Actualité de la répression et
de la résistance à la répression
















Affiche pour la libération de Pierre Carette - Septembre 2002 - Offset
Affiche d'appel à une manifestation pour la libération de Pierre Carette - Octobre 2001 - Sérigraphie sur papier kraft
Affiche d'appel au meeting de Bruxelles pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah - Février 2004 - Sérigraphie
Affiche pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah - Mai 2006 - Offset
Affiche pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah - Novembre 2005 - Offset
Affiche générale du Secours Rouge/APAPC - Janvier 2004 - Sérigraphie
Affiche pour la libération des militants d'Action Directe - Mars 2004 - Offset
Affiche pour la libération des militants d'Action Directe - Mai 2004 - Sérigraphie
Affiche contre l'extradition de Bahar KimyongĂŒr vers la Turquie - Mai 2006 - Offset
Affiche d'appel Ă  la manifestation pour la libĂ©ration des membres du Secours Rouge arrĂȘtĂ©s le 5 juin - Juillet 2008 - Offset
Affiche de la projection du documentaire 'We' d'Arundhati Roy - Septembre 2011
Quelques affiches du Secours Rouge
Affiche d'appel à la manifestation pour les prisonniers de 'Lutte Révolutionnaire' - Octobre 2011
Affiche pour le concert de 'The Coup' - octobre 2012
Affiche pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah

Bref historique du Black Panther Party

En octobre 1966, Huey Newton et Bobby Seale fondent le Black Panther Party for Self-Defense, qui deviendra vite le Black Panther Party. Ils rĂ©digent un programme en dix points, qu’ils souhaitent ĂȘtre un programme politique concret qui touche directement la communautĂ© noire. Leurs principales sources d’inspirations sont Franz Fanon, Malcolm X, et Mao.

Dans les premiers mois de son existence, le BPP se consacre Ă  contrer les attaques de la police et les agressions contre les racistes blancs. La nĂ©cessitĂ© de s’armer se fait jour, et le financement de l’achat des armes se fait par la vente du Petit Livre Rouge de Mao. En dĂ©cembre 1966, Bobby Hutton devient le premier membre du parti, mais trĂšs vite, le nombre de militant s’accroĂźt. En effet, le BPP tient tĂȘte Ă  la police d’Oakland, et gagne ainsi une certaine notoriĂ©tĂ©.

En avril 1967, le premier numĂ©ro du journal des Panthers sort de presse, suite Ă  l’assassinat d’un jeune noir de San Francisco. ComposĂ© de quatre pages, ses textes remettent en question les diffĂ©rents ‘faits’ Ă©tablis par la police aprĂšs la mort du jeune homme. Un peu plus tard, Newton est arrĂȘtĂ© pour avoir tuĂ© un policier.

Le BPP entame le mouvement ‘Free Huey‘. Durant cette pĂ©riode, le parti s’enracine en s’alliant Ă  divers groupes rĂ©volutionnaires et connaĂźt un succĂšs grandissant. L’organisation du parti ne s’est pas dĂ©cidĂ©e dĂšs sa crĂ©ation. Elle s’est construite au fil de l’évolution et de la croissance du mouvement. Le parti est divisĂ© en ‘Chapitres’, qui sont propres Ă  chaque Etat. Ensuite vient la branche (chaque grande ville en compte une). Enfin, chaque branche est divisĂ©e en sections, elles-mĂȘmes divisĂ©es en sous-sections. Le comitĂ© central est l’instance dirigeante du parti. Il est composĂ© d’un bureau politique qui dĂ©finit les politiques Ă  mener. A sa tĂȘte, le ministre de la DĂ©fense, secondĂ© par le prĂ©sident du parti. On trouve Ă©galement un ministre de l’Information (le journal du BPP tire Ă  125.000 exemplaires) et un secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral chargĂ© de l’organisation du parti au jour le jour.

A cĂŽtĂ© de sa campagne pour l’auto-dĂ©fense, le BPP met en place un programme social trĂšs important. Fred Hampton, fondateur du Chapitre du parti Ă  Chicago lance les petits-dĂ©jeuners gratuits pour les enfants noirs (30.000 enfants en bĂ©nĂ©ficieront bientĂŽt), ainsi qu’un programme mĂ©dical visant Ă  dĂ©pister l’anĂ©mie. Le BPP crĂ©e Ă©galement la ‘Oakland Community School’ afin d’accueillir les jeunes de la communautĂ©. Les objectifs du parti sont clairs: nourrir – soigner – Ă©duquer.

Tout cela dĂ©plaĂźt aux autoritĂ©s, et dĂšs 1967, le FBI dĂ©ploie contre le BPP le programme de rĂ©pression utilisĂ© dans les annĂ©es 50 contre le Parti Communiste: le COINTELPRO. Le BPP va dĂšs lors ĂȘtre la cible d’une campagne de harcĂšlement et de rĂ©pression d’un caractĂšre nouveau et d’une ampleur jusque lĂ  inĂ©galĂ©e.

Toutes ces actions menĂ©es par le FBI entraĂźnent un climat de suspicion au sein mĂȘme du groupe, ainsi que des tensions avec d’autres organisations menant Ă  une inĂ©vitable guerre. Toutes ces querelles et dissensions fomentĂ©es par le COINTELPRO vont finir par faire imploser le parti. DĂšs 1971, les militants radicaux les plus chevronnĂ©s sont soit morts, soit en exil, soit en prison. En 1973, le Black Panther Party disparaĂźt.

Quelques protagonistes

Huey Percy Newton: co-fondateur du BPP, il est nĂ© le 17 fĂ©vrier 1942 en Louisiane dans une famille d’ouvriers. Il grandit Ă  Oakland, Californie. Durant ses annĂ©es de collĂšge, il s’engage dans diffĂ©rentes associations politiques, progressistes et culturalistes noires. C’est alors qu’il rencontre Bobby Seale et fonde le parti.

Bobby Seale: co-fondateur du BPP. Il est nĂ© le 22 octobre 1936 Ă  Dallas, au Texas. AprĂšs une enfance pauvre Ă  Oakland, il devient mĂ©canicien et s’engage dans l’armĂ©e d’oĂč il est exclu. De retour dans sa famille, il milite dans plusieurs associations oĂč il rencontre Huey Newton et fonde le parti en octobre 1966.

Bobby Hutton: nĂ© en 1950, il fut le premier membre du BPP, qu’il rejoint Ă  l’ñge de 16 ans. Moins de deux ans plus tard, le 7 avril 1968, il est assassinĂ© par la police d’Oakland.

Fred Hampton: il est nĂ© le 30 aoĂ»t 1948 Ă  Chicago, oĂč il passe toute son enfance. Brillant Ă©tudiant en droit, il milite durant ses Ă©tudes pour les droits civiques, et en novembre 1968 fonde le Chapitre BPP de Chicago. Il met en place des actions sociales telles que les petits-dĂ©jeuners et les soins mĂ©dicaux gratuits pour les enfants dĂ©favorisĂ©s. Leader charismatique, il donne Ă©galement de nombreuses confĂ©rences et rencontre un Ă©cho plus que favorable auprĂšs de la population. Il est assassinĂ© le 4 dĂ©cembre 1969 par la police de Chicago.

Angela Davis: nĂ©e le 26 janvier 1944 dans l’état d’Alabama oĂč ses parents sont enseignants. Elle Ă©tudie aux Etats-Unis, en France et en Allemagne. Elle reçoit sa maĂźtrise en 1968 et devient membre du Parti Communiste des Etats-Unis et du BPP. Elle commence Ă  enseigner, mais est renvoyĂ©e Ă  cause de ses convictions. En 1970, recherchĂ©e et arrĂȘtĂ©e sous l’accusation de conspiration pour libĂ©rer des prisonniers du BPP, elle passe 16 mois en prison avant d’ĂȘtre acquittĂ©e. Aujourd’hui, Angela Davis enseigne Ă  l’universitĂ© et continue son combat politique et social.

La répression contre le Black Panther Party

Le programme COINTELPRO (COunter INTELligence PROgram) du FBI a Ă©tĂ© créé secrĂštement en 1956 pour lutter contre le Parti Communiste aux Etats-Unis. Il fut relancĂ© en 1967 contre les groupes de libĂ©ration afro-amĂ©ricains et contre la gauche rĂ©volutionnaire. Il a Ă©tĂ© mis Ă  jour en 1971. Son but avouĂ© par le FBI: ‘protĂ©ger la sĂ©curitĂ© nationale, prĂ©venir la violence et maintenir l’ordre social et politique existant‘. Tous les moyens, allant jusqu’à l’assassinat politique furent employĂ©s Ă  cette fin.

De 1956 et 1971, il y a eu 2.218 opĂ©rations liĂ©es au COINTELPRO, 2.305 Ă©coutes tĂ©lĂ©phoniques illĂ©gales et l’ouverture de 57.646 courriers. Sur les 295 opĂ©rations menĂ©es contre les organisations afro-amĂ©ricaines, 233 visaient le BPP. Une note du directeur du FBI indique: ‘Le but de l’action du Counter Intelligence est de perturber le BPP, et c’est sans importance de savoir s’il existe des faits pour prouver les accusations (contre le BPP)’.

Des agents ont Ă©tĂ© payĂ©s pour devenir membre du BPP, pour perturber son travail et pour pousser ses membres Ă  se mettre hors-la-loi. Il permet de rĂ©colter un maximum d’informations et de se tenir au courant au jour le jour. Le FBI a orchestrĂ© la dĂ©sinformation et la manipulation par la publication de fausses informations dans les mĂ©dias pour briser les soutiens au BPP, par l’envoi de lettres anonymes afin de crĂ©er des divisions au sein du BPP. Cela a permis la crĂ©ation d’un climat de suspicion entraĂźnant des tensions internes au BPP, et des tensions avec d’autres organisations entraĂźnant parfois une guerre ouverte.

Le FBI s’est livrĂ© au harcĂšlement Ă  travers le systĂšme lĂ©gal: des officiers de police donnent de faux tĂ©moignages, fabriquent des preuves pour arrĂȘter et faire emprisonner des membres du BPP. Les FBI a directement usĂ© de violences extra-lĂ©gales: le FBI et la police menacent et provoquent des assauts, du vandalisme, des bagarres pour effrayer et pour perturber le mouvement. Au total, 38 militants du BPP ont Ă©tĂ© tuĂ©s durant l’annĂ©e 1970 suite Ă  des raids organisĂ©s par la police contre les bureaux du parti.

L’assassinat de Bobby Hutton

Le 7 avril 1968, huit membres du parti, dont Bobby Hutton, voyageaient dans deux voitures lorsqu’ils tombent dans une embuscade dans la police Ă  Oakland. Bobby prend la fuite avec un camarade, et ils trouvent refuge dans un sous-sol. TrĂšs vite, ils sont cernĂ©s par plus de cinquante policiers qui prennent d’assaut le bĂątiment, qui prend feu. Bobby en sort les mains en l’air, ayant enlevĂ© son tee-shirt pour montrer qu’il Ă©tait sans arme. DĂšs sa sortie, il est la cible de douze tirs qui le tuent sur le coup.

L’assassinat de Fred Hampton

Le 3 dĂ©cembre 1969 Ă  Chicago, aprĂšs avoir donnĂ© une confĂ©rence, Hampton et quelques membres du parti se rendent Ă  son appartement. Mais une taupe se trouve parmi eux. Il avait fourni au FBI un plan de l’appartement. Le soir mĂȘme, il sabota les armes et durant le repas, drogua Hampton. A 4 heures du matin, lorsque les policiers prirent l’appartement d’assaut, Hampton est tuĂ© dans son sommeil. Tous les autres membres du parti prĂ©sents ont Ă©galement Ă©tĂ© la cible des tirs policiers, et notamment la compagne d’Hampton, alors enceinte.

L’inculpation d’Angela Davis

Durant l’étĂ© 70, Davis participe Ă  la campagne pour la libĂ©ration de Georges Jackson et des ‘Soledad Brothers’ (Lire les lettres de prison de Georges Jackson). Le 7 aoĂ»t, le frĂšre du prisonnier tente de faire Ă©vader John McClain au moment de son procĂšs. Avec deux camarades, ils prennent cinq otages, dont le juge. DĂšs leur sortie, la police fait feu sur leur vĂ©hicule, tuant quatre hommes. Davis est accusĂ©e d’avoir fourni les armes Ă  Jackson. Elle se retrouve sur la liste des personnes les plus recherchĂ©es du FBI. AprĂšs des mois de cavale, elle est capturĂ©e Ă  New-York. En 1972, aprĂšs 16 mois de prison, elle est finalement acquittĂ©e.

Chronologie du Black Panther Party

1965

21 fĂ©vrier: Malcolm X est assassinĂ© alors qu’il s’exprimait Ă  l’Audubon Ballroom, Ă  Harlem.

1966

Mai: Stokely Carmichael est élu président du SNCC (Student Nonviolent Coordination Committee).

15 octobre: Huey P. Newton et Bobby Seale rédigent la premiÚre version du programme en dix points du BPP.

Décembre: Bobby Hutton, 16 ans, est la premiÚre recrue du BPP.

1967

1 janvier: Le BPP ouvre son premier bureau au 5624 Grove Street, Ă  Oakland.

21 fĂ©vrier: Deux ans aprĂšs le meurtre de Malcolm X, les PanthĂšres noires escortent sa veuve, Betty Shabazz, de l’aĂ©roport aux bureaux de la revue Ramparts, oĂč travaille Eldridge Cleaver. ImpressionnĂ©, ce dernier rejoint le BPP.

1 avril: A Richmond, en Californie, Denzil Dowell est abattu par la police. Celle-ci prĂ©tend que ses agents ont tirĂ© pour se dĂ©fendre. Sa famille demande aux PanthĂšres Noires de mener une enquĂȘte indĂ©pendante pour faire toute la lumiĂšre sur sa mort.

25 avril: Publication du premier numĂ©ro du journal officiel des PanthĂšres: Black Panther Party – Black Community News Service.

2 mai: Trente PanthĂšres armĂ©es s’introduisent dans le Capitole de Sacramento pour protester contre le Mulford Act, projet de loi destinĂ© Ă  empĂȘcher le port d’armes en Californie.

28 juin: L’Etat de Californie adopte la loi ‘anti-armes’ Mulford, qui prohibe le port d’armes dans tout espace public. Les patrouilles de Panthùres se retrouvent de fait hors-la-loi.

28 octobre: A 4h56 du matin, Ă  Oakland, les officiers de police John Frey et Herbert Haines contrĂŽlent le vĂ©hicule de Huey P. Newton, accompagnĂ© de Gene McKinney. Dans l’altercation qui suit, John Frey est abattu et son collĂšgue blessĂ©. Newton est lui aussi gravement blessĂ©, il est arrĂȘtĂ© alors qu’il vient d’arriver Ă  l’hĂŽpital.

1968

Janvier: CrĂ©ation d’un chapitre du BPP en Californie du Sud, par Alpentice ‘Bunchy’ Carter.

17 fĂ©vrier: Pour l’anniversaire de Huey P. Newton, une grande manifestation ‘Free Huey’ est organisĂ©e Ă  l’auditorium d’Oakland. Plus de 5000 personnes sont prĂ©sentes, dont Stokely Carmichael, H. Rap Brown, James Forman, dirigeants du SNCC, ainsi que des membres du Peace and Freedom Party.

Mars: Arthur (Glen) Carter, frĂšre de Bunchy Carter, est abattu par la police. Il est le premier PanthĂšre noire Ă  tomber sous les balles de la police.

Avril: CrĂ©ation d’un chapitre du BPP Ă  New-York.

4 avril: Martin Luther King Jr. est assassiné à Memphis, dans le Tennessee. Sa mort enflamme les ghettos américains.

6 avril: Bobby Hutton, 17 ans, premier membre du Parti, est tuĂ© lors d’une fusillade Ă  Oakland. PrĂ©sent sur les lieux, Eldridge Cleaver est blessĂ© et incarcĂ©rĂ©.

Juin-juillet: L’alliance entre le SNCC et les PanthĂšres noires tourne court. ChassĂ© du SNCC, Carmichael rejoint le BPP.

15-16 juillet: Le procùs de Huey P. Newton s’ouvre à Oakland. Plus de 6.000 manifestants se rassemblent pour l’occasion devant le palais de justice.

27-28 septembre: Huey P. Newton est condamnĂ© Ă  une peine de 2 Ă  15 ans de prison. Quatre heures aprĂšs cette condamnation, deux policiers tirent Ă  bout portant sur la vitrine du local des PanthĂšres sur Grove Street. Dans le mĂȘme temps, la conditionnelle d’Eldridge Cleaver est rĂ©voquĂ©e. Il doit retourner en prison.

24 novembre: Trois jours avant de retourner en prison, Eldridge Cleaver disparait. Accompagné de sa femme Kathleen Cleaver, ils quittent le pays pour Cuba, Paris, et plus tard Alger.

1969

Janvier: Mise en place du premier programme de petits-dĂ©jeuners gratuits pour les enfants, Ă  l’église Ste Augustine, Ă  Oakland.

17 janvier: A Los Angeles, Bunchy Carter et John Huggins sont tuĂ©s au Campbell Hall du campus de l’UCLA par des membres de l’organisation noire US (United Slaves). Le soir mĂȘme, dix-sept PanthĂšres sont arrĂȘtĂ©es au domicile de John Huggins. La police prĂ©tend qu’elles prĂ©paraient leur vengeance sur US.

24 mars: De retour d’une tournĂ©e dans les pays scandinaves, Bobby Seale est inculpĂ© pour avoir fomentĂ© des Ă©meutes lors de la convention dĂ©mocrate d’aoĂ»t 1968. C’est le dĂ©but de l’affaire des ‘Chicago 8’.

1 avril: Début du programme de petits-déjeuners à Chicago. A la fin de la semaine, 1.100 enfants sont accueillis et nourris.

2 avril: Le procureur de New York, Frank S. Hogan, engage des poursuites contre 21 PanthĂšres de NY pour prĂ©paration d’un attentat contre la police, des grands magasins et le mĂ©tro new yorkais. C’est le dĂ©but de l’affaire des ‘PanthĂšres 21’.

22 mai: A New Haven, dans le Conecticut, 8 PanthĂšres sont arrĂȘtĂ©es (dont Bobby Seale et Ericka Huggins) pour le meurtre d’Alex Rackley, membre du Parti Ă  New-York. DĂ©but de l’affaire de New Haven.

23 mai: John Savage, membre du parti, est abattu par des membres de US.

8 juin: Bobby Seale est condamnĂ© Ă  3 ans de conditionnelle pour port d’armes prĂšs d’une prison (il s’était fait arrĂȘter alors qu’il rendait visite Ă  Huey P. Newton).

17 juillet: Le Parti lance Ă  New Haven son premier programme de dĂ©tection de l’empoisonnement au plomb contenu dans la peinture d’appartement.

18 juillet: Ouverture Ă  Oakland du ‘Front uni contre le fascisme’, organisĂ© par le BPP. Pendant trois jours, le principal sujet de dĂ©bat est le contrĂŽle de la police par la communautĂ©.

15 août: Sylvester Bell, membre du BPP à San Diego, est abattu par des membres de US.

19 aoĂ»t: Bobby Seale est en prison pour deux affaires dans lesquelles il est accusĂ© d’ĂȘtre impliquĂ©.

3 septembre: CrĂ©ation de la section internationale du BPP en AlgĂ©rie, sous l’égide d’Eldridge Cleaver.

18 octobre: Walter Pope, membre du BPP à Los Angeles, est abattu par la police alors qu’il vend le journal du Parti.

4 décembre: Fred Hampton et Mark Clark sont assassinés par la police de Chicago.

8 dĂ©cembre: Attaque massive de la police de Los Angeles contre les bureaux du BPP Ă Los Angeles. S’ensuivent quatre heures d’affrontements armĂ©s.

1970

5 août: Huey P. Newton est libéré sous caution.

7 aoĂ»t: Jonathan Jackson, frĂšre cadet de Georges Jackson, emprisonnĂ© depuis 1960, tente par une prise d’otage de faire Ă©vader John McClain du tribunal oĂč se tient son procĂšs. AssistĂ© de Ruchell Magee et dÊŒun autre prisonnier, tous deux tĂ©moins dans le procĂšs, ils prennent cinq otages, dont le juge. Dans leur fuite Ă©clate une fusillade. Jonathan Jackson est abattu. L’arme avec laquelle il a fait cette prise d’otage a Ă©tĂ© enregistrĂ©e au nom d’Angela Davis, militante communiste et membre du comitĂ© de soutien de Georges Jackson. En quelques jours, elle devient la femme la plus recherchĂ©e des Etats-Unis. ArrĂȘtĂ©e quelques semaines plus tard, elle devient une figure marquante du mouvement rĂ©volutionnaire amĂ©ricain.

AoĂ»t – dĂ©but septembre: Voyage d’une dĂ©lĂ©gation du BPP, menĂ©e par Eldridge Cleaver au ViĂȘtnam, en Chine, Ă  Moscou et en CorĂ©e du Nord.

20 novembre: L’affaire de New Haven est dĂ©finitivement classĂ©e. Les 8 PanthĂšres noires, dont Bobby Seale, sont libres.

1971

Janvier: La branche d’Oakland ouvre l’institut intercommunal de la Jeunesse (renommĂ© Oakland Community School en 1974).

26 fĂ©vrier: DĂ©bat tĂ©lĂ©visĂ© entre Huey P. Newton et Eldridge Cleaver Ă  l’issue duquel la scission dans le BPP se confirme.

8 mars: Un bureau du FBI est cambriolĂ© en Pennsylvanie. 800 documents d’archives des campagnes de rĂ©pression contre des dizaines d’organisations amĂ©ricaines y sont volĂ©s.

19 mai: Date du 46Úme anniversaire de Malcolm X, la Black Liberation Army (BLA) revendique sa responsabilité dans une fusillade qui a visé deux policiers.

21 aoĂ»t: Georges Jackson, marĂ©chal du BPP dans la prison de San Quentin, est assassinĂ©, alors qu’il Ă©tait soi-disant en train de s’évader.

1972

18 aoĂ»t: Elmer ‘Geronimo’ Pratt est condamnĂ© Ă  la prison pour le meurtre d’une jeune institutrice, Caroline Olsen, assassinĂ©e Ă  Santa Monica. A l’heure du crime, Geronimo Ă©tait Ă  Oakland, Ă  plus de 700 kilomĂštres de lĂ .

1973

Avril: Elaine Brown et Bobby Seale se prĂ©sentent aux Ă©lections Ă  Oakland. Brown au conseil de la ville et Seale pour devenir maire d’Oakland.

3 mai: Zayd Shakur, Sundiata Acoli et Assata Shakur, membres du la BLA, sont arrĂȘtĂ©s par une patrouille de police. La fusillade qui suit laisse Zayd Shakur et un policier au sol, morts. Assata Shakur, griĂšvement blessĂ©e, est arrĂȘtĂ©e. Acoli parvient Ă  s’enfuir.

1974

EtĂ©: Risquant une inculpation dans deux affaires d’agression et de meurtre, Huey P. Newton par en exil Ă  Cuba.

2 novembre: Huey P. Newton est inculpĂ© pour le meurtre d’une prostituĂ©e, Kathleen Smith.

AprĂšs 1974

18 novembre 1975: Eldridge Cleaver et sa femme Kathleen reviennent aux Etats-Unis aprùs 7 ans d’exil.

2 novembre 1975: Assata Shakur s’évade de la prison oĂč elle purge sa peine et s’exile Ă  Cuba.

Mai 1981: Mumia Abu Jamal, ancien membre du BPP Ă  Philadelphie devenu journaliste, est accusĂ© du meurtre d’un policier. Victime d’un procĂšs truquĂ©, il clame son innocence depuis le couloir de la mort. D’importantes campagnes de soutien ont lieu dans le monde entier. Il incarne la ‘Voix des Sans-Voix’.

22 aoĂ»t 1989: Huey P. Newton est assassinĂ© dans une rue d’Oakland, alors qu’il sort de chez son dealer.

19 janvier 1995: Dhoruba bin Wahad (Richard Moore), emprisonnĂ© depuis 1973 pour le meurtre d’un policier, est dĂ©clarĂ© innocent aprĂšs avoir fait appel.

10 juin 1997: Elmer Geronimo Pratt, emprisonné depuis 25 ans, est innocenté du meurtre de Caroline Olsen.

1 mai 1998: Eldridge Cleaver meurt à l’ñge de 62 ans.

Chronologie issue de PanthĂšres noires. Histoire du Black Panther Party, Tom Van Eersel, Editions de l’EchapĂ©e, Paris, 2006.

Un héritier du BPP: la Black Liberation Army

La Black Liberation Army (BLA) Ă©tait issue de l’expĂ©rience de la rĂ©pression massive contre le BPP. Des structures clandestines s’étaient formĂ©es pour protĂ©ger ceux qui passaient dans la clandestinitĂ©. Il n’y avait pas de structure centralisĂ©e, mais de petites cellules autonomes, nombreuses dans certaines villes.

Le programme minimal Ă©tait celui dĂ©cidĂ© le 31 mars 1968 entre diffĂ©rents courants nationalistes et anti-impĂ©rialistes du mouvement noir, Ă  savoir la formation d’une Republic of New Afrika Ă  partir des Etats de Louisiane, du Mississippi, de l’Alabama, de Georgia et de Caroline du sud.

En 1973 la plupart des cellules avaient Ă©tĂ© anĂ©anties, la plupart des combattants tuĂ©s ou arrĂȘtĂ©s. A la mi-70 on consolida les restes du BLA par le BLA-Coordinating-Committee. Une minoritĂ© forma sa propre organisation en 78, la Revolutionary Task Force avec le soutien d’ancien Weathermen. Il y avait donc des activistes noirs et blancs, dans le but d’une ‘modification rĂ©volutionnaire et d’un processus croissant d’unification‘.

Assata Shakur (photo), une des fondatrices de la BLA, fut libĂ©rĂ©e de sa prison par un commando de cette organisation et se rĂ©fugia Ă  Cuba. Cette action fut extrĂȘmement populaire. Sur de nombreux murs de ghettos, on pouvait lire ‘Assata is welcome here‘.

Il y eut de trĂšs nombreuses actions contre des banques pour financer des programmes sociaux. Lorsqu’en 81 une attaque contre un fourgon Ă  West Nyack (New York) amena l’arrestation de membres de la revolutionary armed task force, ce fut le dĂ©but de la fin, des arrestations s’en suivirent.

Conférence de Claude Guillaumaud-Pujol sur Mumia et le BPP

Le 20 fĂ©vrier 2009, le Secours Rouge a organisĂ© Ă  Bruxelles une ConfĂ©rence de Claude Guillaumaud-Pujol sur le Black Panther Party et le cas Mumia Abu-Jamal. Claude Guillaumaud-Pujol est nĂ©e le 16 avril 1945 Ă  Tours. En tant qu’universitaire spĂ©cialisĂ©e en civilisation amĂ©ricaine, elle s’est rendue en 1990 Ă  Philadelphie afin de mener sa thĂšse consacrĂ©e Ă  la brutalitĂ© policiĂšre et aux minoritĂ©s. Elle a enseignĂ© dans les universitĂ©s de Tours, Clermont-Ferrand et Marne-la-VallĂ©e. Avec ses Ă©tudiants Ă  Tours, elle fonde un groupe de soutien Ă  Mumia Abu-Jamal et aux MOVE 9: ‘Just Justice TOURS’. Elle est Ă©galement membre du Collectif national ‘Ensemble sauvons Mumia Abu-Jamal’ basĂ© Ă  Paris.

Lire le texte de la confĂ©rence – format pdf

Avant sa confĂ©rence publique, Claude Guillaumaud-Pujol a rĂ©pondu aux questions d’une animatrice de la radio Passe-Muraille. Cet entretien a Ă©tĂ© diffusĂ© sur les ondes le lendemain de la soirĂ©e, dans le cadre de l’émission sur la prison diffusĂ©e tous les dimanches.

Lire la retranscription de l’entretien

Pour en savoir plus

Quelques documents

1° Mumia Abu-Jamal fut un membre important du Black Panther Party. Il fut notamment dĂšs 1969 chargĂ© de l’information du Chapitre de Philadelphie. Le FBI le considĂšre comme l’une des personnes ‘à surveiller et interner en cas d’alerte nationale’. A ce titre, il est l’une des cibles du COINTLEPRO. AprĂšs la dissolution du parti, il devient un journaliste trĂšs apprĂ©ciĂ©, notamment pour sa critique de la corruption de la police. En 1981, il est accusĂ©, sans rĂ©elles preuves concrĂštes, du meurtre d’un policier et condamnĂ© Ă  mort en 1982. En 2001, sa sentence de mort est provisoirement Ă©cartĂ©e suite Ă  l’aveu d’un ancien tueur Ă  gage. MalgrĂ© tout, il est toujours considĂ©rĂ© comme coupable et se trouve toujours en prison Ă  l’heure actuelle. Dans ce texte, Mumia Abu-Jamal se souvient de Fred Hampton:

Texte de Mumia à propos de Fred Hampton – format pdf

2° Lors du raid menĂ© sur l’appartement de Fred Hampton le 4 dĂ©cembre 1969, ce dernier dormait aux cĂŽtĂ©s de sa compagne DĂ©borah Johnson, enceinte de 8 mois. Un mois plus tard naissait Fred Hampton Junior. Le 17 juin 1999, il Ă©crit un texte ‘tĂ©moignage’ de cette nuit du 3 au 4 dĂ©cembre.

Lire le tĂ©moignage de Fred Hampton Junior – format pdf

3° Bobby Seale, co-fondateur du Black Panther Party, a notamment Ă©crit un ouvrage intitulĂ© ‘A l’affĂ»t – Histoire du Parti des PanthĂšres noires et de Huey Newton’. Il y explique pourquoi leur combat est une lutte de classe et non pas une lutte raciale. En 1970, il Ă©crit Ă©galement ‘Les femmes et le parti des PanthĂšres Noires’ dans lequel il Ă©voque le statut des femmes au sein du parti.

Lire quelques extraits des ouvrages de Bobby Seale – format pdf

4° Une brochure en ligne (format .pdf):

5° Notre brochure (également format .pdf):

6° Un site consacré aux BPP (en français)

7° Un site: it’s about time (tenu par d’anciens black panthers)

8° Voir notre dossier consacré à Mumia Abu-Jamal

Autres ouvrages:

SHAMES Stephen, JONES Charles E., SEALE Bobby, ‘Black Panthers‘, Editions de la Martiniùre, Paris, 2006

DAVIS Angela, ‘Angela Davis parle‘, Edtitions sociales – Collection Notre Temps, Paris, 1971

DAVIS Angela, APTHEKER Bettina, ‘S’ils frappent Ă  l’aube‘, Editions Gallimard TĂ©moin, Paris, 1972

DAVIS Angela, ‘Femmes, race et classe‘, Des femmes – Antoinette Fouque, Paris, 1983

VAN EERSEL Tom, ‘PanthĂšres Noires. Histoire du Black Panther Party‘, Editions de l’EchapĂ©e, Paris, 2006

TSE-TOUNG Mao, ‘Le Petit Livre Rouge‘, Seuil, Paris, 1967

FANON Franz, ‘Les damnĂ©s de la terre‘, Editions MaspĂ©ro, Paris, 1961

JACKSON Georges, ‘Les frùres de Soledad‘, Editions Gallimard, Paris, 1977

Groupe de PanthĂšres Noires
Huey Newton en prison
Organigramme du parti
Groupe de PanthĂšres Noires
Huey Newton
Bobby Seale
Bobby Hutton
Fred Hampton
Affiche de recherche d'Angela Davis
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1857 – Enfance

Clara Zetkin est nĂ©e Clara Eissner, le 5 juillet 1857 Ă  Wiederau, prĂšs de Chemnitz, en Saxe. Fille d’un instituteur de village, Clara Eissner se destine elle-mĂȘme Ă  l’enseignement et Ă©tudie Ă  l’école normale fĂ©minine de Leipzig. DĂšs le milieu des annĂ©es 1870, elle frĂ©quente les mouvements fĂ©ministes, participant aux discussions des Allgemeinen Deutschen Frauenvereins (Association gĂ©nĂ©rale des femmes allemandes) et elle commence Ă  adhĂ©rer Ă  la mouvance socialiste. En 1878, elle avait brillament rĂ©ussi son examen mais bien qu’elle aimĂąt beaucoup sa profession, elle allait choisir une autre voie en adhĂ©rant aux idĂ©es socialistes qui se dĂ©veloppaient dans l’essor industriel de l’Allemagne de Bismarck.



1878 – August Bebel: ‘La Femme et le socialisme’


Dans la vague de chauvinisme triomphant qui se dĂ©chaĂźna aprĂšs la guerre franco-allemande de 1870, la rĂ©pression frappa les socialistes allemands, Ă  commencer par leur reprĂ©sentant au parlement, August Bebel. C’est durant les trois annĂ©es de prison qu’il dĂ» purger pour ‘insultes Ă  sa Majesté’ que Bebel Ă©crivit un livre qui transforma des millions de consciences: La Femme et le socialisme, qui dĂ»t ĂȘtre Ă©ditĂ© en Suisse en raison de la censure anti-socialiste. Des milliers d’exemplaires furent envoyĂ©s en Allemagne sous une fausse couverture indiquant : Rapports des directeurs d’entreprise. Ce livre eut un succĂšs foudroyant.

