Les interdictions continuent de tomber pour les manifestations en soutien avec la lutte du peuple palestinien, comme à Lille et  à Montpellier. Vendredi, les meetings en faveur de la libération de Georges Ibrahim Abdallah prévus à Paris et à Toulouse ont également été interdits. Par contre, ce samedi 21 octobre, la manifestation prévue en faveur de la libération de Georges Ibrahim Abdallah a pu se dérouler à Lannemezan (photo), malgré une interdiction émise par la préfecture des Hautes-Pyrénées. En début d’après-midi, le jour même donc, le tribunal administratif de Pau a suspendu l’exécution de l’arrêté d’interdiction. L’annonce de l’interdiction a naturerellement causé un grand tort à la mobilisation.

Le tribunal administratif de Bordeaux a suspendu l’interdiction de la Préfecture de Gironde du rassemblement « pour la liberté d’expression et le droit de manifester pour la libération de Georges Abdallah ». Vendredi, le secrétaire général, Jean-Paul Delescaut et une secrétaire administrative de l’UD CGT 59 ont été placés en garde à vue pour un communiqué de soutien à la Palestine. Un rassemblement s’est tenu devant le commissariat central de Lille, quelques heures avant leur libération. Le secrétaire général de la CGT Nord 59 avait été interpellé dans la matinée à son domicile pour « apologie du terrorisme » suite à la publication d’un communiqué de l’UD en solidarité avec la Palestine, qui titrait : « La fin de l’occupation est la condition de la paix en Palestine ».

La répression de l’expression de la solidarité avec les Palestiniens ne diminue pas en Europe. En Belgique, les deux propositions  de manifestation du Secours Rouge (une à 1000 Bruxelles, une à Ixelles) ont été interdites, et le meeting de Samidoun (à Jette) est « sous enquête ». En Allemagne, la brutale répression d’une manifestation interdite a tourné à l’affrontement : 174 personnes ont été interpellées, dont 65 font l’objet d’une enquête pénale pour avoir résisté aux forces de l’ordre. Il y a eu des dizaines de blessés. En Suisse alémanique, aucune manifestation relative au Moyen-Orient sera autorisée les prochains jours. C’est en France où la répression est la plus forte: les plus petites initiatives organisées dans les plus petites localités et jusqu’à l’intérieur de locaux sont interdites et interrompues par la police. Et comme toujours dans ce genre de situation, le zèle mène au ridicule: La police municipale de Valence est intervenue mercredi soir pour faire éteindre l’enseigne du restaurant « Chamas Tacos ». En raison d’une panne d’éclairage de la première lettre, elle affichait « Hamas Tacos »…

En France cependant, le Conseil d’Etat, la plus haute juridiction administrative française s’est prononcée mercredi contre l’interdiction systématique des rassemblements propalestiniens décidée par Gérald Darmanin. Le Conseil d’État a estimé qu’il revenait aux seuls préfets d’apprécier s’il y avait localement un risque que de telles manifestation constituent des troubles à l’ordre public. Le Conseil d’Etat avait été saisi en urgence par le Comité action Palestine.

Si les événements de Gaza sont largement couverts, ce n’est pas le cas de ce qui se passe en Cisjordanie où de nombreuses manifestations sont réprimées de manière brutale et souvent meurtrières soit par les forces d’occupation, soit par les forces de l’Autorité Palestinienne dénoncée pour sa collaboration avec Israël. 44 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie depuis le 7 octobre et 440 ont été emprisonnés. Voici quelques nouvelles de ces derniers jours.

Vendredi 13,  De violents affrontements ont lieu lors de manifestations à Ramallah, Tulkarem, Naplouse, Hébron et dans d’autres villes de Cisjordanie. A Beit Furik, près de Naplouse, un garçon de 14 ans a été tué par balle. Huit autres Palestiniens sont tués à Tulkarem, Beit Ula, Tammun, Bethléem et Hébron. Des dizaines d’autres ont été blessés. Dimanche 15, trois Palestiniens sont blessés par balles à Tobas. Les forces d’occupation ont également effectué un raid sur Beit Rima et le camp Al-Amari à Ramallah, laissant deux Palestiniens blessés par balles. Des affrontements ont enfin eu lieu à Salfit : un Palestinien y a été blessé par balle.

Lundi 16, les forces d’occupation ont mené plusieurs opérations répressives à Naplouse, Bethléem, Hébron et dans le camp de réfugiés d’Aqabat Jaber à Jéricho. Le jeune Moeen Damo, un prisonnier libéré, est tué de plusieurs balles par les soldats. Le même mardi en soirée, l’annonce du bombardement de l’hôpital de Gaza a relancé les mobilisations à Hébron, Bethléem, Ramallah , Tubas et Jénine. Les manifestants se sont affronté aux forces de sécurité de l’Autorité Palestinienne (photo) en scandant « le peuple veut la chute du président (Abbas) ». Les forces d’occupation israéliennes ont pour blessé ce même mardi cinq manifestants par balles réelles: trois au poste de contrôle nord à Qalqilya, un dans la région de Ziv près de Yatta, au sud d’Hébron, et un autre dans la ville de Beit Ummar (au nord d’Hébron).

