Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Le KCK, Groupe des Communautés du Kurdistan, organisation transnationale dont sont membres les organisations kurdes proches du PKK en Turquie, en Syrie, en Iran et en Irak a fait une déclaration aujourd’hui suite à une enième demande de désarmement de la part d’Ocalan et une autre du HDP (parti d’union de la gauche en Turquie qui vient de remporter un score historique aux dernières élections). Dans cette déclaration, le KCK déclare que « Pour le moment, ni Abdullah Ocalan, ni le HDP ne peuvent appeler au désarmement tant que notre leader emprisonné (Ocalan) ne sera pas libéré. Ensuite nous commenceront à négocier le désarmement […] Il est impossible de désarmer nos guérillas parce que notre leader est en prison et personne ne devrait imposer le désarmement des guérillas du PKK en forcant Ocalan. Même s’il nous appelle à désarmer, nous savons qu’il est forcé à le faire. […] Le Parti Démocratique du Peuple (HDP) ne peut pas nous forcer à désarmer puisqu’ils ne sont pas membres du PKK. » Le KCK a également déclaré que tant que la question kurde ne serait pas réglée, le PKK ne se retirera pas de ses positions.

Déclaration du KCK.

Déclaration du KCK.

Bahar Kimyongur avait été arrêté aux Pays-Bas en avril 2006 lors d’une opération organisée par la Belgique pour l’extrader vers la Turquie. Accusé d’être membre du DHKP-C, il avait été acquitté en 2009. La Turquie avait émis un mandat d’arrêt international -dit ‘notice rouge’- à cause duquel il a été arrêté en Italie et en Espagne ces dernières années. En mai 2014, Bahar avait finalement obtenu d’être rayé de la liste des personnes recherchées par Interpol. Mais cette liste est régulièrement assimilée dans les listes nationales, c’est la raison pour laquelle il a été arrêté ce vendredi matin à Athènes et retenu pendant 2h30 par la police aéroportuaire grecque.

Les personnes étant visées par une ‘notice rouge’ ne sont pas prévenues et risquent donc d’être arrêtées en passant une frontière n’importe où dans le monde alors même qu’elles ignorent qu’elles sont recherchées.

Bahar Kimyongur

Bahar Kimyongur

Dans la nuit de mardi à mercredi, les forces de sécurité ont tiré sur un groupe de personnes dont elles avaient reçu l’information qu’il s’agissait de guérilleros maoïstes (notre article). Il semblerait que seul une personne faisait partie du parti. Depuis mardi, des questions se sont élevées quant à savoir s’il s’agissait d’un réel combat, et si les hommes étaient des guérilleros. Des rapports suggèrent même que cinq des personnes assassinées n’avaient pas 18 ans. Seul sept des douze corps ont été identifiés jusqu’à présent. Il s’est avéré que l’un d’entre eux appartient à un commandant haut placé maoïste, mais que les six autres étaient totalement inconnus de la justice. La famille du commandant en question a déclaré que tous les autres étaient des membres de la famille, mais aucunement lié aux activités de la guérilla maoïste.

Dans un courrier envoyé à un quotidien local de Ranchi, le porte-parole du CPI(Maoist) a déclaré que le combat prétendu était factice. De son côté, un officier retraité a déclaré que la théorie de la police manquait de contenu ‘Comment douze personnes voyageant dans un seul SUV avec autant d’armes? Comment un des deux SUV a-t-il peut échapper à l’attaque si puissante tandis que les douze occupants de l’autre ont été abattus? Tous les douze ont été tués alors qu’il n’y a eu aucun blessé parmi les membres des forces de sécurité. Dans le cas d’un combat réel avec des soldats, les maoïstes auraient au moins blessés quelques soldats. Au milieu de la nuit, il ne peut pas être si simple de tuer douze personnes’.

