Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Un Thaïlandais de 34 ans a été condamné vendredi à trente-cinq ans de prison pour «crimes de lèse-majesté» par un tribunal militaire, pour avoir posté sur Facebook une dizaine de messages, photos ou vidéos concernant la famille royale. Dans un pays où le roi est une figure semi-divine, toute critique ou moquerie de la famille royale, chien compris, est très mal vue. Mais le prétexte de «lèse-majesté» est aussi une arme absolue contre toute revendication républicaine et toute critique de l’immense fortune amassée par la famille royale. Depuis l’arrivée au pouvoir des militaires à la suite d’un coup d’Etat en mai 2014, les condamnations pour ce motif se sont multipliées (voir notre article).

On ne peut savoir ce que contiennent les messages postés par Vichai Thepwong, un vendeur d’assurances qui avait été arrêté dans la ville de Chiang Mai en 2015, car les médias qui les évoqueraient tomberaient eux aussi sous le coup de l’article 112, qui punit l’insulte à la monarchie. L’accès du tribunal avait été interdit à la presse. L’homme a été condamné à sept ans de prison pour chaque post, et la peine a été réduite de moitié car il a plaidé coupable. Le même jour, la cour a condamné à cinq ans de prison, ramenés à deux ans et demi pour la même raison, un tailleur identifié sous le nom de Chaliew, pour des propos «diffamatoires pour la famille royale» tenus sur une radio en ligne. Chaliew se trouvait en détention préventive depuis trois ans. Une centaine de personnes sont en prison pour «lèse-majesté», y compris un adolescent de 14 ans accusé d’avoir mis le feu à un portrait du roi défunt.

Vichai Thepwong

A Bogota, une manifestation de plusieurs milliers d’enseignants grévistes est partie du ministère de l’Education avant-hier à dix heures, en direction de l’aéroport El Dorado. Au grand carrefour entre l’avenue de Cali et la 26e rue, les policiers des unités mobile anti-émeutes, les ESMAD, ont attaqué la manifestation avec des gaz lacrymogènes, des bombes assourdissantes et des jets d’eau. Les autorités ont justifiés l’attaque brutale des ESMAD en disant qu’il n’était pas question de laisser les manifestants bloquer l’accès à l’aéroport. Les enseignants sont en grève depuis le 11 mai dernier, ils réclament une revalorisation de leur salaire.

Les incidents sur la 26e rue, à Bogota

La police de la République d’Irlande, la Gardai, a arrêté hier deux hommes âgés de 20 ans, accusés d’appartenir à la Nouvelle IRA (« New IRA »). Les deux hommes, qui transportaient 6kg d’explosifs à haute puissance Semtex et des détonateurs, circulaient dans un taxi lorsque l’unité d’intervention de la Gardai, armes au point, les ont arrêtés à Ballybough, dans le nord de Dublin, peu après 18 heures. La Gardai a également procédé à une perquisition dans la maison d’un parent d’une des deux personnes arrêtées. Celles-ci, dont l’une est connue pour sa militance républicaine, sont détenues au commissariat de Clontarf en vertu de l’article 30 de la Loi sur les infractions contre les États.

Le taxi dans lequel circulaient les membres présumés de la New IRA

Un gestionnaire de mots de passe ne permet pas simplement de se souvenir de dizaines de mots de passe, il permet également d’en générer de nouveaux plus puissants sans avoir à se soucier de pouvoir s’en souvenir. Mais la majorité des gestionnaires de mots de passe est propriétaire (utilisant des technologiques fermées), payante, ou peu sécurisée. L’alternative la plus connue étant gratuite et open-source est Keepass, un logiciel à l’interface austère. De ce constat, deux développeurs finlandais ont créé Buttercup, un gestionnaire de mots de passe chiffré et open-source. Des clients existent déjà pour Windows, Mac et Linux et des applications pour iOS et Android sont en cours de développements. Il existe également des extensions pour Chrome et Firefox afin que les mots de passe soient automatiquement « tapés » au besoin. Le gestionnaire peut sauvegarder un conteneur de mots de passe localement sur un ordinateur ou le stocker dans le cloud. Le protocole WebDAV est supporté nativement ainsi que les services OwnCloud et Dropbox. Les développeurs sont très réactifs concernant la résolution des bugs. Buttercup est écrit en NodeJS.

Un logiciel à essayer ici.

Buttercup

Le directeur général de la police de l’Andhra Pradesh N. Sambasiva Rao a déclaré ce jeudi que les autorités centrales de l’Inde avait libéré 4 milliards de roupies (55.520.000 euros) pour développer un centre d’entrainement complet pour les forces Greyhounds dans la région de Visakhaptnam. Il y a quelques semaines, le gouvernement de l’Union avait assuré qu’il fournirait des moyens aux Etats où est active la guérilla maoïste afin de soutenir les actions de contre-insurrection. Ce centre d’entrainement sera construit et géré selon le modèle de celui qui existe déjà à Premavathipet, dans la banlieue d’Hyderabad.

Le Centre Social Anarchiste qui avait déjà été expulsé du bâtiment rue Godecharle le 19 mai dernier avait rouvert ses portes au 220 Rue de Haerne. Il a été expulsé ce 8 juin après-midi, la police est entrée par la fenêtre et a vidé le bâtiment. Les occupants ont apparemment pu sortir et n’ont pas été arrêtés.