Le problĂšme abordĂ©, aussi, Ă©tait d’une importance capitale: Ă  l’heure oĂč le mouvement ouvrier rassemblait ses forces contre les capitalistes et l’Etat rĂ©actionnaire, pouvait-il renoncer Ă  la moitiĂ© fĂ©minine de la classe?

Bebel devait lutter contre des prĂ©jugĂ© Ă  l’intĂ©rieur mĂȘme du mouvement ouvrier. Au premier CongrĂšs de la IĂšre Internationale (GenĂšve, 1866), les partisans de Proudhon voulaient que l’Internationale interdise le travail des femmes, leur domaine naturel Ă©tant selon eux la cuisine et leur profession naturelle la maternitĂ©. Chez les ouvriĂšres Ă©galement, les ‘chaĂźnes du passé’ marquaient les mentalitĂ©s: les jeunes travailleuses plaçaient le plus souvent leurs espoirs dans un mariage qui leur Ă©pargnerait le sort de leurs mĂšres et les dĂ©livrerait du bagne de la manufacture, fut-ce au prix de la relĂ©gation dans une cuisine.

Bebel inscrivit la question dans le processus socio-historique, entamant son livre par une Ă©tude trĂšs documentĂ©e sur les diffĂ©rentes formes d’oppression subies par les femmes dans l’histoire. Combattant l’idĂ©e de la ‘sujĂ©tion naturelle’ de la femme Ă  l’homme, il dĂ©montra la liaison insĂ©parable existant entre la question fĂ©minine et la question sociale, entre la libĂ©ration de la femme et celle de la sociĂ©tĂ© toute entiĂšre des lois du profit.

Et Bebel d’exposer ce que le socialisme pourra apporter aux femmes: ‘Dans la sociĂ©tĂ© nouvelle, la femme sera complĂštement indĂ©pendante socialement et Ă©conomiquement, elle ne sera plus soumise mĂȘme Ă  un semblant de domination et d Â»exploitation’, elle sera libre vis-Ă -vis de l’homme, elle sera son Ă©gale et elle disposera de son destin. Elle recevra la mĂȘme Ă©ducation que l’homme sauf dans les domaines oĂč la diffĂ©rence des sexes exige des exceptions; vivant dans des conditions naturelles, elle pourra dĂ©velopper toutes ses forces et ses aptitudes physiques et intellectuelles; elle choisira le mieux Ă  ses dĂ©sirs, Ă  ses tendances et Ă  ses dispositions et elle agira dans les mĂȘmes conditions que l’homme
 Pour choisir son partenaire en amour, elle sera aussi libre que l’homme. Elle courtise ou se fait courtiser et ne contracte une union qu’en considĂ©rant ses sentiments.’

On mesure mal aujourd’hui la portĂ©e rĂ©volutionnaire de ces lignes qui eurent un impact immense. Clara Zetkin rendra de nombreuses fois hommage Ă  Bebel et Ă  son travail de pionnier. Elle le connaitra d’ailleurs personnellement; c’est Bebel qui se chargera de la faire admettre dans un sanatorium en ForĂȘt-Noire, lorsqu’elle sera atteinte de tuberculose peu aprĂšs le CongrĂšs de Paris en 1889.

1878 – Socialiste et fĂ©ministe

En 1878, Clara Zetkin rompt avec sa famille et adhĂšre au Sozialistischen Arbeiterpartei (SAP), ancĂȘtre du SPD, parti interdit par Bismarck la mĂȘme annĂ©e. Elle participe aux rĂ©unions socialistes clandestines et y rencontre le rĂ©volutionnaire russe Ossip Zetkin, un militant populiste banni de Russie. Ossip Zetkin est arrĂȘtĂ© et expulsĂ© d’Allemagne Ă  l’étĂ© 1890. Clara Zetkin sera bientĂŽt elle-mĂȘme expulsĂ©e de Saxe vers Zurich, et elle rejoint Ossip en 1882 Ă  Paris, oĂč ils vĂ©curent pauvrement dans le 13e arrondissement. Ils y vĂ©curent pauvrement et eurent deux enfants: Maxime et Konstantin. Elle est rĂ©dactrice Ă  l’organe du parti, Der Sozialdemokrat. Bien qu’ils ne soient pas mariĂ©s, Clara prend le nom de son compagnon et le gardera jusqu’à sa mort.

Ossip fut le secrĂ©taire du premier groupement d’ouvriers Ă©trangers, surtout russes et roumains, Ă  Paris. Avec Clara, ils rĂ©digent des correspondances pour la presse socialiste allemande. Ils font la connaissance de Louise Michel, Jules Guesde, Paul Lafargue et sa femme Laura, fille de Marx. Ossip Zetkin dĂ©cĂšde de tuberculose en 1889.

1878 – ThĂ©oricienne du fĂ©mininsme prolĂ©tarien

Clara Zetkin est appelĂ©e Ă  participer Ă  la prĂ©paration au CongrĂšs ouvrier international qui se tiendra Ă  Paris en juillet 1889 et qui donnera naissance Ă  la IIe Internationale. Elle y prĂ©sentera un rapport sur la situation des travailleuses sous le capitalisme et y prononcera le premier discours de sa vie: Pour la libĂ©ration de la femme, Ă  une Ă©poque oĂč elles n’avaient le droit de vote dans aucun pays. Dans son discours, elle expose qu’‘en combattant la main dans la main avec les ouvriers socialistes, les femmes se montrent prĂȘtes Ă  prendre part Ă  tous les sacrifices et efforts de la lutte, mais elles sont aussi dĂ©cidĂ©es, Ă  juste titre, Ă  exiger aprĂšs la victoire tous les droits qui leur reviennent.’. Ses interventions sont dĂ©terminantes dans la dĂ©cision de la IIe Internationale Ă  inviter les socialistes de tous les pays Ă  impliquer les femmes dans la lutte des classes, et un an plus tard, le programme social-dĂ©mocrate (dit ‘programme d’Erfurt’) qui intĂ©grait la revendication de l’égalitĂ© Ă©conomique, politique et juridique de la femme. Clara s’était affirmĂ©e Ă  la fois comme dirigeante politique d’envergure internationale, et comme thĂ©oricienne des problĂšmes fĂ©minins. Elle avait 32 ans.

Jusqu’en 1890, tout moyen d’expression Ă©tait interdit au mouvement socialiste. Seul le groupe parlementaire social-dĂ©mocrate portĂ© au Reichstag lors des Ă©lections ne put ĂȘtre liquidĂ© par Bismarck. Lorsque August Bebel et Wilhelm organisĂšrent la lutte illĂ©gale, les femmes jouĂšrent un grand rĂŽle. Progressivement, elles s’engagĂšrent en masse dans la lutte des classes, et notamment dans les grandes grĂšves des annĂ©es ’80. En 1889, de puissantes grĂšves gĂ©nĂ©rales amenĂšrent Ă  l’abolisation, en janvier 1890, de la loi contre les socialistes. Clara Zetkin pu revenir en Allemagne avec ses deux enfants.

C’est en 1892 que paraĂźt le premier numĂ©ro de Die Gleichheit (L’EgalitĂ©), premier journal politique fĂ©minin, longtemps seul dans son genre en Europe. Clara Zetkin, fixĂ©e Ă  Stuttgart, en est la rĂ©dactrice en chef et elle l’animera jusqu’en 1917 et en fera un vĂ©hicule puissant pour la diffusion de ses idĂ©es. Dans Die Gleichheit, Clara Zetkin ne se contenta pas de vastes dĂ©monstrations thĂ©oriques, elle dĂ©nonça aussi au jour le jour la condition de la femme prolĂ©tarienne, celle des Ă©tameuses de miroirs empoisonnĂ©es au mercure, qui accouchaient d’enfants mort-nĂ©s, celle des travailleuses d’une filature de jute que leur patron payait si peu qu’elles ne pouvaient se permettre qu’un repas chaud par semaine: ‘ce n’est pas de la toile que vous dĂ©bitez, Ă©crit Zetkin aux patrons des filatures, c’est de la vie humaine toute chaude
’

Au CongrĂšs de Gotha, en 1896, le SPD adopte la rĂ©solution prĂ©sentĂ©e par Clara Zetkin. En aoĂ»t 1907, elle est Ă©lue responsable du secrĂ©tariat international des femmes, et c’est aussi elle qui fait adopter par le congrĂšs de l’Internationale la rĂ©solution selon laquelle ‘les partis socialistes de tous les pays ont le devoir de lutter Ă©nergiquement pour l’instauration du suffrage universel des femmes.’

Elle se mariera en 1899 avec le peintre Friedrich Zundel, avec lequel elle restera mariĂ©e jusqu’en 1928, en conservant le nom de Zetkin.

A Paris, elle participe activement Ă  la fondation de la DeuxiĂšme Internationale oĂč elle rĂ©clame l’égalitĂ© complĂšte des droits professionnels et sociaux de la femme ainsi que sa participation active Ă  la lutte des classes.

En août 1907, les 56 déléguées de 14 pays réunies à Stuttgart dans la premiÚre Conférence Internationale des femmes socialistes élurent Clara Zetkin à la présidence du secrétariat international des femmes socialistes.

Lire le discours de Clara Zetkin sur la libĂ©ration de la femme – format pdf

1908 – La ‘JournĂ©e Internationale de la Femme’

Le 8 mars 1910, lors de la 2e ConfĂ©rence internationale des femmes socialistes Ă  Copenhague, Clara Zetkin propose la crĂ©ation de la journĂ©e internationale des femmes, journĂ©e de manifestation annuelle afin de militer pour le droit de vote, l’égalitĂ© entre les sexes, et le socialisme. Cette initiative est Ă  l’origine de la JournĂ©e Internationale des Femmes, manifestation qui se dĂ©roule tous les ans le 8 mars.

DĂšs 1911, un million de femmes manifestent en Autriche-Hongrie, au Danemark, en Suisse, en Allemagne, puis les annĂ©es suivantes en France, aux Pays-Bas, en Russie et en SuĂšde. Le 8 mars 1914, les femmes rĂ©clament le droit de vote en Allemagne. La date n’est tout d’abord pas fixe, et ce n’est qu’à partir de 1917, avec la grĂšve des ouvriĂšres de Saint-PĂ©tersbourg, que la tradition du 8 mars se met dĂ©finitivement en place. Le 8 mars 1921, LĂ©nine dĂ©crĂšte le 8 mars JournĂ©e des femmes. En 1924, la journĂ©e est cĂ©lĂ©brĂ©e en Chine et en 1946 dans les rĂ©publiques populaires d’Europe de l’Est. Le 8 mars 1977, les Nations Unies officialisent la JournĂ©e Internationale de la Femme.

1914 – Internationaliste et pacifiste

Dans le parti social-dĂ©mocrate allemand, Clara Zetkin tient une place particuliĂšre par ses analyses et sa pratique marxiste, par la fermetĂ© de ses positions de classe contre le capitalisme et l’impĂ©rialisme. Elle vient Ă  se situer, avec cette autre femme extraordinnaire que fut son amie Rosa Luxembourg, Ă  l’aile gauche d’un SPD qui est de plus en plus puissant mais qui s’installe dans le rĂ©formisme.

Les perspectives de guerre accentuent le clivage. Au congrùs du SPD de septembre 1907, à Essen, Clara Zetkin s’en prend avec vigueur au chauvinisme d’un Noske.

Au CongrĂšs socialiste international de BĂąle, en novembre 1912, elle lance aux femmes du monde entier un appel Ă  lutter contre la guerre impĂ©rialiste, que cite Aragon dans son magnifique roman Les Cloches de BĂąle (l’épilogue a d’ailleurs pour titre Clara).

Clara Zetkin participe Ă  l’aile gauche du SPD, et devient trĂšs proche de Rosa Luxemburg. Opposante Ă  la premiĂšre guerre mondiale, en septembre 1914, elle adresse Ă  plusieurs journaux des pays neutres une lettre condamnant la politique du SPD qui vient d’approuver l’entrĂ©e en guerre de l’Allemagne.

Elle fonde clandestinement en dĂ©cembre 1914 avec Rosa Luxemburg, Karl Liebknecht, Paul Levi, Ernest Meyer, Leo Jogiches et Franz Mehring le Spartakusbund (Ligue spartakiste) et elle mĂšne de nombreuses actions pacifistes. En mars 1915, Ă©tant passĂ©e illĂ©galement par la Hollande, elle assure Ă  Berne la tenue d’une confĂ©rence internationale des femmes socialistes oĂč s’affirme l’opposition Ă  la guerre. Ce qui lui vaudra, Ă  son retour en Allemagne, d’ĂȘtre inquiĂ©tĂ©e, arrĂȘtĂ©e, emprisonnĂ©e comme l’est depuis l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente Rosa Luxembourg.

1920 – Co-fondatrice du KPD

Rosa Luxembourg va constituer en mars 1917 avec d’autres opposants exclus du SPD un parti social-dĂ©mocrate indĂ©pendant, auquel Clara Zetkin adhĂšre. Le SPD la limoge de Die Gleichheit qu’elle avait créée, qui Ă©tait son oeuvre, et Ă  travers laquelle elle avait continuĂ©, malgrĂ© la censure, Ă  faire passer un souffle rĂ©volutionnaire et internationaliste. Les Ă©vĂ©nements se prĂ©cipitent, la rĂ©volution d’Octobre en Russie, en Allemagne, les grĂšves puis la rĂ©volution de novembre 1918, la rĂ©pression sanglante du mouvement spartakiste par la droite sociale-dĂ©mocrate oĂč s’illustre Noske, l’assassinat en janvier 1919 Ă  Berlin de Karl Liebknecht et de Rosa Luxemburg.

En 1920, Clara Zetkin rejoint Ernst Thalmann, Ernst Toller et Walther Ulbricht pour former le Parti communiste d’Allemagne, dont elle devient dirigeante (membre du bureau central jusqu’en 1924 puis membre du comitĂ© central de 1927 Ă  1929). La rĂ©volution allemande de novembre 1918 permet au mouvement fĂ©ministe d’obtenir le droit pour les femmes de voter et d’ĂȘtre Ă©lues: Clara Zetkin est Ă©lue dĂ©putĂ©e KPD au Reichstag en 1920 et elle sera Ă  chaque fois réélue pendant toute la durĂ©e de la RĂ©publique de Weimar.

1920-1924 – Clara Zetkin et LĂ©nine

Clara Zetkin avait rencontrĂ© Engels au CongrĂšs ouvrier socialiste international de Zurich en 1893. C’est en 1907 qu’elle rencontra LĂ©nine une premiĂšre fois, au CongrĂšs de Stuttgart, et elle y Ă©tait alors plus connue que lui.

L’autoritĂ© de Clara Zetkin dans le mouvement ouvrier international Ă©tait telle qu’à l’automne 1920, LĂ©nine lui demande d’aider Ă  la crĂ©ation d’un puissant mouvement fĂ©minin international. Il a avec elle, dans son bureau du Kremlin, plusieurs conversations sur la question fĂ©minine qu’elle rapporte dans ses Notes sur mon carnet.

Si elle est pleine d’admiration et d’affection pour LĂ©nine, elle n’hĂ©site pas Ă  le contredire pour dĂ©fendre son propre point de vue. Ainsi, lorsque LĂ©nine lui repproche la trop grande attention accordĂ©e, selon lui, par le KPD aux problĂšmes du sexe et aux thĂ©ories de Freud, ‘j’objectai, raconte-t-elle, que la question sexuelle et celle du mariage sous la domination de la propriĂ©tĂ© et de l’ordre bourgeois engendraient toutes sortes de problĂšmes, de conflits et de souffrances pour les femmes de toutes classes et couches sociales. La guerre et ses consĂ©quences, disais-je, avaient, s’agissant justement des rapports sexuels, extraordinairement aggravĂ© les conflits existants et les souffrances des femmes, les avaient rendus perceptibles des problĂšmes qui, jusqu’ici, leur Ă©taient restĂ©s cachĂ©s.’

Lire le texte de Clara Zetkin sur ses rencontres avec Lénine (1924)

1921-1933 – Dirigeante du Komintern

A soixante ans passĂ©s, membre de la direction du KPD, Clara Zetkin devient membre du ComitĂ© ExĂ©cutif de la IIIe Internationale, l’Internationale communiste, le Komintern. Elle le sera de 1921 Ă  1933 (durant cette pĂ©riode, elle vivra surrtout Ă  Moscou). Le ComitĂ© ExĂ©cutif la charge, en dĂ©cembre 1920, d’aller saluer le CongrĂšs de Tours d’oĂč va naĂźtre le Parti communiste français. Elle y parvient malgrĂ© un formidable dispositif policier ayant pour consigne de la refouler. En octobre 1921, pour effectuerla mĂȘme mission Ă  Milan, il faudra lancer les policiers sur de fausses pistes et la grimer et lui faire porter une perruque. Clara Zetkin dirige Ă©galement le secrĂ©tariat fĂ©minin de la III° Internationale et dirige le pĂ©riodique Die Kommunistische Fraueninternationale.

Elle est proche d’Alexandra KollontaĂŻ au sein de l’Internationale, mais se retrouvera au cours des annĂ©es 1920 isolĂ©e politiquement, en particulier aprĂšs l’exclusion de Paul Levi. Elle conserve nĂ©anmoins toutes ses fonctions et responsabilitĂ©s.

1925-1933 – Dirigeante du Secours Rouge International

C’est le 29 dĂ©cembre 1922 que la SociĂ©tĂ© des vieux bolcheviks, lors d’une de ses sessions, lance l’idĂ©e d’une association russe d’aide et de solidaritĂ© internationale aux combattants de la RĂ©volution. TrĂšs vite, l’idĂ©e est reprise par l’Internationale Communiste. Le Secours Rouge International est fondĂ© et a rapidement de nombreuses sections nationales. L’organisation se veut donc la plus large possible mais se dote d’une structure trĂšs centralisĂ©e: le congrĂšs des associations nationales membres, rĂ©uni au moins tous les deux ans, Ă©lit un ComitĂ© ExĂ©cutif siĂ©geant deux fois par an. Julian Marchlewski (un des co-fondateurs, en 1893, avec Rosa Luxembourg du Parti social-dĂ©mocrate de Pologne) sera le premier prĂ©sident du ComitĂ© Central du SRI jusqu’à sa mort, survenue en 1925. A la mort de Julian Marchlewski, c’est Clara Zetkin qui assume la prĂ©sidence du SRI.

Consulter l’histoire du Secours rouge International (et de sa section belge)

1923-1933 – Contre le fascisme

Clara Zetkin fut la premiĂšre Ă  donner, dans un rapport qu’elle prĂ©sente au ComitĂ© ExĂ©cutif du Komintern en 1923, une analyse lucide de la nature du fascisme et de ses bases de masse, Ă  partir de son instauration en Italie et de ses phĂ©nomĂšnes avant-coureurs en Allemagne. Cela dix ans avant la dĂ©finition classique formulĂ©e par Georges Dimitrov. Et contre le fascisme, contre la guerre qui continue d’ĂȘtre sa hantise, elle dĂ©fend au sein du Komintern l’idĂ©e du ‘front unique’ bien avant qu’elle ne prĂ©vale.

OpĂ©rations de la cataracte, pieds gelĂ©s et gangrĂšne, sans parler de sa tuberculose ancienne, c’est une vieille dame usĂ©e qui, en tant que doyenne du parlement allemand doit en aoĂ»t 1932, selon l’usage, prononcer le discours d’ouverture.

Hitler touche alors au but. Les Ă©lections du 31 juillet lui ont donnĂ© 38% des voix. A la premiĂšre sĂ©ance du nouveau parlement, le 30 aoĂ»t, la masse de ses dĂ©putĂ©s en uniformes brun de S.A., saluent le bras tendu Goering qui va se faire Ă©lire prĂ©sident du Reichstag. Clara Zetkin, dĂ©putĂ©e communiste, 75 ans, presque aveugle, monte lentement Ă  la tribune, soutenue par deux personnes. D’une voix d’abord Ă  peine audible, mais qui s’affermit de plus en plus, elle prononce un long appel Ă  combattre l’hitlĂ©risme: ‘Il s’agit d’abord et avant tout d’abattre le fascisme qui veut rĂ©duire Ă  nĂ©ant par le fer et par le sang les manifestations de classe des travailleurs. L’exigence de l’heure, c’est le front unique de tous les travailleurs pour faire reculer le fascisme.’

Lire le discours de Clara Zetkin au Reichstag contre le fascisme

1933 – L’exil et la mort

Contrainte de fuir l’Allemagne aprĂšs l’arrivĂ©e des nazis au pouvoir et l’interdiction du KPD, elle arrive Ă  Moscou Ă  bout de force et meurt quelques semaines plus tard le 20 juin 1933, Ă  75 ans, dans une maison de repos d’ArkhangelskoĂŻe, prĂšs de Moscou. La tombe de Clara Zetkin se trouve le long des murs du Kremlin, sur la Place Rouge.

Maison d'enfance de Clara Zetkin
Maison d'enfance de Clara Zetkin
Clara Zetkin
Die Frau und der Soczialismus
August Bebel
Clara Zetkin et ses fils
Clara Zetkin
Clara Zetkin
Die Arbeiterinnen und Frauenfrage der Gegenwart
Tract pour la journée des femmes
Affiche soviétique pour la journée des femmes
Clara Zetkin et Rosa Luxembourg
Affiche du Spartakusbund
Clara Zetkin Ă  la tribune
Clara Zetkin
Clara Zetkin et Alexandra KollontaĂŻ
Clara Zetkin et Kliment Vorochilov
Julian Marchlewski
Clara Zetkin
Clara Zetkin au Reichstag
Numéro 9 de 'Masses'
Clara Zetkin
Monument Clara Zetkin

Notre film

DĂ©cembre 1922 – Fondation du MOPR en Russie soviĂ©tique

C’est le 29 dĂ©cembre 1922 que la SociĂ©tĂ© des vieux bolcheviks, lors d’une de ses sessions, lance l’idĂ©e d’une association russe ‘d’aide et de solidaritĂ© internationale aux combattants de la RĂ©volution’ (MOPR); celle-ci reçoit le nom de Secours rouge. TrĂšs vite, l’idĂ©e est reprise par l’Internationale Communiste et le Secours Rouge s’adjoint de nombreuses sections nationales. Lors de sa premiĂšre confĂ©rence, le Secours Rouge dĂ©finit ses buts: ‘La confĂ©rence souligne particuliĂšrement la signification politique du S.R.I. comme un des leviers les plus importants du front unique pour attirer les larges masses des travailleurs et des paysans sans distinction de parti Ă  la solidaritĂ© avec les combattants rĂ©volutionnaires emprisonnĂ©s.’ L’organisation se veut donc la plus large possible mais se dote d’une structure trĂšs centralisĂ©e: le congrĂšs des associations nationales membres, rĂ©uni au moins tous les deux ans, Ă©lit un ComitĂ© ExĂ©cutif siĂ©geant deux fois par an; ce dernier choisit en son sein un PrĂ©sidium de neuf membres.

1922-1924 – Julian Marchlewski, premier prĂ©sident du SRI

Julian Marchlewski Ă©tait un des co-fondateurs, en 1893, avec Rosa Luxembourg du Parti social-dĂ©mocrate de Pologne qui est dissout deux ans plus tard Ă  la suite d’arrestations massives. Il prend part en Pologne Ă  la rĂ©volution de 1905. Il rejoint le parti bolchevique, Ă©migre en Allemagne oĂč il est co-fondateur de la Ligue Spartakus et participe Ă  la lutte rĂ©volutionnaire en Allemagne. Il est arrĂȘtĂ© et plus tard Ă©changĂ© avec la Russie soviĂ©tique contre un espion allemand. En 1920, il dirige le ComitĂ© rĂ©volutionnaire polonais provisoire qui voulait proclamer la RĂ©publique socialiste soviĂ©tique polonaise, et qui est dissout aprĂšs la contre-offensive des armĂ©es blanches et la victoire de la rĂ©action en Pologne. Il sera le premier prĂ©sident du ComitĂ© Central du SRI jusqu’à sa mort, survenue en 1925.

Septembre 1924 – Le SRI compte dĂ©jĂ  19 sections nationales

En septembre 1924, le SRI tient sa premiÚre Conférence internationale. Il réunit à ce moment 19 sections nationales, à savoir:

-Allemagne: Rote Hilfe Deutschlands
-Autriche: Osterreichische Rote Hilfe
-Bulgarie: Organisation fĂŒr die UnterstĂŒtzung fĂŒr die Opfer der kapitalistischen Diktatur
-Espagne: Socorro Rojo Internacional
-France: Secours Rouge International
-Grande-Bretagne: International Class War Prisoners Aid
-Mexique: Liga Pro Luchadores Perseguidos
-NorvĂšge: Norges Roede Hjelp
-Pays-Bas: Rode Hulp Holland
-Pologne: Kommission fĂŒr die UnterstĂŒtzung von politischen Gefangenen
-SuĂšde: Internationella röda hjĂ€lpen – svenska sektionen
-Union soviétique: Internationale rote Hilfe fûr die KÀmpfer der Revolution
-USA: International Labor Defense

1921-1922 – SRI et SOI

Le Secours Ouvrier International est créé en 1921, un an avant le SRI. Son fondateur est Willy MĂŒnzenberg, proche de LĂ©nine, futur dĂ©putĂ© du parti communiste d’Allemagne, trĂšs liĂ© aux milieux de l’avant-garde artistique. C’est l’époque du vote du Komintern en faveur de la politique de front unique, entraĂźnant le dĂ©veloppement d’organisations de masse. 1921, c’est aussi l’époque de la grande famine en URSS. Le 13 juillet, Maxime Gorki lance un appel international pour que l’on vienne en aide aux affamĂ©s. De retour d’un voyage dans ce pays, l’Allemand MĂŒnzenberg crĂ©e l’Internationale Arbeitershilfe (IAH, SOI en français) rassemblant de nombreuses organisations de gauche et des personnalitĂ©s du monde entier, comme Albert Einstein, Anatole France, Henri Barbusse. BientĂŽt partiront du monde entier des bateaux de vivres, sous les auspices du SOI. Le SOI devient tellement puissant qu’il installe toutes sortes d’usines en URSS, bĂątit des immeubles, rĂ©pare les anciens.

Dans un second temps, le SOI devient l’organisation d’entraide internationale du prolĂ©tariat en lutte. Le SOI organise des collectes pour soutenir les grĂ©vistes, accueille les enfants des grĂ©vistes, etc. Les enfants des grĂ©vistes du Borinage seront ainsi recueilli par des familles ouvriĂšres françaises et allemandes la durĂ©e de la grĂšve.

Ecouter Ernst Buch qui chante la marche du SOI

Mai 1923 – Fondation de la section française du SRI

En France, L’HumanitĂ© annonce le 5 mai 1923 la fondation d’un « ComitĂ© de Secours rouge ». ConstituĂ© Ă  l’initiative du Parti communiste et de la CGTU, il rĂ©sulte de la fusion du ComitĂ© de secours aux rĂ©fugiĂ©s Ă©trangers et du ComitĂ© pour les victimes du fascisme italien, nĂ©s quelques mois plus tĂŽt. Il fonctionne d’abord sur le principe des adhĂ©sions collectives d’organisations, jusqu’à son premier congrĂšs constitutif en mai 1925. La section française du SRI est ensuite rĂ©organisĂ©e sur la base des adhĂ©sions individuelles, dont le nombre dĂ©passe les 40 000 Ă  la fin des annĂ©es 1920.

Mai 1923 – Fondation de la section suisse du SRI

C’est Willi Trostel, un des fondateurs du Parti Communiste de Suisse, qui, de 1923 Ă  1939, assuma la direction du Secours rouge suisse en qualitĂ© de permanent du Secours rouge international. Trostel servait d’homme de liaison avec le centre. Il voyageait beaucoup pour le Secours rouge international (URSS, Allemagne, France, Autriche, Belgique, Hollande, Espagne, TchĂ©coslovaquie, Danemark, SuĂšde et NorvĂšge), transportant plusieurs fois de grosses sommes d’argent. Il Ă©tait en contact avec tous ceux qui revenaient de Moscou. En outre, il Ă©tait rĂ©dacteur de l’organe international du Secours rouge international, membre de son comitĂ© exĂ©cutif et co-responsable de la maison d’édition « MOPR Â» Ă  Zurich. Au dĂ©but des annĂ©es 1930, il participait aux PlĂ©nums du comitĂ© central du Parti Communiste de Suisse en tant que secrĂ©taire du Secours rouge, il fut Ă©lu Ă  cette instance, en 1936. Il assista au VIIe congrĂšs mondial du Komintern. Il succomba Ă  une crise cardiaque durant la guerre.

1924-1933 – Clara Zetkin, prĂ©sidente du SRI

A la mort de Julian Marchlewski, c’est la grande dirigeante communiste fĂ©ministe allemande Clara Zetkin qui assume la prĂ©sidence du SRI. NĂ©e en 1857, elle frĂ©quente dĂšs le milieu des annĂ©es 1870 les mouvements fĂ©ministes et adhĂšre au parti socialiste. AprĂšs l’interdiction du parti par Bismarck en 1870, elle s’exile Ă  Zurich. A Paris, elle participe activement Ă  la fondation de la DeuxiĂšme Internationale oĂč elle rĂ©clame l’égalitĂ© complĂšte des droits professionnels et sociaux de la femme ainsi que sa participation active Ă  la lutte des classes. De retour en Allemagne aprĂšs l’abrogation des lois anti-socialistes, elle dĂ©veloppe le mouvement fĂ©minin socialiste et milite sans relĂąche pour les droits des femmes. En 1907, lors de la premiĂšre confĂ©rence internationale des femmes socialistes, Clara Zetkin est dĂ©signĂ©e Ă  la prĂ©sidence du secrĂ©tariat international des femmes socialistes Ă  Stuttgart. Le 8 mars 1910, lors de la 2e ConfĂ©rence internationale des femmes socialistes Ă  Copenhague, elle propose la crĂ©ation d’une ‘journĂ©e de manifestation annuelle afin de militer pour le droit de vote, l’égalitĂ© entre les sexes, et le socialisme’. Cette initiative est Ă  l’origine de la JournĂ©e Internationale des Femmes qui se dĂ©roule tous les ans le 8 mars. Elle participe Ă  l’aile gauche du parti social-dĂ©mocrate allemand et devient trĂšs proche de Rose Luxemburg. Opposante Ă  la premiĂšre guerre mondiale, elle participe avec Rosa Luxemburg Ă  la crĂ©ation en 1915 de la Ligue Spartakiste et elle mĂšne de nombreuses actions pacifistes, et organise notamment une confĂ©rence internationale pacifiste des femmes socialistes en 1915 Ă  Berlin, ce qui lui vaudra d’ĂȘtre arrĂȘtĂ©e Ă  plusieurs reprises. La rĂ©volution allemande de novembre 1918 permet au mouvement fĂ©ministe d’obtenir le droit pour les femmes de voter et d’ĂȘtre Ă©lues. Clara Zetkin adhĂšre au Parti communiste d’Allemagne. Elle est ensuite dĂ©putĂ©e du KPD de 1920 Ă  1933. Elle sera membre de la direction du KPD et de l’International communiste. En aoĂ»t 1932, prĂ©sidant le Reichstag en tant que doyenne, elle appellera Ă  combattre le nazisme. Contrainte Ă  l’exil aprĂšs l’arrivĂ©e des nazis au pouvoir et l’interdiction du Parti Communiste d’allemagne (KPD), elle meurt quelques semaines plus tard Ă  Moscou.

Voir notre dossier sur Clara Zetkin

Mai 1925 – Fondation de la section belge du SRI

Son prĂ©sident en est depuis mai 1925 l’écrivain Charles Plisnier (membre du PCB depuis 1921) qui, outre Ă  titre de dirigeant du SRI, participe Ă  de nombreux congrĂšs, voyage dans toute l’Europe comme Ă©missaire de l’Internationale des Jeunesses Communistes, Ă©chappe de justesse Ă  la terreur blanche qui sĂ©vit dans les Balkans, est nommĂ© commissaire politique lors de l’insurrection soviĂ©tique de la Ruhr, participe au CongrĂšs de Moscou et est Ă©lu au PrĂ©sidium juridique international.

1926-1927 – La campagne pour Sacco et Vanzetti

Les annĂ©es 1919-1920 sont des annĂ©es de crise aux Etats-Unis. En 1919, on recense 4,1 millions de grĂ©vistes qui rĂ©clament de meilleurs salaires et une rĂ©duction du temps de travail. Les grĂšves dĂ©gĂ©nĂšrent en violence et donnent lieu Ă  des affrontements dans plusieurs grandes villes, comme Ă  Boston. L’annĂ©e 1920 est marquĂ©e par de nombreux attentats anarchistes: les responsables politiques sont touchĂ©s, comme le maire de Seattle ou celui de Cleveland, chez lequel une bombe explose. Les bureaux de la banque Morgan Ă  Wall Street sont soufflĂ©s par un attentat qui fait 38 morts et 200 blessĂ©s. Les autoritĂ©s prennent des mesures de rĂ©pression contre les anarchistes mais aussi contre les communistes et les socialistes amĂ©ricains. Certains sont emprisonnĂ©s, d’autres contraints de s’exiler.