Personnes abattues par les forces de sécurité

Personnes abattues par les forces de sécurité

Le Conseil des ministres a approuvé vendredi trois projets de loi concrétisant une partie des douze mesures de lutte contre le radicalisme et le terrorisme décidées en janvier dernier. Un des trois projets de loi élargit la liste des infractions terroristes permettant de procéder à des écoutes téléphoniques. Ce projet concrétise également l’extension des infractions terroristes, « l’adaptation du Code pénal pour une sanction plus effective » et l’élargissement des possibilités de déchéance de la nationalité en cas de condamnation pour infraction terroriste. L’ensemble de ces mesures avaient déjà été approuvées en première lecture hormis la déchéance de la nationalité au sujet de laquelle le consensus au sein de la majorité a été plus difficile à atteindre, pour des raisons idéologiques mais également juridiques. Il est question de supprimer la période de dix ans suivant l’acquisition de la nationalité belge qui limitait la possibilité d’une déchéance. En d’autres termes, une personne naturalisée ou qui a acquis la nationalité par déclaration pourrait se voir retirer sa nationalité toute sa vie.

Un deuxième projet de loi concerne l’élargissement du retrait temporaire de la carte d’identité. En vertu de cette mesure, le ministre compétent peut décider de retirer à titre temporaire le document d’une personne qui est suspectée de vouloir se rendre en Syrie ou en Irak pour combattre ou s’entrainer, sur la base d’informations transmises par l’OCAM. Le ministre peut retirer la carte d’identité pour une période allant de un à trois mois. Le retrait peut faire l’objet d’une prolongation jusqu’à maximum six mois.

Un troisième projet de loi est relatif au refus de délivrance et au retrait de passeport « quand la personne concernée présente un risque pour l’ordre public et la sécurité publique ». On évoque là une menace de sécurité « sérieuse ». Toute personne dont la carte d’identité est refusée ou retirée verra aussi son passeport retiré ou sa demande refusée. Enfin, le Conseil des ministres a également approuvé vendredi un projet de loi permettant la déchéance ou le refus du statut de protection pour les « grands criminels ». L’ensemble de ces textes seront débattus prochainement au parlement.

De nombreuses expulsions de logements ont eu lieu à Rio (et au Brésil en général) ces dernières années, notamment dans le but de « nettoyer » les villes accueillant la Coupe du Monde de football de l’an passé. Mercredi 3 juin, une violente tentative d’expulsion a eu lieu à Rio, pour faire place nette aux Jeux Olympiques de Rio qui se tiendront dans un an, à l’été 2016. Une favela nommée Vila Autódromo, située aux abords du futur « Parc olympique », a donc été attaquée par la police.

Des affrontements entre policiers et habitants ont éclaté, lors desquels au moins six personnes ont été blessées (dont quatre policiers). Deux maisons étaient particulièrement visées, mais la résistance des habitantes a été assez efficace: une chaîne humaine d’une cinquantaine de personnes s’est formée autour des maisons, puis quand les policiers ont chargé à coups de lacrymos, les habitants se sont défendus à coups de pierres et autres projectiles. Et bien que les policiers aient riposté à coups de flashball et de grenades, l’expulsion n’a pas eu lieu.

Tentative d’expulsion de la Vila Autódromo

Tentative d’expulsion de la Vila Autódromo

Le conseil d’administration de la prison de Korydallos (composé du directeur de la prison, d’un procureur et du responsable du travail social) a rejeté à l’unanimité la demande du jeune prisonnier anarchiste Nikos Romanos d’un congé d’études, et a proposé à la place de « faciliter » ses études par à distances à l’intérieur de la prison. Le conseil d’administration de la prison a affirmé avoir fondé sa sur le fait que le juge d’appel a récemment rejeté la possibilité d’accorder des congés éducatifs à Romanos.

Tag de solidarité avec Romanos à Bruxelles

Tag de solidarité avec Romanos à Bruxelles

Nouveau rebondissement dans l’affaire Albert Woodfox. Alors que la libération de ce militant noir avait été annoncée en début de semaine, un procureur américain s’y est finalement opposé. A 68 ans, Albert Woodfox détient le record du nombre d’années passées en isolement (43 ans) dans une prison américaine bien que sa condamnation ait été cassée à deux reprises. Sa libération immédiate et sans conditions avait été ordonnée lundi par un juge fédéral mais le procureur général de Louisiane a fait appel de la décision et obtenu le maintien provisoire de Woodfox en détention.

