Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Des heurts ont éclaté lors de la manifestation des « gilets jaunes ce mercredi 8 mai à Toulon. Plus de 2000 personnes ont défilé et la situation s’est tendue en arrivant dans le quartier du Mourillon. Un groupe de manifestants masqués a voulu quitter le parcours officiel et s’est faufilé dans les petites rues. C’est là que les affrontements ont éclaté avec les forces de l’ordre. Un pavé a été jeté sur les policiers qui ont fait usage de gaz lacrymogène. Une personne a été interpellée pour jet de projectile.

La manifestation de toulon

La manifestation de toulon

Jeudi 9 mai, Chelsea Manning a été libérée de la prison de Virginie où elle a passé 62 jours (dont un mois à l’isolement) pour avoir refusé de témoigner au sujet de ses liens passés avec WikiLeaks devant un grand jury fédéral dans le district est de Virginie. Cette libération n’est pas le fruit d’une victoire juridique. En avril, une Cour d’appel avait rejeté une requête déposée par son équipe juridique pour la libérer (voir notre article).

Cette libération intervient plutôt suite à l’expiration du mandat du grand jury jeudi. Son équipe juridique a cependant déjà reçu une autre assignation à comparaître qui exige qu’elle comparaisse devant un autre grand jury le 17 mai. Manning s’est engagée à ne répondre à aucune question et pourrait donc être remise en détention dès la semaine prochaine.

Le refus de Manning de témoigner est un acte de protestation contre les grands jurys en général qui ont toujours été utilisé pour «piéger et persécuter des militants pour des propos politiques protégés». L’immunité est imposée aux témoins du grand jury, ce qui leur enlève le privilège de ne pas s’incriminer et les prive de tout «droit de garder le silence».

Chelsea Manning

Chelsea Manning

Cinq guérilleros, dont trois femmes, ont été abattus lors d’un combat avec les forces de sécurité dans le district de Koraput (Odisha) mercredi après-midi. Le commissaire de police local a affirmé que la fusillade d’une trentaine de minute s’était déroulée dans une zone forestière vers 14h45. Il avait envoyé ses hommes dans la zone dès le matin après avoir été informé de la présence d’une brigade maoïste. Quatre brigades du Special Operation Group furent impliqués dans cette action de contre-insurrection. Trois des maoïstes abattus étaient activement recherchés par les autorités qui les accusaient d’avoir pris part à diverses actions attribuées au PCI(maoïste). Leurs corps ont été retrouvés sur les lieux. Les soldats ont également saisis quatre armes ainsi que des chargeurs solaires ainsi que des paquetages.

Guerilleros maoïstes

Guerilleros maoïstes

Mercredi 8 mai, le tribunal correctionnel de Bruxelles a accordé la suspension du prononcé à un militant qui avait détourné des écrans publicitaires en 2016. Il avait piraté le système et changé les messages pour en diffuser d’autres, qui dénonçaient les traités de libre-échange TTIP et CETA (voir notre article).

Le tribunal a estimé que le militant avait commis l’infraction de piratage informatique en s’introduisant illégalement dans les système des panneaux publicitaires électroniques. Compte tenu de l’ancienneté des faits et de l’absence d’antécédents judiciaires, le tribunal lui a accordé la suspension simple du prononcé de la condamnation durant deux ans. La procureure, elle, avait requis une peine d’amende de 12.116 euros.

L’écran Place De Brouckère

L'écran Place De Brouckère

Edit: Les vidéos (issues du direct d’EODP) et les quatre photos (issues de PPics) ont toutes été floutées par nos soins.

À l’occasion du 1er Mai, deux disputes ont opposé des militants du cortège révolutionnaire à deux « journalistes engagés », se concluant par l’agression physique d’un camarade et par des menaces de représailles policières de la part de leur collectif.

Voilà maintenant plusieurs années que Rachid et Boubaker Moumni tentent de faire une carrière journalistique dans le cadre de leur ONG « European Observatory for Peace and Democracy » (EODP) sur le dos des luttes militantes.