Le 5 mai 1920, deux anarchistes italiens, Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti sont arrĂȘtĂ©s; ils sont soupçonnĂ©s d’avoir commis deux braquages (le 24 dĂ©cembre 1919 Ă  Bridgewater et le 15 avril 1920 Ă  South Braintree oĂč deux convoyeurs sont tuĂ©s). Le 16 aoĂ»t 1920, Vanzetti seul est condamnĂ© pour le premier braquage Ă  15 ans de prison. Le second procĂšs qui se clĂŽt le 14 juillet 1921 les condamne tous les deux Ă  la peine capitale pour les crimes de South Braintree, malgrĂ© le manque de preuves formelles. Des comitĂ©s de dĂ©fense et le Secours Rouge y joue un rĂŽle de premier plan. Le 12 mai 1926, leur condamnation Ă  mort est confirmĂ©e. Le 26 mai, un bandit dĂ©nommĂ© Madeiros avoue de sa prison ĂȘtre l’auteur du braquage de South Braintree, mais le juge refuse d’en tenir compte. MalgrĂ© une mobilisation internationale intense et le report Ă  plusieurs reprises de l’exĂ©cution, Sacco, Vanzetti et Madeiros passent sur la chaise Ă©lectrique dans la nuit du 22 au 23 aoĂ»t 1927, suscitant une immense rĂ©probation. Le 23 aoĂ»t 1977, exactement 50 ans aprĂšs, le gouverneur du Massachusetts absout les deux hommes.

Notre dossier sur l’affaire Sacco et Vanzetti

Documentaire sur l’affaire: Premiùre partie – Deuxiùme partie – Troisiùme partie – Quatriùme partie

1925-1929: Répression du Secours rouge en France

En France, le Secours rouge doit rĂ©pondre aux offensives judiciaires visant le Parti communiste qui se multiplient tout au long des annĂ©es 1920. Ainsi, lors de la campagne contre la guerre du Rif au Maroc, en 1925-1926, des centaines de militants sont arrĂȘtĂ©s et condamnĂ©s. Le 22 avril 1927, dans un discours Ă  Constantine, le ministre de l’IntĂ©rieur, Albert Sarraut, proclame « le communisme, voilĂ  l’ennemi ! », auquel Paul Vaillant-Couturier rĂ©pond le lendemain dans L’HumanitĂ©, un brin provocateur : « oui, c’est nous l’ennemi ! ». L’escalade rĂ©pressive engagĂ©e par les autoritĂ©s, renforcĂ©e par la radicalisation du discours communiste et l’adoption par le PC de la stratĂ©gie dite de « classe contre classe », culmine Ă  l’approche de la « journĂ©e rouge » contre la guerre, le 1er aoĂ»t 1929, avec l’inculpation de centaines de militants et l’ouverture d’une information pour complot contre la sĂ»retĂ© de l’État.

Avril-juillet 1928 – La crise avec la fraction trotskiste en Belgique

En 1928, Plisnier et quelques membres de la section belge du SRI (dont le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral Guyomard) s’alignent sur Trotsky, en opposition Ă  la direction collective Staline-Zinoniev-Kamenev (la ‘troĂŻka’). La fraction, qui contrĂŽle le ComitĂ© Central, essaie d’entraĂźner la section belge du SRI dans la voie d’un conflit avec l’Internationale Communiste. La direction internationale (le ComitĂ© ExĂ©cutif et le PrĂ©sidium) du SRI prononça la dissolution du ComitĂ© Central belge au motif qu’il aurait violĂ© la plate-forme du SRI, tandis qu’au sein de la section belge, la lutte de lignes est acharnĂ©e (les fĂ©dĂ©rations bruxelloise et liĂ©geoise rejetĂšrent ouvertement la ligne du ComitĂ© Central contrĂŽlĂ© par les trotskistes et cessent de lui remettre les cotisations). La crise se solda par l’exclusion des trotskistes, et principalement de Plisnier. Celui-ci continuera un temps son engagement trotskiste, puis renoncera trĂšs vite Ă  toute activitĂ© politique pour se consacrer Ă  la littĂ©rature (prix Goncourt 1937 pour Faux passeport, roman basĂ© sur son expĂ©rience d’émissaire de l’Internationale Communiste).

DĂ©cembre 1928 – Pierre Vermeylen, prĂ©sident de la section belge du SRI

AprĂšs l’exclusion de Plisnier, c’est le brillant avocat Pierre Vermeylen qui prend la direction de la section belge du SRI. Pierre Vermeylen avait Ă©tĂ© membre des Jeunesses Communistes puis du Parti Communiste. Il dĂ©missionna du Parti Communiste en 1930, en raison de plusieurs dĂ©saccords politiques, sans pour autant renoncer Ă  son engagement dans le Secours Rouge. Sous sa prĂ©sidence le Secours Rouge connaĂźtra en Belgique un grand dĂ©veloppement.

Pierre Vermeylen Ă©tait alors entourĂ© d’une remarquable Ă©quipe d’avocats qui s’engagera dans la RĂ©sistance et sera dĂ©cimĂ©e par la Gestapo: Maurice-Robert Beublet (dĂ©capitĂ© Ă  la hache Ă  Berlin), l’avocat Jean Bastien (mort au camp de concentration de Sachsenhausen) ou Robert Lejour (qui lui succĂ©dera Ă  la tĂȘte du SR et qui sera abattu par ses geĂŽliers Ă  la prison de LiĂšge). D’autres survĂ©curent comme l’avocat cinĂ©phile Jean Fonteyne (futur sĂ©nateur communiste entre 46-49), comme Albert Van Ommeslaghe (qui sera Ă©galement sĂ©nateur du PCB aprĂšs-guerre), Luc Peereboom (futur juge de paix), Georges Van Steenbeek, IsraĂ«l Joudanine, Jacques CyprĂšs, et quelques autres.

1932: Jean Chaintron, secrétaire général du Secours Rouge en France

Membre actif de la section lyonnaise du Secours rouge, Jean Chaintron adhĂ©re au Parti communiste fin 1931, Ă  la cellule de la Croix Rousse. Il devient permanent du SRI Ă  Paris, un membre de son ComitĂ© central puis de son secrĂ©tariat et le directeur de son hebdomadaire La DĂ©fense (1932-1934). Fondateur du Parti communiste algĂ©rien (PCA) en octobre 1936, Jean Chaintron sera aussi commissaire politique des Brigades internationales pendant la Guerre civile espagnole, oĂč l’un de ses frĂšres a trouvĂ© la mort. Grand rĂ©sistant, il fut l’un des deux seuls prĂ©fets communistes nommĂ©s par le gĂ©nĂ©ral de Gaulle en 1945.

Juin-juillet 1932 – La grande grùve des mineurs en Belgique

La crise Ă©conomique touche durement les charbonnages et le patronat en fait peser le poids sur les mineurs qui vivent dĂ©jĂ  dans une misĂšre noire. Le chĂŽmage touche un ouvrier sur cinq Ă  une Ă©poque oĂč l’assurance chĂŽmage n’est pas universelle et oĂč les conditions d’attributions viennent encore d’ĂȘtre rĂ©duites. De nouvelles baisses de salaires sont dĂ©cidĂ©es alors que, les mois prĂ©cĂ©dents, les salaires avaient dĂ©jĂ  chutĂ© de 30%! Le 28 juin, la grĂšve Ă©clate au Borinage, elle s’étend dans le Centre. Le 7 juillet, il y a 30.000 grĂ©vistes au Borinage et 15.000 dans le Centre et Ă  Charleroi. Les puissantes organisations socialistes n’interviennent pas; seuls le Parti Communiste, le Secours Rouge et, surtout, le Secours Ouvrier International organisent la solidaritĂ©. La rĂ©pression policiĂšre et patronale est terrible: manifestants tuĂ©s, familles grĂ©vistes expulsĂ©es de leur maison, etc., et cela dans le black-out mĂ©diatique. A Roux, le bourgmestre socialiste dĂ©crĂšte l’interdiction de rassemblement. Les femmes prennent alors la tĂȘte des manifestations, afin de tempĂ©rer quelque peu la rĂ©pression, en brandissant banderoles et calicots sur lesquels on peut lire ‘Non Ă  la crise’, ‘PlutĂŽt la mort que la faim pour nos enfants’, obtenant des travailleurs des autres secteurs qu’ils se joignent Ă  la grĂšve. Les dirigeants socialistes et les syndicats rĂ©formistes dĂ©noncent les travailleurs rĂ©volutionnaires Ă  la police. L’Etat de siĂšge est proclamĂ© Ă  Mons, Charleroi et LiĂšge, les rassemblements de plus de 5 personnes Ă©taient interdits en rue. La grĂšve prend un caractĂšre insurrectionnel: des barricades sont construites, le chĂąteau d’un directeur de charbonnage est incendiĂ©. Le gouvernement fait intervenir l’armĂ©e qui doit protĂ©ger non seulement les charbonnages mais aussi les Maisons du Peuple contre les grĂ©vistes rendus furieux par la trahison des socialistes. Les enfants des familles grĂ©vistes sont accueillis dans des familles ouvriĂšres allemandes et françaises membres du SOI. Voyant le prolĂ©tariat dĂ©noncer sa politique de plus en plus largement, les centrales socialistes tentent de reprendre le contrĂŽle. Elles dĂ©crĂštent une grĂšve, obtient des avantages mineurs et organise la fin du mouvement.

Juillet 1932 – Le gouvernement belge interdit le Secours Rouge

Alors que la grĂšve des mineurs prend un caractĂšre insurrectionnel, le gouvernement tente de proscrire les seules forces qui soutiennent les mineurs. Il fait poursuivre le Parti Communiste pour ‘complot’. Il fait arrĂȘter les principaux dirigeants communistes: Glineur, Lahaut, Cordier, Thon, Leemans, et bien d’autres encore (on n’osa toutefois pas s’en prendre Ă  Jacquemotte, devenu dĂ©putĂ©). Les journaux communistes sont purement et simplement interdits tout comme la Centrale RĂ©volutionnaire des Mineurs (CMR), l’Opposition Syndicale RĂ©volutionnaire, les Amis de l’URSS
 et le Secours Rouge. C’est l’équipe des avocats du Secours Rouge qui s’occupa de la dĂ©fense des dirigeants communistes et des organisations poursuivies. Elle arracha la libĂ©ration des dirigeants et, aprĂšs des mois de guĂ©rilla juridique, obtint le non-lieu pur et simple. Le ‘complot’ n’irait jamais devant un tribunal.

1932-1933 – ‘Misùre au Borinage’

En 1933, un membre important de la section belge du Secours Ouvrier International, (il dirigeait sa Commission de politique sociale) le docteur Paul Hennebert, mĂšne l’enquĂȘte sur 25 familles du coron d’un charbonnage oĂč les reprĂ©sailles patronales consĂ©cutives Ă  la grĂšve de 32 sont fĂ©roces. Ni les syndicats socialistes ni l’Assistance publique n’interviennent. Les familles sont expulsĂ©es de leur maison. Le rĂ©sultat de l’enquĂȘte paraĂźt dans une brochure publiĂ©e par la section belge du SOI en juillet 1933, une brochure bouleversante intitulĂ©e On crĂšve de faim au levant de Mons. De son cĂŽtĂ©, l’avocat cinĂ©phile Jean Fonteyne, membre du Secours Rouge, avait filmĂ© la manifestation pour Tayenne.

Cela amĂšne AndrĂ© Thirifays (animateur du Club de l’Ecran) Ă  proposer Ă  Henri Storck de rĂ©aliser un film sur le sujet. Jean Fonteyne qui Ă©tait Ă  la fois responsable au Secours Rouge et animateur du Club de l’Ecran, rĂ©alise des repĂ©rages, trouve un financement, obtient la collaboration des familles ouvriĂšres qu’il connaissait bien, puisqu’il les avait plus d’une fois dĂ©fendues en tant qu’avocat du Secours Rouge. Henri Storck, auquel s’est joint Joris Ivens, commence la rĂ©alisation. Avec trĂšs peu d’argent, devant se cacher de la police mais soutenus par toute la population, le tournage se passa dans des conditions difficiles et exaltantes. Comme tout documentaire, il mĂȘle la rĂ©alitĂ© et la fiction et ceci d’autant plus prodigieusement que ce mĂ©lange ne relĂšve pas de la volontĂ© directe des rĂ©alisateurs. En effet, dans le film, les deux auteurs avaient organisĂ©, avec des figurants borains, une manifestation de mineurs marchant derriĂšre un portrait de Karl Marx. Les manifestants tenaient en fait leur propre rĂŽle dans la manifestation d’hommage Ă  un ouvrier grĂ©viste tuĂ© par la police. Les habitants du corons y participĂšrent comme Ă  une vraie manifestation. La gendarmerie prit aussi cette reconstitution pour une vraie manifestation et intervint brutalement pour la disperser, ce que la camĂ©ra de Storck et Ivens filma Ă©galement.

‘Crise dans le monde capitaliste. Des usines sont fermĂ©es, abandonnĂ©es. Des millions de prolĂ©taires ont faim!’ C’est sur ces mots de manifeste et de rĂ©volte que s’ouvre ce film fondateur du cinĂ©ma belge et une des rĂ©fĂ©rences les plus importantes du film documentaire. Le film est dur, magnifique. Il a gardĂ© toute sa force, son impact Ă©motionnel d’indignation et de compassion. Il a donnĂ© Ă  la classe ouvriĂšre les images les plus fortes de son histoire et de ses luttes. Parmi elles: les expulsions, l’entassement des enfants dans les maisons taudis, leurs visages Ă©maciĂ©s et absents, la procession avec le portrait de Karl Marx, le ramassage du mauvais charbon sur les terrils Ă  l’aube, le mineur mendiant etc., sans oublier le choc du raccord des plans: les maisons vides, alors que des sans-abri dorment dehors, une quasi-famine et aucune aide tandis que des sommes importantes sont dĂ©pensĂ©es pour la construction d’une Ă©glise


Pour en savoir plus sur le film

Novembre 1932 – Premier congrùs du Secours Rouge International

C’est en novembre 1932, Ă  l’occasion du dixiĂšme anniversaire du SRI, qu’eu lieu, Ă  Moscou, dans la cĂ©lĂšbre salle des colonnes de la Maison des syndicats (lĂ  oĂč s’était tenu le congrĂšs de l’Internationale syndicale rouge, oĂč l’on exposera la dĂ©pouille de Staline), le premier CongrĂšs international du Secours Rouge. Le SRI compte Ă  cette Ă©poque 71 sections nationales totalisants 13,8 millions de membres (5.556.000 pour l’URSS). Pierre Vermeylen y reprĂ©sentait la section belge tandis que la section française Ă©tait reprĂ©sentĂ©e par Marie-Louise Cachin, fille du fondateur du PCF, brillante avocate.

Octobre 1934 – Pour les insurgĂ©s asturiens

En octobre 1934, des insurrections prolĂ©tariennes ont lieu Ă  Madrid, en Catalogne et dans les Asturies. Dans les deux premiers cas, la contre-rĂ©volution triomphe assez facilement. En revanche, des soviets sont organisĂ©s dans la seule rĂ©gion qui y soit prĂȘte, la rĂ©gion miniĂšre des Asturies. Cette insurrection est parfois appelĂ©e la ‘Commune espagnole’ ou la ‘RĂ©volution d’octobre’ puisqu’elle culmine en octobre 1934 lorsque l’armĂ©e rouge des mineurs contrĂŽle un territoire de quelques 1.000 kmÂČ autour d’Oviedo et au sud de cette ville. L’insurrection est matĂ©e dans le sang par les troupes d’Afrique commandĂ©es par Franco. La rĂ©pression ordonnĂ©e par le gouvernement est terrible: 1.000 morts et 20.000 prisonniers pour lesquels le Secours Rouge International fait campagne.

Notre dossier sur l’insurrection des Asturies

AnnĂ©es ’30 – Le SRI au zĂ©nith

Le danger fasciste augmenta considĂ©rablement les responsabilitĂ©s, les tĂąches, mais aussi l’écho et la popularitĂ© du Secours Rouge International. De nouvelles sections nationales apparaissent, tandis que celles qui ne souffrent pas directement de la rĂ©pression fasciste (comme en Pologne, en Italie et bientĂŽt en Espagne et en Allemagne) connaissent un grand dĂ©veloppement. Voir Ă  ce propos le document suivant:

Rapport sur le Secours Rouge en France en 1935

Le chant du Secours Rouge

-Pour briser l’ardeur des meilleurs combattants,
-Pour vaincre l’essor ouvrier montant,
-Le Bourgeois fait donner sa police.
-Prison, tribunaux, matraqueurs, répression,
-Fascistes tout prĂȘts Ă  servir les patrons,
-Ont jeté tout un peuple au supplice.

–Contre ce monde malade
-Jusqu’au jour de l’assaut final
-Protégeons nos camarades
-Qu’un rĂ©gime infernal
-Frappe dans nos rangs
-Secours Ă  nos combattants!

-Martyrs blancs et noirs des pays coloniaux,
-Chinois et Roumains tous unis au tombeau,
-Innocents qu’on refuse d’absoudre
-Vos cris resteraient sans écho, sans espoir
-Si chacun de nous comprenant son devoir
-N’allait vers vous par le Secours Rouge.

–Refrain

-Chacun des méfaits du bourgeois assassin
-Dressant contre lui tout le genre humain
-Porte atteinte Ă  sa propre puissance.
-Unis par ses coups ceux qu’il frappe si fort
-Invinciblement lui préparent le sort
-Du tsarisme écroulé dans sa fange.

–Refrain

Pour écouter la musique

Septembre 1933 – Le procùs et de contre-procùs du Reichstag

Le 27 fĂ©vrier 1933, le Reichstag (parlement) Ă©tait en feu. Les nazis hurlĂšrent au complot communiste et instaurĂšrent un rĂ©gime de terreur. La police allemande avait arrĂȘtĂ© Ă  Berlin le dirigeant communiste Dimotrov et deux autres bulgares et l’accusait de l’incendie du Reichstag en complicitĂ© avec un vagabond hollandais arrĂȘtĂ© sur les lieux de l’incendie, Van der Lubbe, et le prĂ©sident de la fraction communiste au Reichstag, Torgler.

Willi MĂŒnzenberg organisa un grand contre-procĂšs. Le prĂ©sident de la section belge du Secours Rouge, Pierre Vermeylen, Ă©tait le seul ‘apparentĂ© communiste’ du jury. MĂŒnzenberg avait veillĂ© Ă  ce qu’il fut pluraliste. Le prĂ©sident du contre-procĂšs Ă©tait le King’s Councellor Pritt du barreau de Londres. A ses cĂŽtĂ©s siĂ©geaient l’avocat new-yorkais cĂ©lĂšbre pour avoir dĂ©fendu Sacco et Vanzetti. SiĂ©geait aussi dans la commission le bourgmestre socialiste de Stockholm, un avocat français, une parlementaire libĂ©rale néérlandaise, etc. Le contre-tribunal siĂ©gea Ă  Londres et rendit son verdict trois jours avant l’ouverture du procĂšs de Berlin, le 18 septembre, en dĂ©clarant qu’il Ă©tait bien probable que le vĂ©ritable incendiaire fut Hermann Goering, alors ministre de l’intĂ©rieur du Land de Prusse.

Au procĂšs, Dimitrov se dĂ©fendit froidement des accusations et rĂ©plique en accusant ses accusateurs, poussant Goering Ă  la faute. Ce procĂšs vaudra Ă  Dimitrov une renommĂ©e mondiale. AprĂšs avoir Ă©tĂ© acquittĂ©, il gagne l’Union SoviĂ©tique, devient secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’Internationale Communiste de 1934 Ă  sa dissolution en 1943. En 1944, Dimitrov retourne en Bulgarie dont il dirige le Parti communiste, et fonde la RĂ©publique populaire de Bulgarie.

1934 – Bob Claessens, responsable à la section belge du SRI

En 1934, Bob Claessens devient secrĂ©taire rĂ©gional pour Anvers de la section belge du Secours Rouge International, et finalement membre du ComitĂ© exĂ©cutif du SRI en Belgique. Avocat, il plaide dans tous les procĂšs politiques. C’est pour le SRI qu’il part en 1937 en Espagne avec mission d’unifier l’aide sanitaire et de rationaliser le service de santĂ© militaire (un de ses deux parrains au Parti, Pierre Ackerman, commissaire politique de la 12e Brigade Internationale, tombe Ă  ce moment sur le front de Madrid). Claessens participe aux travaux du Bureau EuropĂ©en du SRI en 1937, Ă  Paris, et devient secrĂ©taire international de l’organisation.

ArrĂȘtĂ© par la Gestapo en juin 40, il est dĂ©tenu Ă  Breendonck puis dĂ©portĂ© Ă  Neuengamme (oĂč il commença son oeuvre de confĂ©rencier au profit de ses co-dĂ©tenus), puis Ă  Dachau. A la libĂ©ration, il collabore au journal du Front de l’IndĂ©pendance oĂč ses articles sur l’art sont remarquĂ©s, plaide et travaille dans le cabinet d’un ministre communiste jusqu’en 46. En 47, il devient responsable des intellectuels du Parti communiste. En 48, il est Ă©lu au ComitĂ© central et devient responsable Ă  l’appareil de propagande. Il donnera dĂšs lors libre cours Ă  son Ă©clatant talent de confĂ©rencier devant des salles combles d’oĂč sortira le Cercle d’Education Populaire. Le succĂšs populaire de ses confĂ©rences amena la RTBF Ă  l’inviter pour des causeries sur la peinture Ă  la radio et Ă  la tĂ©lĂ©vision Ă  partir de 1963. En 1969, Claessens publie son chef d’Ɠuvre: Notre Breughel. Il aura le temps d’en mesurer le succĂšs avant de mourir le 7 aoĂ»t 1969.

Autre dirigeant de la section belge du SRI Ă  l’époque, Charles Jacquemotte, frĂšre ainĂ© du fondateur du PCB, qui mourra en dĂ©portation Ă  Dachau en fĂ©vrier 1945.

1935 – Robert Lejour, prĂ©sident de la section belge du SRI

En 1935, Pierre Vermeylen s’oppose Ă  son tour Ă  la ligne du Praesidium du Secours Rouge International. Il dĂ©missionne de son poste, et s’éloigne du mouvement communiste pour se rapprocher du parti socialiste, dans les rangs duquel il sera aprĂšs-guerre sĂ©nateur et ministre. C’est l’avocat Robert Lejour, devenu membre du Parti Communiste, et qui avait accompagnĂ© Vermeylen Ă  Moscou en juillet 1934 lors de la discussion entre le ComitĂ© Central de la section belge et le Praesidium international, qui en devient prĂ©sident. Sous l’occupation nazie, Robert Lejour fut le fondateur du mouvement ‘Justice Libre’, qui regroupait les avocats, les juristes et les juges rĂ©sistants dans le cadre du Front de l’IndĂ©pendance. Il dĂ» passer Ă  la clandestinitĂ© le 16 dĂ©cembre 1942. Il commanda une unitĂ© de partisans armĂ©s jusqu’à son arrestation le 9 mai 1944. Robert Lejour fut abattu le 22 juin Ă  la prison de LiĂšge par un geĂŽlier nazi.

1936 – Le Secours Rouge devient en France le Secours populaire

Suite des Ă©vĂ©nements de fĂ©vrier 1934, le Parti communiste opĂšre progressivement un rapprochement avec les socialistes et les radicaux en prĂ©conisant une large alliance antifasciste. Ce tournant unitaire du PC, qui reçoit l’aval de l’Internationale communiste lors de son 7e congrĂšs Ă  l’étĂ© 1935, dĂ©bouche sur la constitution du Front populaire, victorieux aux Ă©lections lĂ©gislatives de 1936.
Le Secours rouge se transforme, en changeant Ă  deux reprises sa dĂ©nomination au cours de l’annĂ©e 1936. Optant dans un premier temps pour l’appellation « Secours rouge de France Â», en mars 1936, il devient Ă  l’automne suivant le « Secours populaire de France et des colonies Â». Le Secours populaire connaĂźt un important dĂ©veloppement et devient une vĂ©ritable organisation de masse bĂ©nĂ©ficiant d’une forte base de masse – ses effectifs progressent de moins de 35 000 en 1933 Ă  plus de 180 000 cinq ans plus tard.

1936-1939 – La guerre d’Espagne

PrĂ©parĂ© de longue date, le soulĂšvement militaire fasciste Ă©clate le 17 juillet 1936, mais sa mise en Ă©chec partielle contraignit les militaires putchistes (soutenus par l’Eglise, Hitler et Mussolini), et le gouvernement de Front Populaire (soutenu par l’URSS et, trĂšs timidement, par les dĂ©mocraties occidentales) Ă  se livrer une guerre totale, imprĂ©vue, longue et meurtriĂšre. Dans la logique du Front Populaire, le Secours Rouge est devenu en France le Secours Populaire: il est en premiĂšre ligne pour aider l’Espagne rĂ©publicaine. En Belgique comme partout, les membres du SRI organisent des quĂȘtes pour acheter du lait pour les enfants d’Espagne, des collectes de vivres et de vĂȘtements. Des camions de la solidaritĂ© parcourent la campagne, on affrĂšte des pĂ©niches, des trains et des bateaux.

1933-1940 – Le soutien aux antinazis exilĂ©s ou emprisonnĂ©s

Les campagnes pour dĂ©noncer les crimes nazis, celle exigeant l’acquitement de Dimitrov, celle exigeant la libĂ©ration de Thaelmann (dirigeant du Parti Communiste d’Allemagne) eurent un grand retentissement. Le ComitĂ© Thaelmann, créé Ă  Paris en mars 34, avait organisĂ© en outre un grand nombre de meetings (rassemblant plus de 100.000 personnes rien qu’en 1935!), lĂąchĂ© des centaines de ballons sur l’Allemagne sur lesquels Ă©taient Ă©crit Freiheit fĂŒr ThĂ€lmann, envoyĂ© des dĂ©lĂ©gations, organisĂ© un contre-tribunal avec 300 juristes, etc.

Le Secours Rouge allemand souffrira beaucoup de la rĂ©pression nazie. Par milliers, ses membres et ses dirigeants sont envoyĂ©s en camp de concentration. Ils seront nombreux Ă  ĂȘtre exĂ©cutĂ©s, comme Johanna Kirchner qui avait Ă©tĂ© emprisonnĂ©e par Vichy et livrĂ©e Ă  la Gestapo en 1942. C’est une des rares dirigeantes du Rote Hilfe qui venaient du parti socialiste. D’abord condamnĂ©e Ă  dix annĂ©es d’emprisonnement, Johanna Kirchner fut rejugĂ©e et exĂ©cutĂ©e le 9 juin 1944. Le Secours Rouge a pu maintenir une activitĂ© clandestine sporadique. C’est ainsi qu’un autre dirigeant du Rote Hilfe, Wilhelm Beuttel qui avait reconstituĂ© l’organisation en Allemagne fut arrĂȘtĂ© par la Gestapo en 1943 et exĂ©cutĂ© en 1944.

1936-1939 – Dans les griffes de la Gestapo

Le site Nicht mehr anonym (‘Plus jamais anonyme’) a mis en ligne les fiches des personnes arrĂȘtĂ©es par la Gestapo de Vienne. Voici les fiches de quelques membres du Secours Rouge autrichien clandestin.

Le chauffeur automobile Leopold Blatzky a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© le 23 mars 1943 comme cotisant au SR. CondamnĂ© le 18 novembre 1943 pour ‘haute trahison’ Ă  10 ans de rĂ©clusion. DĂ©tenu jusqu’à la fin de la guerre.

Le porteur de valise Ernst Bohl a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© le 22 fĂ©vrier 1944 comme cotisant au SR. CondamnĂ© le 2 juin 1944 pour ‘haute trahison’ Ă  3 ans de rĂ©clusion. DĂ©tenu jusqu’à la fin de la guerre.

L’ajusteur Alfred Eschner organisait dans l’usine Ă  gaz Leopoldau, dans le cadre du SR, le soutien aux familles des collĂšgues de travail antifascistes emprisonnĂ©s. ArrĂȘtĂ© le 21 janvier 1942, condamnĂ© Ă  mort le 19 dĂ©cembre 1942 pour ‘haute trahison’, et exĂ©cutĂ© Ă  Vienne le 13 avril 1943.

Le retraitĂ© Josef Fatina donnait et encaissait les cotisations pour le SR. ArrĂȘtĂ© le 26 mai 1941 et condamnĂ© le 4 fĂ©vrier 1943 pour ‘haute trahison’ Ă  6 ans la rĂ©clusion. Sa femme, Franziska Fatina, a Ă©galement Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©e.

Le chauffeur Johann Dragosits recrutait et rĂ©coltait des dons pour le SR. ArrĂȘtĂ© en septembre 1942, condamnĂ© Ă  mort le 15 mars 1944 pour ‘haute trahison’ et exĂ©cutĂ© le 24 mai 1944.

L’employĂ© des postes Josef Blaschek a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© le 24 fĂ©vrier 1944, membre du SR, il aide un militant communiste Ă©vadĂ©, Friedrich Schwager. CondamnĂ© Ă  mort le 30 juin 1944 pour ‘haute trahison’ et ‘aide Ă  l’ennemi’. ExĂ©cutĂ© le 30 aoĂ»t 1944 Ă  Vienne.

Voir d’autres fiches

1940-45 – La section belge du SRI se fond dans ‘Solidarité’, la ‘Croix-Rouge du Front de l’IndĂ©pendance’

En 1941 est fondĂ©, Ă  Bruxelles, dans la clandestinitĂ©, le Front de l’IndĂ©pendance qui regroupera vite l’ensemble de la RĂ©sistance anti-hitlĂ©rienne – Ă  l’exception de la droite catholique-royaliste et de quelques rĂ©seaux d’espionnages liĂ©s aux services secrets anglais.

En 1942, le Front de l’IndĂ©pendance se dote d’une organisation d’aide aux victimes de la rĂ©pression nazie et Ă  leurs familles, aux rĂ©fractaires au travail obligatoire, aux illĂ©gaux, aux persĂ©cutĂ©s. Ce sera ‘Solidarité’, la ‘Croix-Rouge du Front de l’IndĂ©pendance’. Le Secours Rouge se dissout dans cette nouvelle organisation large qui aura bientĂŽt son organe clandestin national intitulĂ© SolidaritĂ©.

A cela s’ajoutent des organes de presse rĂ©gionaux. Ainsi par exemple, au cours de l’étĂ© 1943, paraissent deux mensuels Ă©ditĂ©s par le comitĂ© rĂ©gional Huy-Waremme de ‘Solidarité’. L’Entr’Aide est fondĂ© en juin 1943. RonĂ©otypĂ© puis imprimĂ© (Ă  2.000 exemplaires), il compte au total 5 numĂ©ros et est diffusĂ© jusqu’à juillet 1944. Le second, Bulletin intĂ©rieur de SolidaritĂ©, connaĂźt une existence bien plus brĂšve.

FĂ©vrier 1971 – PremiĂšre refondation du Secours Rouge en Belgique

Dans les annĂ©es 1970, en plein essor du militantisme en Europe, dans le but de venir en aide aux militants arrĂȘtĂ©s durant les manifestations et les grĂšves, le Secours Rouge Ă©tait une premiĂšre fois refondĂ©. Cette refondation fut menĂ©e Ă  bien par des organisations marxistes-lĂ©ninistes comme le Parti Communiste Marxiste-LĂ©niniste de Belgique (PCMLB), les maoĂŻstes de l’organisation ‘UniversitĂ© Usine Union’ et de ‘Tout le pouvoir aux travailleurs’ et par les trotskistes de la Jeune Garde Socialiste (organisation de jeunesse de la Ligue RĂ©volutionnaire des Travailleurs, l’actuelle LCR).

1971-1976 – Echec de refondation d’un Secours Rouge International

Cette refondation du Secours Rouge n’était pas propre Ă  la Belgique. De semblables dĂ©marches en France (sous la prĂ©sidence de l’ancien commandant de la rĂ©sistance armĂ©e communiste Charles Tillon et avec l’adhĂ©sion de Jean-Paul Sartre), en Italie (avec l’adhĂ©sion de Dario Fo et de Franca Rame) et ailleurs. Parmi les fondateurs du SR italien, Sergio Spazzali, avocat des brigadistes rouges et militant communiste lui-mĂȘme, puisqu’il fut l’un des fondateurs de la ‘Cellule pour le PCC’, un des courants constitutifs du PCPM. Sergio Spazzali est mort en exil, Ă  Paris. Finalement, seul le nouveau Secours Rouge allemand (Rote Hilfe) passera le cap du reflux des luttes Ă  la fin des annĂ©es ’70, et le projet d’unir ces organisations en un nouveau SRI Ă©choua.

DĂ©cembre 1985 – Fondation de l’Association des Parents et Amis des Prisonniers Communistes (APAPC)

Le 15 dĂ©cembre 1985, quatre militants des Cellules Communistes Combattantes sont arrĂȘtĂ©s et placĂ©s Ă  l’isolement carcĂ©ral. Leurs proches se forment aussitĂŽt en Association des Parents et Amis des Prisonniers Communistes (APAPC). Ils lutteront d’abord pour que soit mis fin au rĂ©gime d’isolement, ensuite pour que soit appliquĂ© aux prisonniers les procĂ©dures de libĂ©ration conditionnelle.