Un tribunal d’Alexandrie a condamné en appel la militante socialiste révolutionnaire égyptienne Mahienour El-Masry et deux autres militants à un an et trois mois de prison. Ils étaient accusé pour avoir participé à l’assaut contre le commissariat de police d’Al-Raml à Alexandrie, ainsi qu’à l’incendie du siège des Frères musulmans en mars 2013, sous le règne de l’ancien président Morsi. Les sept autres accusés avaient été condamnés par contumace et n’ont pas eu l’occasion d’aller en appel. Mahienour El-Masry avait été libéré de prison en septembre 2014, après avoir purgé quatre mois d’une peine de six mois pour une autre affair: une « manifestation illégale ».

Egypte: Condamnation en appel pour Mahienour El-Masry

Un rapport de la la Ligue des droits et libertés (LDL) analyse la répression des manifestations au Québec depuis 2012. Depuis cette année, près de 7000 personnes ont été arrêtées lors de manifestations. Plus de 75% des personnes arrêtées l’ont été en vertu de règlements municipaux ou du Code de la sécurité routière. Seulement 13,5% l’ont été en vertu du Code criminel. Certaines arrestations durent plusieurs heures, sans que les personnes aient accès à de l’eau, de la nourriture et des toilettes. Elles sont menottées, fouillées, prises en photo sans leur consentement, brutalisées verbalement et physiquement. Selon le rapport: «Les manifestants sont traités comme des criminels. Il est clair que ces arrestations ont un caractère punitif et humiliant. Est-ce qu’on traiterait de la même façon quelqu’un qui n’aurait pas payé son stationnement?». La LDL dénonce l’utilisation par les forces policières d’armes considérées comme dangereuses afin de disperser les foules, à commencer par les celles qui projettent des balles de plastique ou de caoutchouc, dont l’utilisation n’est pas réglementée par les organismes policiers.

Entre 2013 et 2014, les organisateurs de 134 manifestations montréalaises ont fourni leur itinéraire à la police. Parmi celles dont le itinéraires n’avaient pas été fournis, 118 ont été tolérées et 23 ont donné lieu à des interventions policières. Les policiers basent régulièrement leur décision d’intervenir ou non sur du profilage politique: «Les manifestations tolérées concernaient le logement, le service postal, les droits des femmes, alors que les manifestations réprimées portaient sur la cause étudiante, la brutalité policière, les luttes écologistes ou anticapitalistes».

Canada: Rapport sur la répression des manifestations

Une attaque des FARC contre les forces de l’ordre a provoqué jeudi la mort de trois policiers dans le département du Cauca (sud-ouest). D’autres policiers ont été blessés. Une patrouille de police est tombée sur un barrage des FARC dans la localité de Timbio,dans la région de Tres Cruces. Le conducteur a refusé d’arrêter le moteur et a tenté de forcer le barrage, les guérilleros ont mitraillé le véhicule. Le ministre de la Défense a ordonné l’envoi de renforts militaires dans le sud du pays et une prime de 100 millions de dollars a été offert à qui permettra l’arrestation des guérilleros ayant mené cette attaque.

Cette attaque prend place dans une reprise de l’offensive des FARC qui ont mis fin à leur trêve unilatérale suite à une offensive meurtrière de l’armée contre leurs bases. La destruction de plusieurs pylônes de lignes à haute tension, mercredi soir, a privé de courant le Caqueta (sud), un département de 470.000 habitants dans le sud du pays. Des actions similaires ont été répertoriées au cours des derniers jours dans les localités portuaires de Buenavenutura et Tumaco, sur la côte Pacifique. D’autres actions ont visé le transport du pétrole, par camion ou oléoduc, ainsi que la route panaméricaine (dynamitage d’un pont).

Le lieu de l’embuscade

Le lieu de l'embuscade