Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Le 12 août, les anarchistes Alexander Frantskevich et Akihiro Khanada ont été arrêtés en Biélorussie. Frantskevitch est un ex-prisonnier politique, emprisonné de 2010 à 2013 pour des accusations d’attaque de bâtiments gouvernementaux (voir notre article). La police l’a désigné comme le « leader du groupe anarchiste le plus radical du pays, Action Révolutionnaire ». Il est actuellement inculpé pour « organisation d’émeutes de masse », risquant de 5 à 15 années dans les prisons de la dictature. Concernant le second anarchiste emprisonné, Akihiro Hanada, nous ne savons pas encore de quoi il est accusé. Les télévisions d’État ont directement accusé les anarchistes russes et biélorusses d’être les « coordinateurs des émeutes » Frantskevich et Akihiro risquent donc une longue peine d’enfermement pour avoir combattu la dictature. Rappelons que l’anarchiste Nikita Yemelyanov est toujours emprisonné en Biélorussie, condamné à 4 ans de prison pour avoir mené des actions symboliques contre des bâtiments judiciaires ainsi qu’une unité d’isolement à Minsk. Vous pouvez envoyer vos témoignages de soutien à : revolutionaruaction@riseup.net

Les anarchistes emprisonnés en Biélorussie

 

En avril 2020, Anthony Smith, inspecteur du travail du département de la Marne et syndicaliste CGT, s’était vu suspendre de ses fonctions, à titre conservatoire, dans l’attente de la mise en œuvre d’une possible sanction disciplinaire. Cette mise à pied avait été faite suite à une procédure de référé qu’Anthony Smith a intenté visant une structure d’aide à domicile n’ayant pas pris de mesures suffisantes pour préserver la santé et la sécurité de ses employés (voir notre article). Il a été sanctionné par une mutation d’office. Le 21 juillet, plusieurs centaines de personnes s’étaient rassemblées devant le ministère des Solidarités pour le soutenir. Une pétition de soutien lancée mi-avril avait quant-à-elle recueilli près de 150 000 signatures.

 Un inspecteur du travail sanctionné pour avoir défendu des mesures sanitaires

Les 10 et 12 août derniers, police de Bruxelles-Capitale/Ixelles a arrêté trois hommes, soupçonnés d’avoir lancé des projectiles sur des policiers lors de la manifestation “Black Lives Matter” du 7 juin dernier. Le premier a été relaxé après audition, tandis qu’un seconde a également été relaxé par le juge d’instruction. Le troisième homme a pour sa part reçu une citation à comparaître directement devant le tribunal correctionnel. Les trois personnes faisaient l’objet d’un signalement à la suite d’un long travail d’identification, sur base des images de caméras de vidéosurveillance, effectué par la police. Le 7 juin, près de 10.000 manifestant.e.s ont participé au rassemblement Black Lives Matter place Poelaert pour dénoncer les crimes policiers et le racisme de la police. Cette manifestation avait donné lieux à des émeutes (voir notre article).

Manifestation BLM à Bruxelles

Le leader traditionnel mapuche Celestino Córdova, condamné à 18 ans de prison en 2014 pour meurtre dans un procès controversé et émaillé de nombreuses irrégularités, va atteindre les 100 jours de grève de la faim. Mardi, Córdova a rendu public un message que beaucoup interprètent comme un adieu en raison de sa santé défaillante. Córdova et 26 autres prisonniers mapuche, également dans un état grave, maintiennent cette protestation pour exiger du gouvernement qu’il se conforme à la Convention 169 de l’Organisation internationale du travail, qui devrait leur permettre de passer une partie de leur peine dans leurs communautés respectives. De nouvelles manifestations ont eu lieu dans le sud du Chili pour soutenir les prisonniers. Dans la ville de Cañete, dans la région de Bío Bío, une marche s’est achevée par des affrontements entre manifestants et policiers qui ont usé de gaz lacrymogènes et de jets d’eau. Au moins quatre personnes ont été arrêtées.

Les chercheurs chinois de DBAPPSecurity viennent de trouver une faille dans Bluetooth. Baptisée “BlueRepli” elle permet à un pirate de s’introduire dans des smartphones Android et d’y dérober des informations, parmi lesquelles les SMS et les contacts du répertoire. Cette faille est dite “zero day”, c’est à dire inconnue jusqu’à aujourd’hui. La menace est importante parce que la cible est un système quasiment universel, et que tous les appareils sont une cible potentielle, indépendamment de la prudence avec laquelle leur utilisateur a utilisé le web. Pour se connecter en Bluetooth, un utilisateur doit effectuer une opération dite d’appairage, pendant laquelle les deux appareils vont faire connaissance. Une fois présentés, ils peuvent se connecter très rapidement et automatiquement, sans action supplémentaire. Il suffit pour cela d’activer le Bluetooth, de mettre les deux appareils sous tension et de les rapprocher à une distance raisonnable. Grâce à cette faille, un pirate peut enregistrer son propre appareil auprès de la cible en tant qu’objet appairé en Bluetooth. Il se connecte à la cible, en se faisant passer pour un appareil connu, sans explication ni autorisation.

Tant que Google n’aura pas corrigé la faille dans son système d’exploitation, le Bluetooth demeurera une porte grande ouverte. Ce n’est probablement qu’une question de temps avant que les équipes d’Android ne corrigent cette nouvelle brèche. S’il n’est pas possible de désinstaller le Bluetooth comme on le ferait avec une application malveillante, mieux vaut garder un œil sur les mises à jour de votre appareil Android dans les prochains temps.