Pour en savoir plus sur la lutte des Cellules Communistes Combattantes

DĂ©cembre 2000 – Fondation de la Commission pour un Secours Rouge International

Le premier ‘tour de table’ pour la refondation d’un Secours Rouge International, convoquĂ© par l’Association des Familles et des Amis des Prisonniers Politiques (Espagne) a rassemblĂ© Ă  Lyon, en dĂ©cembre 2000, des dĂ©lĂ©guĂ©s de Belgique, France, Suisse et Italie. L’APAPC y reprĂ©sentait la Belgique. C’est Ă  la suite de cette rĂ©union que sont issus la Commission pour un SRI, et la Plate-forme pour un SRI.

Pour en savoir plus sur la Commission pour un SRI

Janvier 2001 – L’APAPC devient Secours Rouge/APAPC, section belge de la Commission pour un Secours Rouge International

A la suite de la rĂ©union de Lyon, la question s’est posĂ©e pour l’APAPC de se convertir en Secours Rouge. Cela supposait plusieurs changement, et notament un Ă©largissement du cadre de travail et un nouveau caractĂšre politique. Quelques proches des prisonniers des CCC qui s’étaient engagĂ© sur base de rapports personnels avec eux prirent un peu de distance (en continuant Ă  participer aux initiatives consacrĂ©es Ă  ces prisonniers), mais l’essentiel de l’APAPC rĂ©alisa sans difficultĂ© sa ‘conversion’ en Secours Rouge/APAPC, et celui-ci, sur ces nouvelles bases, avec un apport de nouveaux membres venus notamment de l’ex-PCMLB, connu une phase de croissance qui coĂŻncida avec la fin de la campagne pour la libĂ©ration de Pierre Carette, le dernier prisonniers des CCC.

DĂ©cembre 2005 – Le Secours Rouge/APAPC fĂȘte ses vingt annĂ©es d’existence

Au moment oĂč le Secours Rouge/APAPC fĂȘte ses vingt annĂ©es d’existence, il connait des tensions internes qui se rĂ©soudront l’annĂ©e suivante. Le travail militant n’en ralentit pas pour autant. Le Secours Rouge/APAPC est alors une des forces fondatrices de la Coordination Anti-RĂ©pression avec l’Espace Marx et le ‘Collectif des plaignants du 23 fĂ©vrier 2003’ (fondĂ© aprĂšs la brutale rĂ©pression de la manifestation de Steenokerzeel). La Coordination Anti-RĂ©pression organisera plusieurs confĂ©rences (sur la criminalisation des luttes, le pays basque, sur les lois anti-terroristes, sur la sĂ©curitĂ© informatique) jusqu’à sa mise en veilleuse suite Ă  la dissolution du ‘ComitĂ© des plaignants’ dont les derniers membres actifs ont rejoints le Secours Rouge. Par ailleurs, le Secours Rouge a dĂ©veloppĂ© une relation particuliĂšre avec le Bloc Marxiste-LĂ©niniste qui prendra fin en 2009.

Plate-forme de la Coordination Anti-Répression

Novembre 2005 – Vers la refondation du Secours Rouge International

En novembre 2005, se tient la premiĂšre ConfĂ©rence internationale de BĂąle, Ă  l’initiative de la Commission pour un SRI, visant Ă  relancer la lutte internationale contre la rĂ©pression. 42 dĂ©lĂ©guĂ©s de 25 organisations de 7 pays ont participĂ© Ă  cette premiĂšre confĂ©rence. Au fil des confĂ©rence s’est constituĂ© un ‘groupe de BĂąle’ pour la refondation d’un vĂ©ritable SRI. Le passage de la simple coordination de groupes indĂ©pendants Ă  la construction d’une organisation internationale centralisĂ©e, est complexe. Surtout qu’il s’agit de forces ayant des histoires, des cultures politiques, des rĂ©alitĂ©s militantes et des terrains de luttes trĂšs diffĂ©rentes. Chaque confĂ©rence enregistre des progrĂšs qui sont expĂ©rimentĂ©s/vĂ©rifiĂ©s dans la pratique commune les mois sĂ©parant les confĂ©rences.

Juin 2008 – Le Secours Rouge/APAPC dans le collimateur


DĂ©but 2007, la police italienne dĂ©couvre les photos de quatre membres du Secours Rouge de Belgique chez un rĂ©volutionnaire italien. Pendant un an et demi, la police belge espionne les 4 militants: Ă©coutes tĂ©lĂ©phoniques, Ă©tude des mails et des comptes bancaires, camĂ©ras vidĂ©o braquĂ©es sur les domiciles, etc. En vain: l’espionnage ne rĂ©vĂšle que des activitĂ©s politiques lĂ©gales et publiques. Tentant le tout pour le tout, la juge d’instruction envoie le 5 juin, Ă  5h du matin, dans dix domiciles, des commandos anti-terroristes, armĂ©s et cagoulĂ©s pour Ă©veiller les militants, leurs familles et leurs proches. Les perquisitions se rĂ©vĂšlent Ă©galement infructueuses. La juge s’acharne pourtant. Elle met les militants en prison et les inculpe de ‘participation Ă  activitĂ© terroriste’! Une grande vague de solidaritĂ© se lĂšve en rĂ©action Ă  ces arrestations. Deux mois plus tard, les chambres du conseil remet en libertĂ© tous les inculpĂ©s, en attendant de dĂ©cider si il y aura ou non matiĂšre Ă  procĂšs. Le justice belge va dĂšs lors user de manoeuvres dilatoires pour Ă©viter un procĂšs qui s’annonce mal pour elle et, dix ans plus tard, le 5 octobre 2018, l’affaire est dĂ©finitivement prescrite. Lire la chronologie de l’affaire

 

Pour nous aider Ă  complĂ©ter cet historique et Ă  monter une exposition itinĂ©rante sur le sujet, merci de nous faire parvenir des documents d’époque ou de bonnes reproductions de documents sur l’histoire du Secours Rouge.

Premier logo du SRI
Julian Marchlewski
Clara Zetkin
Sacco et Vanzetti
Meeting Ă  Bruxelles en 1930
Léopold Blatsky
Ernst Bohl
Alfred Eschner
Josef Fatina
Johann Dragosits
Josef Blaschek
Affiche de l'APAPC
Logo du SRI
Manifestation pour Pierre Carette
BrÚve histoire du Secours Rouge International et de ses sections francophones (complétée le 3 décembre 2021
Solidarité
Logo CAR
Délégués à Bùle
Manifestation pour le SR belge
Manifestation pour le SR belge
BrÚve histoire du Secours Rouge International et de ses sections francophones (complétée le 3 décembre 2021
Direction de la section française du SRI en 1926: de gauche à droite, assis] Marty, Daniel Renoult, Cadeau, [et debout] Cordier, Rocher, Wallet, Geny, Michel
Publication du Secours Populaire de France de 1936
Affiche en arabe du SR de France: « Ne nous oubliez pas ! »
Wilhelm "Willy" Trostel
Tract du SR aprÚs la « journée rouge » du 1er août 1929
Jean Chaintron

Qui est Mumia Abu Jamal ?

Mumia Abu-Jamal est un journaliste reconnu de Philadelphie qui se trouve en prison depuis 1981 et dans le couloir de la mort depuis 1983, accusĂ© d’avoir tuĂ© l’officier de police Daniel Faulkner.

DĂ©jĂ  Ă  l’ñge de 14 ans, Mumia est arrĂȘtĂ© et battu pour avoir protestĂ© contre un meeting du candidat ultraraciste George Wallace Ă  Philadelphie. Peu aprĂšs, il est fichĂ© par le FBI pour avoir voulu rebaptiser son lycĂ©e ‘Malcolm X’. Adolescent, il est l’un des membres fondateurs du Chapitre du Black Panther Party de Philadelphie. En 1969, il est y chargĂ© de l’information. Le FBI le considĂšre comme l’une des personnes ‘à surveiller et interner en cas d’alerte nationale‘.

Adulte, il devient journaliste pour des radios telles que NPR et WHAT, oĂč il est directeur de l’information. Ses reportages se concentrent essentiellement sur les injustices et les brutalitĂ©s subies par les noirs.

L’affaire Mumia Abu Jamal

En 1981, Mumia travaillait comme taximan pour arrondir ses fins de mois. Dans la nuit du 9 dĂ©cembre, lors d’une course, il entend des coups de feu, s’arrĂȘte et voit son frĂšre, titubant. Il sort de sa voiture, court vers lui et reçoit une balle, tirĂ©e par un officier de police. Il perd connaissance. Quelques minutes plus tard, la police arrive et trouve Faulkner et Mumia Ă©tendus sur le trottoir, inconscients. L’officier de police mourra de ses blessures, et Mumia est arrĂȘtĂ©, sauvagement battu, jetĂ© dans une voiture et conduit Ă  l’hĂŽpital le plus proche. On ne sait comment, il survit. ArrĂȘtĂ©, il est accusĂ© du meurtre de Faulkner.

MalgrĂ© ses dĂ©nĂ©gations, malgrĂ© son absence d’antĂ©cĂ©dents judiciaires, une enquĂȘte inĂ©quitable (expertises balistiques inexistantes, balles non identifiables, absence de relevĂ© d’empreintes, zone des faits non sĂ©curisĂ©e, tests non effectuĂ©s
) conclut Ă  la culpabilitĂ© de Mumia. Le procĂšs commence en 1982, prĂ©sidĂ© par le juge Sabo (connu comme Ă©tant le juge ayant envoyĂ© le plus d’accusĂ© Ă  la mort). Mumia souhaitait s’y dĂ©fendre seul, mais ce droit lui est refusĂ©, et on lui assigne un avocat commis d’office. Durant tout le procĂšs, on l’accuse de dĂ©ranger le cours des dĂ©bats, et il ne pourra assister Ă  presqu’aucune des audiences de son propre procĂšs.

L’accusation affirme que le coup de feu qui a tuĂ© Faulkner provient de l’arme de Mumia, un calibre 38 lĂ©galement enregistrĂ©, en totale contradiction avec le rapport de l’expertise mĂ©dicale dans lequel est clairement Ă©tabli que la balle retirĂ©e du cerveau du policier est issue d’un calibre 44. Ce fait n’a jamais Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ© au jury. De plus, un expert en balistique dit qu’il trouve incroyable que la police prĂ©sente sur les lieux de la fusillade n’ait pas analysĂ© l’arme de Mumia pour voir si elle avait servi rĂ©cemment, ou regardĂ© ses mains pour y trouver d’éventuelles traces de poudre.

Une des accusations la plus accablante est celle qui affirme que Mumia aurait avouĂ© Ă  l’hĂŽpital. Troublant, cette confession n’est rapportĂ©e que deux mois aprĂšs les faits, juste aprĂšs que Mumia ai introduit une poursuite contre la police pour brutalitĂ©s. L’un des officiers qui dĂ©clare avoir entendu la confession de Mumia est Gary Wakshul. Mais dans le rapport policier qu’il rend ce jour-lĂ , il dĂ©clare: ‘le nĂšgre n’a fait aucun commentaire’. Le docteur Coletta, mĂ©decin de garde qui est restĂ© auprĂšs de Mumia tout le temps dit qu’il ne l’a jamais entendu parler.

Le tĂ©moin phare de l’accusation est une prostituĂ©e du nom de Cynthia White, qu’aucun autre tĂ©moin sur place n’a vu au moment de la fusillade. Durant le procĂšs de Billy Cool (le frĂšre de Mumia), qui s’est dĂ©roulĂ© quelques semaines plus tĂŽt, elle donne un tĂ©moignage en totale contradiction avec ce qu’elle dira au procĂšs de Mumia. Son tĂ©moignage au procĂšs de Cook dĂ©crit quelqu’un sur les lieux qui n’était pas lĂ  quand la police est arrivĂ©e. Cela corrobore avec les cinq autres tĂ©moignages affirmant qu’une personne aurait fui. Durant une audition en 1997, une autre ancienne prostituĂ©e tĂ©moigne que White agissait en tant qu’informateur de la police. Un autre tĂ©moignage, sous serment, a rĂ©vĂ©lĂ© que la police recueillait rĂ©guliĂšrement des tĂ©moignages sous la contrainte. En 1995, un tĂ©moin visuel jure que la police a plusieurs fois dĂ©chirĂ© sa dĂ©claration Ă©crite – que le tueur avait fui les lieux – jusqu’à ce qu’il signe finalement un document qu’elle estimait acceptable. L’annĂ©e suivante, le tĂ©moin Veronica Jones s’est prĂ©sentĂ©e pour dĂ©clarer qu’elle avait Ă©tĂ© forcĂ©e de changer sa dĂ©claration initiale, oĂč elle affirmait que deux hommes s’étaient enfuis. Billy Cook, prĂ©sent durant toute la durĂ©e de la fusillade, a clairement affirmĂ© que Mumia Ă©tait absolument innocent. TĂ©moins menacĂ©s, subornĂ©s, Ă©cartĂ©s, rapports de police contradictoires, violations de ses droits, mĂšneront, en juillet 1982, Ă  sa condamnation Ă  mort. Mumia est de toute Ă©vidence le coupable idĂ©al. Par deux fois, en 1995 et en 1999, la mobilisation internationale a empĂȘchĂ© son exĂ©cution.

En 1999, Arnold Beverly, ancien tueur Ă  gage, avoue Ă  l’une des avocates de Mumia ĂȘtre l’auteur du meurtre de l’officier Faulkner. Cette confession est validĂ©e par un test au dĂ©tecteur de mensonge. MalgrĂ© l’évidence, le procureur de Philadelphie refuse d’enquĂȘter, et il est mĂȘme interdit aux tribunaux de l’entendre, sous prĂ©texte que le tĂ©moignage est hors dĂ©lais des procĂ©dures. En 2001, la stĂ©nographe du tribunal de l’époque affirme qu’avant le dĂ©but du procĂšs, elle a entendu le juge Sabo dire: ‘Yeah, je vais les aider Ă  griller ce nĂšgre‘, faisant rĂ©fĂ©rence Ă  Mumia. Cela remet en avant l’évidence du racisme inhĂ©rent au procĂšs. Dans la mĂȘme annĂ©e, un journaliste reconnu affirme s’ĂȘtre rendu sur les lieux de la fusillade en dĂ©cembre 1981, afin d’en parler, et n’y avoir vu aucun membre des forces de l’ordre. Cette affirmation ne fait que confirmer ce qui avait Ă©tĂ© mis en avant lors des audiences en 1982, et tous les manquements de l’enquĂȘte.

En 2001, la sentence de mort de Mumia a Ă©tĂ© provisoirement Ă©cartĂ©e, mais il est toujours considĂ©rĂ© comme coupable. Cela signifie qu’une nouvelle sentence pourrait ĂȘtre prononcĂ©e aprĂšs que tous les appels aient Ă©tĂ© Ă©puisĂ©s. Mais seules deux options s’offriront alors: soit la peine de mort, soit une peine de prison incompressible. Aujourd’hui, les options d’appel s’amenuisent
 et Mumia se trouve toujours dans le couloir de la mort.

Le 7 dĂ©cembre 2012, les avocats de Mumia Abu-Jamal annoncent qu’il ne sera pas exĂ©cutĂ©. Au dĂ©but de l’annĂ©e, une cour d’appel fĂ©dĂ©rale avait dĂ©cidĂ© que sa peine devait ĂȘtre rĂ©examinĂ©e en raison de vices de procĂ©dures durant son procĂšs pour le meurtre de policier en 1982. La Cour SuprĂȘme avait rejetĂ© la demande des procureurs de Philadelphie de recondamner l’ancien Black Panther Ă  la peine de mort. Aujourd’hui, ces derniers ont annoncĂ© qu’ils ne feraient pas appel de cette dĂ©cision. Mumia est donc condamnĂ© Ă  une peine de prison Ă  perpĂ©tuitĂ© et transfĂ©rĂ© de la prison SCI-Greene de Waynesburg Ă  la prison SCI-Mahanoy de Frackville, Ă  170 km de Philadelphie.
Les nouvelles conditions de dĂ©tention ne sont que restrictions, interdits et humiliations. Il se trouve en isolement total de maniĂšre permanente, la lumiĂšre de sa cellule reste constamment allumĂ©e, ses contacts hebdomadaires avec l’extĂ©rieur sont limitĂ©s Ă  une visite et Ă  un droit d’appels tĂ©lĂ©phoniques rĂ©duit Ă  un quart d’heure cumulĂ©. Mumia est menottĂ© et enchaĂźnĂ© dĂšs qu’il sort de sa cellule, mĂȘme pour aller prendre une douche, et il a Ă©tĂ© privĂ© de tous ses effets personnels, de livres, de radio, de tĂ©lĂ©vision et de machine Ă  Ă©crire. Ce rĂ©gime va durer deux ans.
En octobre 2014, Mumia Abu-Jamal adressĂ© via un message enregistrĂ© l’ouverture au Goddard College, au Vermont. La rĂ©action du monde politique Ă  cette intervention a Ă©tĂ© rapide : Le projet de Loi « Relief Act Revictimisation Â» privant les prisonniers de Pennsylvanie de leur droit d’expression (notamment Ă  propos de leur condamnation) est adoptĂ©, en procĂ©dure d’urgence, par les deux chambres de l’Etat.
Le 30 mars 2015, Mumia, agĂ© de 61 ans, est hospitalisĂ© d’urgence en raison d’un choc diabĂ©tique qui l’a plongĂ© dans le coma. A l’hĂŽpital, Mumia est placĂ© Ă  l’isolement. Ce ne sera qu’en mai qu’il pourra parler Ă  son Ă©pouse au tĂ©lĂ©phone. Il reste dans un Ă©tat de faiblesse extrĂȘme, il a perdu 22 kg et n’est plus en Ă©tat de se nourrir lui mĂȘme.

Déclaration de Mumia Abu-Jamal (2001)

Moi, Mumia Abu Jamal, je déclare:

Je suis le requĂ©rant dans cette action. Si j’étais appelĂ© en tant que tĂ©moin, je pourrais tĂ©moigner par ce formulaire de mes connaissances personnelles.

Je n’ai pas tuĂ© l’officier de police Daniel Faulkner. Je n’avais rien Ă  voir avec le meurtre de l’officier Faulkner. Je suis innocent.

Durant mon procĂšs, on m’a refusĂ© le droit de me dĂ©fendre moi-mĂȘme. Je n’avais aucune confiance en mon avocat commis d’office, qui ne m’a mĂȘme jamais demandĂ© ce qui s’était passĂ© la nuit durant laquelle on m’a tirĂ© dessus et oĂč l’officier de police a Ă©tĂ© tuĂ©. De plus, j’ai Ă©tĂ© exclu d’au moins la moitiĂ© de mon procĂšs.

A partir du moment oĂč l’on m’a refusĂ© tous mes droits durant mon procĂšs, je n’ai pas tĂ©moignĂ©. Je ne souhaitais pas ĂȘtre utilisĂ© pour faire croire Ă  un procĂšs Ă©quitable.

Je n’ai pas tĂ©moignĂ© lors de la post-condamnation de 1995 sur conseil de mon avocat, Leonard Weinglass, qui m’a explicitement dit de ne pas le faire.

Aujourd’hui, pour la premiĂšre fois, on m’a donnĂ© l’opportunitĂ© de dire ce qu’il m’est arrivĂ© aux petites heures du 9 dĂ©cembre 1981. Voici ce qui s’est passĂ©:

En tant que taximan, je choisissais rĂ©guliĂšrement la 13Ăšme et Locust Street parce que c’était une zone populaire de clubs, avec beaucoup de circulation piĂ©tonne. Dans la nuit du 9 dĂ©cembre 1981, je travaille Ă  partir d’United Cab. Je crois que je revenais d’avoir Ă©tĂ© faire une course Ă  West Philly.

J’étais en train de remplir mon journal de bord lorsque j’ai entendu des cris. J’ai jetĂ© un oeil dans mon rĂ©troviseur et j’ai vu la lumiĂšre du gyrophare d’une voiture de patrouille de police. Ce n’était pas inhabituel. J’ai continuĂ© Ă  remplir ma feuille de route lorsque j’ai entendu ce qui ressemblait Ă  des coups de feu. J’ai Ă  nouveau regardĂ© dans mon rĂ©troviseur et j’ai vu des gens courir de haut en bas de Locust Street.

En regardant plus attentivement, j’ai reconnu mon frĂšre, debout dans la rue, titubant, troublĂ©.

J’ai immĂ©diatement quittĂ© mon taxi et j’ai couru vers son appel. Comme je traversais la rue, j’ai vu un officier en uniforme, tournĂ© vers moi, une arme Ă  la main. J’ai vu un flash et suis tombĂ© Ă  genou. J’ai fermĂ© les yeux et me suis assis, pour reprendre mon souffle.

La chose suivante dont je me souviens, c’est de me sentir frappĂ© et ĂȘtre sorti de ma stupeur.

Quand j’ai rĂ©ouvert les yeux, il y avait des policiers tout autour de moi. Ils gueulaient, juraient, m’attrapaient et me tiraient. Je me suis senti faiblir et j’avais du mal Ă  parler. Regardant Ă  travers cette foule de policiers, je vois mon frĂšre, du sang coulant le long de son cou, un policier le maintenant couchĂ© sur le trottoir.

On m’a remis sur mes pieds et percutĂ© contre un tĂ©lĂ©phone oĂč je suis tombĂ©, puis on m’a jetĂ© dans un combi. Je pense que j’ai dormi jusqu’à ce que j’entende la porte s’ouvrir. Un officier blanc, vĂȘtu d’une chemise blanche, est entrĂ© en jurant et m’a frappĂ© au visage. Je ne me souviens pas de ce qu’il a dit sauf de beaucoup de ‘nĂšgre‘, de ‘black mother fucker‘ et autres.

Je suppose qu’il est parti et que je me suis rendormi. Je ne me souviens pas du combi qui roule pendant un moment. Je me suis rĂ©veillĂ© pour entendre le conducteur parler de son prisonnier dans sa radio. J’apprends par le grĂ©sillement anonyme de la radio que je suis en route pour le bĂątiment de l’administration de la police, Ă  quelques blocs. Puis, des sons tels que ‘I.D.D.‘ et ‘M.I.‘ sortent de la radio, disant au conducteur d’aller Ă  l’hĂŽpital Jefferson.

A mon arrivée, je suis jeté par terre et battu.

Je suis Ă  nouveau battu devant les portes de l’hĂŽpital. A cause du sang dans mes poumons, il m’était difficile de parler, impossible de gueuler.

Je n’ai jamais rien avouĂ© parce que je n’avais rien Ă  avouer. Je n’ai jamais dit que j’avais tuĂ© le policier. Je n’ai pas tuĂ© le policier. Je n’ai jamais dit que je souhaitais qu’il meurt. Je ne dirais jamais une chose pareille.

Je dĂ©clare sous peine de parjure des lois des Etats-Unis que mes dĂ©clarations sont vraies et correctes, rĂ©digĂ©es par moi-mĂȘme le 3 mai 2001 Ă  Waynesburg, Pennsylvanie.

Conférence de Claude Guillaumaud-Pujol sur Mumia et le BPP

Le 20 fĂ©vrier 2009, le Secours Rouge a organisĂ© Ă  Bruxelles une ConfĂ©rence de Claude Guillaumaud-Pujol sur le Black Panther Party et le cas Mumia Abu-Jamal. Claude Guillaumaud-Pujol est nĂ©e le 16 avril 1945 Ă  Tours. En tant qu’universitaire spĂ©cialisĂ©e en civilisation amĂ©ricaine, elle s’est rendue en 1990 Ă  Philadelphie afin de mener sa thĂšse consacrĂ©e Ă  la brutalitĂ© policiĂšre et aux minoritĂ©s. Elle a enseignĂ© dans les universitĂ©s de Tours, Clermont-Ferrand et Marne-la-VallĂ©e. Avec ses Ă©tudiants Ă  Tours, elle fonde un groupe de soutien Ă  Mumia Abu-Jamal et aux MOVE 9: ‘Just Justice TOURS’. Elle est Ă©galement membre du Collectif national ‘Ensemble sauvons Mumia Abu-Jamal’ basĂ© Ă  Paris.

Lire le texte de la confĂ©rence – format pdf

Avant sa confĂ©rence publique, Claude Guillaumaud-Pujol a rĂ©pondu aux questions d’une animatrice de la radio Passe-Muraille. Cet entretien a Ă©tĂ© diffusĂ© sur les ondes le lendemain de la soirĂ©e, dans le cadre de l’émission sur la prison diffusĂ©e tous les dimanches.

Lire la retranscription de l’entretien

Pour en savoir plus

Sur le Black Panther Party:

Voir notre dossier

Sur l’affaire Mumia Abu Jamal:

Voir le site du comité de soutien français

Voir le site du comité de soutien américain

Brochure disponible (format .pdf):

Bibliographie de Mumia Abu-Jamal en français:

En direct du couloir de la mort
-(Posteface de Léonard Weinglass)
-Editions ‘La dĂ©couverte’
-€ 12,96

En direct du couloir de la mort
-(Préface de Jacques Derrida)
-Editions ‘La dĂ©couverte/Poche’
-€ 8,54

La mort en fleurs
-(Posteface de Léonard Weinglass)
-Editions ‘Le Temps des Cerises’
-€ 12,96

We want freedom – Une vie dans le parti des Black Panthers
-Editions ‘Le Temps des Cerises’
-€ 15

Affiche du Secours Rouge International pour Mumia Abu-Jamal

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Mumia Abu Jamal
Livre de Mumia Abu Jamal
Livre de Mumia Abu Jamal
Livre de Mumia
Livre de Mumia

Présentation du dossier

Il y a trois grand groupes de prisonniers rĂ©volutionnaires dans les prisons espagnoles. Il y a les prisonniers appartenant Ă  la gauche nationaliste basque, il y a les prisonniers appartenant Ă  la mouvance anarchistes, et il y a les prisonniers appartenant Ă  la mouvance communiste/antifasciste. C’est Ă  ce dernier groupe qu’est consacrĂ© ce dossier.

Bilan chiffré de la répression contre le mouvement communiste et antifasciste de 1975 à décembre 2008

Ce bilan concerne les militants et les sympathisants des organisations suivantes:

Une organisation du guérilla:

–Groupes de RĂ©sistance Antifasciste Premier Octobre

Cinq organisations politiques:

–Parti Communiste d’Espagne reconstituĂ© (PCE(r))
–Union des Jeunesses Antifascistes (UJA)
–Organisation DĂ©mocratique des Étudiants Antifascistes
–Peuple et Culture
–Femmes Antifascistes

Trois organisations anti-répression:

–Secours Rouge (annĂ©es ’70)
–Association des Parents et Amis des Prisonniers Politiques
–Secours Rouge International (annĂ©es ‘2000)

Nombre de personnes arrĂȘtĂ©es: entre 3.100 et 3.500 personnes (selon les diffĂ©rentes analyses), avec une pointe de 380 dĂ©tenus en 1979.

Nombre de personnes emprisonnées aprÚs condamnation: entre 1400 et 1420.

Nombre de personnes torturées et maltraitées: entre 1.500 et 1.550 (seulement quatre policiers furent condamnés pour cela).

Militants assassinés, tués au combats, mort sous la torture ou en détention: 28, soit:

6 militants du PCE(r):

–Juan Carlos Delgado de Codes assassinĂ© en 1979 par la police
–Francisco Javier MartĂ­n Eizagirre assassinĂ© en 1979 par le ‘BatallĂłn Vasco Español’ (un escadron de la mort chapeautĂ© par les services secrets).
–Aurelio FernĂĄndez Cario assassinĂ© en 1979 par le ‘BatallĂłn Vasco Español’
–JosĂ© España Vivas mort en 1980 sous la torture Dans les locaux de la DGS
–Kepa Crespo Galende mort en 1981 dans une grùve de la faim contre l’isolement
–Txomin Muiños Formoso mort en 1986 suite aux carences de la mĂ©decine pĂ©nitentiaire.

16 militants des GRAPO:

–JosĂ© Vicente Artigues tuĂ© en 1976 par la police
–Pedro Tabanera PĂ©rez tuĂ© en 1979 par la guardia civil
–RaĂșl Calero Arcones tuĂ© en 1979 par la guardia civil
–Carmen LĂłpez SĂĄnchez tuĂ©e en 1979 par la guardia civil
–Abelardo Collazo Araujo tuĂ© en 1980 par la police nationale
–Josefa JimĂ©nez Zamora morte en 1981 suite aux tortures infligĂ©es par la police
–Roberto Liñeira Oliveira tuĂ© en 1981 par la guardia civil
–Antonio Cabezas Bella tuĂ© en 1981 par la guardia civil
–Dolores Castro Saa torturĂ©e et assassinĂ©e en 1981 par la guardia civil
–Albino Gabriel LĂłpez torturĂ© et assassinĂ© en 1981 par la guardia civil
–Enrique CerdĂĄn Calixto tuĂ© en 1981 par la police nationale
–Juan MartĂ­n Luna tuĂ© en 1982 par la police nationale
–Luis RodrĂ­guez MartĂ­nez mort par suicide en 1983 aprĂšs trois annĂ©es d’isolement carcĂ©ral total.
–Juan GarcĂ­a Rueda tuĂ© en 1984 par la police nationale
–JosĂ© Manuel Sevillano MartĂ­n mort en 1990 lors d’une grĂšve de la faim contre l’isolement
–JosĂ© MarĂ­a SĂĄnchez Casas mort en 2001 suite aux carences de la mĂ©decine pĂ©nitentiaire

Un militant du PCE(r) et des Commandos Autonomes anti-capitalistes:

–Goyo FernĂĄndez Riaño tuĂ© en 1979 par la police municipale.

En outre cinq militants des GRAPO sont tombés pendant des actions armées:

–JosĂ© LĂłpez Ragel en 1976
–Fausto Peña Moreno en 1976
–Isabel Santamaría del Pino en 1993
–Pedro Luis Cuadrado Delabat en 1993
–ValentĂ­n Benito Iñigo en 1993

Militants ayant gardé des séquelles irréversibles des mauvais traitements de la police: 4 souffrants de paraplégie totale

Militants ayant gardé des séquelles irréversibles à cause des luttes (grÚve de la faim) et de leur répression lors la détention: 12 souffrants de scléroses multiples, du syndrome de Korsakov ou du syndrome de Werningke

Militants ayant gardé des séquelles graves à cause des mauvais traitements en prison: 30 souffrant du systÚme neuro-moteur, de démence ou de pathologies cardiaques

Militants ayant gardé des séquelles graves à cause des tirs de la police: 5

Membre des familles torturés, détenus ou exhibés au commissariat pour faire pression sur les militants détenus: 82

Militants emprisonnĂ©s extradĂ©s de la France vers l’Etat espagnol: 12

Militants extraits de prison et remis Ă  la police pour de nouvelles tortures: 3 (en 1976, 1978 et 1979)

Bilan de la ‘guerre sale’ des escadrons de la mort comme le BVE ou les GAL:

-Deux personnes ont été assassinées à Paris par le BVE.
-Plusieurs bombes contre les cabinets des avocats des prisonniers
-Trois militants ont Ă©tĂ© sĂ©questrĂ©s par les GAL: Pedro Emilio Ruiz Serrano en 1979, Pepe BalmĂłn en 1983, JesĂșs Cela Seoane en 1990.
-Deux prisonniers politiques ont souffert du ‘GAL carcelario’.
-40 militants ou sympathisants ont été victimes des bandes fascistes.

Publications interdites:

-Revues militantes Crash et Area CrĂ­tica, le bulletin de l’Association des Familles et amis des Prisonniers Politiques: A la calle, la revue Solidaridad, Ă©ditĂ©e par le SRI, les revues Bandera Roja, Gaceta Roja, Resistencia et Antorcha, toutes Ă©ditĂ©es par le PCE(r)

Organisations politiques et sociales étrangÚres à la lutte armée criminalisées et poursuivies: 8

-Socorro Rojo (1977), ODEA (1978), UJA (1979), Mujeres Antifascistas (1980), Pueblo y Cultura (1981), PCE(r) (2003), AFAPP (2005) et SRI (2005).

