Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Mardi 21 mai trois anarchistes Natascia, Beppe et Robert ont été arrêtés à Milan par le Raggruppamento Operativo Speciale (ROS, l’unité anti-terroriste des Carabinieri) dans le cadre d’une opération répressive appelée «Prométhée». Certaines perquisitions ont également été effectuées. Les personnes arrêtées sont accusées principalement « d’attaque terroriste ou de subversion », car ils sont considérés comme responsables de l’envoi de colis piégés reçus en juin 2017 par deux procureurs Rinaudo et Sparagna (ce dernier est le procureur général chargé du procès pour l’opération «Scripta manent») et par Santi Consolo, alors directeur du Département de l’administration pénitentiaire à Rome.

Les enquêteurs affirment être parvenus à tracer les appels téléphoniques ainsi que les historiques web d’un cyber-café voisin de l’adresse d’expédition des colis. Ils affirment également avoir identifié les trois anarchistes sur des images vidéo-surveillance au moment où ces derniers achetaient les composants nécessaires à l’emballage des munitions. La triple attaque à l’explosif ferait partie de la campagne d’action lancée par un appel intitulé « Per un giugno pericoloso », élaboré à Rome en avril 2017 dans le but de développer une nouvelle perspective de lutte anarchiste contre la répression.

Emblème du ROS

Un an, jour pour jour, après la mort de la petite Mawda, 2 ans, Kurde, migrante, assassinée d’une balle dans la tête, sur l’autoroute à deux pas de Mons, par des policiers qui venaient notamment de Namur, le commissariat de la police fédérale de la rue de l’Arsenal a été orné d’un tag « Mawda », et un liquide semblable à du sang a été répandu sur les lieux. Une manifestation avait lieu le même jour à Mons et là aussi, un liquide évoquant le sang a été répandu sur les marches du palais de justice.

Le commissariat tagué à Namur

Gorka Lupiañez, membre de l’ETA, a été arrêté par la Garde civile à Berriz, province de Vizcaya, au Pays basque, en décembre 2007. Il sera détenu 5 jours au secret dans un commissariat de Madrid. Lupiañez dénoncera les actes torture, de sévices et de viol subit lors de sa détention au secret. En 2007, il porte plainte, mais l’affaire sera classée en 2009. Il fera appel et une enquête sera lancée, mais finalement suspendue en 2011. Après la Cour constitutionnelle espagnole, Gorka Lupiañez, fera appel à la Cour européenne des droits de l’homme qui n’examinera pas l’affaire. Finalement, ce lundi 20 mai, le Comité des droits de l’homme des Nations Unies a déclaré que Gorka Lupiáñez avait bien été torturé lors de sa détention au secret en 2007.

Le Comité demande que les autorités compétentes procèdent à une enquête sur les allégations de torture et attend que l’exécutif espagnol l’informe dans les 180 jours des mesures qu’il prendra en réponse à son avis, conformément au Pacte international relatif aux droits civils et politiques ratifié par l’Espagne en 1985. Depuis 2010, la Cour européenne des droits de l’homme a condamné l’Espagne pour les actes de torture commis sur dix prisonniers basques: Mikel San Argimiro (2010), Aritz Beristain (2011), Martxelo Otamendi (2012), Oihan Ataun (2014), Beatriz Etxeberria (2014), Patxi Arratibel (2015). , Xabier Beortegi (2016), Igor Portu (2018) et Mattin Sarasola (2018).

Gorka Lupiañez

Hier, le collectif universitaire contre les violences policières a lancé une caisse de soutien aux gilets jaunes. Ce collectif a été lancé en mars dernier par plus de 450 universitaires au moyen d’un appel intitulé « Universitaires, nous nous déclarons « complices » des gilets jaunes face aux dérives autoritaires du pouvoir ».

Le collectif dénonce la répression du mouvement Gilets Jaunes, les nouvelles mesures liberticides récemment adoptées (unité « anti-casseurs », « visage masqué » considéré comme délit, marquage chimique des manifestant.es, etc.) ainsi que l’augmentation de la répression judiciaire (nombre des procès en augmentation constante et condamnations à de la prison ferme plus fréquentes).

Afin d’aider les manifestant·e·s à faire face aux coûts financier des procès, le collectif universitaire a donc lancé une cagnotte qui financera des collectifs d’autodéfense juridiques. Les fonds seront répartis entre les collectifs locaux avec le soutien du réseau national des collectifs d’autodéfense juridique.

Le lien vers [la cagnotte
->https://www.helloasso.com/associations/les-amis-de-la-liberte/collectes/caisse-de-soutien-aux-gilets-jaunes]

Le même jour, deux personnes condamnées à Reims à 18 mois de prison ferme et pour l’un d’entres eux à verser 1000 euros à un policier. Ils étaient accusés d’avoir jeté des projectiles sur les forces de l’ordre (des pierres pour l’un, des grenades lacrymogènes pour l’autre), samedi, pendant la manifestation des gilets jaunes. Dans les deux cas, le tribunal a été plus sévère que le procureur de la République. Alors que le parquet avait réclamé 12 et 13 mois de prison ferme contre les deux hommes, jugés en comparution immédiate, le tribunal les a condamnés tous les deux à 18 mois ferme, avec mandat de dépôt, et donc, incarcération immédiate à la sortie de l’audience.

