Vendredi 31 janvier, 10 salariés de l’entreprise Enedis passaient en référé pour « occupation illégale » d’une plate forme logistique à Castelnau-D’Estretefond où les grévistes y tenaient leur pique de grève. Plus de 150 personnes se sont rassemblées devant le Tribunal de Grande Instance à Toulouse pour exiger l’arrêt des poursuites. Le rendu du procès aura lieu mercredi 5 février.

 

Rassemblement devant le Tribunal de Grande Instance à Toulouse.

L’élection présidentielle du 12 décembre 2019 n’a guère desserré l’étau sécuritaire sur la population algérienne. En dépit des appels au dialogue du président contesté Abdelmadjid Tebboune, les autorités algériennes ont arrêté des dizaines de militants qui ont participé à des manifestations pacifiques. D’impressionnants dispositifs policiers quadrillent les rues, des barrages filtrent les entrées de la ville chaque jour de manifestation, les têtes d’affiche du Hirak sont arrêtées, souvent avant même les manifestations. Début janvier cependant, 76 manifestants incarcérés ont été libérées attendant de comparaître devant les tribunaux algériens. Mais si des personnes ont parfois été acquittées, la plupart restent en liberté provisoire, en attente de leur jugement. Il s’agit surtout des personnes qui étaient poursuivies pour port du drapeau amazigh. 35 personnes incarcérées sont des détenus d’opinion antérieurs au Hirak (l’une d’entre elles est morte en prison en juin dernier, après y avoir contracté une infection lors de conditions de détention désastreuses), et une centaine de détenus du Hirak sont toujours derrière les verrous. Le décompte est très difficile en raison du flux continu des arrestations et des extraordinaires disparités du traitement juridique des affaires dans le pays.

Plusieurs procès et rendus de verdicts, attendus en février, seront éclairants sur les dispositions du pouvoir à l’égard du mouvement. Mercredi 5 février, la justice décidera du sort de 33 manifestants d’Aïn Temouchent (à 80 km à l’ouest d’Oran) arrêtés le 13 décembre, au lendemain du scrutin présidentiel. Le procès de 20 des 76 manifestants remis en liberté se tiendra, lui, dimanche prochain, le 9 février. Si des personnes ont été acquittées, plusieurs lourdes condamnations ont récemment été prononcées. Le journaliste de la webradio Sarbacane Abdelkrim Zeghileche a ainsi écopé, le 21 janvier, de six mois ferme de prison, pour avoir émis sans autorisation et pour offense au chef de l’État. Il doit également être jugé pour « attroupement non armé », mercredi 5 février. Le syndicaliste et défenseur des droits humains Kaddour Chouicha purge, lui, une année de prison. Il attend son procès en appel. Et le sort de plusieurs personnalités du mouvement, poursuivies pour atteinte à l’intégrité nationale, inquiète. Ceux, en particulier, de l’activiste Samir Benlarbi, du journaliste Fodil Boumala, de l’ancien secrétaire général du parti d’opposition Front des forces socialistes Karim Tabbou, voire du président du Rassemblement actions jeunesse, Abdelwahab Fersaoui. Autant de figures incarcérées depuis septembre ou octobre 2019.

Manifestation du Hirak, le 20 décembre à Alger

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Le policier qui a tiré sur la camionnette transportant Mawda, la tuant d’une balle dans la tête en mai 2018, a été inculpé par la juge d’instruction d’homicide involontaire (article 418 du code pénal). Il aura fallu deux reconstitutions ainsi qu’un rapport balistique pour que la juge le juge d’instruction prenne finalement la décision d’inculper le policier. Le policier avait en effet initialement été auditionné en 2018 mais n’était alors poursuivi (voir notre article). Le dossier va prochainement être renvoyé au parquet, qui va procéder à des réquisitions. Le procès devrait avoir lieu cette année.

Mawda

 

Mercredi 29 janvier, une dizaine de guérilleros maoïstes a été accrochée par un détachement du 73e bataillon d’infanterie de l’armée gouvernementale dans le village de Kinam (province de Sarangani). Après l’affrontement, les soldats ont récupéré un fusil M-16, un fusil M653, des effets personnels et des documents politiques. Les membres de la NPA appartiendraient au Front de guérilla Tala.

La province de Sarangani

 

Des affrontements ont éclaté, mercredi, en Cisjordanie entre des Palestiniens dénonçant le prétendu “accord du siècle” américain et l’armée israélienne. L’armée israélienne a fait recours à des balles réelles, des balles en caoutchouc et du gaz lacrymogènes pour disperser les Palestiniens. 41 Palestiniens ont été blessés, dont 3 touchés par balles réelles. Deux manifestants ont été deux blessés par balles réelles dans le quartier Jabal al-Tawil, un autre a été la cible de tirs à balles réelles par un colon israélien à Beit Sira.  Ces événements interviennent un jour après que le président américain ait révélé le prétendu « accord du siècle », mardi, lors d’une conférence de presse à Washington en présence du Premier ministre israélien. Le plan, qui a été rejeté par l’Autorité palestinienne et toutes les factions de la résistance, prévoit la création d’un État palestinien sous la forme d’un archipel relié par des ponts et des tunnels et de faire de la ville de Jérusalem la capitale “indivisible” d’Israël.