Bilan chiffrĂ© de la rĂ©pression entre 1975 et 2008 – format pdf

Et ce bilan ne cesse de s’alourdir. JosĂ© OrtĂ­n MartĂ­nez ‘Rafa’, membre du PCE(r) et des GRAPO, est mort le samedi 21 mars 2009 alors qu’il Ă©tait au parloir avec sa famille dans la prison de Fontcalent (Alicante). ‘Rafa’ avait 63 ans, il semble qu’il soit dĂ©cĂ©dĂ© suite Ă  un infarctus. Ce militant communiste, nĂ© Ă  Madrid dans le quartier prolĂ©taire de San Blas, a commencĂ© Ă  militer dans le PCE(r) en 1975. ArrĂȘtĂ© en 1978, il a Ă©tĂ© torturĂ© de maniĂšre barbare puis incarcĂ©rĂ©. AprĂšs 11 annĂ©es de prison, il a Ă©tĂ© remis en libertĂ© en dĂ©cembre 1989. Cependant, Ă  cause de la constante prĂ©sence de la police qui l’a soumis Ă  divers Ă©pisodes de ‘guerre sale’, il est entrĂ© en clandestinitĂ©. Nouvellement arrĂȘtĂ© en octobre 1995, il est condamnĂ© Ă  72 ans de prison. Au total, il a donc passĂ© 25 ans en prison, toujours en rĂ©gime de trĂšs haute sĂ©curitĂ©, supportant toutes sortes de vexations et participant Ă  plus de 10 grĂšves de la faim, certaines desquelles ont durĂ© plusieurs mois. Tout ceci pourrait ĂȘtre Ă  l’origine de son dĂ©cĂšs: les tortures, les heures infinies d’isolement, le cachot, les brimades continuelles auxquels sont soumis chaque prisonnier. JosĂ© OrtĂ­n laisse 3 enfants et sa compagne Concha GonzĂĄlez RodrĂ­guez, elle-mĂȘme emprisonnĂ©e depuis 1995 Ă  cause de son militantisme communiste.

Le 1er avril 2014, c’est Isabel Aparicio Sanchez, qui meurt Ă  l’ñge de 60 ans Ă  la prison spĂ©ciale de Zuera. Elle Ă©tait dĂ©tenue depuis 2007 comme membres du PCE(r), raison pour laquelle elle avait dĂ©jĂ  purgĂ© quatre ans dans les annĂ©es ’80. Cette communiste madrilĂšne, membre du PCE(r) depuis sa fondation en 1975, avait eu de nombreux problĂšmes de santĂ© en prison sans faire l’objet d’un suivi mĂ©dical sĂ©rieux.

Sur le Collectif des prisonniers rĂ©volutionnaires d’Espagne et sur ses luttes

1. Le Collectif des prisonniers

En date de septembre 2008, le collectif se composait de 40 prisonniers, 24 hommes et 16 femmes parmi lesquels l’un est militant du Secours Rouge International – SRI -, 17 du PCE(r) et 22 des GRAPO. En outre, en situation de ‘liberté’ provisoire jusqu’au jugement, bien qu’ils soient passĂ©s par une Ă©tape de prison, on trouve 10 autres militants, 5 du PCE(r) et 5 du SRI.

La politique de rĂ©pression associe la dispersion des prisonniers (rĂ©partis en 25 prisons, tous en ‘Premier Grade de RĂ©gime SpĂ©cial’ – le plus grand isolement). A l’intĂ©rieur des prisons, ils sont dans des modules distincts, ce qui implique que dans la pratique, chaque prisonnier et prisonniĂšre politique du Collectif se trouve en total isolement. Cela donne le cas de prisonniers du Collectif qui ont passĂ© des annĂ©es dans la mĂȘme prison, sans s’ĂȘtre vus une seule fois. En outre, dans la majoritĂ© des prisons, on Ă©vite de les faire cĂŽtoyer d’autres prisonniers politiques (basques ou anarchistes).

Une autre situation alarmante est celle de l’application de fait de la condamnation Ă  perpĂ©tuitĂ©, bien qu’ils devraient dĂ©jĂ  ĂȘtre en libertĂ© avec la partie proportionnelle complĂštement accomplie. DĂ©jĂ , il y a 5 militants du Collectif qui ont Ă©tĂ© condamnĂ©s Ă  vie:

-Miguel Angel Bergado Martinez: 28 ans de prison, condamnation accomplie mais il s’est vu appliquer la condamnation Ă  perpĂ©tuitĂ© qui signifie de fait l’accomplissement intĂ©gral jusqu’en 2011.
-Xaime Simon Quitela: 24 ans de prison, peine accomplie, mais s’est vu appliquer la condamnation Ă  perpĂ©tuitĂ© qui signifie de fait l’accomplissement intĂ©gral jusqu’en janvier 2015.
-Suso Cela Seoane: 19 ans de prison, peine accomplie, mais qui s’est vu appliquer la perpĂ©tuitĂ© jusqu’à l’annĂ©e 2020. Rappelons qu’il fut sĂ©questrĂ© par le GAL de Roldan en janvier 1990, droguĂ©, torturĂ© et seulement remis en libertĂ© parce qu’il n’avait pas l’information que l’État demandait. Ses ravisseurs, gardes civils du Service d’Information, n’ont pas Ă©tĂ© condamnĂ©s, mais bien promus.
-Maria Jesus Romero Vega: 19 ans de prison, peine accomplie. S’est vu appliquer la condamnation Ă  perpĂ©tuitĂ© de fait, jusqu’en 2020.
-Olga Oliveira Alonso: 18 ans de prison, peine accomplie. S’est vu appliquer la condamnation Ă  perpĂ©tuitĂ© de fait, jusqu’en 2020.

Quant Ă  la situation sanitaire, nous rappelons qu’il y a 4 prisonniers qui ont des maladies graves et incurables et sont emprisonnĂ©s de fait:

-Manuel PĂ©rez Martinez, SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du PCE(r), ĂągĂ© de 64 ans, 16 ans de prison en trois fois. Il souffre de graves troubles oculaires, une hernie de hiatus et une grave faiblesse gĂ©nĂ©rale due Ă  la situation brutale d’emprisonnement et d’isolement. Il Ă©tĂ© jugĂ© pour toutes et chacune des actions du GRAPO des derniĂšres annĂ©es. AcquittĂ© pour tout cela, il reste en prison.
-Maria JosĂ© Banos Andujar, militante des GRAPO, 15 ans de prison en deux fois. Elle nĂ©cessite une greffe du foie et souffre du V.I.H., et en situation d’emprisonnement, elle ne bĂ©nĂ©ficie d’aucun traitement.
-Manuel Arango Riego, militant du PCE(r), ĂągĂ© de 62 ans, 7 ans de prison en deux fois. Il souffre d’une grave sciatique chronique qui l’empĂȘche d’effectuer le moindre travail au minimum normal. De graves problĂšmes de mobilitĂ© exigent l’aide d’un autre prisonnier politique. HypermĂ©dicalisĂ©.
-Carmen Munos Martinez, militante du PCE(r). 26 ans de prison en trois fois. Elle souffre d’un cancer du sein dont elle devrait ĂȘtre opĂ©rĂ©e et se soumettre Ă  de dures sessions de chimiothĂ©rapie et autres diffĂ©rentes sessions de rééducation, prĂ©judiciables Ă  sa santĂ©. HypermĂ©dicalisĂ©e.

Dans les prisons, les prisonniers rĂ©volutionnaires ont leurs communications, appels tĂ©lĂ©phoniques et visites contrĂŽlĂ©es. En rĂšgle gĂ©nĂ©rale, il leur est seulement permis d’envoyer deux lettres par semaines et trois appels tĂ©lĂ©phoniques de 5 minutes Ă  leurs familles. Les visites durent entre 40 et 50 minutes chaque semaine et ne sont pas cumulables. Presque tous les militants du Collectif souffrent en plus de la dispersion gĂ©ographique de sa nationalitĂ© ou rĂ©gion d’origine. Les Galiciens en prison en Andalousie, les Basques, idem; Les Andalous en prison dans le Nord, les MadrilĂšnes, Ă  Valence, et ainsi successivement. C’est une punition infligĂ©e Ă  leurs familles et amis qui vont les visiter, puisque pour une rencontre de 40 minutes, il doivent effectuer un voyage par exemple de 2.200 kilomĂštres (Santurtzi – Algeciras), en au moins deux jours et avec des centaines d’euros de frais. En outre des accidents qui viennent se produire par la dispersion, le dernier Ă  Grenade d’amis de prisonniers politiques en fĂ©vrier 2007. La situation alimentaire est une autre arme de tentative d’extermination. Mauvaise nourriture, aliments pĂ©rimĂ©s (y compris ceux destinĂ©s aux prisonniers politiques malades), Ă©conomat carcĂ©ral Ă  prix prohibitifs, ce qui rend les maladies buccodentaires et d’estomac chroniques pour la grande majoritĂ© d’entre eux.

2. Les grĂšves de la faim

En 1980, les prisonniers communistes et antifascistes mĂšnent une grĂšve de la faim contre l’isolement. Sevillano Crespo Galende, militant des GRAPO, meurt aprĂšs 94 jours de grĂšve. VidĂ©o (en deux partie) sur le dĂ©cĂšs de Sevillano Crespo Gallende lors de la grĂšve de la faim:

En novembre 1989 commença une nouvelle grĂšve de la faim des prisonnier(e)s politiques pour mettre fin Ă  l’isolement carcĂ©ral. Le 25 mai 1990, le militant des GRAPO JosĂ© Manuel Sevillano MartĂ­n ‘Sevi’ meurt aprĂšs 177 jours de grĂšve de la faim Ă  la prison de Grenade, malgrĂ© l’alimentation forcĂ©e.

3. Parole aux prisonniers

Lettre de Josefina García Aramburu, prisonniùre du PCE(r), 16 juin 2007 – format pdf

Interview d’Isabel Llaquet, prisonniĂšre du PCE(r), aprĂšs sa libĂ©ration (2007) – format pdf

Un aperçu de la politique des peines en Espagne

Miguel Ángel Bergado MartĂ­nez, dĂ©tenu politique antifasciste, aura accomplit le 8 mai 28 ans de prison. Bergado a pris un contact avec les GRAPO en 1979, en se mettant Ă  faire partie de ses commandos opĂ©rationnels. Il est passĂ© Ă  la clandestinitĂ© en 1980 et il a pris part Ă  l’infrastructure qui a obtenu la libertĂ© des 5 militants du PCE (r) et des GRAPO qui se sont Ă©vadĂ©s de la prison de Zamora le 17 dĂ©cembre 1979. Il a Ă©galement participĂ© aux actions armĂ©es qui ont coĂ»tĂ© la vie Ă  un gĂ©nĂ©ral de l’ArmĂ©e espagnole et Ă  un sous-officier de la police nationale.

ArrĂȘtĂ© le 8 mai 1981, quand il avait 23 ans, il a Ă©tĂ© cruellement torturĂ© et emprisonnĂ©. CondamnĂ© Ă  55 ans de prison en 1990 et transfĂ©rĂ© Ă  la prison de Puerto II, pendant la grĂšve de la faim dĂ©veloppĂ©e pendant 435 jours par 58 prisonniers et prisonniers politiques du PCE (r) et des GRAPO, il a eu un grave affrontement avec un gardien de prison qui se montrait spĂ©cialement brutal avec les grĂ©vistes. Comme rĂ©sultat de l’affrontement, le gardien de prison a Ă©tĂ© gravement blessĂ©. Depuis cette date, encore plus s’il tient, il a Ă©tĂ© spĂ©cialement soumis Ă  un contrĂŽle absolu, Ă  des isolements et Ă  des mauvais traitements. Il a Ă©tĂ© transfĂ©rĂ© dans 22 prisons.

Il devait ĂȘtre remis en libertĂ© en novembre 2006, aprĂšs avoir accompli 25 ans et demi de prison, mais on lui a appliquĂ© de fait la rĂ©clusion perpĂ©tuelle, et selon la derniĂšre loi, appliquĂ©e avec un caractĂšre illĂ©gal rĂ©troactif, il ne sera pas libĂ©rĂ© avant 2011. Il se trouve actuellement prisonnier 1er degrĂ© dans la prison de Puerto de Santa Maria, Ă  1000 kilomĂštres de sa famille et de son entourage. Il est, Ă  cĂŽtĂ© du militant d’ETA Joxe Mari Sagardui ‘Gatza’ (qui aura accompli le 8 juillet 29 ans de dĂ©tention!) le prisonnier politique qui aura accompli le plus d’annĂ©es.

Rappelons que pendant ce temps, les assassins de l’État jouissent d’une libertĂ© absolue. C’est le cas des membres des Groupes Antiterroristes de LibĂ©ration (Grupos Antiterroristas de LiberaciĂłn, GAL), ces escadrons de la mort créés dans les services spĂ©ciaux espagnols (CESID), la Guardia Civil et la PolicĂ­a Nacional, sous le gouvernement socialiste de Felipe GonzĂĄlez, sous la responsabilitĂ© du ministre de l’intĂ©rieur JosĂ© Barrionuevo et dont le but Ă©tait de lutter contre ETA au moyen d’enlĂšvements, de tortures et d’assassinats extra-judiciaires (avec la complicitĂ© de policiers français). Quatre exemples (deux dirigeants, deux exĂ©cutants):

* Enrique RodrĂ­guez Galindo. Ce gĂ©nĂ©ral de la Guardia Civil est le principal fondateur et un exĂ©cuteur des GAL. AprĂšs une dĂ©tention prĂ©ventive entre le 23 mai et le 2 aoĂ»t 1996 et entre le 15 septembre 1997 et le 26 juin 1998, Galindo a Ă©tĂ© condamnĂ© par la cours SuprĂȘme pour la sĂ©questration, l’assassinat et la disparition des militants basques Lasa et de Zabala Ă  75 ans et 6 mois de prison le 9 mai 2000. Le 1er octobre 2004, il est sorti dans un rĂ©gime ouvert pour ‘raisons de santé’. Au total, cinq ans et cinq mois en prison de luxe. Sa libertĂ© conditionnelle – sans un contrĂŽle mensuel, bien que les Institutions PĂ©nitentiaires disent qu’il est hebdomadaire, chose dĂ©montrĂ©e incertaine – en 2013. Il vit dans un quartier riche de Saragosse, sans aucun problĂšme de santĂ© et d’argent. Pour avoir organisĂ© sept assassinats, dirigĂ© les GAL et ordonnĂ© centaines de tortures: 5 ans de prison.

* JosĂ© JuliĂĄn Elgorriaga Goyeneche. Ce dirigeant du parti socialiste espagnol (ex-dĂ©lĂ©guĂ© du Gouvernement au Pays-Basque), commanditaire des GAL, a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  75 ans de prison pour assassinats, sĂ©questration, disparition et pour avoir dirigĂ© une organisation terroriste. Il a Ă©tĂ© admis en prison le 9 mai 2000 – il a Ă©tĂ© avant en prĂ©ventive sept mois – et est sorti un an aprĂšs, le 23 juillet 2001, pour ‘raison de santé’. Au total, un an et neuf mois en prison de luxe (3% de la condamnation).

* Enrique Dorado Villalobos. Ce sergent de la Guardia civil Ă©tait un exĂ©cuteur des GAL et un tortionnaire identifiĂ© par des centaines de prisonniers torturĂ©s. CondamnĂ© pour l’assassinat des militants basques Lasa et de Zabala Ă  71 ans de prison, il a Ă©tĂ© admis pour la premiĂšre fois en rĂ©clusion prĂ©ventive en mai 1996 et, condamnĂ©, le 9 mai 2000. Le 16 mars 2002, il est sorti en 3Ăšme degrĂ© de AlcalĂĄ-Meco. Au total, il aura fait six ans pour terrorisme, assassinats et sĂ©questration. En plus d’ĂȘtre un mafieux impliquĂ© dans le trafic de stupĂ©fiants de centaines de kilogrammes de cocaĂŻne et d’autres drogues et dans des dizaines de vols, certains avec une violence extrĂȘme, il a seulement accompli deux ans de prison pour une condamnation prĂ©cĂ©dente pour un vol dans un magasin d’IrĂșn.

* Felipe Bayo Leal. Membre des GAL et de la Guardia Civil avec le mĂȘme pedigree que celui de Dorado: condamnĂ© pour la sĂ©questration, l’assassinat et la disparition de Lasa et de Zabala Ă  71 ans de prison, il a Ă©tĂ© admis en prĂ©ventive en mai 1996 et il s’est mis, avec diffĂ©rentes pĂ©riodes d’une libertĂ©, Ă  exĂ©cuter une forte peine quatre ans aprĂšs. Il est sorti en mars 2002. Au total, six ans dans une prison de luxe.

Et il en va de mĂȘme pour tous les commanditaires, fondateurs, dirigeants et exĂ©cutants des GAL. Certains n’ont tout simplement pas Ă©tĂ© inquiĂ©tĂ©s (ainsi la direction du PSOE alors au pouvoir), d’autres ont purgĂ© des peines de prison symboliques. Pour rappel, entre 1983 et 1987, les GAL ont assassinĂ©s 27 personnes et gravement blessĂ©s de nombreuses autres. (mai 2009)

Pour en savoir plus sur le GAL

La répression contre le Secours Rouge en Espagne

La gauche nationaliste basque n’est pas la seule Ă  ĂȘtre ciblĂ©e par la nouvelle ‘loi des partis’ en Espagne. Cette loi considĂšre que tous les partis, associations et organisations politiques lĂ©gales qui refusent de dĂ©noncer une organisation armĂ©e doivent ĂȘtre interdites et poursuivies comme ‘complices’. C’est sur cette base que toutes les organisations, partis, journaux de la gauche nationaliste basque ont Ă©tĂ© interdits en tant que ‘façade lĂ©gale’ d’ETA. C’est aussi sur base de cette loi que le Secours Rouge International a Ă©tĂ© interdit en Espagne, et plusieurs militants emprisonnĂ©s.

Le 24 janvier 2008, c’est l’arrestation de militants d’organisations solidaires avec les prisonniers: d’Erlantz Cantabrana Berrio (militant connu de l’association des familles de prisonniers, avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© par la police en 2004), de Fernando RodrĂ­guez Blanco, de Juan Manuel Olarrieta Alberdi et de JosĂ© Luis FernĂĄndez GonzĂĄlez (un ancien militant qui avait purgĂ© sa peine de prison dans les annĂ©es 80, lors de sa premiĂšre arrestation, en 1980, des tirs de la garde civile avait entraĂźnĂ© la paralysie de FernĂĄndez GonzĂĄlez qui est obligĂ© depuis Ă  se dĂ©placer en chaise roulante), et de Carlos Cela Seoane. Le ministre espagnol de l’IntĂ©rieur, Alfredo PĂ©rez Rubalcaba, a estimĂ© que les personnes arrĂȘtĂ©es ‘sont des membres lĂ©gaux liĂ©s Ă  des activitĂ©s de financement, prosĂ©lytisme et formation‘ des GRAPO.

De gauche Ă  droite et de haut en bas, les cinq militants du Secours Rouge arrĂȘtĂ©s en janvier 2008: Juan Manuel Olarieta Alberdi, Carlos Cela Seoane, Fernando RodrĂ­guez Blanco, JosĂ© Luis FerĂĄndez GonzĂĄlez et Fernando Cantabrana Berrio.

Fernando RodrĂ­guez Blanco a Ă©tĂ© libĂ©rĂ© le 23 septembre 2008 (avec paiement d’une caution et obligation d’aller chaque semaine signer un registre). Le 2 octobre 2008, c’est Erlantz Cantabrana Berrio qui a pu, dans les mĂȘmes conditions, quitter la prison de Navalcarnero. Carlos Cela suivi le 24 octobre 2008. Tous les militants du Secours rouge d’Espagne sont finalement sorti de prison. Ils sont en libertĂ© provisoire en attendant un Ă©ventuel procĂšs.

VidĂ©o rĂ©alisĂ©e par le SR d’Espagne sur l’arrestation de Carlos Cela et la campagne pour sa libĂ©ration:

Une vidĂ©o de cinq minutes montre l’accueil Ă  La Corogne (Galice) de Carlos Cela, aprĂšs sa libĂ©ration de la prison de Valdemoro le 24 octobre 2008: voir cette vidĂ©o

Histoire du PCE(r) et des GRAPO

1. Origine et principes du PCE(r)

Le Parti Communiste d’Espagne (reconstituĂ©) est issu de l’élan rĂ©volutionnaire des annĂ©es 1960, oĂč se conjuguent la crise capitaliste, la guerre du Vietnam, la rĂ©volution culturelle en Chine, le mouvement de mai-juin 1968 en France
 Ce sont des annĂ©es oĂč, dans tous les pays du monde, les partis communistes pro-soviĂ©tiques sont critiquĂ©s et oĂč de nouvelles organisations rĂ©volutionnaires sont formĂ©es. En Espagne, les rĂ©volutionnaires ‘reconstituent’ le Parti Communiste d’Espagne (en opposition au PCE rĂ©formiste de Santiago Carillo), et estiment continuer la guerre civile antifasciste commencĂ©e lors des annĂ©es 1930.

L’Organisation Marxiste-LĂ©niniste d’Espagne (OMLE), une des premiĂšres organisations nĂ©es dans cette pĂ©riode en Espagne, donnera naissance au PCE(r) en juin 1975, au moment oĂč l’Espagne passe du fascisme ouvert Ă  un rĂ©gime se prĂ©tendant dĂ©mocratique. Le PCE(r) se revendique de Marx, Engels, LĂ©nine et Staline, et Ă  peine nĂ©, il jouera un rĂŽle important dans la dĂ©nonciation de la ‘RĂ©forme’.

Le PCE(r) se propose principalement ‘d’organiser la classe ouvriĂšre dans la lutte contre le systĂšme capitaliste, pour parvenir Ă  la dĂ©molition complĂšte de son appareil bureaucratico-militaire, et l’instauration de la dictature du prolĂ©tariat contre la bourgeoisie. Actuellement le Parti centre ses principaux efforts sur l’éducation et l’organisation politique de la classe ouvriĂšre, dĂ©fend l’unitĂ© d’action avec d’autres organisations ouvriĂšres et populaires et la lutte de rĂ©sistance contre le fascisme et l’impĂ©rialisme, lutte qui conduit Ă  accumuler les forces rĂ©volutionnaires et Ă  crĂ©er les conditions pour le dĂ©roulement de la Guerre Populaire ProlongĂ©e et le triomphe de l’insurrection armĂ©e gĂ©nĂ©rale. (
)‘

‘L’objectif stratĂ©gique que poursuit le Parti est la dĂ©molition de l’Etat fasciste, l’expropriation de l’oligarchie financiĂšre – propriĂ©taire terrienne – et l’instauration de la RĂ©publique Populaire. Le prolĂ©tariat est la classe la plus exploitĂ©e et opprimĂ©e, la mieux organisĂ©e et la plus rĂ©volutionnaire de la population et par cela mĂȘme la classe appelĂ©e Ă  diriger d’autres secteurs populaires; le prolĂ©tariat constitue la principale force motrice de la rĂ©volution. Joints Ă  la classe ouvriĂšre, les petits paysans et beaucoup d’autres travailleurs et semi-prolĂ©taires (petits transporteurs, les employĂ©s, autonomes, etc.), ainsi que les peuples des nations opprimĂ©es et les intellectuels progressistes pourront prendre une part active dans la lutte pour la destruction du capitalisme ou observer une position de neutralitĂ©. (
) Avec l’instauration de la RĂ©publique Populaire commencera une pĂ©riode qui ira de la destruction de l’État fasciste et impĂ©rialiste Ă  l’instauration de la dictature du prolĂ©tariat. Cette pĂ©riode couvrira une courte Ă©tape de transition qui pourra ĂȘtre considĂ©rĂ©e aussi comme le commencement de la restructuration socialiste, laquelle devra ĂȘtre prĂ©sidĂ©e par un gouvernement provisoire qui agira comme organe des grandes masses du peuple soulevĂ© en armes. (
)‘

Le programme du PCE(r) pour une étape de transition se résume en seize points :

–Formation d’un Gouvernement Provisoire DĂ©mocratique RĂ©volutionnaire.
–CrĂ©ation de Conseils ouvriers et populaires comme base du nouveau pouvoir.
–Dissolution de tous les corps rĂ©pressifs de la rĂ©action et armement gĂ©nĂ©ral du peuple.
–LibĂ©ration des prisonniers politiques antifascistes et mise en procĂšs de leur tortionnaires et assassins contre-rĂ©volutionnaires. Large grĂące pour les prisonniers sociaux.
–Expropriation et nationalisation des banques des grandes propriĂ©tĂ©s agricoles, des monopoles industriels et commerciaux et des principaux moyens de communication.
–Reconnaissance au droit Ă  l’autodĂ©termination des peuples basque, catalan et galicien. IndĂ©pendance pour la colonie africaine des Canaries. Retour de Ceuta Y Melila au Maroc.
–Suppression de tous les privilĂšges Ă©conomiques et politiques de l’Eglise; sĂ©paration radicale de l’Eglise et de l’école. LibertĂ© de conscience.
-LibertĂ© d’expression, d’organisation et de manifestation pour le peuple. Le droit de grĂšve sera une conquĂȘte irrĂ©versible des travailleurs.

–Incorporation de la femme, sur un pied absolu d’égalitĂ© avec l’homme, dans la vie Ă©conomique, politique et sociale.
–Reconnaissance de tous les droits Ă©lectoraux, politiques, sociaux, etc. des travailleurs immigrĂ©s. Suppression de toute forme d’oppression et de discrimination raciale, sexuelle et culturelle.
–RĂ©duction de la journĂ©e de travail. Travail pour tous. AmĂ©lioration des conditions de vie et de travail.
–Logements dignes et Ă©conomiques; sĂ©curitĂ© sociale, santĂ© et enseignement Ă  la charge de l’Etat.
–Droit de la jeunesse Ă  recevoir une formation intĂ©grale et gratuite, droit Ă  un travail sain et bien rĂ©tribuĂ©, de disposer de locaux et d’autres moyens pour le libre dĂ©roulement de ses activitĂ©s.
–Sortie immĂ©diate de l’OTAN et de l’UE, ainsi que des autres organisations créées pour l’agression et le pillage impĂ©rialiste.
–DĂ©mantĂšlement des bases militaires Ă©trangĂšres sur notre territoire et rĂ©intĂ©gration de Gibraltar.
–Application des principes de coexistence pacifique dans les relations avec tous les pays. Appui de la lutte de libĂ©ration des peuples opprimĂ©s.

2. Fondation des GRAPO

Le PCE(r) considĂšre qu’il y avait une phase intermĂ©diaire avant la dictature du prolĂ©tariat. Nous avons Ă©galement vu que le PCE(r) Ă©tait le PC d’Espagne de la guerre antifasciste reconstituĂ©. Une consĂ©quence directe est l’appui du PCE(r) Ă  la lutte armĂ©e des Groupes RĂ©volutionnaires antifascistes du Premier Octobre, les GRAPO.

Les GRAPO ont Ă©tĂ© fondĂ©s durant l’étĂ© 1975, cinq mois aprĂšs la reconstitution du PC d’Espagne, Ă  partir du noyau du PCE(r) s’occupant des actions militaires (financement, rĂ©pression des indicateurs
). Le PCE(r) avait dĂ©cidĂ© de la crĂ©ation d’une organisation ‘encadrant le plus grand nombre possible de combattants anti-fascistes, formant ses propres cadres (ne devant pas ĂȘtre nĂ©cessairement de membres du Parti ni professer l’idĂ©ologie communiste); en outre, on exigeait que l’Organisation agirait dorĂ©navant de façon autonome du Parti et qu’elle adopterait ses propres dĂ©cisions’. Ainsi les GRAPO ne sont pas le PCE(r), et vice-versa. Le PCE(r) ne fait qu’appuyer les GRAPO, qui sont Ă©galement composĂ©s d’antifascistes, de dĂ©mocrates, etc. mĂȘme si dans la pratique, le PCE(r) s’est toujours trouvĂ© ĂȘtre la principale origine des militant(e)s des GRAPO. C’est une rĂ©alitĂ© spĂ©cifique puisque les autres organisations rĂ©volutionnaires armĂ©es en Europe dĂ©fendaient la thĂšse de l’unitĂ© de l’organisation politique et de l’organisation militaire (cf. par exemple le projet de ‘Parti Communiste Combattant’ des Brigades Rouges).

Les premiĂšres actions des GRAPO consistĂšrent en une rĂ©ponse claire Ă  ce qui est connu comme ‘l’étĂ© de la terreur’, oĂč les forces fascistes rĂ©primĂšrent violemment les masses populaires, et oĂč furent passĂ©es les premiĂšres lois antiterroristes (qui furent Ă©largies par les gouvernements ‘dĂ©mocratiques’). Le 2 aoĂ»t, deux membres de la Guardia Civil furent attaquĂ©s par les GRAPO en plein centre de Madrid, un fut tuĂ© et l’autre griĂšvement blessĂ©. Le dĂ©but des GRAPO fut un processus difficile. Le 27 septembre, l’Etat fasciste exĂ©cuta cinq antifascistes (deux membres d’ETA et trois membres du FRAP). En rĂ©ponse, le premier octobre, cinq diffĂ©rentes unitĂ©s des GRAPO exĂ©cutĂšrent cinq policiers et en blessĂšrent griĂšvement un autre dans plusieurs quartiers de Madrid. Cette action eut un grand retentissement . Plus de vingt procĂšs avec le risque de condamnation Ă  la peine de mort furent bloquĂ©s. C’est un moment historique pour les GRAPO, qui rĂ©ussissaient Ă  intervenir pour casser la tentative fasciste de paralyser les mouvements de masse par une rĂ©pression sanglante. Le 18 juillet 1976, 60 bombes des GRAPO explosĂšrent contre des cibles fascistes pour le soixantiĂšme anniversaire du dĂ©but de la guerre civile. Les attaques continuĂšrent; deux membres des GRAPO pĂ©rirent en tentant de faire sauter le palais de justice de SĂ©ville.

Les GRAPO frappĂšrent ensuite la tĂ©lĂ©vision, puis en dĂ©cembre 1976, un commando enleva le prĂ©sident du conseil d’Etat Oriol y Urquiso, et en janvier 1977, le prĂ©sident de la Cour SuprĂȘme de la justice militaire, le lieutenant-gĂ©nĂ©ral Villaescusa. L’opĂ©ration visait Ă  libĂ©rer les prisonnier(e)s politiques et Ă  combattre l’institutionnalisation du fascisme sous le masque de la ‘dĂ©mocratie’.

3. Premiers revers et reprise de la lutte

Mais le mĂȘme mois, la police arrĂȘte Ă  Madrid et Ă  Barcelone quarante membres du PCE(r) et des GRAPO, rĂ©ussissant Ă  libĂ©rer les prisonniers de l’oligarchie. La direction des GRAPO Ă©tait arrĂȘtĂ©e. Quelques jours auparavant, les GRAPO avaient exĂ©cutĂ© deux policiers et un garde civil, en blessant trois autres, lors de deux attaques contre les forces fascistes suite Ă  l’exĂ©cution de cinq avocats de gauche par un escadron de la mort supervisĂ© par la Garde Civile.

Le 4 juin, deux gardes civils furent exĂ©cutĂ©s Ă  Barcelone, le jour de la premiĂšre Ă©lection gĂ©nĂ©rale ‘libre’ depuis 1936. Cette action devait symboliser le refus du masque ‘dĂ©mocratique’ du fascisme. Le 27 septembre 1977, un capitaine de la police est exĂ©cutĂ© par les GRAPO Ă  Madrid; il Ă©tait un des volontaires fascistes qui avaient exĂ©cutĂ© cinq antifascistes deux annĂ©es auparavant. Les GRAPO expropriĂšrent plus de 500 kilos d’explosifs. En octobre, le comitĂ© central du PCE(r) est arrĂȘtĂ©. Les GRAPO continuĂšrent difficilement leurs actions en 1977 et en 1978, (attaques Ă  l’explosif des forces de la police et de l’armĂ©e ainsi que des bĂątiments du gouvernement). Le 22 mars 1978, le directeur gĂ©nĂ©ral des prisons fut exĂ©cutĂ© Ă  Madrid; il Ă©tait notamment responsable de l’assassinat sous la torture d’un prisonnier anarchiste Ă  la prison de Carabanchel, la police essayant de lui arracher des informations sur un plan d’évasion de prisonnier(e)s du PCE(r) et des GRAPO.

1978 est l’annĂ©e d’une Ă©norme vague de grĂšves, notamment en Andalousie, en Galicie, et surtout au Pays-Basque. Le rĂ©gime fut obligĂ© de modifier les apparences, et proclama une constitution. Un programme en cinq point fut par la suite proposĂ© par les GRAPO, le PCE(r) et d’autres organisations, un programme en recul par rapport au programme communiste, mais considĂ©rĂ©e comme une avancĂ©e Ă  moyen terme en raison d’un effet de polarisation face au fascisme. Le gouvernement rejeta ce programme, qui prĂ©voyait l’amnistie des prisonnier(e)s et des exilĂ©(e)s, l’abolition des lois antiterroristes, une purge antifasciste des institutions, les libertĂ©s politiques et syndicales, le rejet de l’OTAN, la dissolution du parlement et des Ă©lections libres.

De 1979 Ă  1984, les GRAPO suivirent cette ligne politique. 1979 fut l’annĂ©e cruciale marquĂ©e par le plus grand nombre d’actions armĂ©es depuis la guerre civile. Les GRAPO exĂ©cutĂšrent Agustia Munoz Vazques, un chef militaire ayant nĂ©gociĂ© l’intĂ©gration de l’Espagne dans l’OTAN, ainsi que Rodrigues Roman, le directeur gĂ©nĂ©ral de la DGS lorsqu’une manifestation ouvriĂšre fut mitraillĂ©e en 1976. Ils attaquĂšrent le commissaire de police Beltan, connu Ă  SĂ©ville comme le bourreau d’ouvriers anti-fascistes, ainsi que le directeur gĂ©nĂ©ral des institutions pĂ©nales, Garcia Valdes et le commissaire de police pour le district de Madrid. Le 6 avril, ils exĂ©cutĂšrent Ă  SĂ©ville le chef de la brigade ‘antiterroriste’ de la police nationale.

