Vendredi 27 septembre 2019, l’organisation de la gauche révolutionnaire occitane « Libertat » organisait un petit déjeuner solidaire pour soutenir 3 militants allemands, arrêtés la veille du G7 de Biarritz, qui passaient en procès ce jour là. Cyril, un militant de l’organisation, avait arrêté à la sortie du local de l’organisation au motif qu’il avait en sa possession un couteau à pain, du jus de fruit, de la confiture, du café, etc (voir notre article). Lundi 2 mars, il s’est présenté lundi 2 mars au palais de Justice de Pau pour son procès pour « port d’armes ». Celui-ci a été reporté au 22 septembre prochain suite au mouvement de grève des avocats en grève. Un rassemblement de soutien est d’or et déjà prévu. Plus d’infos ici.

Un militant en procès pour avoir porté un couteau à pain lors d'un petit déjeuner

Un militant en procès pour avoir porté un couteau à pain lors d’un petit déjeuner

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Dimanche 23 février, un homme était tué par la police à Kawéni, au nord du chef-lieu Mamoudzou dans la colonie française de Mayotte. Ce décès a entrainé une semaine d’affrontements entre policiers et jeunes gens. Au cours d’un de ses affrontements dans le lycée du village de Kahani, une grenade de gaz est tombée dans une cour où se trouvait une famille. Un nourrisson d’environ trois mois a inhalé du gaz lacrymogène. Il est décédé.

L'intervention des forces de l'ordre ce dimanche

Aujourd’hui, l’armée et la police colombienne ont arrêté Hernán Jaramillo Orozco, alias « Guadalupe » dans la municipalité d’Anserma du département de Caldas. Il s’agit l’un des présumés dirigeants d’un réseau de soutien « Bolcheviques de Líbano » (Libano est une municipalité du département de Tolima) de l’ELN. Il aurait également soutenu plusieurs réseaux des dissidents des FARC.

Combattantes de l'ELN