Expulsion du 1er CSA, rue Godecharle

Des affrontements ont éclaté hier jeudi en fin de journée entre manifestants et policiers dans la ville d’Al-Hoceïma, épicentre d’un mouvement de contestation populaire qui secoue depuis sept mois cette région dans le nord du Maroc. Ce jeudi, vers 17h00 locales, des groupes de jeunes se sont rassemblés par surprise dans les ruelles pour manifester dans le quartier Sidi Abed. Ils ont été repoussés brutalement par les policiers vers un carrefour du quartier, où plusieurs d’entre eux ont alors lancé des pierres sur les forces de l’ordre, qui ont répliqué en faisant usage notamment de gaz lacrymogène. Au moins deux personnes ont été blessées, un policier à la mâchoire par une pierre, et un manifestant à la tête par des coups de matraques. La police a procédé à plusieurs interpellations.

Incidents à Al-Hoceïma, hier jeudi

Amal Bentounsi est la soeur d’Amine Bentounsi, tué à 29 ans d’une balle dans le dos par un policier qu’il tentait de fuir. En mars 2017, le policier est condamné en appel par la cour d’assises de Paris à 5 ans de prison avec sursis et l’interdiction de porter une arme pendant 5 ans. Une victoire pour celle qui a fondé un collectif “Urgence Notre police assassine”. Amal Bentounsi se trouvait mercredi 7 juin dans le quartier de la Pierre Collinet de Meaux. Alors qu’elle filmait et diffusait sur Facebook le contrôle de jeunes par la police dans le quartier, elle a fait l’objet, elle aussi, d’un contrôle avant d’être interpellée et menottée. Les policiers reprochent alors d’avoir diffusé des images lui répétant que cela est illégal. Pourtant, rien ne l’interdit.

Placée en garde à vue au commissariat de Meaux, Amal Bentounsi a été libérée en début d’après-midi. Le PV a été annulé quand une Officier de Police Judiciaire a rappelé que rien n’interdit à un citoyen de filmer une intervention policière. La circulaire du 23 décembre 2008 intitulée Enregistrement et diffusion éventuelle d’images et de paroles de fonctionnaires de police dans l’exercice de leurs fonctions, indique que “les policiers ne bénéficient pas de protection particulière en matière de droite à l’image hormis lorsqu’ils sont affectés spécifiquement dans les services d’intervention, de lutte anti-terroriste et de contre-espionnage“, ce qui n’était pas le cas. On lui a alors reproché de ne pas s’être laissée arrêter. De son côté, Amal Bentounsi porte plainte pour violences à l’encontre des policiers qui l’ont interpellée et pour menaces de mort proférées par un membre de la BAC au commissariat.

Le contrôle d'identité filmé par Amal Bentounsi

Le 14 novembre 1971, une manifestation dans le quartier de Shibuya, à Tokyo, se tenait comme bien d’autres dans tout le Japon pour protester contre l’accord permettant une présence militaire des Etats-Unis à Okinawa. A Shibuya, les étudiants révolutionnaires et des policiers commencent à s’affronter. Un des policiers est assommé à coups de tuyau puis brûlé avec des cocktails Molotov par un groupe d’étudiants casqués. Masaaki Osaka était alors un des dirigeants de la Ligue communiste révolutionnaire du Japon, aussi connu sous le nom de Chukaku-ha ou « Middle Core Faction ». Masaaki Osaka était passé à la clandestinité en 1972 et les autorités offraient 3 millions de yens pour toute information permettant son arrestation.

Sa trace avait été trouvée en janvier dernier (voir notre article)La police a confirmé, le 7 juin, l’identité de l’homme sur lequel elle était tombée, par hasard, le 18 mai, lors de la fouille de l’appartement d’un autre militant à Hiroshima était bien Masaaki Osaka, aujourd’hui âgé de 67 ans. Depuis son arrestation, Masaaki Osaka est resté silencieux. Le délai de prescription pour un meurtre au Japon était de 15 ans jusqu’en 2010, date à laquelle il a été aboli. Six membres de la « Middle Core Faction » ont été arrêtés depuis 1971 dans le cadre de l’enquête sur la mort du policier. Ils ont tous été condamnés à de lourdes peines de prison (voir notre article).

Masaaki Osaka

Afin de « sortir » de l’état d’urgence, le gouvernement d’Edouard Philippe concocté un avant-projet de loi « renforçant la lutte contre le terrorisme et la sécurité intérieure » qu’il a transmis au Conseil d’Etat, mercredi 7 juin. Avec ce texte, ce sont quasiment toutes les mesures de l’état d’urgence qui vont se retrouver dans le droit commun. L’exécutif entend ainsi confier de manière permanente aux préfets et au ministre de l’Intérieur le pouvoir d’assigner des individus dans un « périmètre géographique déterminé », et de perquisitionner de jour comme de nuit, deux mesures jusqu’ici indissociables de l’état d’urgence. Les représentants de l’Etat pourraient aussi interdire des lieux de culte, exploiter des téléphones ou ordinateurs, ordonner fouilles et palpations, et placer sous bracelet électronique, « aux seules fins de prévenir un acte de terrorisme ». Le contrôle reposerait sur la justice administrative.

Jusqu’ici, de telles contraintes ne peuvent être exercées, hors procédure judiciaire, que dans le cadre de l’état d’urgence. Ce projet de loi devrait être présenté au conseil des ministres du 21 juin en même temps que le sixième projet de loi de prorogation de l’état d’urgence, jusqu’au 1er novembre, lui aussi transmis mercredi au Conseil d’Etat.

Etat d'urgence en France