4. Nouveaux revers

La seconde moitiĂ© de l’annĂ©e, trente militant(e)s furent arrĂȘtĂ©(e)s, de nombreuses bases dĂ©mantelĂ©es. L’Etat fasciste pensait avoir Ă©crasĂ© les GRAPO, mais vingt membres de la police fasciste furent exĂ©cutĂ©s cette annĂ©e-lĂ  par les GRAPO, qui perdirent sept militants. Les GRAPO avaient rendu coup pour coup, mais une autocritique fut faite par la suite: un repli tactique eut Ă©tĂ© prĂ©fĂ©rable. A Paris, un commando des services secrets espagnols exĂ©cutĂšrent deux membres en exil du PCE(r), responsables des relations extĂ©rieures: Martin Eizaguirre et Fernandez Cario. Le 20 avril, Juan Carlos Delgado de Codes, un membre du ComitĂ© Central du PCE(r), fut assassinĂ© par la police alors qu’il n’était pas armĂ© (il ne faisait pas non plus partie des GRAPO).

Le 17 dĂ©cembre, cinq dirigeants s’échappĂšrent de la prison de Zamora grĂące Ă  un tunnel (certains membres du PCE(r) Ă©taient mineurs de profession!). En mĂȘme pas six mois, les GRAPO se rĂ©organisĂšrent totalement, disposant Ă  nouveau de commandos et de laboratoires pour les explosifs. Trois des cinq Ă©vadĂ©s furent abattus par la police (1980, 1981, 1982) et les deux autres furent capturĂ©s. 1980 et 1981 furent donc des annĂ©es assez difficiles pour les GRAPO, qui perdirent neuf membres, abattus par la police. Un militant du PCE(r) mourut en 1980 Ă  cause de la torture, un autre, Crespo Galende,lors d’une grĂšve de la faim.

Les GRAPO menĂšrent ces deux annĂ©es huit exĂ©cutions, dont deux gĂ©nĂ©raux de l’armĂ©e et un colonel. La longue grĂšve de la faim fut Ă©galement une grande victoire. Les prisonniers furent rĂ©unis en communes, dont la Commune Karl Marx, dans la prison de Soria, qui rassembla 80 prisonniers du PCE(r) et des GRAPO jusqu’à ce que le gouvernement socialiste la casse en 1989.

5. Nouvelle offensive

En octobre 1982, la veille des Ă©lections, 30 explosions eurent lieu dans 15 parties diffĂ©rentes du pays, pour dĂ©noncer la mascarade Ă©lectorale. Mais alors que le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) arrive au pouvoir, les services secrets exĂ©cutent le leader des GRAPO, Juan Martin Luna, dĂ©sarmĂ©. Les auteurs de l’action, qui l’avaient criblĂ© de balles, eurent un procĂšs dans lequel ils furent acquittĂ©s. L’exĂ©cution de Juan Martin Luna marque la rĂ©ponse du PSOE Ă  la dĂ©claration unilatĂ©rale de trĂȘve des GRAPO. Le PSOE mena une dure politique rĂ©pressive et organisa une politique de ‘repentance’. Le rĂ©gime pensait qu’avec dix millions de voix il pourrait isoler et liquider les organisations populaires armĂ©es. Le PSOE lança donc un grand programme de terrorisme d’Etat. Les GRAPO cessĂšrent d’envisager des nĂ©gociations et se rĂ©organisĂšrent pour continuer dans la durĂ©e une guerre prolongĂ©e, pour non seulement maintenir mais dĂ©velopper la guĂ©rilla dans le mouvement populaire de rĂ©sistance.

En 1983, le manque de formation des nouveaux cadres fit que l’hĂ©gĂ©monie politique du PCE(r) se perdit, amenant une ligne militariste, semi-anarchiste. La nouvelle direction n’entendait plus se subordonner Ă  la stratĂ©gie du PCE(r) et la plupart des actions visaient Ă  son propre renforcement. L’annĂ©e 1984 fut par consĂ©quent une annĂ©e de rĂ©organisation du financement: plus de 100 capitalistes payĂšrent cette annĂ©e lĂ  un impĂŽt aux GRAPO. Un capitaliste qui refusait de payer fut exĂ©cutĂ©, ainsi que Manuel de la Padure, un capitaliste connu Ă  la tĂȘte de l’association des employeurs. Le responsable de la Radio Nationale fut blessĂ© en rĂ©ponse Ă  la propagande contre-rĂ©volutionnaire qu’il organisait. Un membre des GRAPO fut tuĂ© suite Ă  cette opĂ©ration, un autre blessĂ© et arrĂȘtĂ© dans la planque. En juin, le ‘camarade Arenas’ (Manuel Perez Martinez), secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du PCE(r) fut libĂ©rĂ© de prison; il y Ă©tait depuis 1977 pour ‘association illĂ©gale’. Il dut, comme d’autres, passer immĂ©diatement dans l’illĂ©galitĂ©.

6. TroisiĂšme contre-coup

En 1984, 46 actions furent menĂ©es, toujours en liaison avec les luttes populaires ou l’internationalisme. Le 19 janvier 1985, 19 militant(e)s des GRAPO furent arrĂȘtĂ©(e)s dans 19 provinces, 17 bases furent dĂ©couvertes. La rĂ©organisation fut trĂšs difficile; sept membres furent arrĂȘtĂ©s la mĂȘme annĂ©e dans ce processus. En 1986, le mouvement continua, ainsi qu’en 1987; il y eut des expropriations de banques et de commissariats. L’impĂŽt rĂ©volutionnaire fut de nouveau instaurĂ© en 1988; le 27 mai, le prĂ©sident de la banque de Galice, rĂ©calcitrant, fut exĂ©cutĂ©. Deux mois aprĂšs, un autre capitaliste fut tuĂ©, un autre blessĂ©. Le 4 octobre, les GRAPO rĂ©ussirent Ă  se procurer 800 cartes d’identitĂ© dans le commissariat du centre de Madrid. Les annĂ©es 1987-1988 furent celles de la rĂ©organisation rĂ©ussie des GRAPO.

7. Nouvelle offensive et grĂšve de la faim

Le 10 mars 1989, deux gardes civils furent exĂ©cutĂ©s alors que le groupe TREVI se rĂ©unissait. En juillet, les GRAPO se procurĂšrent 148 millions de pesetas Ă  la banque de Castellon. En novembre commença une grĂšve de la faim des prisonnier(e)s politiques pour mettre fin Ă  l’isolement. Les GRAPO soutinrent le mouvement dĂšs dĂ©cembre. Le 13, un commandant de l’armĂ©e fut griĂšvement blessĂ© Ă  Madrid; le 15, ce fut le tour d’un colonel de l’armĂ©e Ă  Valence; le 18, un membre des services secrets fut exĂ©cutĂ© prĂšs de Barcelone; le 28, deux membres de la Garde Civile en faction Ă  Gijon furent exĂ©cutĂ©s. Le gouvernement accusa alors indistinctement les membres du PCE(r) de faire partie des GRAPO et amena les prisonnier(e)s Ă  l’hĂŽpital, oĂč ils/elles furent enchaĂźnĂ©(e)s et nourri(e)s de force. L’organisateur de cela, le docteur Munoz, fut exĂ©cutĂ© le 27 mars 1990 par un commando des GRAPO Ă  Saragosse. Il avait mĂȘme rejetĂ© l’ordre d’un juge de cesser cette mĂ©thode.

La grĂšve continua, et le 25 mai, aprĂšs 177 jours de grĂšve, JosĂ© Manuel Sevillano Martin mourut. Il Ă©tait membre des GRAPO et en prison depuis 1987. Un colonel de l’armĂ©e fut exĂ©cutĂ© le 15 juin Ă  Valladolid, puis les GRAPO attendirent pour lancer une offensive en septembre. Six bombes explosĂšrent Ă  Madrid (la cour suprĂȘme, la bourse, le ministĂšre de l’économie), Ă  Tarragona (des installations liĂ©es au pĂ©trole), Ă  Barcelone (siĂšge du PSOE) et Ă  Gijon (rĂ©cupĂ©ration de documents d’identitĂ© puis destruction du bĂątiment). En novembre, deux bombes visĂšrent des bĂątiments officiels Ă  Barcelone. Un pipeline alimentant les bases de l’OTAN fut Ă©galement attaquĂ©.

En 1991 et 1992, les actions continuĂšrent. Blocage du TAV (l’équivalent du TGV) le jour mĂȘme de son inauguration, attaques contre des olĂ©oducs et une station Ă©lectrique, ainsi qu’en avril 1992 une attaque de l’institut national de l’industrie et du ministĂšre du travail. En 1993, les GRAPO Ă©chouĂšrent Ă  exĂ©cuter l’ex-Directeur GĂ©nĂ©ral des Prisons Galavis. En juillet, trois membres des GRAPO furent tuĂ©s lors de l’explosion du fourgon blindĂ© qu’ils attaquaient. Sept bombes furent dĂ©posĂ©es Ă  Madrid (siĂšges du PSOE et du syndicat patronal, MinistĂšre du travail, Institut National de l’Industrie
) et le centre de distribution de gaz de Saragosse fut attaquĂ©. Mais un commando chargĂ© du renseignement fut arrĂȘtĂ© Ă  Madrid.

En 1994, les GRAPO menĂšrent des actions de soutien au mouvement de rĂ©sistance ainsi que des expropriations (attaque de fourgons blindĂ©s). Le 27 juin, ils enlevĂšrent Publio Cordon, prĂ©sident de l’assurance Previasa. Il fut libĂ©rĂ© le 17 aoĂ»t aprĂšs avoir payĂ© une dizaine de millions de francs. Il devait payer autant aprĂšs sa sortie, mais disparut. En novembre trois membres des GRAPO furent arrĂȘtĂ©s.

A partir de 1996, les GRAPO firent une trĂȘve, et des pourparlers eurent lieu entre l’Etat espagnol et des membres emprisonnĂ©s du PCE(r) et des GRAPO. Mais le PCE(r) refusant toujours de reconnaĂźtre la constitution espagnole, les nĂ©gociations cessĂšrent et les GRAPO reprirent la lutte. Parmi les nombreuses actions menĂ©es, on notera l’attaque Ă  l’explosif de la vallĂ©e des morts, immense monument funĂ©raire fasciste abritant les tombes des gĂ©nĂ©raux d’Espagne ou, le 13 mars 1998, l’explosion de bombes dans deux immeubles des impĂŽts Ă  Madrid.

8. Les années 2000

Le 8 mai 2000, c’est Ă©chec de l’attaque d’un fourgon blindĂ© Ă  Vigo: une bombe explose sous le fourgon mais les convoyeurs ouvrent le feu et dĂ©clenche une intense fusillade. Bilan: deux morts (deux convoyeurs) et quatre blessĂ©s. Le 29 septembre 2000, trois personnes cagoulĂ©es ont fait irruption au siĂšge du quotidien El Mundo Ă  Barcelone et laissent un colis piĂ©gĂ© (quatre policiers blessĂ©s et un civil blessĂ©). La veille, des artificiers de la police avaient dĂ©samorcĂ© une bombe dans un siĂšge d’une sociĂ©tĂ© d’interim. En novembre 2001, c’est l’attaque rĂ©ussie d’un transport de fonds Ă  Santander.

Le 9 novembre 2000, la police française arrĂȘte cinq membres du PCE(r): Manuel PĂ©rez MartĂ­nez (le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral), Isabel Llaquet Baldellou, JosĂ© Luis Elipe LĂłpez, JosĂ© Antonio Peña Quesada, Maria Rosario Llobregat Moreno; et deux membres des GRAPO: Fernando Silva Sande et Maria Victoria GĂłmez MĂ©ndez. Ils seront jugĂ©s sous l’accusation ‘d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste’. Le 18 juillet 2002, neuf prĂ©sumĂ©s membres des GRAPO et du PCE(r) sont arrĂȘtĂ©s Ă  Paris et six Ă  Madrid. Un reprĂ©sentant du ComitĂ© (espagnol) pour un Secours Rouge International, Antonio Lago Igelsias, est arrĂȘtĂ© Ă  Paris. Selon l’accusation, les prĂ©venus Ă©taient membres d’une nouvelle direction des GRAPO en cours de reconstitution aprĂšs l’arrestation en 2000 Ă  Paris de sept responsables de l’organisation, dont son chef historique, Manuel Perez Martinez, surnommĂ© ‘camarade Arenas’.

En avril 2003, les GRAPO attaquent une banque Ă  LeganĂ©s (Madrid). Le 6 fĂ©vrier 2006, Ana Isabel Herrero, patronne d’une sociĂ©tĂ© d’interim, est tuĂ©e Ă  Saragosse dans une tentative avortĂ©e d’enlĂšvement. Le 16 mars 2006, en Catalogne, nouvel Ă©chec, dans une attaque de banque cette fois, Ă  CastellĂłn. En juin 2006, arrestations de Juan GarcĂ­a MartĂ­n, Carmen Cayetano Navarro et MarĂ­a ArĂĄnzazu DĂ­az Villar. Ce qui n’empĂȘche pas les GRAPO de rĂ©aliser le 5 juillet l’attaque d’une banque Ă  Saint-Jacques de Compostelle.

Le 24 janvier 2008, c’est l’arrestation de militants d’organisations solidaires avec les prisonniers, d’Erlantz Cantabrana Berrio (militant connu de l’association des familles de prisonniers, avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© par la police en 2004), de Fernando RodrĂ­guez Blanco, de Juan Manuel Olarrieta Alberdi et de JosĂ© Luis FernĂĄndez GonzĂĄlez (un ancien militant qui avait purgĂ© sa peine de prison dans les annĂ©es 80, lors de sa premiĂšre arrestation, en 1980, des tirs de la garde civile avait entraĂźnĂ© la paralysie de FernĂĄndez GonzĂĄlez qui est obligĂ© depuis Ă  se dĂ©placer en chaise roulante), et de Carlos Cela Seoane. Le ministre espagnol de l’IntĂ©rieur, Alfredo PĂ©rez Rubalcaba, a estimĂ© que les personnes arrĂȘtĂ©es ‘sont des membres lĂ©gaux liĂ©s Ă  des activitĂ©s de financement, prosĂ©lytisme et formation’ des GRAPO.

Images vidĂ©o d’une action des GRAPO (sur You Tube)

Sur Manuel PĂ©rez MartĂ­nez, alias ‘camarade Arenas’, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du PCE(r)

Manuel PĂ©rez MartĂ­nez, ‘Arenas’, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du PCE(r) depuis sa crĂ©ation, a consacrĂ© sa vie Ă  la lutte pour la cause du communisme. PlĂątrier de profession, il a commencĂ© Ă  travailler trĂšs jeune. Il a militĂ© dans les Jeunesses du PCE, au PCI et dans l’OMLE, organisation d’oĂč est nĂ© le PCE(r). Depuis 40 ans, il a Ă©tĂ© l’artisan d’importantes luttes idĂ©ologiques et a publiĂ© de nombreux livres parmi lesquels: ThĂšse sur la crise du communisme; AbrĂ©gĂ© de l’histoire du PCE; La troisiĂšme phase de la crise gĂ©nĂ©rale du capitalisme [Textes choisis]; Sur la crise et l’écroulement du systĂšme capitaliste; Parti et front; Histoire du PCE(r) depuis ses origines jusqu’au IIe CongrĂšs; La stratĂ©gie de la lutte armĂ©e rĂ©volutionnaire.

Manuel PĂ©rez MartĂ­nez, ‘Arenas’, est enfermĂ© actuellement dans les cachots de la prison de Meco, isolĂ© du reste des prisonniers politiques. Plusieurs procĂšs Ă  son encontre sont en cours devant le Tribunal d’exception de l’Audience Nationale qui, grĂące Ă  la ‘loi des partis’, essaie de criminaliser les activitĂ©s politiques du PCE(r) et de condamner Manuel Ă  vie pour le simple fait d’ĂȘtre le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de ce Parti.

Manuel PĂ©rez MartĂ­nez a Ă©tĂ© emprisonnĂ© durant plusieurs annĂ©es en France et condamnĂ© Ă  8 ans de prison pour appartenance Ă  une ‘association de malfaiteurs’. Cette sentence a paru insuffisante aux yeux des gouvernements espagnols qui l’ont accusĂ© sans aucune preuve d’avoir participĂ© Ă  diffĂ©rentes actions armĂ©es. Les juges savent trĂšs bien que Manuel n’a participĂ© Ă  aucune action armĂ©e ni n’en a donnĂ© l’ordre. Comme dirigeant d’un Parti communiste, son travail a toujours Ă©tĂ© de type politique et idĂ©ologique: d’éclaircissement du chemin Ă  suivre pour arriver Ă  une sociĂ©tĂ© socialiste puis au communisme.

Interview du camarade ‘Arenas’ (1977, onze pages, format pdf)

Les prisonniers révolutionnaires en Espagne

Pour trouver la liste des adresses des prisonniers actuels, cliquez ici

En liberté provisoire:

-Fernando Hierro ChomĂłn
-José Luis Elipe López
-Fina GarcĂ­a Aranburu
-Xoaquin Garrido GonzĂĄlez
-Isabel LLaquet Baldellou
-Carlos Cela Seoane
-Fernando RodrĂ­guez Blanco
-Xoxe Luis FernĂĄndez GonzĂĄlez (infirme chronique)
-Erlantz Cantabrana Berrio (infirme chronique)
-Juan Manuel Olarieta Alberdi
-Antonio Lago Iglesias
-Iñaki Kuadra Etxeandia (gravement handicapé)
-Mercedes Herranz Arcones (gravement handicapé)
-Juan Manuel Pérez Hernåndez (définitivement handicapé)

Initiatives de solidaritĂ© en Belgique avec les prisonniers rĂ©volutionnaires d’Espagne

Janvier 2010

Jeudi 28 et vendredi 29 janvier s’est dĂ©roulĂ© le cycle d’activitĂ©s organisĂ© par notre Secours Rouge autour de la question des prisonniers antifascistes en Espagne. Ces activitĂ©s ont Ă©tĂ© prĂ©cĂ©dĂ©es de la publication d’un nouveau numĂ©ro des Cahiers du Secours Rouge consacrĂ© Ă  cette question. La projection jeudi, dans la salle de cinĂ©ma du Pianofabriek, du film ‘Mourir Ă  Madrid’ a rassemblĂ© trente-cinq personne et a Ă©tĂ© suivie d’un long dĂ©bat. Une gerbe a Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e vendredi matin au monument des volontaires belges des Brigades Internationales (premiĂšre photo). Une confĂ©rence de la camarade du Secours Rouge d’Espagne (seconde photo) vendredi soir, dans la salle de rĂ©union du Pianofabriek a clĂŽturĂ© ce cycle d’activitĂ©.

Octobre 2008

Pour assurer la popularisation de cette page web de solidaritĂ© avec les prisonniers d’Espagne, 1000 autocollants ont Ă©tĂ© collĂ©s en Belgique (Bruxelles, LiĂšge et Charleroi) et en France (Paris et Lille).

Septembre 2008

Reçu sur le mail du Secours Rouge: ‘Cette nuit, nous avons collĂ© des placards de solidaritĂ© avec les prisonniers rĂ©volutionnaires d’Espagne sur l’office du tourisme espagnol, 97 rue Royale, Ă  Bruxelles. Vive la solidaritĂ© internationale!’ Bruxelles, 28 septembre 2008

février et mars 2014

Des tags ont été peints sur des banques et des représentations espagnoles à Bruxelles

Juin 2007

Tract diffé à Bruxelles en juin 2007

Deux documents d’archives


Affiches de l’Association des Amis des Prisonniers Communistes (APAPC), qui est Ă  l’origine de notre Secours Rouge/APAPC, en soutien Ă  la seconde grĂšve de la faim collective des prisonniers du PCE(r) et des GRAPO (fin 1989, dĂ©but 1990). De telles affiches ont Ă©tĂ© collĂ©es Ă  Bruxelles, LiĂšge et Charleroi, des soirĂ©es d’information ayant Ă©tĂ© organisĂ©es dans ces trois villes.

José Ortín Martínez
Affiche pour les prisonniers espagnols
Jaquette du cahier 6
Sur le monument pour les brigadistes
Conférence sur les prisonniers politiques espagnols
Solidarité avec les prisonniers communistes et antifascistes en Espagne!
Manifestation du premier mai Ă  Vigo
Manifestation pour l'amnistie des prisonniers politiques
Manifestation pour Arenas
José Manuel Sevillano Martin
Affiche pour le PCEr
Isabel Llaquet
Manifestation contre les GAL
Cinq militants du SR arrĂȘtĂ©s
Logo du PCEr
Log des GRAPO
Drapeau du PCE(r)
Affiche des GRAPO
Manuel Pérez Martínez
Arenas
Bombage pour Arenas
Autocollant pour les prisonniers espagnols
Collage pour les prisonniers espagnols
Collage pour les prisonniers espagnols
Affiches Ă  l'office du tourisme espagnol
Affiches à l’office du tourisme espagnol
Solidarité avec les prisonniers communistes et antifascistes en Espagne!
Tract pour les prisonniers espagnols
Affiche de solidarité avec les prisonniers espagnols
Affiche de solidarité avec les prisonniers espagnols

10 mai 2009 – Les huissiers contre les grĂ©vistes d’IAC

La lutte a commencĂ© suite Ă  l’annonce par la direction d’IAC de son intention de fermer deux de ses divisions situĂ©es Ă  Meiser (Schaerbeek) et Delta (Auderghem) et de procĂ©der au licenciement de 24 travailleurs, dont 12 dĂ©lĂ©guĂ©s syndicaux. Les syndicats estiment que les directions d’IAC et de Fiat ne respectent pas la Loi Renault et considĂšrent que la direction saucissonne l’entreprise en divisions dans le but inavouĂ© de procĂ©der au licenciement collectif de travailleurs bĂ©nĂ©ficiant d’une protection syndicale.

Le 7 mai, les travailleurs d’IAC (le distributeur officiel de Fiat en Belgique) ont bloquĂ© les accĂšs au bĂątiment notamment avec des voitures et ont soudĂ© certaines grilles, aprĂšs le rejet de deux pistes de compromis avancĂ©es par les syndicats dans le cadre de la concertation sociale en cours. Ils occupent l’atelier de Meiser, face au bĂątiment du siĂšge social de l’entreprise, et ont rentrĂ© dans l’atelier 140 voitures pour se constituer un ‘trĂ©sor de guerre’. Dans le communiquĂ© Belga, il est question de voitures ‘prises en otage’!

TrĂšs vite, trois dĂ©lĂ©guĂ©s syndicaux se sont vu remettre par huissier une citation Ă  comparaĂźtre devant le tribunal de premiĂšre instance de Bruxelles. Ce vendredi, tous les autres, soit une vingtaine de travailleurs, ont Ă©galement reçu cette citation. Le patronat a introduit une action en rĂ©fĂ©rĂ©, qui n’est pas unilatĂ©rale, pour demander au tribunal d’ordonner aux travailleurs du site de Meiser citĂ©s Ă  comparaĂźtre de mettre un terme Ă  leur occupation, de restituer les voitures actuellement bloquĂ©es dans l’atelier et de ne plus s’approcher du site, sauf pour y travailler. IAC rĂ©clame une astreinte de 1.000 euros par personne et par manquement. Dans l’exposĂ© des motifs, le patronat prĂ©sente le blocage des vĂ©hicules dans l’atelier comme un vol assimilĂ©.

L’avocat mandatĂ© par le patronat, Éric Carlier, est Ă©galement le conseil de Carrefour Belgium. C’est cet avocat qui avait introduit au nom de Carrefour des requĂȘtes unilatĂ©rales afin de lever les piquets de grĂšve Ă  l’automne 2008 lorsque des travailleurs de la chaĂźne avaient fait grĂšve en solidaritĂ© avec le personnel du nouveau Carrefour de Bruges.

‘Les travailleurs ne partiront pas sans avoir obtenu un plan social correct. Nous considĂ©rons l’occupation comme un moyen lĂ©gitime de contestation dĂ©coulant du droit de grĂšve. On ne peut se prononcer sur une occupation sans connaĂźtre le contexte qui a poussĂ© les travailleurs Ă  mener une telle action‘, a rĂ©agi Martin Willems, secrĂ©taire permanent du SETCa-Bruxelles, qui est l’une des personnes citĂ©es Ă  comparaĂźtre. ‘La direction estime qu’on ne respecte pas le droit Ă  la propriĂ©tĂ© mais de notre cĂŽtĂ©, nous considĂ©rons qu’elle contourne la Loi Renault. Et la direction nous pousse Ă  entamer une action devant le tribunal pour faire reconnaĂźtre la protection syndicale des douze dĂ©lĂ©guĂ©s qu’elle souhaite licencier‘, a-t-il ajoutĂ©.

12 mai 2009 – La police intervient contre les grĂ©vistes

Mardi 12, la prĂ©sidente du tribunal de premiĂšre instance de Bruxelles a ordonnĂ© aux 20 travailleurs de quitter le site de IAC Meiser qu’ils occupaient depuis le jeudi 7. Ils devaient Ă©galement restituer les clefs des vĂ©hicules qui seraient en leur possession. En cas de manquement, ils risquaient chacun une astreinte de 1.000 euros. Le patronat a obtenu de la justice de classe une ordonnance d’expulsion qui a Ă©tĂ© signifiĂ©e aux occupants dans la soirĂ©e.

Vers 19h45, la police de la zone de Bruxelles-Nord est intervenue sur le site (dans le style du communiquĂ© Belga: elle ‘a libĂ©ré’ le site). La petite vingtaine de travailleurs qui occupaient les lieux ont tentĂ© de bloquer les portes pour empĂȘcher l’huissier d’entrer dans le bĂątiment situĂ© au 770 de la chaussĂ©e de Louvain Ă  Schaerbeek. Les policiers ont rĂ©ussi Ă  forcer l’accĂšs et ont dĂ©barquĂ© dans le showroom de l’entreprise. Les occupants n’ont opposĂ© aucune rĂ©sistance et ont acceptĂ© de quitter les lieux aprĂšs avoir Ă©tĂ© informĂ©s du contenu de l’ordonnance. Si les travailleurs refusaient de partir, ils risquaient chacun une astreinte de 2.500 euros.

Un vĂ©hicule stationnĂ© sur le parking du siĂšge de Fiat Belgium, rue de GenĂšve Ă  Schaerbeek, Ă  proximitĂ© du site IAC Meiser,a Ă©tĂ© incendiĂ© lundi au petit matin. L’origine de l’incendie est volontaire. La façade du bĂątiment du siĂšge de Fiat Belgium a Ă©tĂ© Ă©galement endommagĂ©e par les flammes. Le laboratoire de la police fĂ©dĂ©rale s’est rendu sur les lieux.

16 mai 2009 – IAC licencie les grĂ©vistes pour ‘fautes graves’

La direction de Fiat Group Automobiles (FGA) Ă  Bruxelles a dĂ©cidĂ© de licencier ‘pour faute grave’ cinq travailleurs d’IAC. Quatre travailleurs, dont deux dĂ©lĂ©guĂ©s syndicaux, ont Ă©tĂ© licenciĂ©s pour avoir Ă©tĂ© prĂ©sents sur le site occupĂ© d’IAC de Meiser lors de la signification par voie d’huissier d’une seconde ordonnance d’expulsion. Pour la direction, ces travailleurs auraient dĂ» quitter le site dĂšs le moment oĂč la premiĂšre ordonnance d’expulsion a Ă©tĂ© rendue en rĂ©fĂ©rĂ©. Les avocats des travailleurs licenciĂ©s estiment que puisque ces personnes n’étaient pas visĂ©es par la premiĂšre ordonnance, elles n’ont pas enfreint cette ordonnance et donc n’ont commis aucune faute grave.

Le cinquiĂšme travailleur, un dĂ©lĂ©guĂ© syndical, a Ă©tĂ© licenciĂ© pour le motif d’avoir jouĂ© un rĂŽle de leader dans le conflit social et d’avoir cachĂ© notamment les clĂ©s des voitures immobilisĂ©es par les grĂ©vistes en vue de se constituer un trĂ©sor de guerre. Les clĂ©s des voitures ont finalement Ă©tĂ© rĂ©cupĂ©rĂ©es par la direction, aprĂšs le dĂ©lai fixĂ© par la direction.

‘Notre entreprise a subi de graves prĂ©judices Ă©conomiques et d’image, du fait des Ă©vĂ©nements intervenus au sein de la firme IAC. MĂȘme si cela a un impact nĂ©gatif sur notre activitĂ©, nous attendons cependant avec confiance un retour rapide Ă  la lĂ©galitĂ©. La Direction d’IAC se rĂ©serve le droit d’entamer toutes les actions lĂ©gales nĂ©cessaires auprĂšs des personnes responsables de cette situation.‘ dĂ©clare alors le prĂ©sident-directeur gĂ©nĂ©ral de FGA, Martin Rada.

6 juin 2009 – Manif de solidaritĂ© avec les grĂ©vistes d’IAC

Une petite centaine de militants des environs de Bruxelles, surtout de la FGTB mais Ă©galement de la CSC, ont rĂ©pondu Ă  l’appel d’urgence Ă  la solidaritĂ© avec les travailleurs de IAC-Fiat. Les dĂ©lĂ©gations syndicales venaient entre autres de Cytec, Spy, Sitel et Mobistar. De nombreux militants se sont spontanĂ©ment mobilisĂ©s pour exprimer leur solidaritĂ©. AprĂšs quelques brefs speechs, les manifestants se sont dirigĂ©s vers le siĂšge principal pour obtenir des pourparlers avec Mr Randa, le PDG. Comme d’habitude ces temps-ci, les portes sont restĂ©es fermĂ©es. Ils se sont donc dirigĂ©s en caravane de voitures vers la villa impressionnante du PDG Ă  Tervuren, oĂč ils Ă©taient attendus non seulement par la police, mais aussi par quelques body-guards italiens engagĂ© pour l’occasion.

11 juin 2009 – La CSI Ă©pingle la Belgique pour les attaques juridiques contre les grĂ©vistes

Les attaques juridiques contre les grĂ©vistes se sont intensifiĂ©es en Belgique, indique le rapport 2009 des violations des droits syndicaux de la ConfĂ©dĂ©ration Syndicale Internationale (CSI). Ces patrons recourent Ă  des juristes pour contrer les protestations des travailleurs. En octobre 2008, des firmes comme Carrefour, Cytec, Deli XL, Big et Ideal Floorcoverings, N-Allo, Elia, Sibelgaz, Eandis et UCB ont submergĂ© les tribunaux de recours demandant l’interdiction de certaines formes d’action collective, comme les piquets de grĂšve.

GĂ©nĂ©ralement, les tribunaux estiment qu’il n’est pas permis d’empĂȘcher les employĂ©s ou des tiers d’accĂ©der Ă  l’entreprise, indĂ©pendamment du fait qu’il y ait ou non recours Ă  la violence Ă  cette occasion. Certains juges Ă©mettent aussi des ordonnances ‘prĂ©ventives’ alors mĂȘme que rien n’indique que de tels actes puissent ĂȘtre commis. Selon les auteurs du rapport, ‘il ne fait aucun doute que de tels jugements dissuadent les travailleurs d’exercer pleinement leur droit Ă  l’action collective et entravent sĂ©rieusement le droit de grĂšve‘.

22 juin 2009 – Carrefour bloquĂ© en solidaritĂ© avec les grĂ©vistes

Une soixantaine de personnes ont bloquĂ©, lundi 22 juin entre 11h30 et 13h, le carrefour formĂ© par la chaussĂ©e de Louvain et la rue de GenĂšve Ă  Schaerbeek, situĂ© face au concessionnaire IAC, en guise de solidaritĂ© avec les douze travailleurs licenciĂ©s la semaine prĂ©cĂ©dente. Les manifestants ont allumĂ© un feu, au moyen de palettes en bois, au milieu du carrefour. Le feu a Ă©tĂ© Ă©teint par les pompiers vers midi. La circulation a Ă©tĂ© interrompue sur la chaussĂ©e de Louvain oĂč des barrages avaient Ă©tĂ© mis en place par la police. La circulation a Ă©tĂ© rĂ©tablie dĂšs 13 heures.

Des travailleurs ont tambourinĂ© sur des fĂ»ts mĂ©talliques tandis que d’autres sifflaient ou lançaient des pĂ©tards. Des manifestants avaient confectionnĂ© une oeuvre grandeur nature avec des pendus habillĂ©s de blanc, symbolisant les douze travailleurs non-protĂ©gĂ©s licenciĂ©s la semaine derniĂšre. ‘Fiat rĂ©invente la pendaison, merci Don Marchionne‘ (le patron de Fiat, dont le groupe est actionnaire Ă  99% d’IAC), pouvait-on lire sur un calicot.