Mariam Abudaqa, 71 ans, arrivée en France de Gaza le mois passé, vient de faire l’objet d’un arrêté d’expulsion de France en raison de son appartenance au FPLP, et pour sa participation à une tournée de conférences en France sur les conditions de vie des Palestiniens de Gaza et/ou l’apartheid israélien. Pour ces raisons, Mariam constituerait, selon le gouvernement français, une menace à l’ordre public et augmenterait les « tensions entre communautés » en France. Mariam Abudaqa, née dans le village de Bani Suheila à l’est de Khan Younis (dans la bande de Gaza), a un doctorat en philosophie. Résistante à l’occupation israélienne, elle est une combattante pour les droits des femmes et un soutien aux prisonnières politiques palestiniennes. Elle vit habituellement à Gaza et y préside le conseil d’administration de l’association féministe : Palestinian Development Women Studies Association. Un recours en suspension de l’expulsion et un recours en annulation sont en cours.

Environ un millier de personnes qui s’étaient rassemblées dimanche à Berlin n’ont pas été autorisées à manifester en solidarité avec les Palestiniens. Toutes les manifestations pro-palestiniennes sontactuellement interdite en Allemagne. La police a exigé des manifestants réunis à la Potsdamer Platz de quitter la place, puis a attaqué le rassemblement. La police a frappé et arrêté plusieurs manifestants qui refusaient de quitter la place. Des incidents ont également eu lieu à la dernière manifestation pro-palestinienne (autorisée) à Londres: des manifestants se sont affrontés aux policiers Trafalgar square.

New-York compte 9 millions d’habitants dont près de 2 millions de juifs. Vendredi soir, à l’appel de l’organisation juive de gauche Jewish Voice for Peace (JVP), des milliers de personnes ont convergé vers le domicile du chef de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, lui-même de confession juive et qui doit se rendre avec d’autres parlementaires en Israël. Il a été sommé par la JVP d’”agir pour un cessez-le-feu immédiat”. Le JVP a exigé la “fin de 75 ans d’occupation militaire et d’apartheid par Israël, avec la complicité des Etats-Unis”. Les manifestants portaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire “Des Juifs disent stop au génocide des Palestiniens”, « Les Juifs contre l’apartheid » ou « Les descendants juifs des survivants de l’Holocauste contre l’apartheid israélien » et scandaient « Pas en notre nom » et « Plus d’armes pour Israël ». La police a procédé à l’arrestation de dizaines de personnes, sans doute une centaine, de 20 à 85 ans, dont deux élus de New York, des rabbins et des descendants de survivants de l’Holocauste…

Plusieurs manifestations propalestiniennes avaient été interdites sur le territoire français depuis l’attaque du Hamas contre Israël. Elles le seront désormais systématiquement, a annoncé le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin. En plus, Darmanin annonce avoir « dressé onze article 40 » concernant des associations et des individus concernant entre autres le collectif « Palestine vaincra », le « Comité Action Palestine » et le parti des « Indigènes de la république ». Le dernier bilan de la répression de la manifestation de Paris est de 19 arrestations et 752 verbalisations, Parmi les verbalisations émises par la police, plusieurs manifestants ont évoqué des amendes de 135 euros pour avoir arboré un drapeau ou un symbole en lien avec la Palestine. Vendredi soir, treize personnes ont été interpellées lors d’un rassemblement de soutien au peuple palestinien à Strasbourg. Partout ailleurs des manifestations de masse ont eu lieu (sans incident) pour protester contre le massacre des Gazaouis, comme à Londres (photo), Manchester ou à New-York.

Un rassemblement de solidarité aura lieu demain dimanche à 15H place Bethléem, à 1060 Bruxelles

Après la manifestation de plusieurs milliers de personnes hier, à Paris, qui a été chargé par la police (voir ici), plusieurs autres manifestations ont été interdites pour ce vendredi. A Toulouse, malgré l’interdiction et l’annulation par les organisateurs de la manifestation pro-palestinienne à Toulouse, un rassemblement s’est tenu qui a été dispersées par des gendarmes mobiles à l’aide de gaz lacrymogènes. A Saint-Nazaire, des manifestants se sont rendue au point de rassemblement quadrillé par un dispositif policier; deux d’entre elles ont été verbalisées pour « participation à une manifestation interdite ». La préfecture de police des Bouches-du-Rhône a saisi le parquet après le maintien de deux manifestations pro-palestiniennes ce mardi (photo) et ce mercredi à Marseille qui étaient interdites. Mercredi, un organisateur et une manifestante avaient été arrêtés. Malgré les interdictions, d’autres manifestations ont eu lieu comme à Rennes, à Bordeaux ou à Lille, où il y a eu dix interpellations pour « rébellion » et « refus de se disperser ».