La sécurité de Bluetooth compromise

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Deux soldats du 62e bataillon d’infanterie de l’armée philippine ont été blessés, tandis qu’un membre présumé de la guérilla maoïste a été tué lors de deux affrontements, ce vendredi 14 août à midi, à Sitio Tabago, dans le Negros Oriental. Les deux affrontements ont eu lieu presque simultanément, opposant les militaires de la 303e brigade en pleine opération de contre-guérilla à deux groupes distincts de 15 et 20 combattants de la NPA. Une fusillade de 30 minutes a eu lieu pendant que des hélicoptères intervenaient en débarquant des renforts.

Opération héliportée ce vendredi midi

Les autorités biélorusses ont annoncé mercredi la mort d’un homme interpellé lors d’un rassemblement contre la réélection du président Alexandre Loukachenko et la police a dit avoir ouvert le feu à balles réelles à Brest (sud-ouest), faisant un blessé. Dans l’hyper-centre de la capitale, les stations de métro étaient fermées dans la soirée de mercredi et la circulation interdite. De nombreux policiers étaient également déployés dans de grandes artères quasiment vides. Près de la station Ouroutché, au nord-est de Minsk, des manifestants ayant formé une chaîne humaine ont été dispersés et frappés par des policiers, au milieu des cris. Des dizaines de femmes, vêtues de blanc, ont également formé des chaînes humaines dans d’autres endroits de la capitale pour dénoncer la répression policière visant les protestations contre la réélection le 9 août du président Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 26 ans.

Sur les réseaux sociaux, des vidéos montraient des dizaines de manifestants rassemblées ou barrant temporairement des rues de Minsk, sur fond des klaxons de véhicules. Lors des trois nuits de protestation précédentes, les forces de sécurité ont arrêté quelque 6.000 personnes à travers le pays, sans que l’on sache combien sont encore détenues. Depuis dimanche soir, la police use de grenades assourdissantes et de balles en caoutchouc contre les protestataires et au moins 250 blessés ont été admis à l’hôpital.

Manifestant arrêté à Minsk

Plus de 400 artistes et acteurs marocains dénoncent dans un manifeste la répression policière et la diffamation de la part médias proches du pouvoir qui cherchent à faire taire les voix critiques. Sous le titre «Cette ombre est là», le texte pointe «plusieurs cas d’emprisonnement politique, de harcèlements et de répression, parmi lesquels l’arrestation des journalistes Omar Radi et Hajar Raissouni, ainsi que les répressions subies par des mouvements sociaux». La situation a été exacerbée par la pandémie et l’état d’urgence sanitaire, ajoute le manifeste signé entre autres par les écrivains Abdellatif Laâbi et Abdellah Taïa, le cinéaste Faouzi Bensaïdi ou encore la chanteuse Oum. Dans ce contexte, les médias de ‘‘diffamation’’, proches de l’appareil policier de l’Etat, ont joué un rôle important dans cette répression. Le manifeste réclame la «libération de tous les prisonniers politiques et le droit de la population de chercher, discuter, analyser, critiquer (…) sans être diffamé, criminalisé». A la mi-juillet, un groupe de 110 journalistes avait appelé les autorités marocaines à prendre des mesures contre les «médias de diffamation» qui calomnient impunément des «voix critiques».

Un manifestant brandit le portrait d'Hajar-Raissouni (archive)

Mardi 11 août, la population libanaise descendait pour la quatrième nuit d’affilée dans les rues de Beyrouth dans le but de faire tomber l’ensemble de la classe dirigeante. Le gouvernement de Hassan Diab a démissionné lundi mais les Libanais veulent aussi le départ du chef de l’État, du chef du Parlement, et des députés (voir notre article). Les affrontements ont repris entre manifestant·es et les forces de sécurité près du siège du Parlement à Beyrouth. Les manifestant·es ont tenté de défoncer des barricades en y mettant parfois le feu alors que la police utilisait des gaz lacrymogènes. Dix blessés ont été transférés vers des hôpitaux et 32 ont été soignés sur place, selon la Croix-Rouge libanaise. La révolte contre la classe dirigeante corrompue libanaise dure depuis octobre 2019 (voir notre article). La colère populaire générée par l’explosion de mardi, n’en est que le dernier chapitre.

Émeutes du mardi 11 août 2020 au Liban

Édit 13 août 2020 : Nous annoncions la mort d’un manifestant à Minsk. Il avait été écrasé par un véhicule de police. Il semble cependant qu’il ait survécu à ses blessures.

Suite à la tenue de la présidentielle, des émeutes nocturnes ont éclaté dimanche soir dans plusieurs villes de Biélorussie. Les chiffres officiels, créditent Loukachenko de 81,35% des voix, ce que conteste la candidate de l’opposition, Svetlana Tikhanovskaïa. Dans le centre de la capitale, Minsk, les protestataires ont érigé des barricades. Pour déloger les manifestants, la police a eu recours à du gaz lacrymogène, à des canons à eau et à des grenades assourdissantes. Les heurts ont fait un mort et plusieurs personnes ont dû être hospitalisées. Ce lundi soir 11 août, les manifestations et les interpellations ont repris. Des balles en caoutchouc et des grenades assourdissantes ont à nouveau été utilisées à Minsk.  Dans d’autres villes du pays, des manifestations se tiennent également.

Les affrontements à Minsk