20 juillet 2009 – PremiĂšre audience au Tribunal du Travail pour les prĂ©tendues ‘fautes graves’

Le licenciement pour faute grave de trois travailleurs grĂ©vistes de la sociĂ©tĂ© ‘Italian Automotive Center’ (IAC), qui bĂ©nĂ©ficiaient d’une protection syndicale, a Ă©tĂ© dĂ©battu lundi au tribunal du travail de Bruxelles. Le tribunal, saisi par la direction de Fiat dans le cadre de la procĂ©dure de licenciement, se prononcera lundi prochain sur le sort des trois travailleurs. Les trois dĂ©lĂ©guĂ©s syndicaux ont Ă©tĂ© licenciĂ©s pour faute grave avec deux autres travailleurs non protĂ©gĂ©s le 16 mai par la direction de Fiat Group Automobiles.

Une centaine de personnes avaient manifestĂ© le 5 juin en faveur du droit Ă  mener des actions collectives. La direction d’IAC a l’intention de fermer deux de ses divisions situĂ©es Ă  Meiser (Schaerbeek) et Delta (Auderghem) et de procĂ©der au licenciement de 24 travailleurs, dont 12 dĂ©lĂ©guĂ©s syndicaux.

A la premiĂšre audience du tribunal du travail pour les licenciements pour ‘fautes graves’, les avocats du syndicat obtiennent gain de cause pour deux travailleurs (G. Fasoli du SETCa et B. Aglietti de la CSC). Mais la faute grave avait Ă©tĂ© reconnue pour le troisiĂšme (E. Agostini de la FGTB). Agostini ira en appel, ainsi que la direction d’IAC qui va en appel de la dĂ©cision concernant les deux autres travailleurs. Tout se plaidera donc de nouveau le 1er octobre devant la Cour du Travail de Bruxelles (2Ăšme chambre, salle 0.8) Ă  14h30.

22 septembre 2009 – PremiĂšre audience au Tribunal du Travail pour les ‘raisons Ă©conomiques’ des licenciements des travailleurs protĂ©gĂ©s

Le 22 septembre, au tribunal du travail de Bruxelles a lieu l’audience relative Ă  la demande de la direction de IAC que le tribunal reconnaisse les raisons Ă©conomiques et techniques justifiant la levĂ©e de la protection des 12 travailleurs protĂ©gĂ©s qu’ils veulent licencier.

Normalement, et sauf exceptions, ce sont les commissions paritaires qui peuvent dĂ©roger au principe de protection et accorder la levĂ©e de la protection pour raisons Ă©conomiques et techniques. Cette dĂ©rogation est normalement lorsqu’il y a un accord entre les parties (puisque tout se dĂ©cide Ă  l’unanimitĂ© en commission paritaire), et donc, en cas de restructuration, lorsqu’il y a un plan social qui permet de s’assurer que tout a Ă©tĂ© fait pour Ă©viter les licenciements Ă©vitables et pour Ă©viter toute discrimination entre travailleurs ou envers les mandataires syndicaux. Dans le cas d’IAC, les commissions paritaires n’ont pas dĂ©cidĂ© la dĂ©rogation. La direction de IAC entend aller au tribunal pour ‘faire appel contre la ‘non-dĂ©cision’ de la commission paritaire‘. Cette prĂ©tention est une premiĂšre et ouvre la porte Ă  une remise en cause complĂšte du rĂŽle des commissions paritaires et de la rĂšgle de l’unanimitĂ© entre partenaires sociaux.

En abusant de la notion de ‘licenciement d’une catĂ©gorie dĂ©terminĂ©e de personnel‘, notamment, en ne prenant mĂȘme pas la peine de respecter les compĂ©tences du CE en termes de dĂ©termination des critĂšres de licenciement, l’avocat de IAC entend Ă©riger en rĂšgle automatique un cas d’exception de la levĂ©e de protection. Le rĂ©sultat, au cas oĂč le juge aurait suivi ce point de vue, serait qu’il n’y aurait tout simplement plus de protection des dĂ©lĂ©guĂ©s en cas de restructuration dĂ©cidĂ©e unilatĂ©ralement.

1er octobre 2009 – Audience en appel pour les prĂ©tendues ‘fautes graves’

Ce jeudi Ă  14h30 a commencĂ© l’audience en appel de trois grĂ©vistes d’I.A.C. Une soixantaine de personnes s’étaient mobilisĂ©es pour l’occasion. Le Secours Rouge a assurĂ© une prĂ©sence solidaire dans la salle et devant le siĂšge du Tribunal du travail.

Le Secours Rouge a Ă©galement signĂ© l’appel proposĂ© aux SR comme Ă  plusieurs autres organisations, par la Ligne Communiste des Travailleurs. Voici le texte de cet appel:

AprĂšs des mois de luttes, la direction de IAC-(FIAT) a dĂ©cidĂ© de licencier 24 travailleurs, dont 12 dĂ©lĂ©guĂ©s syndicaux. Pour ce faire, elle avait tout d’abord contournĂ© la procĂ©dure de concertation de la Loi Renault en divisant artificiellement l’entreprise en 16 entitĂ©s. Dans ce contexte, au mois de mai, les travailleurs occupent un garage Ă  Meiser. Le conflit commence Ă  prendre une tournure judiciaire avec des astreintes, avant que le patronat ne traĂźne des dĂ©lĂ©guĂ©s devant les tribunaux.

La direction tente d’outrepasser les compĂ©tences de la commission paritaire en voulant lever unilatĂ©ralement la protection des dĂ©lĂ©guĂ©s. Cette tentative est une premiĂšre et ouvre la porte Ă  une remise en cause complĂšte du rĂŽle des commissions paritaires et de la rĂšgle de l’unanimitĂ© entre partenaires sociaux. Dans ce domaine oĂč la jurisprudence joue un rĂŽle essentiel, la dĂ©fense des principes syndicaux dans ce dossier est d’une importance capitale.

La criminalisation des conflits continue. Ces derniers mois, le patronat a accentuĂ© ses attaques Ă  l’encontre des ouvriers et de leurs droits, et il est devenu courant de faire appel Ă  la justice et aux huissiers. Pour le patronat, il s’agit, encore plus en ces temps de crise, de briser les luttes dĂšs qu’elles apparaissent. Une nouvelle Ă©tape est franchie maintenant avec la tentative de lever la protection des dĂ©lĂ©guĂ©s par la force, afin de pouvoir les licencier.

Cet Ă©tĂ©, un dĂ©lĂ©guĂ© chez Bridgestone Ă  Frameries s’est fait licencier. Le patronat s’en prend d’abord aux ouvriers les plus combatifs, aux dĂ©lĂ©guĂ©s, avant de passer aux autres.

Ce 1er octobre aura lieu une audience devant la Cour du Travail Ă  Bruxelles concernant le dossier de ‘faute grave’ des trois travailleurs protĂ©gĂ©s de IAC: G. Fasoli (SETCa), B. Aglietti (CSC) et E. Agostini (FGTB). Le 20 juillet, les syndicats ont obtenu gain de cause pour les deux premiers. La ‘faute grave’ avait Ă©tĂ© retenue pour Agostini et les syndicats ont Ă©tĂ© en appel.

Devant ces faits graves, il n’y a pas d’autre alternative que l’unitĂ© la plus large des travailleurs dans la mobilisation. C’est tous ensemble que nous parviendrons Ă  faire payer la crise aux seuls responsables: les capitalistes. L’unitĂ©, c’est d’abord l’unitĂ© au sein d’une entreprise lorsque le patron s’en prend aux travailleurs. Mais c’est aussi l’unitĂ© avec les travailleurs en lutte dans les autres entreprises du secteur et/ou du pays, ainsi que l’unitĂ© au-delĂ  des frontiĂšres. C’est dans la mobilisation que cette unitĂ© peut porter des fruits.

–SolidaritĂ© avec les travailleurs d’IAC!
–DĂ©fense des droits syndicaux, du droit de grĂšve et de la protection des dĂ©lĂ©guĂ©s!
–Unifions les luttes!

29 novembre 2009 – La direction d’IAC se paie (assez cher) la liquidation de la dĂ©lĂ©gation syndicale

La direction de IAC FIAT a notifiĂ© le 30 novembre leur licenciement Ă  neuf dĂ©lĂ©guĂ©s syndicaux. Pour la direction il s’agit d’ainsi clĂŽturer la restructuration entamĂ©e en dĂ©cembre 2008. Cette restructuration a donnĂ© lieu Ă  un conflit social dur. Depuis le dĂ©but, les organisations syndicales dĂ©noncent que le but cachĂ© du plan est une chasse aux dĂ©lĂ©guĂ©s. Au lieu de suivre la ‘procĂ©dure Renault’, la direction avait refusĂ© toute concertation en parlant de fermeture au lieu de restructuration, en refusant les alternatives proposĂ©es par les syndicats et en demandant aux tribunaux la levĂ©e de la protection des dĂ©lĂ©guĂ©s. IAC (FIAT) a Ă©tĂ© dĂ©boutĂ©e de cette prĂ©tention par la justice, mais choisit aujourd’hui de quand mĂȘme licencier les dĂ©lĂ©guĂ©s en payant leur ‘protection’, (c’est-Ă -dire la sanction imposĂ©e par la loi en cas de licenciement illĂ©gal). La sanction que paierait la direction pour se dĂ©barrasser des dĂ©lĂ©guĂ©s se monte Ă  cinquante annĂ©es de salaire au total pour les neuf dĂ©lĂ©guĂ©s! L’affaire n’est pas close, reste le problĂšme des 12 travailleurs licenciĂ©s abusivement en juin, suite au non-respect de la ‘loi Renault‘.

Calicots chez Fiat IAC
Occupation du site de Fiat
Manifestation pour IAC
Rassemblement au procĂšs

28/07/2005

GĂŒler Zere

1. Qui Ă©tait GĂŒler Zere?

GĂŒler Zere Ă©tait une prisonniĂšre du DHKP-C (Parti-Front rĂ©volutionnaire de libĂ©ration du peuple), d’origine kurde, ĂągĂ©e de 37 ans, capturĂ©e en 1995 lors d’une opĂ©ration de ratissage de l’armĂ©e visant la guĂ©rilla du DHKP-C dans les montagnes du Dersim, condamnĂ©e par la Cour de sĂ»retĂ© de l’Etat (DGM) de Malatya Ă  perpĂ©tuitĂ© en tant que membre du DHKP-C et dĂ©tenue depuis 14 ans.

En 2008, aprĂšs un transfert de la prison d’Elbistan Ă  l’hĂŽpital Balcali de l’UniversitĂ© de Cukurova Ă  Adana, les mĂ©decins dĂ©tectent une tumeur cancĂ©reuse maligne se propageant dans sa bouche et sa tĂȘte. Elle subit alors deux opĂ©rations dont une ablation partielle du palais, remplacĂ© par une prothĂšse. elle devait suivre une nouvelle chimiothĂ©rapie, dĂšs la disparition des hĂ©matomes sur son cou et des gonflements rĂ©sultants de l’opĂ©ration. Mais aprĂšs des tests sanguins, les mĂ©decins ont dĂ©cidĂ© de ne pas commencer le traitement, car GĂŒler Zere ne l’aurait pas supportĂ©. De plus, des plaies ouvertes s’étaient formĂ©es dans sa bouche, ce qui entraĂźnait une impossibilitĂ© d’ingĂ©rer la nourriture sous forme solide. Ne supportant pas les concentrĂ©s vitaminĂ©s liquides qu’elle vomissait, elle Ă©tait nourrie grĂące Ă  des sĂ©rums, qui lui donnent des diarrhĂ©es et des problĂšmes intestinaux. PlacĂ©es sous monitoring, GĂŒler Zere Ă©tait extrĂȘmement faible, ce qui augmentait des risques Ă  commencer une chimiothĂ©rapie.

Au moment du dĂ©clenchement de la campagne internationale, GĂŒler Zere Ă©tait au point de perdre son combat face Ă  la maladie. Elle ne pouvait quasi plus entendre, ni parler, ni manger, ni dormir. La TTB (Turkish Medical Association) avait affirmĂ© qu’elle avait atteint un stade irrĂ©versible de la maladie. L’Association avait demandĂ© que lui soit donnĂ© le droit de faire ses adieux Ă  sa famille.

Trop de temps est passĂ© entre le dĂ©pistage et les soins et ce qui a mis en pĂ©ril la vie de GĂŒler Zere. Son incarcĂ©ration a constituĂ© l’unique raison de cette perte de temps. Il y rĂšgne en effet une bureaucratie et des conditions de vie qui freinent gravement ses traitements. L’état de santĂ© de GĂŒler Zere nĂ©cessitait qu’elle soit maintenue dans un environnement stĂ©rile. La prison n’était certainement pas un endroit appropriĂ©. Qui plus est, GĂŒler Zere n’avait le droit qu’à 15 minutes de visite de sa famille par semaine, moyennant l’accord du procureur. Alors que les chances de survie lorsque l’on est atteint d’un cancer sont faibles dans des conditions normales, il n’est pas difficile d’imaginer combien elles sont minimes en prison. En Turquie, deux dĂ©tenus perdent la vie en prison chaque mois.

Laisser GĂŒler Zere dans ces conditions signifiait la livrer Ă  une mort certaine. Ses avocats, sa famille et ses amis appuyĂ©s par plusieurs dizaines d’ONG turques, demandaient aux autoritĂ©s sa mise en libertĂ© conditionnelle afin qu’elle puisse bĂ©nĂ©ficier d’un traitement dans de meilleures conditions sanitaires, en application de la loi turque qui prĂ©voit la libĂ©ration conditionnelle des prisonniers gravement malades.

2. La mobilisation des familles en Turquie

Voir le site des mobilisations en Turquie

3. Une campagne internationale


Dans de nombreuses villes d’Europe, les membres de TAYAD ont rĂ©coltĂ© des signatures pour la libĂ©ration de GĂŒler.

4. Initiatives en Belgique pour GĂŒler Zere

Vendredi 17 juillet

Le ComitĂ© belge des libertĂ©s a collectĂ© des signatures pour rĂ©clamer la libĂ©ration de GĂŒler Zere auprĂšs des autoritĂ©s turques. Une douzaine de personnes ont participĂ© Ă  cette initiative, parmi lesquelles deux membres de notre Secours Rouge.

Vendredi 21 août

Un rassemblement avec diffusion de tracts (un texte de TAYAD) s’est tenu de 14h Ă  16h Ă  l’appel du ComitĂ© des LibertĂ©s au rond-point Schuman (quartier europĂ©en). Une dĂ©lĂ©gation de notre Secours Rouge Ă©tait prĂ©sente. Ce rassemblement se reproduira chaque vendredi de 14h Ă  16h.

Vendredi 28 août

Un rassemblement avec diffusion de tracts s’est tenu de 14h Ă  16h Ă  l’appel du ComitĂ© des LibertĂ©s au rond-point Schuman (quartier europĂ©en). Une dĂ©lĂ©gation de notre Secours Rouge Ă©tait prĂ©sente.

Vendredi 11 septembre

Un rassemblement avec diffusion de tracts s’est tenu de 14h Ă  15h Ă  l’appel du ComitĂ© des LibertĂ©s au rond-point Schuman (quartier europĂ©en). Une dĂ©lĂ©gation de notre Secours Rouge Ă©tait prĂ©sente.

Vendredi 18 septembre

Un rassemblement avec diffusion de tracts s’est tenu de 14h Ă  15h Ă  l’appel du ComitĂ© des LibertĂ©s au rond-point Schuman (quartier europĂ©en). Une dĂ©lĂ©gation de notre Secours Rouge Ă©tait prĂ©sente.

Vendredi 25 septembre

Un rassemblement avec diffusion de tracts s’est tenu de 14h Ă  15h Ă  l’appel du ComitĂ© des LibertĂ©s au rond-point Schuman (quartier europĂ©en). Une dĂ©lĂ©gation de notre Secours Rouge Ă©tait prĂ©sente.

Jeudi 20 septembre

Reçu sur la boĂźte mail du SR: ‘La nuit du 30 septembre nous avons bombĂ© la façade de la banque turque Turkiye Cumhuriyeti Zirat Bankasi, 193 rue royale Ă  1210 BXL, en solidaritĂ© avec la prisonniĂšre rĂ©volutionnaire GĂŒler Zere que le rĂ©gime fasciste turc laisse mourir d’un cancer faute de soins appropriĂ©s.‘

Vendredi 2 octobre (matin)

InvitĂ© par le think-tank bruxellois European Policy Centre (EPC) et la ConfĂ©dĂ©ration des hommes d’affaires et des industriels de Turquie (TUSKON), le ministre turc des affaires Ă©trangĂšres Ahmet Davutoglu a donnĂ© une confĂ©rence ce matin sous le titre: ‘Achieving synergy in foreign policy‘.

Durant son allocution, des militants belgo-turcs l’ont interpellĂ© sur le cas de GĂŒler Zere, une prisonniĂšre politique incarcĂ©rĂ©e en Turquie depuis 14 ans, atteinte d’un cancer terminal mais dont la libĂ©ration est entravĂ©e par l’Institut mĂ©dicolĂ©gal. Brandissant des photos de GĂŒler Zere et des pancartes, les manifestants ont dĂ©clarĂ© en turc:’Vous vous targuez d’avoir lancĂ© une ouverture dĂ©mocratique et en mĂȘme temps, vous laissez mourir GĂŒler Zere en prison. L’exemple de GĂŒler Zere dĂ©montre que la peine de mort n’est pas abolie en Turquie. Si vous prĂ©tendez le contraire, libĂ©rez-lĂ .‘

Le ministre Davutoglu a rĂ©pondu aux manifestants sur le ton de la crĂąnerie et du paternalisme: ‘GĂŒler ne mourra pas. GĂŒler est notre fille, pas la vĂŽtre.’ Sur ces entrefaites, le service de sĂ©curitĂ© du ministre est intervenu et a reconduit les manifestants vers la sortie. La police turque en civil a par ailleurs effectuĂ© un contrĂŽle d’identitĂ© et a longuement interrogĂ© les manifestants Ă  l’entrĂ©e de la salle de confĂ©rence.

Echo de l’action Ă  la tĂ©lĂ©vision (images aprĂšs une minute 20 seconde)

Echo de l’action dans le quotidien Milliyet

Vendredi 2 octobre (aprĂšs-midi)

Un rassemblement s’est tenu de 14h Ă  15h Ă  l’appel du ComitĂ© des LibertĂ©s au rond-point Schuman (quartier europĂ©en). Une dĂ©lĂ©gation de notre Secours Rouge Ă©tait prĂ©sente.

Vendredi 9 octobre (aprĂšs-midi)

Un rassemblement s’est tenu de 14h Ă  15h Ă  l’appel du ComitĂ© des LibertĂ©s au rond-point Schuman (quartier europĂ©en). Une dĂ©lĂ©gation de notre Secours Rouge Ă©tait prĂ©sente.

Vendredi 16 octobre (aprĂšs-midi)

Un rassemblement s’est tenu de 14h Ă  15h Ă  l’appel du ComitĂ© des LibertĂ©s au rond-point Schuman (quartier europĂ©en). Une dĂ©lĂ©gation de notre Secours Rouge Ă©tait prĂ©sente.

Vendredi 23 octobre (aprĂšs-midi)

Un rassemblement s’est tenu de 14h Ă  15h Ă  l’appel du ComitĂ© des LibertĂ©s au rond-point Schuman (quartier europĂ©en). Une dĂ©lĂ©gation de notre Secours Rouge Ă©tait prĂ©sente. 500 tracts ont Ă©tĂ© distribuĂ©s Ă  cette occasion.

Jeudi 5 et vendredi 6 novembre

Deux rassemblements se sont tenus de 13h Ă  16h Ă  l’appel du ComitĂ© des LibertĂ©s au rond-point Schuman (quartier europĂ©en). Trois membres du comitĂ© des LibertĂ©s avaient commencĂ© une grĂšve de la faim de solidaritĂ© avec GĂŒler Zere. Une dĂ©lĂ©gation de notre Secours Rouge Ă©tait prĂ©sente. 300 tracts ont Ă©tĂ© distribuĂ©s.

Le tract commun ComitĂ© des LibertĂ©/Secours Rouge distribuĂ© lors de la campagne – format pdf

5. LibĂ©ration de GĂŒler Zere

Le 6 novembre, dans l’aprĂšs-midi, le prĂ©sident de la RĂ©publique de Turquie Abdullah GĂŒl a signĂ© le dĂ©cret de grĂące prĂ©sidentielle pour GĂŒler Zere, incarcĂ©rĂ©e depuis 14 ans et atteinte d’un cancer en phase terminale.

Vers 22h00, heure turque, GĂŒler Zere est sortie, un masque couvrant la bouche et le nez, par la porte de la morgue en chaise roulante, en compagnie de sa famille, de ses aides-soignants et de son avocat Taylan Tanay. Elle a Ă©tĂ© accueillie par des sympathisants qui lui ont offert un bouquet d’Ɠillets aux cris de ‘GĂŒler Zere est notre dignitĂ©â€˜, ‘les prisonniers rĂ©volutionnaires sont notre dignitĂ©â€˜. GĂŒler a Ă  son tour saluĂ© ses nombreux camarades qui campaient depuis 121 jours devant cet hĂŽpital de Balcali Ă  Adana (sud de la Turquie ) oĂč elle Ă©tait soignĂ©e dans une unitĂ© rĂ©servĂ©e aux prisonniers.

Une ambulance l’attendait pour ĂȘtre emmenĂ©e vers un hĂŽpital privĂ© d’Adana oĂč elle passera la nuit. GĂŒler Zere sera ensuite transfĂ©rĂ©e vers l’hĂŽpital universitaire de Capa Ă  Istanbul par avion. Sa libĂ©ration, est une victoire mĂȘme si, comme elle l’a murmurĂ© Ă  son avocat ce soir, victime de l’arbitraire cruel de l’Institut mĂ©dicolĂ©gal et de la bureaucratie, elle a finalement gagnĂ© ‘non pas le droit de guĂ©rir, mais de mourir en libertĂ©â€˜.

Bien qu’affaiblie, GĂŒler Zere a tenu avait tenu Ă  ĂȘtre prĂ©sente le 29 novembre aux cĂŽtĂ©s des manifestants exigeant la libĂ©ration des militants malades.

6. DécÚs et funérailles

GĂŒler Zere est dĂ©cĂ©dĂ©e le vendredi 7 mai et la rue, en Turquie, s’est enflammĂ©e en don honneur. Les innombrables actions d’hommage ont rĂ©uni pratiquement tous les courants de la gauche anatolienne : le Front populaire (Halk Cephesi) et le ComitĂ© alĂ©vi rĂ©volutionnaire (DAK) dont GĂŒler Zere Ă©tait membre, le Parti communiste (TKP), le Parti de la libertĂ© et de la solidaritĂ© (ÖDP), le Parti socialiste des opprimĂ©s (ESP), la Plate-forme rĂ©volutionnaire indĂ©pendante de classe (BDSP), les syndicats des travailleurs du public et des retraitĂ©s, des collectifs Ă©tudiants et des associations professionnelles

En dĂ©but de soirĂ©e, des milliers de personnes ont parcouru la rue Istiklal Ă  Istanbul aux cris de : « GĂŒler Zere est immortelle Â», « LibertĂ© pour tous les dĂ©tenus malades Â», « L’Etat assassin devra rendre des comptes Â», « Nous avons payĂ© cher, ils le paieront cher Â» ou encore « Les martyres de la rĂ©volution sont Ă©ternels Â». Entre-temps, plusieurs centaines de manifestants se sont massĂ©s devant son domicile Ă  Armutlu oĂč elle s’est Ă©teinte. La foule a brandi son catafalque drapĂ© de rouge en scandant des slogans hostiles au gouvernement.

Voir ici la vidéo de ce défilé

Des militants masquĂ©s du DHKP-C armĂ©s de cocktails Molotov ont dĂ©filĂ© dans plusieurs quartiers d’Istanbul, notamment dans le quartier autoproclamĂ© « du 1er mai Â» (officiellement appelĂ© « quartier Mustafa Kemal Â»), de Gazi, d’Alibeyköy (photo) et de Sarigazi en hommage Ă  GĂŒler Zere.

Les funĂ©railles de GĂŒler Zere eurent lieu le lendemain au DjemĂ©vi (temple alĂ©vi) d’Armutlu.

Rassemblement pour GĂŒler Zere
GĂŒler Zere
Manifestation pour GĂŒler Zere en Turquie
Manifestation pour GĂŒler Zere
Manifestation pour GĂŒler Zere en Turquie
Collages pour GĂŒler Zere
Calicot pour GĂŒler Zere
Rassemblement pour GĂŒler Zere
Manif Ă  Istanbul pour GĂŒler Zere
Collecte de signatures pour GĂŒler Zere
Manif pour GĂŒler Zere Ă  Bruxelles
Rassemblement pour GĂŒler Zere Ă  Bruxelles
Rassemblement pour GĂŒler Zere Ă  Bruxelles
Manif Ă  Bruxelles pour GĂŒler Zere
Manif pour GĂŒler Zere Ă  Bruxelles
Bombage pour GĂŒler Zere
Chahut contre un ministre turc
Manifestation pour GĂŒler Zere
Rassemblement pour GĂŒler Zere
Rassemblement pour GĂŒler Zere
Rassemblement pour GĂŒler Zere
LibĂ©ration de GĂŒler Zere
LibĂ©ration de GĂŒler Zere

Présentation du dossier

Jeudi 4 mars, 22 personnes sont interpellĂ©es dans une vaste offensive visant la communautĂ© kurde Ă  travers toute la Belgique. AprĂšs auditions, la police fĂ©dĂ©rale a dĂ©livrĂ© huit mandats d’arrĂȘts sous la qualification d’appartenance Ă  un groupe terroriste: le PKK qui a Ă©tĂ© placĂ© sur la liste noire des ‘organisations terroristes’ du gouvernement US et de l’UE.

TrĂšs vite, la communautĂ© kurde s’est mobilisĂ©e contre l’attaque portĂ©e Ă  ses organisations et associations reprĂ©sentatives. Des forces progressistes en Belgique (essentiellement turques et belges) se sont immĂ©diatmement solidarisĂ©es avec les Kurdes. La question des nouvelles lois anti-terroristes et des ‘listes noires’ se trouve ainsi une nouvelle fois posĂ©e en Belgique. Tout comme se trouve une nouvelle fois posĂ©e la question de la collaboration judiciaire et policiĂšre entre les autoritĂ© belges et les tortionnaires d’Ankara/

Notre Secours Rouge a fait partie des forces qui ont immĂ©diatement manifestĂ© leur solidaritĂ© avec les militants kurdes arrĂȘtĂ©s. Ce dossier servira d’appui documentaire Ă  la campagne de solidaritĂ© avec ces militants.

L’affaire au jour le jour

3 avril: DeuxiĂšme grande manifestation Ă  Bruxelles

Les Kurdes sont venus des quatre coins d’Europe Ă  l’appel de la FĂ©dĂ©ration des associations kurdes, pour dĂ©noncer notamment les opĂ©rations menĂ©es par la police belge il y a tout juste un mois Ă  l’encontre de la tĂ©lĂ©vision ROJ-TV. Il y a d’ailleurs eu un peu d’agitation avant le dĂ©but de la manifestation, lorsque des organisateurs ont reconnu parmi les policiers en civils prĂ©sents certains enquĂȘteurs de la police fĂ©dĂ©rale qui avaient opĂ©rĂ© la descente brutale et dĂ©vastatrice au siĂšge de ROJ-TV. Les organisateurs ont menacĂ© de ne pas lancer le cortĂšge tant que ces personnes Ă©taient prĂ©sentes. La police fĂ©dĂ©rale s’est faite plus discrĂšte et le cortĂšge a dĂ©marrĂ©.

Les 5.000 manifestants prĂ©sents au dĂ©but de la manifestation se sont vite retrouvĂ©s 10.000 Ă  la petite ceinture. Comme Ă  la manifestation du 6 mars, notre Secours Rouge a participĂ© Ă  la constitution dans la manifestation d’un groupe de solidaritĂ© internationaliste (photo 1). Ce groupe Ă©tait ouvert par une dĂ©lĂ©gation du MLKP. La manifestation a dĂ©bouchĂ© au Cinquantenaire, oĂč un podium accueillait des orateurs et des musiciens kurdes. Les manifestants ont repris les slogans, chantĂ© et dansĂ© devant les camĂ©ras de ROJ-TV qui organisait une Ă©mission en direct (photo 2).

La manifestation au JT de la VRT

25 mars: Six libérations

Le 25 mars, la chambre des mises en accusation a ordonnĂ© la libĂ©ration sous conditions de six des huit inculpĂ©s. L’un d’entre eux n’avais pas fait appel et restera donc en prison, tout comme le dernier, qui restera sous les verrous Ă  Charleroi. Le parquet fĂ©dĂ©ral a affirmĂ© qu’il ne se pourvoirait pas en Cassation.

18 mars: Visite de solidarité à Roj-TV

Une dĂ©lĂ©gation de militants solidaires belges et turcs s’est rendue ce jeudi au siĂšge de ROJ-TV, la tĂ©lĂ©vision kurde qui a Ă©tĂ© une des cibles de la vaste opĂ©ration policiĂšre du 4 mars. La dĂ©lĂ©gation a pu visiter les locaux et studios de la chaĂźne.

9 mars: Six mandats d’arrĂȘts confirmĂ©s

Six des huit Kurdes interpellĂ©s jeudi dans le cadre d’une vaste opĂ©ration policiĂšre menĂ©e en diffĂ©rents endroits du pays, et soupçonnĂ©s d’appartenir Ă  une organisation terroriste, ont vu leur mandat d’arrĂȘt confirmĂ©. Parmi ceux-ci figurent Remzi Kartal et Zubeyr Aydar, les deux parlementaires dirigeants du Kongra-Gel, successeur du PKK. La chambre du conseil de Bruxelles a confirmĂ© les mandats d’arrĂȘt de cinq inculpĂ©s, dont ces deux hommes. Quant Ă  la chambre du conseil de Charleroi, elle a confirmĂ© un mandat d’arrĂȘt. Deux personnes, alors qu’elles ont Ă©tĂ© libĂ©rĂ©es sous condition par la chambre du conseil de Bruxelles, seront toutefois maintenues en dĂ©tention, aprĂšs appel du parquet fĂ©dĂ©ral. La chambre des mises en accusation examinera le cas de ces deux personnes dans les quinze jours.

Quelques centaines de Kurdes étaient présents hier devant le palais de justice de Bruxelles pour manifester leur soutien aux inculpés. Notre Secours Rouge a assuré une présence solidaire.

7 mars 2010: Manifestation de protestation en France

Alors que des milliers de Kurdes s’étaient rassemblĂ©s la veille Ă  Bruxelles afin de dĂ©noncer les perquisitions et les arrestations visant le PKK en Belgique, quelques 600 personnes ont manifestĂ© au mĂȘme moment Ă  Rennes. La manifestation, organisĂ©e par ‘La maison du peuple kurde de Rennes’ a rassemblĂ© de nombreux militants de l’association ‘AmitiĂ©s kurdes de Bretagne’ ainsi que des personnes venant de diffĂ©rentes villes de l’ouest de la France. Le cortĂšge s’est dĂ©roulĂ© dans le calme, au son des slogans scandĂ©s par les manifestants ‘Le PKK n’est pas un parti terroriste’ et ‘LibĂ©rez nos camarades’.

6 mars 2010: Grande manifestation de protestation Ă  Bruxelles

Entre cinq et huit mille Kurdes, venus des quatre coins de la Belgique mais aussi d’Allemagne et des Pays-Bas, ont dĂ©filĂ© ce samedi dans les rues de Bruxelles afin de protester contre les perquisitions et les arrestations opĂ©rĂ©es jeudi dans des associations culturelles et politiques kurdes, dont la station de tĂ©lĂ©vision Roj-TV, Ă  Denderleeuw.

Huit personnes ont Ă©tĂ© inculpĂ©es pour ‘participation aux activitĂ©s d’un groupe terroriste’ et placĂ©es en dĂ©tention prĂ©ventive. Un juge d’instruction bruxellois a dĂ©livrĂ© un mandat d’arrĂȘt Ă  l’encontre de sept des douze personnes qui lui ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©es, sur les 18 qui avaient Ă©tĂ© interpellĂ©es lors des perquisitions menĂ©es par le parquet de Bruxelles. Un juge d’instruction de Charleroi, qui dirigeait une autre sĂ©rie de perquisitions qui se sont Ă©galement dĂ©roulĂ©es jeudi, a pour sa part placĂ© une personne sous mandat d’arrĂȘt sur les quatre qui lui ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©es. Ces huit personnes comparaĂźtront mardi matin, Ă  Bruxelles et Ă  Charleroi, devant une chambre du conseil, une juridiction d’instruction qui dĂ©cidera s’il y a lieu de prolonger leur maintien en dĂ©tention prĂ©ventive.

Les organisateurs ont dĂ©noncĂ© la vague de perquisitions menĂ©e jeudi par la justice belge qui soupçonnait des membres du PKK de financer les opĂ©rations de guĂ©rilla et d’entraĂźner de jeunes Kurdes dans des camps, notamment situĂ©s dans l’Est de la Belgique: ‘Nous dĂ©nonçons fermement les mises en garde Ă  vue de personnalitĂ©s politiques comme Remzi Kartal et Zubeyir Aydar (deux des personnes arrĂȘtĂ©es et inculpĂ©es ‘d’appartenance Ă  une organisation terroriste’) dont les activitĂ©s en faveur du peuple kurde sont dĂ©ployĂ©es au grand jour et connues de tous: la Belgique doit mettre fin Ă  ces agressions et les personnes mises en garde Ă  vue doivent ĂȘtre immĂ©diatement libĂ©rĂ©es. (
) Nous dĂ©nonçons ces manƓuvres tĂ©lĂ©commandĂ©es par l’Etat turc et par l’OTAN qui font du gouvernement belge le complice de l’Etat turc’.