Deux autres hommes étaient jugés le même jour. Le premier été accusé de jet de pavés sur la police. Il écope de quatre mois de prison ferme. Le second aurait traité les policiers de « moutons ». Il écope de quatre mois ferme, plus quatre mois supplémentaires, en révocation d’une peine de sursis précédente.

Gilets Jaunes Acte XXIV Paris

Le 17 et 18 mai la police bruxelloise a nassé des manifestations (action de blocage dans le cadre de la marche Climat et cortège antifa dans la Pride). Le nassage ou kettling est une tactique policière consistant soit à immobiliser (ou à orienter) des manifestants par des policiers en nombre inférieur mais adoptant un dispositif en cordon. Cette tactique est utilisée de manière très récurrente par la police bruxelloises face aux mouvements sociaux combatifs.

Une discussion aura lieu sur le thème « Face aux nasses, cessons d’être impuissant.e.s » demain mardi 21 mai de 18:30 à 21:30 à L’accroche; 72 rue du pont de luttres, Forest.

Kettle à Montréal

Malgré la décision favorable du Conseil du contentieux des étrangers (voir notre article), l’Office des étrangers refuse toujours la régularisation de Cahit Zorel. Cahit a comparu devant le Conseil du Contentieux des Etrangers ce lundi. Ce militant kurde de Turquie âgé de 47 ans vit en Belgique depuis 18 ans. Depuis son arrivée, il a toujours travaillé et notamment géré un petit restaurant à Liège pendant près de 10 ans. Son casier judiciaire est vierge, il est marié à une Belge depuis cinq ans et va être père dans trois mois.

L’Office des Etrangers tente pourtant par tous les moyens d’empêcher sa régularisation sur base d’une note de la Sûreté d’Etat qui l’accuse de liens avec le DHKP-C. Le 22 juin 2018, le Conseil du contentieux des étrangers lui avait donné gain de cause et a annulé la décision de refus de régularisation émise par l’Office des Etrangers. Mais l’Office des étrangers a fait appel de cette décision.

Cahit Zorel

Des soldats de l’armée gouvernementale ont tué quatre guérilleros maoïstes lors d’une fusillade à Carmen (Surigao del Sur). C’est un détachement du 502e brigade d’infanterie qui a rencontré un groupe d’une dizaine de combattants de la NPA. Les militaires ont récupéré sur le terrain trois AK47, deux M16, des téléphones portables et divers documents.

Combattants maoïstes

Deux membres de la Special Auxiliary Police du Jharkhand ont été blessé au cours d’un affrontement avec une brigade maoïste dans le district de Seraikela-Kharswan ce lundi. Les deux hommes ont immédiatement été évacué en hélicoptère et hospitalisé à Ranchi, la capitale de l’état. Selon les autorités, les maoïstes auraient ouvert le feu contre des membres des forces de sécurité qui effectuaient une mission de repérage dans la zone. Ces derniers ont battu en retraite, mais les soldats ont déclaré avoir blessés plusieurs maoïstes par leurs tirs. Le commissaire local a immédiatement déclenché une vaste opération de ratissage au cours de laquelle ses hommes auraient repéré des traces de sang sur le chemin emprunté par les guérilleros lors de leur retraite.

Tamara Sol, une anarchiste chilienne, avait été condamnée en 2014 à 7 ans et 61 jours d’emprisonnement pour avoir tiré sur le vigile d’une banque. Elle a donc déjà passé 5 ans et demi derrière les barreaux dans différentes prisons du pays (voir notre article). Actuellement à la prison de Valdivia, elle a cherché à plusieurs reprises à obtenir une libération conditionnelle. Cette mesure systématiquement refusée le mois dernier, bien qu’elle ait exécuté plus de la moitié de sa peine. Cela s’explique par le fait qu’elle est concernée par le décret de loi 321, entré en vigueur récemment. Ce décret renforce les obstacles aux prisonniers qui demandent une libération conditionnelle et s’applique rétroactivement à ceux qui tentaient déjà de l’obtenir.

Tamara Sol

L’Acte 27 du mouvement des Gilets jaunes a vu ses principales manifestations se tenir à Reims, Nancy, Toulouse et Paris. D’autres manifestations ont eu lieu, par exemple à Lyon, Marseille, Besançon, Saint-Nazaire, où la préfecture a pris un arrêté interdisant la manifestation non déclarée des « gilets jaunes » dans le centre et Lens – où la préfecture a également interdit le centre. A Reims, une manifestante a été blessée suite à une charge de CRS. A Toulouse, où la place du Capitole était interdite de manifestation, des affrontements ont eu lieu et la police a fait usage de gaz lacrymogènes.

Si le nombre des manifestants a baissé dans les grandes villes, on a observé un regain dans les occupations de rond-points en province, pratique qui a caractérisé les débuts du mouvement.

L'Acte 27 à Toulouse