Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Nous vous parlions le 17 décembre du procès contre le gilet jaune Roland Veuillet pour “acte d’intimidation”, “participation à un attroupement après sommation de se disperser”, “entrave à la circulation des véhicules”, “rébellion”, “dénonciation calomnieuse” et “outrage” ; le tout pour une période allant de décembre 2018 à décembre 2019 (voir notre article). Roland a affronté politiquement la justice, tournant le dos au tribunal jusqu’à son expulsion de l’audience. Sa demande de remise en liberté a été acceptée ce 26 décembre. Il est placé sous contrôle judiciaire en attendant son procès le 9 janvier. Il doit pointer trois fois par semaine à la gendarmerie de Nîmes (dont le samedi) et il est interdit de manifestation et de port d’arme.

Rassemblement de soutien

Un soldat de l’armée gouvernementale a été tué et six autres ont été blessés lors d’une attaque lancée lundi par la guérilla maoïste dans un village isolé des environs de Labo City, dans la province de Camarines Norte. Un peloton de la 9e division d’infanterie patrouillait à 9 h 20 à Barangay Baay lorsqu’il est tombé dans une embuscade. Les guérilleros ont fait exploser un IED sur le chemin de la patrouille, puis ont ouvert un feu nourri sur les militaires.

Combattants de la NPA

Des centaines de militants et de grévistes de trois syndicats, en lutte contre la réforme des retraites, se sont rassemblés lundi devant la gare de Lyon à Paris. Ils ont déclenché des fusées éclairantes et des feux d’artifice, et se sont affrontés aux policiers qui ont tiré des gaz lacrymogènes. Des manifestants ont bloqué la circulation sur la ligne 1 du métro parisien en envahissant les quais de la station Gare de Lyon. Automatique, la ligne 1 est l’une des deux lignes du métro parisien qui fonctionne normalement depuis le début de la grève. Elle a été interrompue entre Châtelet et Nation en raison des manifestants à Gare de Lyon. La ligne 14, deuxième ligne automatisée, passe également par la station Gare de Lyon. La manifestation a été une première fois nassée, elle a pu rompre la nasse (provoquant un large usage de gaz par les CRS) avant d’être une seconde fois nassée.

Le rassemblement devant la gare de Lyon

 

La province viticole argentine de Mendoza s’est soulevée pour protester contre l’annulation d’une loi de 2007 sur la protection de l’eau qui avait réussi à empêcher les projets miniers dans la province. La modification de la loi 7722 permettra l’utilisation d’acide sulfurique, de cyanure et d’autres produits chimiques toxiques. Cette annulation a donné lieu, tout au long de la semaine dernière, à des manifestations qui comprenaient des coupures de routes nationales et provinciales. Des milliers de personnes se sont rassemblées lundi devant le bureau du gouverneur de la province. Des affrontements ont éclaté dans l’après-midi, alors que la police a tiré des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes sur la foule en réponse aux jets de pierres par des manifestants en colère. Les sources officielles font état de 19 policiers blessés et 16 manifestants arrêtés. Le gouverneur fait valoir que des projets miniers (zinc et fer) créeraient des dizaines de milliers de nouveaux emplois mais ceux-ci pourraient menacer les sources d’eau dont dépendent les agriculteurs et les viticulteurs, dans une province semi-aride qui traverse déjà la pire sécheresse de son histoire.

Les affrondements de lundi à Mendoza

Mardi 21 mai 2019, les trois anarchistes Natascia, Giuseppe et Robert avaient été été arrêté·es à Milan par le Raggruppamento Operativo Speciale (ROS, l’unité anti-terroriste des Carabinieri) dans le cadre d’une opération répressive appelée « Prometeo » (voir notre article). Les trois activistes sont accusé·es principalement « d’attaque terroriste ou de subversion ». Natascia est toujours en prison, alors que Robert a été libéré. Quant à Giuseppe, dans la matinée du mardi 17 décembre, il a en plus été accusé, dans le cadre de l’opération « Spark » (une opération du ROS de Turin cette fois), d’avoir tenté de détruire un distributeur automatique de billet de La Poste de Gênes, en juin 2016, à l’aide d’un engin incendiaire (voir notre article).

Pour lui écrire:
Giuseppe Bruna
C. C. di Pavia
via Vigentina 85
27100 Pavia
Italia – Italy

Emblème du ROS

La Russie doit tirer le bilan lundi du test des équipements devant lui permettre d’isoler son internet des serveurs mondiaux et dont le but officiel est de garantir son fonctionnement même en cas de cyberguerre mondiale. Ces essais interviennent dans le cadre d’une loi controversée, dénoncée comme instaurant des dispositifs de censure, entrée en vigueur début novembre (voir notre article). Il s’agit notamment de tester, dans des zones spécialisés, les mécanismes de réaction à des « menaces » au fonctionnement stable et sécurisé de l’internet en Russie, selon le ministère russe des Communications. Des tests ont déjà eu lieu à divers niveaux depuis près de deux semaines.