Depuis plusieurs années, le Secours Rouge a entamé une campagne pour augmenter la conscience du problème photographique dans l’activité militante. La combinaison photo/vidéo numérique et médias sociaux expose les manifestant·e·s à être identifié·e·s par leur patron, leur prof, par les policiers ou par les fascistes, comme jamais auparavant. Nous avons d’ailleurs reçu durant cette campagne de nombreux témoignages de militant·e·s mis en difficulté à cause de photos prises par des « journalistes engagés » : agression par des militants d’extrême-droite en pleine rue, condamnation judiciaire d’un militant identifié sur les lieux d’une action, militante syndicale identifiée par son patron comme communiste, plusieurs personnes sans-papiers et réfugié·e·s recevant des avis négatifs de la Sûreté de l’État après avoir été identifié·e·s comme militant·e·s (dont un au 1er Mai de l’année passée), etc.

Jusqu’à ce que nous commencions cette campagne, n’importe qui pourvu d’un appareil photo et d’une page Facebook estimait avoir des droits sur l’image de n’importe quel manifestant·e. Notre campagne a changé cela, elle a donné lieu à de nombreuses discussions, dans un sens ou dans l’autre, autour du travail du Collectif Krasnyi, de Mediactivista, et des collectifs médias militants en général.

Notre position est qu’on ne devrait pas rendre public l’image d’une personne sans son accord. Mais comme nous savons cela (pourtant élémentaire) difficile à obtenir, nous avons mis à la disposition des militant·e·s des stickers « No Photo » pour exprimer clairement leur refus d’être photographié·e·s.

Ces stickers n’empêchent personne de photographier mais mettent les photographes devant leurs responsabilités: choisir d’ignorer sciemment la demande ou changer sa façon de travailler pour la respecter (par le choix du cadrage, ou en floutant les visages avant la médiatisation). Cette pratique a finie par être largement comprise et acceptée. Mais pas par les frères Moumni, et voici quelques exemples de photo issus de leur « banque d’image ».

Quelques exemples de la

Le plus fort, dans leur cas, c’est qu’il refusent aux manifestant·e·s le droit à leur propre image, mais qu’ils revendiquent bien haut, pour eux, la propriété de cette image. Leur polémique avec la RTBF qui avait utilisé un bout de leur vidéo en est un bel exemple.

PPics et RTBF

À de multiples reprises, ces dernières années, nous avons demandé aux frères Moumni de « filmer un peu plus loin », de « faire attention aux gens avec les auto-collants », etc. Ils ont toujours réagi avec une grande agressivité, allant jusqu’à suivre et coller leur appareil à quelques centimètres de celles et ceux qui leur demandent le respect le plus élémentaire de leur droit à l’image. Ce qui nous amène à la dernière affaire.

Pour la manifestation du 1er Mai Révolutionnaire, la question des photos et vidéos avait été longuement discutée. L’Alliance organisatrice avait désigné des photographes de confiance pour couvrir la manifestation et avait publié une page spéciale « À l’attention des photographes » (avec un tutoriel de floutage).

Plusieurs photographes qui n’avaient pas été désigné.e.s se sont également présenté à nous le jour même et nous avons pu discuter avec eux de leur pratique. Au début de la manifestation ces consignes ont été distribuées à tous les participant·e·s, et cela avait aussi été rappelé dans le discours de départ.

Les frères Moumni ont d’abord manifesté au sein du « 1er Mai de Lutte » appelé par la CGSP-ALR avant de croiser le cortège du 1er Mai Révolutionnaire aux abords de l’Albertine. À l’occasion de cette rencontre, un militant du cortège révolutionnaire a demandé à B. Moumni de cesser de filmer puisqu’il ne faisait pas partie des photographes désigné·e·s pour rendre compte de la manifestation. Ils sont d’ailleurs parfaitement au courant de cette pratique et mentionnent eux-mêmes dans leur vidéo « on ne s’entend pas avec les organisateurs de cette manif car ils ne veulent pas qu’on filme » (cf video « EODP #4). La réaction du photographe a été immédiate, s’introduisant dans la manifestation pour coller son smartphone au visage de celui qui lui avait fait la remarque, à cette occasion la perche à selfie de B. Moumni est abaissée une première fois, assorti d’une menace ferme concernant son matériel. Cette provocation de B. Moumni a fait éclater une dispute avec d’autres militant·e·s excédés par cette manière de faire.