Les affrontements à Ramallah

Cette dernière semaine, on estime que 21 manifestant·es ont été tués au cours des manifestations anti-gouvernentales alors que plusieurs autres centaines ont été blessé·es. Les policiers ont notamment tiré à balles réelles et utilisés des gaz lacrymogènes lors d’une manifestation mardi à Bagdad. D’autres manifestations et affrontements ont également eu lieu dans le sud, à Bassora, Amarah, Hilla, Nassiriya, Najaf. Par ailleurs, Al-Dijla, une chaîne de télévision locale couvrait le mouvement de contestation depuis le début a été interdite de diffusion pour un mois à partir de lundi soir. Les forces du ministère de l’Intérieur ont fermé tous les bureaux de la chaine à Bagdad et demandé aux équipes de partir. Selon certaines estimations, plus de 600 personnes ont été tuées par les forces de sécurité depuis le début du mouvement lancé le 1er octobre pour protester contre le manque d’emplois, les services publics médiocres et la corruption endémique.

Au moins 300 manifestant·es tués depuis le début du mouvement en Irak (archive)

Mardi 28 janvier, la cour de cassation a rendu son verdict dans le procès anti-PKK. Ce verdict final confirme de non-lieu de la chambre des mises en accusation qui estimait que le PKK ne pouvait pas être considéré comme une organisation terroriste par la Belgique (voir notre article). Il met un terme à une longue saga judiciaire faites de victoires pour les avocats du PKK et d’appels ou de pourvois en cassation par les parquets belges et turcs. Dans ce dossier, le parquet fédéral souhaitait poursuivre au pénal une trentaine de membres du PKK pour infractions terroristes. Ces derniers étaient soupçonnés d’avoir recruté de jeunes Kurdes en Belgique et ailleurs en Europe, d’avoir fabriqué et commercialisé de faux papiers et récolté des fonds dans le but de financer la lutte armée kurde en Turquie. Plus d’infos ici.

Rassemblement solidaire lors d'une des audiences

Rassemblement solidaire lors d’une des audiences

Après un an et demi de clandestinité, samedi 25 janvier, Gabriel Pombo da Silva a été arrêté au Portugal, la région de Monção. La police portugaise aurait bénéficié de l’aide des polices espagnole et italienne. Gabriel était sorti de prison en 2016 (voir notre article), mais il faisait l’objet d’un mandat d’arrêt international, l’Espagne voulant lui faire purger un supplément de peine de dix ans de prison pour des faits datant des années ’90. Dans la clandestinité, Gabriel a continué à se battre et à apporter sa propre contribution à la lutte anarchiste notamment via ses textes. La cour d’appel de Guimarães dispose désormais de 60 jours pour décider de le libérer ou de le remettre en Espagne. En attendant, il est enfermé à titre préventif dans une prison du nord du pays.

Gabriel Pombo da Silva

250 manifestants s’étaient rassemblés hier lundi devant le Cercle de Lorraine pour empêcher la tenue de la conférence “Back From Davos”. Ils étaient issus de 25 collectifs différents, parmi lesquels Act For Climate Justice et Jeunes FGTB Bruxelles, des Gilets jaunes étaient aussi présents. La police a fait barrage devant les grilles du bâtiments. Certains manifestants sont montés sur des poteaux. D’autres se sont enchaînés bras à bras par des tubes. La police a fermé la circulation automobile dans le tunnel Louise vers la place Poelaert et en surface sur les voies allant de l’arrêt Louise vers la place Poelaert. Les policiers sont ensuite brutalement intervenus pour dégager les manifestants vers 19h45. Un manifestant a reçu un coup de matraque sur la tête. Il a été voir un médecin qui l’a redirigé vers les urgences pour se faire recoudre. Les policiers ont aussi fait usage de gaz. S’ils n’ont pas réussi à faire annuler la conférence “Back From Davos”, les manifestants l’ont considérablement perturbée et réduit drastiquement le nombre de participants.

Devan le Carcle de Lorraine hier soir

Une nouvelle fois, une marche féministe s’est terminée par des affrontements à Mexico. Samedi, la police, les journalistes et certains immeubles officiels ont été attaqués avec des bouteilles de peintures ou des cocktails Molotov par des manifestantes, malgré un déploiement policier massif (1.600 agents). La manifestation contre les féminicides est partie du Palais des Beaux-Arts pour marcher sur le Sénat. Trois policières ont été hospitalisées.

A Mexico ce samedi