Concrètement, le trafic internet sera réorganisé de manière à réduire la quantité de données transmises via l’étranger. A cette fin, les fournisseurs d’accès devront installer d’ici 2021, l’année des prochaines législatives en Russie, sur leurs réseaux une infrastructure spéciale fournie par les autorités mais dont la nature n’a pas été révélée. Cette technologie permettra au gendarme russe des télécoms, Roskomnadzor, d’effectuer au besoin une « inspection profonde de paquets » (DPI), soit une analyse de tout le trafic qui transite par les serveurs russes et de rediriger ce flux vers des sites ou des services spécifiques. Roskomnadzor aura également la possibilité de faire basculer le trafic national sous son « contrôle centralisé » en cas de « menace à son intégrité ». Concrètement, il pourra bloquer tout site ou contenu directement, une tâche qui incombe actuellement aux opérateurs avec des succès variables.

Manifestation d'opposition à la loi

 

 

La semaine dernière, la famille d’un volontaire britannique du YPG a été arrêtée et mise en garde à vue pour « soutien à un groupe terroriste ». Le père, la mère et le frère de l’internationaliste ont été interrogé·es pendant 12 heures. Vendredi 20 décembre, Daniel Burke, membre du YPG en 2017-2018 ayant combattu Daech lors de l’offensive de Deir-ez-Zor, est passé devant le devant le tribunal à Westminster. Il est accusé de « financement du terrorisme » pour avoir donné de l’argent à plusieurs de ses camarades via PayPal. Il est également accusé d’avoir aidé un autre britannique à rejoindre les rangs du YPG. Arrêté le 7 décembre, il est depuis en détention provisoire.

Daniel Burke

Daniel Burke

Samedi 21 décembre, Ender Elías Ravelo, ancien guérillero des FARC démobilisé, a été assassiné dans un établissement commercial situé dans le quartier de Santander de la municipalité de Tibú (dans le nord du département Santander). Les assassins sont arrivés sur une moto et l’un d’entre eux a ouvert le feu sur le guérillero, sa femme et un ami du couple. Les assassinats des anciens FARC démobilisés sont monnaie courante dans le pays depuis les accords de paix de 2016 (voir notre article). Rien que cette année on a recensé plus de 60 assassinats de ce type.

Ender Elías Ravelo, ancien FARC assassiné

Ender Elías Ravelo, ancien FARC assassiné

 

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Le 4 décembre, le tribunal de Versailles a condamné, en comparution immédiate, Amélie H. à 17 mois de prison et à 3 ans de privation de ses droits civiques, civils et de famille pour «violences volontaires sur personnes dépositaires de l’autorité publique». Depuis plusieurs mois, Amélie H. photographiait et filmait des policiers (ou les plaques d’immatriculation de leurs véhicules) aux abords de différents commissariats de la région parisienne. Elle postait ensuite certaines de ces photos sur différents comptes Facebook (tous supprimés depuis), archivant les informations en cas de violences policières. Suite à la diffusion de ces photos, des policiers de Guyancourt et de Versailles se sont fait prescrire des ITT (incapacité totale de travail) de plusieurs jours, ce qui permettra au tribunal de qualifier ces faits en violence sur personne dépositaire de l’autorité publique. Amélie H. a fait appel de sa condamnation, et dénonce que le tribunal n’ait pas pris en compte son témoignage sur l’acharnement des forces de l’ordre et des violences policières à son encontre.

17 mois de prison pour avoir photographié des policiers

Les forces spéciales de la police et de l’armée ont mené une opération qui a débouché sur la mort de deux dirigeants maoïstes recherchés de longue date. Il s’agit d’Eleuterio Sadyaw Agmaliw alias «Omeng» et de Freddie Daileg connu sous le nom de «Poldo». Ils étaient l’objet de mandats d’arrêt pour « incendie criminel, meurtre, tentative de meurtre et rébellion ». Un troisième maoïste, non identifié, a été tué dans l’opération. Les forces de sécurité avaient repéré les maoïstes dans un lotissement de Novaliches, à Quezon City, vers 3 h 30 du matin. Les révolutionnaires ont résisté à l’opération, blessant deux policiers. Un fusil M16 avec chargeur et munitions, un revolver de calibre .38, deux grenades à main, des composants d’engins explosifs, des téléphones portables, un ordinateur portable et des documents politiques ont été saisis sur les lieux par la police.

Membres de la guérilla maoïste (archive)