La manifestation s’est poursuivie, les frères sont restés dans le cortège CGSP-ALR, traitant à plusieurs reprises sur leur direct la manifestation révolutionnaire de « fachos », de « fascistes anarchistes », présentant comme preuves les images des dégradations sur divers panneaux publicitaires, sur les vitrines de l’ONEM et sur celles du PS. On voit déjà que les termes de « racistes » ou de « fascistes » sont systématiquement utilisés par les deux frères qui considèrent la casse d’une vitrine de publicité ou de l’ONEM comme des actes « fascistes ».

On ne s’étonnera pas de ces commentaires puisque le secrétaire de leur ONG, Benjamin Hannesse, était candidat PS aux élections communales 2018 à Woluwe Saint-Pierre.

Arrivé Place Rouppe, R. Moumni traverse les festivités, protège pour la première fois de la journée l’anonymat de son sujet photographique : le dispositif policier.

Puis il se rend à la Place Anneessens en commentant « ces cons là sont ici » avant de zoomer sur la personne qui l’aurait « agressé », verbalement (cf. video « EODP #6 » plus bas). Ensuite il croise à nouveau la personne qui lui avait rabaissé son smartphone aux abords de l’Albertine et la poursuit car celle-ci lui dit « tu n’arrêteras jamais » , la caméra est à nouveau abaissée car prenant clairement des images en direct : cette phrase et ce geste constituent l’agression dénoncée par EODP depuis. Le live s’arrête là, quelques secondes plus tard ce camarade sera frappé à coup de perche à selfie et traité de raciste. Une accusation pour laquelle les seules preuves apportées par EODP sont que « les reporters d’EODP [sont] d’origine […] maghrébine » et que les journalistes de RT auraient été « autorisés » à filmer. Ce n’était bien sûr pas le cas, si le journaliste de RT avait été repéré, il lui aurait également été demandé de cesser de filmer. Des reporters racisé·e·s ou non ont été autorisé·e·s à filmer, il a été demandé à d’autres, racisé·e·s ou non, de cesser de filmer. Il a été demandé aux frères Moumni de cesser de filmer car ce sont deux photographes qui sont connus pour revendiquer agressivement leur droit de filmer n’importe qui n’importe comment, comme en témoigne leur pratique récurrente de poursuivre en filmant en direct les personnes qui leur demandent de ne pas les filmer.

R. Moumni a donc cinglé notre camarade du pied de son appareil avant de hurler en vain « facho, facho, facho » pour tenter lâchement de faire croire à une agression raciste et impliquer les habitant·e·s du quartier. Traiter de raciste ce camarade est une malhonnêteté qui en dit long sur le manque de scrupules des frère Moumni, car ils connaissaient bien le pourquoi de l’incident. Blessé au sang, notre camarade a été pris en charge médicalement. À aucun moment ni Rachid, ni Boubaker n’ont été violentés : à deux reprises leur perche à selfie a été saisie et abaissée par la personne qui ne souhaitait pas être affichée en direct sur Facebook. N’arrivant pas à mobiliser en sa faveur les témoins de l’incident, R. Moumni s’est retiré et a longuement discuté avec les policiers en civil se tenant à proximité. Amis du PS et de la police, les frère Moumni ont tout naturellement menacé d’aller porter plainte, comme en témoigne le mail reçu :

Menace de plainte de la part d’EODP

Nous ne rembourserons rien aux frères Moumni (ni la perche à selfie, ni le smartphone et le micro qu’ils essaient de se faire remplacer alors qu’ils n’ont pas été endommagés). Ce sont des opportunistes mettant en danger les militant·e·s pour leur petite carrière « journalistique », ce sont des collaborateurs informels de la police, prêts à tous les mensonges et à toutes les instrumentalisations (comme en appeler à l’anti-racisme dans cette affaire) pour perpétuer leurs petites combines. Ils doivent clairement être bannis des activités militantes comme les opportunistes néfastes et collaborateurs de police qu’ils sont.