Dans la manifestation figurait un groupe de militants turcs, belges et iraniens solidaires, parmi lesquels une délégation de notre Secours Rouge (photo du bas).

4 mars 2010: Opération policiÚre en Belgique

Jeudi 4, 22 personnes sont interpellĂ©es dans une vaste offensive visant la communautĂ© kurde Ă  travers toute la Belgique. AprĂšs auditions, la police fĂ©dĂ©rale a dĂ©livrĂ© huit mandats d’arrĂȘts sous la qualification d’appartenance Ă  un groupe terroriste. Les 14 autres personnes ont Ă©tĂ© relaxĂ©es. A ce moment, seule l’identitĂ© des deux leaders prĂ©sumĂ©s du Kongral-gel, successeur du PKK, a Ă©tĂ© rendue publique. Il s’agit de Zubeyir Aydar et de Remzi Karal. Il semblerait d’ailleurs que la Turquie ne va pas tarder Ă  demander leur extradition.

Un rassemblement spontanĂ© s’est formĂ© autour du bĂątiment de la tĂ©lĂ©vision kurde Roj-TV perquisitionnĂ©e Ă  Denderleuw, entrainant des heurts entre les manifestants kurdes et les forces de l’ordre. Une policiĂšre a Ă©tĂ© blessĂ©e d’un jet de pierre devant le siĂšge de la tĂ©lĂ©vision kurde. 300 Kurdes avaient forcĂ© le cordon de police autour du bĂątiment et se sont affrontĂ©s aux policiers. Une cinquantaine de policiers de la police judiciaire fĂ©dĂ©rale de Bruxelles ont Ă©tĂ© appelĂ©s en renfort pour libĂ©rer leurs collĂšgues. Ils ont fait usage d’un canon Ă  eau.

Lors des perquisitions, les enquĂȘteurs auraient saisi de faux documents et d’importantes sommes d’argent. La justice belge soupçonne plusieurs personnes de diriger des ‘rĂ©seaux terroristes’, de former des jeunes d’origine kurde dans des camps en Belgique ainsi que le financement occulte de plusieurs cercles kurdes.

A Roj-TV plus de 200 ordinateurs ont Ă©tĂ© saisis par la police, ainsi qu’un grand nombre de clĂ©s USB, de Flash Disk et jusqu’à la machine Ă  faire des sous-titres
 La police a Ă©galement saisi toutes les archives digitales de la tĂ©lĂ©vision. Seule une partie a pu ĂȘtre sauvĂ©e Ă  l’aide de back-ups – mais c’est l’équivalent de quatre annĂ©es de travail de digitalisation d’archives qui a disparu.

Lors de la perquisition, les policiers se sont d’abord rendus dans le local technique pour arracher les cĂąbles qui permettaient Ă  la tĂ©lĂ©vision d’émettre. Puis, ils ont envahi le bĂątiment de la tĂ©lĂ©vision, les studios de Radio MĂ©sopotamie et ceux de Sterk Production. Roj-TV a perdu pour environ un million deux cent mille d’euros de matĂ©riel dans cette attaque. Les bĂ©nĂ©voles qui l’animent ont pu recommencer rapidement les Ă©missions au moyen d’ordinateurs portables, mais la tĂ©lĂ©vision travaille bien en deçà de son niveau normal.

Roj-TV avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© la cible de le justice allemande en juin 2008 (on sait les liens politico-Ă©conomiques Ă©troits entre la RFA et la Turquie). Mais l’interdiction de Roj-TV par le MinistĂšre de l’IntĂ©rieur allemand a Ă©tĂ© levĂ©e par la Cour de grande instance de la RFA en fĂ©vrier 2010. Les pressions turques s’expliquent par la grande influence de Roj-TV chez les Kurdes. Ses Ă©missions retransmises par satellites sont les plus Ă©coutĂ©es au Kurdistan. Elles contribuent Ă  faire vivre la langue kurde qui reste interdite d’enseignement.

28 février: Opération policiÚre en Italie, manifestation en France

En plus des onze personnes interpellĂ©es par la Sous-direction antiterroriste dans le sud de la France dans le cadre d’une enquĂȘte prĂ©liminaire du parquet de Paris visant le PKK, la police italienne a interpellĂ© 69 personnes dont six Français dans la rĂ©gion de Pise, dans la mĂȘme affaire.

Suite aux arrestations survenues en France, un millier de Kurdes ont manifestĂ© dans les rues de Marseille pour protester contre la rĂ©pression policiĂšre (photo). Les manifestants ont dĂ©filĂ© derriĂšre une grande banderole rouge et noire barrĂ©e de la mention ‘SolidaritĂ© internationale: libĂ©rez nos camarades kurdes’. Ils ont entonnĂ© ‘L’Internationale’ et scandĂ© des slogans, tels que ‘SolidaritĂ© politique pour le Kurdistan’ ou encore ‘Le peuple kurde n’est pas un peuple terroriste’.

26 février: Opération anti-PKK en France

Une sĂ©rie de perquisitions se sont dĂ©roulĂ©es dans quatre villes du sud de la France dans le cadre d’une enquĂȘte sur le PKK. Les recherches portaient sur les activitĂ©s de recrutement et la formation de jeunes militants du PKK. Un ‘camp d’entraĂźnement’ aurait Ă©tĂ© localisĂ© prĂšs de Millau, dans le courant de l’annĂ©e derniĂšre. L’enquĂȘte aurait Ă©galement mis en Ă©vidence des contacts entre les membres du PKK en France avec des militants en Allemagne, en Belgique et en Italie notamment. Onze personnes ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©es, de nationalitĂ© turque pour la plupart mais Ă©galement française, ont Ă©tĂ© interpellĂ©s Ă  Marseille, Draguignan, Montpellier, Grenoble et dans une ferme sur le plateau du Larzac qui aurait servi de camp d’entraĂźnement aux jeunes Kurdes voulant se rendre dans la guĂ©rilla au Kurdistan. Ils ont Ă©tĂ© placĂ©s en garde Ă  vue dans ces diffĂ©rentes villes.

Des perquisitions ont eu lieu dans des siĂšges d’associations Ă  Marseille et Ă  Montpellier. Trois armes de poing, un fusil Ă  pompe, de la documentation et du matĂ©riel informatique auraient Ă©tĂ© saisis. Les onze personnes devaient ĂȘtre transfĂ©rĂ©es en rĂ©gion parisienne dans les locaux de la SDAT ce week-end avant une Ă©ventuelle mise en examen mardi.

Les inculpés

Zubeyir Aydar, parlementaire, membre de la direction du CongrĂšs du Peuple du Kurdistan (Kongra-Gel), successeur du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Remzi Kartal, parlementaire, membre de la direction du CongrĂšs du Peuple du Kurdistan (Kongra-Gel), successeur du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Les noms des autres inculpés ne nous sont pas encore connus.

Background 1: BrĂšve histoire du Kurdistan

L’histoire du peuple kurde en tant que groupe ethnolinguiste dĂ©bute dans le sud du Caucase. L’aire gĂ©ographique dĂ©nommĂ©e Kurdistan est connue par plusieurs termes apparentĂ©s au mot Kurde au cours de l’AntiquitĂ©. Les SumĂ©riens l’appelaient Kur-a, Gutium ou encore le pays de Karda; les Élamites, Kurdasu; les Akkadiens, Kurtei; les Assyriens, Kurti; les Babyloniens, Qardu; les Grecs, Carduchoi et les Romains, Corduene. La terminaison en -stan signifie dans les langues iraniennes ‘pays de’.

Les plus anciennes dynasties kurdes connues sous autoritĂ© musulmane (du Xe au XIIe siĂšcle) sont les Hasanwayhides, les Marwanides et les Shaddadides. Les principautĂ©s kurdes sont annexĂ©es par les peuples d’Asie centrale au cours de leurs conquĂȘtes, et intĂ©grĂ©es aux territoires contrĂŽlĂ©s par les seldjoukides. En 1171, Saladin, issu de la dynastie kurde des Ayyoubides, renverse les califes fatimides et prend le pouvoir avec le titre de Sultan. Le Kurdistan perd alors toute particularitĂ© et est intĂ©grĂ© au califat, englobant l’Égypte, la Syrie, le Kurdistan et le YĂ©men. AprĂšs les invasions turco-mongoles, le Kurdistan retrouve une partie de son autonomie, mais est morcelĂ© en une sĂ©rie de petits Ă©tats appelĂ©s Ă©mirats. La bataille de Chaldiran en 1514 est une date importante dans l’histoire kurde, marquant l’alliance des Kurdes avec les Turcs. Le Sharafnameh de 1597 est le premier rĂ©cit de l’histoire kurde.

À partir du XXe siĂšcle, l’histoire kurde est marquĂ©e par une montĂ©e de la prise de conscience d’une identitĂ© nationale se centrant sur le but d’un Kurdistan indĂ©pendant tel que prĂ©vu dans le TraitĂ© de SĂšvres en 1920 sur les restes de l’Empire ottoman dĂ©truit, comme pour les autres peuples de la rĂ©gion. Mais par le traitĂ© de Lausanne de 1923, le Moyen-Orient est divisĂ© en plusieurs pays qui ne prennent pas en compte le droit des Kurdes Ă  disposer de leurs terres. En effet, d’une grande importance gĂ©opolitique dans la rĂ©gion, le Kurdistan est Ă©galement riche en pĂ©trole et en eau. Le Royaume-Uni et la France se voient confier des mandats sur les nouveaux États: sur l’Irak pour la premiĂšre, la Syrie et le Liban pour la seconde. Les populations, notamment kurdes, ne tarderont pas Ă  se rĂ©volter contre la nouvelle domination europĂ©enne. La Royal Air Force rase diffĂ©rents villes et villages kurdes. En 1925, une arme chimique, l’ypĂ©rite, est utilisĂ©e sur la ville kurde de Souleimaniye. Les deux tiers de la population sont atteints par les effets du gaz.

Cinquante ans plus tard, le 11 mars 1974, Saddam Hussein accorde une autonomie relative au Kurdistan, avec la ‘Loi pour l’autonomie dans l’aire du Kurdistan’ qui stipule notamment que ‘la langue kurde doit ĂȘtre la langue officielle pour l’éducation des Kurdes’. Les relations avec les Kurdes d’Irak se dĂ©gradent considĂ©rablement par la suite, dĂ©bouchant sur le massacre de dizaines de milliers de kurdes.

La situation en Turquie

À la crĂ©ation de la RĂ©publique turque en 1923 par Mustafa Kemal AtatĂŒrk, les autoritĂ©s interdisent la langue et les noms de famille kurdes. Parler la langue kurde est un acte interdit. Le mot ‘kurde’ lui-mĂȘme est interdit et les Kurdes sont dĂ©signĂ©s par l’expression ‘Turcs des montagnes’. Face Ă  cette nĂ©gation du fait kurde et de l’identitĂ© kurde, les Kurdes se sont soulevĂ©s Ă  plusieurs reprises. Les soulĂšvements ont Ă©tĂ© violemment rĂ©primĂ©s par l’armĂ©e turque.

Le dernier soulĂšvement en date contre la Turquie est le fait du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Ce soulĂšvement qui prend la forme d’une guĂ©rilla dĂ©bute en 1984. Au total, l’insurrection et la rĂ©pression de l’insurrection a fait plus de 37.000 morts dans la rĂ©gion. Bien que l’état d’urgence ait Ă©tĂ© levĂ© au Kurdistan, la situation des Kurdes n’a pas beaucoup Ă©voluĂ©. De nombreux dirigeants kurdes sont en prison et les milliers de dĂ©placĂ©s lors de la rĂ©pression des annĂ©es 1990 ne sont pas autorisĂ©s Ă  regagner leurs villages. Les assassinats politiques et les exĂ©cutions sommaires de militants ou de civils kurdes se poursuivent. Depuis 1984, 3.000 villages auraient Ă©tĂ© dĂ©truits par l’armĂ©e turque. L’existence du peuple kurde et de sa culture ne sont toujours pas reconnues par la Constitution turque. Le 11 dĂ©cembre dernier, la Cour constitutionnelle turque a dĂ©cidĂ© Ă  l’unanimitĂ© la fermeture du parti pro-kurde, le DTP, considĂ©rĂ© comme un ‘foyer d’activitĂ©s prĂ©judiciables Ă  l’indĂ©pendance de l’Etat et Ă  son unitĂ© indivisible’. Des dizaines de parlementaires, de maires, de conseillers communaux ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s. Les Ă©lus de l’ex-DTP ont Ă©galement confirmĂ©, vendredi, leur dĂ©cision de rallier le parti dĂ©signĂ© pour la succession: le Parti pour la paix et la dĂ©mocratie (BDP). Pour la sixiĂšme fois en vingt ans, le mouvement de la gauche lĂ©gale kurde renaĂźt sous un nouveau sigle.

La situation en Irak

Le rĂ©gime de Saddam Hussein a commis de nombreux massacres contre les Kurdes d’Irak. En 1988, Hussein utilise des armes chimiques contre la ville d’Halabja dont beaucoup de victimes Ă©taient des femmes et des enfants. Les Kurdes obtiennent une autonomie de fait lors de la Guerre du Golfe de 1991 sur une faible partie de leur territoire. En mars 1991, une insurrection renverse le rĂ©gime baasiste. Deux rĂ©gions autonomes se constituent en un Ă©tat fĂ©dĂ©rĂ© en aoĂ»t 1992 grĂące Ă  la protection des États-Unis. La premiĂšre autour d’Erbil est dirigĂ©e par le Parti dĂ©mocratique du Kurdistan (PDK). La seconde autour de Souleimaniye, est sous la direction de l’Union patriotique du Kurdistan (UPK). L’Union est dirigĂ©e par Jalal Talabani. Les Ă©lections suivant le renversement du rĂ©gime de Saddam Hussein donneront, dans le nord de l’Irak plus de 95% des votes Ă  la coalition formĂ©e par les deux partis kurdes. Jalal Talabani est devenu le premier prĂ©sident de l’Irak post-Hussein. Un accord d’unification entre les deux administrations est signĂ© le 16 janvier 2006. Ensuite, le 7 mai 2006 un Gouvernement rĂ©gional du Kurdistan est inaugurĂ©. Il a pour Premier ministre Nechirvan Idris Barzani. En vertu de la constitution irakienne, ce gouvernement a une autonomie lĂ©gislative sur son territoire au niveau de certaines compĂ©tences qui lui sont accordĂ©es au sein d’un Irak fĂ©dĂ©ral. Les deux plus grandes villes du Kurdistan irakien de Mossoul et Kirkouk, Ă  forte population kurde, sont cependant laissĂ©es en dehors de cet ‘État fĂ©dĂ©ré’, jusqu’à ce qu’un recensement et des Ă©lections soient organisĂ©s par le gouvernement Irakien.

La situation en Iran

Juste aprĂšs la seconde guerre mondiale, les kurdes d’Iran proclament une rĂ©publique kurde indĂ©pendante Ă  Mahabad entre 1946 et 1947. En Iran, les rĂ©gions kurdes de l’Ouest et du Nord-est sont surveillĂ©es par l’armĂ©e et des Kurdes sont en prison pour des raisons politiques. Cependant, la langue kurde est officiellement reconnue et au Parlement siĂšgent des dĂ©putĂ©s kurdes. Une opposition spĂ©cifiquement kurde au rĂ©gime islamiste est trĂšs active. Ses principales organisations sont le Komalah et le PJAK, trĂšs proches du PKK, qui mĂšnent une guerre de guĂ©rilla.

La situation en Syrie

La population kurde de Syrie reprĂ©sente 6% de la population totale; elle est en partie issue de l’exode des Kurdes de la Turquie entre 1924 et 1938 suite Ă  la rĂ©pression kemaliste. Elle est regroupĂ©e au nord-est du pays, dans la province d’Alep, le Jazirah et la banlieue de Damas. La partie syrienne du Kurdistan est sous contrĂŽle de l’armĂ©e depuis les soulĂšvements qui se sont produits en 2004 et 2005.

La situation en exil et en émigration

Il y a un million de Kurdes émigrés et exilés en Europe. Depuis 1995 un parlement en exil a été mis en place.

Background 2: BrĂšve histoire du PKK

Le 27 novembre 1978, Abdullah Öcalan et une quinzaine de personnes participent Ă  une rĂ©union qui entĂ©rine la crĂ©ation officielle du Parti des travailleurs du Kurdistan (Partiya KarkerĂȘn Kurdistan). À sa crĂ©ation, il visait l’indĂ©pendance des territoires Ă  population majoritairement kurde se situant dans le sud-est de la Turquie, rĂ©gion constituant une partie du Kurdistan. Le PKK entame la lutte armĂ©e en 1984. Face Ă  la politique oppressive turque et son refus de reconnaĂźtre aux Kurdes la lĂ©gitimitĂ© d’une identitĂ© culturelle Ă  part entiĂšre et d’une autonomie administrative, nombre de jeunes s’engagent dans le combat et la guĂ©rilla s’intensifie dĂšs le dĂ©but des annĂ©es 1990.

L’influence du PKK est allĂ© croissante et, en 1991, il contrĂŽlait une large portion du sud-est anatolien. C’est Ă  cette Ă©poque que se dĂ©chaĂźne la rĂ©pression de l’armĂ©e turque qui vide quelque 4.000 villages de leurs habitants pour couper le PKK de ses soutiens dans la population et, par la mĂȘme occasion, de ses circuits de ravitaillement clandestins. L’armĂ©e utilisera aussi des milices locales, des organisations fascistes et des rĂ©seaux mafieux comme escadrons de la mort. On estime Ă  37.000 le nombre des victimes de la guerre.

Seul le prĂ©sident turc Turgut Özal a entamĂ© une rupture avec la politique kĂ©maliste de son pays et proposĂ© des solutions politiques, notamment une meilleure reprĂ©sentation des Kurdes en politique, l’amnistie des membres du PKK et une certaine autonomie du Kurdistan. Öcalan, en relation directe avec Özal, proposera un premier cessez-le-feu en mars 1993. Un mois plus tard, le prĂ©sident turc meurt en emportant avec lui ses projets et le pouvoir qui prend la relĂšve ne respecte pas la trĂȘve: la guerre reprend.

En mai 1990, lors de son deuxiĂšme congrĂšs, le PKK dĂ©cide de resserrer les liens avec Dev-Sol. Les relations avec les Kurdes irakiens sont ambigĂŒes: si des bases du PKK ont pu ĂȘtre installĂ©es dans le Nord de l’Irak au bĂ©nĂ©fice d’une autonomie de fait depuis la PremiĂšre guerre du Golfe (1991), les partis kurdes irakiens ont toujours cherchĂ© Ă  garder leurs distances avec le PKK, sans doute pour Ă©viter de devenir les cibles du feu turc. Cette rĂ©serve relative de l’UPK et du PDK n’a cependant pas empĂȘchĂ© l’armĂ©e turque d’envisager sĂ©rieusement d’envahir le Nord de l’Irak sous couvert de l’opĂ©ration amĂ©ricaine en 2003 et en 2007, initiative qui n’a Ă©tĂ© stoppĂ©e qu’au dernier moment par Washington.

Des cessez-le-feu ont Ă©tĂ© dĂ©crĂ©tĂ©s par le PKK de 1995, 1998, 1999 et 2006 toujours dans le but d’aboutir Ă  la rĂ©solution du problĂšme kurde par la voix du dialogue. Le cessez-le-feu de 1999 intervient aprĂšs l’enlĂšvement d’Öcalan dans une opĂ©ration conjointe des services secrets amĂ©ricain, israĂ©lien et turc. Ce dernier avait alors dans l’idĂ©e que certains groupes de combattants basĂ©s en Irak traversent la frontiĂšre pour se rendre aux autoritĂ©s turques. Mais aprĂšs l’arrestation le 1er septembre 1999 des sept membres du premier groupe et la condamnation de son chef Ali Sapan Ă  dix-huit ans de prison, le conseil prĂ©sidentiel met fin Ă  ce projet.

En 2001, suite Ă  son renoncement Ă  la lutte armĂ©e, le PKK se renomme CongrĂšs du Kurdistan pour la DĂ©mocratie et la LibertĂ© (Kongreya Azad z Demokrasiya Kurdistan ou KADEK). En 2003, renonçant au lĂ©ninisme, il change de nouveau son nom en CongrĂšs du Peuple du Kurdistan (Kongra-GEL ou KGK). Le 1er juin 2004, ZĂŒbeyr Aydar proclame la fin du cessez-le-feu.

En novembre 2008, les gouvernements irakien, turc et amĂ©ricain ont crĂ©es conjointement le comitĂ© ‘anti-PKK’ afin de contrecarrer leurs activitĂ©s supposĂ©es. La rencontre s’est dĂ©roulĂ©e Ă  Bagdad en prĂ©sence du ministre turc de l’IntĂ©rieur Beßir Atalay, du Premier ministre irakien Nouri al-Maliki et de l’ambassadeur des États-Unis Ă  Bagdad, Ryan Crocker. Le comitĂ© est dirigĂ© par le ministre d’État pour la sĂ©curitĂ© nationale, Shirwan al-WaĂŻli, en collaboration avec le ministre de l’IntĂ©rieur de la rĂ©gion autonome du Kurdistan, Karim Sinjari.

En octobre 2009, un nouveau ‘groupe de paix’ de guĂ©rilleros se prĂ©sente sans armes Ă  la frontiĂšre entre l’Irak et la Turquie. C’est une nouvelle initiative du PKK pour favoriser une solution nĂ©gociĂ©e. Quelques temps aprĂšs, les autoritĂ©s turques font une nouvelle fois avorter le processus de paix en procĂ©dant Ă  l’arrestation de deux de ces guĂ©rilleros sont arrĂȘtĂ©s pour ‘propagande sĂ©paratiste’.

Les ‘listes noires’

Dans la foulĂ©e des attentats du 11 septembre et Ă  l’image des dĂ©cisions prises par les USA, le Conseil de l’Union, par son rĂšglement n° (CE) n° 2580/2001, a organisĂ© l’adoption de mesures restrictives spĂ©cifiques Ă  l’encontre de certaines personnes et entitĂ©s dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Le rĂšglement n’est que la traduction d’une rĂ©solution 1373 (2001) du 27/12/01 du Conseil de SĂ©curitĂ© des Nations Unies, lui-mĂȘme clone du rĂšglement amĂ©ricain. Le jour de l’adoption du rĂšglement, le Conseil a adoptĂ© une premiĂšre ‘liste noire’ pour son exĂ©cution.

Le 27 dĂ©cembre 2001, les reprĂ©sentants de 15 Etats rĂ©unis au sein du Conseil de l’Europe dressaient une liste de personnes, groupes et entitĂ©s qu’ils accusent de terrorisme. Dans les premiĂšres listes de dĂ©cembre 2001, annexĂ©es Ă  la position commune et Ă©tablie par le Conseil en exĂ©cution du rĂšglement, apparaissent essentiellement des noms d’organisations et de personnes liĂ©s au conflit au Moyen Orient (Hezbollah, Jihad, Hamas), au conflit dans le Pays-Basque et en Irlande. Les organisation basques ayant une activitĂ© lĂ©gale Ă©taient particuliĂšrement nombreuses sur cette liste, l’Europe cautionnant ainsi conformĂ©ment Ă  la nouvelle politique rĂ©pressive de l’Etat espagnol qui entend traiter comme ‘bras lĂ©gal’ d’ETA toute organisation politique revendiquant l’autodĂ©termination du Pays-Basque.

Le 2 mai 2002, le Conseil de l’Union a inclus dans les listes Ă©tablies sur base du rĂšglement des mouvements de libĂ©ration nationale et sociale qui mĂšnent dans leur pays d’origine une lutte armĂ©e. Sont apparus sur la liste notamment: les Forces ArmĂ©es rĂ©volutionnaires de Colombie (FARC), le Front Populaire pour la LibĂ©ration de la Palestine (FPLP), les Brigades des martyrs Al-Aqsa (liĂ©es au Fatah), le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), le Parti/Front rĂ©volutionnaire de libĂ©ration du peuple (DHKP/C), les Mujahedin-e Khalq iraniens, la New People’s Army (NPA) des Philippines et le fondateur de Parti Communiste des Philippines, le Professeur Jose Maria Sison.

Ces mouvements ne mĂšnent des actions violentes en Europe. Plusieurs d’entre eux ont de reprĂ©sentants et mĂȘme des bureaux de reprĂ©sentation officiels dans des pays de l’Union. Il ont nĂ©anmoins en commun qu’ils estiment que le rĂ©gime qui rĂšgne dans leur pays ne peut ĂȘtre combattu que par la force. Tous ces mouvements argumentent que leurs activitĂ©s se situent dans le cadre d’une lutte lĂ©gitime pour la libĂ©ration nationale ou sociale. Pour ce qui concerne les organisations palestiniennes, le droit international (Ă  travers les rĂ©solutions de l’ONU) a mĂȘme Ă©tabli indiscutablement que le peuple palestinien est confrontĂ© Ă  une occupation. Le mĂȘme droit international reconnaĂźt le droit de s’opposer Ă  l’occupation, y compris par la force.

Ce genre de dĂ©cision se prend sur base de dossiers secrets. Mais il est clair que la prise de position de ces organisations, en Turquie, constitue la raison de leur interdiction en Europe. Tant le PKK que le DHKP-C se sont assignĂ©s en tout premier lieu, en Europe, des tĂąches parfaitement lĂ©gales, telles la diffusion d’informations sur la rĂ©pression en Turquie, ou des manifs et des confĂ©rences de presse, la collecte de cotisations, la quĂȘte de solidaritĂ© et de soutien politique Ă  leur lutte en Turquie. Elles usent en Europe de leurs droits constitutionnels et dĂ©mocratiques tels le droit Ă  la libre expression ou celui de s’organiser, qui leur sont refusĂ©s en Turquie. En Europe, ils n’ont pas menĂ© d’action armĂ©e. On peut comparer leur façon d’agir avec celle, il y a 25 ou 30 ans, de l’ANC, le mouvement sud-africain de libĂ©ration de Nelson Mandela. Toute la lutte armĂ©e s’était menĂ©e en Afrique du Sud, tandis qu’en Europe, toutes les activitĂ©s s’étaient dĂ©roulĂ©es dans un cadre strictement lĂ©gal. Si ces lois anti-terroristes avaient existĂ© Ă  l’époque, il y a de fortes chances qu’on les aurait appliquĂ©es contre l’ANC.

Le PKK figurait dĂ©jĂ  sur la liste noire des Etats-Unis. Il figure aujourd’hui sur les ‘listes noires’ du Canada, des Etats-Unis d’AmĂ©rique, de l’Union europĂ©enne, de l’Australie, de la Turquie, de la Nouvelle-ZĂ©lande et du Royaume-Uni. Le 3 avril 2008, le Tribunal de premiĂšre instance des communautĂ©s europĂ©ennes a annulĂ© une dĂ©cision du Conseil de l’Union europĂ©enne de 2002 d’inscrire le PKK sur sa liste d’organisations terroristes, estimant que le Conseil n’avait pas suffisamment motivĂ© sa dĂ©cision, mais le 15 juillet 2008, le Conseil de l’Union EuropĂ©enne rĂ©intĂšgre le PKK dans la liste des entitĂ©s qu’il considĂšre comme terroristes et adopte des mesures restrictives.

Le rÚglement européen prévoit le gel de tous les fonds, avoirs financiers et autres ressources économiques détenus par les entités incluses dans la liste et interdit la mise à la disposition de ces entités de telles ressources. En outre, le rÚglement interdit de fournir des séries de services financiers aux entités sur la liste.

Le rĂšglement Ă©numĂšre dans son article 2.3 les personnes qui peuvent ĂȘtre inclues sur la liste Ă©tablie en exĂ©cution du rĂšglement par le Conseil:

‘i) les personnes physiques commettant ou tentant de commettre un acte de terrorisme, participant Ă  un tel acte ou facilitant sa rĂ©alisation;

ii) les personnes morales, groupes ou entités commettant ou tentant de commettre un acte de terrorisme, participant à un tel acte ou facilitant sa réalisation;

iii) les personnes morales, groupes ou entités détenus ou contrÎlés par une ou plusieurs personnes physiques ou morales, groupes ou entités visés aux points i) et ii) ou

iv) les personnes physiques ou morales, groupes ou entitĂ©s agissant pour le compte ou sous les ordres d’une ou de plusieurs personnes physiques ou morales, groupes ou entitĂ©s visĂ©s aux points i) et ii)’

Ne sont donc pas seulement visĂ©es les personnes qui participent au sens du droit pĂ©nal (comme complice ou coauteur) Ă  des actes de terrorisme, mais les personnes qui ‘facilitent’ de tels actes, des personnes physiques ou morales qui agissent ‘pour le compte ou sous les ordres d’une ou de plusieurs personnes’ reprises sur la liste. La notion de ‘faciliter’ n’est dĂ©finie nulle part et est une notion Ă©trangĂšre au droit. Les notions ‘d’agir pour le compte ou sous les ordres de’ ne sont d’ailleurs pas plus prĂ©cises. Elles ouvrent Ă©videmment la porte Ă  l’arbitraire le plus total.

En outre, l’article 9 du rĂšglement impose l’obligation aux pays membres de l’Union d’instaurer des sanctions ‘efficaces, proportionnelles et dissuasives’ Ă  l’encontre de toute personne qui aurait violĂ© le rĂšglement; par exemple en fournissant des services interdits ou en mettant des fonds Ă  la disposition d’une organisation ou d’une personne dont le nom est repris sur la liste.

Les reprĂ©sentations en Europe des mouvements de libĂ©ration nationale et sociale incluses dans la liste peuvent donc ĂȘtre accusĂ©es de ‘faciliter’ les activitĂ©s de l’organisation dans le pays d’origine.

Aucune des personnes ou organisations reprises sur la liste n’ont prĂ©alablement Ă©tĂ© informĂ©es de l’intention du Conseil de les insĂ©rer Ă  la liste. Aucun des mouvements ou personnes n’a eu la possibilitĂ© d’ĂȘtre entendu. Pire mĂȘme, quand ils demandent accĂšs au dossier qui a Ă©tĂ© Ă  la base de leur inclusion sur la liste, il leur est rĂ©pondu que les notules de la rĂ©union du COREPER qui en a discutĂ© sont secrets et que les documents produits Ă  cette rĂ©union par des pays membres ont Ă©tĂ© restituĂ©s. Le COREPER (ComitĂ© des reprĂ©sentants permanents), est un groupe de fonctionnaires dĂ©lĂ©guĂ©s par les États membres pour assister les ministres dans la prĂ©paration des Conseils europĂ©ens.

Les personnes et organisations incluses dans la liste se voient taxer de ‘terroristes’ et sont privĂ©es de tout droit sans la moindre contradiction possible. Elles sont ainsi privĂ©es de leur droit Ă  la prĂ©somption d’innocence, d’un procĂšs Ă©quitable avant d’ĂȘtre soumises Ă  des sanctions d’une extrĂȘme gravitĂ©, de leur droit d’ĂȘtre entendues et d’apporter la contradiction aux Ă©lĂ©ments ‘à charge’.

En ratifiant le TraitĂ© d’Amsterdam, les quinze Etats membres ont dĂ©cidĂ© que les dĂ©cisions prises dans le cadre de la PESC, par exemple l’inscription d’une personne ou d’une organisation sur la liste des organisations terroristes, ne seraient pas susceptibles d’ĂȘtre contrĂŽlĂ©es par la Cour de Justice de Luxembourg, donc de faire l’objet d’un recours lĂ©gal.

Certaines organisations inscrites sur la liste n’était mĂȘme pas tenues pour illĂ©gales par l’Etat qu’elles contestaient. L’organisation de jeunesse basque SEGI Ă©tait lĂ©gale en Espagne. L’Etat espagnol l’a fait inscrire sur la liste europĂ©enne des organisations terroristes, et puis s’est prĂ©valu de la prĂ©sence de SEGI sur la liste europĂ©enne pour l’interdire et pour procĂ©der Ă  des arrestations massives de ses militants. L’échelon europĂ©en a permis Ă  l’Etat espagnol de court-circuiter ses propres procĂ©dures lĂ©gales de criminalisation.

Manifestation kurde Ă  Bruxelles
Manifestation en soutien aux kurdes Ă  Bruxelles
Manifestation en soutien aux kurdes Ă  Bruxelles
Descente policiĂšre Ă  Roj TV
Manifestation en soutien aux kurdes en France
Zubeyir Aydar
Remzi Kartal
Carte du Kurdistan
Manifestation kurde en France
Combattantes du PKK
Talabani et Ocalan
Combattante du PKK
Andrea Wolf 'Rohani'
Abdullah Ocalan
Base du PKK
Drapeau du PKK
Drapeau du Kongra-GEL
Le groupe de paix