Notre camarade, une demi-heure après l’agression.

Quelques exemples de la
PPics et RTBF
Menace de plainte de la part d'EODP
Notre camarade, une demi-heure après l'agression.

Lundi 6 mai, Thomas, un Gilet Jaune incarcéré à Fleury-Mérogis, a revendiqué dans une lettre « un usage juste de la violence ». Il est en prison depuis février, accusé d’avoir participé à des dégradations sur des voiture de luxe et de police ainsi que d’avoir lancé des projectiles sur la police durant l’acte XIII du mouvement (voir notre article).

Dans sa lettre, il rappelle les nombreux emprisonnements de Gilets Jaunes ainsi que les nombreuses brutalités et mutilations policières subies par ses camarades. Il admet également que « dans certaines situations, le conflit est nécessaire ». Il assume une partie des actes qui lui sont reprochés en étant pleinement conscient que cela lui vaudra de rester plus longtemps en prison.

Il conclut, en parlant du mouvement Gilet Jaune que « Ni la matraque, ni la prison ne semble arrêter ce mouvement. Je suis de tout cœur avec ceux qui continuent. »

Le restaurant de luxe Le Fouquet’s en train de bruler durant l’acte XIII des Gilets Jaunes

Le restaurant de luxe Le Fouquet's en train de bruler durant l'acte XIII des Gilets Jaunes

07/05/2019

Inde: Redditions

Deux guérilleros maoïstes ainsi que quatre membres d’une milice du parti se sont rendus ce lundi dans l’état d’Andhra Pradesh. Les deux hommes ont été identifiés, et d’après les autorités, ils auraient été partie prenante de diverses actions attribuées au PCI(maoïste) dans l’état. Tous deux avaient rejoint une milice en 2008 avant d’être promu et de suivre une formation armée leur permettant d’avoir une arme et de participer aux actions insurrectionnelles. Les miliciens étaient eux engagés dans des missions de fourniture de nourriture, de mobilisation de la population, de protection de guérilleros ainsi que de soutien au guérilleros dans la préparation d’actions armées.

Carte de l’Andhra Pradesh

Carte de l'Andhra Pradesh

Lundi 6 mai, quatre Gilets Jaunes ont été condamnés à deux ans de prison (dont 12 mois avec sursis) pour avoir incendier la barrière d’un péage dans la nuit le 15 décembre 2018 à Narbonne. Trois d’entre eux étaient jugés pour «détérioration ou dégradation du bien d’autrui par un moyen dangereux». Le quatrième comparaissait pour complicité, suspecté d’avoir fourni l’essence de sa moto pour l’incendie.

Le juge leur a signifié une interdiction de manifestation et de port d’arme pendant trois ans. Il les a en outre condamné à payer solidairement 288.000 euros à Vinci Autoroutes la et a ordonné leur maintien en détention.

Les quatre Gilets Jaunes avaient été arrêtés mi-février et devaient être alors jugés en comparution immédiate. Mais trois d’entre eux avaient demandé un délai pour préparer leur défense. Les quatre militants avaient alors été placés en détention provisoire en attendant leur procès.

L’incendie avait eu lieu le 15 décembre lors de l’acte VII des «gilets jaunes». Cet incendie était intervenu deux semaines après un autre feu plus important qui avait endommagé la même barrière de péage ainsi que des locaux de Vinci Autoroutes et ceux du peloton autoroutier de la gendarmerie. Au total 14 personnes avaient été arrêtées en janvier suite à ce premier incendie (voir notre article).

La préfecture de Haute-Loire, à Puy-en-Velay, incendiée par les Gilets Jaunes (archive)

La préfecture de Haute-Loire, à Puy-en-Velay, incendiée par les Gilets Jaunes (archive)

Au moins 20 combattants du Front de guérilla 53 de la NPA ont attaqué le poste militaire de Barangay Malibatuan, dans la municipalité d’Arakan. La fusillade a duré près de 30 minutes. Le poste était tenu par quatre militaires du 19e bataillon d’infanterie des Forces armées philippines et par des paramilitaires du CAFGU.

La région de l’Arakan

La région de l'Arakan